Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Raphael Lomoro, meurtre à la vanille

Europe 1 Europe 1 10/9/23 - 30m - PDF Transcript

Oh, non mais vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ?

C'est un tout l'érable, croyez-moi.

Hey, le sourire, tu penses qu'il va le garder longtemps ?

Au moins trois mois.

Allez, hop !

Préparez-vous à garder le sourire.

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On de l'âtre à compte, Christopher Delat.

Une affaire criminelle aujourd'hui assez récente,

puisque les faits dates de 2006 et le dernier procès remontent à 2011.

Il s'agit de la disparition de Raphaël Lomorot à Folkling, en Moselle, près de Forbach.

Et c'est une affaire acclacée dans la catégorie des crimes passionnels,

les plus intéressants sans doute, parce que ce sont ceux qui nous parlent le plus,

ceux qui nous ressemblent le plus.

Est-ce que je serai capable de faire ça ?

Moi, hein ?

Je ne vous en dis pas plus.

Voici cette histoire que j'ai écrite avec Thomas Audoir.

Réalisation de Céline Le Bras.

Au début, c'est une histoire exotique.

L'histoire d'un homme, un français, qui cultive de la vanille à Madagascar depuis cinq ans,

et qui disparaît.

Tous les ans, normalement, il revient une ou deux fois par an en France,

où il a laissé femmes et enfants.

À Noël 2006, il ne rentre pas.

Et là, on peut tout imaginer, hein.

Madagascar, c'est un peu le far-west.

Est-ce qu'il y a eu une embrouille là-bas ?

Un concurrent, peut-être.

Ça marche bien son affaire de vanille.

Ou alors une femme.

Une histoire de femme.

Mais l'issue de cette histoire, vous verrez, est beaucoup moins exotique que prévu.

Beaucoup moins.

Cet homme, il s'appelle Raphaël Lomorro.

Il est d'origine italienne, et toute sa jeunesse,

il a été mineur de fond dans les mines de charbon de Lorraine.

Et puis, c'est un métier usant.

Dès qu'il a pu, il a pris sa retraite anticipée,

et il s'est lancé dans un projet fou.

La production et la commercialisation de vanille à Madagascar.

Sacrée aventure pour un mineur.

Et il part tout seul.

Il laisse en France, dans la maison familiale de Folkling, près de Fortbac,

sa femme Simone et leurs 6 enfants.

Après 23 ans de vie commune,

disons qu'il y a comme un peu d'usure dans le couple.

Il est parti il y a 5 ans et ma foi.

Mais ça marche bien, son affaire de vanille.

Il gagne dans les 5 000 euros par mois, au soleil.

C'est pas mal, c'est beaucoup plus que ce qu'il gagnait à la mine, c'est sûr.

Et donc, normalement, il rentre en France 2 fois par an,

pour vous voir ce qu'il y a à la mine.

C'est pas mal, c'est beaucoup plus que ce qu'il gagnait à la mine.

C'est sûr.

Et donc, normalement, il rentre en France 2 fois par an,

pour voir les enfants, sa femme, la famille.

Il a 12 frères et sœurs qui vivent pour la plupart en Lorraine.

En principe, il rentre une fois à Noël et une fois l'été.

Sauf qu'à Noël 2006, il ne vient pas.

Dans les mois qui suivent, janvier, février, mars, avril, mai et juin,

il ne donne aucune nouvelle.

C'est l'une de ses sœurs dont il est très proche, Mariette,

qui s'en étonne la première.

Alors, elle lui laisse des messages. 1, 2, 3.

Bah dis donc, Rapha, t'exagères de jamais rappeler, nous, on commence à s'inquiéter ici.

Allez, donne-nous des nouvelles, juste un petit coup de fil, ça fait longtemps.

On espère que ça va pour toi. On t'embrasse.

Et quand arrive le mois du 1 et que Raphaël n'a toujours pas donné de nouvelles,

là, les lomoros sont carrément inquiets.

Et Mariette fait le tour des frères et sœurs, personne n'a de nouvelles.

