Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - La dissolution de l’Assemblée Nationale en 1997

Europe 1 Europe 1 10/5/23 - 29m - PDF Transcript

C'est une drôle d'histoire et avec du recul une histoire drôle, que je vais vous raconter aujourd'hui, la dissolution de 1997.

Jacques Chirac est président depuis deux ans, il y a des législatives dans un an qu'il va perdre, probablement, alors il décide d'anticiper.

Il dissout et il perd. Et pendant cinq ans, il se retrouve à inaugurer les crises en thème avec Lionel Jospin comme premier ministre.

J'écris cette histoire avec Pierre Anquetin, la réalisation est de celles-ci, le bras.

Europe 1. Christophe Andelat

Si vous demandez dans la rue qui a eu l'idée stupide de dissoudre l'Assemblée nationale en 1997, tout le monde vous répondra.

Villepin, Dominique de Villepin, la tête à claque de la droite de l'époque.

Eh bien c'est faux. La vérité, on le sait maintenant, c'est qu'ils s'y sont mis à quatre.

Chirac, Juppé, son premier ministre, le secrétaire général de Matignon, Maurice Gourdomontail et Villepin.

Ça se passe un dimanche soir. Jacques Chirac adore faire le point le dimanche soir au calme dans son bureau de l'Elysée.

Et donc un dimanche soir de février 1997, le neuf, aux alentours de 18h30, il fait déjà nuit.

Ils sont là tous les quatre et ils font le tour des emmerdes du moment.

Et les emmerdes de 1997 sont à peu près les mêmes qu'aujourd'hui.

Il faut réduire les déficits, passer sous la barre des 3%, comme l'exige le traité de Maastricht.

Or le dernier budget accuse un déficit de 3,8%.

Il va donc falloir serrer la vis, réduire les dépenses publiques, mais si on serre la vis ?

Eh bien on va perdre les législatives de l'année prochaine, c'est sûr.

Donc Chirac, Juppé, Villepin et Gourdomontagne, ce soir-là, dans le bureau du président, cherchent le remède miracle.

Juppé parle le premier.

On pourrait remagner le gouvernement ?

J'ai pensé à mettre Sarkozy à l'économie et aux finances.

Il est dynamique, il est pro, il incarnera une ligne libérale.

Et Alain Madelein à l'industrie, et puis Léotard aux affaires étrangères.

Qu'est-ce que vous en pensez ?

Oui.

Un remaniement, oui.

C'est une bonne idée mais...

Est-ce que ça suffira ?

Est-ce qu'il ne voudrait pas mieux dissoudre ?

C'est Chirac, c'est Jacques Chirac qui pose ça sur la table.

Alors c'est vrai que ça peut paraître zin-zin,

parce que Pil, à ce moment-là, Chirac et le gouvernement Juppé

disposent d'une très solide majorité à l'Assemblée.

Les quatre-cinquième des députés sont à droite.

Mais l'idée n'est pas idiote.

Se faire réélire et, après, se lancer dans les mesures impopulaires.

Et Juppé, ce soir-là, approuve.

Dis-soudre ?

Oui, c'est une idée.

Les sondages nous sont favorables.

La gauche n'est pas prête.

En revanche, il faudrait se décider rapidement.

Bien, faisons des sondages plus poussés,

t'attends le terrain dans la majorité,

et puis on en reparle.

...

Trois semaines plus tard, toujours un dimanche soir,

Chirac reçoit à l'Elysée son ami Jean-Louis Dobré,

qui est à l'époque ministre de l'Intérieur.

Jean-Louis, que penserais-tu d'une dissolution ?

Oh, et bien, ce que j'en pense...

C'est qu'il faut faire attention au Front National.

Il pourrait nous faire perdre des sièges, mais...

Ouais, c'est gagnable.

Ça prendra la gauche de cour.

Je suis pour.

En vérité, la plupart des poids lourds de la droite Chiracienne sont pour.

Mais il y a des réticents.

Bernard Ponce, par exemple,

le ministre des Transports, un vieux grogniard du RPR,

un très proche de Chirac.

...

...

...

...

...

En vérité, Chirac hésite encore.

Les mises en garde de Ponce, et de ce gars notamment,

lui ont mis la puce à l'oreille.

Si il était en train de faire une connerie.

Mais mi-mars,

Vilpin débarque dans son bureau avec un sondage

qu'il a commandé à l'Institut César.

Regardez, M. le Président.

En cas d'élection anticipée,

on gagne à 80 ou 100 députés d'avance.

Mieux.

15 jours plus tard, le point sort un sondage ypsos.

Encore plus encourageant.

Regardez, regardez.

