Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - L’affaire Karine Schaaf

Europe 1 Europe 1 9/23/23 - 30m - PDF Transcript

Pendant les journées Mayody, l'Audi A3 Sportback TFSU hybride rechargeable en finition S-Line

est à partir de 590 euros par mois avec apport de 2500 euros,

entretien, extension de garantie et véhicule de remplacement inclus.

Rendez-vous chez votre partenaire Audi.

Offre au particulier sur 37 mois et 30 000 kilomètres jusqu'au 30 septembre

dans le réseau participant sous réserve d'acceptation par Volkswagen Bank.

Conditions sur audi.fr. Mayody signifie mon Audi.

Pour les trajets courts, prévéligez la marche ou le vélo.

On de l'attracte.

Christopher Delat

Je vais vous raconter aujourd'hui une affaire criminelle qui remonte à l'été 2001.

Une affaire qui a tenu la France en un laine pendant tout l'été cette année-là.

La disparition de Karine Schaff, 16 ans à Beach en Moselle.

L'enquête va conduire à l'arrestation d'un jeune couple de Pommet,

Stéphane Crote et sa compagne Péroline Garineau.

Je vais vous raconter ce qu'ils ont fait à Karine et c'est une horreur.

Mais je vais aussi vous raconter qui sont ces deux jeunes.

Et d'une certaine manière, ça aussi, c'est une horreur.

Voici cette histoire, l'assassinat de Karine Schaff

que j'ai écrite avec Ségolène Hanotto, réalisation Céline Lebrun.

Cette histoire commence comme ça.

Un dimanche de juillet 2001 en début d'après-midi

sur la zone artisanale de Beach en Moselle,

un type assiste à une scène bizarre.

Il appelle tout de suite les gendarmes.

On lui doit beaucoup à ce type-là.

Gendarmerie nationale, j'écoute.

Oui, bonjour.

Je vous appelle de la zone artisanale du côté du camp.

Je viens de voir quelque chose de bizarre.

Je vous écoute, monsieur.

J'ai vu une voiture faire deux vintours devant moi

et elle est partie vite comme si elle prenait la fuite, vous voyez.

Et en fait, là où elle était, bah, il y a un vélo dans l'herbe.

Le vélo est cassé, je pense qu'il a été renversé,

mais il n'y a personne par terre.

Vous avez pu voir le conducteur ?

Non, mais je pourrais le reconnaître

et je peux vous décrire la voiture.

Blanche.

La voiture était blanche, une masse d'A323.

Il n'en est pas certain, mais il pourra la reconnaître.

10 minutes plus tard, les gendarmes sont sur place.

Au bord d'une route départementale qui ne mène pas à grand-chose

si ce n'est un passage à niveau et un camp militaire.

Pas très passant, quoi.

Et effectivement, sur le bas-côté, il y a un vélo.

Un vétété couché, la roue arrière tordue,

la salle détachée.

Et sur le vélo, sur le bitume, on voit clairement des traces de freinage

qui vont droit sur le vélo.

Assez longue, une dizaine de mètres.

Et puis dans l'herbe, les gendarmes trouvent les morceaux d'un clignotant.

Et ça, c'est intéressant parce que ça peut trahir la marque de la voiture,

le modèle, et même l'année.

C'est un indice très précieux.

Dans la tête des gendarmes, c'est clair.

Il y a eu un accident,

une voiture a renversé un vélo,

la voiture s'est enfu, mais...

où elle cycliste, où elle blessait parce que vu l'état du vélo,

il où elle est blessée, c'est sûr.

Les gendarmes sont là,

perplexes sur le bord de la route,

à tirer des plans sur la comète.

C'est peut-être un automobiliste qui l'a emmené, tu crois pas,

à l'hôpital, par exemple.

Ou alors, il est parti à pied.

Et à ce moment-là,

une voiture s'arrête devant les gendarmes.

Bonjour.

Je suis rejetchaf, j'habite Beach.

C'est le vélo de ma fille, c'est le vélo.

Vous êtes certains ?

Mais oui, c'est moi qui lui offert pour son bac de français.

Sa fille s'appelle Karine.