Elle appelle aussi sa belle-sœur Simone.

Allô ? Bonjour Simone.

T'as des nouvelles de Raphaël ?

Ben non, aucune.

Pas de coup de fil, rien.

Ah non, non mais tu sais Raphaël, il est comme ça, hein.

Comme ça, comme ça, non. Normalement, il vient à Noël. Il est pas venu.

On l'appelle, il ne répond pas en lui laisse des messages, il ne rappelle pas, c'est inquiétant.

...

Et donc, à un moment, mi-juin, Mariette se rentre à la gendarmerie de Fortbac

pour signaler la disparition de son frère.

Ben écoutez, c'est vrai, il vient peu en France, mais on a toujours un petit coup de fil.

Il est pas venu à Noël, il aurait dû appeler. Je pense qu'il lui arrivait quelque chose.

Madame, à ce stade, la seule chose qu'on puisse faire, c'est ouvrir une enquête dans l'intérêt des familles.

Mais je vais être clair avec vous, hein.

Au bout de l'enquête, on pourra vous dire s'il est vivant,

mais s'il ne veut pas communiquer avec vous, s'il ne veut pas qu'on vous dise où il est, c'est son droit, c'est sa liberté.

On pourra rien faire de plus. Je vous mets en garde.

Ben déjà, si vous faites ça, ça nous enlèverait un poids.

Le savoir en vie, c'est tout ce qui compte pour nous.

Mais j'ai peur, vous savez que ce soit plus grave.

Les gendarmes ont du mérite, parce que ça sera pas facile d'enquêter à Madagascar.

Décommer les pieds hors de France, ça se complique.

Normalement, les pays doivent s'entraider sur le plan judiciaire, mais il y a loin de la coupe au lèvre.

Il est probable qu'elle est mal gâche, vont traîner des pieds. Ça va être long.

Mais bon, les gendarmes commencent à se rencarder.

Et ils commencent par l'ambassade de France à Madagascar.

Au moins, eux, ils ne sont pas censés traîner des pieds.

Et là, ils apprennent que Raphaël Le Moro vit depuis 2002, dans une petite ville portuaire du sud-est de Lille,

Tama Tav, c'est là qu'il a installé son entreprise, qui emploie une dizaine de personnes.

Mais surtout, par les compagnies aériennes, ils découvrent que Raphaël est venu en France à Noël.

Tiens, tiens.

Après vérification auprès de l'aéroport de Tannanarive, il est monté dans un avion pour Paris le 14 décembre.

Oui, monsieur. Et il atterrit à Roissy le 15 à 7h20.

La police de l'air et des frontières a enregistré son passage et la douane aussi.

Il a débarqué avec un gros paquet de vanilles. Les douaniers ont dû parlementer un peu.

Donc, il est venu en France à Noël.

Et dès qu'il est descendu de l'avion, il a passé des coups de fil.

Ça, on le sait, grâce à son portable.

Plusieurs coups de fil depuis l'aéroport de Roissy, juste avant 9h00.

Et après plus rien.

Plus rien.

Son portable 16 dmètres.

Une certitude. Il n'a pas pris l'avion du retour.

Intéressant.

Alors, qui est-ce qu'il a appelé en posant le pied à Roissy ?

Eh bien, ses amis de Fortback.

Les gendarmes vont le voir tout de suite.

Il vous a dit quoi au téléphone ?

Vous pouvez nous donner le maximum de détails qui vous reviennent ?

Raphaël ?

Bon, il n'a pas parlé longtemps.

Il m'a dit qu'il venait d'attirir, qu'il passeraient de voir à Fortback l'après-midi.

Ça va peu près tout ce qu'il m'a dit, je crois.

Et donc, il est venu vous voir l'après-midi ?

Ah non.

Non, depuis ce coup de fil, pas une nouvelle.

Au départ, je me suis dit qu'il avait un empêchement qui viendrait plus tard.

Mais il m'a pas rendu visite de toutes les vacances.

Ni depuis, les gars.

Bien.

Et sa femme, alors, Simone.

