Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Le tueur qui allait à la messe

Europe 1 Europe 1 10/17/23 - 31m - PDF Transcript

Elle s'appelait Marilyn Russet et Elisabeth Griffin et elles ont été assassinées toutes

les deux à la fin des années 90 en Normandie.

Par un homme qui, si on ne l'avait pas arrêté, était bien parti pour devenir un tueur enseigné.

C'est une histoire très rude que je vais vous raconter très douloureuse.

La réalisation est signée cellin le Bras.

Cette histoire commence en avril 1996 par la disparition d'une adolescente qui s'appelle

Marilyn, Marilyn Russet. Elle a 17 ans et l'habitant Normandie dans la région de Rouen.

C'est une petite brune avec un visage poupin très rigolard et très rigolote et comme beaucoup

d'adodes sont âges, elle fait régulièrement la scie à ses parents pour qu'ils la laissent

sortir.

Il y avait une fête samedi soir, toutes les copines y sont, elle est pas moi, je suis

la seule, vous êtes nul, vous vous fichiez complètement de moi.

On ne se fiche pas de toi Marilyn, on veut juste protéger, donc c'est non, il n'y

revient pas.

Il est un peu dur, le père, non, il manque de souplesse, il n'est pas moderne, enfin

du 7 ans il aurait peut-être dû lâcher un peu l'abri, d'autant qu'elle a un petit

copain, c'est pour ça qu'elle veut sortir.

Malheureusement, je vous le dis tout de suite, cette histoire va donner raison au papa, pardon

pour les adolescents revendicatifs, car un jour d'avril 1996 donc, Marilyn disparaît.

Au début, ses parents se disent, elle a fait une fûgue, on l'empêche de sortir comme

ses copines donc elle a fait une fûgue, et puis un jour, c'est cool, deux, trois, le

quatrième jour, les parents très inquiets vont voir les gendarmes, on comprend pas

ce qui s'est passé.

Dundi dernier, elle est allée déjeuner chez sa soeur, Nadine, elle a freiné, c'est pas

loin de son lycée, elles ont mangé ensemble toutes les deux, et d'après ce que m'a dit

Nadine, ça allait bien quoi, bon c'est vrai, elle était un peu fâchée contre nous parce

qu'on ne voulait pas la laisser sortir, mais Nadine m'a dit qu'elle lui avait remonté

le moral, et que quand elle est partie au travail, elle avait le sourire, et depuis,

bah, on n'a aucune nouvelle quoi, mais elle a laissé un petit mot sur la table chez

Nadine, vous l'avez ce petit mot, vous pouvez me le donner, merci, je pars, ne vous

occupez pas de moi, on se reverra bientôt, mais pas avant mardi, marilène, étrange

petit mot qui pour le coup confirme la thèse de la fûgue, d'autant que selon la soeur

et le beau frère, elle a volé 200 francs, 30 euros, dans leurs petites cagnottes familiales,

du coup tout le monde attend mardi, mais mardi, elle ne rentre pas, dans la foulée, les parents

placardent des affichettes dans tout le canton, avec la photo de marilène et leur numéro

de téléphone, et ils appellent les copains et les copines pour savoir si elles ne se

planquent pas chez eux.

Non monsieur, non, je vous le jure, j'ai aucune nouvelle.

Des gens appellent comme d'habitude, ils l'ont vu dans toute la France, mais vous

le savez bien, ce genre de témoin ne valent rien, en vérité, personne ne l'a vu, et

donc le beau frère Jean Yves convainc les parents d'aller à la télé, il y a une

émission sur téléphone, perdu de vue de Jacques Pradel, vous connaissez, il faut que vous

y participez, ils sont timides les parents, mais le père accepte, et ça ne donne rien,

et le temps passe.

Ça fait maintenant trois semaines que marilène a disparu, les parents réclament à juste

titre l'ouverture d'une enquête, et les gendarmes commencent par saisir un expert

en écriture, ils lui demandent de comparer le mot laissé par marilène à d'autres

écrits qu'elle a pu faire.

Strictement aucun doute pour moi, c'est elle qui a écrit ce mot, donc elle n'a pas

été enlevée, elle n'a pas été violée, elle n'a pas été tuée, c'est juste une

fœugue, ouf !

