Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Le gendarme Lamare, un tueur insoupçonnable
Europe 1 10/3/23 - 30m - PDF Transcript
C'est une histoire de fou que je vous raconte aujourd'hui au sens propre comme au sens figuré.
Elle se déroule en 1978 et 1979 dans le département de Loise, au nord de Paris.
Pendant des mois, un mystérieux personnage multiplie les agressions et puis un jour il tue.
Et il l'écrit aux enquêteurs, je suis un tueur et en tant que telle, je vais tuer.
Ce tueur aurait pu être arrêté beaucoup plus tôt si seulement on avait bien voulu écouter les intuitions d'un gendarme et d'un policier.
J'ai écrit cette histoire avec Nicolas Loupien, réalisation Selene Le Bras.
Cette histoire de fou débute par une série d'événements disons intriguants.
Et c'est leur accumulation qui va les rendre inquiétants. Top départ.
Le 31 mai 1978 à 2h du matin, en forêt de Chantilly, au carrefour d'idée Ripaille,
une patrouille de gendarme tombe sur une peugeau 504 planquée dans un fourré.
Bon bah, encore une voiture volée, hein ?
Volée, volée, oui, c'est une voiture volée.
Un imprudent qui avait laissé les clés sur le contact.
Mais il n'y a pas que ça.
Il y a deux trous dans le pare-brise et sur le siège passager, un mouchoir tâché de sang
et un côté une cordelette du genre qui sert à attacher quelqu'un.
Et sur la banquette arrière, des douilles et un porte-document.
Et puis sur le plancher des papiers de chewing-gum et des bonbons et des mégots de gitanes, mais pas un panneur.
Des dizaines de mégots.
Et cerise sur le gâteau, dehors, près de la voiture, une seringue et un plan.
Un plan qui suggère la préparation d'un hold-up.
Quel étrange découverte.
Ça mérite peut-être de réveiller le chef, non ? Que se t'en penses ?
Et en l'occurrence, le chef, c'est l'adjudant cavalier, le patron du tout nouveau Psyg de Chantilly.
Le peloton de surveillance des interventions de l'agenda armerie.
18 hommes chargés de patrouiller pour rassurer de la population.
Ça vient tout juste d'être inventé.
C'est tout beau, tout neuf.
Et ça vient de tomber sur une belle affaire.
Sauf qu'à la fin, c'est rageant, le procureur refit l'enquête à la maison d'en face.
La police, la PG de Creil.
Deux mois plus tard, à Pont Saint-Maxens, toujours dans l'Oise,
nouvel événement a priori sans rapport avec le précédent.
Carine, 17 ans, sort du cinéma et elle rentre chez elle à pied.
Et là, elle est doublée par une Renault 12 rouge et le conducteur lui tire dessus,
trois fois, avant de disparaître.
Carine s'en sort bien, une balle d'huile à traverser la jambe gauche, mais sans faire trop de dégâts.
Mais tout de même, c'est une tentative de meurtre.
Bon, la R12 est une voiture volée,
un agriculteur de laine qui avait laissé les clés sur le contact.
Et cette fois-ci, hasard de la roulette du procureur,
il décide de confier l'enquête aux gendarmes du coin,
ce de Pont Saint-Maxens.
Dix jours plus tard, un policier qui sait qu'en recherche une Renault 12 rouge,
on aperçoit une dans le centre de Cré.
On ne voit qu'elle, c'est la seule qui gare les côtés pères,
alors que toutes les autres voitures sont garées côté un père.
Il s'approche, il ouvre la portière passager.
La voiture explose et s'embrase.
Heureusement, le policier a eu le réflexe de s'écarter,
il n'est que légèrement brûlé.
La R12 était piégée.
Et là, faite tourner la roulette du procureur,
rien ne va plus, les jeux sont faits.
C'est le commissariat de Cré qui irrite de l'enquête.
Nous voilà donc avec trois affaires,
qui se déroulent dans un mouchoir de poche,
et qui, évidemment, pour l'instant, rien ne relie entre elles.
Et au passage, vous noterez que chacune de ces trois affaires
est traité par un service d'enquête différent,
le commissariat de Cré, la pégi de Cré,
et l'agent d'armorie de Pont Saint-Maxens.