Est-ce qu'il l'a prévenu qu'il arrivait le 15 décembre à Roissy ?

Ah ben oui.

Et d'ailleurs, ce matin-là, on s'est levé tôt pour aller le chercher à Roissy.

Vous dites on, qui, on ?

Ben, moi et ma fille, Samantha.

Et laquelle âge votre Samantha ?

Dix-sept ans.

Et donc, vous l'avez retrouvé à Roissy.

Ben, on a attendu.

On s'est dit qu'il s'était fait coïncer au contrôle.

On a attendu au moins deux heures.

Et ensuite ?

Ben, ensuite, on l'a, on l'a vu arriver.

Mais bon, quatre mois que je l'avais pas vu, il n'a pas été sympa.

C'est-à-dire ?

Ben, je venais de me faire faire de l'orthodonci.

Vous savez, vous savez ce qui m'a dit ?

Il m'a dit, alors tu t'es fait faire la salle à manger ?

Vous voyez un peu l'ambiance.

Après quatre mois sans moire.

Donc, ça s'est pas bien passé à l'arrivée à Roissy.

Et après, alors ?

Ben, on est partis en voiture.

Qui conduisait ?

Ah ben moi.

Ça m'entend, était à côté.

Et lui, derrière.

Et donc, vous avez pris tous les trois la route de Folkling.

Ah ben non, pas vraiment.

Parce qu'avec cet accueil,

je vais m'autant vous dire qu'on s'est embrouillés.

Non, doiseaux et tout le tralala, quoi.

Donc, dispute.

Et là, Raphaël me demande de descendre de voiture.

Elle dit qu'ils ont roulé 500 m, pas plus.

Et qu'elle l'a laissé ?

Eh ben, Roissy.

Vous pensez-vous qu'il est allé ensuite ?

Ah ben, je pense clairement qu'il est reparti à Madagascar.

Moi, j'ai plus de nouvelles.

Et non.

Ça, les gendarmes en sont certains.

Il n'est jamais rentré à Madagascar.

Il n'a jamais repris l'avion.

Jamais.

Alors, à ce stade, il y a clairement deux pistes.

La première est séduisante.

Raphaël Lomoreau fait des chaloux à Madagascar

à cause de son affaire de vanille florissante.

Alors, il se fait dessouder par la mafia malgache.

Sauf que, pourquoi est-ce qu'il serait venu faire ça en France ?

Hein ?

C'était tellement plus simple de le désinguer sur place.

Deuxième hypothèse ?

Eh bien, c'est qu'il s'est fait zigouiller par sa femme.

À sa descente d'avion.

La chronète, c'est celle-là qui tient la corde

à la gendarmerie de Faurebac.

Pour une raison très simple,

les deux femmes, la mère et la fille,

sont deux sacrés cocottes.

Et ça, les gendarmes s'en aperçoivent assez vite.

Vous savez comment on l'appelle la jeune Samantha

dans son village ?

La Paris Silton de Faurebac.

Et pourquoi ?

Parce que c'est une bimbo,

toujours sapée comme une princesse,

qui achète sans compter des chaussures de la lingerie,

tout ça avec le chéquier de papa.

Et régulièrement, elle organise des fêtes,

où l'alcool coule à flots.

Il semble que son père se soit plusieurs fois agacé

de son train de vie, assez frais.

Quant à Simone, la mère.

Pourquoi est-ce qu'elle a résilié

l'abonnement téléphonique de Raphaël depuis Noël ?

Pourquoi est-ce qu'elle s'est débarrassée

de ses vêtements et de ses outils ?

Pourquoi elle a donné la voiture de son mari

à des amis ?

Comment savait-elle

qu'il ne reviendrait pas ?

...

Rassurez-vous, pendant ce temps-là,

elle a continué à percevoir sa retraite.

Les gendarmes l'interrogent à nouveau.

Madame,

vous vous comportez

comme si votre mari n'allait pas revenir.

Comment est-ce que vous expliquez ça ?

Ah ben, je vais vous le dire, pourquoi il va pas revenir ?