Elle a 16 ans.

Elle est partie de la maison en vélo.

Il y a une heure.

Le père devait la retrouver une heure plus tard chez une copine.

Il en revient.

Elle n'y est pas.

Elle a été percutée par une voiture,

ça paraît clair.

Mais où est-elle ?

On appelle les hôpitaux,

et n'y est pas.

Les amis, la famille, pas de nouvelles.

On l'a enlevée.

Quelqu'un l'a renversé et l'a enlevée.

Y a que ça.

Et d'ailleurs, le parquet de Sargemin

ouvre une enquête pour enlèvement et séquestration.

On l'a enlevée.

Une adolescente de ses ans blessée,

forcément blessée.

Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

Les gendarmes fouillent les environs.

C'est compliqué.

Y a beaucoup de forêts,

beaucoup d'étants.

La famille placarde des affiches partout dans le coin,

et les médias nationaux débarquent,

juste à temps pour enregistrer

l'appel poignant de la maman.

Nous, on espère que

le ravisseur,

ou la personne qui l'a,

va se manifester d'une façon ou d'une autre.

Je pense qu'il y a tellement de moyens

par lesquels il pourrait se manifester

pour dire où elle est,

ou comment elle va,

et qu'elle n'en comprend pas.

Je ne vais pas accepter qu'elle soit morte.

Non.

Non.

Je l'avais envie.

Pour retrouver celui qui a percuté le vélo,

il n'y a pas beaucoup d'indices.

Le témoignage de celui qui a vu la voiture,

peut-être une masse d'A323,

mais il n'en est pas sûr.

Le vélo,

et ce que pour entend,

tirer les experts,

et puis ce morceau de clignotant dans l'herbe,

c'est pas grand chose,

mais ça va suffire.

Au laboratoire de Ronisoubois,

en région parisienne,

les experts de l'Institut de recherche criminelle

de la gendarmerie

sont capables de faire parler

n'importe quel morceau de clignotant,

ou n'importe quel bout de phare

ou de rétroviseur,

tout ce qu'une voiture laisse comme trace,

après un choc.

Ils ont des échantillons plein les tiroirs

et des modélisations sur leurs ordinateurs.

Et donc, ça tombe assez vite.

C'était bien une masse d'A323.

Blanche.

Et ça, on le sait par l'examen

du vélo de Karine.

C'est le même labo de Ronisoubois

qui a récupéré le vélo.

Et bien sur le cadre,

il y a de la peinture blanche.

Donc, le témoin avait raison.

C'est une masse d'A323 blanche.

Petit détour par les fichiers

de la préfecture.

Voyons, voyons.

Sur les deux départements de Moselle

et du Barin,

il reste 7000 masses d'A323 en circulation.

Mais l'analyse de la peinture blanche

a permis de resserrer la liste.

Cette peinture a été utilisée

pour les modèles livrés

entre 83 et 86.

Et là,

on arrive à une liste de 100 voitures

sur les deux départements.

Et ça, je peux vous dire

que c'est très très très précieux.

Pour une équipe d'enquête,

réduire sa liste d'un coup

à 100 suspects.

Il y a autre chose

que révèle l'examen du vélo.

Sur la salle,

il y a des traces de gaz lacrymogènes.

Donc la gamine a été gazée

et c'est la preuve définitive

qu'elle a été enlevée.

Un salopard a gazé

une gamine qui venait

de renverser en voiture.

On craint tout de suite le pire.

Non ?

Comme je vous l'ai dit,

les gendarmes travaillent désormais

sur une liste très resserrée

de 100 suspects.

100 propriétaires de Mazda 323.

Vous enlevez les vieillards,

les femmes célibataires

et tous ceux qui n'ont pas le profil.

Et les autres,

les gendarmes vont les voir

un par un.

Et c'est comme ça qu'ils arrivent

chez un jeune garçon de Mulhouse.

C'est loin de Beach, Mulhouse.

C'est à deux heures de route.

Mais ce qui est intéressant,

c'est qu'il y a quelques mois,

ce type habitait à Beach,

dans la même ville que Carine.

La Mazda est garée devant la porte.