140 sièges, M. le Président.

140 sièges. Vous voyez ?

Oui, oui.

Il le voit.

Mais il voit aussi que quand les sondeurs creusent un peu,

pour savoir comment les gens perçoivent une dissolution,

ça fait peur.

Ils perçoivent ça comme de l'attambouille,

comme de l'attambouille politiquearde.

Alors disons que le feu n'est pas ouvert.

Il est à l'orange.

...

...

Mi-avril, Juppé vient voir Chirac avec une mauvaise nouvelle.

C'est encore confidentiel.

Mais selon Bercy, on va vers un creusement du déficit l'année prochaine.

4,7.

Et par ailleurs, l'INSEE prévoit une augmentation du chômage.

Et avec ça, la gauche remonte.

Il y a urgence.

Et donc, deux jours plus tard, le 17 avril, à 15 heures,

le Président convoque une réunion à l'Elysée.

Il a pris sa décision.

Il va dissoudre.

La question maintenant, c'est quand et comment l'annoncer ?

Et là, il s'y met à 7 pour cogiter.

Chirac, Vilpa, son adjoint Jean-Pierre Denis,

Claude Chirac, conseillère de papa,

Jacques Pilon, le conseiller en communication,

et deux autres conseillers, Maurice Ulrich et Christine Albanel.

Dans le bureau, Chirac fait les 100 pas.

Il est comme un lion en cage.

Bon, alors Vilpa,

où en est-on que disent les sondages ?

Ils sont beaucoup plus serrés qu'en mars, M. le Président.

BVA donne la gauche gagnante.

Mais pour ça, c'est la droite.

Ça veut dire qu'on a encore une chance de gagner.

Mais que dans un an,

dans un an, ce sera encore plus dur.

Ce qu'il faut, c'est apporter une justification claire

à la dissolution,

à décision exceptionnelle,

justification exceptionnelle.

L'Europe !

Les critères de Maastricht ?

À ce moment, la Jacques Pilon,

l'expert en communication, intervient.

L'Europe !

L'Europe, ça divise la majorité.

Et surtout, ça effraie les Français.

Alors qu'il faut au contraire les rassurer.

Bon.

Mais va falloir trouver,

parce que je compte faire l'annonce de la dissolution le 24.

Alors, est-ce que ça se sait,

que le Président envisage de dissoudre ?

Bien sûr.

Politiques et journalistes vivent dans le même marigaud.

Le 19 avril,

le journal annonce que Chirac va intervenir à la télé le 21,

trois jours plus tôt que prévu.

Le lendemain,

le JD des publics carrément, un sondage.

Le 19 avril,

le journal annonce que Chirac va intervenir à la télé le 21,

trois jours plus tôt que prévu.

Le lendemain, le JD des publics carrément,

le JD des publics carrément, un sondage.

Pour ou contre la dissolution ?

Bah, les Français répondent oui.

Ils sont pour à 59%

et contre à seulement 38%.

Le soir même,

sur TF1, dans l'émission 7 sur 7,

Anne Sinclair reçoit Lionel Jospin,

le patron du Parti Socialiste,

et elle pose carrément le sujet sur la table.

J'entends trois choses.

Soit on nous dit

que la situation économique

va s'aggraver,

que il faut faire voter les Français

avant que cette situation soit aggravée,

soit qu'il va être nécessaire

de donner un nouveau tour de vis

et il faut donc faire voter les Français

avant qu'on y soit arrivé,

soit encore on nous dit que

le pouvoir a peur d'être rattrapé

par les affaires.

Et là encore, il vaut mieux faire voter

avant qu'on en soit là.

En sortant de l'émission,

Jospin va fêter ça avec d'autres éléphants.

Strauskan, vaillant,

dans un bistro du 6e arrondissement,

le Procope,

Chirac vient de se faire couper l'herbe

sous le pied.

Et donc le lendemain,

à 20h,

il apparaît en direct sur TF1

et sur France 2.

Costume gris, cravate grise,

l'air grave.

Mes chers compatriotes,

j'ai décidé de dissoudre

l'Assemblée nationale.

Aujourd'hui,

je considère en conscience

que l'intérêt du pays

commande d'anticiper les élections.

J'ai acquis la conviction

qu'il faut redonner la parole

à notre peuple

afin qu'il se prononce clairement

sur l'ampleur

et sur le rythme des changements

à conduire pendant les 5 prochaines années.

Nous avons besoin

d'une majorité

ressourcée

et disposant du temps nécessaire

à l'action.

Et ensuite, il annonce les grandes lignes

de son projet, baisse des impôts,

réforme de l'État, mais

préservation du modèle social.