Mais les gendarmes qui ne sont sûrs de rien, décident de faire ce qu'on appelle l'entourage,

ils interrogent ses amis, sa sœur, et bien sûr son beau frère qui a découvert le mot

sur la table de la cuisine, au passage quel drôle de bonhomme celui-là, bavard comme

une pire, à l'aise, souriant, agaçant en vérité.

Je voulais vous dire, je vous trouve très jolie mademoiselle, enfin je veux dire pour

une gendarme, ça alors il fait du gringue à la gendarmète en plein interrogatoire,

on rêve, et le temps passe encore, un mois, deux mois, trois mois, huit mois, aucune nouvelle.

On est maintenant en descendant, et comme on n'a pas retrouvé Marinelle, et qu'a priori

elle a fait une fœugue, et que donc elle est sans doute vivante, et bien maintenant

elle a 18 ans, et donc elle est majeure, et ça change tout, quand une mineure disparaît,

on mène toujours une enquête, en revanche quand c'est une majeure, c'est plus la

même histoire, une majeure a le droit de disparaître, sauf si bien sûr on a des

éléments qui laissent penser qu'elle est en danger, mais là ça n'est pas le cas,

puisque c'est une fœugue, et donc le procureur décide de classer l'enquête, mettez-vous

à la place des parents, c'est terrible, leur fille a disparu, et on leur dit, circuler,

il n'y a rien à voir.

6 mois plus tard, en juin 1997, dans le même coin de Normandie, une autre jeune fille disparaît,

une étudiante en chimie de Rouen, Elizabeth Griffin, 23 ans, et là, ça n'est pas une fœugue,

enfin elle disparaît alors qu'elle attendait ses résultats de partiel, c'est une fille

très sérieuse, c'est pas possible. Là-dessus, les gendarmes découvrent qu'Elisabeth était parfois

mélancolique, dépressive, avec de bonnes raisons, sa maman s'est suicidée alors qu'elle avait neuf ans,

en se jetant d'une falaise à Etreta. Qu'est-ce que vous en pensez, et si la gamine était allée

se foutre en l'air à Etreta, elle aussi ? Les gendarmes fouillent le bas des falaises, à rien.

Entre-temps, ils ont demandé la fadette d'Elisabeth, c'est-à-dire le relever détaillé de son téléphone,

et ils s'aperçoivent que le matin de sa disparition, un peu avant 8h,

elle a reçu un appel sur son fixe, il n'y a pas de portable à l'époque.

Cet appel provient d'une cabine téléphonique de la remuer à 70 km de Rouen,

mais pas de peau, le correspondant a utilisé une télécarte et pas sa carte bancaire,

il est donc impossible à identifier.

Les gendarmes en tandoci bien sûr, son petit copain, Thomas, qui le lendemain de la

disparition de sa chérie, a pris étrangement un train pour aller jouer les moniteurs de

colonie de vacances en espagne. Pas plus inquiet que ça. Ah bah du coup,

il passe quelques heures en gardeur, vu normal, et puis on le relâche,

parce que le matin de la disparition d'Elisabeth, il avait un alibi en béton.

Quelques jours après la disparition d'Elisabeth, on retrouve sa voiture dans une ville voisine,

elle est ouverte, et sur le siège, il y a son sac à main avec ses papiers, sa carte de crédit,

et d'après les parents, il ne manque rien. Très étrange. Et dans ce sac,

il y a aussi un petit mot. Fred, 10h, le 24. Or, c'est précisément le 24 juin qu'Elisabeth a disparu.