Je vais vous le dire.

Il a refait sa vie.

Ah madagascar !

Il y a une femme, une jeune,

elle a dans les 30 ans.

Il a deux enfants avec elle.

Alors que voulez-vous, ben,

il nous a laissé tomber, moi, les six enfants.

C'est pour ça que j'ai fait tout ça.

Et de raconter que c'est Samantha

qui a découvert le poteau rose.

La dernière fois que son père est venu

à Falkling, elle est allée fouiller

sur son ordinateur portable.

Et dans le dossier photo, elle a trouvé

la photo d'une femme et de deux enfants

en basage. Voilà.

La fille, bien sûr, l'a répétée

à sa mère. Et ça,

ça, ça ouvre une autre piste.

La piste de la maîtresse Malgache.

Il faut la retrouver,

cette femme.

Et les gendarmes la retrouvent.

Et sur ce point,

mères et filles n'ont pas menti.

Raphaël avait bien refait sa vie

à madagascar.

Sauf que la dame est sans nouvelle de lui

depuis Noël. Il est parti

il n'a jamais revu.

Elle raconte que l'exploitation de vanille

de Tannintave est à l'abandon

que les employés n'ont pas été payés

et qu'ils sont tous partés.

Donc Raphaël ne se planque pas

chez sa maîtresse à Madagascar.

Il a vraiment disparu en France

juste après son atterrissage

à l'aéroport de Roissy.

Je vous le redis.

Ce sont de sacré cocotte.

De Samantha, la Paris s'il tonne

de fourbac. Et de Simone

qui s'est allègrement débarrassé

des affaires de son mari disparu.

Il n'y a pas que ça. En enquêtant

à Folkling, les gendarmes découvrent

assez vite un détail dont Simone a oublié

de leur parler.

Elle a un amant.

Bien sûr qu'elle a un amant.

Il s'appelle François. Elle vous l'a pas dit ?

Eh ben non.

Elle ne l'a pas dit.

Elle a joué les femmes indignées.

Elle a dénoncé la maîtresse de son mari

mais elle a omis de dire qu'elle aussi

le faisait cocu.

Ce qui était assez naïf de sa part

parce que tout le monde est au courant.

Tout le monde.

Alors ce François.

Les gendarmes l'identifient assez vite.

59 ans. Retraités.

Normalement ils vivent en région

parisienne. Je dis normalement

parce que depuis le mois de juillet 2006

ils vivent chez Simone.

Enfin chez Simone et Raphaël.

Il y a installé ses affaires.

Ils ne se cachent pas.

Et ils se sont tellement chez lui

qu'il est allé voir un architecte

pour réaménager la maison de Simone.

Il a des plans.

Et si c'était lui

qui avait effacé Raphaël

sur la terre.

Il est temps de placer tout ce petit monde

en garde à vue.

Le 13 novembre 2007,

les gendarmes interpellent toute la Smala.

Simone, ses deux filles aînés

Samantha et Valérie

et François Laman.

Et qui dit garde à vue dit en général

perquisition.

Les gendarmes commencent par fouiller

l'appartement de Laman

à Parisienne.

Le type possède

toute une cacquerie.

Un stock d'armes de collection.

Impressionnant.

Et si parmi ses armes

se trouvait l'arme du crime.

Supputation, parce que pour l'instant

on n'a pas de cadavres.

Les armes sont envoyées au laboratoire.

Les ballisticiens les examinent

sous toutes les coutures.

Elles sont démilitarisées.

Toutes inutilisables.

Ils sont accrochés à un mur pour la décoration.

François est dans les clous.

Il n'a pas enfreint la loi.

Alors maintenant

fouillons son garage

et sa voiture.

Dans le coffre,

tiens, des bottes en carouchou

et des gants en latex

et une pelle pliante.

Et pourquoi faire Diable ?

Dans la voiture elle-même, on fait

pchit pchit avec une bombe de blue star

et ça alors,

il y a des traces de sang.

Les gendarmes font des prélèvements.

Crottes, les traces de sang

sont inexploitables.

