Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Vaudeville tragique dans la Loire

Europe 1 Europe 1 9/22/23 - 29m - PDF Transcript

Cet été, vous avez surfé de belles vagues, visité des musées étonnants et goûté des

saveurs inoubliables. Pourtant, les meilleures journées vous attendent maintenant.

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Je vais vous raconter aujourd'hui une affaire criminelle assez récente,

l'enquête autour de l'assassinat en février 2012 d'un chef d'entreprise de la région de

Saint-Etienne, Philippe Gletti, que l'on retrouve un jour avec trois balles de 8 millimètres dans

le buffet. C'est une de ces affaires auxquelles vous n'aurez pas de mal à vous identifier parce que

elles frappent des gens tout à fait ordinaires, des gens qui nous ressemblent, des gens qui vous

ressemblent. Avec évidemment derrière cette question, est-ce que ça peut m'arriver à moi aussi ?

Une telle histoire. Et par ailleurs, c'est une affaire qui m'est enseigne une femme meurtrière

qui s'appelle Bettina Bo. La voici cette histoire je l'ai écrite avec Thomas Houdoir, réalisation Céline

Lebrun.

Cette histoire, c'est un classique du genre. Un mari, une femme, une maîtresse et au bout un cadavre.

Alors à la manière de Colombo, laissez-moi d'abord vous présenter la victime. Parce que dans cette

affaire qui débute en février 2012 près de Saint-Etienne, la victime, c'est le mari.

Philippe Cléti, patron d'une petite entreprise qui fabrique des fenêtres en alu et en PVC.

Princessep salut, 40 employés tout de même. Le matin du 27 février 2012, il va sur le chantier de la

maison qu'il se fait construire, ensuite il passe à son bureau, il en part à 11h et après plus de nouvelles.

Et la première à s'en inquiéter, c'est sa femme Stéphanie. Ils sont mariés depuis un an et demi,

c'est tout frais et donc il s'envoie encore des mamours par SMS toute la journée. Le matin jusqu'à 11h,

il lui envoie des bisous, des jetemes, des gousous-gousous, comme d'habitude, mais après 11h, 11h17 exactement, plus rien.

Elle le relance ? Philippe, ça va ? Tu ne me réponds pas ?

Pas de retour. Et en plus, c'est lundi et le lundi, Stéphanie, qui bosse dans une banque, ne travaille pas.

Ils sont censés déjeuner ensemble. À 13h, la tambouille mitonne sur la cuisinière. Il n'est toujours pas là.

Elle essaye de l'appeler, téléphone coupé. Elle mange donc toute seule. Et toute l'après-midi, elle attend.

Lors du dîner arrive, Philippe n'a donné aucune nouvelle. Et à 10h30 du soir, Stéphanie n'en peut plus.

Elle appelle l'agent d'armorie de Saint-Paul-en-Jarré.

Bonsoir. Je suis l'épouse de Philippe Gletti. Voilà, je vous appelle parce que j'ai pas de nouvelles de mon mari depuis ce matin 11h.

Écoutez, je vais procéder à une petite recherche. Je vais regarder les hôpitaux, les accidents et je vous rappelle.

Je vous remercie.

Le gendarme rappelle. Rien. Philippe n'a pas été impliqué dans un accident. Il n'est pas dans un hôpital du coin.

Et honnêtement, ça la rassure, Stéphanie. Parce qu'à part ça, s'il n'a pas eu d'accident, elle craint de savoir où il est.

Il est dans le lit d'une poulette sans doute. Oh, elle le connaît. C'est un coureur de jupons, Philippe.

Un insatiable coureur de jupons. Et elle le sait d'autant plus qu'avant de l'épouser, elle a été sa maîtresse.

Donc, hypothèse, il est chez une maîtresse.

Mais bon, il ne rentre pas de la nuit. Le lendemain, la matinée passe, l'après-midi passe, il n'est toujours pas là.

À 5h30, Stéphanie rappelle les gendarmes.

Bonsoir. C'est Mme Cléti. Mon mari, il est toujours par entrée. Je suis très inquiète.

Vous pourriez nous dire quelle est la marque de son véhicule et son immatriculation ?

Mon mari, il a une Audi Q7, mais j'y pense. Je peux facilement la localiser. On a la géolocalisation.

