Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Les évadés de Fontevrault

Europe 1 Europe 1 9/29/23 - 24m - PDF Transcript

Je vais vous raconter aujourd'hui une histoire dont peut-être les plus anciens d'entre vous se souviennent encore.

Une histoire de 1955, la triple évasion de la prison de Fontevros, emmènez-loir.

Fontevros, ça vous dit quelque chose ?

L'abbaye de Fontevros qui est devenue aujourd'hui un hôtel de luxe.

C'est bien dans les années 50, c'était une maison centrale, c'était une prison fétide où s'entasser les prisonniers les plus dangereux de l'époque.

Et donc je vais vous raconter aujourd'hui l'une des évations les plus spectaculaires survenue dans cette prison en 1955.

Une évasion qui a fait trembler toute une région pendant huit jours.

Et je vais le faire grâce au formidable travail qui a été réalisé par un journaliste, éditeur, compteur.

Je ne sais plus vraiment comment vous présentez, Léandre Boiseau. Bonjour.

Bonjour.

Vous aviez 15 ans, vous, à cette époque, en 1955.

Et des décennies plus tard, vous avez eu envie de remonter tout le fil de cette histoire.

Ça donne un très beau livre d'enquête qui s'appelle La Trac, édité par votre propre maison d'édition, La Buinote.

C'est à partir de votre livre que j'ai écrit cette histoire d'évasion, la réalisation et de Céline Le Bras.

...

Venez, Venez. Je vous emmène dans un endroit puant.

L'abbaye de Fonteauvreau, abandonnée par Dieu et transformée depuis Napoléon en prison centrale.

...

Ah, vous avez prévenu, hein. Ici, c'est la fin du monde. Et ça pue, normal.

Les gars ne se lavent à l'eau chaude qu'une fois par semaine.

...

A la maison centrale de Fonteauvreau, on marche à la cloche.

La vieille cloche du cloître qui avant avait yé les nônes et qui ritme désormais la vie des détenus.

...

Cette heure, le prisonnier se lève.

...

Cette heure 12, il passe au lavabo. Petite toilette à l'eau glacée.

...

Cette heure 27, le prisonnier descend au réfectoire.

...

Cette heure 45, le prisonnier a le droit de fumer une cigarette.

8 heures, le prisonnier doit être à son atelier.

Tout le monde travaille.

A partir de 8 heures du matin, l'abbaye devient une grande usine.

Venez, venez les voir travailler.

Voici la filature.

Les ballaux de lait n'arrivent par la gare de Varaine-sur-Loire.

Les prisonniers les lavent, les gardent, les tissent.

Et ils en font des couvertures qui grattent pour la pénitentiaire et pour l'armée.

Et là, ils font des chaises.

Et puis là, c'est l'atelier de confection,

où l'on fabrique des chemisettes et des shorts.

Il y a aussi une menuiserie là-bas,

une forge, une buandrie et une ferme.

Tout le monde travaille. Ils sont payés pour ça.

Mais évidemment, ils ne peuvent garder que la moitié.

Le reste va au remboursement des frais de justice et à leur pécule.

Vous avez remarqué ?

Ils ne parlent pas. Ils n'ont pas le droit.

Le seul moment où ils ont le droit de parler, c'est le midi au réfectoire.

Et encore, pas trop fort.

Qu'est-ce qu'il y a dans leur assiette ?

Ou en général, ça vient de la ferme, de la soupe aux légumes,

et une fois par semaine, quelques fois deux, de la viande.

Vous avez remarqué le galon noir sur la veste de certains d'être nus.

Ça, c'est la récompense.

Ceux qui se tiennent bien pendant un an ont droit à un galon.

Et au bout de deux ans, à deux galons, ça, c'est le Nirvana.

Avec deux galons, on a le droit de cantiner

et surtout le droit d'accéder au parloir.

Le droit de voir ses proches, sa femme, ses enfants.

Pas de les toucher, ni de les embrasser. Il ne faut pas exagérer.

Au parloir, les détenus sont séparés de leur famille

par un grand couloir criagé.

Le soir venu et jusqu'au lendemain matin,

les détenus sont enfermés dans de grands dortoirs.

Sauf les homosexuels. Notez ça.

Eux, ils ont droit à ce qu'on appelle des cages à poules,

des cages en grillage, qui leur évitent de se faire maltraiter par les autres.