Un petit coup d'œil rapide,

avant de sonner.

La voiture n'est pas en très bon état.

En revanche,

le clignot en droit.

Nickel.

Et les pneus pareils tout neuf.

Le locataire s'appelle Stephen Kraut.

Il a 23 ans.

La Mazda est à lui.

Et il vit là,

avec sa compagne,

Péroline Garineau,

qui a 19 ans.

Ils ont un petit bébé de 23 ans.

M. Kraut.

Qu'est-ce que c'est ça, là,

sur la table ?

C'est des articles

qui parlent de la disparition de Carine.

Tiens, tiens.

Le monsieur fait collection.

Il y a aussi un annuaire ouvert

à la page d'une casse auto.

Le clignotant.

Dites-moi, monsieur.

Vos pneus sont neufs, non ?

Bah ouais.

Ils ont un petit bébé de 3 mois.

Monsieur Kraut.

Qu'est-ce que c'est ça, là,

sur la table ?

Bah ouais.

Je les ai fait changer, ouais.

Ils étaient trop vieux.

Et quand ?

Bah, le 23, je crois.

Le 23 juillet,

le lendemain

de la disparition de Carine.

Et hop,

tout le monde en garde à vue.

Monsieur et madame,

avec un œil particulier sur lui,

évidemment.

Où était-il

le dimanche de la disparition de Carine,

le 22 ?

Il était à une réunion

de voitures anciennes,

avec Péroline,

qui confirme au millimètre

dans la pièce d'à côté.

Seulement, voilà, c'est long.

Une garde à vue.

Le dodo sur la couchette bien raide,

les baskets sans les lasser,

le café de distributeur au petit déjeuner.

Le lendemain matin,

Stéphane Kraut passe aux aveux.

J'avais bu et fumé pas mal aussi.

Je sais pas ce qui m'est arrivé.

Pam, j'ai entendu un bruit.

Je l'avais pas vu.

J'ai vu le corps voler

et l'a touché à l'avant, à droite.

Il dit qu'il est descendu,

qu'il l'a alors chargé dans sa voiture

pour l'emmener à l'hôpital.

Et puis qu'en haut, il l'a paniqué.

Et là, il descend, se démonté.

J'ai fini par brûler le corps

dans la forêt.

Ce qui suggère qu'entre temps,

la blessée était morte.

Dans l'accident, dans la voiture, après.

Et de quoi était-elle morte ?

À partir de maintenant,

répondre à ces questions est essentiel.

Pour avoir transporté le cadavre

et pour y avoir mis le feu,

Kraut risque trois ans de prison.

Mais si c'est lui qui l'a tué,

alors c'est perpète.

En attendant, il est mis en examen

pour enlèvement et séquestration

suivie de mort.

Et les gendarmes l'emmènent tout de suite

à la recherche du cadavre, évidemment.

Et Kraut les conduit dans la forêt

de Mutterhaus

à 20 minutes en voiture

des lieux de l'accident.

Et là, on la trouve la pauvre Karine.

Dans une clairière face contre terre,

à moitié calcinée,

dans un état de décomposition avancée.

...

Vous noterez que, près du cadavre,

on trouve deux capotes usagers

et des bijoux.

Direction le labo.

Stéphane Kraut file en prison,

s'accompagne Péroline et relâchée.

Elle va s'occuper de leur bébé.

Et puis tombe les résultats de l'autopsie.

Mauvais.

Le corps est trop abîmé.

On ne peut pas expliquer les causes de la mort.

Elle a subi un traumatisme crânien,

ça c'est sûr.

Et elle a quatre côtes fracturées.

Mais ça peut très bien être le résultat

de l'accident.

À un élément tout de même.

Le bas de son corps était nu.

Complètement nu.

Il l'aurait violé.

Il n'en a pas parlé.

Mais il l'aurait violé.

Les obsèques de Karine

ont lieu sous un crachin glacé

à l'Église Sainte-Catherine

de Beach.

Demain, Karine aurait eu 17 ans.

Il y a 17 lisses blancs

posés sur son cercueil.

Et sa mère est dite,

prend la parole.

Karine, ma fille, mon bébé.