La voiture est équipée. C'est une voiture de société. Je vais regarder.

Le système GPS localise le 4x4 Audi à La Thérasse-sur-Dorlet, place des artisans boulanger.

Alors, elle rappelle les gendarmes, il lui donne rendez-vous sur place, avec un double des clés.

Et Stéphanie prend la route de La Thérasse-sur-Dorlet. Et elle sait très bien où c'est. Elle n'a pas besoin de GPS.

C'est là qu'en général, Philippe passe ses 5 à 7. Elle y est venue souvent, avec lui, avant le mariage.

Et au passage, ça la conforte dans l'idée qu'il est avec une poulette.

Arrivé sur place, la voiture est bien là, mais pas de Philippe.

Les gendarmes font le tour du patelin. Personne ne l'a vu.

Madame Gléti, si sa voiture est là, c'est qu'il est parti avec quelqu'un.

Une femme. Stéphanie pense tout de suite. Mais en même temps, ça n'est pas possible.

Ils sont mariés depuis 18 mois. Ils lui envoient des SMS toute la matinée pour lui dire je t'aime.

Et après, ils disparaient avec une femme. Elle n'arrive pas à le croire.

Alors il y a l'hypothèse du suicide. Il y a un barrage, pas loin, le barrage de Dorley.

Il y a déjà eu des suicides par là. Les gendarmes explorent les alentours. Rien.

Stéphanie fait remarquer qu'il n'a pas pris ses médicaments, qu'il doit prendre tous les jours.

Le lendemain, le procureur de Saint-Etienne ouvre une information pour disparition inquiétante.

Et l'enquête des gendarmes commence naturellement à l'endroit où on a vu Philippe pour la dernière fois,

c'est-à-dire à son bureau, chez Princessep Salut.

Ces employés confirment.

Ah ben oui, il est venu. Oui, il est arrivé vers 9 heures.

Il est resté deux heures environ au bureau et puis il est reparti vers 11 heures. Il avait l'air pressé.

Il vous a dit où il avait rendez-vous. Ah non, non, il nous a rien dit.

Même sa plus proche collaboratrice, son assistante, ne sait pas avec qui il avait rendez-vous.

Voyons ce que dit son agenda.

A l'heure du rendez-vous, il est inscrit six lettres. B-E-B-P-T-G.

Ça vous dit quelque chose, ça ? B-E-B-P-T-G ?

Ah ben non. Un client, vous avez le fichier client, peut-être on peut regarder ?

Ça ne correspond à rien, mystère.

Après ça, les gendarmes se font remonter la fadette de Philippe Gletti,

l'activité de son téléphone portable. Tiens, ça c'est intéressant.

Son portable a été coupé presque toute la journée de lundi, le jour de sa disparition.

Et il a été rallumé vers 18h50 pour rien, pas de SMS envoyé, pas de coups de fil.

Et juste après, on l'a à nouveau éteint.

À part ça, comment est-ce que ça se passait avec le patron dans cette menuiserie industrielle ?

Eh bien, pas trop mal, ma foi. Les employés l'aiment bien, ils payaient son coût.

Son entreprise, c'était sa famille.

Bon, il faut quand même que je vous dise, il a couché avec une bonne partie des filles de la boîte.

Elles le disent tout de suite aux gendarmes. La femme de ménage, par exemple, Miriam.

De trois jours après que je suis entré dans l'entreprise, on a commencé à avoir des relations sexuelles avec Philippe.

Mais quand ça n'a plus convenu, on a arrêté.

Et depuis, je suis devenu sa meilleure amie et sa confidente. Je sais tout de sa vie sexuelle.

Ils se confirment que Philippe Gletti était ce qu'on appelle communément une bitharoulette.

Et on en revient donc à la piste de la maîtresse. Le coup de folie, je plaque tout, je change de vie, je change de femme.

Mais Stéphanie n'arrive toujours pas à y croire. Elle le dit aux gendarmes.

Il n'aurait pas laissé son entreprise en plan.

Princesse Salus est toute sa vie.

Et puis sa mère, Janine, il l'appelle deux fois par jour, tous les jours. Elle n'a pas de nouvelles depuis quatre jours.

Du coup, les gendarmes vont voir la mère.

