Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Brahim Kermaoui, L’enfant égaré - L'intégrale

Europe 1 Europe 1 9/3/23 - 44m - PDF Transcript

Une histoire stupéfiante aujourd'hui. L'histoire d'une enfance fracassée, volée, pillée,

si amant détruite. Et cette histoire, eh bien c'est la vôtre. Brayme Kermahoui, bonjour.

Bonjour Christophe.

Vous la racontez dans un livre « L'enfant égaré » que vous avez publié à compte d'auteurs,

je suppose que vous cherchez un éditeur maintenant.

Oui, j'ai gardé l'espoir d'en trouver un.

On le trouve en tout cas ce livre « L'enfant égaré » assez facilement sur Internet,

notamment sur Amazon.

A l'âge de 13 ans, vous avez découvert Brayme que vos parents n'étaient pas vos parents.

Pire que ça.

A l'âge de 32 ans, vous avez découvert que vous n'étiez pas, en vérité, Brayme Kermahoui,

que vous n'étiez pas le vrai Brayme, que vous étiez un remplaçant.

Je n'en dis pas plus. C'est une histoire douloureuse qui va crescendo comme ça dans la douleur et dans l'horreur.

Je l'ai écrite avec Pierre en cutin « Réalisation Céline Lebrun ».

Je m'appelle Brayme. Je suis né au Maroc le 22 août 1978.

En tout cas, c'est ce qui était écrit sur mes papiers.

Mais suis-je réellement né ce jour-là ?

Je ne sais pas grand chose du début de mon existence.

Tous ces silences autour de ma naissance, tous ces nondis, tous ces mensonges.

J'ai grandi à Gennevilliers, au nord de Paris, un studio dans un immeuble des années 20,

des chiottes sur le palier, à 3 dans le Grand-Lis.

Maman travaillait comme femme de ménage, à la Générale Motors.

Et papa, comme ouvrier à l'usine Chausson, il fabriquait des trafics, des J5 et des J9.

Je les appelais papa et maman. Je me suis bien fait avoir.

...

En vérité, je n'ai que très peu de souvenirs de mon père.

De celui, en tout cas, que j'appelais mon père.

Un jour, je dois avoir 5 ans, je joue au ballon dehors avec Florian, le petit fils de la gardienne.

J'envoie la balle derrière le grillage de l'usine Panzani, un grillage de moins de mètres.

Je vais pour escalader le grillage, récupérer mon ballon.

Mon père me voit.

Il m'attrape par les jambes, il me suspends et il me tape la tête sur le sol.

Boom, boom, boom.

...

Je me souviens aussi de l'été d'après, quand on est parti au bled.

Papa avait acheté une Peugeot 104, il en était très fier.

...

On a fait la route tout droit jusqu'à Marseille.

Et ensuite, le bateau, et on est arrivés à Percan, le bled de mon père,

dans le rif près de la frontière algérienne.

Et là, j'ai senti mon père distant et ma mère agressive.

Il ne se parlait pas, il se disputait tout le temps.

Et mon père, finalement, est rentré en France avant nous.

Et quand on a débarqué à Jeunes-Villiers, maman et moi,

on a trouvé la porte close.

...

Ali, ouvre.

Je veux pas vous voir foutre le con.

Ali, ouvre.

Tu ne peux pas nous laisser dehors.

Je suis ta femme.

Et puis pense à Brayme, c'est un enfant.

Ali.

Je suis chez moi à partir.

Voilà.

A partir de ce moment-là, rien ne sera jamais plus comme avant.

On est allés dormir chez des connaissances pendant deux semaines,

à deux sur le canapé du salon.

Ma mère avait honte.

Alors un jour, elle est revenue au studio et elle a forcé la porte.

Ali, pense aux petits.

Il rentre en CP.

Tu peux pas le laisser dans la rue.

Alors finalement, c'est lui qui est parti.

...

Un jour, mon père m'a proposé de venir vivre avec lui.

Où ça ?

Bah chez moi.

On ira chercher tes affaires.

Tu diras à ta mère que tu vas vivre chez moi.

Quand je l'ai dit à maman.

Elle a pleuré.

Tu veux partir ?

Eh bien part.

Je mérite de rester toute seule, non ?

Alors je ne suis pas parti.

J'ai eu pitié d'elle.

...

Ma mère fait des ménages.

Elle se lève à 5 heures du matin et elle rentre à 21 heures.

Du coup, moi j'ai huit ans.

Je suis livré à moi-même.

Je vais chez mon copain Taïeb,

regarder les chevaliers du zodiac à la télé.

...

Ou bien, je traîne aux pieds de l'immeuble.

Huit ans.

Et c'est comme ça que je me suis retrouvé

dans les pattes de celui que j'appelle le méchant.

Un grand de 10 ans.

Maigre avec un grand menton.

Un samedi, il m'a demandé de baisser mon pantalon.

Et il m'a caressé.

Une autre fois, derrière l'ancienne usine citroën,

il s'est frotté contre mes fesses.

Il disait que j'avais un corps de fille.

Ça a duré comme ça jusqu'à mes 11 ans.

Il me disait...

Rahim, viens !

Viens, on va faire un tour.

J'ai mis longtemps à comprendre.

Je me sens sale.

J'ai honte.

...

Alors voilà.

Mon père s'est barré.

Ma mère est dépressive.

Elle pleure tout le temps.

Mes amis mumili.

