Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Les disparus de Fontainebleau

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Une affaire criminelle aujourd'hui, les fiancés de Fontainebleau, Gilles Naudet et Anne-Sophie

Vandame, qui disparaissent en 1988 au cours d'une randonnée dans la forêt de Fontainebleau.

C'est une affaire que je ne vous ai pas raconté jusqu'ici, parce que c'est une affaire non

résolue.

Et même plus que ça, c'est une affaire frappée par la prescription, c'est-à-dire qu'elle

demeurera non résolue pour l'éternité.

Et pourtant, il y a eu une enquête très longue, il y a eu des pistes tout avortées,

il y a même eu un procès qui s'est achevé par un acquittement au bénéfice du doute.

Voici cette histoire que j'ai écrite avec Thomas Houdoir, réalisation Céline Lebrasse.

Le matin du 31 octobre 1988, Anne-Sophie Vandame et Gilles Naudet décident d'aller

faire une balade en forêt.

C'est le week-end de la Toussaint, il fait beau, ils sont venus passer quelques jours

chez les parents de Gilles à Bois-le-Roi, en Sénémar.

Ils sont à quoi ? 10 km de la forêt de Fontainebleau.

Il se prépare un pique-nique.

D'année ? Dundee, viens mon chien, viens, viens, on va promener, allez hop, en voiture.

Les parents de Gilles les voient partir en direction de Fontainebleau, dans leurs 304 blanches.

Ils ne les reverront jamais plus, jamais.

Quand la nuit tombe, vers 18h, les parents commencent à s'inquiéter.

Mais qu'est-ce qu'ils font enfin ? Je comprends pas.

Ils ont à dîner ce soir chez des copains, c'est pas normal.

Ils ont peut-être décidé d'y aller directement.

Tu te fais toujours du souci pour rien.

Mais enfin, il faut qu'ils se changent.

Il faut qu'ils prennent une douche.

Non, je m'inquiète.

En général, si ils ont du retard, ils préviennent.

19h toujours rien.

A 20h, Gustave, le père de Gilles, se met à appeler les hôpitaux du coin.

Allô ?

Oui, bonsoir, voilà ma belle-fille et mon fils sont partis en forêt ce matin.

Ils sont pas rentrés, on est un peu inquiets.

Quel est leur nom ?

Gilles Naudet et Anne-Sophie Van Damme.

Ils conduisaient une 304 de Peugeot Blanche.

Non ?

Bon.

Bien jouir, merci.

À la même heure, débute le dîner chez leurs amis.

Au début, ils ne s'inquiètent pas, mais le temps passe.

21h, 22h, et eux aussi commencent à angoisser.

Le lendemain, 1er novembre, la soeur de Gilles décide d'aller sur place.

Je sais d'où ils partent en général, ils partent du parking de la feuillardière, tu sais ?

Et puis après, ils prennent le GR11 dans le massif des trois pignons, tu vois ?

Je vais aller voir.

T'as pas un double des clés de la 304 ?

Filmez-moi, on sait jamais.

Sur le parking, la soeur tombe sur la 304 fermée.

Elle l'ouvre.

Rien d'anormal.

Donc, ce n'est pas un accident de voiture.

S'il leur est arrivé quelque chose, c'est dans la forêt.

Ils ont peut-être glissé dans une crevasse,

ou alors ils sont tombés dans un marécage.

À moins qu'il se soit perdu, on peut se perdre en forêt de Fontainebleau.

Même si Gilles connaissait bien le coin.

Quoi qu'il en soit, il faut prévenir les gendarmes.

Cette disparition est très inquiétante.

Les gendarmes laissent passer un peu de temps, 24h.

Et puis le 2 novembre,

2 jours après la disparition de Gilles et Anne-Sophie,

ils décident d'organiser une grande battue à partir du parking.

200 hommes sont mobilisés.

Ils remontent le GR 11.

Ils ratissent le massif des 3 pignons.

Ils ne trouvent aucune trace du couple.

Pas un vêtement, pas un objet personnel.

Rien.

Et pas de traces non plus, de leur berger des pyrénées.

Dondé.

Et là, ça devient vraiment très inquiétant.

