Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Meurtres en série au temps du minitel rose
Europe 1 10/6/23 - 25m - PDF Transcript
Oh ! Non mais vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ?
C'est un tout l'érable, croyez-moi.
Alors là...
Hé, le sourire, tu penses qu'il va le garder longtemps ?
Au moins trois mois.
Allez, hop !
Préparez-vous à garder le sourire.
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Pensez à covoiturer.
On de l'âtre à compte.
Christopher Delathe.
Une histoire criminelle, biscornue.
De 1994 et 1995.
Qui a pour théâtre le département de l'I.
Et qui met en scène un couple d'assassin.
Une femme et son amant.
Daniel Doyona et Patrick Sarazin.
Coupe de partouzeurs.
Absolument sans foi ni loi.
Ils se sont rencontrés via le Minitel.
Le Minitel Rose.
Et il tue une fois pour se débarrasser du mari de madame.
Et une deuxième fois, tenez-vous bien pour 100 francs.
Vous avez bien entendu 100 francs.
15€.
J'ai écrit cette histoire avec Thomas Houdoir.
Réalisation de Céline Lebrasse.
Cette histoire, comme beaucoup,
commence par la découverte d'un cadavre.
Le 13 octobre 1995,
à Montagne, près de Bourre-Ambresse,
dans l'un.
En pleine campagne, dans un fossé,
c'est un agriculteur qui tombe dessus.
Un jeune homme d'environ 25 ans de type asiatique.
Aucun papier d'identité sur lui.
Mais salement amoché.
Il semble avoir pris plusieurs balles dans la tête
et une autre dans le cœur.
Et c'est pas tout,
le cadavre présente aussi
une grosse entaille au niveau de la gorge.
Avant ou après s'être fait tirer dessus,
le gamin a donc été égorgé.
Et il faut que je vous dise quand même
l'endroit où on le retrouve.
C'est dans un lieu, disons, spécial.
Olé, olé.
Un bois en pleine campbrousse,
jonché de capotes et de clinèques usagés.
Ça vous parle ?
Un bézodrome en plein air.
Qui attire en général un drôle de mélange
de partoutzeurs des deux sexes,
d'exhibitionnistes et parfois même de prostitués.
Voilà pour le décor
qui d'emblée suggère une piste.
Un règlement de compte dans les milieux
partoutzeurs.
Et d'ailleurs dans l'une des poches du cadavre,
le seul indice qu'on retrouve
est un petit bout de papier sur lequel il est écrit
Bruno et Chantal.
Alors est-ce que ce jeune garçon
était là pour faire des cabrioles
avec Bruno et Chantal ?
C'est une hypothèse.
Et pour l'instant c'est la seule.
Rapidement, les gendarmes parviennent
à identifier le mort.
Sébastien Feusant,
il y a 24 ans qui vivait à Lyon,
c'est-à-dire à à peu près une heure de voiture
du bois de Montagnes.
Ah, pour financer ses études,
il travaillait dans un sex shop.
Ça colle pour le décor.
Les gendarmes interrogent son frère.
À votre connaissance,
est-ce que votre frère
fréquentait des milieux échangeistes ?
Oui. Il vous l'avait dit.
Oui, oui, oui.
Sébastien se confiait beaucoup.
Il ne me racontait pas toute sa vie sexuelle,
mais je savais des choses, disons.
Pour la soirée du 12 octobre,
il vous avait dit quelque chose ?
Pour cette soirée-là, non.
Mais deux, trois jours avant,
je savais qu'il avait rendez-vous
avec un couple, un homme et une femme.
C'était un rendez-vous nocturne
vers les 22 heures, je crois.
Puis il est tombé en panne d'essence
et il m'a expliqué qu'il n'avait pas pu s'y rendre.
Vous avez une idée
de la manière dont il a rencontré
ces gens ?
Oh ! Par le militaire, je pense.
Le militaire rose.
Je sais qu'il se connectait pas mal.
En général, c'est comme ça
qu'il rencontrait ses partenaires.
Très intéressant, ça.
Parce que ça va simplifier les recherches.