Les tubercules aussi sont mises à l'écart.

À l'infirmerie. Et toutes les semaines,

un ou deux, finissent au cimetière tout proche.

Voilà. Je voulais vous planter le décor

pour que vous compreniez bien pourquoi, dans ces années-là,

tant de détenus ne rêvaient qu'à une seule chose.

C'est vadé.

Le 15 juin 1955, la sirène de la centrale

se déclenche à 4h30 de l'après-midi.

Brant le bat de combat général.

Une évasion vient d'avoir lieu.

Ça se passe dans l'atelier de tissage,

où travaillent ce jour-là huit prisonniers

sous la surveillance de deux gardiens.

Il fait une chaleur de chien.

Soudain, trois détenus se jettent sur les gardiens.

Trois types qui s'appellent décaires, merlins et d'amènes.

Ça se passe en un éclair.

Ils assomment le premier gardien avec un morceau de fer.

Et du coup, le second...

C'est bon, c'est bon. Je ferais rien.

Déshabitois.

Le gardien se déshabille.

Il le ligote, il le baillonne.

Et il déshabille ensuite celui qu'il vienne d'assommé.

Il le fissait à son tour comme un roti.

Des caires commencent à enfiler l'un des uniformes.

À ce moment-là, arrive le gardien-chef.

En deux coups de cuir à peau,

le chef est déshabillé, saucissonné et baillonné à son tour.

Là-dessus, arrive le sous-directeur.

Par hasard.

Il entre dans l'atelier.

Il avance dans la laissentrale.

Il balaye la pièce du regard.

Et il fait demi-tour.

Il ne s'est aperçu de rien.

Ouf !

Vous avez compris leur plan.

Ils ont les clés.

Ils vont se déguiser en gardien.

Et ils vont se faire la mal.

Sauf qu'à un blème,

l'uniforme du gardien-chef est beaucoup trop petit.

Damène n'arrive pas à l'enfiler.

Tant pis.

Les deux gardiens quittent un ballon d'etnus.

Avant de sortir, ils vont au magasin.

Ils prennent deux gros rouleaux de l'anière de cuir.

Et avant de quitter l'atelier,

Damène enfonce une cheville de bois à coup de marteau dans la serrure.

Et c'est parti.

Ils enfilent les couloirs.

Ils sortent du bâtiment.

Ils franchissent les deux chemins de ronde.

La casquette de gardien bien enfoncée sur la tête.

Et ils arrivent au pied d'un mirador

perché sur le mur d'enceinte.

Ils entrent jusqu'au mirador par un escalier de fer.

Le surveillant dans la guérite les voit arriver,

mais il ne se méfie pas.

Le chef te demande, vieux.

Donne-moi dans ton mousqueton que je te remplace.

Dès qu'elle attrape le mousqueton,

à partir de maintenant,

ils sont armés.

Ensuite, ils l'igotent le gardien.

Ils attrapent les rouleaux de l'anière de cuir.

Damène les déroule.

Il fait un oeuf au montant du mirador.

Et hop, il balance la lanière

par-dessus le mur d'enceinte.

Sauf qu'en bas, c'est trop court.

Il manque trois mètres.

On s'en fout, j'y vais.

C'est Descaire qui passe le premier.

Il attaque la descente,

arrivé en bas, il lâche,

il se réceptionne par un rouleau boulet et de un.

C'est bon. A toi, Merlin.

Merlin attaque la descente à son tour.

Tout va bien.

Les voilà tous les deux en bas du mur.

Damène.

Allez, c'est à toi, vas-y.

Damène se lance à son tour.

Il manque des doigts à Damène.

Il a été amputé.

Alors à un moment, il lâche trop tôt et craque.

Quand il touche le sol,

les deux autres entendent clairement sa jambe droite

qui se casse en deux.

Et il voit son pantalon qui se couvre de sang.

Foutez le camp, les gars.

C'est foutu pour moi.

T'inquiète pas, on viendra te chercher.

Non. Foutez-moi un coup de fusil et partez.

Et donc Descaire et Merlin

s'enfuient seul en direction du cimetière.

Ils arrivent à la ferme du lançon.

Ils tombent sur la fermière.

Avec leurs uniformes de gardiens,

elles ne se méfient pas en les voyant approcher.

Bonjour madame.

Bonjour.