Ils font une 2e battue le 4 novembre,

qui mobilise celle-là 700 hommes.

Autrement dit, des moyens considérables.

Titanaises quand même.

Messieurs,

vous allez quadriller le terrain avec méthode

selon le plan qui vous a été distribué.

Je vous demande d'être très vigilants.

Vous êtes très vigilants.

Vous êtes très vigilants.

Vous êtes très vigilants.

Vous êtes très vigilants.

Vous êtes très vigilants.

Nous recherchons des indices même minuscules.

Ils partent du parking.

Des gendarmes à pied.

D'autres à moto.

D'autres même à cheval.

On a fait venir le régiment de cavalerie

de la garde républicaine.

Rendez-vous compte.

Comme il y a 2 jours,

ils partent du parking de la feuillardière.

Ils s'enfoncent dans le massif des 3 pignons.

Ils ratissent une zone de 30 km2.

Ils fouillent aussi les abords de la maison

des parents de Gilles, les nodés.

Chou blanc.

Chou blanc sur toute la ligne.

C'est ce jour-là que, dans les journaux,

Anne-Sophie Vanda et Gilles Nodé

deviennent les fiancées de Fontainebleau.

Et le temps passe.

2 jours, 3 jours, 4, 5, 6 jours.

À un moment, bien sûr,

on se demande s'ils n'ont pas pu s'enfuir

tous les deux en amoureux.

Ça arrive.

La fougue, la passion,

ça peut faire perdre la tête.

Mais là, Anne-Sophie est assistant social à Créteil.

Elle travaille pour l'Office départemental à Chelem.

Et Gilles est employé de banque

au crédit mutuel de Créteil.

On a affaire à un couple bien intégré.

Stable.

Il projetait de se marier.

Alors non.

Non, ils ne sont pas partis jouer les amoureux fous

à l'autre bout du monde.

Non.

Et puis pourquoi serait-il parti

sans leur voiture et sans leur papier d'identité

avec pour seul viatique leur sac à dos de pique-nique ?

Non.

Non, décidément,

l'hypothèse d'une fougue ne tient pas.

Et celle d'une histoire de famille,

un règlement de compte familial.

Les gendarmes s'intéressent

aux Naudés et aux Vendames.

Et non.

Le Père Naudé Gustave est un garagiste à la retraite.

Le Père Vendame René est mère d'hiver droite

de la commune de voisins le bretonneux

dans les Yvelines.

Il n'y a pas de cadavres dans le placard.

Il n'y a pas de conflit entre les deux familles.

Il n'y a pas de rancœur cuite et recuite

dans aucune des deux familles.

Ce sont des gens normaux.

Normaux.

Et maintenant,

il faut que je vous présente un personnage

qui va beaucoup compter dans cette histoire.

C'est un journaliste.

Christian Porte,

qui travaille pour le journal local,

le républicain.

Il a suivi les deux battus.

Cette enquête l'intéresse.

Et il a une idée.

Car savez-vous qu'il habite

à quelques centaines de mètres

de la maison des parents Naudés,

à Bois-le-Roi.

Le président égyptien, figurez-vous.

Hosni Mubarak.

Il possède là une résidence secondaire.

Lui, honnêtement,

il n'est pas là souvent.

Mais son fils, Allah,

il passe pas mal de temps.

Et Christian Porte s'est aperçu,

en comparant des photos,

que le fils Mubarak

ressemble à Gilles Naudés.

Je dirais pas que ce sont

des sosies parfaits,

mais c'est vrai qu'il se ressemble.

Et là, vous voyez

où il veut en venir.

Quelqu'un a voulu s'en prendre,

Allah Mubarak,

et il s'est trompé.

C'est une piste

qui ne tient pas bien longtemps

parce que les gendarmes se renseignent.

Allah Mubarak

n'était pas à Bois-le-Roi

ce week-end-là.

Alors, à moins d'avoir affaire

ces terroristes amateurs

qui n'auraient pas pris la peine

de vérifier que leur cible

était sur place ce jour-là,

ça ne tient pas.

La piste égyptienne se referme.

Reste la piste

de l'accident de chasse.

