Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - L’affaire Charles Barataud

Europe 1 Europe 1 10/4/23 - 31m - PDF Transcript

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On de l'Être à Compte, Christophe Andelat.

Je vais vous raconter une grande affaire criminelle.

L'affaire Parato qui se déroule à Limoges en 1928 et qui a fait couler beaucoup, beaucoup d'encre à l'époque et qui a divisé pas seulement les gens du coin,

les Français, tout le monde a suivi cette enquête à l'époque par les journaux.

Charles Parato a-t-il tué le chauffeur de taxi et tienne fort ? C'est ça la question.

Et tout le monde avait un avis là-dessus.

Et le sel de cette affaire, c'est la personnalité de Parato.

C'était ce qu'on appelait à l'époque un inverti, ou un homme ou meurre spécial.

Bref, il était homosexuel.

Et à ce titre, eh ben coupable, forcément coupable.

J'ai demandé à l'historien Vincent Brousse de débriffer cette histoire avec moi tout à l'heure.

Il a écrit les grandes affaires criminelles de Haute-Vienne aux éditions de Bauré.

Et je suis toujours preneur pour faire vivre notre petite communauté de fans d'histoire.

De vos commentaires sur Twitter, hashtag ondelatra-compte.

Et au passage, allez liker, comme on dit, notre page arobase ondelatra-compte.

Voici donc cette histoire que j'ai écrite avec Pierre Anquetin.

La réalisation est signée Céline Lebrasse.

Cette histoire débute à Limoges en janvier 1928.

Un chauffeur de taxi étienne fort 36 ans, a disparu.

Et sa femme vient s'en plaindre au commissariat.

Je dis après-midi, je sais qu'il est passé chez son carrossier.

Plus tard après le dîner, il est parti chercher un client.

Il n'est jamais revenu à la maison.

Ça fait quatre jours.

Il manque aussi sa voiture, sa belle voiture.

Une Schenar Walker, bleu clair, six places.

Un taco façon Gaston Lagaffe.

Ça c'est la première chose qu'on retrouve.

Le taxi, la voiture.

Dans sa letta, à moitié noyée dans une rivière.

A Argenton sur creuse, à environ 100 km de Limoges.

Il y a des témoins, un couple, qui sortaient du cinéma

et qui dit avoir vu un homme pousser la voiture dans l'eau.

Une belle voiture comme ça, forcément, ça les a intrigués.

Ce gars d'ailleurs, d'autres témoins l'ont vu s'enfuir vers la gare, juste après.

Et d'autres l'ont vu sauter dans le premier train pour Limoges.

On demande à tous ces témoins de le décrire.

Ils parlent tous d'un grand costaud.

Donc, ça n'est pas le propriétaire du taxi et tienne fort.

Parce que lui, c'est une crevette.

Le commissaire Fréssard de Limoges prend la direction de l'enquête.

Et, premier travail, il entreprend de reconstituer l'emploi du temps du disparu.

Sa femme a dit qu'avant de se volatiliser,

Etienne Ford est passée chez son carrossier.

Alors, allons voir le carrossier.

Oui, oui, c'est vrai. J'ai vu M. Ford jeudi.

C'était l'après-midi.

Il vous a parlé de quelque chose, un client, une course prévue.

Je l'ai vu discuter avec M. Barreto dans la cour du garage.

Barreto, qui est ?

Charles Barreto, vous le connaissez.

C'est un de mes clients, un industriel. Il fait dans la porcelaine.

Un drôle de type entre nous.

Je m'en méfie, dégâts comme lui.

Et pourquoi donc ?

C'est un oseur, c'est un type à un prouille.

Je ne sais pas de quoi ils ont parlé.

Hein ?

Eh bien, ça nous fait une piste, ça.

D'après la femme du taxi, M. Ford,

ce Charles Barreto est un client régulier de son mari.

Il faisait appel à ses services, surtout la nuit.

Allons-bons.

Et pourquoi diable a-t-il besoin d'un taxi la nuit, à Limoges en 1928 ?

C'est pas la Gala Tswinga Limoges dans ces années-là.

