Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Qui a tué le petit Lubin ?
Europe 1 9/25/23 - 24m - PDF Transcript
Bonjour à tous ! On me demande souvent, à votre avis, pourquoi les gens s'intéressent-ils
aux histoires criminelles ? Et invariablement, je réponds, les gens s'intéressent aux histoires
auxquelles ils peuvent s'identifier. Et bien voilà une histoire à laquelle vous n'aurez
aucun mal à vous identifier. C'est une affaire criminelle de 1994, l'affaire Lubin. L'histoire
d'un jeune couple, Magalie Guillemot et Jérôme Duchemin, qui ne s'aimait pas. Deux oseaux
qui s'étaient mariés, on ne sait pas bien pourquoi. Et à la fin, il y a un mort, un petit bébé
de deux mois, Lubin, un petit enfant, Martyr. Qui l'a tué ? Qui l'a frappé jusqu'à le tuer ? Sa mère
ou son père ? Magalie ou Jérôme ? C'est une histoire que j'ai écrite avec Thomas Audoir,
réalisation Céline Lebrun. Le 5 décembre 1994, un petit bébé de deux mois, prénommé Lubin,
meurt aux urgences pédiatriques de l'hôpital du Kremlin-Bissettre, à Paris. Eux d'aimes cérébrales,
ça faisait trois jours qu'il était dans le coma. Quand il est arrivé, les médecins lui ont fait
passer une radio. Ils ont compté cinq frattures, certaines très récentes, mais d'autres qui pourraient
remonter à quinze jours. Lubin a donc été martyrisé jusqu'à en mourir. Qui, qui lui a fait ça ? Sa
mère ? Magalie Guillemot ? Elle est ingénieure au commissariat à l'énergie atomique. Elle a fait
central. Elle n'a pas le profil ? Son père alors ? Jérôme Duchemin ? Il est musicien professionnel,
artiste. Il n'a pas le profil non plus. Quoi qu'il en soit, l'hôpital a prévenu la police. Il va
falloir qu'il s'explique tous les deux. Trois jours après la mort de Lubin, sa mère Magalie et son
père Jérôme sont donc placés tous les deux en garde à vue. On va bien voir si l'un d'eux a
quelque chose à dire et surtout si l'un d'eux a des doutes sur l'autre. Ils sont évidemment
interrogés séparément. La mère se retrouve face à une femme capitaine de police. L'idée est de la
jouer entre femmes, bien sûr. Mais ça n'a aucun effet. Aucun. Il n'y a rien qui vous revient,
madame Guillemot. Une chute, un instant d'inattention. Ça arrive à toutes les mères, vous savez.
Écoutez, mon enfant n'a que deux mois. Deux mois, c'est pas long. S'il y avait eu quelque chose,
je m'en souviendrai. À part ça, elle dit que Lubin était fragile, qu'il a fallu les
forceps pour la coucher, qu'après la naissance, il a fait une jaunisse. Mais à part ça, elle ne
voit pas. Vous voulez que je vous dise que ressentent les policiers à ce moment-là ? Il la trouve
froide. Elle les prend de haut. Et puis, elle dit qu'elle n'a pas d'explication, mais elle n'a pas l'air
d'en chercher. Étrange maman, étrange femme. Voilà ce qu'il se dise. Et le père, alors. Le père,
dans le bureau d'à côté, il est effondré. Mais contrairement à sa femme, il cherche une
explication. Je ne sais pas si c'est ça. Moi, je ne me rends pas compte de ce qui est grave pour un bébé.
C'était mon premier, vous savez. Voilà, un jour, je chauffais son biberon, sa tête a tapé contre
la porte du four à micro-ondes. J'ai cru que c'était sans gravité. Vous pensiez que ça peut être
ça ? Non. Non, ça ne peut pas être ça. On ne fait pas cinq fractures à un bébé en heurtant par
accident la porte du micro-ondes. Alors on les remet tous les deux en cellule, chacun dans leur
coin, et les policiers vont voir les voisins. Et ils tombent sur Isabelle, la voisine dans le sous.