Je ne trouve de réconfort nulle part.

Mais pourquoi donc ?

Est-ce qu'ils m'ont mis au monde ?

...

S'ils savaient.

S'ils savaient la vérité.

...

Et chez lui, rien n'a changé.

À la maison, sa mère pleure tout le temps.

Elle s'enfonce dans la dépression.

Elle se dispute avec tout le monde.

Avec ses collègues.

Avec ses voisins.

Il est à l'école.

Comment ça se passe à l'école ?

À l'école, Rahim a eu une maîtresse gentille.

Catherine, il l'aimait beaucoup.

Mais en CM1 et CM2,

il tombe dans la classe du dirlot.

Patrick Gérard.

Un physique de bodybuilder.

Une terreur.

Une fois, il a obligé un élève

à passer toute la récréation dans une poubelle.

Fermé, fermé.

Un jour, il a collé une gifle à Rahim.

Parce qu'il ne savait pas écrire le mot

automne au tableau.

Et BIM !

Et BAM !

Une deuxième.

...

Aujourd'hui, c'est la visite médicale.

Ils sont là, un groupe de 4-5 élèves.

Rahim est au milieu.

On leur a demandé d'apporter leur carnet de santé.

Et il s'amuse à se le lire.

T'es nécan, toi ?

Moi, je suis né le 24 juin 1978.

Et toi, t'es né où ?

Moi, je suis né à Jeune-Villiers.

Et toi, Rahim, t'es né où ?

Ils ouvrent son carnet.

Ils regardent.

Sur la ligne lieu de naissance,

il y a un grand point d'interrogation.

Rahim, il sait pas où.

Il est né.

Il est né nulle part.

T'as ta terre.

Et le médecin scolaire de Rangérir.

Rahim,

faudrait faire compléter ton carnet.

Manque des informations.

Voilà.

Maintenant, il y a ça, en plus du reste.

Rahim n'avait jamais ouvert son carnet de santé.

À partir de maintenant,

ça va lui trotter dans la tête, évidemment.

Rahim a maintenant 12 ans.

Il est en 6e au collège Édouard Manet

de Villeneuve-la-Garène.

Et l'assistante sociale le repère assez vite.

Il n'a pas vu son père depuis 5 ans.

Sa mère est au fond du trou,

paumée.

Alors un jour, elle lui parle d'aller dans un foyer.

À la dase, comme on dit.

Tu sais, Rahim, là-bas,

il y aura un vrai cadre de vie.

Il y aura une bonne hygiène.

Il y aura un vrai suivi scolaire.

Il aura des vêtements propres.

Il est assez facile à convaincre, franchement.

Quitter sa mère dépressive,

son oncle alcoolique.

Je vous ai pas encore parlé de celui-là.

Il vit avec eux.

Il est bourré du matin au soir.

S'il peut vivre loin de tout ça.

Ok.

La dase vient donc le chercher.

Un dimanche soir.

Un éducateur encadré par deux gendarmes,

preuve qu'il s'attenda de la résistance.

Et ils ne sont pas déçus.

Vous allez tuer, mon enfant !

Vous allez lui tuer !

Maman.

Maman, faut que je pars.

Tu sais bien.

C'est mieux.

Eh bien, vas-y.

Vas-y, vas.

Par !

D'abord, un foyer d'urgence,

dans le Val-d'Oise.

Puis une famille d'urgence gentille,

avec le frigo bien rempli.

Puis une famille d'accueil.

Maïm ne s'y sent pas bien.

Alors, retour au foyer.

Et quand arrivent les vacances d'été, ma foi.

Retour chez Maman.

Maman, qui cette année n'a pas pris de billets pour le Maroc.

Donc les vacances,

ce sera à Gennevilliers.

Un soir,

il ne voit pas le temps passé,

il rentre à une heure du matin.

Et là, il tombe sur son oncle Amed,

beurré comme un petit lus.

Viens-là, toi !

T'étais où ?

Je t'étais devant la cour, là.

Tu m'as pas vu ?

Arrête de mentir !

Et là, Amed la trappe par le bras,

et il lui balance un coup de poing.

Bim !

T'étais où ?

Tu m'as pas vu ?

Arrête de mentir !

Et là, Amed la trappe par le bras,

t'étais où ?

Je t'étais en la cour.

Il bim un deuxième,

il bim un troisième,

et un quatrième.

Brahim a treize ans,

il n'est pas assez fort pour se dégager,

et l'autre le frappe comme un sourd.

Ça me mentira !

T'es le diable !

Brahim a le visage en sang.

Il parvient à s'échapper,

l'oncle le poursuit.

Brahim court jusqu'à ses copains,

il leur demande de l'aide.

T'approche pas de nous, min !

Dégage !

Tu vas nous faire avoir des problèmes.

Il a dessus l'oncle des boules.

Brahim !

Je vais te tuer !

Et là, incroyable.

Brahim sent une main qui l'attrape

par le poignet.

C'est le méchant,

c'est le méchant

qui l'a à moitié violée,

et qui vient le sauer.

Viens, Brahim, viens !

Viens, cours, cours !

Il court jusqu'à Saint-Ouen,

et là,

ils vont tous les deux au commissariat.

Les policiers emmènent Brahim

à l'hôpital de Garche,

il va y passer un mois.

Traumatisme crânien,

hémorragie interne,

collection des mathommes.