Disons que ce ne sont pas des circonstances favorables.
Il eut mieux valu que la roulette du procureur
confie ces trois enquêtes au même service.
Mais que voulez-vous ?
Ils ne pouvaient pas savoir ?
Ils ne pouvaient pas savoir que ces trois affaires
agaient un lien.
Et elles en ont un.
Ce qui va permettre de relier ces trois enquêtes,
c'est une lettre.
Une lettre anonyme envoyée au mois d'août suivant
au commissariat de Cré.
Je vous la lis.
Cette lettre est écrite afin de vous fournir
quelques précisions.
Sur la Renault 12 rouge,
il m'a triculé 1303 QG02.
Ça, c'est la voiture piégée.
D'ailleurs, la carte grise est jointe au courrier.
L'auteur dit que c'est lui qui l'a piégée.
Le policier n'aurait pas dû entrer dans cette voiture
sans prendre de précaution.
A Saint-Hulade, il bouffit.
Continuons.
Une jeune fille de 17 ans
qui déambule provocamment la nuit
est une cible que j'affectionne
et n'aurait jamais dû rentrer seul.
Karine, c'est lui aussi qui a tiré sur Karine
à Pont-Sainte-Maxence.
Et dans la lettre, il ajoute qu'il dispose en compte
de l'accueil.
Le policier n'aurait pas dû entrer dans cette voiture
sans prendre de précaution.
Il dispose encore de trois voitures piégées.
Avant de terminer par cette menace,
je suis un tueur
et en tant que tel je vais tuer.
La prochaine fois,
je viserai le cœur.
Et badidon,
on a l'air d'avoir affaire à un sacré tordu.
Après avoir tourné
et retourné cette lettre dans tous les sens,
le patron du commissariat de Creil
a la bonne idée de la photocoupier
et de la faire passer autour de lui
dans son service et même au-delà.
Et c'est comme ça que cette lettre anonyme
échoue dans les mains
de l'inspecteur Daniel Neveu
de la police judiciaire de Creil.
Dans son service Neveu,
on l'appelle Maigré,
à cause de son flair.
Il y a quelques mois, c'est lui qui a permis la restation
du tueur de Loise, Marcel Barbeau.
Je vous ai raconté cette histoire.
Quand il reçoit la copie de la lettre anonyme,
il ne la colle pas dans une banette
comme le fontant de ses collègues.
Sur le tas des choses à voir plus tard,
quand on aura le temps, et on l'a jamais,
il se la coltine tout de suite
à la Neveu.
C'est-à-dire qu'il pose la lettre par terre
dans son bureau et à côté
tous les documents manuscrits
des différents dossiers en cours.
Et lui, à genoux, il compare,
il rapproche, il écarte.
À genoux, sur le parquet
de son purlingue.
Et là, bingo !
Le plan en vue d'un hold-up
qu'on avait retrouvé près de la 504
au carrefour d'Héripaille, vous savez,
la 504 avec ses deux impacts de balle
dans le pare-brise et son mouchoir en sanglanté.
C'est la même écriture
que la lettre anonyme.
C'est le même bonhomme
qui a tiré sur Karine,
piégé la voiture et abandonné
cette 504.
Bravo, inspecteur Neveu !
Mais c'est pas tout.
L'inspecteur Neveu
en lisant cette lettre
a une intuition de génie.
De génie.
Car Neveu, voyez-vous, est un flic
d'avant l'ADN.
Un flic qui gamberge pendant des heures.
Et là, à la lecture de cette lettre
anonyme,
il a une intuition.
Une intuition qui n'est pas facile à formuler,
quand on est inspecteur de police
à la police judiciaire.
Oh, le type qui a écrit cette lettre.
C'est un flic, hein.
C'est un flic ou un gendarme.
Et pourquoi donc ?
Eh bien parce que les policiers
et les gendarmes, quand ils s'écrivent des rapports,
ont en commun
un style commandier.
Inimitable.
Par exemple, quand ils doivent décrire une voiture,
ils citent dans l'ordre
la marque, le modèle,
la couleur, l'immatriculation
et le kilométrage.