Par un beau jour d'été,

tout nous a été sauvagement

et cruellement enlevée.

Nous laissons à tous

un chagrin pour l'éternité.

Au fond de moi, je le craignais.

Mais l'espoir de te revoir

ne disparaissait.

Nous l'aimions beaucoup, Seigneur.

Et malgré qu'à chaque instant,

pour nos enfants nous voulions le meilleur,

le pire a croisé son chemin.

...

Tout l'enquête maintenant

va se polariser sur un point.

Stefan Kraut était-il seul

quand il a enlevé Karine

après l'accident

et qu'il l'a emmené dans la forêt,

qu'il l'a peut-être violée

et qu'il a mis le feu à son cadavre.

Où est-ce qu'elle était avec lui ?

Elle.

Péroline s'accompagne.

...

Il n'y a pas que les gendarmes

qui se posent la question.

Puisqu'elle est libre à un journaliste

du républicain Laurent,

décide de la rencontrer.

Il lui a fixé un rendez-vous.

Elle arrive avec son bébé dans sa poussette,

très stressée.

Et elle craque dans les bras du journaliste.

Ça s'est pas passé comme il l'a dit.

C'est beaucoup plus grave que ce qu'il a dit.

Pour le moment où je me tais,

le jour où je vais parler,

ça va péter.

C'est Steve qui a fait le coup.

Il l'a tué, il l'a étranglé,

il l'a violée.

Le journaliste raconte tout ça

dans le journal.

Et ça se termine assez logiquement

à la gendarmerie.

Et là, Péroline va changer

plusieurs fois de témoignage.

Elle commence par dire qu'elle n'était pas là,

mais que Crotte lui a tout raconté.

Après l'accident,

elle l'a supplié de la ramener chez elle.

Crotte l'a embarqué dans la voiture.

Il est arrivé dans la forêt.

Il l'a traînée et c'est pour ça dit-t-elle

qu'elle a perdu son pantalon et sa culotte.

Il a enfilé un préservatif

et il l'a violée.

Deux fois.

Ça colle avec les deux capotes qu'on a retrouvées

près du cadavre. Et ensuite ?

Mais ensuite, il a brûlé le corps.

Et il est rentré à Moulouse.

Les gendarmes lui font remarquer qu'elle ne dit pas

comment il l'a tué.

Elle dit que c'est confus,

mais qu'il pense l'avoir étranglé.

Les gendarmes l'emmènent sur place,

là où on a retrouvé le cadavre.

Elle sait très bien où c'est parce que

elle dit qu'elle et Crotte y allaient souvent

pour faire des câlins.

Drôle d'endroit pour commettre un crime,

que l'endroit où on vient faire des câlins

avec sa petite amie.

Et d'ailleurs, quand ils arrivent sur place,

il la voit blémir.

Et elle refuse de faire les derniers mètres.

Ensuite, retour dans le bureau du juge.

Et nouvelle version.

Vous dites que M. Crotte a violé la jeune Carine.

C'est lui qui vous l'a dit ?

Ah non ?

Non mais je pense qu'il l'a violée.

Ça m'étonnerait pas.

Quand t'es plusieurs fois de m'imposer des rapports,

quand je voulais pas.

Vous dites aussi qu'ensuite il l'a étranglé.

Là encore c'est lui qui vous l'a dit

où c'est une supposition de votre pas.

Bah c'est lui !

Il l'a étranglé avec les lanières de son sac à dos.

Pour l'instant,

le juge la laisse libre.

Mais dans sa tête y a un problème

avec cette péroline.

Elle a l'air d'en savoir beaucoup plus que ce qu'elle dit.

Est-ce qu'elle était là ?

Est-ce qu'elle était présente ?

La copine la lâcher crotte l'enfance.

Bien sûr qu'elle était là.

Elle est allée acheter l'essence avec moi.

On a même mis le feu ensemble.

Et au passage,

lui change de version.

Je suis descendu de la voiture.

Elle avait des convulsions.

Mon premier réflexe a été de la gazer.

C'est pour pas qu'elle me reconnaisse.

Et puis je me suis dit que je pouvais pas la laisser comme ça.