Et pour ça,

le tonton va prendre

trois mois de prison,

avec sursis.

Et Brahim ne peut pas imaginer

que cet événement,

déjà inouï,

va provoquer

comme un tremblement

de terre dans sa vie.

Parce que la dase, bien sûr,

est mise au courant.

Et un jour,

la mer est convoquée

pour une réunition

de la vie.

Et la dase,

la dase,

la dase,

la dase,

la dase,

la dase,

la dase,

la dase,

la dase,

la dase,

la dase,

la dase,

la dase,

l'on est convoquée

pour une réunion.

Brahim est là.

Il a son éducateur,

Pierre,

il a le directeur

du Foyer,

il a une personne

du conseil général,

et il y a un interprète,

parce que la mère

parle le français

Vous avez toujours la garde de votre fils.

Mais Brayim, il n'est pas mon fils.

Pardon ?

Brayim, il n'est pas mon fils.

Je l'ai adopté quand il était petit.

Mais quand ?

Mais quand il était bébé, à l'hôpital.

Avant ça, j'étais enceinte plusieurs fois, mais tous les bébés, ils sont morts.

Alors avec mon mari, on est allés à Bercan à l'hôpital.

Et ils nous ont donné ce bébé.

Et ils n'avaient plus de parents. Ils étaient morts dans un accident de voiture.

Et comme si ça n'était pas assez.

Je ne sais pas quoi faire de lui.

J'en peux plus de lui.

Gardez-le, il me coûte trop cher, et j'ai plus que des problèmes avec lui.

Au fond de moi, écrit Brayim,

j'ai prouvé une hôtel haine envers ma mère.

J'aurais préféré qu'elle me parle seul à seul, qu'elle raconte mon histoire avec tendresse.

Non, elle avait jeté ma vie en pâture, à la face de tous,

comment on vomit une amertume.

À cet instant, je n'en visageais plus de l'appeler maman.

Elle serait dorénavant, une femme, parmi d'autres.

Souvenez-vous de la scène.

Brayim a 13 ans, et il vient d'apprendre qu'il n'était pas l'enfant de ses parents, devant tout le monde.

Son éducateur, le directeur du foyer, un représentant du conseil général.

Quelle violence !

Et quand la réunion s'achève, il est paumé, bien sûr, Brayim.

Et donc, avec son éducateur, Pierre, il se mette à éplucher ses papiers d'identité.

Enfin, le peu de papier dont il dispose,

sa mère n'a pas de livret de famille.

Elle n'a qu'un récépicé de la préfecture de Berkan,

sur laquelle il est juste écrit,

Brayim Kermawi, né le 22 août 1978.

Sur ce papier, il n'est absolument pas fait mention d'une quelconque adoption.

Est-ce que sa mère ment ?

Pourquoi est-ce que ça n'est pas écrit sur ce papier qu'il a été adopté ?

...

Quelques jours plus tard, son éduc vient le voir.

Brayim, j'ai retrouvé ton père.

J'ai pris rendez-vous avec lui, tu vas m'accompagner.

Il a peut-être des réponses à tes questions.

Ils vont à Saint-Denis.

Attends-moi dans la voiture.

Je vais lui parler d'abord et je viens de chercher après.

S'il est d'accord, bien sûr.

Pierre, l'éducateur, revient au bout d'une heure.

Bon.

J'ai discuté avec ton père.

Je me suis pris la tête avec lui pour toi.

Il veut me voir ?

Non.

Il ne veut pas.

Il dit qu'il ne veut plus te revoir.

Je suis désolé.

Mais pourquoi ?

Il a compliqué pour lui.

Il a refait sa vie.

Il a une femme, des enfants.

Il ne veut pas toucher en boulet.

Mais je suis son fils.

Je lui ai tout raconté.

Mais il ne veut pas renouer de lien avec toi.

Il veut que tu tires un trait sur lui.

Terrible.

Il apprend à 13 ans que son père n'est pas son père.

Et maintenant, l'autre ne veut plus le voir.

Ton père a dit aussi qu'il avait perdu ton livret de famille.

C'est bizarre, ça.

Il faudra éclaircir cette histoire de livret.

...

Ensuite,

Brahim enchaîne les familles d'accueil.

À chaque fois, ça se passe mal.

Et il finit par échouer dans un foyer de l'Adace,

à Saint-Germain-Laxis près de Melin, en Sénémarne.

Et on l'escrit dans un centre de formation,

le logis,

où il essaye d'abord l'électricité,

puis la restauration, la masonnerie.

Rien ne lui plaît.

...

Et à part ça,

il filme de la beuh,

il colle,

il vole,

et maintenant, il deal.

Le week-end,

il rentre malgré tout chez lui,

à Gennevilliers, chez sa mère.

Et il se fait recruter par un gars du quartier

qui s'appelle Murad,

pour planquer de l'héroïne

et des liasses de billets.

Là,

dégringolade.

Mais pourquoi voulez-vous qu'il s'accroche

à rester sur les rails,

puisqu'il y a personne

qui l'aime,

personne pour l'encourager,

à faire le meilleur ?

Alors il fait le pire.

Il rate son CAP,

il fait virer de son centre de formation.

On le place dans un foyer de jeune travailleur

et quand il a 19 ans,

la dace lui dit,

« T'es majeur, mon gars !

Maintenant, démerde-toi ! »

Et un jour,

il se fait pincer

dans un cambriolage

sur la zone industrielle

de Gennevilliers.