Magalie, elle m'a montré plusieurs fois son bébé. Elle faisait tout bien comme il faut. Elle s'occupait
bien de lui. Mais il y a quand même quelque chose qu'il faut que je vous dise. Cinq jours avant la mort
de l'humain. Le 30 novembre, je me souviens, je suis passé chez elle. Le bébé avait deux gros bleus
au visage et un œil injecté de sang. C'était embêtant, non ? C'est embêtant, en effet. En fouillant
chez Magalie et Jérôme, les policiers tombent sur des appareils photos. Dedans, il y a des pellicules.
Ils les font développer. Et par chance, l'une des photos a été prise le 30 novembre. Et effectivement,
c'est pas flagrant flagrant, mais en regardant bien sur la photo, on voit deux bleus. Le premier entre les
yeux et l'autre sur le front. Et ça, vous noterez que ni la mère ni le père n'en ont parlé jusqu'ici.
Alors, on leur colle la photo sous le nez. Cette photo a été prise le 30 novembre. Cinq jours avant la mort
de votre fils. Vous voyez les bleus, là ? Et là ? Une explication ? Aucune explication. La mère dit
que le 30, elle se souvient. Elle a vu le médecin, le bébé craché du sang. Le docteur a dit que c'était
une ésophagite. C'est tout ce qu'elle a à dire. Et le père ? Le père, je vous l'ai dit, il est musicien,
altiste. La journée, il donne des cours d'alto et le soir, il répète et il joue dans différents
orchestres. Le 30, il n'a pas vu son fils. Quand il est rentré, le bébé était déjà couché.
Fin de la garde à vue. On n'est pas très avancés. On ne peut pas dire si c'est le père ou si c'est
la mère ou si c'est les deux. Et dans le doute, la juge les met tous les deux en examen et elle les
expédie tous les deux en prison, à Versailles. Dans cette enquête, tout reste à faire.
Et là, imaginez la tête de leurs amis, la tête de leurs familles. On n'est pas chez les cassoces.
Les gens ont du mal à envisager qu'une ingénieure sortie de centrale et un altiste sorti du conservatoire
et pu massacrer un bébé de deux mois. Et puis franchement, ils n'ont rien vu venir. Pour tout
le monde, Magalie et Jérôme forment un couple exemplaire. Mais à y regarder de plus près,
ça n'est pas un couple ordinaire non plus. Ils ont raconté à tout le monde qu'ils se sont
rencontrés à un concert. Ils ont menti. Ils se sont connus par agence matrimoniale. Et après,
c'est allé très vite. Présentation aux deux familles et trois mois après, ils vivent ensemble. Et
ils annoncent leur mariage. Et avant le mariage, Magalie tombe enceinte de Lubin. Donc, donc c'est
un coup de four ! Et bien pas vraiment. La mère de Magalie vient raconter qu'il y avait du
tangage dans le couple, pile au moment où sa fille est tombée enceinte. Mais le mariage était
payé d'avance, alors elle lui a demandé de faire un effort. Ça s'appelle se marier pour de mauvaises
raisons. La mère de Magalie dit aussi que la naissance de Lubin a été une révélation pour
sa fille, qu'elle a eu d'un coup un instinct maternel, avec un bémol tout de même. Ma fille n'avait
pas l'instinct de possession pour Lubin qu'ont certaines maman. Magalie le laissait aller de bras
en bras. Elle ne le couvait pas. Les policiers vont aussi voir Sophie, la meilleure amie de Magalie.
Elles se connaissent depuis la prépa. Elles ont passé toutes leurs études dans la même cité.
Ah ben Magalie, c'est quelqu'un de stable. Avoir fait du mal à son bébé, c'est impossible. Ça
lui ressent pas. Après, il ne faut pas oublier que Lubin était un enfant fragile, vous savez. Il
est né prémat. De cinq semaines, il avait une jeunisse. Alors c'était vraiment un tout petit
nourrisson. Il était sûrement plus fragile que la moyenne. Non. Du côté de Jérôme, les policiers
apprennent que lui, s'est marié après un gros chagrin d'amour. Il n'a pas eu celle qu'il voulait.
Ses copains disent qu'il s'est marié avec Magalie par dépit. Décidément, entre la mère qui envoie
sa fille se marier sous prétexte qu'elle a payé le buffet d'avance et l'autre qui se marie pour
soigner un chagrin d'amour, c'était mal barré cette affaire. Et là, il faut réaliser que le bébé
arrive juste après le mariage, prématuré cinq semaines d'avance. Ça situe le décor de ce
drame. Ce couple n'était pas serein. C'était un couple raté. Il n'avait rien à faire ensemble et
la naissance du gamin n'a rien arrangé mieux que ça. Elle a concrétisé le désastre.