Les gens normaux s'y couchent à 8h.

Et donc ce Barreto n'est pas un type normal.

Ce qui suffit à faire de lui un suspect.

...

Le commissaire Fressard envoie tout de suite deux de ses agents chercher l'énergie humaine.

Et il voit débarquer un jeune homme de 33 ans,

bel homme, tiré à quatre épingles, et un peu fêbril.

Oui, j'ai croisé fort chez le carrossier, je le dis.

Et je l'ai revu plus tard vers 3h du matin.

Je suis tombé en panne, à 20 km de Limoges, près de la rivière Levin-Cou, vous voyez.

Ford est passé par là, c'est une chance.

Alors il m'a ramené à Limoges.

Et comme j'avais besoin d'une voiture pour traiter une affaire le lendemain matin, très tôt,

je devais emmener deux personnes à l'hôbe, visiter à un bois que je veux vendre.

Et bien je lui ai demandé de me prêter la sienne.

Il a accepté, moyennant, 150 francs.

Quelle histoire à dormir debout.

Ce barato prétend qu'il a emprunté le taxi d'Etienne Ford en pleine nuit,

à 3h du matin, en plein mois de janvier,

pour aller le lendemain matin à l'hôbe,

faire visiter un bois qu'il voulait vendre à deux clients improbables.

Et vous en avez fait quoi après ?

De la voiture, de la Schenar-Walker ?

Il dit qu'il l'a redéposé en ville,

que c'était convenu comme ça avec Etienne Ford.

Dites-moi, M. Barato, d'après vous,

pourquoi M. Ford a-t-il disparu depuis ?

Ah, ça, je l'ignore, M. Barato.

Le commissaire, je vous le dis tout de suite,

pense que ce barato raconte des craques.

Alors il le met au frais.

Que fait le commissaire ?

Eh bien, il convoque les deux clients

pour vérifier cette histoire de voulue,

et de ne pas le faire.

Il convoque les deux clients

pour vérifier cette histoire de visite matinale

et improbable dans les bois.

Eh bien, il confirme,

Charles Barato les a bien emmenés

jusqu'à ce bois qu'il voulait vendre

à 4 heures du matin.

Et avec quelle voiture ?

Ah, c'était une Schenar-Walker.

Je le sais parce qu'on l'en a discuté avec Barato sur la route.

Le commissaire les interroge sur l'heure

à un congru de cette visite,

il convienne que ça leur a paru louche,

effectivement,

d'autant qu'ils avaient sur eux une partie de l'argent

pour acheter ce bois.

Vous savez, monsieur le commissaire,

nous avons eu

une triste impression.

Ah bon ?

Et pourquoi ?

Ils disent que ça ressemblait à un Traknar,

que s'ils n'avaient pas croisé ce matin-là

sur la route des voitures qui se rendaient à une foire,

ils ont une impression qu'ils allaient y passer,

ils allaient les dépouiller et peut-être même les aigouiller.

Et finalement, vous l'avez acheté ce bois ?

Ah non, non, non, c'était pas intéressant.

Et après ?

Et bien après, monsieur Barato nous a ramené en ville.

C'est tout.

À partir de là, voilà le scénario

qui commence à s'échafauder

dans la tête du commissaire.

Charles Barato tue le taxi et tienne fort,

pour s'emparer de sa voiture.

Ensuite, au volant de la Schener Walker,

il attire les deux négociants en bois dans un Traknar

dans l'idée de leur voler l'argent qu'ils ont sur eux.

Et il espérait grâce à la voiture

faire porter le chapeau au chauffeur de taxi.

Il n'a pas pu aller au bout de son projet

et donc il s'est débarrassé de la voiture.

Ça se tient.

Ce n'est pas très étayé, hein.

Pour l'instant.

Mais ça se tient.

Le commissaire cuisine Charles Barato pendant toute la nuit

et vers 7 heures du matin,

après 19 heures d'interrogatoire,

il craque.

C'est moi qui ai tué fort.

Quand ?

Dans la nuit de jeudi et vendredi.