Alors Fred, qui est-ce ? On cherche dans l'entourage, et on trouve une frédéric,

eux, qui est une amie de Thomas, le petit copain. Alors on se dit qu'il y avait peut-être une

rivalité entre les deux filles. Mais non, la piste est vite abandonnée. Alors les gendarmes confient

le petit mot à un expert en écriture. Ça n'est pas du tout son écriture. Pas du tout. Donc,

quelqu'un aurait glissé ce petit bout de papier dans son sac pour mettre les gendarmes sur une

fausse piste. C'est possible, hein ? Mais ça n'est pas certain. Dans la voiture, dans le sac d'Elisabeth,

les gendarmes trouvent aussi son agenda. Et en le feuilletant, ils s'aperçoivent qu'un nom revient

souvent. Jean-Yves Morel, t'as vu ? Elle l'a vu plusieurs fois. Là, là, là, là. Bon ben, il va falloir

vérifier qui est ce type. Sauf qu'entre temps, une jeune gendarmes va leur donner un petit coup de

pouce. Elle ne travaille pas du tout sur cette enquête. Mais elle a travaillé l'année dernière sur

la disparition de Marie-Laine Roussée. Et elle s'en souvient bien, hein ? C'était sa première enquête

de jeune gendarmes. Quand elle apprend la disparition d'Elisabeth Griffin, quelque chose lui saute aux

yeux. Elle se ressemble, ces deux gamines, tu trouves pas ? Ah oui, oui. Elles se ressemblent. On dirait

presque deux photos de la même fille. Alors, comme elle a un peu de temps, elle va fouiner dans le

dossier d'enquête qui concerne Elisabeth Griffin. Et là, elle voit apparaître le nom de Jean-Yves

Morel. Et forcément, ça lui rappelle quelque chose. C'est le beau frère de Marie-Laine Roussée. Souvenez-vous,

celui qui a découvert le petit mot sur la table, celui qui lui a fait du gringue sans vergogne

pendant son interrogatoire. Alors du coup, ça l'intrigue. Elle fait des recherches. Et là,

elle s'aperçoit qu'Elisabeth Griffin était étudiante en chimie et qu'elle a fait un stage chez

Bayer, un laboratoire pharmaceutique où travaille Jean-Yves Morel. Alors, elle alerte ses collègues

de la brigade de recherche de Rouen en charge de l'affaire Griffin. Il faut absolument vous

intéresser à ce type. Morel, Jean-Yves. Il apparaît dans une autre affaire de disparition. Il y a plus d'un an.

Jean-Yves Morel est immédiatement placé en garde à vue. M. Morel, est-ce que vous connaissiez

Elisabeth Griffin ? Oui, oui. Elle est venue en stage chez nous. Une fille intelligente, douée, rigolote.

Oui, vraiment. Et vous l'avez revu après son stage ? Oui, oui. C'était une relation amicale.

Elle voulait refaire un stage chez Bayer. C'est pour ça qu'elle m'appelait. Mais je vous jure,

il ne s'est jamais repossé entre nous. Bon, ses explications tiennent debout. Et c'est peut-être

le hasard qu'il le fait apparaître dans les deux dossiers. Et comme par ailleurs, c'est un bon père

de famille, qu'il va à la messe, qu'il s'intéresse à la mécanique, à la planche à voile et au tennis,

ah bah il n'a pas le profil. Et donc il est relâché. Ce qui ne veut pas dire que les gendarmes ne lui

gardent pas un chien de leur chienne. Ils le tiennent à l'œil. Là-dessus, en reprenant leurs dossiers,

les gendarmes s'intéressent à un détail qui les intrigue depuis le début. La voiture d'Elisabeth,

le compteur kilométrique affiche 57 kilomètres. Et les parents racontent qu'elle le remettait tous

les jours à zéro pour surveiller sa consommation d'essence. C'est donc qu'elle a parcouru 57

kilomètres le jour de cette disparition. Alors ils font le parcours entre le domicile d'Elisabeth

et celui de Jean-Yves Morel. 54 kilomètres. Exactement. Donc le compte n'y est pas. Il n'y est pas.

Sauf si on ajoute le trajet entre le domicile de Morel et la cité où on a retrouvé la voiture.

Trois kilomètres tout rond. Donc 54 plus 3, égal à 57 kilomètres.

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prenez les transports en commun. Retour de Jean-Yves Morel en garde à vue et perquisition de sa maison.