Et elles leur confirment qu'elle est inquiète et qu'effectivement, il ne l'a pas appelée.

Et que ça ne lui ressemble pas.

Mais elle leur dit aussi que ça bardait entre son fils et sa femme, Stéphanie.

Ils étaient chez moi dimanche. Je peux vous dire qu'il y avait de l'eau dans le gaz.

Leur relation n'était pas au beau fixe, comme on dit. Ils se sont disputés.

Et si vous voulez mon avis, ils étaient sur le point de se séparer. Alors...

Alors quoi ? Stéphanie Gletti a tué son mari. C'est une piste.

Une dispute, elle le tue et ensuite, elle joue les veuves éplorées. Ça s'est déjà vu.

Les gendarmes font donc remonter sa téléphonie.

Et là, bizarre, dans la soirée de lundi, le soir de la disparition de Philippe,

elle a changé la puce de son téléphone portable. Très bizarre.

Parce que le résultat, c'est qu'on n'a plus la trace des SMS qu'elle prétente avoir reçu de son mari jusqu'à 11h17.

Le texte des SMS s'est envolé avec la vieille puce. C'est bien dommage.

Pourquoi est-ce que vous avez changé la puce de votre portable, Madame Gletti ? Hein ?

Oh, franchement, vous faites erreur. Si vous me suspectez à cause de ça, vous faites erreur, vous vous trompez.

Elle a grillé. Je l'ai changé, c'est tout.

Ça arrive.

Madame Gletti, vous ne nous avez pas parlé de la dispute que vous avez eue avec votre mari chez votre belle-mère, dimanche.

Oh mais c'est comme ça. On a deux caractères très forts. On se dispute souvent. C'est pour ça que je ne vous en ai pas parlé.

Quoi qu'il en soit, son portable indique que le soir de la disparition de Philippe, elle était chez elle. Elle n'a pas bougé.

À ce moment-là, les amis de Philippe et de Stéphanie décident d'organiser une sorte de battue, le dimanche 4 mars.

À partir de l'endroit où on a retrouvé la voiture. Il se partage la zone par petit groupe et il fouille tout le coin.

Et vers 15 heures, on entend un cri déchirant au loin.

Philippe ! Philippe !

Sur un sentier, dans un fossé, l'un des groupes vient de tomber sur une paire de jambes qui dépassent. Un jean avec des sentiags au pied.

C'est Philippe. Les gens le reconnaissent tout de suite et les gendarmes débarquent dès qu'ils sont prévenus.

L'endroit où se trouve le corps est très isolé. Il se situe sur la commune de doigts-yeux. On aurait pu mettre beaucoup plus de temps que ça à le retrouver.

Le cadavre présente une plaie au crâne et une ou deux autres dans le doux. Ça ressemble à des coups de feu et ce sera au légiste de le confirmer.

Les gendarmes balisent la zone. Ils ne retrouvent aucune douille.

Ils constatent que Philippe glétit à sa bague aux doigts, son bracelet et sa montre. Des objets de valeur qui n'ont donc pas été volés.

Et d'ailleurs dans sa poche, il y a 500 euros en bifton. Donc ça n'est pas un crime d'horreur, ni un meurtre crapuleux.

Le tueur se fichait des bijoux et de son argent. Alors maintenant, avaient-ils des ennemis, ce Philippe glétit ?

Trois balles. Une dans le dos et deux dans la tête. C'est ce que dit le rapport d'autopsie. Du 8 mm, et ça, c'est pas banal.

A part ça dans le sang de Philippe, pas de traces de drogue, pas de traces d'alcool. Le légiste pense qu'il a été tué le lundi midi, c'est-à-dire juste après sa disparition.

Le juge, bien entendu, regarde si le mort n'a pas un passé judiciaire. Des magouilles, des crapuleries, un conflit, quelque chose qui pourrait expliquer qu'on veuille le tuer. Rien. Rien, rien, rien.

Aucune malversation dans ses affaires, pas de signe qu'il frayait avec les mafias du bâtiment, et donc pas de piste professionnelle.

La juge corona se replie donc d'entrée sur la piste intime, sur la bitaroulette, un mari jaloux, une maîtresse outragée, peut-être dans le cadre de l'entreprise, puisque Philippe couchait ou avait couché avec la plupart de ses employés femmes.

