Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Marie-Laure Janssens, une religieuse sous emprise
Europe 1 10/11/23 - 25m - PDF Transcript
Donc si je comprends bien, la Ciat Ibiza est à partir de 99€ par mois, c'est bien ça ?
Voilà.
Signe le contrat.
Quoi ?
Signe, je te dis, il a dû se planter.
Et sinon, la vie, ça va ?
Euh, oui.
Eh ben, super.
Profitez-en lors des journées portes ouvertes, les 14 et 15 octobre chez nos concessionnaires,
Ciat Ibiza Copate et C-80 Cache-Chevaux, remises de 5500€ d'héduites à portes de 3500€,
LL des 37 mois et 30 000 km sous condition d'acceptation par Solsa GameBank,
enfin particulier valable pour toute commande jusqu'au 31 octobre et livraisons avant 5 mai 2024,
conditions sur Ciat.fr
Pour les trégécours, privilégiez la marche au vélo.
Je vais vous raconter aujourd'hui l'histoire d'une jeune femme, Marie-Laure Janssen,
vous avez intégré une communauté religieuse de la région de Lyon,
qui s'appelle les Sœurs contemplatives de Saint-Jean.
Il vous a fallu 11 ans, 11 ans pour réaliser que dans cette communauté,
vous avez été victime de manipulations mentales, d'emprise.
Pour raconter ces 11 années dans un livre,
Le Silence de la Vierge, qui est paru chez Bayard,
et c'est ce livre qui a inspiré mon histoire d'aujourd'hui.
Avant de la raconter,
il faut quand même que je recitue votre témoignage dans son contexte.
Les Sœurs contemplatives de Saint-Jean, dont vous avez été membre,
font partie d'une communauté plus large qui s'appelle la communauté Saint-Jean.
Les petits gris, comme on les appelle,
c'est une communauté qui depuis 10 ans est au coeur d'un immense scandale,
le fondateur de la communauté qui s'appelait le père Marie-Dominique Philippe,
qui est décédé aujourd'hui,
était sur le point d'être béatifié.
Quand on s'est aperçu in extremis,
qu'il avait couché avec beaucoup de femmes dont il était le conseiller spirituel,
bonjour le modèle,
la communauté a été comme d'autre,
frappée par plusieurs scandales de pédophilie et d'agression sexuelle,
et elle a été accusée dans son ensemble de dérives sectaires.
Tout ça pour dire que vous n'êtes pas folles, Marie-Laure,
autant le dire maintenant que votre histoire est étayée
par d'autres témoignages,
par des enquêtes,
notamment réalisées par le magazine catholique Goliath.
Si ça vous intéresse, vous pouvez aller sur le site Goliath.fr
Vous trouverez tout un tas d'informations
sur la communauté Saint-Jean,
et voici donc votre histoire, Marie-Laure,
que j'ai écrite avec Quentin Mouchel,
réalisation Céline Le Bras.
C'est une histoire qui commence par un petit mensonge.
En novembre 1996,
Marie-Laure, qui a 21 ans,
va frapper à la porte d'une communauté religieuse
à Attichy, dans l'Oise,
la communauté de Saint-Jean.
Elle prétend qu'elle est étudiante
et qu'elle fait une enquête pour un travail de sociologie,
et c'est vrai, elle est à Science pour Paris
en deuxième année.
Mais ça n'est pas dans ce cadre
que ce jour-là, elle frappe à la porte
de ce priori catholique.
En vérité, c'est une démarche personnelle.
Elle a grandi dans un milieu catho-bourgeois,
à Compiègne,
et depuis toute petite,
la religion la travaille.
Le déclic s'est fait quand elle avait 14 ans,
un livre de sœur Emmanuel,
chiffonnière avec les chiffonniers,
une vie au service des pauvres.
L'été dernier,
elle a fait un pèlerinage à Jérusalem,
et là, elle vient de passer 2 mois comme volontaire
dans une communauté qui accueille des handicapés.
Elle est mûre.
Il n'y a plus qu'à cueillir le fruit.
