Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Un suicide à l'Elysée, François de Grossouvre

Europe 1 Europe 1 10/28/23 - 25m - PDF Transcript

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On de l'âtre à compte.

Christopher Delathe.

L'histoire de François de Grossovre qui se suicide

dans son bureau à l'Elysée en avril 1994.

Grossovre dans son genre avait une place à part à l'Elysée,

un peu comme Alexandre Benalla, même si la comparaison s'arrête là.

J'ai bâti mon histoire en m'appuyant sur un livre,

le Votre Raphaël Baquet, le dernier mort de Mitterrand,

chez Grassez qui est un carton en librairie.

Vous avez remonté le fil du suicide et surtout de cet amitié

entre François de Grossovre et François Mitterrand.

Pour arriver à la conclusion que, sans doute,

François de Grossovre s'est suicidé à cause d'un chagrin d'amour.

Et son amour s'appelait François Mitterrand.

Voici cette histoire.

Je l'ai écrite avec Pierre Anquetin, Réalisation Céline Le Brun.

Nous voilà donc un soir d'avril 1994 à l'Elysée.

Dans la dernière ligne droite du règne de François Mitterrand,

il est malade, il l'a fini par le reconnaître,

il lui reste un peu plus d'un an araigné.

Il est 19h40, le palais est déjà quasi désert,

le temps est au crachin, le décor est un brin lugume.

Dans l'aile ouest, côté avenue de Marigny,

un gendarme du GIGN Poirot sur un divan.

Il attend son patron, François de Grossovre,

l'un des plus proches amis du Président.

Il doit le reconduire chez lui, il regarde sa montre,

il est 8h moins 10.

Quelques secondes plus tard, le gendarme entend comme un coup de feu,

comme un coup de feu mais assourdit.

Il se précipite dans le bureau et il trouve Grossovre dans son fauteuil,

les jambes croisées, un 357 magnomes à la main.

Il n'a plus de visage, le haut de son crâne a disparu,

il y a du sang partout,

et des bouts de cervelle sur les murs, au plafond.

François de Grossovre, 76 ans, s'est suicidé.

Le garde du corps a un haut le coeur,

il sort du bureau, blanc comme un linge, et il lit,

« Grossovre, c'est tirer une balle ! »

et c'est le brand le bas de combat.

On l'appelle le jeune aspirant qui assure la permanence médicale

et puis le directeur de cabinet du Président, Pierre Chassigneux,

qui rentre dans le bureau avec deux gendarmes du GSPR,

le groupement chargé de la sécurité de la présidence de la République.

Arrivant suite, le docteur Claude Calfon, le médecin du Président,

c'est lui qui appelle une ambulance de l'hôpital militaire du Val de Grasse.

Il faut évacuer ce cadavre, il faut protéger le Président,

on ne se suicide pas à l'Elysée.

Et là débarque Michel Charras,

conseiller de François Mitterrand, fidèle parmi les fidèles,

en bras de chemise et en bretelle, un sanguin.

Il déboule pile au moment où les gendarmes sont sur le point d'emmener le corps.

Déplacez le corps ?

Mais c'est la dernière chose à faire !

En fait, imaginez si la presse s'en rendait compte, avec tous les témoins ?

Non ! Vous laissez tout en état.

D'ailleurs, on ne sait jamais, ça pourrait être un acte criminel.

Et vous appelez tout de suite le préfet de police.

Là-dessus, un gendarmes du GSPR, de sa propre initiative,

se met à courir vers le bureau de Mitterrand.

Il passe devant la secrétaire Médusé, et il entre, s'en frapper.

M. le Président ! M. le Président ! François de Grosso.

Il s'est suicidé, dans son bureau.

Mitterrand blémit.

Il se recroque vieille dans son fauteuil,

il a le teint encore plus sirreux que d'habitude.

Il est sonné.

Je ne comprends pas.

Je ne comprends pas.

Et là, Michel Charras, Pierre Chassigneux et la secrétaire générale adjointe,

Anne-Lauréargeon débarque à leur tour dans le bureau.

Et assez vite, chez Mitterrand, l'animal politique reprend le dessus.

Il s'est tué dans son bureau, parce que c'est un endroit qu'il aimait.

Ça ne lui ressemble pas de s'être tué.

Mais il devenait sénil, tené, demandé à Védrine.

Un jour, il est entré dans son bureau, il s'est arrêté sidéré,

il ne savait plus où il était.

Et puis, il ne supportait plus l'idée de vieiller.