Et oui, le 31 octobre,

veille de la Toussaint,

c'était l'ouverture de la chasse.

Alors est-ce que nos deux amoureux

n'ont pas été victimes

d'une balle perdue ?

Un accident, quoi !

Des chasseurs qui les tue par hasard

et qui font disparaître les corps

pour ne pas avoir d'ennuie.

Les gendarmes établissent que ce jour-là,

il y avait 55 chasseurs

dans le secteur.

Ils leur rendent visite,

un par un.

Et comme ils pouvaient s'y attendre,

ils ne tombent pas sur de grands bavards.

Les chasseurs n'aiment pas

qu'on les soupçonne

de tirer à tort et à travers.

Donc les gendarmes,

ils vont avec des pincettes.

Bien sûr,

on sait que vous êtes quelqu'un de sérieux.

Si on vous interroge,

c'est pas qu'on vous soupçonne.

On se dit simplement

que vous auriez pu voir quelque chose

d'anormal.

Remarquez un intrus.

Vous êtes peut-être témoin, malgré vous.

Un intrus ?

Vous voulez dire un braconnier,

peut-être.

Les braconniers,

nous, on les connaît pas, ces gens-là.

Nous, on fait tout dans les règles.

Ils n'ont dit rien.

Rien.

Ils n'ont rien vu.

Rien entendu.

Rien remarqué.

Sauf que le journaliste Christian Porte

fait une rencontre forte intéressante.

Un garde forestier du coin.

Oh ben ce jour-là,

oh ben ça a tiré dans tous les coins.

N'hésitez voir vous-même.

J'ai même reçu une balle

dans la porte arrière de ma voiture.

Vous êtes journaliste, allez-y.

Faites la photo de l'impact.

Montrez-la dans le journal.

Clique la codec.

Christian Porte fait la photo.

La preuve que ce jour-là

il y a bien eu des balles perdues.

Alors si ça ne sont pas les chasseurs,

est-ce que ça ne serait pas les braconniers ?

Les chasseurs n'ont pas totalement menti.

Il y a pas mal de braconniers dans le coin

qui barbotent du gibier

pour le revendre au resto.

En général, ils opèrent la nuit.

Et donc plusieurs nuits de suite,

jusqu'à environ la mi-décembre,

les gendarmes planquent dans la forêt.

Ils cherchent à pincer les braconniers.

Et pourquoi pas l'assassin ?

Mais ça ne donne rien.

Une fois de plus.

L'enquête est au point mort.

Les fêtes de fin d'année arrivent.

Ça fait deux mois que Gilles et Anne-Sophie

ont disparu.

Et puis le 10 janvier 1989,

au matin,

des chasseurs sont attirés par leurs chiens

vers un tas de branchages.

Au lieu d'ils à marre aux gens.

Ils s'approchent.

Et ils voient une main qui dépasse.

Ils pensent tout de suite qu'ils peuvent agir

des fiancés de Fontainebleau, alors ils ne touchent rien.

Et ils vont prévenir les gendarmes.

C'est près d'une zone marécageuse

du massif des trois pignons de la forêt de Fontainebleau.

Qu'en début d'après-midi, des gardes forestiers

ont retrouvé des corps dissimulés sous des branchages.

Trois cadavres,

ceux d'une femme, d'un homme et d'un chien

en état de décomposition avancée.

Difficile alors de ne pas faire le rapprochement

de cette macabre découverte.

Il y a deux mois et demi maintenant

de Gilles Naudet et Anne Vendarmes

dans ce même secteur.

Quand les gendarmes arrivent sur place,

la nuit est en train de tomber.

On est au mois de janvier.

La mare est gelée.

Bon les gars,

on ne fait rien ce soir.

La scientifique viendra demain matin.

D'ici là vous, me protéger l'endroit.

Personne n'approche.

Et le lendemain matin,

les experts de la gendarmerie se mettent au travail.

Délicatement, ils retirent une à une

chaque branche et chaque feuille

qui recouvre le corps.

Et première constatation,

les bruyères, les fougères, les branchages

sur le corps sont frais.

Donc les cadavres ne sont pas là depuis longtemps.