A la communauté sergent d'Athichy,
Marie l'aura rendez-vous
avec le frère Régis Marie,
un grand roux d'environ 40 ans,
les yeux bleus, potelés,
très doux.
Elle pose son dictaphone sur la table.
Alors,
pourquoi portez-vous l'habit
et pouvez-vous nous dire
en quoi il serve votre communauté ?
Elle pose comme ça
une tonne de questions.
Elle veut tout savoir.
Et en face,
le frère Régis répond
à tout tranquillement
avec sa voix feutrée.
Et sans cesse, il répète,
moignez-vous ce qui emporte.
C'est la recherche de la vérité.
Dans la tête de Marie-Laure,
c'est un nouveau déclic.
Elle est comme appée par les mots
du frère Régis Marie.
Et lui, en face,
que fais-tu l'année prochaine ?
Eh bien, j'aimerais faire de la théologie.
Je vais sûrement m'inscrire
à l'Institut catholique de Paris.
Si je pouvais me permettre,
la Cato n'est pas le meilleur endroit
pour faire de la théologie.
Le mieux serait de commencer
par une année de philosophie.
Tu devrais venir étudier à Saint-Jaudard.
C'est un petit village
à côté de Lyon.
Et la communauté de Saint-Jean,
il y a un centre de formation.
Le frère Régis Marie me proposait
plus que des études.
C'était une communauté qui s'ouvrait à moi.
Je ne sais pas décrire
ce que je ressentais, mais ses paroles me séduisaient.
À l'évidence, il incarnait
un idéal spirituel qui m'a tiré.
Et voilà donc comment, quelques mois plus tard,
Marie-Laure Atterri a Saint-Jaudard.
Où, dans un priori,
une quarantaine d'étudiants suivent
des cours de philosophie et de théologie.
Juste à côté, elle trouve
une colocation avec quatre autres filles.
Elle se sent bien avec elle.
Elles sont sur la même longueur d'ondes.
J'étais passé de Saint-Germain-des-Prés
à ce coin de campagne perdue
et paradoxalement,
j'avais le sentiment d'être sorti de l'isolement.
Je me sentais renaître.
Et à Saint-Jaudard, elle côtoie
aussi quelques soeurs contemplatives.
Elle les trouve joyeuses.
Elle les trouve fraîches.
Mais en même temps, elle lui
font un peu peur.
Est-ce qu'elle est faite pour ça ?
Quelle est sa vocation ?
Ça gamberge dans sa tête et ça l'épuise.
Ça l'épuise tellement qu'un jour,
elle rentre dans sa piole, elle s'écroule
sur son lit et elle dort pendant 24 heures.
Mais le lendemain, quand elle se réveille,
sa décision est prise.
Elle ne lutra plus contre Dieu.
Elle va le laisser faire.
Je voulais dire,
sa décision d'intégrer la communauté
n'est pas encore prise.
Elle a des doutes.
Et elle voudrait bien que Dieu décide pour elle.
Mais elle est mûre.
Elle attend juste le déclic.
Un jour,
à l'occasion de la Semaine Sainte,
on lui propose de s'inscrire à une retraite
chez les soeurs contemplatives de Saint-Jean.
Ça fait des mois
qu'on lui parle de l'une de ses soeurs,
soeur Marte, la maîtresse des novices.
On lui a dit qu'elle avait
un charisme exceptionnel.
Donc elle y va.
Et elle se retrouve face à soeur Marte.
Et l'autre n'y va pas par quatre chemins.
Ton cas est clair comme de l'autre roche,
ma fille.
Ta place est chez les soeurs.
Quand veux-tu entrer ?
Dans son livre et l'écrit,
ses paroles étaient tellement nettes et spontanées
que je les ai accueillies,
non comme le fruit d'une réflexion humaine,
mais comme une réponse fulgurante du ciel.
C'est la manifestation divine
qu'elle attendait.
Et donc en septembre 1998,
Marie-Laure fait sa rentrée
chez les soeurs contemplatives de Saint-Jean
à Saint-Jaudard,
près de Lyon.
