Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Marie-Laure Janssens, une religieuse sous emprise

Europe 1 Europe 1 10/11/23 - 25m - PDF Transcript

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Voilà.

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Quoi ?

Signe, je te dis, il a dû se planter.

Et sinon, la vie, ça va ?

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Pour les trégécours, privilégiez la marche au vélo.

Je vais vous raconter aujourd'hui l'histoire d'une jeune femme, Marie-Laure Janssen,

vous avez intégré une communauté religieuse de la région de Lyon,

qui s'appelle les Sœurs contemplatives de Saint-Jean.

Il vous a fallu 11 ans, 11 ans pour réaliser que dans cette communauté,

vous avez été victime de manipulations mentales, d'emprise.

Pour raconter ces 11 années dans un livre,

Le Silence de la Vierge, qui est paru chez Bayard,

et c'est ce livre qui a inspiré mon histoire d'aujourd'hui.

Avant de la raconter,

il faut quand même que je recitue votre témoignage dans son contexte.

Les Sœurs contemplatives de Saint-Jean, dont vous avez été membre,

font partie d'une communauté plus large qui s'appelle la communauté Saint-Jean.

Les petits gris, comme on les appelle,

c'est une communauté qui depuis 10 ans est au coeur d'un immense scandale,

le fondateur de la communauté qui s'appelait le père Marie-Dominique Philippe,

qui est décédé aujourd'hui,

était sur le point d'être béatifié.

Quand on s'est aperçu in extremis,

qu'il avait couché avec beaucoup de femmes dont il était le conseiller spirituel,

bonjour le modèle,

la communauté a été comme d'autre,

frappée par plusieurs scandales de pédophilie et d'agression sexuelle,

et elle a été accusée dans son ensemble de dérives sectaires.

Tout ça pour dire que vous n'êtes pas folles, Marie-Laure,

autant le dire maintenant que votre histoire est étayée

par d'autres témoignages,

par des enquêtes,

notamment réalisées par le magazine catholique Goliath.

Si ça vous intéresse, vous pouvez aller sur le site Goliath.fr

Vous trouverez tout un tas d'informations

sur la communauté Saint-Jean,

et voici donc votre histoire, Marie-Laure,

que j'ai écrite avec Quentin Mouchel,

réalisation Céline Le Bras.

C'est une histoire qui commence par un petit mensonge.

En novembre 1996,

Marie-Laure, qui a 21 ans,

va frapper à la porte d'une communauté religieuse

à Attichy, dans l'Oise,

la communauté de Saint-Jean.

Elle prétend qu'elle est étudiante

et qu'elle fait une enquête pour un travail de sociologie,

et c'est vrai, elle est à Science pour Paris

en deuxième année.

Mais ça n'est pas dans ce cadre

que ce jour-là, elle frappe à la porte

de ce priori catholique.

En vérité, c'est une démarche personnelle.

Elle a grandi dans un milieu catho-bourgeois,

à Compiègne,

et depuis toute petite,

la religion la travaille.

Le déclic s'est fait quand elle avait 14 ans,

un livre de sœur Emmanuel,

chiffonnière avec les chiffonniers,

une vie au service des pauvres.

L'été dernier,

elle a fait un pèlerinage à Jérusalem,

et là, elle vient de passer 2 mois comme volontaire

dans une communauté qui accueille des handicapés.

Elle est mûre.

Il n'y a plus qu'à cueillir le fruit.

A la communauté sergent d'Athichy,

Marie l'aura rendez-vous

avec le frère Régis Marie,

un grand roux d'environ 40 ans,

les yeux bleus, potelés,

très doux.

Elle pose son dictaphone sur la table.

Alors,

pourquoi portez-vous l'habit

et pouvez-vous nous dire

en quoi il serve votre communauté ?

Elle pose comme ça

une tonne de questions.

Elle veut tout savoir.

Et en face,

le frère Régis répond

à tout tranquillement

avec sa voix feutrée.

Et sans cesse, il répète,

moignez-vous ce qui emporte.

C'est la recherche de la vérité.

Dans la tête de Marie-Laure,

c'est un nouveau déclic.

Elle est comme appée par les mots

du frère Régis Marie.

Et lui, en face,

que fais-tu l'année prochaine ?

Eh bien, j'aimerais faire de la théologie.

Je vais sûrement m'inscrire

à l'Institut catholique de Paris.

Si je pouvais me permettre,

la Cato n'est pas le meilleur endroit

pour faire de la théologie.

Le mieux serait de commencer

par une année de philosophie.

Tu devrais venir étudier à Saint-Jaudard.

C'est un petit village

à côté de Lyon.