Et la première surprise, les gendarmes tombent sur une quantité impressionnante de photos de

Marie-Laine, sa belle-sœur. Enfin, vous en connaissez beaucoup ? Vous des beaux frères qui

collectionnent des photos de leur belle-sœur ? Ils poursuivent la fouille, ils ouvrent un tiroir,

et là, ho ho ho, des centaines de revues porno. Et près de 140 cassettes VHS de parties de

jambes en l'air. Il va peut-être à la messe, hein Jean-Yves Morel, mais il a une bite à la place

du cerveau. Et ça, on ne le savait pas. Et parmi ces cassettes, il y en a une qui n'a pas de jaquette,

qui n'a pas d'étiquette, une qui semble venir tout droit d'un caméscope. Alors les gendarmes

la visionnent. Au début c'est un film de famille banale, un déjeuner dans le jardin pour l'anniversaire

de Nadine, la sœur de Marie-Laine et la femme de Jean-Yves. Et puis d'un coup, changement de décor. On

n'est plus dans le jardin, on est dans une chambre. Et on voit Marie-Laine en train de se changer. Et on

voit bien qu'elle ne sait pas qu'elle est filmée. Gros plan sur sa taille, gros plan sur son visage. Et

au moment où Marie-Laine quitte sa chambre, le film s'interrompt brutalement. Il laisse pionner le

vis-là. C'est un matheur. C'est un coup de fil anonyme qui va tout débloquer. Un homme qui appelle

les gendarmes et qui se présente comme un voisin d'où Jean-Yves Morel. Alors, voilà, je voulais vous

dire qu'à une époque, Morel, il avait toujours une pionche à la main dans son jardin. Et pourtant,

on ne voyait pas planter grand chose. Et puis, je voulais vous dire aussi, il a bétonné sa terrasse.

Et c'était quand, tout ça, monsieur ? Oh, ben ça, sa date de juin dernier. Oui, oui, c'est ça.

Morel, aurait-il enterré les cadavres dans son jardin ?

Un fournisseur confirme qu'en juin 1997, Jean-Yves Morel a acheté une énorme quantité de béton,

bien plus qu'il ne lui en fallait pour bétonner ses 15 mètres carrés de terrasse.

Le 28 avril 1998, à 7h du matin, les gendarmes viennent frapper à la porte de Morel qui leur

ouvrent tout sourire. Ah, bonjour, monsieur. Entrez donc, je vous en prie. Il ne va pas sourire longtemps.

Une vingtaine de gendarmes encercle le pavillon. Et pour être certain de travailler à l'abri des

regards et surtout des caméras, il dressent une bâche devant la maison. Et là, ils ne se

mettent pas à creuser tout de suite. Il sort un appareil ultra-moderne, un radar géologique

capable de sonder le sous-sol. Et Jean-Yves Morel, lui, il est là dans un coin. Il n'a pas l'air du tout

inquiet. Dans le jardin, sous la terrasse, ça ne donne rien. Mais dans le garage dont le sol est

en terre battue, le radar détecte une anomalie. Bon, ok, on creuse. Les gendarmes se mettent à creuser.

Et à 90 cm de profondeur, apparaît une dalle de béton, épaisse, très épaisse. Et l'autre qui gueule.

Vous perdez votre temps, je vous le dis. Les gendarmes sortent les marteaux piqueurs et ils se mettent

à défoncer la dalle. Mais en dessous, il n'y a que de la terre. De la terre. Alors est-ce que ça vaut la peine de continuer ?

À ce moment-là, Jean-Yves Morel s'écarte un peu. Il entre dans la maison et il décroche le téléphone.

Et discrètement, il appelle sa femme, sans savoir que sa ligne est sur écoute.

Bon chéri, ils sont en train de creuser. On attend de savoir. On attend de savoir quoi,

Jean-Yves. Dis-moi, il y a quelque chose là-dessous ? Non. De toute façon, c'est trop tard, je peux plus rien

de dire. Tu ne peux pas me dire quoi ? Je vais raccrocher. Prends soin de notre fille.

Des gendarmes viennent d'écouter toute cette conversation. Ils appellent tout de suite leurs

collègues sur place. Bon, continuez à creuser. Il y a quelque chose là-dessous, c'est certain.