L'alarme se déclenche.

...

La police rapplique,

il se fait serrer,

il en prend pour six mois fermes,

il en fait quatre.

Et quand il sort,

où voulez-vous qu'il aille ?

Chez sa mère,

qui n'est pas sa mère.

À Gennevilliers ?

Jusqu'à ce qu'un matin,

...

Bonjour.

Je suis ussé de justice.

Vous avez une injonction de la mairie,

vous devez quitter le logement,

bah aujourd'hui,

aujourd'hui même.

L'immeuble éparait-il un salubre,

donc on va le détruire.

De toute façon,

sa mère ne payait pas le loyer.

Mareille me file à la mairie

pour essayer de négocier.

On lui propose un F3,

à condition qu'il soit caution de sa mère.

Et donc il doit se mettre à bosser

en intérim.

Ouvrier chez PSA,

employé chez EDF,

routier, chauffeur-livreur,

il prend tout ce qui passe.

...

Un jour, Brahim a 28 ans,

il se promène au marché Saint-Denis

avec l'un de ses oncles maternelles.

Pas l'alcoolique, un autre.

À un moment, l'oncle se fige.

Brahim,

tu veux voir ton père ?

Il est là.

Où ça ?

Là, regarde.

C'est lui.

Le père fait son marché,

accompagné d'un petit garçon.

Va le voir, Brahim, va le voir.

Brahim s'approche.

C'est la Malikum ?

Malikum, ça, là.

Mais tu es qui ?

Tu me reconnais pas ?

Je suis Brahim, ton fils.

Ah !

Ça va ?

Les trois hommes vont boire un café.

Mais le père parle avec l'oncle.

Il n'a pas un mot pour Brahim.

Pas un mot.

Et il se lève.

Et il s'en va.

J'étais malheureux,

en colère.

Je n'étais personne à ses yeux.

Mais je l'ai vu.

Heureusement, la même année,

Brahim rencontre Farida.

Il tombe amoureux, quoi.

Ça fait toujours du bien de tomber amoureux.

Il se marie ?

Et c'est tel qu'il encourage

à se lancer dans une enquête

sur sa naissance au Maroc.

Tu sais quoi ? Viens, on va aller deux mois en vacances au Maroc. C'est là-bas qu'il

faut se renseigner. Ce qu'il va découvrir là-bas, dans le pays où il est né, est absolument

stupéfiant. Et donc il débarque tous les deux à Bercan, dans le rif, Berso de la famille

Kermawi. Et ils vont voir la famille et notamment une tente qui les invite à prendre le thé.

Dis-moi, est-ce que tu sais comment j'ai été adopté ? Oui Brame, oui, oui je sais. Et là

la tente se met à raconter, une histoire absolument stupéfiante.

Tes parents vivaient déjà en France et en été ils sont venus au Maroc, ils sont allés

à l'hôpital de Bercan et ils ont ramené un bébé. Un bébé n'est sous X comme on dit,

mais ton père s'est arrangé avec la préfecture pour que ça ne soit pas écrit sur le papier

que le bébé il était adopté. Et donc ils l'ont appelé Brahim, Brahim Kermawi.

Mais ce bébé c'est pas toi, parce que ce bébé, il est mort, il est mort 15 jours

après. Alors qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils sont retournés à l'hôpital, ils ont

rendu le bébé mort et on leur a donné un autre. Et ça c'est toi. Mais ils n'ont

pas refait de papiers tu vois ? Ils ont gardé les papiers du premier quoi. Brahim Kermawi

n'est le 22 août 1978. On lui a donné l'identité d'un bébé mort. Et après ils sont rentrés

en France avec ce secret terrible, ce secret dévorant. Brahim n'est donc pas né le 22

août 1978, comme c'est écrit sur ses papiers. Non seulement il ne sait pas d'où il vient,

mais il ne sait même pas quel âge il a. Le sol s'ouvrait sous mes pieds. Une sensation

de vertige s'emparait de moi. J'étais empoît à la nausée, le cœur au bord des lèvres.

Il fallait en savoir davantage. Et donc il va à l'hôpital de Berkan, où il rencontre

une assistante sociale. Elle écoute son histoire. Et lui, il demande à consulter les

registres. Ah désolé ! Vous pouvez pas consulter les registres, mais vous inquiétez

pas, on va faire des recherches sous vos parents biologiques. Donc votre nom, c'est Brahim Kermawi.

Mais non, je m'appelle pas Brahim Kermawi. Brahim Kermawi, c'est le mort.

L'assistante sociale fouille dans les registres. Ecoutez, je suis désolé. Aucun document ne

fait mention de votre adoption. Administrativement, vous n'avez jamais été adopté. Vos parents

se sont alliés, Sophia Kermawi. Il n'y a rien d'autre. Je peux rien faire d'autre.

Brahim se retrouve face à un mur. Il ne saura jamais qui il est. Sauf s'il parvient à trouver

une infirmière dont on lui a parlé et qui travaillait à l'époque à la maternité de l'hôpital de

Berkan. Et il la retrouve. Elle a 70 ans. Elle est atteinte d'un cancer. Je me souviens pas de ça.

Je connais pas de Kermawi. Non, ça me dit rien. De toute façon, j'étais pas là ce jour-là. Ce

jour-là ? Quel jour ? Pourquoi vous dites ce jour-là ? Vous savez quelque chose ? Je ne sais pas.