Une connexion militaire, c'est comme Internet aujourd'hui,
ça laisse des traces.
L'Ignaca est regardé dans
l'historique de ses connexions
et on saura avec qui il avait
rendez-vous.
En attendant,
on vient de recevoir
le rapport du légiste
qui a pratiqué l'autopsie.
Ceux qui l'ont tué
ne lui ont laissé aucune chance.
Il a pris 4 balles
de révolver au total.
Une dans la tombe gauche,
une dans la tombe droite,
une à l'arrière du crâne
et une dernière dans le cœur.
Et comme si ça ne suffisait pas,
pour finir, on l'a égorgé
et vous imaginez la bougerie.
On ne lui a laissé
aucune chance, aucune.
Et donc, c'est pas compliqué.
Il n'y a qu'à demander à France Telecom
l'historique de ses connexions militaires
et ça vous donne le nom du site
3615. Et ensuite, le site
nous dira avec qui
il avait rendez-vous ce soir-là.
Alors alors, voyons, voyons.
Et ben voilà. Sébastien
avait effectivement rendez-vous
avec un couple le 12 août soir.
Boruno et Chantal
comme le suggérait le petit papier
qu'on a retrouvé dans sa poche.
Et évidemment, ce sont des pseudo.
Mais grâce à France Telecom,
les gendarmes obtiennent très vite leurs vrais noms.
Daniel et Patrick.
Daniel Doyonna,
33 ans.
Et Patrick Sarasin, 41 ans.
Qui habite Nuryovolonia
près de Bourre-en-Bresse.
Alors qu'est-ce qu'on fait ?
On va les arrêter tout de suite ?
C'est trop tôt.
Les gendarmes décident de les placer sur écoute
et de les philocher discrètement
à l'ancienne.
Et fin octobre, 2 mois après la découverte du cadavre,
ils les suivent dans un restaurant.
Un restaurant
où ils ont réuni quelques amis.
Imaginez la scène.
Daniel, Patrick et leurs amis
à une table, une grande table
gendarmes, à une petite table,
les oreilles grandes ou vertes.
Et voilà ce qu'ils entendent.
Et bien voilà.
On voulait vous annoncer
une grande nouvelle.
On va se marier.
Ça se passera au mois de mars prochain.
On a choisi la robe de Daniel.
Hier.
Et bien sûr, vous êtes tous invités.
Allez, champagne.
C'est mignon.
C'est mignon comme tout.
C'est beau, l'amour.
Vous avez compris que c'est un remariage, non ?
Alors je vous le dis.
Daniel est veuve depuis un peu plus d'un an.
Et elle s'est retrouvée seule avec 3 enfants.
Elle a rencontré Patrick,
qui s'est installée chez elle.
Elle a refait sa vie, autrement dit.
Cela dit, en attendant les épousailles,
nos deux tourteros
vont connaître une légère déconvenue.
Gendarme international.
Ouvrez, s'il vous plaît.
Délicate attention.
Les gendarmes ont attendu que les enfants
soient partis à l'école.
Les deux oiseaux mettent un peu de temps à répondre.
Parce qu'une fois les enfants partis,
ils se sont recouchés.
Figurez-vous.
Il est vrai que ni l'un ni l'autre ne travaillent.
C'est elle qui vient ouvrir
en robe de chambre.
Bonjour, madame.
Madame Daniel Doyonna.
Monsieur Patrick Sarazin est-il là ?
Oui.
Oui, il est encore au lit.
Allez le chercher, je vous prie.
Alors, adapté de ce moment,
vous êtes placé en garde à vue
dans le cadre d'une information
pour homicide volontaire.
Nous allons procéder
à la perquisition de votre domicile, madame.
Perquisition fructueuse.
Car on trouve chez eux plusieurs armes à feu.
Et un couteau en corps tâché de sang.
Et puis des quantités industrielles
de revue et de cassettes vidéo porno.
Où est-ce que vous achetez cette littérature,
monsieur-dame ?
Dans un sex shop ?
Allions ?
Ils donnent une adresse.