En mettant bout à bout les témoignages de l'entourage, les policiers parviennent à reconstituer
les deux mois de la courte vie de Lubin. Au début, Jérôme reste à la maison pour aider sa femme
pendant son congé maternité. Mais assez vite, il reprend le boulot, ses cours de musique dans
la journée et ses répètes et ses concerts le soir. À partir de ce moment-là, quand il rentre,
la plupart du temps, Lubin dort déjà. Et, d'après les médecins légistes, les premières
fractures sur le corps de Lubin datent pile de cette époque-là, de l'époque où le père recommence
à travailler. C'est facile à dater puisque sur les radios, on voit que les os ont commencé à se
recalcifier. Donc, les premiers coups portés à Lubin correspondent au moment où son père ne le voit
quasiment pas. Et là, de deux choses l'une. Ou bien la mère se met à le martyriser parce que son mari
est absent. Ou bien c'est le père qui se met à le martyriser justement parce qu'il est absent,
parce qu'il fuit, parce qu'il fuit et son couple et son enfant. Mais dans la tête de la juge,
soyons clairs, il y a une chose qui les différencie définitivement et qui l'a fait plutôt pencher
pour la culpabilité de la mère. Lui cherche une explication, pas elle. Monsieur Duchemin,
avez-vous eu oui ou non des gestes violents avec votre fils ? Oui, je crois que j'en ai eu, oui. J'ai sans
doute fait ce qu'il fallait pas faire. Je lui ai fait faire l'avion et puis la vérité c'est que je suis
un caractériel, ça c'est vrai. J'ai des gestes qui sont brusques, je le sais ça. J'ai eu un mauvais père,
je lui ai sans doute fait du mal. En disant cela, le père s'accusent. Mais en disant cela, il dit aussi
qu'il mesure la fragilité d'un nouveau-nais. Alors qu'elle, pas du tout, jamais, c'est très
troublant. Et depuis qu'ils sont en prison, c'est pareil, ils ne réagissent pas du tout de la même
manière. Lui, Jérôme, écrit à Magalie des lettres d'amour. Tellement enflammés que les policiers
qui lisent toutes les lettres se demandent s'ils n'aient pas devenus uns uns. Alors que elle, dans
les lettres qu'elle adresse à son mari depuis sa prison, elle parle de divorce, elle est froide,
en détention aussi, elle est froide, les surveillants le confirment. Et tout ça, mi bout à bout, explique
qu'à ce stade de l'enquête, la juge penche plutôt pour la culpabilité de la mère. Mais
qu'importe, puisque la juge a demandé sa mutation, elle vient de l'obtenir, ça n'est pas elle qui va
boucler l'instruction.
Ça fait 14 mois que le père et la mère sont en prison, quand tombent les expertises complètes
des médecins légistes, qui ont eu à examiner le corps du petit luma. Et c'est encore pire que
tout ce qu'on pouvait t'imaginer. Il raconte que les eaux d'un bébé de deux mois sont élastiques,
sont souples, que si vous le frappez une fois au tibia par exemple, il ne cassera pas. Il faut
plusieurs coups pour casser les eaux d'un bébé, il faut s'acharner. Donc, ça n'est pas le fait que
le père ait fait l'avion avec son fils qui a pu le tuer. Et l'ubin avait les deux tibias fraturés,
les deux.
Je vous l'ai dit, la juge d'instruction a demandé et obtenu sa mutation. C'est toujours dommage dans un
dossier de changer de juge, mais vous devez savoir que la mutation est la seule manière pour un magistrat
d'obtenir de l'avancement. C'est l'une des plaies de la justice française. On n'en parle jamais.
Mais passons. La nouvelle juge s'appelle Isabelle Moec et elle doit donc se tortiller le dossier depuis
le début. Et elle décide d'organiser une confrontation dans son cabinet, entre le père et la main.