Alors passons à l'interrogatoire

de François.

Bien.

Pouvez-vous nous dire où vous étiez

le 15 décembre 2006 ?

Ben oui.

Ah, je peux tout à fait vous le dire.

Le vendredi je prends des cours

de Thibétain, à Dauphine.

Donc j'étais là-bas.

Vous pointez dans ces cours

ou est-ce que quelqu'un pourrait

attester de votre présence ce jour-là ?

Ah ben non, on pointe pas.

C'est la fac.

Mais les profs vous le diront.

Je n'arrête pas à cours.

Problème. Le prof de Thibétain

est interrogé.

Il est confirmé avec certitude

la présence de François ce jour-là.

Il assiste assez court, c'est vrai.

Mais est-ce qu'il était là

le 15 décembre 2006 ?

Le prof ne le sait pas.

Les gendarmes se font envoyer la fadette

de François, le relever de son téléphone

portable, doublé de la localisation.

Eh bien, il n'a pas menti.

Le 15 décembre,

il était à la fac de Dauphine.

Il assistait à son cours de Thibétain.

Passons maintenant

dans le bureau d'à côté,

où Valérie, la fille aînée

de Raphaël et Simone

est en garde à vue.

Elle aussi.

Mademoiselle,

pour quelle raison

est-ce que vous ne vous êtes pas inquiétés

de la disparition de votre père ?

Bah vous savez,

on ne s'est jamais trop entendus

avec mon père.

J'ai été élevé par mes grands-parents.

Pourquoi voulez-vous que je me soucie

de son absence ?

Bien, allons maintenant

dans le bureau où est interrogé

Samantha, qui intéresse bien

les gendarmes, puisque le 15 décembre 2006

elle était avec sa mère

à l'aéroport.

Il n'y a pas grand-chose à en tirer

de Samantha. Elle raconte

à nouveau la dispute, le père

qu'elle abandonne au bord de la route

à Roissy et elle s'en tient là.

Et Simone, alors ?

Il faut d'abord que je vous raconte

ce qu'on a trouvé chez elle

pendant la perquisition.

Vous allez voir, c'est

passionnant.

On a trouvé au Roissy

la carte vitale et la carte

d'identité de Raphaël.

Qu'est-ce qu'elles font là ?

On a aussi trouvé l'ordinateur portable

de Raphaël.

Qu'est-ce qu'il fait là ? Et surtout au sous-sol.

On a trouvé des armes.

Ce qui est tout à fait normal, Raphaël avait

une licence de tir, il avait le droit

de détenir des armes.

Sauf qu'il en manque une.

Il manque un révolver.

Un 357 magnum.

Simone a donc interrogé

sur tout ça la carte d'identité,

la carte vitale, le révolver.

Elle n'a rien à tirer.

Mais, une garde à vue.

C'est long ?

Nous voilà à la 36ème heure.

Vous n'avez pas beaucoup de réponses,

madame.

Et je ne vous ai pas encore demandé

de justifier pourquoi, par exemple,

vous aviez effectué 4 retraits

d'argent à Fortbac entre le 15

et le 27 décembre 2006.

Vous ne le saviez pas ?

Simone

était pusée.

Et elle répond.

Vous vous occuperez de mes enfants ?

Elle est mûre.

Et là voilà,

qui reprend son récit

de la matinée du 15 décembre.

Elle est bien allée chercher son mari

à Roissy, avec sa fille.

Et il a bien été au Dieu avec elle.

Mais il n'est pas descendu de voiture.

Ils ont pris la route de Fortbac.

Et puis, à un moment,

il était à l'arrière,

il s'était endormi.

J'ai roulé, je ne sais pas, moi,

je me suis arrêté sans trop faire de bruit.

Il dormait toujours.

Puis j'ai attrapé

le révolver que j'avais pris à la maison.

Votre fille, Samantha,

était là ?

Ouais.

Ouais, je lui ai demandé de part garder.

Et puis je lui ai tiré une balle dans la tête.

Comment se fait-il qu'on n'a pas retrouvé de sang

dans votre voiture ?