Dans l'ordre.
Et comme par hasard, dans la lettre anonyme,
c'est dans l'ordre.
Et puis, un gendarme et un policier,
quand ça parle voiture,
ça ne parle pas comme nous.
Ça dit véhicule, ça dit habitacle,
ça dit portière verrouillée.
Et donc,
en raison du vocabulaire et de la formulation
de cette lettre anonyme,
ne veut à l'intuition
qu'elle a été écrite
par un collègue.
Une chose est de le penser.
Une autre chose est de le dire.
Fidèle à sa réputation de maigrée de lois,
ne veut en parle d'abord
à sa femme.
Et il lui montre la lettre.
Et vous savez ce que dit sa femme ?
Ah ben c'est une lettre de gendarme, ça.
Quand il vient de me voir
au magasin pour l'échec volé,
ils écrivent tous comme ça.
Eh oui. Avec son style
ampoulé, sa ponctuation impeccable
et son orthographe exemplaire,
l'écriture gendarmesque
est inimitable.
Comme dit sa femme,
oh ben, rien à voir
avec les torches de tes collègues.
Donc,
l'auteur de la lettre serait plutôt
un gendarme.
Ou un policier.
Mais plutôt un gendarme.
Mais comment voulez-vous faire passer
pareil à votre hiérarchie ?
Et à la juge d'instruction.
Il a beau être le maigré de lois,
ne veut ? C'est pas facile.
Alors il décide d'envoyer
une autre confidentielle
au patron du service régional de police judiciaire.
Je crois opportun
de mener une enquête discrète
au sein des services de police
et de gendarmerie.
La hiérarchie lui répond
que son hypothèse est
incertaine.
Et qu'une enquête au sein des forces de l'ordre
serait inopportune.
Alors qu'est-ce qu'il fait, l'inspecteur Neveu,
à ce moment-là ?
Qu'est-ce que vous voulez qu'il fasse ?
Il l'armait dans sa culotte, comme on dit.
C'est-à-dire qu'il passe à autre chose.
Il lâche l'affaire.
Mais quelle bande de nazes !
Fallait l'écouter, Neveu !
Cela dit,
il y a d'autres pistes que la lettre anonyme
a exploré.
Celui qui a volé la Renault-12
a aussi volé un chéquier.
Et il s'en est servi beaucoup.
Va-t-et en chèque,
utilisé aux quatre coins du département.
La police judiciaire
décide d'interroger un à un
tous les commerçants qui ont encaissé ces chèques.
L'homme leur a tellement
inspiré confiance
qu'aucun a eu l'idée de lui demander
un papier.
Mais il se souvienne de lui.
Et un portrait se dessine.
Oh, bonheur, mon souvenir.
C'est un homme jeune.
Très poli,
très propre.
Bien habillé,
genre militaire, vous voyez.
Tiens, tiens.
Intéressant aussi,
réalistique qui permet de dire
que l'arme a été utilisée contre Karine.
Un de leurs,
le tireur a utilisé un berret
à 9 mm, court.
C'est une arme assez rare.
Elle est surtout prisée
par les collectionneurs
et les militaires.
Tiens, tiens, tiens.
Mais personne ne fait le rapprochement.
Il n'en a parlé à personne
l'inspecteur ne veut.
Sauf à sa femme.
Il aurait resté confidentiel.
Et puis pendant 3 mois,
il ne se passe rien.
Pas de nouveaux crimes.
Enquête au point mort.
Mais ça reprend en novembre 1978.
Et là, les amis,
ça enchaîne grave.
Le 16, à St James,
toujours dans l'Oise.
Un homme au volant d'une peugeot 504
vient percuter une jeune cycliste
à un coup de volant.
Il la balance sur le trottoir.
Elle se relève.
Elle hurle.
On se court.
On se court.
Les gens se précipitent.
Mais le gars s'est enfui.
Deux jours plus tard, le 18 novembre,
les gendarmes de chantilly
retrouvent la 504
sur le parking de la gare d'Ori.
Un gendarme s'approche.
La voiture était piégée.