Et donc, on se met à creuser la terre. Et un peu avant minuit, apparaît un petit morceau de

plastique noir. Un gendarme descend dans le trou. Il perce la bâche d'un coup de pelle. Et là,

une odeur de charogne se répand dans tout le garage. On sort, un pied, un tibia,

et puis une jambe entière, et enfin tout un corps entièrement nus, avec seulement un soutien

gorge. Et ce cadavre porte un petit bijou autour du con. Un dauphin en or. C'était le bijou

fétiche d'Elisabeth Griffin. Il l'a tué. Il l'a tué. Entre-temps, sa femme est arrivée. Elle s'approche

de lui. Mais comment t'as pu faire ça, Jean-Yves ? Comment t'as pu faire ça ? T'es un monstre, Jean-Yves.

T'es un monstre. Un gendarme se tourne alors vers Moral. Le cadavre, Moral. C'est qui ? C'est qui ?

C'est Elisabeth Griffin. Et l'autre, celui de Marillaine, il est où ? Marillaine, j'ai rien à voir

avec sa disparition, rien. J'arrive, Moral, est immédiatement placé en garde à vue, et voilà ce

qu'il raconte. Avec Elisabeth, on était amants. Je dirais même très amoureux. Et puis, un jour,

on s'est disputé, elle m'a sauté dessus, je l'ai repoussée, elle a perdu l'équilibre en tombant

sa tête à retinue, poudre. C'est un accident, quoi. C'est un accident. Et Marillaine, monsieur ? Marillaine,

c'est pas moi, je vous le jure. Les gendarmes le renvoient gembergés dans sa cellule, et quand ils le

font remonter, Moral a manifestement compris qu'il est cuit. Elisabeth voulait lui faire l'amour,

et elle ne voulait pas. Alors je l'ai violée, et je l'ai tuée en lui frappant la tête sur le sol. Et voilà.

Et c'est bien lui qui a écrit le petit mot, Fred, le 24, à 10 heures. Pour lancer les gendarmes

sur une fausse piste, il a écrit de la main gauche, alors qu'il est droitier. Et Marillaine, c'est toi,

dis-le. Je vous l'ai dit, Marillaine, c'est pas moi, j'y suis pour rien. Jean-Yves Moral est mis en

examen pour le meurtre d'Elisabeth Griffin, et il file en prison. Et quelques jours plus tard,

il tente de se suicider. Ça le travaille, ça le travaille. Quelques jours plus tard, Jean-Yves Moral

écrit aux juges. Manifestement, il veut soulager sa conscience. Bon voilà. C'est moi qui ai tué Marillaine.

Elle est dans le jardin. Et c'est pas la peine de retourner le jardin. Je vais vous dire où elle est.

On l'emmène sur place. Là, là, juste à gauche. Vous voyez l'arbre ? Le petit arbre, là, oui.

Bah, elle est dessous. Une petite pêleteuse entre en action, et elle dégage le corps de Marillaine.

Et après, toujours en garde à vue, il raconte, enfin, sa sauce. Marillaine, c'était ma belle-sœur, mais bon, c'était aussi ma maîtresse.

Et... bah, elle voulait arrêter. Et elle m'a menacé de tout dire à sa sœur, à ma femme, quoi.

Elle tombe et monte. On s'est disputé. Elle est tombée. Et là, j'ai martelé sa tête contre le sol, jusqu'à ce qu'elle meurt.

Vous l'avez violée ? Non, non, non. Non, je l'ai pas violée. Ça, on ne saura jamais si c'est vrai.

Le corps de Marillaine est trop abîmé pour que le légiste puisse dire si elle a été violée ou pas. Comme celui d'Elisabeth, d'ailleurs.

En tout cas, il les a tués, toutes les deux. Alors qu'est-ce qui peut expliquer que ce père de famille de 33 ans, parfaitement intégré, insoupçonnable,

et soudain pété les plombs comme ça, au point de tuer deux jeunes filles, dont sa propre belle-sœur et de les enterrer au fond de son jardin,

sans les avoir violées, si on veut le croire. Pourquoi ? Je vous le dis tout de suite, des tas de gens ont cherché.

Des journalistes du coin ont fouillé sa vie pendant des semaines à la recherche d'un début d'explication. Ils ont vu ses voisins.

Ils ne le connaissaient pas. Ils ont vu ses collègues de bureau. Ils ne s'intéressaient pas à lui. Ils n'ont rien de plus à dire qu'il était froid et distant.