J'étais en panne sur la route,

fort et passé en voiture,

je l'ai arrêté et je lui ai demandé de me conduire.

Et ensuite,

fort a accepté.

Et puis,

et ensuite, et bien j'ai perdu la tête.

Qu'avez-vous fait ?

J'ai pris mon revolver qui était dans ma poche,

je lui ai tiré une balle

dans la tombe gauche.

Pourquoi ?

Je ne sais pas.

Parce que je trouvais qu'il n'allait pas assez vite.

Et où est le corps ?

Je l'ai caché dans la galerie d'une carrière.

Et ben voilà.

L'enquête pliée en moins de deux.

Il l'a avoué.

Il ne reste plus qu'à lui faire signer ses aveux.

Le commissaire lui tend le procès verbal

et là Barato pose une condition.

Je veux bien signer.

Mais je voudrais voir mon ami Bertrand.

Une dernière fois avant la prison.

Et aussi je voudrais voir mon père.

Pour lui dire adieu.

S'il vous plaît monsieur le commissaire.

Il sait très bien le commissaire.

Qui est ce Bertrand que Barato veut voir ?

Bertrand Péné.

Fils d'un grand industriel du textile à Limoges.

Il sait aussi pourquoi il veut le voir.

Par que depuis que le carrossier lui a dit que c'était un noceur.

Il s'est renseigné.

C'est un inverti.

Barato.

Il aime les garçons.

Il a comme on dit des mœurs spéciales.

Et ce Bertrand Péné qui n'est pas majeur.

19 ans.

Et bien c'est son petit copain.

Voilà tout.

Il réclame de le voir avant d'aller.

Il réclame de le voir avant d'aller en prison.

Parce qu'il l'aime.

Alors le commissaire, bon prince.

Accepte.

Mais une minute.

Pas plus.

Et il conduit Charles Barato

à l'usine des Pénés

où travaille le jeune Bertrand.

Et il les laisse tous les deux en tête à tête

pendant une grosse minute.

Après quoi il ramène Charles Barato

commissariat.

Bien.

J'ai tenu ma promesse monsieur Barato.

Alors maintenant

il faut signer.

Et Charles Barato signe ses aveux.

Et là Barato rappelle au commissaire

qu'il lui a aussi promis

de l'emmener voir son père.

Le commissaire a autre chose à faire.

Alors il demande à deux agents de police

d'emmener Charles Barato chez lui.

La maison des Barato est collée

à leur usine.

Elle n'est pas très reluisante

pour des bourgeois.

Noircie par la fumée des fours à porcelaine.

Charles Barato vit au premier étage.

Les policiers

ne se méfient pas.

Ils le laissent monter tout seul.

Ils sont là en bas, ils fument une clope.

Et tout d'un coup

un coup de feu.

Alors ils grimpe les marges 4 à 4,

ils enfoncent la porte de la chambre

et ils trouvent le jeune Charles Barato

à gare.

Le canon d'un fusil dans la bouche

sur le point de se suicider.

Et au pied du lit

il y a le cadavre d'un jeune homme blond.

Bertrand Péné.

Barato a tué son amant

et il allait se tuer.

Mais quelle bourde !

Un type en garde à vue.

Le commissaire Fréssard s'est fait avoir

comme un bleu.

Une enquête qui était pratiquement bouclée

et qui maintenant vit au scandale.

Le père Péné ne va pas aimer

et il a le bras long.

Il connaît du monde à l'imoge.

Son fils a été assassiné

par un type en garde à vue

Fréssard est furax.

Il s'en veut.

Mais il s'en veut.

S'il savait ce qu'il attend.

Charles Barato est ramené en prison.

Il reste prostré toute la journée.

Et le soir,

il écrit une lettre aux juges.

Il se rétracte.

Je vous la lis.

Monsieur le juge,

je niais énergiquement avoir tué le chauffeur Fort.

J'ignore où est son corps.

Me voyant t'accuser et me rendant compte

que la base sur laquelle était fondée

cette accusation était sérieuse,

puisque j'étais la dernière personne

à perçu en compagnie de Fort,

j'ai perdu la tête.