Au bout de dix minutes j'ai plus senti son peau.

Elle respirait plus.

Son corps battait plus.

J'ai abandonné le corps dans la forêt.

Et c'est péroline qui m'a dit,

on va le brûler.

A-t-il oui ou non

eu des relations sexuelles avec le cadavre ?

Oui.

Et puis finalement non.

En fait, il ne sait plus.

Bref, c'est un sac de noeuds

et ses paroles contre paroles.

Le juge décide de les mettre face à face

dans son bureau.

Et là, péroline Garineau

change encore sa version

comme le raconte son avocate à la sortie.

Elle était dans la voiture

sur les lieux à Moutarouse.

Elle est restée dans cette voiture

pendant que M. Kraut

a déversé de l'essence

sur Karine.

Maintenant, elle n'est pas mise en examen aujourd'hui

dans la mesure

où elle n'a commis aucun acte positif

dans la destruction du cadavre.

Donc finalement,

elle était là.

Mais elle n'aurait-tu qu'un rôle passif

ce qu'elle répète quelques jours plus tard

à une équipe de France 2.

J'ai vu quelqu'un à mon jeu par farfois.

C'était pas en train de vider les bouteilles d'essence.

Je l'ai aidée.

Je l'ai pas aidée physiquement.

Moralement.

En septembre,

Péroline Garineau change encore de version.

Ils sont allés acheter les bouteilles d'essence

ensemble.

Et c'est elle qui a versé l'essence

sur le corps de Karine. Trois bouteilles.

Et là, c'est plus la même histoire.

Du coup, elle reste libre pour s'occuper du bébé.

Mais elle est mise en examen

pour modification de l'état des lieux d'un crime

en vue de faire obstacle à la manifestation

de la vérité.

Dès que c'est parti,

ils vont se retrouver côte à côte

dans le box de la cour d'assises.

Jusqu'à ce que mi-novembre

tombe le rapport définitif

des médecins légistes.

Je vous l'ai dit, le corps de Karine était trop abîmé

pour qu'on puisse dire avec certitude

de quoi elle est morte.

Ni même si elle a été violée.

La seule chose qu'on peut dire,

c'est qu'elle a un traumatisme crânien

et quatre côtes cassées.

Et jusque-là, on pouvait supposer

que c'était à cause de l'accident.

Or maintenant, les experts sont formels.

Le choc entre la Mazda

et le vélo a eu lieu

à moins de 40 km.

C'était donc un choc léger.

Alors pourquoi les quatre côtes

cassées ?

Les légistes émettent l'hypothèse

qu'on l'a écrasé.

Ça n'était pas un choc.

On l'a maintenu au sol,

de tout son poids jusqu'à lui enfoncer

la cache thoracique.

Les parents de Karine

encaissent la nouvelle.

Les experts en accident

pensent aussi

au vu des traces de freinage

et de la vitesse

que Crotte a percuté Karine

volontairement.

Ce qui fera dire aux juges

au moment de boucler son enquête

que ce jour-là, Stéphane Crotte

cherchait une fille.

Il l'a vu, il l'a percuté,

il l'a enlevée, il l'a violée,

il l'a étranglée.

Mais il y a encore pire que ça.

Il provenait des deux préservatifs

qu'on a retrouvés près du cadavre.

À un moment de l'enquête,

Péroline a expliqué que Crotte les avait enfilés

avant de violer Karine.

Les deux.

On les a fait analyser, bien sûr.

À l'intérieur de la capote,

on trouve bien l'ADN de Crotte,

mais à l'extérieur de l'une des capotes.

Ça n'est pas l'ADN de Karine

qu'on retrouve.

C'est celui de Péroline.

Oui, monsieur. Ils ont fait l'amour,

pésés près du cadavre,

après leur forfait.

Monstruosité absolue.

Et je peux vous dire que ce détail

va peser très lourd aux assises

pour lui et pour elle.

Mais avant d'aller devant la cour d'assises,

un mot sur Stephen Crout.

Qui est-il ?

Comme souvent, dans pareca,

un enfant abandonné.

Faites-moi confiance, c'est une constance

chez tous les grandureurs.