Figurez-vous que c'est pile le sex shop
ou travaillez le jeune Sébastien Feuson.
Et les interrogatoires de garde à vue commencent.
Chacun dans un bureau séparé.
Ils savent bien sûr
que le sang sur le couteau va parler.
Et que les armes retrouvées chez eux
collent avec les balles
retrouvées dans le corps du jeune Sébastien Feuson.
Ils ont compris qu'ils sont cuis
et donc ils se couchent tout de suite.
Daniel Douyonna, la première.
En fait, dans le plan,
c'est le premier.
En fait, dans le plan,
c'est par moi qu'il était intéressé.
Alors, je ne servis d'a pas
avant que Patrick passe à l'action.
Et elle raconte.
Il lui avait donné rendez-vous
à deux heures du matin dans le bois.
Ils l'ont attiré
à un endroit très à l'écart,
tout près de leur voiture.
Daniel, alias Chantal,
s'est assis sur le fauteuil passager de la voiture,
vitre ouverte, et elle a commencé à le chauffer.
Alors, mon joli,
c'est ça que tu voulais voir ?
Des vrais nichons de vraies femmes ?
Ça te plaît, hein ?
Tu veux en voir plus ?
Et elle lui a proposé
de lui attacher les mains.
Tu aimes les accessoires ?
Ça te dirait que je t'enfile
des menottes, hein ?
Ça t'exciterait, hein ?
Il a dit oui,
et le piège s'est refermé.
Patrick a surgit, il lui a braqué
un révolver sur la tête.
Mais ça n'était pas du sexe qu'il voulait.
Maintenant, donne-moi ta carte bancaire.
Tenez.
Prenez mon portefeuille.
Mon portefeuille est là. Très bien.
Il y a déjà 100 francs dedans.
C'est tout ce que t'as.
Oui, c'est tout ce que j'ai.
Mais tenez, j'ai deux cartes bancaires.
Vous pouvez les prendre.
Tu vas nous donner les codes, bien sûr.
Oui, oui, tout ce que vous voudrez.
Mais me tuer, pas.
Donc, donc ils ont fait tout ça
pour le voler.
Ok ?
Mais alors pourquoi l'ont-ils tué ?
Pourquoi l'ont-ils tué de quatre balles
et ensuite égorgé d'une oreille
à l'autre ?
Et pourquoi l'ont-ils tué deux fois ?
Une fois à coup de révolver
et une deuxième fois à coup de couteau.
Parce que tout de même, ils l'ont égorgé
d'une oreille à l'autre. Pourquoi ?
C'est lui qui a fait ça.
Patrick Sarazin.
J'avais vidé mon chargeur.
J'avais tiré quatre fois.
Il ralait toujours.
J'ai pas supporté.
J'ai égorgé.
Incroyable explication.
Et tout ça pourquoi ?
Quelques centaines de francs ?
Eh bien même pas.
Le pauvre Sébastien faisant, consciemment ou pas,
ne leur a pas donné les bons codes
de ces cartes de crédit. Ils sont allés
dans un distributeur ?
Codes faux. Ils sont allés dans un autre ?
Codes faux.
La carte a été avalée.
Ils n'ont même pas pu retirer d'argent.
Ils l'ont tué pour rien.
Ils l'ont tué pour cent francs
qu'il avait dans son portefeuille.
15 euros d'aujourd'hui.
Minable. Minable.
Et c'est pas tout. Il raconte la suite.
Ce qu'ils ont fait après, vous allez voir,
c'est gratiné.
Ils sont allés
à la voiture de Sébastien faisant.
Dans le coffre, il y avait des cassettes pornaux.
Je rappelle qu'ils travaillaient dans un sex shop.
Eh bien ils les ont volés.
Ils les ont emportés chez eux.
Et en rentrant pour se détendre,
ils les ont regardés.
Et ça les a tellement excité qu'ils ont
fini par faire l'amour.
Des barbares. Sans aucun état d'âme.
Et le lendemain,
Mme a fait des tartes et des gâteaux
toute la journée. Et le soir,
ils ont reçu un autre couple.