Toutes ces fioles qu'il craint valer partout contre l'impuissance.

Et tous ensemble, il se demande comment ils vont l'annoncer.

De son bureau, le journaliste de l'Agence France-Presse a crédité à l'Élysée,

Pierre Favier, remarque très vite de l'agitation chez les gardes républicains.

Alors il alerte sa rédaction, et il appelle le secrétariat de l'Élysée.

Charas lui-même le rappelle.

Pierre, le président me demande de te dire que François de Grosouvre a été retrouvé mort, dans son bureau.

Le suicide de François de Grosouvre se proche de François Mitterrand depuis une trentaine d'années.

C'est suicidé d'une balle de révolver dans le bureau qu'il conservait dans l'Èle-Ouest de l'Élysée.

Alors il faut que je vous dise maintenant ce qui les unissait, tous les deux. Mitterrand et Grosouvre.

Il se connaissait depuis 35 ans, depuis l'hiver 1959.

Il se rencontre au cours d'un dîner, organisé par Pierre Mendes France,

l'ancien président du Conseil de la Quatrième République.

Robert Clé, pas loin des Champs-Élysées, dîné auquel assiste François Zjirou, la directrice de l'Express.

Grosouvre est l'un de ses soutiens financiers.

A cette époque Mitterrand a 43 ans, il a encore des cheveux, bras, gominé plaqué en arrière.

Il a déjà roulé sa bosse, il a été douce fois ministre sous la Quatrième, mais là en 59, il est dans le creux de la vague.

François de Grosouvre, lui, est un peu plus jeune, 41 ans.

C'est un aristocrate, un lyonnais, qui a fait un bon mariage, comme on dit.

Il a épousé la fille d'un grand industriel du sucre.

Très bonne affaire.

Physiquement, il sort tout droit de l'ancien régime.

Barbichette d'aristocrate, veste de tweed, un côté un peu surané.

Au cours de ce dîner, disons que Mitterrand sort le grand jeu.

Il est brillant, éloquent, drôle, de l'esprit, de la culture.

Grosouvre est envoûté.

Et comme il a lui-même un peu de répondants, il plaît aussi à Mitterrand.

Ils sont de la même génération, ils sont capables de se raconter leurs guerres de quarante,

et ils sont provinciaux tous les deux et fiers de l'être.

Mendes France dira un jour,

j'ai l'impression d'avoir assisté à un coup de foudre.

Donc Mitterrand a un nouvel ami, riche.

Quelques années plus tard, il l'embarque dans la campagne pour la présidentielle de 1965,

contre de Gaulle.

Grosouvre avantage, paie les meetings et les voyages.

Et il écoute Mitterrand parler.

Et il finit par se convaincre que Mitterrand deviendra un jour président de la République,

et que donc, à ses côtés, a un grand destin latin.

Ce qui fait qu'on retrouve Grosouvre dans le giron de la campagne suivante,

celle de 74 contre Giscard, toujours dans le rôle de financier.

Pour cette campagne, Grosouvre monte une pompe afrique redoutable.

Urba Graco, je vous explique.

Il s'agit d'une société de conseil spécialisée dans l'implantation des supermarchés en France.

Et voilà la fil ou train.

Quand une commune de gauche veut implanter un supermarché,

hop, elle sollicite Urba Graco.

Grosouvre encaisse une commission de la part de l'épicier.

En échange, l'autre peut construire sa boutique,

et il refit l'argent aux partis socialistes via de fausse facture.

Magique.

Mais le rôle de Grosouvre dans cette campagne de 74 ne se limite pas à ça.

Il lui arrive aussi de conduire Mitterrand.

Et vas-y qu'on s'arrête dans des auberges, et vas-y qu'on commande des plats du terroir,

on parle des femmes, un drôle de couple.

Mitterrand, dans ses pantalons de velours hors d'âge,

Grosouvre, tiré à quatre épingles, qui refond le monde autour d'un petit salé au lentilly.

Il se vous voit, d'ailleurs.

Vous connaissez la suite.

Mitterrand perd la présidentielle de 74.

De justesse, hein. 49,51.

Le soir de la défaite, il dit à Grosouvre.

Je suis déçu.

Si on savait se battre, ça pourrait marcher.

Ce qui revient à lui donner rendez-vous pour 1981.

Mais à partir de ce moment-là, il y a autre chose qui va les rapprocher.

Depuis plus de dix ans, Mitterrand a une maîtresse.

Anne Pinjo, la fille d'un industriel de Clermont-Ferrand.