Je sais pas. Écoute, oubliez tout ça. Fait que ta vie.

Quand c'est flou. C'est qu'il y a un loup, comme dit l'autre. La vieille infirmière n'a pas envie de

remuer le passé. Et oui, oui, il y a eu une époque où au Maroc, on donnait des bébés sans plus de

formalité. Une époque où on les vendait peut-être. Un trafic de bébé. Mais personne n'a envie de parler

de ça. Personne. Alors Brahim décide d'aller voir une avocate à Berkan. Il veut une enquête. Il veut

retrouver le nom de sa vraie mère. Mais même l'avocate se débine. On n'y arrivera pas. Faudrait commencer

par prouver que tes parents adoptifs ne sont pas tes vrais parents, exhumer les corps, faire un

prélèvement indienne. On n'y arrivera pas, on n'aura pas les autorisations. Brahim a écrit au procureur

royal du Maroc. Il n'a jamais reçu de réponse. Sa mère adoptive est morte en 2016. Est-ce qu'elle

savait elle ? Ce n'est pas sûr. En tout cas, elle n'a rien dit.

J'ai vu vos yeux s'embuer. Vous êtes un hyper sensible. Il ne peut être facile d'être

hyper sensible à Jeune-Villiers. Depuis tout petit, en fait, vous êtes un peu à part.

J'imagine que pour un gamin de banlieue, de quartier, ça a été dur de raconter tout ça. Vous

vous êtes beaucoup dévoilé ? C'était très dur, parce que pour un homme de se déballer et de

racouter sa vie, ce n'est pas évident. Et un jour, je me suis dit, il faut que je raconte

tout. Il faut que je l'écris pour me sentir mieux. Et les gens du quartier ? Il y a eu des gens

des quartiers qui m'ont reproché pourquoi t'as écrit ce livre. Pourquoi ils en disent ça ? Ils disent

qu'en fait, ils sont fiers. Ils disent, c'est la honte. T'as pas raconté ton histoire. Ce n'est pas

bien. Tu crées des problèmes. Moi, je leur ai dit que non, je ne crée pas de problème. Contraire,

ça me saoulage de partager mon histoire, sensibiliser. Ils vous reprochent d'avoir dit que vous

avez été violé, n'est-ce pas ? Oui, ils reprochent ça aussi, raconter aussi quand j'étais dans la

drogue, dans la délacance, toutes ces choses-là de partie de ma vie. Ça ne fait pas bien de raconter

sa live. Sa live, oui. Comment on dit ? Alors là, vous rentrez d'un périple. C'est tout frais. C'est

tout frais, oui. Il y a 15 jours à peine. Vous êtes allé en vélo, au Maroc, départ devant le

palais de l'Élysée à Paris, et arrivez-vous à Rabat devant le palais royal du roi Mohamed

Sisi. Vous l'avez vu ? Non, j'ai vu personne. C'était le but pourtant ? C'était mon but.

J'ai fait 2400 km pour rencontrer le roi à la majesté Mohamed Sisi. Je suis arrivé devant le

palais royal et il n'y a aucun contact, aucune personne qui m'a accueilli du ministère. Vous

avez essayé de le rencontrer plusieurs fois, je crois. Oui, je l'ai rencontré plusieurs fois dans

Paris. Parce qu'il vient beaucoup, beaucoup en France. J'ai campé devant son château. Je

restais trois heures. Après, je suis venu sur Paris. Je l'ai rencontré. Je lui ai proposé mon livre,

mon histoire. Vous l'avez pisté dans une boutique. Oui, j'ai pisté dans une boutique. Grâce à un

copain chauffeur de taxi qui vous a dit, il va faire ses courses là-bas. C'est vrai. Vous lui avez

proposé votre livre ? Je lui ai proposé mon livre et il l'a refusé. Il m'a dit qu'aujourd'hui qu'il

pouvait pas m'écouter, mais il m'écouterait pour une prochaine fois. Mais il n'y a pas eu de

prochaine ? Il n'y a pas eu de prochaine. Là, Mohamed Sisi, le roi, le majesté du roi du Maroc,

il n'y a que lui qui peut m'aider à ouvrir cette enquête. Il n'y a que lui qui peut m'aider à

faire ses recherches. Et à retrouver votre mère ? Surtout ma maman et mes parents. Mon histoire.

Pour frère et sœur ? Parce que vous êtes à peu près sûr qu'ils ne sont pas morts dans

un accident de voiture comme vous l'a raconté votre mère ? Non, je pense qu'ils sont vivants.

Vous pensez votre mère vous a acheté ? Je crois oui. Je pense que mes parents m'ont acheté.