Et la soirée s'est terminée au plus marre.
À quatre. Aucun regret.
Aucun état d'âme.
La vie continue
comme si de rien n'était.
Des crapules.
Et là,
les gendarmes se disent
des gens comme ça.
Sans foi ni loi, sans coeur.
Et si ça n'était pas
leur coup d'essai.
Hein ? Et s'ils en avaient tué d'autres.
Avant.
On a dit par exemple de Daniel Dojonin.
Il est mort il y a 14 mois
dans un accident de voiture.
Un soir, tard, sur une route de montagne.
L'enquête à l'époque avait démontré
qu'il avait bu.
Et si ça n'était pas un accident ?
Hein ? D'autant que le frère,
le frère du mari, vient dire
qu'un truc l'a intrigué à l'époque.
Le cadavre de son frère présentait
une bosse derrière la tête, au bas du crâne,
alors qu'il était censé être mort
d'un choc frontal.
Donc on exume
le corps du mari,
pour réaliser une autopsie.
Et je ne sais pas si vous le savez,
mais avant une autopsie,
on passe toujours le cadavre
à la radio, de la tête au pied.
Et vous savez ce qu'on voit
sur la radio-correntier
du cadavre de Gilles Dojonin ?
Une balle,
une balle dans la tête,
les salauds,
ils l'ont tué lui aussi.
Le juge, bien sûr,
les faits revenir dans son cabinet,
et l'un et l'autre.
Et Patrick Sarazin se met à table assez vite,
ou oui,
il a aussitué Gilles Dojonin.
Mais c'était pour de bonnes raisons.
C'est un salaud !
Daniel m'a raconté qu'il l'a violée.
Ça existe, le viol dans le couple.
Elle voulait plus avoir de rapport avec lui.
Et bien il l'a forcé.
Et voilà comment ça s'est passé.
Le soir du 4 juin 1994,
Gilles Dojonin
rentre du travail.
Bonsoir chéri.
Ta journée s'est bien passée ?
Ah écoute,
je suis épuisé.
Un petit whisky orange.
Ça te dirait, ça te ferait plaisir ?
Ah oui, ouais,
avec plaisir.
Daniel prépare un whisky orange
à son mari chéri,
qui est là-dedans une bonne dose de somnifère
qu'elle a préalablement pilée.
Gilles Dojonin sirote son whisky.
Et assez vite, il tombe dans le coltard.
Et là, qui surgit de sous le lit ?
Patrick Sarazin.
Il ne lui reste plus qu'à tuer son rival.
Et voilà comment il s'y est pris pour le tuer.
Il lui a collé un oreiller sur la tête,
pour que les enfants dans la chambre d'à côté
ne soient pas réveillés par le bruit.
Et à travers l'oreiller,
il lui a tiré une balle dans le conduit de l'oreille.
C'est pour ça que, sur le moment,
on a cru à un accident.
L'entrée de la balle n'était pas visible.
C'est futé.
Ensuite, ils ont entouré la tête du mort
d'un sac plastique pour ne pas en mettre partout.
Daniel a nettoyé la chambre en grand, à l'éponge.
Et Patrick Sarazin a chargé le corps de Gilles
dans sa propre voiture, une Peugeot 805.
Il l'a conduit au col du Bertian.
Il avait repéré un virage un peu serré,
avec en dessous un ravin.
Il a mis le cadavre dans la voiture, côté conducteur.
Et il a poussé la voiture dans le vide.
Et elle est à laisser craser plusieurs dizaines de mètres plus bas.
Il était persuadé d'avoir commis le crime parfait.
Comment a-t-il eu cette idée géniale ?
Il le raconte, au juste d'instruction.
Il lit beaucoup de polars.
Et il écoute Pierre Belmar, sur Europe 1.
Pierre avait raconté un crime presque parfait.
Il a trouvé sa futé.
Il s'en est inspiré.
Et vous conviendrez qu'il a manqué de clairvoyance.
Parce que quand on vous raconte des histoires de crimes,
que ce soit Pierre Belmar, ou moi,
c'est que l'assassin s'est fait pincer.