Mais le gendarme s'en sort
avec quelques brûlures légères.
Il y a qui,
croyez-vous,
que le procureur confie l'enquête ?
A la police.
Ah bah logique,
puisque la victime est un gendarme.
Alors que les gendarmes dans cette affaire
ont un compte à régler.
Et d'après vous, qu'est-ce qu'il va se passer ?
Eh bien, les gendarmes vont mener
leurs petites enquêtes en parallèle.
C'est le capitaine Pinot
qui prend les choses en main.
Lui, son petit nom, c'est pas maigré, c'est Colombo.
Et bien sûr, il n'a pas accès
à toutes les pièces.
Les policiers gardent les bonnes infos
pour eux. C'est la guerre des polices.
Un gâchis.
Et le capitaine Pinot
s'intéresse à une affaire qui, jusqu'ici,
n'a pas été reliée aux autres.
Un hold-up commis
à la poste de Sénarpon.
Et ce qui le titit dans ce dossier.
C'est qu'après le braquage,
le malfaiteur a pris la fuite
au volant d'une voiture volée
dont le propriétaire avait laissé
les clés sur le contact.
Comme la Renault 12.
Ce qui est ballot dans cette histoire,
c'est qu'au même moment,
les policiers sont sur la même piste.
Ils aussi s'intéressent
à ce hold-up.
Mais ils ont un coup d'avance.
A la poste, ils ont trouvé
une emprunte, qui ressemble
comme de goutte d'eau à une autre
emprunte, retrouvée elle
dans la 504-criblée
de balle.
Le hold-up de la poste,
la 504 abandonnée au carrefour
de la ripaille avec ses deux impacts de balle
et la R12 qui canard de Carine
et explosant ensuite à la gueule
d'un gendarme.
C'est le même homme. C'est l'homme
de la lettre anonyme.
Il connaissait qu'il est rageant de voir
le capitaine Pinot de la gendarmerie
s'acharner sur une piste déjà explorée
avec succès
par la police.
Quel gâchis.
Quel gâchis d'autant
que ça lui laisse du temps à l'autre.
Un temps d'avance.
Et il va bien en profiter.
Il avait dit
la prochaine fois je viserais
le cœur.
Et bien il tient parole.
Le 1er décembre 1978
à Chantilly
on retrouve au bord de la route
une gamine de 19 ans
yolande
criblée de balle
dont une balle en plein cœur.
Mais elle n'est pas mort et avant de mourir
yolande a le temps de raconter
ce qui lui est arrivé.
C'est un jeune homme.
Il m'a pris
un moment
il a arrêté la voiture
et il m'a dit
je vais vous faire mal
et là
il m'a tiré dessus.
Les secours ne vont pas tarder
à arriver mademoiselle.
Il était comment ce monsieur ?
La trentaine
bien habillée
très
polie.
Les ballisticiens
identifient l'arme
c'est un béret
à 9 mm
et la voiture elle a été volée
avec les clés sur le contact
c'est le même salaud
c'est le même taré
Avec la mort de la jeune yolande
évidemment l'enquête change de braquets
Quand on fait l'addition
le type est passé à l'acte
17 fois en sept mois
et la dernière fois c'était pour tuer
donc finit la guéguerre
entre la police et la gendarmerie
il était temps
à partir de maintenant
plus de cachoterie
d'accord ?
on met les informations en commun
d'accord ?
on se parle
d'accord ?
et on prévient
très bien
d'accord ?
et ben il était temps
et c'est comme ça que le capitaine
Pinot de la gendarmerie
a accès pour la première fois
à la lettre anonyme
il la lit
une fois, deux fois
et là il dit
ou à mon avis ça sent le gendarme
ça
la formulation tout ça
ou...
oui c'est un gendarme
c'est dingue !