Oui, il n'y en avait pas beaucoup.

Ça n'a pas beaucoup coulé. C'est Samantha qui a nettoyé.

Avec des mouchons en papier.

Ça suffit.

Après Simone dit qu'elle lui a mis

une couverture sur la tête.

Et que maire et fille, elles ont repris la route.

Ils leur restaient 300 km.

Et pendant 300 km,

elles ont roulé avec le cadavre de Raphaël

à l'arrière,

le mari de l'une,

le père de l'autre.

Il en faut du sang-froid

pour faire un truc pareil. 300 km.

Elles arrivent à Folkling

vers 15h.

Elles mettent la voiture au garage

et elles la ferment à clé.

Et là, qu'est-ce que vous avez fait ?

Ben,

j'avais des cartes de vœux à faire pour le Nouvel An.

Je m'y suis mis tout l'après-midi.

Des cartes de bonne année.

Avec un cadavre

dans le garage. Sacré Simone.

Et après ?

Après, elle retourne à la voiture.

Ça fait 6h que le cadavre est à l'arrière.

La nuit est en train de tomber.

Elle se met au volant.

Et elle va, dit-elle, jusqu'au verger.

Elle essaye de sortir le corps,

il est trop lourd. Alors elle manœuvre,

elle met la voiture dans le sens de la pente

et elle arrive à le faire tomber dans l'herbe.

Et ensuite, vous avez fait quoi

du corps, madame ?

Ben,

je me suis souvenu que Raphaël m'avait dit un jour

qu'il aimerait être incinéré.

Alors je l'ai brûlé.

Comment ?

Elle a mis 2 palettes de bois

sur le cadavre.

Qui était allongée sur le dos.

Qu'elle a ajouté de vieux vêtements.

Elle a imbibé le tout de 5 litres d'essence.

Et elle a mis le feu.

Et elle a entretenu le brasier, dit-elle,

pendant plusieurs jours.

Elle raconte qu'ensuite, elle a ratissé

les débris qui restaient.

Qu'elle les a jetés à la poubelle.

Et qu'au printemps, elle a semé du gaseau.

Oh ben, il n'y a plus de trace.

Vous verrez, il n'y a plus de trace.

Et l'arme ?

Le 357 Magnum,

vous en avez fait quoi ?

Je l'ai détruit avec une masse.

Puis j'ai foutu les morceaux à la poubelle.

Simone vient d'avouer

dans le détail le meurtre

de son mari.

Les gendarmes, bien sûr, vont sur place.

Et c'est vrai qu'on ne voit plus rien.

Ils trouvent tout de même un tout petit morceau

de dents et de minuscules

fragment d'os qui s'avèront

être des eaux

d'animaux.

Et là, il y a un doute.

On aurait fait brûler

un cadavre ici à moins d'un an.

Et il n'y aurait aucune trace.

La méthode

est étonnante.

Je me doute que vous n'avez jamais fait brûler de cadavre

et moi non plus. Mais je vous jure

que si vous mettez des palettes en bois

sur un cadavre,

il n'y a pas beaucoup de chance qu'ils brûlent.

Comme si, au barbecue,

vous mettiez le charbon sur la brochette.

Vous mieux le mettre

dessous.

Donc il y a un doute.

Qui va demeurer jusqu'au bout de cette affaire.

Où est le cadavre ? La tel vraiment

fait brûler.

Quoi qu'il en soit, Simon Lomoreau

n'éclate pas,

est mis en examen et écroué.

Et sa fille Samantha qui avait 17 ans

est en examen pour modification de la scène

de crime et envoyé en prison

elle aussi.

La fille Névalérie est relâchée.

Mais l'instruction se poursuit.

Et au fil des interrogatoires,

Simon se construit une défense

qui va éclairer ce meurtre

sous un jour nouveau.

Elle dit que Raphaël

était un tyran.

Qu'il l'a batté, qu'il l'a cogné,

qu'il l'a brûlé avec sa cigarette.