Elle débarque un samedi, jour de désert,
comme elles disent. C'est comme ça qu'elles appellent leur jour de repos,
le jour de désert.
On l'installe dans une cellule,
un lit, quelques étagères,
un tapis pour prier, une croix,
une icône et c'est tout.
Et le lendemain matin,
on mange dans le grand pain
son premier office,
dans le cœur, avec les autres.
On lui remet sa mélote,
son habit,
une sorte de tunique bleu marine
et on lui présente sa sœur ange,
l'ange qui va veiller sur elle,
une vieuse plus âgée qui sera chargée
de l'accompagner. La sienne s'appelle
sœur Marie Ségolène.
Et Marie-Laure se dit qu'elle tombe bien
parce que depuis le premier jour, le matin,
elle a des vertiges.
À la chapelle, quand les soeurs commencent à chanter,
elle a la tête qui tourne,
comme si son corps lui envoyait un message,
comme si son corps disait stop,
mais pour l'instant, ça n'est pas le corps
qui décide. C'est le cœur.
Les mois passent.
Sa vocation n'a rien d'évident.
Elle a des doutes.
Mais d'une certaine manière,
c'est ce doute qui la conforte
dans son choix. C'est difficile.
Et sa démarche est d'autant plus belle
qu'elle est difficile.
Voilà.
Je voulais me tenir face à Jésus
et tout remettre entre ses mains.
Mais pour franchir ce pas,
j'avais besoin d'une confirmation.
J'attendais le déclic.
On qu'à la recherche du déclic,
elle se résoute à s'en remettre
à sa marte.
Ma foi, elle saura sans doute décrypter
les signes qu'elle même ne peut pas voir,
qu'elle ne sait pas voir.
Cet abandon de mon propre jugement
me paraît aujourd'hui relevé
d'une incroyable imprudence.
J'avais remis les reines de ma vie
à ma supérieure.
Parce qu'en la matière,
elle ne peut pas compter
sur les vies,
elle ne peut pas compter
sur les autres novices de la communauté.
Elle n'a pas le droit de leur parler
de ce qui lui trottant la tête.
C'est la règle de base de la communauté.
La règle dite relationnelle.
Il ne faut pas se dévoiler.
Il faut en dire le moins possible
sur soi-même.
Un jour bêtement, elle dit son âge
à une autre sœur.
J'ai 23 ans.
Ça ne se fait pas, l'une des anciennes lui dit.
Il faut vraiment éviter ça,
vraiment.
Ça donne un regard trop humain
entre nous.
Trop humain ?
Il y a une autre règle.
Ne jamais s'épancher sur ces doutes.
Ne jamais partager ces états d'âme.
Quand une novice a un coup de mou,
il est inenvisageable d'aller frapper
à la porte d'à côté.
Inenvisageable.
Il aime pour les gens de l'extérieur,
les laïcs. Il n'est pas permis
de se confier à eux.
Parlez de nous, ma fille.
Ce n'est pas notre vie.
Avec tu recules tout ça.
C'est une route toute tracée
vers une dépendance affective.
Non ?
En 1999, en tout cas,
sœur Martel même devient la sœur
responsable de Marie-Laure.
Elle est son cornac. Et d'entrée,
elle s'applique à la couper
de l'extérieur, et même du frère
Régis Marie, avec lequel
elle était restée en contact.
Ma fille,
il ne pourra pas t'aider
à plonger dans la vie des sœurs,
à être dans l'unité avec elle.
Si on se résume,
il n'y a plus qu'une seule personne
à qui Marie-Laure peut se confier,
c'est sœur Martel.
Elle devenait l'unique personne
à qui nous devions nous confier profondément.
C'était elle qui nous connaissait
dans l'intimité, elle qui recueillait
nos secrets.
Alors elle voit encore ses parents.
Non mais, au compte-goutte,
les parents c'est l'extérieur,
l'extérieur c'est mal.
Et quand elle voit ses parents,
Marie-Laure se met une pression de dingue.