On ne vous raconte jamais des crimes parfaits,
puisqu'on ne les connaît pas.
Gardez bien ça en tête,
au cas où vous auriez de sales idées.
Et l'enquête va révéler,
qu'avant d'assassiner le mari,
ils ont fait trois tentatives.
Trois !
La première fois dans sa chambre.
Elle lui sert un whisky.
Un whisky.
Elle y fourre deux troncs saines pilées.
Au cas où,
Sarah Zin lui donne un grand coup de barre de fer sur la tête.
Ils le mettent dans la voiture.
Ils vont au col du Bertian.
Ils poussent la voiture dans le ravin.
Et la voiture reste en équilibre.
Comme dans les films,
l'autre rentre à la maison avec la tête en sang.
Il n'a rien compris de ce qui lui est arrivé.
Mais il ne porte pas plainte.
En revanche, il en parle à son père.
La deuxième fois, il aime.
Whisky, troncs saines,
il le met dans la voiture.
Ils arrivent sur place,
sur le col du Bertian.
Et là, Gildoyona se réveille.
Et il voit sa femme.
Et il voit cet homme qu'il ne connaît pas.
Et là, Sarah Zin, bien embêtée, lui dit.
C'est un enlèvement.
Je t'ai enlevé avec ta femme.
Et pour donner un peu de crédibilité à ce mensonge,
il fait semblant de violer Daniel
devant son mari.
Et après, il l'enlève.
Daniel ne réapparaît que deux jours plus tard.
Elle joue les pauvres femmes violées.
Et l'autre ne porte toujours pas plainte.
Et puis troisième tentative,
cette fois, elle a lieu au garage
de Gildoyona.
Sarah Zin lui tire dessus.
Sauf qu'il le loupe, parce que l'autre pile
à ce moment-là se baisse pour nouer son lacet.
On retrouvera la balle
dans le mur du garage.
Et là encore, allez savoir pourquoi
Gildoyona ne porte pas plainte.
La quatrième tentative
sera la bonne.
Alors qui sont ces gens ?
Ces gens sans coeur, ces gens sans état d'âme
qui tuent une première fois
pour se débarrasser d'un mari gênant
et filer le parfait amour,
et une deuxième fois pour sans franc.
Sans franc.
Daniel Doyona, d'abord.
À la base, c'est une mère de famille
assez ordinaire,
qui élève ses trois enfants
dans une forme d'abnégation.
Son mari travaille beaucoup,
il était mécanicien Gildoyona
et il venait de monter son propre garage.
Donc il partait tout le matin,
il rentrait tard le soir,
il était fatigué et petit à petit
le couple s'est délité.
À ce moment-là,
Daniel a trouvé dans le mini-telle rose
une forme de libération,
et d'ailleurs la nounou
que le couple Doyona employait
pour s'occuper des enfants,
raconte qu'avant sa mort,
le mari avait des doutes
à cause des factures de téléphone.
Et oui, vous vous souvenez,
quand on allait sur le 3611
ou le 3614, ça allait,
mais les 3615,
ça douillait.
On se retrouvait vite avec des factures
qui explosaient, c'est ce qui est arrivé
au Doyona.
Daniel avait chargé la nounou
de surveiller sa femme.
La nounou s'est mise à espionner Daniel.
Et elle a bien vu que,
contrairement à ce qu'elle disait à son mari,
ça n'était pas sur des sites de voyance
qu'elle allait, c'était sur des sites
de rencontres.
Et la même nounou raconte qu'à partir de ce moment-là,
Daniel, qui s'était un peu laissé
aller physiquement, s'est mise
à se pomponner,
à s'habiller de plus en plus court,
et puis elle a commencé à s'absenter
trois heures dans la journée.
Et puis un jour, un homme a commencé
à passer la voie régulièrement à la maison.
C'était Patrick Sarrasin,
devenu son amant,
pour le meilleur et pour le pire.
Et lui alors, ce Patrick Sarrasin,
qui est-il ?