Vous n'auriez pas une moto à nous prêter ?

Une moto ?

On n'a pas ça, pourquoi faire ?

C'est pour attraper des s'évader.

Et un vélo, vous n'auriez pas un vélo non plus ?

Elle n'en a pas non plus.

Et donc ils tournent les talons

et ils s'enfoncent dans le bois.

C'est à ce moment-là

que la sirène se déclenche.

Et là, ils commencent à sortir

des gardiens armés de mousquetons

de tous les coins de la centrale.

Sauf qu'ils arrivent à l'entrée du bois

et ils s'arrêtent nets.

On va pas plus loin.

Ils sont armés.

Le bois est trop fou.

On les prendra plus tard.

Le directeur de la centrale, bien sûr,

prévient immédiatement les gendarmes de Fontevreau.

Chef Dubreuil !

Meuvrez à l'appareil.

Le directeur de la centrale.

Nous avons trois évadés.

Prévenez votre hiérarchie, hein.

Entendu, monsieur le directeur.

Le chef Dubreuil prévient tout de suite

le capitaine Picard de la section de saumure.

Lequel se met en route sur le champ.

Il arrive assez vite.

Il y a un chasome et un chien policier.

Le chien trouve tout de suite une trace

à l'entrée du bois.

Il la suive et puis à un moment donné,

il la perd.

Là-dessus arrive le sous-préfet

qui décide de mobiliser l'armée.

Le premier régiment de dragon.

Capitaine Romique.

Le sous-préfet à l'appareil.

Nous avons une évasion à la centrale.

Je vous réquisitionne.

Envoyez-moi des hommes.

De combien d'hommes pouvez-vous disposer ?

Une cinquantaine, monsieur le sous-préfet.

Cinquante.

Ça ira.

Les gendarmes de Tour, de Chineau,

de Châtelros sont aussi mobilisés.

Avec un tel dispositif,

on ne voit pas comment deux hommes à pied

peuvent disparaître.

En attendant, laissez-moi vous donner

la mène. Vous savez le troisième,

celui qui s'est cassé la jambe.

Alors qu'il est, il est toujours au pied

du mur d'enceinte, figurez-vous.

Depuis que là, Cyrena retentit,

il a vu défiler tout un tas de curieux du village.

Comme à la fois, il a même vu

un journaliste, oui monsieur,

qui a eu le temps de l'interviewer

et même de prendre une photo.

Un joli scoop, la photo fera demain

la une de tous les journaux.

Et pendant ce temps-là,

les pannes d'Equer et Merlin

sont déjà loin.

Le lendemain,

la triple évasion fait la une de tous les journaux.

Et notamment du journal local,

le courrier de l'Ouest.

Les gens du coin découvrent donc le nom des évadés.

Roger d'Equer et Gustave Merlin,

deux condamnés à perpète.

Mais ce qui les fait sursauter,

c'est le profil du troisième,

celui qui s'est cassé la jambe.

On n'a pas intérêt à le croiser celui-là.

On parle du directeur de la prison, figuré.

Qui aurait tenté, par cette histoire,

de détourner l'attention, disons.

Tant qu'on parle des saucissons d'Allemands,

on ne parle pas de sa prison pas soit.

George Damaine, en vérité,

a été condamné en 1946

pour un meurtre

commis pendant une bagarre.

Et c'est dans cette bagarre qu'il a perdu

quelques-uns de ses doigts,

qui lui ont tant manqué pour descendre

le mur d'Enceinte.

Ça n'est pas sa première évasion de fonte vrô.

Il y a quelques années, avec des guerres

et déjà avec Merlin.

Mais il s'était fait balancer par un autre détenu

qui avait fini par le payer cher.

Damaine lui avait tranché le nez

et fendu la bouche

jusqu'aux oreilles.

Donc il ne fait pas dans le saucisson allemand,

mais ça n'est pas un tendre.

Quant aux deux autres,

ceux qui ont réussi leur évasion,

Roger des guerres et Gustave Merlin,

l'exterre, ce sont des braqueurs.

Et quand je dis braqueurs, ce sont de gros braqueurs.

Des guerres à plus de quarante braquages

à son actif.

Avec des stars de l'époque,

Émile Buisson, René Lacan,

deux gros bras donc du milieu de la pré-guerre

qui sont maintenant dans la nature.