Stephen Crotte a d'abord été abandonné

par sa maman, puis confié

à son grand-père, puis abandonné

par son grand-père, et placé

à la dace.

C'est sur ce double abandon

que s'est construite cette personnalité

monstrueuse.

Alors, bien sûr, après,

il a été adopté,

à l'âge de quatre ans,

par une bonne famille, les Crottes,

des catholiques, mais

difficilement aimants.

Ils racontent qu'à l'école,

on se moquait de son nom d'adoption.

Crotte. Oh, la crotte qui pue,

sale crotte.

À l'adolescence, il est devenu violent,

et il s'est mis à faire du somme

d'ambulisme.

Ses parents considéraient qu'il était

possédé par le diable, alors

ils l'ont envoyé chez un exorciste.

Et à partir de là,

il est devenu

incontrôlable.

Voilà. Ça n'excuse rien,

mais ça explique

comment grandir droit quand tout petit

on n'a pas connu du tout

les bisous dans le cou.

D'ailleurs, depuis qu'il est en prison,

Crotte n'a pas donné de ses nouvelles

à ses parents adoptifs.

Voilà. Voilà d'où vient le bonhomme

qu'on s'apprête à juger devant la

cour d'assises de Messe, à côté

de sa misérable petite amie,

Péroline Garinot.

Le procès s'ouvre le 13 novembre 2004.

La salle est pleine.

Les brave gens sont venus voir le salaud

et la garce, comme ils les appellent.

La maman de Carine, Edith Chaff,

porte la photo de sa fille

en médaillons.

Bien en évidence.

Stéphane Crotte a maintenant 26 ans.

Il entre dans le boxe, l'air assez

détaché. Le torse en avant.

Alors que Péroline, elle,

s'enfonce autant qu'elle le peut

dans sa doudoune, en machant de chewing-gum.

Au milieu du prétoire,

on a posé le vélo de Carine

avec sa roue arrière tordue.

Bien en évidence.

Au premier jour, on se penche

sur la personnalité de Crotte.

Sur son histoire, comment en est-il

arrivé à tant de monstruosité ?

Je vous ai déjà raconté

son enfance fracassée,

son double abandon

et son adoption par un couple un peu dépassés.

Ils sont là, au procès,

le père et la mère adoptive,

monsieur et madame Crotte.

De brave gens, vraiment.

La mère raconte qu'il ne voulait pas

être adopté.

Et elle révèle à la barre quelque chose

qui donne toute l'ampleur du désastre.

Quelque chose qu'elle a révélé à son fils

alors qu'il était au collège.

Écoutez bien, il est le fruit

d'un incest.

Son vrai père, c'est son grand-père,

celui qu'il l'a recueillie

quand sa mère l'a abandonné.

Voilà. Voilà d'où vient

le monstre dans le box.

Je le redis, ça n'excuse rien,

mais ça explique.

Le deuxième jour,

on essaye de dénouer le sac de noeud

et de mesurer l'implication de Péroline,

qui change une nouvelle fois

de version au passage.

Elle dit maintenant que c'est Crotte qui a mis le feu

et l'autre, dans le box, bondit.

Mais pas du tout.

Péroline a versé les bouteilles

dans le corps de Karine.

Elle n'avait pas de briquet, je lui en ai passé un.

Elle a allumé le feu.

Il y a eu une détonation et une flamme énorme.

On évoque alors les relations sexuelles

qu'ils ont tues tous les deux,

près du cadavre.

Ils confirment, à demi-maux.

Mais comment Karine est-elle morte ?

Ça, ça reste flot.

Crotte répète que c'était un accident.

Le président lui fait remarquer qu'il n'a pas eu

un mot pour les parents de Karine,

alors il leur présente des excuses,

ça ne m'a fait ni chaud ni froid.

Il a échouillé de se défendre.

Il a changé encore les versions.

Il a dû faire un mélange de toutes les versions

qu'il avait faits jusqu'à présent, c'était rien de nouveau.

Je crois qu'à des moments, j'ai eu l'impression

que j'étais dans une affaire qui ne me concernait même plus.