Et la communauté de Saint-Jean,

il y a un centre de formation.

Le frère Régis Marie me proposait

plus que des études.

C'était une communauté qui s'ouvrait à moi.

Je ne sais pas décrire

ce que je ressentais, mais ses paroles me séduisaient.

À l'évidence, il incarnait

un idéal spirituel qui m'a tiré.

Et voilà donc comment, quelques mois plus tard,

Marie-Laure Atterri a Saint-Jaudard.

Où, dans un priori,

une quarantaine d'étudiants suivent

des cours de philosophie et de théologie.

Juste à côté, elle trouve

une colocation avec quatre autres filles.

Elle se sent bien avec elle.

Elles sont sur la même longueur d'ondes.

J'étais passé de Saint-Germain-des-Prés

à ce coin de campagne perdue

et paradoxalement,

j'avais le sentiment d'être sorti de l'isolement.

Je me sentais renaître.

Et à Saint-Jaudard, elle côtoie

aussi quelques soeurs contemplatives.

Elle les trouve joyeuses.

Elle les trouve fraîches.

Mais en même temps, elle lui

font un peu peur.

Est-ce qu'elle est faite pour ça ?

Quelle est sa vocation ?

Ça gamberge dans sa tête et ça l'épuise.

Ça l'épuise tellement qu'un jour,

elle rentre dans sa piole, elle s'écroule

sur son lit et elle dort pendant 24 heures.

Mais le lendemain, quand elle se réveille,

sa décision est prise.

Elle ne lutra plus contre Dieu.

Elle va le laisser faire.

Je voulais dire,

sa décision d'intégrer la communauté

n'est pas encore prise.

Elle a des doutes.

Et elle voudrait bien que Dieu décide pour elle.

Mais elle est mûre.

Elle attend juste le déclic.

Un jour,

à l'occasion de la Semaine Sainte,

on lui propose de s'inscrire à une retraite

chez les soeurs contemplatives de Saint-Jean.

Ça fait des mois

qu'on lui parle de l'une de ses soeurs,

soeur Marte, la maîtresse des novices.

On lui a dit qu'elle avait

un charisme exceptionnel.

Donc elle y va.

Et elle se retrouve face à soeur Marte.

Et l'autre n'y va pas par quatre chemins.

Ton cas est clair comme de l'autre roche,

ma fille.

Ta place est chez les soeurs.

Quand veux-tu entrer ?

Dans son livre et l'écrit,

ses paroles étaient tellement nettes et spontanées

que je les ai accueillies,

non comme le fruit d'une réflexion humaine,

mais comme une réponse fulgurante du ciel.

C'est la manifestation divine

qu'elle attendait.

Et donc en septembre 1998,

Marie-Laure fait sa rentrée

chez les soeurs contemplatives de Saint-Jean

à Saint-Jaudard,

près de Lyon.

Elle débarque un samedi, jour de désert,

comme elles disent. C'est comme ça qu'elles appellent leur jour de repos,

le jour de désert.

On l'installe dans une cellule,

un lit, quelques étagères,

un tapis pour prier, une croix,

une icône et c'est tout.

Et le lendemain matin,

on mange dans le grand pain

son premier office,

dans le cœur, avec les autres.

On lui remet sa mélote,

son habit,

une sorte de tunique bleu marine

et on lui présente sa sœur ange,

l'ange qui va veiller sur elle,

une vieuse plus âgée qui sera chargée

de l'accompagner. La sienne s'appelle

sœur Marie Ségolène.

Et Marie-Laure se dit qu'elle tombe bien

parce que depuis le premier jour, le matin,

elle a des vertiges.

À la chapelle, quand les soeurs commencent à chanter,

elle a la tête qui tourne,

comme si son corps lui envoyait un message,

comme si son corps disait stop,

mais pour l'instant, ça n'est pas le corps

qui décide. C'est le cœur.

Les mois passent.

Sa vocation n'a rien d'évident.

Elle a des doutes.

Mais d'une certaine manière,

c'est ce doute qui la conforte

dans son choix. C'est difficile.

Et sa démarche est d'autant plus belle

qu'elle est difficile.

Voilà.

Je voulais me tenir face à Jésus

et tout remettre entre ses mains.

Mais pour franchir ce pas,

j'avais besoin d'une confirmation.

J'attendais le déclic.

On qu'à la recherche du déclic,

elle se résoute à s'en remettre

à sa marte.

Ma foi, elle saura sans doute décrypter

les signes qu'elle même ne peut pas voir,

qu'elle ne sait pas voir.

Cet abandon de mon propre jugement

me paraît aujourd'hui relevé

d'une incroyable imprudence.