J'ai voulu épargner le scandale à ma famille.

Nous avons voulu nous tuer moi et Bertrand

pour sauver notre honneur

à tous les deux.

Signé Charles Barato.

Bon.

Ça n'empêche pas le juge

de l'inculper le soir même

pour l'assassinat d'Etienne Fort

et pour celui de Bertrand Péné.

En 1928,

des aveux signés

s'apaisent toujours plus lourds

que la rétractation d'un averti.

Qui, par ailleurs, et ça,

il ne peut pas revenir là-dessus,

à tuer le jeune fils mineur

d'un honorable industriel de Limoges.

En attendant,

la presse se régale

de ses rebondissements

et, surtout, la presse de gauche.

Cette histoire de bourgeois

dépravés, c'est pas béni.

Le populaire journal socialiste

dit que Barato,

outre le fait d'être inverti,

ça donnait au stupéfiant

fréquenter les maisons de nuit

et avait des dettes de jeu.

Quant au travailleur du centre, communiste,

il s'en prend au jeune Bertrand Péné.

Un jeune bourgeois dépravé

et demeure spécial.

Cette affaire s'est passée

dans cette partie pourrie de la société bourgeoise

parmi les fils à papa,

les viveurs, les juisseurs,

les catins de la haute.

La gauche de l'époque n'est pas très progressiste

sur le plan des meurs,

pas plus que les curés.

...

Trois jours plus tard,

le 20 janvier 1929,

rebondissement,

un garde forestier découvre

le corps du chauffeur de taxi,

caché sous un fago de bois

au bord d'une rivière,

ou 20 coups, à 20 km de limoges.

Je vous ai déjà parlé du 20 coups.

Souvenez-vous tout au début,

c'est là que Charles Baratot

serait tombé en panne avec sa voiture.

Là qu'il serait tombé par hasard

sur le taxi.

Là qui tienne fort lui aurait gentiment prêté sa voiture.

Et comme par hasard,

c'est là qu'on retrouve le corps.

Ça signe le meurtre, non ?

Il arrête le taxi,

il tue le père fort,

il pique sa voiture.

Baratot.

C'est Baratot.

...

Mais là le commissaire Fressard se crate la tête.

Parce qu'il y a un problème.

Un gros problème.

Ça n'est pas ce qu'il dit dans ses aveux.

Pas du tout.

Il dit qu'il a mis le corps dans une carrière.

Et là on le retrouve

sous un fago de bois.

Ça fragilise les aveux.

Beaucoup plus que la rétractation de Baratot.

Bref c'est la tuile.

Et c'est pas fini.

Le corps file dans les mains du légiste.

L'individu a été tué

de deux coups portés à l'arrière du crâne,

à l'aide d'un objet contendant.

Et qu'est-ce que Baratot a dit

dans ses aveux ?

J'ai pris mon révolver qui était dans ma poche.

Je lui ai tiré une balle dans la tombe gauche.

Ah, ce procès verbal d'aveux.

Il a du plomb dans l'aile.

Même pour condamner un homme au meurre spécial.

Ça pourrait ne pas suffire.

Alors maintenant cette question.

Est-ce que le jeune Bertrand Péné

a pu jouer un rôle

dans le meurtre du chauffeur de taxi ?

En perquisitionnant chez Charles Baratot,

les policiers sont tombés

sur son journal intime.

Deux cahiers de 500 pages,

peut-être que la réponse est dedans.

Alors le commissaire Fressard

se carte dans un fauteuil

en rentrant chez lui devant sa cheminée.

Et il attaque la lecture.

Ah !

Le jeune Charlie a été dépuselé

par la copine de son frère,

quand il avait 13 ans.

Ça ne lui a pas plu.

Il écrit,

« Cet acte que je ne comprenais pas encore

me laissa, je m'en souviens,

une profonde impression de dégoût.

Ensuite il fait la guerre de XIV

et il traverse

la guerre de XIV.

Le jeune Charlie a été dépuselé

par la copine de son frère,

quand il avait 13 ans.