Ou alors, sa femme, Stéphanie, comment se sont-ils rencontrés, ces deux-là ? C'était sa conseillère bancaire, figurez-vous, celle qui suivait les comptes de sa boîte.

Quand ils se sont rencontrés, ils étaient tous les deux en couple. Ils avaient chacun deux enfants. Et d'après ce que les employés de principe salut racontent, le mari de madame n'a pas apprécié d'être cocu.

Ils racontent une scène aux gendarmes bien intéressante. C'était il y a environ cinq ans, en 2007, le mari cocu de Stéphanie débarque chez principe salut, avec un couteau à huître à la main, et il va tout droit dans le bureau du patron.

Les employés racontent que le cocu avait alors attrapé Philippe Cléti par le colbag et lui avait collé le couteau à huître sous la gorge.

« Maintenant, tu vas appeler ma femme et tu vas lui dire que c'est fini, d'accord ? » Et Philippe avait dû s'exécuter.

« Stéphanie, c'est Philippe. J'en ai plus rien foutre de toi. C'est fini entre nous. »

Là-dessus, la femme de Philippe avait déboulé dans le bureau et ça s'était terminé en pugilat. Est-ce que ça n'ouvre pas une piste, ça ?

La piste du mari cocu qui se vange cinq ans après. Objectivement, oui. Les gendarmes vont donc interroger l'ancien mari de Stéphanie.

M. Trenn, avez-vous gardé une rancœur de cette période contre M. Cléti ?

Écoutez, je vais pas vous dire que ça a été facile. Moi, j'aimais ma femme, mais bon, j'ai refait ma vie, voilà.

Ça a été un moment d'énervement dans ma vie avec une arme inoffensive. Ça me ressemble pas. C'est du passé.

Et vous savez avec qui il a refait sa vie ? L'ex-marie de Mme Cléti ? Là, je vous préviens, ça devient un veau de fil.

Eh bien avec l'ex-femme de M. Cléti, Emmanuel. Elle est énorme celle-là. Ils se sont échangés, leurs femmes. Prends la mienne, je prends la tienne.

Les gendarmes perquisitionnent le bureau du maric au cul ? Et qu'est-ce qu'ils trouvent ? Une arme, deux armes, trois armes.

Vous savez qu'on peut tuer avec ce petit d'arme, M. Trenn ? Bah oui, je sais. J'ai été tireur d'élite.

À ce moment-là, la juge et les gendarmes sont de plus en plus persuadés que la vérité se cache dans ce sac de noeuf conjugal.

Et il lance une série de perquisitions chez toutes les femmes qui gravitaient autour de Philippe. Toutes celles qui ont été, ou qui étaient encore, c'est maîtresse.

Et notamment son assistante, Bettina Beau, parce qu'elle aussi, elle couchait avec le patron.

Quand les gendarmes débarquent chez elle, il tombe sur son mari. Et était-il au courant ? Oui. Il savait que sa femme couchait avec son patron.

Les gendarmes fouillent la maison, le mari est brocanteur et il collectionne entre autres les armes anciennes. Il y en a toute une vitrine.

Intéressant. Ils examinent les armes. Tiens, il y a un 8 mm. L'arme du crime. Très intéressant. Est-ce que le mari, le mari de Bettina, le coquel lui aussi, n'aurait pas tué son rival ?

Les gendarmes saisissent les armes. Au passage, les téléphones et les voitures. Et vous avez compris que le mari coquel de Bettina, l'assistante de direction maîtresse de la victime, devient alors le suspect.

Eh bien les gendarmes se trompent. Ça n'est pas lui qui a tué Philippe Cléti. C'est elle. C'est Bettina Beau, c'est l'assistante de direction.

Elle craque dès le lendemain. Elle s'écroule en larmes dans sa cuisine au petit déjeuner. Son mari s'approche, il veut la consoler, elle le regarde intensément dans les yeux et elle lui lâche.

C'est moi. C'est moi qui l'ai tué. Mais c'est pas vrai. Mais c'est pas possible. Mais c'est pas toi. Je ne pouvais plus le supporter. J'en avais marre de lui.

Mettez-vous à la place du mari. Sa femme vient de lui avouer qu'elle a tué son patron au petit déjeuner, dans la cuisine, à l'heure d'amener la petite dernière à l'école.