Le face-à-face dure 7 heures. 7 heures dans son bureau. Et pendant 7 heures, il ne se regarde pas,
il ne se parle pas. Mais ce qui frappe le plus la juge, c'est la manière dont il se comporte tous
les deux, très différemment. Le père, le père, il pleure. Il est affecté. On ne saura jamais. C'est
dégueulasse. On ne saura jamais ce qui s'est passé. C'est dégueulasse pour l'UBIN. Alors que la mère,
la mère est détendue, décontractée, elle sourit même parfois. Et la juge s'allénerve.
Madame Guillemot, je tiens à vous rappeler que c'est de la mort de votre fils de deux mois,
l'UBIN, que nous parlons. Oui, je sais, madame la juge, que voulez-vous savoir sur la mort de l'UBIN ?
La mère est à côté de la plaque, du début à la fin de la confrontation. Elle est froide,
elle est glaciale, comme d'habitude. Ça fait 7 heures qu'ils sont côte à côte dans le cabinet
de la juge, quand la substitue du procureur, Jacqueline Amara, qui est là dans un coin s'adresse
au père. Monsieur Duchemin, pourriez-vous m'expliquer pourquoi vous portez encore votre alliance ?
L'alliance d'une femme qui ne vous adresse plus la parole. L'alliance d'une femme qui vous accuse
d'un crime terrible. Qu'avez-vous à en faire de cette alliance ? À présent, Monsieur Duchemin.
Jérôme Duchemin marque un temps, très long, et il fait une réponse bizarre.
Je viens de comprendre. Je viens de comprendre que c'est elle. C'est elle qui l'a tué.
Il ne dit rien de plus. Il n'explique pas comment il est arrivé à cette conclusion.
Fin de la confrontation. Qui n'a pas apporté grand chose, si ce n'est confirmé que la mère
est étrangement froide et le père plus sincère. Et ça a une conséquence, ça. Le père est relâché
dans l'attente du procès, alors que la mère Magalie Guillemot reste en prison.
C'est à ce moment-là que les parents de Magalie choisissent d'offrir à leur fille
l'un des meilleurs avocats de l'époque, maître Paul Lombard. Excellent choix. Dans la seconde où
il prend ce dossier, Lombard comprend que si sa cliente va aux assises avec les menottes,
alors que son mari arrive aux assises libres, elle est cuite. Donc il veut la faire sortir de prison
à tout prix. Et il y parvient. En octobre 1996, Magalie Guillemot sort à son tour de prison.
Bravo Paul Lombard. À l'aveil du procès, ils sont donc libres tous les deux,
ce qui les met sur un pied d'égalité. Enfin, pas tout à fait, parce que quand est la boucle
et son dossier ? La juge ne les a pas du tout mis sur un pied d'égalité. Elle accuse la mère de
crime par maltraitance habituelle, ayant entraîné la mort et le père de non-assistance à personne
en danger. Ça n'est pas du tout la même chose. Il risque beaucoup moins qu'elle. Mettre Lombard s'agit,
mettre Lombard se démène, il fait appel de l'ordonnance de renvoi de la juge et finalement,
la cour d'appel de Versailles décide de les remettre sur un pied d'égalité. Ils seront jugés tous
les deux pour crime par maltraitance ayant entraîné la mort. Ce sont donc les jurés qui vont décider
si c'est elle ou si c'est lui.
Et ils se retrouvent donc côte à côte sur le banc des accusés. Enfin, côte à côte n'est pas la bonne
expression, on dirait plutôt douze à dos. Ils ne se regardent pas, ils ne se parlent pas, ils se
tournent le dos et ils s'accusent mutuellement.