Parce qu'il y a tout un contexte, on sait que ces choses-là ont existé au Maroc. Il y a une

enquête en Espagne qui a fait tomber un réseau de vente de bébés. Vous pensez que vous étiez dans

le même cadre ? Je sais, c'est la même région. Je suis dans le même réseau. Il y a eu plus de 30

000 bébés dans le nord du rif, entre Ujda, Berken, tout cette région, jusqu'à Nador,

tous ces régions. Même l'assistance sociale m'a dit clairement qu'à l'époque il y avait eu bien

dans cet hôpital. Il y avait eu un trafic d'enfant. Il vendait à des marocains vivant en France ou en

Espagne ou en Europe et à des étrangers. J'ai un doute parce qu'il y avait beaucoup comme les

frontières étaient ouvertes, il y avait beaucoup d'ossides et qu'ils habitaient dans le nord des

français, il y avait des espagnols. Et je pense qu'il y avait des espagnols et des français. Je pense

que oui, qu'il y a eu des français qui sont venus acheter. Et comme cette région c'est assez

pauvre et un peu, je pense qu'ils ont peut-être manipulé les vrais parents pour délaisser

leurs enfants. Ils seront mieux en Europe. Le sentiment que donnent vos parents, c'est d'être

rongé par ce secret de famille. Est-ce que vous pensez que votre mère, cette dépression qui l'a

détruite à petit feu, elle est morte aujourd'hui, a été rongée par ce secret ? Je pense que oui,

je pense qu'elle a eu cette dépression, je pense qu'elle savait quelque chose. Elle avait des

ronds morts. Elle avait des ronds morts et ça l'a perturbé toute sa période de vie. Et en même temps,

comme elle aimait un lit, votre père adoptif, je pense qu'elle ne voulait pas le trahir ni le dire le

secret. Mais même sur son lit de mort, vous n'avez rien, j'ai tout fait, j'ai rien obtenu. Elle

n'a pas voulu le dire ce secret. Même mon père adoptif, je pense qu'ils savaient ce secret,

ils l'ont gardé. Je pense qu'ils ont fait quelque chose de pas bien. L'expérience que j'ai des

secrets de famille, Brian, c'est que ce sont des demi-secrets. C'est-à-dire qu'il y a un moment où

on les apprend, mais en vérité, il y a plein de petits signes avant qui fait qu'on les sait déjà,

on les a pas verbalisés. Est-ce que vous saviez par des noms dits, par des petites choses,

par ce point d'interrogation sur votre carnet de santé qu'il y avait quelque chose de pas

clair dans votre naissance ? Franchement, en fondement, je le sentais. Je sentais qu'il n'y avait pas

d'amour, déjà d'une. Il y avait enfin de compte, on ressent quand il y a une maman ou un père, son

propre enfant, on fait tout pour, on fait des sacrifices, on lui donne de l'amour, tout ça.

Et j'ai pas ressenti. Il y avait une distance, déjà quand mon père adoptif, quand il est parti,

il voulait, mais après, je pense qu'après, quand il a refait sa vie, il a eu des enfants,

ça y est, il a coupé les ponts. Il s'est dit, ça y est. Et ma mère adoptif aussi. Enfin,

de compte, il n'y avait pas, comme elle était malade, en même temps, à donner plus de cet amour.

Parce qu'on peut lire plein de choses comme ça. Par exemple, quand il ouvre pas la porte,

c'est une sorte d'aveu. Voilà, t'es pas mon fils. Et quand il vous dit, viens vivre avec moi, et que

finalement, vous y allez pas, mais quand il vous le propose, c'est parce qu'il culpabilise.

Oui, c'est vrai. Oui, c'est vrai. Je pense que si, c'est vrai. Peut-être qu'il avait des remords

par rapport à ce qu'il a fait ou avec ma mère adoptif, il s'est dit, tiens, il faut que je récupère.

Il faut que je me rattrape. Il faut que je me rattrape, voilà. Mais trop fier, trop fier pour aller

au bout ou quoi. Et il l'a pas fait. Et il l'a pas fait. Pourquoi ils ont fait ça à vos parents ? Pourquoi

est-ce qu'ils ont acheté, volé, pris un bébé ? En fin de compte, ils voulaient combler un trou

qu'ils avaient. Ils ne pouvaient pas avoir d'enfants. Ils ne pouvaient pas avoir d'enfants. Ils sont

dit, tiens, on va prendre un enfant à l'hôpital. On va coubler ce trou qu'on a. Mais ce trou,

en fin de compte, ils ne se sont pas rendus compte qu'ils allaient faire du mal.

Parce que là, il y avait presque un signal. C'est un couple de maghrébins qui n'a qu'un enfant. Un seul.

C'est extrêmement rare. Oui, c'est vrai. Vous n'aviez pas de frère et sœur. Non. C'était comme un

point d'interrogation dans votre vie. Vous leur avez pardonné ? Franchement, j'ai pardonné. J'avais

pardonné. Je suis quelqu'un et je n'ai pas aucune. Je suis joyeux. Toutes les personnes qui

connaissent, j'ai toujours le sourire. Dans mon coeur, je n'ai aucune haine. C'est juste que j'ai un peu

de tristesse parce qu'ils ont pris leur secret avec eux. Ils auraient pu au moins vous laisser la

solution avant de mourir. C'est ça. Parce que vous pensez qu'ils le savaient ? Oui, ils le savaient à

200%. Qui était votre mère ? Qui était ma mère, mes parents. Ils savaient, mais ils n'ont pas voulu

parce qu'ils avaient peut-être peur de problèmes d'avoir que leur famille des problèmes de justice.

Il y a eu des problèmes avec votre famille. Quand vos parents sont morts, ils n'ont pas voulu que vous

héritiez ? Non, ils n'ont pas voulu que je fais. Et en plus, ce qui est marrant, je porte leur nom.