Que faire ? Dans son premier temps, pour préserver la gamine, il va la déposer à l'école. Et puis il revient.

Bettina, on va à la gendarmerie. D'accord ?

Elle est d'accord. Elle s'assoit dans la voiture et il la conduit directement à la gendarmerie de Saint-Paul-en-Jarré.

Il y en a pour une demi-heure environ. Pendant tout le trajet, elle ne dit rien.

Et elle n'ouvre la bouche que quand la voiture passe le portail de la gendarmerie, elle se tourne alors vers son mari et elle lui dit...

Philippe, je sais que ça va te paraître idiot, mais je t'aime toujours.

Et ensuite, elle entre dans la gendarmerie et elle se soulage. Elle raconte tout avec minutie.

Comment la veille ? Elle a folé et chargé l'un des révolvers de collection de son mari.

Comment le matin, elle a envoyé des textos à son patron pour l'apater et lui fixer ce rendez-vous ?

Il est venu, il est monté dans la voiture avec elle, elle a roulé jusqu'au sentier, ils ont marché un petit moment.

Elle était derrière lui, il était au téléphone. Quand il a raccroché, elle lui a tiré dans le dos.

Elle dit qu'elle a agi machinalement, qu'elle a vidé tout le chargeur alors qu'elle voulait garder la dernière balle pour elle.

Qu'il n'y avait donc plus de balle et qu'elle n'a pas pu se suicider.

Elle raconte qu'ensuite, elle lui a fait les poches, elle a pris son portable pour qu'il n'y ait pas de trace du SMS coquin qu'elle lui a envoyé pour l'apater.

Elle lui a pris un peu d'argent, elle n'a pas vu les 500 euros qu'il avait dans sa poche et elle a ramassé les douilles.

Puis elle est allée nettoyer sa voiture de fond en comble et elle est allée au boulot.

A principe salut, comme si de rien n'était.

Le midi, elle déjeune tranquillement avec ses collègues et en rentrant le soir, elle détruit le portable de Philippe à coup de marteau.

C'est donc un meurtre prémédité. Autrement dit, c'est un assassinat.

Et le mobile, alors, quelle est son mobile ? Pourquoi est-ce qu'elle le tue ?

Pour l'instant, c'est un mélange de mobile passionnel et professionnel.

Notre relation était amicale et sexuelle en même temps.

En général, quand je venais dans son bureau, il me disait bien voir derrière.

Et il profitait de cette occasion pour se frotter à moi, quoi.

Et tous nos rapports commençaient comme ça.

Quand ils apprennent ça, les employés de chez Princep Saloon n'en reviennent pas.

Elle avait l'air effondré quand elle a appris la mort de Philippe.

Elle a même réconforté sa femme et ses enfants.

Elle a joué double jeu, c'était une tricheuse, c'était une menteuse, les gens tombent de l'armoire.

Mais là, il faut que je vous dise que la juge corona ne croit pas complètement son histoire.

Elle pense, et entre nous, ça n'est pas dénué de sexisme à l'envers.

Elle pense qu'une jeune femme ne peut pas tuer un homme à coup de révolver.

Que ça n'est pas un crime de femme.

Et donc, elle soupçonne son mari, Philippe Beau, de l'avoir aidé.

Et elle le fait placer à son tour en garde à vue.

Où étiez-vous le lundi 27 février entre 3h et midi, monsieur Beau ?

Ah bah j'en sais rien.

Comment voulez-vous que je vous le dise ?

Je suis brocanteur, j'ai pas d'horreur, je peux pas être précis.

Philippe Beau, le mari cocu de la meurtrière, sera sauvé par son portable.

Le jour du meurtre, il a reçu un appel à 10h55, et son portable le localise chez lui,

au moment où sa femme Bettina tue Philippe Cléti.

Et il est relâché, ouf !

Parce que mettez-vous à la place de cet homme, qui sera là, dans un instant, avec moi.

Il vient de tomber de l'armoire, il vient de découvrir que sa femme est une meurtrière,

qu'elle continuait de coucher avec son patron, alors qu'elle lui avait dit que c'était fini, et qu'il l'a croyé.

Et en plus, on le soupçonne de l'avoir aidé.