il arrive aux mêmes conclusions que l'inspecteur
Neuveux de la police
il y a quatre mois
le style de la lettre est gendarmesque
que de temps perdu
décidément cette enquête
est un modèle de ce qu'il ne faut pas faire
cela dit le capitaine Pinot
une fois qu'il est arrivé à cette conclusion
se trouve dans la même situation
que l'inspecteur Neuveux
en pire, il est censé expliquer
à sa hiérarchie qu'à son avis
le tueur est un gendarme
courton
alors il y va mollo
il commence par tater le terrain
discrètement auprès de ses collègues
et de quelques supérieurs
un gendarme
mais vous délirez complètement Pinot
un gendarme
oui chef, un gendarme
je me dis que peut-être
on pourrait prendre les empreintes digitales
de tous les gendarmes du coin
puisqu'on a une empreinte dans le dossier
les empreintes de tous les gendarmes
enfin Pinot vous êtes devenu fou
alors
peut-être on pourrait donc contrôler
les empreintes du temps des uns et des autres
pour savoir
qui était en service ou qui ne l'était pas
au moment des crimes
Pinot
Pinot vous êtes inénavel
on vérifions les emplois du temps
si vous voulez
mais la vérification est un peu molasse
et bien sûr elle ne donne rien
et pendant ce temps-là
le maniac de l'Oise
comme l'appelle désormais la presse
court toujours
le 29 décembre
près de Compiègne
un automobiliste voit
juste devant lui
quelque chose tomber d'une voiture
une 504 verte
mais c'est quoi ce putain
il s'arrête
c'est une jeune fille de 19 ans
l'autre vient de la balancer par la portière
elle est grievement blessée
elle a reçu 3 balles
elle va survivre
mais elle restera tout de même paralysée
tout de suite
la grande armée installe des barrages
dans tout le département
alerte à toutes les unités
on recherche une conduite intérieure
de marque Peugeot
modèle 504 de couleur verte
on va le coincer
c'est sûr cette fois on va le coincer
enfin c'est sûr
ou pas
parce que vers 14h
la 504 se présente face à un barrage
elle fonce dessus
mais elle arrive à passer
à un passage
mais pas de chance
les gendarmes se trouvent coincés
à un passage à niveau
et quand la barrière
finalement se lève
il retrouve la voiture
embourbée
mais vide
on mobilise un hélicoptère
des chiens
mais la nuit tombe
et il faut se rendre à l'évidence
il a disparu
le 31 décembre
à quelques heures
de la ripaille générale
pour la première fois
un journaliste
osévoqué publiquement
la piste d'un gendarme
ou d'un policier
le correspondant de l'agence France Presse
évidemment c'est l'inspecteur neveu
de la PG et le capitaine Pinot
qui sont des copains
qui lui ont filé le tuyau
mais la réponse de la hiérarchie
mais enfin c'est n'importe quoi
cette thèse ne correspond à rien
il n'y a pas pire aveugle
que celui qui ne veut pas voir
et c'est à ce moment-là
qu'arrive une deuxième lettre anonyme
je n'ai rien à perdre
je vais le prouver
je vais tuer d'autres filles
en leur faisant éclater la tête
et si j'arrive à conserver le corps
d'une fille
je le découperai
et j'en sèmerai les morceaux dans les villes
ce type est un grand malade
et dans cette lettre
le tuer met aussi les enquêteurs
sur deux fausse pistes
j'ai perdu ma femme
dans un accident de la route
et j'ai fait la guerre en Afrique
ça va
occuper les policiers et les gendarmes ça
en pure perte
bien sûr
heureusement
début mars le tuer commet
sa première faute
et sa dernière
il vole une voiture en région parisienne
et sur l'autoroute en remontant vers l'Oise
il tombe en panne
sans se démonter
il demande de l'aide à deux motards de la police
des CRS
c'est gonflé ça
il attend la dépaneuse
et une fois arrivé au garage
il disparait
et les CRS l'ont vu
et ils sont capables de dresser un portrait robot
très précis
et quand il voit le portrait robot
un gendarme
qui est là de joint de Pinot
le reconnaît tout de suite
oh non de dieu
mais c'est Lamar
Lamar
à la Lamar
il le connait bien forcément
c'est un jeune gendarme de 22 ans
qui a travaillé sous ses ordres jusqu'à l'année dernière
et qui depuis a été muté à Chantilly
le gendarme Lamar
ça serait donc lui
il en parle immédiatement
au capitaine Pinot
lequel appelle tout de suite
le patron du psych de Chantilly
l'adjudant cavalier
qui tombe de l'étagère
Lamar vous me dites
mais c'est mon meilleur enquêteur
on va à celui qui a trouvé les voitures
à chaque fois
pour cette enquête
tu m'étonnes qui s'est passionné
cavalier vérifie l'emploi du temps
de son gendarme
au moment de chacun des crimes
Lamar n'était pas en service
parallèlement le capitaine Pinot prévient ses chefs
et il apprend que Lamar
est actuellement en patrouille
et lourdement armé
appelle à toutes les voitures
retour immédiat de tous les véhicules
de patrouille à la caserne
pour briefing urgent
en fait, retour immédiat
de toutes les patrouilles à la caserne
un quart d'heure plus tard
le break dans lequel patrouille Lamar
arrive dans la cour de la caserne
Lamar en descend
avec un pistolet mitrailleur à Lamar
Hey Lamar
tu vas à la guerre ou quoi ?