En Maroc, il y a une noire parce qu'il faut ramener douce témoignée pour témoigner comme quoi je

suis bien leur propre fils. Les deux familles ont témoigné comme quoi je suis orphelin. Je leur ai dit,

voilà, si je suis orphelin, pourquoi je porte leur nom ? Et ils n'ont pas voulu que j'hérite de

tous les héritages qu'ils avaient au Maroc et en France. Après, je leur ai dit, vous savez,

j'ai pas besoin de cet argent. Grâce à Dieu, ma maritienne, c'est quoi ? C'est mes enfants,

ma santé et ma femme. Et voilà, je leur ai expliqué, voilà, juste avoir la vérité d'où je viens,

si ça me tient à cœur. Et voilà, et ils n'ont pas voulu et ils m'ont tourné le dos.

Il y a une chose qui m'a marquée, c'est qu'à un moment donné, vous écrivez dans votre livre,

à partir de maintenant, c'est-à-dire de la révélation de votre adoption, vous dites,

je l'appellerai jamais plus maman. Mais vous ne cessez de revenir chez elle. C'est à chaque

fois que vous sortez du foyer, le week-end, c'est à Genevilliers, c'est chez votre mère,

et ça dure des années et des années et des années. Vous voyez, c'est vrai,

parce que j'ai enfin de compte, en fait, j'avais de l'appétit, puisqu'elle était

malade, elle était toute seule. Elle n'avait aucune famille. Il y a enfin de compte,

c'est-à-dire qu'il y avait que moi, en tant que famille, quand j'ai allé chez elle,

j'ai appelé ma maman, j'ai appelé Safia. C'est fou. Et vous l'avez accompagné jusqu'au

dernier souffle ? Je vous l'avais accompagné jusqu'au dernier souffle. Le seul amour qu'elle a eu

dans sa vie, finalement, c'est vous ? C'est moi, oui. C'est dingue. C'est dingue, oui. Alors parmi

les scènes que vous avez racontées dans ce livre, je me doute qu'une a été plus difficile que

les autres à raconter. Ce sont ces scènes d'agression sexuelle. Alors on cherchera la

qualification. Il n'y a pas de viol, puisqu'il n'y a pas de pénétration. C'est pas faute d'avoir

essayé. Il a essayé le méchant. C'est dur quand on est un gamin de jeune villier d'aller raconter ça,

d'autant que vous n'avez pas été sa seule victime, n'est-ce pas ? Oui, j'étais pas sa seule victime.

Il a fait ça avec plein d'autres gamin, son âge. Il n'a fait à quelques-uns, oui. Qu'est-ce qu'il est

devenu ce garçon, le méchant ? Le méchant, je sais que j'avais vu un membre d'un frère et il était

marié, il avait se divorcé. Il était un peu alcoolique. Il avait des problèmes d'addition,

d'alcool. Après, il avait divorcé, il est toujours en zone. Il zone par là ? Oui, il zone.

Vous n'avez jamais porté plainte ? Non, jamais. Je l'ai pardonné. Lui aussi. Je l'ai pardonné. Après,

je ne sais pas, parce que j'ai un peu de... Le jour où mon nom qui m'a agressé... Il vous a sauvé.

Il m'a sauvé, oui, voilà. Il vous a sauvé la vie, il aurait pu vous tuer. Non, mon nom qui voulait me tuer.

Le jour où je sais qu'il voulait me tuer, il n'y a que lui qui m'a aidé. Pourquoi ?

Pourquoi ? L'amour ? Non, oui, oui. Peut-être l'amour ? Ou peut-être qu'il avait des remords ?

Allez savoir. L'enclamède, l'alcoolo-là, il savait lui aussi. Oui. Il savait tout. Il savait tout, oui.

Il sait tout, il est toujours vivant. Il est toujours vivant, oui. Il ne va rien lâcher, lui non plus ?

Non, il ne va rien lâcher. Non plus. Il ne va rien lâcher, il me dit qu'il ne sait rien,

mais j'ai un doute, je pense qu'il dit ici, la vérité.

La dace. Alors vous avez été pendant longtemps, un enfant de la dace, vous avez été placé,

famille d'accueil, plutôt foyer. Vous n'avez pas accroché aux familles d'accueil ? Non.

Pourquoi ça ? J'avais accroché quelques hommes à la fois de compte, ce qui est dommage à l'époque à la

dace, qu'on était par exemple, on était bien en relationnel avec la famille d'accueil. On vous

enlevait. On ne pouvait pas rester parce qu'ils ne voulaient pas qu'on garde un lien d'affection

tout de suite. Il ne fallait pas s'attacher. Voilà, c'est ça, il ne fallait pas s'attacher. Et tout

de suite, on changeait de famille d'accueil. Est-ce que vous racontez là, vous savez que c'est un

phénomène destructeur terrible à la dace dans les années 80, 90 ? Ça a fabriqué des tonnes de

criminels. Oui, c'est vrai. Ça a détruit des gens. On enlève les enfants des familles où ils sont

heureux pour aller les mettre dans des familles où ils ne sont pas heureux. C'est ça qui s'est

passé. J'en ai fait plein et j'ai fait même une fois une crise avec, j'ai appelé mon éducateur,

j'en peux plus, je veux rester en foyer. C'est là que je me sentais mieux. Est-ce que d'une certaine

manière, mais là, c'est risqué à ce que je tente, mais ressenti comme ça, je me dis que peut-être

la dace qui s'appelle en vérité l'aide sociale à l'enfance, aujourd'hui, la zoo vous a sauvé.