Grosouvre est au courant, bien sûr.

Il s'en fiche royalement.

Mais en 1974, pendant la campagne, Anne Pinjo tomba enceinte.

De Mitterrand.

Une petite fille prénommée Mazarin,

née le 18 décembre 1974.

Dans la seconde, où elle vient au monde, elle devient un secret vivant.

Mitterrand pense que si on sait, s'il est français, savent.

Il peut dire adieu à l'Elysée.

Et revoilà la microsouvre.

Quelques mois après la naissance de Mazarin,

il propose à son ami de venir passer un week-end

dans sa maison de la Trévesse, dans l'Alié.

Pourquoi ne viendriez-vous pas avec Anne ?

Et avec la petite Mazarin ?

C'est l'endroit idéal pour goûter un peu de quietude.

Et c'est vrai que l'endroit est idéal.

Une grande maison dix-huitième, tout en longueur,

et un peu à l'écart, un petit pavillon isolé.

C'est là que Grosouvre installe Mitterrand,

sa maîtresse et sa fille.

Et ils s'y plaisent, et ils y reviennent.

Il y a une piscine, un tennis, des bois pour se promener.

C'est simple, le pavillon s'appelle maintenant la Maison de François.

Chers amis, j'ai une demande à vous faire.

Accepteriez-vous de devenir le parrain de Mazarin ?

Oh, bien volontiers, François ! Bien volontiers !

Tout ça pour vous dire à quel point ils étaient proches.

Arrive la campagne de 1981.

Mitterrand se présente contre Giscard.

François de Grosouvre retrouve ses fonctions financières.

Mais pas que.

Il joue aussi un rôle capital entre les deux tours.

Vous allez comprendre.

Giscard et Mitterrand se retrouvent face à face.

Chirac n'a pas réussi son coup, il est éliminé.

Si Chirac soutient Giscard qu'il déteste, Mitterrand est fichu.

Mais si Chirac consent à être un peu mou dans son ralliement à Giscard,

c'est jouable.

Alors, si on lui faisait un petit cadeau pour le convaincre.

Mitterrand charge Grosouvre d'aller voir Jacques Chirac à l'Amérique Paris.

Et le cadeau consiste à s'asseoir d'avance sur une promesse faite aux Français.

Monsieur Chirac, je suis chargé de vous annoncer au nom de François Mitterrand

que nous maintiendrons le scrutin majoritaire à deux tours pour les législatives.

Nous savons que vous y êtes attaché.

Ah bon ?

Mais Mitterrand a promis la proportionnelle dans son programme ?

Oui, oui.

Pour se ménager les bonnes grâces du Parti communiste,

mais je peux vous assurer qu'il est décidé de ne pas instaurer la proportionnelle.

Chirac, dans la foulée, annonce qu'il laissera ses électeurs voter en conscience.

Il dit mollement que lui votera Giscard.

Et Grosouvre est avec Mitterrand à Château-Chinon quand on annonce la victoire.

5, 4, 3, 2, 1...

François Mitterrand est élu président de la République.

Et Mitterrand, ce soir-là, se penche à son oreille et lui dit...

Vous serez à mes côtés. Bien entendu.

Alors maintenant qu'il est mort, maintenant qu'il s'est tué,

quelles étaient ses fonctions exactes à l'Elysée ?

Est-ce qu'il y a là-dedans quelque chose qui pourrait expliquer son suicide ?

Au début, en 1981, François de Grosouvre s'installe au coeur de la machine présidentielle.

Il choisit lui-même son titre, chargé de mission auprès du président de la République.

Et quand on lui demande à quoi ça correspond, en général, il répond...

Je suis chargé des services spéciaux.

C'est lui qui choisit son bureau, dans l'Elle-Ouest de l'Elysée.

Il réclame qu'on le capitonne.

C'est pour qu'on n'entende pas ce qu'il se dit entre ses meufs.

Il s'attribue un appartement de 250 mètres carrés au 11 qu'est Branley,

qu'il meuble avec du mobilier national.

Appartement, dans lequel tant qu'à faire, il installe aussi sa maîtresse, Nicole.

Il réclame une voiture, un chauffeur, un garde du corps, un port d'armes

et des secrétaires habilités d'effences.

À part ça, son accoutrement fait sourire dans les couloirs.

Sa barbichette, sa moustache, ses allures de conspirateur,

son grand imperméable en cuir noir, très années 40, quand il pleut,

sa capant laine, quand il fait froid, ses puls assortis à ses chaussettes,

ses chapeaux, sa toque de fourrure de loup en hiver

et son canoutier genre Maurice Chevalier en été.