J'avais remis les reines de ma vie

à ma supérieure.

Parce qu'en la matière,

elle ne peut pas compter

sur les vies,

elle ne peut pas compter

sur les autres novices de la communauté.

Elle n'a pas le droit de leur parler

de ce qui lui trottant la tête.

C'est la règle de base de la communauté.

La règle dite relationnelle.

Il ne faut pas se dévoiler.

Il faut en dire le moins possible

sur soi-même.

Un jour bêtement, elle dit son âge

à une autre sœur.

J'ai 23 ans.

Ça ne se fait pas, l'une des anciennes lui dit.

Il faut vraiment éviter ça,

vraiment.

Ça donne un regard trop humain

entre nous.

Trop humain ?

Il y a une autre règle.

Ne jamais s'épancher sur ces doutes.

Ne jamais partager ces états d'âme.

Quand une novice a un coup de mou,

il est inenvisageable d'aller frapper

à la porte d'à côté.

Inenvisageable.

Il aime pour les gens de l'extérieur,

les laïcs. Il n'est pas permis

de se confier à eux.

Parlez de nous, ma fille.

Ce n'est pas notre vie.

Avec tu recules tout ça.

C'est une route toute tracée

vers une dépendance affective.

Non ?

En 1999, en tout cas,

sœur Martel même devient la sœur

responsable de Marie-Laure.

Elle est son cornac. Et d'entrée,

elle s'applique à la couper

de l'extérieur, et même du frère

Régis Marie, avec lequel

elle était restée en contact.

Ma fille,

il ne pourra pas t'aider

à plonger dans la vie des sœurs,

à être dans l'unité avec elle.

Si on se résume,

il n'y a plus qu'une seule personne

à qui Marie-Laure peut se confier,

c'est sœur Martel.

Elle devenait l'unique personne

à qui nous devions nous confier profondément.

C'était elle qui nous connaissait

dans l'intimité, elle qui recueillait

nos secrets.

Alors elle voit encore ses parents.

Non mais, au compte-goutte,

les parents c'est l'extérieur,

l'extérieur c'est mal.

Et quand elle voit ses parents,

Marie-Laure se met une pression de dingue.

Les visites doivent être parfaites,

parfaites.

Alors elle joue un rôle.

Elle ne lâche rien de ses étadames,

c'est du théâtre.

Au novicia,

on leur apprend l'art de la correction.

Elle ne va pas ne pas marcher trop vite,

ne pas parler trop fort,

être sous contrôle tout le temps.

Un jour ses parents lui apporte

une polère, un peu moderne,

commentaire de sœur Marie-Ségolène.

Ah !

Et les nouvelles cette polère ?

Tout ça pour dire que ça ne se porte pas,

ce genre de chose.

Avec du recul, Marie-Laure se dit

que c'était une manière d'élargir

le champ de l'emprise, au corps,

avant de s'emparer de sa tête.

On le contrôle de son propre corps.

On est en train de l'infantiliser.

Par exemple, à 24 ans,

elle doit demander la permission

de prendre un doliprane.

Ma sœur,

j'ai mal à la tête.

Est-ce que je peux prendre un paracétamol ?

On est en train de l'effacer.

C'est comme ça qu'elle voit les choses aujourd'hui.

On l'a effacé

au service de la communauté Saint-Jean.

...

En attendant ça tout suréquipé,

les voitures, les maisons, les outils,

bientôt même les équipements seront suréquipés.

Et le suréquipement, ça se paye.

Pas chez Nissan.

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Et oui, vous avez bien entendu, 300 euros par mois.

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sur le vélo.

Et puis vient le moment

où après 8 mois de novicia,

le 1er mai 1999,

Marie-Laure devient pleinement

sœur Marie-Laure.

La cérémonie se passe sur une pelouse

devant le bâtiment du novicia.

Est-ce qu'elle est heureuse,

à ce moment-là ?

Elle est épuisée.

Elle est épuisée nerveusement et physiquement.

Et là, ce sentiment de ne pas être

à sa place.

Le samedi, le fameux jour de désert,

elle écoute souvent le concerton

en réminor pour violon et au bois de Bach.

Et ça lui met un de ses bourdons.

Et là, elle chiale.

Elle chiale de tout son corps.

Elle ne va pas bien.

En août 2001,

Marie-Laure prononce ses vœux

de pauvreté, de chasteté

et d'obéissance.

Et elle devient une sœur

à part entière de la communauté.

Sœur Marie-Laure,

nous avons décidé

de vous envoyer à Sébou,

mais vous allez participer

à la fondation d'un nouveau prioré

de la communauté.