Alors ? Alors il faut attendre le procès. Et peut-être qu'on comprendra pourquoi.

Le procès de Jean-Yves Morel s'ouvre devant la cour d'assises de Rouen en février 2000.

Et entre-temps, l'homme ravagé par le remords qui avait tout avoué a fait marche arrière, figurez-vous.

C'était des accidents. Voilà tout. Retour à sa première version. Marilyn était amoureuse de lui. Voilà.

Et il a voulu rompre. Et elle s'est mise en colère. Et elle a réclamé de l'argent pour ne pas tout répéter à sa sœur.

Et lui, il l'a juste repoussé et sa tête a cogné sur un membre et elle est tombée sur le carrelage.

Un accident, je vous dis. Et Elizabeth, c'est tout pareil. Il l'a fait venir chez lui pour rompre.

Elle n'était pas d'accord. Ils se sont disputés. Malencontreusement, sa tête a heurté une poutre.

Deux accidents, je vous dis.

A un moment donné du procès, évidemment, on fait venir Nadine à la barre. La femme de l'accusé, la sœur de Marilyn.

Elle arrive là, dévorée par le chagrin.

La personne qui a tué ma sœur, c'est mon mari. C'est quelque chose de tout à fait particulier.

De mon union avec lui, j'ai une petite fille de trois ans aujourd'hui.

Je peux vous dire qu'elle a vécu cette situation comme née.

Je ne sais pas quel sera son avenir, mais je veux que dans sa petite tête, tout soit clair.

Dans la salle, personne ne moute.

J'ai été un basourdi de découvrir durant l'enquête des pans entiers de la vie de mon mari.

Son goût pour la pornographie et puis surtout son enfance malheureuse.

Très malheureuse, je savais pas ça.

Car Jean-Yves Morel a une enfance pathétique à raconter.

On cherchait la raison du dérangement de monsieur. On a une piste.

Toute mon enfance, j'étais martyrisée par mon père, comme mes frères et mes sœurs d'ailleurs.

Toute notre enfance, il nous a battus et il nous a humiliés.

Et votre mère, monsieur Morel, qu'est-ce qu'elle faisait ?

Bon, ma mère, elle regardait quoi. Elle était institutrice pourtant, mais elle regardait, elle disait rien.

Bon, elle était aussi sous la coupe de son mari, pour vous dire le soir quand elle rentrait.

Il l'obligait à se mettre en porch artèle et en chemisier transparent devant nous.

Et après, il lui faisait des trucs sexuels devant nous, devant ses enfants.

L'une de ses sœurs vient raconter une scène en particulier, à la barre.

J'enlève quand il était tout petit. Il avait plein de petites tortues dans un aquarium.

Il les adorait.

Et un jour, mon père, il lui a fait faire un exercice de maths.

Et à chaque mauvaise réponse, il a écrasé une tortue à coup de poing.

Et j'enlève. Il hurlait de tes espoirs avec chagrin. Il se tordait de douleurs par terre.

Voilà. Une fois de plus, il se vérifie que les tueurs ont souvent, et même toujours, une enfance fracassée.

A part ça, le psychiatre qui l'a examiné affirme qu'il ne souffre pas de troubles psychopathologiques,

qui auraient pu abolir ou altérer son discernement au moment des faits.

Bref, sa responsabilité est entière.

Ce procès est aussi marqué par une révélation très douloureuse, signé du médecin-légiste qui vient à la barre.

Au regard de mes constatations, et compte tenu du fait que j'ai trouvé de la terre dans les poumons de Roussez-Marilène,

je considère qu'elle a été enterrée vivante. Totalement inconsciente, bien sûr, mais vivante.

Quand elle lente en sain, Nadine quitte la salle.

L'avocat général Bene requiert la réclusion criminelle à perpétuité, et il convint les jurés.

Ce sera perpète pour Jean-Yves Morrell, et dans la salle, le public applaudit.

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En 1996 et 1997 dans la région de Rouen en Normandie, Marylène Rousset et Elisabeth Griffin, disparaissent. La dernière avait, le jour de sa disparition, rendez-vous avec un certain Fred à 10h…