Et il traverse, il écrit,

des crises de melancholie.

Ensuite il parle de ses loisirs.

Le soir il sort,

il danse le Charleston.

Et il joue au tennis aussi.

Il est le président du Red Star Tennis Club.

À cette époque-là,

on voit qu'il a essayé d'aimer des femmes.

Mais manifestement, ça ne durait pas.

Ah !

Là il parle de Bertrand Péné.

Il l'a rencontré au club de tennis.

Il écrit,

« Il m'énerve ce petit gigolo bien rasé,

bien poudré, bien maquillé.

Si c'est pour moi, mon garçon,

que tu te donnes cette peine, tu te trompes,

tu ne m'intéresses pas. »

Donc, il résiste

à ses meurs spéciales.

Courageux, se diffrait ça.

Ah !

Le jeune Bertrand persévère.

Il vient le voir tous les matins chez lui

à l'heure de la toilette.

Et un jour il déboule,

alors que Charlie est encore au lit,

et il l'embrasse et il le caresse.

Et Barato se laisse faire.

Et donc le gamin qui l'a converti au meurre spécial.

Oh !

Celle-là, elle est bien bonne.

Bertrand Péné a aussi une maîtresse.

Mimi, la femme d'un médecin de Limoges.

Charlie était fou de jalousie.

C'est écrit dans son cahier.

Intéressant ce journal intime.

Mais rien sur le crime.

Pas un mot.

Il va donc falloir chercher la réponse,

ailleurs.

En revanche,

en enquêtant discrètement

sur l'entourage des deux loustiques,

il a découvert qu'il y avait du monde

qui gravitait autour.

Tout en un groupe de jouisseurs,

de noceurs, de la bourgeoisie de Limoges.

Et que tout ce petit monde

se retrouvait régulièrement

dans un petit château

que possède la famille Péné,

le bon abri.

Et qu'il se passait dans ce château

le soir devant la cheminée

des parties fines, comme on dit,

auxquelles se mêlaient des hommes,

mais aussi des femmes.

Et qui emmenait tout ce beau monde

là-bas ?

Et tiennent fort le taxi,

le revoilà,

et tiennent fort qui savait tout.

Alors est-ce que c'est pour ça qu'on la tuait ?

Autre chose.

Après le meurtre du jeune Bertrand,

on a fouillé le château.

Il y avait un salon bleu

qui donne sur la terrasse,

sous un tapis.

Il y avait des traces de sang.

On a aussi trouvé dans le jardin

une clé à molette souillée de sang.

Et ici, le chauffeur de taxi

avait été tué au château.

Et son corps cachait là quelque temps.

Ça ouvre des perspectives, ça, non ?

Tout en que le gardien du bon abri,

ça ouvre des perspectives, ça, non ?

Tout en que le gardien du bon abri,

raconte que la chénare Walker

était dans le garage

le lentemain du crime.

Dès lors,

est-ce que ça n'est pas Bertrand Péné

qui a tué le chauffeur de taxi ?

Et pas Baratheau ?

En tout cas,

dans son édition du 24 janvier,

le populaire enfourche cette hypothèse.

C'est Bertrand l'assassin.

Baratheau n'a fait que l'aider

à se débarrasser du corps et du taxi.

Comment le journal en arrive-t-il là ?

Ne mentez pas trop.

Pour des raisons politiques peut-être.

Parce que pour un journal socialiste,

c'est plus excitant que l'assassin

soit un grand bourgeois en vue

plutôt qu'un petit bourgeois fauché comme Baratheau.

D'autant que,

dans les jours qui suivent, on s'aperçoit

que le jeune Bertrand est allé se consoler

dans les bras de sa mimi.

On les a vus dans un hôtel de brives,

encore aise.

Est-ce que ça n'est pas ça

qui a mis Charles Baratheau hors de lui ?

La chalousie.

Un témoin dit qu'il l'a entendu crier au téléphone

à la gare de l'image le 15 janvier.

Rentre de suite.

Il faut que tu aies de l'audace

pour rester si longtemps à brives.