Dans les couloirs de l'Elysée, ça fait marrer tout le monde.

Mais c'est vrai qu'au début, Grosouvre est vraiment dans l'intimité du président.

Plusieurs fois par semaine, le soir, vers 7h30,

il va le chercher dans son bureau

et il parte bratsu bratsu, flané sur les quai de Seine,

faire le tour des bouquinistes.

Mais surtout, Grosouvre accompagne Mitterrand,

Rux Jacob, ou vive Anne Pinjo et leurs filles Mazarin.

Et d'ailleurs, assez vite, Grosouvre estime que la sécurité de président

de sa maîtresse et de sa fille ne sont pas assurées.

Il convoque l'ancien patron du GIGN, Christian Proto,

il lui demande de constituer une équipe d'élite

pour assurer la sécurité du président.

Ce sera le fameux GSPR, Groupement de sécurité

de la présidence de la République.

Et c'est lui qui suggère à Mitterrand d'installer Anne et Mazarin

dans le 5 pièces qui est juste en dessous du sien, au quai branlit.

Ce qui fait que désormais le soir, Mitterrand et Grosouvre

rentrent ensemble jusqu'à leurs appartements respectifs.

Alors à quoi sert François de Grosouvre ?

Sachant qu'il ne participe à aucune réunion de cabinet

ni à aucune réunion de conseiller.

Il a ses réseaux.

Son père a été banquier au Liban, il connaît les gemmaïelles.

Il chasse avec le roi Hassan II du Maroc

et aussi avec le président Bongo du Gabon.

En Syrie, il connaît très bien la famille à la Sade

et il a même des contacts en Corée du Nord.

Bref, Mitterrand a besoin de lui pour doubler la diplomatie

et les services secrets.

Sauf qu'en vérité, Grosouvre ne connaît rien

ni à la diplomatie, ni au renseignement.

Et il agace beaucoup les conseillers du président

avec ses « le président m'a dit, le président m'a demandé,

le président souhaite que… »

Un jour, Mitterrand lui-même finit par lui dire

« Je vous interdis de parler en mon nom,

je vous interdis de vous prendre pour moi,

je vous interdis de vous prendre pour moi ».

Les choses se compliquent quand en juillet 1984,

Mitterrand nomme un nouveau ministre des Affaires étrangères,

Roland Dumas et un nouveau ministre de l'Intérieur, Pierre Joxe.

Ces deux-là l'ont dans le nez, ils bloquent toutes ces initiatives.

Alors au printemps 1985, Grosouvre envoie un billet à Mitterrand.

Je crois qu'il vaut mieux que je démissionne.

Mitterrand ne répond pas, il ne le retient pas.

Et l'arrêter qui met fin à ses fonctions

est publié le 12 juin 1985.

Mais croyez-vous qu'il quitte l'Elysée ?

Non non, pas plus que l'appartement du Quai-Branly,

il reste président du comité des chasses présidentielles.

Et donc on continue de voir passer son nombre

dans les couloirs de l'Elysée.

Écarté, isolé, amère, très amère,

au point qu'il commence à bavasser auprès des journalistes

et aussi auprès d'un juge,

la bête noire de l'Elysée, le juge Thierry Jean-Pierre,

qui enquête sur le financement occulte du Parti Socialiste.

Il lui débale une partie de ses secrets

et il lui explique aussi au passage,

qui étonne pas Jo.

Et surtout, il lui ouvre ses archives personnelles

stockées dans sa propriété de la trévesse.

Quand Mitterrand apprend ça, il le fait venir, il l'icot.

Comment avez-vous pu parler à ce juge ?

Enfin, vous savez très bien qu'il s'agit d'un ennemi.

Et vous ne devez pas conserver les archives de la présidence,

n'est-ce pas ?

Vous allez rapporter ici vos papiers et les confier à Charas.

Ils seront plus en sûreté dans un coffre de l'Elysée.

Il n'en est pas question.

Vous êtes entouré de banties.

Vous ne pouvez pas dire ça.

Non seulement je vous le dis,

mais je peux le prouver.

Je vous l'interdis.

Cette fois, la rupture est définitée.

François de Grossovre est devenu un traître

qui se sent persécuté.

Il le dit à un journaliste.

On est en train de monter une affaire contre moi.

Je suis lâché par tous.

C'est sans issue.