Les visites doivent être parfaites,
parfaites.
Alors elle joue un rôle.
Elle ne lâche rien de ses étadames,
c'est du théâtre.
Au novicia,
on leur apprend l'art de la correction.
Elle ne va pas ne pas marcher trop vite,
ne pas parler trop fort,
être sous contrôle tout le temps.
Un jour ses parents lui apporte
une polère, un peu moderne,
commentaire de sœur Marie-Ségolène.
Ah !
Et les nouvelles cette polère ?
Tout ça pour dire que ça ne se porte pas,
ce genre de chose.
Avec du recul, Marie-Laure se dit
que c'était une manière d'élargir
le champ de l'emprise, au corps,
avant de s'emparer de sa tête.
On le contrôle de son propre corps.
On est en train de l'infantiliser.
Par exemple, à 24 ans,
elle doit demander la permission
de prendre un doliprane.
Ma sœur,
j'ai mal à la tête.
Est-ce que je peux prendre un paracétamol ?
On est en train de l'effacer.
C'est comme ça qu'elle voit les choses aujourd'hui.
On l'a effacé
au service de la communauté Saint-Jean.
...
En attendant ça tout suréquipé,
les voitures, les maisons, les outils,
bientôt même les équipements seront suréquipés.
Et le suréquipement, ça se paye.
Pas chez Nissan.
Ce week-end, pendant les portes ouvertes,
la série spéciale Nissan Cache-Kaï suréquipé
est au prix spécial de 300 euros par mois.
Et oui, vous avez bien entendu, 300 euros par mois.
Alors faites vite.
Nissan.
Nissan Cache-Kaï série spécial 9,
puis 48 loyers de 300 euros,
40 000 kilomètres maximum,
sans condition de reprise,
si à Cordillac, des Thais Nissan.fr.
Pour les trajets courts, privilégiez la marche
sur le vélo.
Et puis vient le moment
où après 8 mois de novicia,
le 1er mai 1999,
Marie-Laure devient pleinement
sœur Marie-Laure.
La cérémonie se passe sur une pelouse
devant le bâtiment du novicia.
Est-ce qu'elle est heureuse,
à ce moment-là ?
Elle est épuisée.
Elle est épuisée nerveusement et physiquement.
Et là, ce sentiment de ne pas être
à sa place.
Le samedi, le fameux jour de désert,
elle écoute souvent le concerton
en réminor pour violon et au bois de Bach.
Et ça lui met un de ses bourdons.
Et là, elle chiale.
Elle chiale de tout son corps.
Elle ne va pas bien.
En août 2001,
Marie-Laure prononce ses vœux
de pauvreté, de chasteté
et d'obéissance.
Et elle devient une sœur
à part entière de la communauté.
Sœur Marie-Laure,
nous avons décidé
de vous envoyer à Sébou,
mais vous allez participer
à la fondation d'un nouveau prioré
de la communauté.
Et là, d'un coup, elle jubile.
Voilà la vie de missionnaire
qu'elle attendait façon sœur émanuelle.
Et donc en septembre 2001,
sœur Marie-Laure atterrit
à Sébou.
Et là, elle déchante tout de suite.
D'abord, le couvent est dans un quartier
résidentiel, un quartier de la classe
moyenne. Elle n'est absolument pas
au milieu des pauvres, comme sœur
émanuelle. Et puis sœur
Marte n'est pas là. Elle doit faire le deuil
de sa relation fusionnelle avec elle.
Il me fallait désormais
assumer au quotidien son absence.
Mais curieusement, je souffrais
moins de son absence physique que
de sa présence obsédante
dans mes pensées.
Pendant un an, elle vit séparée
de sœur Marte. Et puis en septembre
2002, sœur Marte vient au Philippines
tourner d'inspection.
Et là, c'est formidable.
Elle la retrouve. Pendant tout son séjour,
elle lui sert de traductrice.
Elle lui fait visiter le coin.
Elles vont marcher dans la montagne.
Pendant cinq jours, elle ne se quitte pas
d'une semelle.
Marie-Laure
reste deux ans au Philippines.