Le juge lui dit

qu'il a l'air de pouvoir

se battre pour le faire.

Et alors,

il a dit qu'il a l'air de pouvoir

se battre pour le faire.

Et alors,

il a l'air de pouvoir

se battre pour le faire.

Le juge lui-même

commence à être séduit par cette idée.

Bertrand Péné

tue le taxi fort.

Charles Baratheau transit d'amour

le débarrasse du corps et de la voiture.

Et quand il se retrouve accusé du meurtre

à sa place, il se vange

et il le tue.

Alors, le juge pose la question à Baratheau.

M. Baratheau,

est-ce que ça n'est pas Bertrand Péné

qui tombe en panne près du verre un coup ?

Bertrand Péné qui tue le chauffeur fort

et qui va ensuite cacher la voiture au bon abri

et qui vous supplie ensuite de l'aider ?

Je ne répondrai ni oui ni non à cette question.

On en est là dans l'instruction

quand le juge est brutalement

décési de l'enquête.

Des pressions de la famille Péné peut-être.

Possible.

Un nouveau juge récupère le dossier.

Il se le coltine d'un bout à l'autre.

Et lui, il en revient

à l'hypothèse de départ.

C'est Charles Baratheau qui tue fort

pour lui voler son taxi

et ensuite tuer et dépouiller

les deux négociants à qui il voulait vendre

son bois.

Retour au scénario initial.

Ensuite, il tue Bertrand Péné

pour l'empêcher de parler.

Et donc, Charles Baratheau

est renvoyé devant la cour d'assises de Limoges

pour un double homicide volontaire

doublé d'un vol avec violence.

Dans son édition du 25 mai 1928,

le journal communiste,

le travailleur du centre écrit

« Baratheau est le symbole vivant

de la bourgeoisie crapuleuse,

des balles de l'opéra à 1000 francs par tête,

des partous du bois de Boulogne.

Après le procès de Baratheau,

c'est le procès de toute la bourgeoisie de Limousine

qu'il va falloir faire.

Le procès de Charles Baratheau s'ouvre

en plus tard le 29 mai 1929.

L'affaire est croustillante

et il y a un monde fou

de tous les milieux, dès qu'il descende

de belles voitures et aussi

des ouvrières de la porcelaine.

Baratheau s'est fait pousser une barbe rousse,

taillée en pointe.

Le journal le populaire le décrit.

Un complet gris et bois de rose,

une chemise de soie belge,

une cravate claire,

ses longs cheveux rejetés en arrière

des couvrins francs très hauts,

son air est agar, il ne fixe personne,

il fuit tous les regards.

Mais le premier jour,

le président fait ressortir tout le monde,

il décrète le huit clos pour la journée.

Car il s'agit de lire le journal

intime de Baratheau, il ne faudrait pas

choquer les gens.

On fait ensuite venir des experts parisiens

pour qu'ils donnent leur avis

de la sexualité de l'accusé.

Vous voyez,

le mal qui touche

ce monsieur Baratheau est une anomalie

connue par les psychiatres

sous le nom de hermaphrodisme psychosexuel.

Après quoi le médecin légiste

vient dire qu'après avoir observé

à la loupe le cadavre du jeune

péné, il sait que celui

s'y pratiquait la péderastie

passive

frémissement dans la salle.

C'est donc lui qui faisait la femme.

Et Baratheau faisait l'homme.

Ça les intéresse les gens, ça.

Mais si on en revenait

aux faits, hein ?

Monsieur Baratheau,

où étiez-vous le soir

des faits ?

J'étais au cinéma.

Et ensuite,

ensuite on m'a dit que ma voiture

était en panne et qu'il y avait eu un grand malheur,

que quelqu'un avait été tué.

Intéressant.

Charles Baratheau finalement

accuse son petit ami Bertrand,

mais sans le nommer.

Le juge lui demande.

Mais qui vous a dit ça ?

Je ne peux pas répondre.

À ce moment-là,

l'avocat de la famille Péné

mettre Camille Chautan, bondi de sa chaise.

Accusez-vous, monsieur Péné,

oui ou non ?