Allez dépose ton artillerie et monte au briefing
on t'attend
Lamar s'exécute
cavalier le suit
et dès son entrée dans le bureau
il le sature et il le menote
on prend ses empreintes digitales
parce que bien sûr on a encore un doute
et ça match
le tueur était donc bien
un gendarme
et le voit la menoter une chaise
devant ses chefs et farés
alors c'est toi putain
c'était toi
il y a même des gendarmes
qui pleurent l'honneur sali
de la gendarmerie
et lui sur sa chaise il ne trouve rien
à dire que tout cela
est fondamentalement ridicule
la suite
est assez pitoyable
un général de la gendarmerie
déboule dans le bureau avec en main
une lettre de démission
le gendarme Lamar
est prié de démissionner sur le champ
vous pouvez signer s'il vous plaît
et il signe
enfin on allait quand même pas envoyer
un gendarme en exercice aux assises
pas de ça chez nous
la tête dans le sable
pitoyable je vous dis
ensuite évidemment
on va chez lui
perquisition c'est la règle
et ce que les gendarmes découvrent chez lui
dépasse l'entendement
dans l'entrée
dans le salon
dans la cuisine rien d'anormal
un appartement de célibataire
mais il y a une porte fermée à clé
les gendarmes l'enfoncent
et ce qu'ils découvrent est
hallucinant
au milieu de la pièce
il y a une tente militaire
et sur les murs
des cartes d'état-major et des photos d'autopsie
et sur le sol des armes
des grenades et des munitions
un cabinet noir
le côté obscur du gendarme
la marre
un peu comme dans cet appartement
il y aurait donc deux la marre
un la marre urbain
aimable bien peignée, bien rangée
comme le salon
et puis un autre la marre
noire, violent
pervers
comme cette pièce fermée à clé
le gendarme la marre
est emmené chez la juge d'instruction
et comme c'est la règle
elle lui signifie les faits qui lui sont reprochés
et elle lui demande
ce qu'il a déclaré
la marre par le sens arrêté
pendant cinq heures
il reprend tous les crimes
un par un, dans l'ordre
précisément, sans omettre aucun détail
alors la juge lui pose la question
du mobile
pourquoi ?
pourquoi ?
je préfère m'arrêter là
après ce premier
interrogatoire chez la juge
la marre ne parlera plus
jamais
et qu'importe d'ailleurs
puisqu'en vérité il n'y a aucune
rationalité dans tous ces crimes
aucune et ce sont quatre experts
psychiatres qui vont venir le dire
la marre est schizophrène
mieux
il est atteint d'une forme de schizophrénie
très rare, l'éboïdofrénie
c'est un malade
un malade
c'est dur à avaler
mais il n'y a pas à tergiverser
il est irresponsable
devant la justice
et donc il ne sera pas jugé
le juge rend une ordonnance de non lieu
et Alain Lamar
est envoyé en hôpital psychiatrique
à l'heure où je vous parle
il y a toujours
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En 1978, l’Oise est frappée par une série d’agressions. Dans une lettre anonyme, un homme revendique les crimes : « je suis un tueur et, en tant que tel, je vais tuer... La prochaine fois, je viserai le cœur. »