Moment douloureux quand un expert vient avec une poupée expliquer tous les services qu'a subi le
petit lubin. Ce qui ressort de ces quatre jours d'audience, c'est que le bébé reçoit ses premiers
coups, pile au moment où le père, après le petit congé maternité qu'il s'est accordé, recommence
à travailler. À partir de ce moment-là, son emploi du temps détaillé, le démontre, il rentre trop tard
le soir, il ne voit plus son fils, l'ubin passe donc ses journées et ses soirées en tête à tête
avec sa mère. Ce qui explique qu'à la fin, l'avocat général Jacqueline Amara réclame 20 ans pour la
mère et l'acquittement pour le père. Les jurés se retirent et après trois heures et demie de
délibérer, ils rendent leur verdict. C'est ce que l'on appelle l'intime conviction pendant quatre
jours Magalie Guillemot et Jérôme Duchemin n'ont pas craqué, ils se sont renvoyé la responsabilité de la
mort de leur petit garçon de deux mois, les jurés ont mis trois heures et demie pour trancher,
quinze ans de prison pour elles, l'acquittement pour lui. A l'énoncé du verdict, la mère n'a
pas sillé, le père a versé une larme. C'est elle qui a tué son fils, voilà ce que disent les jurés,
lui n'y est pour rien. Et le soir même, Magalie Guillemot retrouve le chemin de la prison. Mais
elle fait appel. En l'an 2000, c'est tout nouveau qu'on puisse faire appel d'un jugement de cours
d'assises. Et là, il va se passer quelque chose de très inhabituel, d'unique même. Maître Paul
Lombard obtient la libération de sa cliente dans l'attente du deuxième procès. Ça ne
s'est jamais vu. Mais Lombard ne se contente pas de faire appel. Il œuvre pour la libération de
sa cliente. Et le 19 décembre, au théâtre. La loi, c'est la loi aussi choquant que cela
puisse paraître Magalie Guillemot, condamnée à quinze ans de réclusion criminelle le mois
dernier pour la mort de son bébé de deux mois à retrouver la liberté. Et là, vous devez savoir
qu'il y a une petite suspicion autour de cette libération entre les deux procès. Paul Lombard,
qui était franc-maçon, aurait attendu que l'un de ses frères magistrats soit aux affaires pendant
les vacances pour demander la libération de sa cliente. Mais le jour où j'ai osé lui parler
de cette étrange coincidence, je me souviens qu'il a failli m'étrangler.
Bref, il y aura un deuxième procès. Avec elle, mais sans lui. Lui, il est définitivement
innocent. L'appel ne le concerne pas. Le procès en appel s'ouvre à Paris le 12 novembre 2001.
Et Magalie Guillemot se retrouve donc seul dans le box. Jérôme viendra, mais seulement comme témoin.
Et assez vite, on s'aperçoit que Magalie a retenu la leçon du premier procès. Elle qui était
froide comme la pierre se met à dire « mon bébé, mon amour » quand elle parle de l'Ubain.
Mais à part ça, elle n'a pas changé de ligne. Elle n'a rien fait, c'est Jérôme qui a tué l'Ubain.
A la fin, l'avocat général Philippe Bilger prend la parole.
Madame Guillemot est une femme intelligente et désespérée. Désespérée par sa relation amoureuse,
je ne crois pas à l'existence d'un mobile extérieur à ce couple. Elle voulait se venger de ce qui était
devenu sa vie, de sorte qu'elle est à la fois coupable et victime, mais coupable. Et c'est pour cela
que je vous demande de la condamner à dix ans de réclusion criminelle.
Le jury délibère pendant sept longues heures avant de rendre un verdict parfaitement conforme aux
réquisitions de Philippe Bilger. Magalie Guillemot est condamnée à dix ans de réclusion criminelle.
Elle a gagné cinq ans en faisant appel.
Et là, qu'est-ce qu'elle fait ? Elle ? Elle se lève, elle met son manteau, je vous rappelle qu'elle
comparait libre, et elle se dirige vers la porte pour partir alors qu'elle vient d'être
condamnée à dix ans de réclusion criminelle. Les policiers doivent la rattraper et elles
filent en prison. Mais pas pour longtemps. Elle se pourvoit en casation, c'est sa dernière
chance, obtenir un troisième procès. Et là, on hallucine. Maître Lombard obtient
une fois de plus sa libération. Dans l'attente du jugement de casation, il obtient quelle
sorte de prison. C'est incroyable, c'est absolument inhabituel, ça s'appelle avoir
le bras très long. Mais le pourvoi en casation est finalement rejeté et elle va purger
sa peine. Elle est sortie, bien sûr, depuis. Des centaines d'histoires disponibles sur vos
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En 1994, Lubin, 2 mois, meurt à l’hôpital après avoir été martyrisé. Qui l’a frappé ? Le père, Jérôme Duchemin ? La mère, Magali Guillemot ? Les deux ? Devant la juge d’instruction, les deux nient.