Je ne peux pas répondre.

Vous avez tué Bertrand Péné

pour lui faire porter la responsabilité

du meurtre des tiennes forts. Voilà tout !

On fait venir à la barre

la fameuse mimi,

la maîtresse du jeune Péné

qui ne sait pas grand chose.

Vous savez, j'étais pas là le soir du meurtre,

je recevais chez moi.

Je peux rien vous dire.

Elle ajoute qu'à cette époque,

dans son souvenir,

Bertrand n'avait pas l'air inquiet

une seule seconde.

Puis vient la plaidoirie

de l'avocat général.

Monsieur Barato

est un noisif,

un avertir,

débaucher sans scrupule.

Il est amoral, il est engueilleux

et il est menteur.

Ils sont mobiles.

Et bien, c'est le vol.

Rien de plus, la vénalité.

Il a commis deux assassinats

et chacun de ces assassinats,

vous m'entendez ?

Chacun de ces assassinats mérite la mort.

Je vous remercie.

C'est Maître Allégret

qui défend ensuite Charles Barato.

N'oubliez pas

que cet homme a toujours été un homme droit,

estimé, généreux

jusqu'à l'exagération.

N'oubliez pas cela.

Et demandez-vous, je vous en supplie,

par quelle aberration

ou pour quel motif

il serait subitement devenu

l'assassin du chauffeur fort.

Ce sont ces acheteurs de bois.

Non, il n'a pas besoin d'argent.

Il est riche.

Vous me direz, il a tué M. Fort

pour prendre sa voiture.

Mais savez-vous combien de voitures

possède ce M. Barato ?

Deux, c'est l'une tombant panne.

Il n'a qu'à prendre l'autre.

Il n'y a aucun mobile

à cet assassinat.

Et donc, mon client n'a pas tué M. Fort.

Qui il a tué ?

Et bien, ça n'est pas à moi de le dire.

Quelqu'un qui était en panne de voitures

qui lui a demandé son concours

qu'il aurait refusé une dispute.

On lui donne un coup de cri et là,

c'est à freux que faire.

On cache comme peu la malheureuse victime.

On revient à Limoges.

On met Barato au courant.

Activement, sans même prendre le temps

de lui donner les détails.

Sauvez-nous, Charlie.

Sauvez-nous.

Et lui, vaniteux mais serviable,

généreux, sans réfléchir,

répond, je me charge de tout.

Comptez sur moi.

Quant au meurtre du jeune Bertrand,

l'avocat plaide le crime passionnel.

En général,

les jurés sont indulgents

pour les crimes passionnels.

Les jurés délibèrent un quart d'heure.

Et à l'issue,

Charles Barato est reconnu coupable

des deux meurtres, avec préméditation.

Il est bon pour la guillotine

mais en bas de la page,

les jurés ont ajouté en lettres déliés

circonstances atténuantes.

Donc il sauve sa tête.

Il est condamné au travaux forcés

à perpétuité.

Le verdict, figurez-vous,

déclenche des émeutes dans la vine.

À 7h du soir,

il y a 3 000 personnes

devant la prison pour conspuer Barato.

La gare de républicaine

charge.

Elle procède à 80 arrestations.

On compte plus de 100 blessés.

En novembre 1929,

Charles Barato est envoyé

au Bagne, en Guyane,

sur l'île royale pour être sûr qu'il ne s'échappe pas.

Et 20 ans plus tard, en 1948,

il est gracier mais interdit

de rentrer en métropole

comme la totalité des anciens bannières.

Il reste donc à Cayenne

où il sombre dans l'alcool.

Il y meurt de tuberculose

le 23 avril 1961.

Sur vos plateformes d'écoute

et sur europein.fr

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Une affaire qui se déroule à Limoges en 1928 et qui a fait couler beaucoup d’encre à l’époque…Les français, divisés, suivent cette enquête par les journaux… « Charles Barataud a-t-il tué le chauffeur de taxi ? » … La personnalité de Barataud, « un inverti » …ou « un homme aux mœurs spéciales » le rend forcément coupable.