Et puis, elle rentre en France.
Et là, qu'est-ce qu'elle fait ?
Elle propose elle-même, à sœur Marte,
de devenir son assistante.
Son bras droit.
C'est incroyable que cela puisse paraître
à mes yeux aujourd'hui. J'ai consenti
à replonger dans un lien exclusif
avec elle. Je m'apprêtais
à rentrer dans l'anti-chambre de la reine.
Et là,
elle se met à agir avec les jeunes sœurs
dont sœur Marte a la charge.
Exactement, comme on a agi
avec elle. Elle leur rabâche
un discours tout fait.
Tout prémaché. Destiné
à verrouiller leur esprit.
Tu te sens éprouver ma sœur ?
Mais enfin, tu n'aurais pas tenu plus
de six mois dans cette vie exigeante
si tu n'étais pas porté par la grâce,
de Dieu. Et si tu as la grâce.
C'est que tu as la vocation.
Et bien entendu,
sœur Marie-Laure répète
et rapporte à sœur Marte
tout ce que lui confie les jeunes sœurs
en bon petit soldat.
En 2007,
au retour d'une mission en Chine,
sœur Marie-Laure tombe malade.
Des mots de ventre, terrible.
On lui diagnostique une tumeur bénigne.
Elle se fait opérer.
Mais en complément,
sœur Marte insiste.
Il faut te faire exorciser ma fille.
Le mal est en toi.
Et c'est le père
Paul-Marie qui s'y colle.
Et voilà comment ça se passe.
Chaque séance commence par un bilan
des dernières attaques du démon.
Ma sœur,
avez-vous ressenti ces derniers temps
des douleurs musculaires?
Avez-vous fait des cauchemars?
Avez-vous eu des hallucinations?
Des engourdissements peut-être?
Des crises de larmes?
Le démon ma fille
profite de vos failles
pour influencer vos vies.
Vos failles sont des portes ouvertes
pour le diable.
Mais de quelle faille parle-t-il?
Et bien des blessures familiales.
Est-ce que dans votre famille
on n'aurait pas pratiqué le spiritisme?
La voyance?
La magie?
N'aurait-on pas commis chez vous
des péchés graves?
Avortement? Suicide? Crime?
Framasonnerie?
Et donc
le père Paul-Marie
pratique sur elle des séances d'exorcisme.
Ça se passe en général
dans la chapelle à l'étage de son prioré.
L'endroit étendu de rideau violet
est apicé d'icônes dorés.
Il relève la capuche de son habit
façon nom de la rose.
Elle se met à genoux,
d'eau à lui, et il se met à réciter
le proloque de saint Jean.
Au commencement
était le verbe.
Et le verbe était auprès de Dieu.
Et le verbe était Dieu.
C'est par lui que tout est venu à l'existence.
Et là...
D'un coup, sœur Marie-Laure sent son corps
ce tort qui se cabre.
En lui était la vie.
Elle sent même son corps
qui se soulève de terre.
Et puis qui retombe.
Elle sort de cette séance épuisée
comme si elle avait fait un footing.
Le père Paul-Marie lui est dépité.
Ma sœur
je ne sais pas quoi faire.
Si vous ne vous corrigez pas,
le démon fera tout
pour vous faire quitter le couventau.
Maintenant, une question qu'il faut bien évoquer.
Je suis sûr que vous y avez pensé, vous aussi.
Marie-Laure
est-elle amoureuse de sœur Marte ?
Et inversement, d'ailleurs,
sœur Marte est-elle amoureuse de Marie-Laure ?
Sœur Marie-Laure, en tout cas,
se pose la question.
Par exemple, quand elle la voit dans son bureau,
souvent à la nuit tombée,
elles sont tellement proches
que leurs genoux se touchent.
Et parfois, l'autre lui prend les mains.
Et elle lui caresse les mains.
C'est sensuel.
Et quand elle sort, elle se sent sale de ça.
Elle se sent impure.
Alors une fois, elle lui en parle.