Et puis, il y a l'Europe.

L'Europe, c'est la paix.

Or, d'importants

décisions seront prises

au cours des tout prochains mois.

Le passage à la monnaie unique

avec un euro

à l'égal du dollar et du yen.

Pour aborder ces échéances

en position de force,

votre adhésion et votre soutien

sont essentiels.

Mes chers compatriotes,

je vous remercie.

En sortant, il demande

Alors, j'ai été bien.

Vous avez été parfait,

Monsieur le Président.

Vous croyez ? Je ne sais pas.

Je demande si j'y suis allé assez fort.

Trop tard.

Les dés sont jetés.

Le premier tour est dans un mois.

Le 25 mai.

Le lendemain, Europa prend le poux

des Français au standard.

Qu'est-ce que ça va nous rapporter, tout ça ?

J'en sais rien. Je ne comprends rien.

En fait, je n'ai pas envie de comprendre

ce qu'il a dans la tête aussi.

On a quand même le taux de chômage le plus élevé.

Quand il a dit que c'est quand même

une grosse, grosse majorité.

Ils aboutissent à rien.

Ils se remettent en question.

Je ne sais pas.

Je suis très content

parce que je ne vais pas être obligé

d'attendre 11 mois pour dire ce que j'ai à dire.

Dire non, tout simplement.

En tout cas, il y en a un qui est dans les starting blocs.

Il s'appelle Lionel Jospa.

Et la campagne démarre

sur les chapeaux de roue.

À droite, c'est assez logiquement

Alain Juppé qui s'y colle.

Le premier ministre.

Et donc le chef de la majorité sortante.

Et ça, en soi,

c'est un problème.

Il est cramé.

Il est impopulaire.

Il ne peut pas incarner

le changement.

Le lendemain de l'annonce de Chirac,

le 22 avril,

il monte à la tribune du palais

des congrès Porte-Maillot, à Paris.

Derrière lui, un décor bleu-blanc-rouge

et un slogan.

Avec Jacques Chirac,

un nouvel élan pour la France.

Et devant lui, tous les parlementaires

du RPR et de l'UDF.

Son discours dure 3 quarts d'heure.

Il parle liberté d'entreprise,

baisse des impôts,

Europe et Euro.

C'est pas sexy.

Ah, ça, non. Ça ne fait pas rêver.

Et regardez, là, tous les cascides

de la droite qui sont alignés

en randonnions à côté de lui sur l'Estrade.

Regardez leur tête.

C'est pas la fête, hein.

Parce quoi, ne croit pas l'Europe, il boudre.

Balladur et Seguin, regardent dans le vide.

Et baille rouge ou les cassandres.

Ça me rappelle le discours

de lancement de campagne de Balladur

en 95.

Ça n'occupe rien de bon.

Ils ne vont pas se bousculer

au portillon pour aider Juppé.

Par exemple, Juppé voudrait tenir

un meeting à Toulouse,

sur les terres de Dominique Baudis.

Écoutez, Alain,

je peux pas organiser un meeting en 3 jours, hein.

Mais bien sûr que c'est faisable.

En plus, ça grèverait mes comptes de campagne.

J'ai plus de marge, là.

Désolé.

Pour dent, UDF

et FRPR ont un quartier général

de campagne commun, près des Champs-Élysées.

Il l'appelle la Poissonnerie.

C'est un ancien resto de poisson qui a fait faillite.

Les ténors de la droite s'y réunissent de temps en temps.

Mais pour la galerie.

Parce que la campagne, elle,

est pilotée depuis matinion,

très exactement, depuis le pavillon de musique,

un petit bâtiment discret

qui se trouve au fond du parc.

Et là, si vous poussez la porte,

vous tombez sur les artisans de la dissolution.

Ils sont tous là.

Claude Chirac, Jacques Pilon, Maurice Gourdomontagne

et bien sûr Dominique de Philpain.

Et c'est là qu'ils choisissent

le slogan de la campagne.

L'élan partagé.

Et la fiche.

Trois mains qui se tendent vers le ciel.

Les mauvais esprits de la Poissonnerie

disent que ce sont des mains de noyées.

Et Chirac n'est jamais très loin, hein.

Il appelle plus de poisson.

Qu'est-ce que vous comptez dire à ce meeting ?

Vous avez pensé à inviter machin ?

Est-ce que vous avez bien soutenu

le candidat Truc ?

Qui est-on suppléant déjà ?

Éjuppé, lui.

Il mouille la chemise, autant qu'il peut.

Pour mieux aider

ceux qui ont besoin de nous,

il faut chasser les idées noires

et retrouver un moral de vainqueur.