Pour boucler la boucle, c'est à lui, d'aller chercher la fille de Bettina, à l'école, et de lui dire

« C'est maman, c'est maman qui a tué Philippe ».

Alors, c'est décidé.

Philippe quitte sa femme, Philippe divorce, il n'ira jamais l'avoir en prison.

Et il sera sauvé, quand dans le bureau du juge, sa femme fera la démonstration qu'elle sait bien se servir toute seule,

comme une grande, de l'arme du crime.

Elle avouera aussi à la juge, que depuis des années, elle détournait de l'argent, à principe salut.

Ça, c'est une constante dans les affaires passionnelles.

Derrière la passion, il y a toujours un peu d'argent.

Elle a détourné 40 000 euros en 7 ans.

Et le lundi où elle a tué Philippe Gletti, il lui avait fixé un rendez-vous pour faire un point financier.

C'était ça, les 6 lettres, dans son agenda.

BEB pour Bettina beau, PTG pour point général.

Devant la cour d'assises, Bettina beau encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Le procès de Bettina beau, devant la cour d'assises de la loi racin-tétienne, s'ouvre le 21 mai 2014.

Et on compte beaucoup sur ce procès pour comprendre le vrai mobile de l'assistante de direction.

Est-ce que c'est un crime passionnel, une maîtresse qui désingue son patron pour des raisons sentimentales, jalousie, trahison,

ou est-ce qu'il y a d'autres motifs ?

Parce que ce qu'a révélé l'enquête, c'est qu'il y avait aussi un problème professionnel entre Philippe Gletti et son assistante.

Elle se considérait un peu comme le numéro 2 de la boîte.

Que lui pensait qu'elle n'était pas à la hauteur pour ce poste, qu'elle avait atteint ses limites,

il songeait à faire monter quelqu'un d'autre dans la boîte, au poste de numéro 2.

D'autant que Prince Epsalu était dans une mauvaise passe financière.

Alors, est-ce que c'est d'avoir été relégué, ou d'être sur le point de l'être, son vrai mobile ?

Son mari Philippe est appelé à la barre.

C'est la première fois qu'il revoit son ex-épouse depuis le jour où il l'a conduite à la gendarmerie.

Il a décidé de ne pas la charger.

Il raconte qu'elle s'investissait beaucoup dans l'entreprise, qu'elle était comme fascinée par son patron,

et que oui, elle vivait mal le fait d'être rétrogradée.

J'ai oublié de vous parler d'une scène qui s'est déroulée entre la mort de Monsieur Gléti et les aveux de ma femme.

Elle m'a dit qu'avec nos économies, on pourrait peut-être racheter Prince Epsalu, puisque Philippe était mort.

Et là, ça change tout.

Ça n'est plus un crime passionnel.

C'est un crime crapuleux.

Elle l'a tué pour lui piquer sa boîte.

En tout cas, lui qui avait décidé de ne pas charger sa femme vient exactement de faire l'inverse.

Il l'a enfoncée.

Les cours d'assis sont en général plus clémentes avec les meurtres passionnelles qu'avec les meurtres d'argent.

A la fin, l'avocat général demande 18 ans de prison.

Pour Betty Nabo, il aurait pu demander perpète.

Pour se défendre, l'accusé a choisi l'un des avocats les plus brillants du barreau de Lyon,

David Metaxas, qui plaide la cause d'une femme à bout, assaillis de travail, humilier par son patron,

réduite au statut d'objet sexuel.

Et il rappelle que Philippe Gléti a exigé qu'elle lui fasse des félations dans son atelier,

quand il était en tension sexuelle.

Elle vivait comme un robot et elle a pété les plombs, elle a vidé mécaniquement le chargeur tout entier,

alors que Philippe Gléti était mort dès la première balle.

Les jurés se retirent, ils reviennent avec un verdict.

Et ils ont choisi de suivre l'avocat général.

Ils condamnent Betty Nabo à 18 ans de réclusion criminelle.

Elle ne s'en sort pas si mal.

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2012 dans la région de Saint-Etienne. Philippe Gletty, un chef d’entreprise, est abattu avec un calibre de 8mm… Une affaire criminelle qui met en scène le trio classique : le mari, la femme et la maîtresse.