Le jour de son suicide,

il déjeune avec son fils aîné, Patrick.

Le président m'a mis sur écoute, figurtois.

Il me fait suivre.

Regarde ce type là-bas.

Il est partout où je me trouve.

Ce jour-là, vers 17h30,

le docteur Soubiel, un vieil ami,

lui rend visite dans son bureau.

Il le trouve dans un état épouvantable,

amer, morbide.

Il parle de se suicider.

Alors, quand il le quitte,

Soubiel va prévenir Mitterrand.

Monsieur le président,

je trouve votre ami François très mal.

Il parle de suicide.

Je crois qu'il faudrait l'hospitaliser.

Mitterrand se tourne vers un secrétaire général adjointe,

Anne Lovarjon.

Anne,

il faudrait voir ce qu'on peut faire pour Grossovre.

Deux heures plus tard,

retentie dans l'Elouest de l'Élysée,

François de Grossovre est mort.

Juste après la découverte du cadavre,

les gendarmes du jeu espérent

interroger le personnel de l'Élysée.

À part le garde du corps de Grossovre,

personne n'a entendu de coups de feu.

Mais il faut dire que le bureau

était capitonné et doté d'une double porte.

Ensuite, arrive la police judiciaire,

le patron en tête, Claude Cancès,

accompagné du substitut du procureur Bernard Pages.

Les policiers retrouvent la balle,

nichée dans le plafond.

Ils relèvent des empreintes,

ils trouvent de la poudre sur les mains de Grossovre,

et ils établissent qu'il n'y a eu

ni intrusion dans l'Élysée avant le coup de feu,

ni fuite après.

Vers huit heures et demie,

Mitterrand appelle lui-même l'un des fils de Grossovre,

Xavier,

pour lui annoncer la nouvelle.

Un autre fils, Patrick, le rappelle un peu plus tard.

Il veut venir à Paris tout de suite.

Mitterrand le dissuade

d'aller chez son père.

Ça n'est pas la peine d'aller chez lui.

Il n'y a plus rien là-bas.

Nous allons le faire transporter au Val de Grasse.

Demain matin, je vous recevrai.

Eh oui, chez lui, qu'est Branly.

Il y a la maîtresse, Nicole,

et juste en dessous, il y a Anne Pinjo et Mazarin.

Mitterrand raccroche,

et elle se tourne vers Michel Charas.

Michel,

il faut déménager Nicole, n'est-ce pas ?

Occupez-vous-en.

Une voiture du JSPR

file discrètement au 11 qu'est Branly,

avec deux missions.

Un, déménager Nicole,

deux, faire le ménage

avant la perquisition de la police judiciaire.

Nicole fait ses bagages.

Elle vivait là depuis 13 ans.

Et les gendarmes se mettent à fouiller

le 5 pièces, tiroir après tiroir,

étagère après étagère,

en prenant soin de tout bien remettre en place.

Ils tombent sur une boîte de munitions

du 357 Magnum.

Ils la laissent à sa place.

À 23h, ils ont fini,

et ils emmènent Nicole

et ses bagages.

Quelques minutes plus tard,

débarquent les policiers de la police judiciaire.

Ils ne trouvent aucune lettre

laissée par de grosses ouvres

pour expliquer son geste.

Ils embarquent la boîte de munitions

et l'enquête conclut

un suicide.

Quatre jours plus tard,

le 11 avril,

ont lieu les obsèques

dans l'église Saint-Pierre de Moulin,

dans l'Allié. La famille a fait passer le message.

Nous pensons qu'il faudrait mieux

que Mitterrand ne vienne pas à l'enterrement.

La chef de cabinet du président répond.

Voyez-vous,

le président tient taillé assister.

Et vu le contexte,

il est absolument

inenvisageable qu'il ne vienne pas.

La porte de l'église Grince,

François Mitterrand

et Pierre Joxe

font leur entrée.

Le fils de François de grosses ouvres

se détourne pour ne pas leur serrer la main.

Vers 10h40, le visage impénétrable,

François Mitterrand entre dans l'église

et prend place auprès des proches

de François de grosses ouvres.

Il s'est rendu en place

les 6 enfants et ses petits enfants.

La dernière fois que le président de la République

s'était rendu sur les terres de son ami

à l'usine, c'était en septembre 1992

à la veille du référendum

sur le traité de l'Union européenne.

Ce fut ici leur ultime soirée intime.

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L’histoire du suicide de François de Grossouvre, en avril 1994, dans son bureau de l’Elysée.