Oui.

Franchement,

le candidat Truc,

oui.

Franchement, le moment est venu.

Mais toi, debout.

Vive Jacques Chirac, vive la République

et vive la France.

Et en face, alors, à gauche.

Comment ça se passe ?

En face, c'est Jospin, naturellement,

qui est à la manœuvre,

en tant que patron du Parti Socialiste.

Il n'a rien à perdre.

Il a tout à gagner.

Mais il a un souci,

la dispersion de la gauche.

Il lui faut absolument

qu'il fasse le coup.

Il n'a rien à perdre.

Il a tout à gagner.

Mais il a un souci,

la dispersion de la gauche.

Il lui faut absolument rassembler

les communistes, les chevenementistes

et les écologistes.

C'est ainsi que le 26 avril,

Daniel Vaillant, le numéro 2 du PS,

invite les Verts

à boire un coup à la mairie du 18e.

Le représentant des Verts, Jean-Luc Benamias,

arrive à 191.

On veut des circonscriptions

gagnables à Paris, Daniel.

Ah, pas question.

Vous n'êtes pas du tout implantés à Paris.

En Sainte-Saint-Denis, alors.

Sinon, nos militants ne nous suivront jamais.

Bon, je vais voir.

La négo dure jusqu'à minuit

et un accord est scellé.

Socialistes et écolos

partent au charbon ensemble.

Avec les chevenementistes,

c'est à l'hôtel méridien Montparnasse

que ça se passe, dans une grande chambre

louée pour toute une nuit.

Lionel Jospin est là, avec son équipe.

Chevenement aussi, avec la sienne.

Le marchandage dure 1h30.

À un moment, les chevenementistes

veulent se conserter entre eux.

Et bien, ils vont s'enfermer dans la salle de vin.

Et ils en ressortent 2 minutes plus tard.

Chevenement, dans la main.

C'est d'accord.

Restent les communistes.

Et là, c'est pas de la tarte.

Les palabres durent une semaine.

Jospin promet à Robert U, le numéro 1 du PC,

une augmentation des salaires.

Et il leur jure qu'il n'y aura pas

de cures d'austérité.

Et il leur lâche aussi des circonscriptions

gagnables.

Pour les portefeuilles au gouvernement,

on verra plus tard.

Mais l'accord est scellé devant les caméras

le 29 avril, à la mutualité.

Jospin vient d'inventer

la gauche bleurielle.

Et c'est parti.

Dites-moi si vous avez aperçu quelque part

dans les mains d'un citoyen

ou d'une citoyenne

un document qui ressemble

à un programme RPRUDF.

Si ce n'est les 5 feuilles rédigées en hâte,

non pas sur la table d'un bistro,

ça ferait popu.

Mais dans l'arrière du rô,

d'un cabinet ministériel, c'est plus techno.

Le Parti socialiste se trouve un slogan.

Changeons d'avenir.

Jospin annonce le passage

au 35 heures.

La baisse de la TVA.

La création de 350 000 emplois publics.

Une police de proximité.

Et la construction de logements sociaux.

Il fait imprimer son programme

à 6 millions d'exemplaires.

Et comme il en manque, il en fait réimprimer

5 millions de plus.

Nous voilà à la veille du premier tour.

Chirac n'est pas trop inquiet.

Les sondages donnent la droite gagnante.

De peu, mais gagnant.

Et donc le jour du premier tour, le 25 mai,

Chirac et Juppé sont assez sourins.

Chirac vota Saran,

son fièvre de coraise.

Et il déclare en sortant.

Il n'est pas question que je me sépare de Juppé.

Ça serait se tirer une balle dans le pied.

Alors qu'en dans l'après-midi,

Jean-Louis Debré, son ministre de l'Intérieur,

vient lui annoncer les premières estimations.

La douche est glacée.

Jacques !

Les premiers sondages ne sont pas bons.

La gauche est à 43%

et nous on est à 36%.

Le Front national est à 15%.

À moi d'un miracle au second tour,

c'est foutu.

Putain !

Mais qu'est-ce que j'ai fait ?

Mais qu'est-ce qui s'est passé ?

Chirac du cour entre Dardar à Paris.

Il s'enferme à l'Elysée

dans le mutisme.

Juppé le rejoint en fin d'après-midi

et Vilpin aussi.

Et ensuite,

les résultats tombent circonscriptions

par circonscription.

C'est Vilpin qui les récupère

devant le télèxe.

Ah !

Regardez-là.

Madeleine, il n'est même pas élu au premier tour.

Et ce gain, il ne fait que 43%.

À chaque dépêche qui tombe,

Vilpin avale une tartelette

aux fraises.