Les fougères sont encore vertes

et les bruyères à peine fanées.

On les a mis là récemment.

Huit jours maximum.

Une fois les végétaux enlevés, voyons les cadavres.

Il s'agit bien

des corps des deux fiancés.

Ils ont sur eux les vêtements qu'ils portaient

le jour de leur disparition.

Notez que les vêtements d'Anne Sophie

sont descendus et que ceux de Gilles

au contraire sont remontés.

C'est le signe qu'ils ont été

traînés là avant d'être empilés.

Autre chose.

Les corps ne sont pas colonisés

par les insectes ni dévorés

par les charoniards.

Ils sont défiers, mais intactes.

Donc, confirmations qu'ils ne sont pas là

depuis longtemps. On les a stockés ailleurs

pendant plus de deux mois

et on les a mis là récemment.

Ce qui rassure un peu les gendarmes

parce que je vous rappelle qu'ils ont mené

dans le coin deux battus

et que les cadavres n'étaient pas là

au moment des battus. On les a mis là

bien après.

Alors de quoi sont-ils morts ?

Le médecin légiste révèle

que les cadavres sont criblés de balles.

Cinq balles

dans le corps de Gilles.

Trois dans le corps d'Anne Sophie

et deux dans celui de Dundee

le chien.

Et ça ne sont pas des balles perdues

parce que d'après le légiste, elles ont été

tirées à moins d'un mètre.

Ils ont été exécutés

à bout portant.

Et d'après les ballisticiens,

il y a plusieurs angles d'entrée des balles.

Donc il y aurait plusieurs tueurs, au moins deux

qui ont tiré sans doute simultanément

de deux endroits

différents.

Ah le calibre ! Le calibre des balles

c'est du 22 long rifles

de marque unique, model X-51

Bisse.

C'est précis hein !

Et ça, ma foi, ça n'est pas une arme de chasseur.

Ça serait plutôt une arme

utilisée par des braconniers.

Dernière chose

se rend rocher près du corps.

Il y a des traces de peinture verte.

Regarde là.

On dirait qu'une voiture est accrochée.

Tu comprends pas ?

Il y a aussi des traces de pneus.

Une marque en général montée sur des

4x4 très répandue chez les chasseurs.

Je résume

les corps ont passé deux mois ailleurs

hors de la forêt.

Mais où ? Ils ont été emmenés

là récemment, huit jours maxi, en 4x4.

Peut-être par des chasseurs

ou des braconniers.

Mais alors pourquoi ?

Pourquoi des chasseurs ou des braconniers

auraient-ils tué à bout portant

deux jeunes gens ?

Et là,

je suis au regret de vous annoncer

qu'il va nous falloir faire un bond dans le temps.

Phénoménal.

Plus de 10 ans.

Pendant 10 ans, vous entendez ?

Rien de neuf.

Pas le début d'une enquête.

Les parents, pensées ou parents,

leurs enfants étaient assassinés,

ont été exécutés même.

Et on n'a aucune explication

à leur proposer.

Des supputations, oui. Ah, les chasseurs,

ah, les braconniers.

Mais en réalité, aucune preuve.

Aucun indice.

Et ça dure comme ça jusqu'au 27 janvier

1999.

Ce jour-là,

à Colombier Fontaine,

dans le doux, très loin donc

de la forêt de Fontainebleau,

une vieille dame va voir les gendarmes.

Bonjour.

Voilà.

J'ai entendu une dame de ma connaissance

parler de son petit-fils.

Et il aurait dit qu'il était

responsable du meurtre de Fontainebleau.

Vous voulez dire qu'il a revendiqué le meurtre ?

Bah, en tout cas,

c'est ce que j'ai entendu lire.

Vous avez le nom de ce jeune homme ?

Oui. Oui, il s'appelle Cédric.

Le temps que l'information remonte

aux gendarmes de Sénémarne.

Et là, ça fait ding ding.

Parce que ce Cédric,

non de Dieu, figure déjà dans le dossier.

C'est un braconnier.

Il était sur place le jour

de la disparition.

Et entre nous,

il a le profil.