Franchement, il m'a sauvé, oui. Les éduques ? Les éducateurs du catrice, oui. Il m'a donné

beaucoup d'amour. J'ai rencontré beaucoup d'éducateurs qui m'ont aidé, qui m'ont aidé. Je

m'aime dans mon livre, je leur dis qu'à ce nom, je leur dis voilà, il y avait Pierre, il y avait

Soraya, il y avait Catherine, il y avait Bernard. J'ai encore, je les ai tous en tête. Il m'en

donnait de l'amour, il m'ont aidé, il m'en donnait à mettre dans le droit chemin, à s'accrocher dans la

vie, ne peut jamais baisser les bras. Continuez, continuez, ça fait tellement de bien, on dit tellement

de mal de la dace. Non, non, mais en tant de mal, je pense que des fois, je suis un peu étonné,

je ne vous cache pas, parce que moi, j'ai vécu dans l'année 80, et franchement, je suis tombé à la

dace, il y avait beaucoup de jeunes qui étaient assez violents. J'ai vu des éducatrices, éducateurs

se faire frapper par des jeunes de la dace, de 14 ans, 15 ans, et après, on me dit, ouais, ils sont

tombés sur des éducateurs, éducatrices qui ont violé des jeunes, tout ça. Moi, j'ai rencontré,

quand j'étais à la dace, franchement, j'ai rencontré pas mal d'éducateurs, éducatrices, ils étaient

superbes avec nous. Ils ont tout fait pour qu'on s'en sorte. Moi, j'ai rencontré comme Pierre, lui,

il a tout essayé, et après, voilà, c'est pas de sa faute, parce que moi, je suis fils unique,

j'étais un peu perdu dans ma vie, j'étais dans ma tête, j'avais aucun parent qui me donnait de l'amour,

j'étais perdu dans ma tête par rapport à mon histoire. Donc c'est la dace et Farid ? Farid a ma

famille qui m'a soutenu, qui m'a aidé. Parce qu'on se demande d'où sort votre combattivité ? Parce

qu'en fait, avec tout ce que vous avez vécu, vous pourriez très bien être comme votre mère,

dépressif, dans un coin, sous Valium, du matin au soir. Mais il y avait un moment, j'étais

alcoolique à l'âge de 18 ans, d'une avange, je suivais un psy une fois tous les 15 jours. J'avais

l'obligation de voir parce que je ne me ferais plus. Vous auriez pu plonger ? J'aurais pu, oui. Et non.

Et ça, c'est une sorte de mystère ? On peut dire, c'est la foi. C'est la foi en Dieu. C'est la foi

en Dieu qui m'a aidé. Vous êtes musulman, bien sûr. Je suis musulman, oui. Pratiquant ? Pratiquant, oui.

Vous avez failli vous faire embauminer par les barbus ? Oui, j'ai failli. Mais grâce à Dieu,

je suis rentré dans le droit chemin. Franchement, c'est la foi qui m'a aidé beaucoup en Dieu.

Alors vous n'êtes pas français au bout de cette histoire parce que vos parents n'étaient pas

français. Ils n'avaient jamais demandé la nationalité française ? Non, jamais. Mais j'aimerais la voir

parce que je suis venu bébé, j'avais quelques-quintes jours en France. Et comme je n'avais pas de livret

de famille, ça complique les choses. Mon éducateur Pierre, il avait fait une demande. Pendant deux ans,

ces bataillons, on ne l'a pas eu à Nanterre. Et quel nom faudra-t-il écrire sur la carte d'identité

française ? Ça, c'est une très bonne question. Si on pouvait éviter Brian Karmawi, ça vous

arrangerait ? Oui. Où vous êtes en paix avec ce nom et ce prénom ? Après, mon prénom, je suis en paix,

mon nom de famille, non. Donc Brian, on garde ? Oui. Et Karmawi, non, j'arrive plus à le porter ce nom.

Vous voudriez porter le nom de votre mère et de votre père, les vrais. Mes vrais parents vieux,

mes vrais parents. Mohamed Sis, si tu nous écoutes, il y a que lui qui peut vous aider aujourd'hui.

Merci, merci beaucoup. Brian K. Brian K, voilà. Merci Christophe. Je suis très ému, ça me touche

d'être un re-pain, franchement, de partager mon histoire, de se sensibiliser. Franchement,

je vous remercie énormément. Merci à vous, Brian. Votre livre donc s'appelle L'enfant égaré. On

le trouve notamment en téléchargement sur A&K, chez Amazon. Voilà. Des centaines d'histoires disponibles

sur vos plateformes d'écoute et sur europein.fr.

Et les copains, ensemble on va apprendre, ensemble on va rire.

Bonjour, c'est Thomas Hill sur Europein. On va vous faire jouer et vous donner la parole.

Nouveaux horaires. Vous invite à découvrir sur Europein la véritable histoire d'un personnage.

Et toujours Europein. Bonjour, c'est Dimitri Pavlenko. Ce qui compte, c'est vous.

Vous êtes les bienvenus. C'est la rentrée sur Europein. Retrouvez toutes les nouveautés,

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Brahim Kermaoui découvre, à l’âge de 12 ans, qu’il a été adopté. 20 ans plus tard, il apprend que le « vrai » Brahim Kermaoui est mort 'tout bébé', et que l’hôpital de Berkane, au Maroc, l’a 'donné'… ou peut-être 'vendu' à ses parents, pour remplacer le bébé mort.