Oh lui, c'est ce qu'on appelle un beau parleur,
tendance manipulateur.
Il ne travaille pas,
en vivant de courses de moto,
il dit aussi qu'il a été agent secret.
Il est séducteur,
séducteur de la tête au pied,
et il a senti que Daniel était faible.
Il a bien vu qu'elle avait
une jolie maison,
et qu'il suffisait de tuer son mari
pour s'installer tel un coucou
dans le nid.
Et l'enquête révèle que, avant d'être assassiné,
le mari avait déjà été agressé une fois.
Il était à son garage,
on l'a attaqué par derrière
un coup de barre de fer.
Il n'a pas vu son agresseur,
il est rentré chez lui la tête en sang.
Etrangement, il n'a pas porté plainte.
Et après la mort de Gilles,
je vous ai dit que son frère avait des doutes
à cause de cette bosse dans la nuque.
Mais il n'y avait pas que lui.
Les parents de Gilles ont eu aussi des doutes.
Le père est au courant pour la première tentative de meurtre.
Il sait que son fils s'est retrouvé
dans une voiture en suspension
au-dessus d'un précipice.
Pile à l'endroit où, finalement, il est mort.
Et donc, la famille fait savoir à Daniel
qu'elle n'est pas la bienvenue
aux obsèques de son mari.
Et elle n'y va pas.
C'est vous dire.
Mais ça ne va pas plus loin.
La famille ne prend pas d'avocats.
Et comme les gendarmes n'ont aucun doute,
ils classent l'affaire sans suite.
C'est un accident.
Et on passe pas loin du crime parfait.
...
L'instruction du double meurtre
commis par le duo doyona sarazin
dure quatre ans.
Et tout l'enjeu est de bien distinguer
la responsabilité de l'un et de l'autre.
Est-ce que Daniel est une pauvre femme
qui a été manipulée par un amant pervers ?
Ou est-ce qu'elle a été plus active
qu'on peut le penser ?
Au début, depuis sa prison,
Patrick lui envoie des lettres
d'une amourée, celle-là, par exemple,
datée du 7 décembre 1995.
Daniel, mon amour, je t'aime.
Je t'écris tous les jours.
Je t'aime. Et cette nuit,
j'ai rêvé de toi et des enfants.
Je t'aime. Je ne pense qu'à toi.
Un jour, je sais que nous nous retrouverons ensemble.
Toi et moi.
Mais est-ce qu'il n'écrit pas ça
pour tenter de gommer son rôle de manipulateur ?
Parce qu'elle, en revanche,
elle le charge.
Devant le juge d'instruction,
elle le charge à chaque fois un peu plus.
C'est lui qui a eu l'idée des deux meurtres.
C'est lui qui a tué.
C'est lui qui l'a manipulé.
Le procès de ce couple diabolique
s'ouvre le 30 novembre 1999
devant la cour d'assise de Lain.
Daniel Douyonna a choisi sa ligne de défense.
Elle a été manipulée par son amant.
Ceux qui viennent en quelque sorte
confirmer les experts psychiatres
qui disent que Patrick Sarazin
est un père vert narcissique.
C'est un personnage de bande dessinée,
si vous voulez.
Le justicié amoral.
Le justicié dangereux au-dessus des lois.
Qui, dès lors que rien ne l'arrête,
peut tout, tout.
D'accord.
Mais Daniel Douyonna a tout de même pris
une part active
à l'élimination de son mari.
C'est elle qui lui donne par trois fois le somnifère.
Et elle prend aussi une part très active
dans l'assassinat du jeune Sébastien Fezon.
C'est elle qui l'a patte.
Ça explique le verdict.
Patrick Sarazin est condamné
à la Réclusion Criminelle à Perpétuité
pour deux assassinats.
Et elle, Daniel Douyonna,
redevenu Daniel guillet de son nom de jeune fille.
Elle est condamnée à 30 ans de Réclusion Criminelle
pour deux complicités d'assassinats.
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L’histoire remonte au temps du minitel rose. Un meurtrier consulte les annonces homosexuelles et sadomasochistes pour tuer…