Mais ma petite Marie-Laure,
quand on aime,
on aime tout ce qu'on est,
c'est normal ce que tu ressens.
C'est bien d'être sensible.
Pour être honnête, sœur Marte,
je me demande si je ne suis pas homosexuel.
Ne t'inquiète pas.
Moi, je ne suis pas homosexuel.
Ne t'inquiète pas.
Moi, je suis pure dans ma sensibilité.
Alors, ça ne m'inquiète pas
que tu vives cela face à moi.
Tordu.
Et ça commence à se savoir
à l'extérieur que ce sont des tordus.
En 2009,
la communauté de Saint-Jean
est accusée de dérives sectaires.
Et ça, sœur Marie-Laure l'apprend
alors qu'elle est en mission au Québec
par un coup de fil d'une sœur de Saint-Jean.
Marie-Laure,
le cardinal Barbarin vient de débarquer
à Saint-Jean.
Il a décidé de reprendre le contrôle de la communauté.
Le cardinal a débarqué, en effet.
Et il a destitué
tous les cadres de la communauté.
Sœur Mart, en tête.
La crise, il faut dire, couvée depuis un bon moment.
La communauté est accusée de maltraitance
et de dérives sectaires.
Le fer est porté par des associations antissextes
et par un magazine catholique progressiste
Goliath.
Pendant des années,
le cardinal Barbarin a mis
les responsables de la communauté en garde.
Et là, il tranche dans le lard.
Il les vit.
Et comment réagissent les sœurs ?
Elles disent que c'est un complot.
Marie-Laure, en tête.
Impossible de le nier.
J'ai vécu ces événements
dans une grande ambivalence intérieure.
Devant cette remise en cause
soudaine de mes repères,
j'ai adhéré à la défense collective
du système établi.
Je demeurais commémonté à Marte.
Remettre en question
l'autorité de ma supérieure
revenait à tuer
une partie de moi-même.
Et donc, Marie-Laure
rentre du Canada pour se lancer
avec les autres dans la résistance.
Il est question à un moment
d'aller s'installer dans un autre pays
et de partir en croisade à Rome
pour tenter de convaincre le pape.
Le cardinal a tort.
Et puis à un moment, Marie-Laure
décide de retourner au Québec.
Et peu à peu, le doute émerge.
Elle se confie à un ami Sylvain,
un Québécois,
très engagé dans sa paroisse
qui anime les messes avec sa guitare.
Marie-Laure est tout simplement
en train de tomber amoureuse
de Sylvain.
Il y a des moments
où je me sens perdu par rapport à ma vocation.
C'est comme si
il y avait en moi un combat de vie et de mort.
Je n'ai que le désir de vivre,
de vivre de plus en plus,
de vivre enfin pleinement.
Mais j'ai le sentiment que Dieu me demande
au contraire de mourir.
Parfois, je ne trouve plus de vie dans cette vie
avec les sœurs, mais plutôt du vide,
de la solitude, du non sens.
L'amitié avec Sylvain
vient me chercher
dans tout ça.
Et petit à petit,
Marie-Laure
ouvre les yeux.
Elle voit de plus en plus clairement
les dysfonctionnements de sa communauté.
Et pas à pas,
elle prend des distances.
En novembre 2009,
elle appelle ses parents au téléphone,
elle leur raconte tout,
tout ce qu'elle ne leur a pas dit
pendant toutes ses années.
Et en février 2010,
il y a eu
et en février 2010,
elle obtient de Rome
qu'on l'a dispense de ses vœux.
Ça s'appelle un indulte.
Elle retourne à la fille civile.
Et aujourd'hui,
eh bien elle est mariée,
à Sylvain, et mère de deux enfants.
Sous-titres par la communauté d'Amara.org
Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
L’histoire d’une jeune femme de 23 ans devenue religieuse catholique…chez les sœurs contemplatives de St-Jean. Elle y restera onze années. Aujourd’hui, elle raconte dans son livre avoir été victime d’un crime que ni le droit pénal ni le droit de l’Église catholique ne reconnaissent : l’abus spirituel.