Et surtout,

elle dit qu'il a violé sa fille Névalérie.

Elle l'a tué

parce qu'elle n'en pouvait plus

de ses violences.

Est-ce qu'on doit la croire ?

Ce sera à la cour d'assises de Tranchet.

Si elle l'a tué de s'en froid et sans raison,

elle prendra perpète.

Si elle arrive à convaincre qu'il l'a batté,

elle peut espérer moins,

beaucoup moins.

Les enfants, en tout cas,

confirment que le père était violent.

Et puis, au moment de boucler

le dossier d'instruction,

il reste un doute sur le rôle de Samantha.

Est-ce que Simon,

en vérité, ne couvre pas sa fille ?

On se pose la question

parce qu'un jour, le juge

présente plusieurs armes à Simon.

Allez-y, prenez celles

que vous avez utilisées.

Elle ne désigne pas le 357 Magnum.

Elle désigne un berretat.

C'est troublant ?

Lors de la reconstitution qui a lieu le 25

novembre 2007, sur l'ère d'autoroute

sur laquelle elle dit avoir tué

son mari, on lui demande

de prendre l'arme à la main.

Allez-y, prenez-la.

Elle ne sait pas la tenir.

Et quand on lui demande de dire

où elle se tenait quand elle a tiré,

elle dit qu'elle a tiré entre les deux sièges avant.

On pose la même question

à Samantha.

Elle dit qu'elle a vu sa mère tirer

entre l'appuie-tête et le montant

de la portière conducteur.

Voyons comment la cour d'assises

va se dépatouiller

avec tout ça.

Et c'est donc en tant que témoin

que Samantha assiste au procès de sa mère

qui s'ouvre le 18 mai 2010

devant la cour d'assises

de la Moselle.

...

Les 12 frères et sœurs de Raphaël

sont assis sur le banc des parties civiles.

On ne leur a pas rendu de cadavres.

Et donc ils attendent que Simone

prenne cher, qu'elle prenne le max.

Mais Simone, elle,

s'accroche à sa ligne de défense.

Elle a voulu débarrasser

sa famille d'un prédateur violent.

Il l'a batté,

il battait les enfants,

il a violé sa fille aînée,

elle réclame des circonstances atténuantes.

...

Alors on fait venir les enfants

à la barre. Est-ce que c'est vrai ?

Est-ce que c'est vrai ce que dit votre mère

et d'une seule voix ?

Les petits confirment.

Ils confirment tous.

Sauf,

sauf les nais,

sauf Valérie, sauf celle que le père

est censé avoir violée.

Il m'a pas violée.

Il m'a pas violée.

J'ai menti.

Et là, sa menta se lève, furieuse.

Furieuse de voir sa sœur aînée

se désolidariser et elle lui dit

On aurait dû t'inviter

au barbecue de ton père.

On ?

On aurait dû t'inviter ?

Pourquoi est-ce qu'elle dit On ?

Est-ce que sa menta ne vient pas de dire

sans le vouloir qu'elle a eu un rôle

beaucoup plus actif que ne le prétend sa mère

et qu'elle ne le prétend elle-même

dans l'assassinat de Raphaël ?

...

Le verdict tombe.

Simone ne s'en sort pas mal.

17 ans de réclusion criminelle.

Le verdict sera confirmé en appel.

Quant à sa menta,

elle est jugée devant le tribunal

pour enfants de Sargemin

et elle est condamnée à 18 mois

de prison avec Sursi

pour avoir modifié la scène de crime

et d'aider à transporter le cadavre

et à le brûler.

Il y a eu dans la foulée

une tentative des frères et sœurs de Raphaël

de faire rouvrir ce dossier

pour incriminer l'amant François

à refuser.

Et donc Simone est définitivement

la seule et unique meurtrière

de son mari.

Des centaines d'histoires disponibles

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En 2006, la disparition de Raphaël Lomoro, un Français parti vivre à Madagascar pour se lancer dans le business de la vanille. Il aurait dû retrouver ses proches à Noël en France. En juin 2007 sa sœur va signaler sa disparition.