Et là, d'un coup, elle jubile.

Voilà la vie de missionnaire

qu'elle attendait façon sœur émanuelle.

Et donc en septembre 2001,

sœur Marie-Laure atterrit

à Sébou.

Et là, elle déchante tout de suite.

D'abord, le couvent est dans un quartier

résidentiel, un quartier de la classe

moyenne. Elle n'est absolument pas

au milieu des pauvres, comme sœur

émanuelle. Et puis sœur

Marte n'est pas là. Elle doit faire le deuil

de sa relation fusionnelle avec elle.

Il me fallait désormais

assumer au quotidien son absence.

Mais curieusement, je souffrais

moins de son absence physique que

de sa présence obsédante

dans mes pensées.

Pendant un an, elle vit séparée

de sœur Marte. Et puis en septembre

2002, sœur Marte vient au Philippines

tourner d'inspection.

Et là, c'est formidable.

Elle la retrouve. Pendant tout son séjour,

elle lui sert de traductrice.

Elle lui fait visiter le coin.

Elles vont marcher dans la montagne.

Pendant cinq jours, elle ne se quitte pas

d'une semelle.

Marie-Laure

reste deux ans au Philippines.

Et puis, elle rentre en France.

Et là, qu'est-ce qu'elle fait ?

Elle propose elle-même, à sœur Marte,

de devenir son assistante.

Son bras droit.

C'est incroyable que cela puisse paraître

à mes yeux aujourd'hui. J'ai consenti

à replonger dans un lien exclusif

avec elle. Je m'apprêtais

à rentrer dans l'anti-chambre de la reine.

Et là,

elle se met à agir avec les jeunes sœurs

dont sœur Marte a la charge.

Exactement, comme on a agi

avec elle. Elle leur rabâche

un discours tout fait.

Tout prémaché. Destiné

à verrouiller leur esprit.

Tu te sens éprouver ma sœur ?

Mais enfin, tu n'aurais pas tenu plus

de six mois dans cette vie exigeante

si tu n'étais pas porté par la grâce,

de Dieu. Et si tu as la grâce.

C'est que tu as la vocation.

Et bien entendu,

sœur Marie-Laure répète

et rapporte à sœur Marte

tout ce que lui confie les jeunes sœurs

en bon petit soldat.

En 2007,

au retour d'une mission en Chine,

sœur Marie-Laure tombe malade.

Des mots de ventre, terrible.

On lui diagnostique une tumeur bénigne.

Elle se fait opérer.

Mais en complément,

sœur Marte insiste.

Il faut te faire exorciser ma fille.

Le mal est en toi.

Et c'est le père

Paul-Marie qui s'y colle.

Et voilà comment ça se passe.

Chaque séance commence par un bilan

des dernières attaques du démon.

Ma sœur,

avez-vous ressenti ces derniers temps

des douleurs musculaires?

Avez-vous fait des cauchemars?

Avez-vous eu des hallucinations?

Des engourdissements peut-être?

Des crises de larmes?

Le démon ma fille

profite de vos failles

pour influencer vos vies.

Vos failles sont des portes ouvertes

pour le diable.

Mais de quelle faille parle-t-il?

Et bien des blessures familiales.

Est-ce que dans votre famille

on n'aurait pas pratiqué le spiritisme?

La voyance?

La magie?

N'aurait-on pas commis chez vous

des péchés graves?

Avortement? Suicide? Crime?

Framasonnerie?

Et donc

le père Paul-Marie

pratique sur elle des séances d'exorcisme.

Ça se passe en général

dans la chapelle à l'étage de son prioré.

L'endroit étendu de rideau violet

est apicé d'icônes dorés.

Il relève la capuche de son habit

façon nom de la rose.

Elle se met à genoux,

d'eau à lui, et il se met à réciter

le proloque de saint Jean.

Au commencement

était le verbe.

Et le verbe était auprès de Dieu.

Et le verbe était Dieu.

C'est par lui que tout est venu à l'existence.

Et là...

D'un coup, sœur Marie-Laure sent son corps

ce tort qui se cabre.

En lui était la vie.

Elle sent même son corps

qui se soulève de terre.

Et puis qui retombe.

Elle sort de cette séance épuisée

comme si elle avait fait un footing.

Le père Paul-Marie lui est dépité.

Ma sœur

je ne sais pas quoi faire.

Si vous ne vous corrigez pas,

le démon fera tout

pour vous faire quitter le couventau.

Maintenant, une question qu'il faut bien évoquer.

Je suis sûr que vous y avez pensé, vous aussi.

Marie-Laure

est-elle amoureuse de sœur Marte ?