C'est un zin-zin des armes

qui va régulièrement jouer à la guerre du Vietnam

en forêt de Fontainebleau.

Il porte 24-24 un trahi militaire.

Il est solitaire.

Et il a fait un stage dans une armurrie.

Et donc,

il se serait vanté d'avoir

tué les fiancés.

Cédric a interpellé chez lui,

en région parisienne,

le 11 février 1999.

Il a 27 ans.

Il en avait donc 17 au moment

des meurtres.

On fouille son domicile.

Et sur quoi est-ce qu'on tombe ?

C'est un arsenal de carabines et de révolution.

Une fin de longrifle

de modèles uniques.

Modèles 51 bis.

C'est l'arme des meurtres.

S'il avoue,

il est cuit.

Au début,

il dit qu'il n'était pas à Fontainebleau

le jour des meurtres.

Et puis après quelques heures de garde à vue,

il reconnaît que peut-être un jour,

il ne sait plus quand.

On était sur le plateau.

J'ai vu une ombre.

J'ai tiré deux cartouches avec ma 22.

C'est possible que cette ombre,

c'était une personne.

Quelques heures plus tard,

deuxième version.

En plus de son ami Marcel,

Cédric implique son père.

On était tous les trois en poste avec mon père.

Dans la ravine du plateau de Coquibus.

Oui, Coquibus.

On a entendu un bruit dans les feuillages.

Et Marcène nous a dit de tirer.

À ce moment-là, mon père et moi,

on a fait feu.

Moi, je dirais, j'ai tiré à quatre prises.

Et mon père,

deux, trois fois.

Et après,

on s'est aperçu que c'était un homme.

Et dans une troisième version,

Cédric dit qu'il n'était qu'avec

son père.

Ajouter à cela qu'il donne des détails assez troublants.

Il décrit notamment,

l'écrit poussé par les victimes.

Il n'a pas de passe.

Et les vêtements qu'il portait.

Et ça, c'est plus troublant,

parce que ces détails ne sont jamais parus dans la presse.

Il n'a pas pu les inventer.

Alors, est-ce que la carabine vaine de l'enrifle

qu'on a retrouvé chez lui

est l'arme du crime ?

En théorie, c'est facile à dire.

Toutes les armes laissent une trace caractéristique

sur les balles. Toutes.

Sauf que là, ben...

Cédric a modifié le canon

et il a passé la culasse à la Lime

et à la Toilémerie. Donc,

pas de preuve matérielle.

Il faudra se contenter de ses aveux.

Sauf que ses aveux.

Ils reviennent dessus devant la juge d'instruction.

J'ai avoué sous la pression des chandarmes.

Ils m'ont insulté.

Ils m'ont giflé.

Ils m'ont même écrasé le pied pour que je parle.

C'est pas moi.

Classique.

Classique.

Mais est-ce qu'il faut le croire dans cette reculade ?

Il a quand même donné beaucoup de détails.

Et donc, la juge le met en examen

pour homicide volontaire

et l'envoi au Niouf, 10 ans après.

De même d'ailleurs que son père

et son ami Marcel, pas pour longtemps

pour ce qui est des deux derniers.

Ils ont un alibi. Ils sont

relâchés.

Cédric est présenté à des experts psychiatres.

Ils établissent que c'est un rebelle

qui se prend pour rambeau

qui est fasciné par les armes.

Ils diagnostiquent des troubles du comportement

mais rien qui puisse lui éviter

un procès.

Il y aura donc un procès.

Le procès de Cédric s'ouvra

à Évry en novembre 2001

devant la cour d'assise des mineurs

puisqu'il avait 17 ans au moment des faits

et c'est d'ailleurs aussi pour ça

que je n'ai pas le droit de vous donner son nom.

Cédric est mutique, prostrait.

Ces avocats plaides

qu'on lui a extorqué ses aveux

et en face, on dit que ces aveux

sont trop complets pour avoir été

inventés.

Et donc on fait venir à la barre

les gendarmes qui ont recueilli

les aveux. Et c'est un moment

je dois vous le dire très dérangeant

parce qu'ils se mettent à transpirer comme des beaux.