Alors où sont-ils ces deux-là ?

Les gendarmes ont renoncé à les suivre

dans le bois. Trop compliqué.

Ils ont établi un périmètre assez large,

installé des barrages,

et ils l'attendent.

Une journée passe.

Une nuit. Rien ne bouge.

Le surlornement de l'évasion,

deux paysanes qui gardent leurs moutons

à quoi ? 5 km de la prison.

Les voies surgir d'un bois.

Elles les reconnaissent tout de suite.

Regarde !

Elles rentrent chez elles en courant.

Elles vont chez un voisin qui a le téléphone

de la gendarmerie. Les gendarmes arrivent tout de suite.

Ils trouvent des empreintes de chaussures

à l'entrée du bois. Ils les suivent.

Et puis finalement, ils les perdent.

Mais ce qui est intéressant,

c'est qu'ils ne sont pas très loin.

Ils sont toujours là, dans le coin.

Et donc les autorités envoient

une voiture avec un haut-parleur

pour prévenir les habitants.

Avis à la population !

Les deux bandits évadés de fonds de vrôles

ont été aperçus dans le coin.

Évitez d'envoyer vos enfants

aux champs.

Enfermez-vous le soir.

N'ouvrez à personne.

Et signalez toute présence suspecte.

Ce soir-là,

les fermiers du coin ne ferment pas l'oeil de la nuit.

Ils restent éveillés avec leurs fusils chargés.

Au casou.

Le lendemain,

entre Sommur et Chinnon,

la région est en état de siège.

On croise des voitures de gendarmes,

des motos de gendarmes,

des voitures particulières aussi.

Une vingtaine de volontaires armées de fusils de chasse

se sont proposées.

On les a intégrées au dispositif.

Et vers onze heures,

on signale les fugitifs près d'une ferme.

Mais les gendarmes arrivent trop tard.

Un peu plus tard,

un fermier les voit dans son jardin

en train de manger des fraises et des cerises.

Mais là encore, le temps de prévenir, ils sont loin.

On perçoit à nouveau accusés.

Mais le temps de prévenir, ils ont disparu.

La nuit tombe.

Ils se mettent à pleuvoir.

Les gendarmes sont épuisés par deux jours de trac.

Ils soudain, dans les fards d'une voiture,

deux silhouette qui traversent.

Ce sont eux.

Ils se lancent à leur poursuite.

Mais à la faveur de la nuit, ils les perdent à nouveau.

Mais ça se confirme.

Ils sont toujours dans le coin de la centrale.

On les aura demain.

On les aura demain.

Mais le lendemain,

cinquième jour de cavale, rien.

Et le surlendemain, le lundi, rien non plus.

Pas un signe, pas une trace.

Jusqu'au soir.

Vers onze heures et demie,

un plombier appelle les gendarmes de Chineau.

Oui, bonjour.

C'est pour vous signaler.

On m'a volé une camionnette.

Une SIM-K8.

Au cas où ça aurait un rapport avec les C-20, vous voyez.

On retrouve la camionnette le lendemain,

accidentée, encastrée dans un arme.

Et dans la voiture,

un mouchoir avec une initiale.

J'ai.

C'est le mouchoir de l'un des surveillants

à qui ils ont volé l'uniforme.

Donc c'était eux.

Ils sont en cavale.

Dans une ferme, la poids de vignière

près du village de Pucigny,

la fermière est dans la cour, avec sa fille.

Elle est en train de compter

une portée de canard.

Et elle voit arriver un homme.

Bonjour, madame.

Bonjour.

Je suis tombé en panne avec mon camion.

On a collé une bienne.

Les autres sont partis chercher un mécanicien

et je me suis dit que j'allais m'occuper du ravitaillement.

Vous n'auriez pas quelque chose à nous vendre.

Du pain,

des oeufs,

du fromage.

Et là, le type sort un bifton

de 1000 francs de sa poche.

Je vais voir ce que je peux faire.

La fermière va chercher

un quignon de pain rassi

et une douzaine d'oeufs.

Merci beaucoup.

Et elle voit l'homme s'en aller.

Quelques heures plus tard, en début d'après-midi,

les gendarmes se présentent à la ferme

avec des photos.

La fermière regarde les photos.

Oh mon dieu !

C'est celui-là que j'ai vu ce matin.

J'ai vendu du pain et des oeufs.