Et inversement, d'ailleurs,

sœur Marte est-elle amoureuse de Marie-Laure ?

Sœur Marie-Laure, en tout cas,

se pose la question.

Par exemple, quand elle la voit dans son bureau,

souvent à la nuit tombée,

elles sont tellement proches

que leurs genoux se touchent.

Et parfois, l'autre lui prend les mains.

Et elle lui caresse les mains.

C'est sensuel.

Et quand elle sort, elle se sent sale de ça.

Elle se sent impure.

Alors une fois, elle lui en parle.

Mais ma petite Marie-Laure,

quand on aime,

on aime tout ce qu'on est,

c'est normal ce que tu ressens.

C'est bien d'être sensible.

Pour être honnête, sœur Marte,

je me demande si je ne suis pas homosexuel.

Ne t'inquiète pas.

Moi, je ne suis pas homosexuel.

Ne t'inquiète pas.

Moi, je suis pure dans ma sensibilité.

Alors, ça ne m'inquiète pas

que tu vives cela face à moi.

Tordu.

Et ça commence à se savoir

à l'extérieur que ce sont des tordus.

En 2009,

la communauté de Saint-Jean

est accusée de dérives sectaires.

Et ça, sœur Marie-Laure l'apprend

alors qu'elle est en mission au Québec

par un coup de fil d'une sœur de Saint-Jean.

Marie-Laure,

le cardinal Barbarin vient de débarquer

à Saint-Jean.

Il a décidé de reprendre le contrôle de la communauté.

Le cardinal a débarqué, en effet.

Et il a destitué

tous les cadres de la communauté.

Sœur Mart, en tête.

La crise, il faut dire, couvée depuis un bon moment.

La communauté est accusée de maltraitance

et de dérives sectaires.

Le fer est porté par des associations antissextes

et par un magazine catholique progressiste

Goliath.

Pendant des années,

le cardinal Barbarin a mis

les responsables de la communauté en garde.

Et là, il tranche dans le lard.

Il les vit.

Et comment réagissent les sœurs ?

Elles disent que c'est un complot.

Marie-Laure, en tête.

Impossible de le nier.

J'ai vécu ces événements

dans une grande ambivalence intérieure.

Devant cette remise en cause

soudaine de mes repères,

j'ai adhéré à la défense collective

du système établi.

Je demeurais commémonté à Marte.

Remettre en question

l'autorité de ma supérieure

revenait à tuer

une partie de moi-même.

Et donc, Marie-Laure

rentre du Canada pour se lancer

avec les autres dans la résistance.

Il est question à un moment

d'aller s'installer dans un autre pays

et de partir en croisade à Rome

pour tenter de convaincre le pape.

Le cardinal a tort.

Et puis à un moment, Marie-Laure

décide de retourner au Québec.

Et peu à peu, le doute émerge.

Elle se confie à un ami Sylvain,

un Québécois,

très engagé dans sa paroisse

qui anime les messes avec sa guitare.

Marie-Laure est tout simplement

en train de tomber amoureuse

de Sylvain.

Il y a des moments

où je me sens perdu par rapport à ma vocation.

C'est comme si

il y avait en moi un combat de vie et de mort.

Je n'ai que le désir de vivre,

de vivre de plus en plus,

de vivre enfin pleinement.

Mais j'ai le sentiment que Dieu me demande

au contraire de mourir.

Parfois, je ne trouve plus de vie dans cette vie

avec les sœurs, mais plutôt du vide,

de la solitude, du non sens.

L'amitié avec Sylvain

vient me chercher

dans tout ça.

Et petit à petit,

Marie-Laure

ouvre les yeux.

Elle voit de plus en plus clairement

les dysfonctionnements de sa communauté.

Et pas à pas,

elle prend des distances.

En novembre 2009,

elle appelle ses parents au téléphone,

elle leur raconte tout,

tout ce qu'elle ne leur a pas dit

pendant toutes ses années.

Et en février 2010,

il y a eu

et en février 2010,

elle obtient de Rome

qu'on l'a dispense de ses vœux.

Ça s'appelle un indulte.

Elle retourne à la fille civile.

Et aujourd'hui,

eh bien elle est mariée,

à Sylvain, et mère de deux enfants.

Sous-titres par la communauté d'Amara.org

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L’histoire d’une jeune femme de 23 ans devenue religieuse catholique…chez les sœurs contemplatives de St-Jean. Elle y restera onze années. Aujourd’hui, elle raconte dans son livre avoir été victime d’un crime que ni le droit pénal ni le droit de l’Église catholique ne reconnaissent : l’abus spirituel.