Je crois qu'il y a un moment où vous déconnectez.

Je m'attendais à Ria.

Quand on s'attend à Ria,

quand on reçoit Ria,

c'était une matinée

où il y avait plutôt un sentiment de dégoût.

Je pense qu'il est simplement en train

de s'amuser. Il est certainement mieux là,

lui, en ce moment, qu'en prison.

Ça le change un petit peu.

Il essaie de faire en sorte d'écoper le moins possible.

Moi, ce que j'essaie, c'est qu'il en écope le plus possible.

Le plus possible.

Je me dis, nous, on vivra avec.

On n'a pas le choix.

Moi, j'irai simplement rendre visite

à ma fille.

Là où elle se trouve, je ne l'admets pas.

Je ne l'admettrai jamais.

L'avocate général a des mots très durs.

Stéphane Crotte est un prédateur

et le couple est constitué

de deux êtres diaboliques,

diaboliques

sans aucune once d'humanité

qui s'accouplent comme des animaux

à quelques mètres du corps de la victime

encore fumant.

Et elle réclame pour lui

la perpétuité et la peine maximale

pour elle, 3 ans de prison.

...

Et le verdict tombe.

Il est conforme aux réquisitions

de l'avocate général.

Stéphane Crotte est condamnée

à la peine maximale.

La réclusion criminelle à perpétuité

a sorti d'une peine de sûreté de 22 ans.

Quant à Pérolín Garino,

pour avoir aidé à incendier le cadavre,

elle prend aussi le maximum,

soit 3 ans.

La maman de Carine s'avance vers les micros

et vers les caméras.

Au moins, la loi a donné le maximum

qu'elle pouvait donner.

Aujourd'hui, c'est verdict qui tombe pile 39 mois

après l'enlèvement de Carine.

Et de toute façon,

pour moi, j'estime que

un monstre

restera toujours disons maintenant

un assassin, puisque la législation

la fait devenir à l'instant un assassin.

Un assassin

restera toujours mauvais

tant qu'il n'a pas dit la vérité.

Et pour moi, on ne devrait jamais les relâcher

tant qu'ils n'ont pas dit l'intégrale vérité.

Mais immédiatement,

l'avocat de Crotte annonce qu'il fait appel.

Les jurés et le jury d'une façon plus générale

a cédé à l'opinion publique

qui depuis 3 ans

fait front, fait corps

et a obtenu

finalement quelque part

la mort psychologique de Stéphane Crotte.

Heureusement, aujourd'hui, il y a l'appel.

...

Crotte fait appel

mais pas Péroline Garineau.

Il y aura donc un nouveau procès

mais sans elle.

Ce deuxième procès a lieu en février 2006

devant la cour d'assises de Nancy

et le verdict à la fin est un poil plus léger.

30 ans de prison

dont 20 ans de sûreté.

...

Je trouve ça tout à fait révoltant

qu'il ait pu avoir une réduction de peine

malgré que les faits sont toujours les mêmes.

Ils n'ont pas changé depuis masse.

Monsieur a le droit de sortir dans quelques années.

Enfin, quand on fait en sorte

dans notre système judiciaire

que tout repasse toujours en procès,

ça torture les victimes, tout ça

pour que certains puissent s'en sortir

merveilleusement en faisant toutes les salles

au prix possible. On n'a rien à foutre

de savoir si pendant un jour nous on a crevé

de peur et de trouille. Le jour où il sort

je pourrais me permettre de le zigouiller

si je ne l'ai pas fait faire en prison avant.

Stéphane Crotte est en théorie libérable

à partir de 2022.

Ses parents adoptifs ne l'ont pas lâché.

Ils continuent d'aller le voir

en prison.

Péroline, elle est sortie au printemps 2006.

Elle a refait sa vie, loin de la région.

Des centaines d'histoires disponibles

sur vos plateformes d'écoute

et sur europe.fr

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

Le drame qui a marqué les habitants de Bitche en Moselle. Au cours de l'été 2001, le vélo de Karine, 16 ans, est retrouvé abimé sur les lieux d’un accident. Un témoin a vu une Mazda blanche prendre la fuite…