Est-ce que je pourrais avoir un verre d'eau ?

L'un des gendarmes

freule même l'évanouissement.

Il réclame une chaise.

Et allez voir, je vous le dis franchement

on se dit qu'il est possible qu'ils aient un peu

secoué le jeune Cédric

pour obtenir des aveux.

Dans la foulée Cédric lui-même raconte

que ce sont eux qui lui ont soufflé

le nom du lieudit

où il dit avoir tiré sur une ombre.

Ils m'ont fait une charade

le plateau de Coquibus.

Ils m'ont fait deviner Coque.

Puis qui ?

Puis Bus ?

C'est eux qui m'ont soufflé le nom.

Les jurés sortent de cette séquence

avec un gros doute.

Alors à la fin,

l'avocate général a beau réclamer

30 ans de réclusion criminelle.

C'est le doute qui l'emporte.

Et d'ailleurs c'est la règle en principe à la cour d'assises.

Le doute doit profiter à l'accuser.

Et Cédric est acquitté.

Les parents de Gilles et Dan Sophie évidemment

sont catastrophés.

Ils accepteraient peut-être le verdict

si en échange de l'acquittement de Cédric

on leur proposait un autre coupable.

Mais malheureusement,

on ne va pas trouver d'autres coupables.

Enfin la justice n'en trouvera pas.

Le journaliste Christian Porte

lui va trouver des suspects.

Mais trop tard.

Et alors est-ce que l'enquête reprend

après ce fiasco judiciaire ?

Eh bien non.

Parce qu'il n'y a pas d'autres pistes.

Et donc à un moment,

il n'y a pas d'autres pistes.

On classe.

On range le dossier sur une étagère.

Tant pis.

Ce sera un crime sans coupable.

Ça arrive.

Sauf que le journaliste Christian Porte lui

ne veut pas lâcher l'affaire.

Vous vous souvenez que les corps

ne sont pas restés dans la forêt

pendant deux mois et demi.

On en est sûr.

Ils ont été stockés quelque part

pendant deux mois.

Où ?

Eh bien Christian Porte a une idée.

Il y a des maisons dans la forêt.

Des maisons forestières.

L'Undel, la maison nommée La Vendée,

était occupée à l'époque du drame

par un agent de l'office national

des forêts.

Eh bien quelques semaines après

la disparition des deux fiancés,

il a obtenu sa mutation

dans le sud de la France.

À Montpellier.

Louche.

Et puis son chef de service.

C'est suicidé cinq ans plus tard.

Est-ce qu'il était au courant ?

Est-ce qu'il savait quelque chose ?

Le journaliste va en parler au gendarme

qui se rencarde sur le cas de cet homme.

On leur dit que le type était dépressif

que son suicide n'a rien à voir.

Ok.

Et puis voilà.

Le temps passe.

Il n'y a plus d'enquête,

puisque le dossier est classé.

Et en 2011, arrive la prescription.

C'est terrible pour les parents.

Ça veut dire qu'à partir de maintenant.

Même si on trouve un suspect,

ça ne sert plus à rien.

Il ne pourra plus y avoir de procès.

C'est fini.

Fini.

Et pourtant, il y en a toujours un

qui ne lâche pas l'affaire.

Christian Porte.

C'est l'enquête de sa vie.

Il a écrit deux livres sur le sujet.

Et après la publication du dernier,

les vérités interdites d'un fiasco judiciaire,

il reçoit deux appels.

Deux appels qui désignent tous les deux incoupables.

Avec un bémol, les deux témoins tardifs

veulent rester anonymes

par peur de représailles.

Cela dit,

même s'ils acceptaient de balancer

le nom d'un nouveau suspect,

qu'est-ce que ça changerait ?

Les faits sont prescrits.

Prescrits.

Sans justice.

Il ne pourra pas y avoir de vérité.

Et donc, il n'y aura jamais

de vérité

dans cette affaire.

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Toussaint 1988, dans la forêt de Fontainebleau en Seine-et-Marne, Gilles Naudet et Anne-Sophie Vandamme disparaissent au cours d’une randonnée. Leurs corps sont retrouvés criblés de balles et cachés sous des branchages.