C'est érogé des caires.

La nuit tombe.

Ce soir-là, plus de 7 jours après l'évasion,

300 hommes sont sur le terrain.

Malheureusement, c'est une nuit sans lune.

On n'y voit pas à un mètre.

Vers deux heures du matin,

deux gendarmes en faction près d'un pont

entendent des pas

et deux personnes qui discutent.

Là, des gendarmes braquent sa torche.

Altola !

Et là,

les gendarmes riposent tout de suite.

Et ils les entendent s'enfuir.

Une heure plus tard,

a lieu un deuxième accrochage

à la gare de Porte des Piles.

Deux gendarmes sont planquées dans un wagon.

Ils entendent deux hommes s'approcher.

Altola !

À ce moment-là, les gars tirent.

Les gendarmes veulent riposter,

mais leurs mitraillettes s'enraient.

Et à nouveau, Décert et Merlin s'enfuient.

Ils leur ont encore échappé.

La guigne !

Le lendemain, nouvelle alerte.

Père huit heures du soir,

un paysan en vélo tombe sur deux hommes

tranquillement couchés en travers d'un chemin.

Il les salue.

Bonjour, monsieur.

Bonjour, patron.

On fait la sieste.

On se repose un peu.

Vous avez bien raison, les gars.

Avec le temps qu'il fait,

avec cette chaleur.

Et là, le paysan fait deux mètres sur son vélo.

Et soudain, il se dit,

non de Dieu,

ce sont eux.

Alors il pédale comme un dératé jusqu'à chez lui.

Il appelle les gendarmes.

Je l'ai vu !

Je l'ai vu dans le chemin,

dans le champ.

À l'autre bout du fil,

le gendarmes chipote, figurez-vous.

Vous savez,

on reçoit beaucoup d'appels.

On va voir ça, hein.

On va voir ça.

8 jours après l'évasion,

les gendarmes sont ratatinés.

Faut les comprendre.

Ils viennent d'enquiller des nuits blanches.

Et depuis une semaine,

ils ont reçu des dizaines et des dizaines d'appels.

Mais bon,

ils y vont.

Ils attrapent leur P38,

leurs chargeurs et ils y vont.

À bord de leur juvacate.

Ils arrivent là

où le paysan les a vus faire sa sieste.

Regarde !

Regarde, ils sont là.

Au loin, ils voient Décert et Merlin

percher sur un cerisier

en train de se goindre frais.

Les deux autres ont entendu la voiture,

bien sûr.

Et ils se mettent à descendre de l'arme.

Arrêtez-vous !

Rendez-vous les gars, vous êtes pris !

On n'est pas assez.

Il nous faut du renfort.

Alors l'un des gendarmes repart en voiture

vers la brigade, chercher du renfort.

Pendant ce temps-là,

les autres attendent tapis dans les forêts.

À un moment,

ils voient les épis de bleu qui bougent.

Et puis un homme qui se lève,

il est armé, un coup de feu part.

Il riposte.

Et là arrivent deux voitures de gendarmes,

toutes portières ouvertes,

et une grêle de balle s'abat sur le champ de bleu.

Altofeu !

Là, il lâche un chien

qui se met à courir sans abroyer.

S'il n'est pas agressif,

il est en hors état de nuire.

Allez, venez, on y va !

Les gendarmes avancent dans le champ.

Ils tombent sur un cadavre.

Merlin.

Et un peu plus loin, sur un blessé.

Decaire.

Il a reçu une balle dans la tête.

Huit jours après la révision,

ils les ont eues.

Ils chargent des caires à l'arrière de la Juva 4.

Et le lendemain,

voilà ce que les gens lisent

dans le journal La Nouvelle République.

Tragique épilogue de la chasse

aux évadés de Fonte Vrô.

Merlin a été abattu près de Sainte-Mort

et décaire grèvement blessé

à succomber à l'hôpital.

Une heure plus tard.

Et je vous le dis,

il n'y a pas eu grand monde pour s'émouvoir

que les deux-là,

les deux-là,

les deux-là,

il n'y a pas eu grand monde pour s'émouvoir

que les deux-là,

ont été abattus comme des chiens.

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En 1955, trois détenus très dangereux s’évadent de la prison de Fontevraud. Pendant une semaine, leur cavale fait trembler toute la région du Maine-et-Loire.