Et dans son coin, Juppé est mortifié.

Chirac le réconforte.

Vous savez, là,

les raclés, hein,

ça forme le caractère.

À 20h,

la raclée se confirme.

Le RPR et l'UDF sont à 36%.

La gauche, à 46%.

Le Front national, à 15%.

Et dans la foulée, toute la soirée,

c'est la curée contre Juppé.

Giscard,

Balladur, puis ce gain, appelle Chirac.

Il réclame sa tête.

Eh bien, il l'obtient.

Chirac et Vilpin l'annoncent à Juppé dès le lendemain.

Alain,

ça n'est plus possible, vous le voyez bien.

On va dans le mur.

Il va falloir refaire autrement

et tirer les conséquences des résultats.

J'ai compris, monsieur le Président.

Je vais annoncer mon départ.

Madame, monsieur, bonsoir.

Le dernier coup de théâtre dans une campagne

décidément fertile en rebondissement

à la Juppé. Il y a quelques instants,

devant le comité politique de la majorité,

s'est engagé à quitter Matignon,

quel que soit le résultat du second tour.

Je vous propose d'entendre tout de suite le Premier ministre.

Il faut aussi

une équipe nouvelle,

animée par un nouveau Premier ministre.

Je fais confiance

au Président de la République

pour choisir les hommes et les femmes

pour entraîner les Français

tout au long de cette nouvelle étape.

Et c'est Philippe Seguin

qui prend la tête de la campagne pour le second tour

à lui

de tenter de sauver les meubles.

À gauche,

Jospin fait passer la consigne.

La victoire est au bout des doigts.

Mais on doit rester

modeste.

Et donc Jospin décide de se faire rares.

Il envoie

Aubry, Fabius, Couchner, Lange, Troscan,

héros royales sur les plateaux télé.

Mais lui, il prend de la hauteur.

Quant à Jean-Marie Le Pen,

il donne le coup de grâce à la droite

puisqu'il annonce que le Front national

maintient ses candidats

dans 70 circonscriptions

pour faire battre le RPR

et l'UDF.

Et après...

Il est 20h.

Estimation, Europe 1, France 2,

PVA et Paris Match.

La gauche remporterait largement la majorité

dans la prochaine Assemblée nationale.

334 sièges pour la gauche.

242 à la droite.

A la maison de l'Amérique latine,

les socialistes exugent.

3e ministre !

3e ministre !

3e ministre !

Et à l'Elysée, alors,

comment ça se passe ?

Chirac accuse le coup.

Il s'attendait à un coup de massu,

mais pas à ce point-là.

Avant de s'enfermer dans son bureau,

il lâche.

Eh bien, puisque c'est ce que les Français veulent.

Dominique de Villepin avait prévu

un buffet dans son bureau.

Personne ne vous entendait,

personne n'y vient.

Il n'est déjà plus en odeur de sainteté.

Bernadette Chirac, le surnomme Néron,

elle le tient pour responsable

de cette dissolution perdue.

Tout ça ne sera pas arrivé,

si Néron n'avait pas poussé au feu.

Chirac ressort quelques minutes de son bureau

pour saluer ses fidèles,

et puis il monte se coucher.

Rido.

A 21h,

Alain Juppé prend congé des Français.

La dissolution décidée par le président de la République

a donné la parole

au peuple français.

Celui-ci s'est prononcé,

sa décision est souveraine,

nous la respectons tous.

Je souhaite

bonne chance

à ceux qui vont maintenant gouverner la France,

et je souhaite

bonne chance à la France.

Le 2 juin,

Lionel Jospin est donc nommé, logiquement,

premier ministre.

Et c'est parti pour sa camp

de cohabitation, jusqu'à la fin

du mandat de Jacques Chirac,

c'est-à-dire jusqu'en 2002.

Chirac écrira dans ses mémoires.

S'il s'agit de savoir

qui a pu inspirer

une décision aussi malencontreuse,

disons que cette erreur d'appréciation

fut à tout le moins collective.

Dominique de Villepin a eu sa part,

comme tant d'autres,

qui ont pris soin après coup

de se faire oublier.

Je sais d'expérience

que la conduite des affaires

d'un État

est chose difficile.

Peut-être avège un peu

sous-estimer la difficulté, peut-être.

Sous-titrage ST' 501

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Le 21 avril 1997, le Président de la République Jacques Chirac annonce la dissolution de l’Assemblée Nationale et la tenue d’élections générales. La gauche sort vainqueur des législatives anticipées et Jacques Chirac devra cohabiter avec Lionel Jospin jusqu’à la fin de son quinquennat en 2002.