Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Jean-Marie Deveaux, un coupable bien commode

Europe 1 Europe 1 10/31/23 - 32m - PDF Transcript

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On de l'âtre à compte.

Christopher de Lattes.

Aujourd'hui, l'une des plus grandes affaires des années 60,

l'affaire Jean-Marie Deveau,

du nom d'un gamin de 19 ans un peu simplé,

un commis de boucherie qui se retrouve accusé

d'avoir égorgé la fille de ses patrons, Dominique Sétan.

Dans cette affaire passionnante et passionnée,

vous allez retrouver le chroniqueur d'Europe n°1 à l'époque,

Frédéric Pochère, au sommet de son art,

et la justice française au fond du trou.

La réalisation signée, Céline Le Bras.

Européen, Christopher de Lattes.

La scène se déroule le 7 juillet 1961,

dans le HLM de Brons, près de Lyon,

au 156, Avenue Saint-Exupéry.

Vous voyez la boucherie ? On va être chocais.

C'est la boucherie de M. Madame Bessard.

C'est commune, le boucher et la bouchère et leurs filles

habitent au dernier étage.

Quelques marches à monter et ils sont chez eux.

Le 7 juillet 1961, donc, en début d'après-midi,

M. Bessard annonce à son commis qu'elle s'absente pour une heure.

Je monte chez moi, Janoux. Je te laisse, Dominique ?

Hein ? T'es gentil Dominique avec Janoux ?

Oui, maman. À tout de suite.

Dominique, vous l'avez compris, c'est sa fille. Elle a Sétan.

Et donc M. Bessard monte chez elle.

Elle y reste à peu près une heure, une heure et qu'à.

Et elle redescend. Et quand elle rentre dans la boucherie...

Janoux ? Janoux, elle est où, Dominique ?

Je sais pas où qu'elle est, M. Madame.

Dominique ! Tu l'avais sorti, Janoux ?

Oui, oui. Elle vient de partir.

Je t'avais demandé de la surveiller.

Où est-ce qu'elle est ?

Mme Bessard immédiatement mobilise les voisines

et tout le monde se met à chercher la gamine.

Et c'est une voisine, Mme Canard, qui la découvre au sous-sol,

dans la cave.

Un petit corps dans une mare de sang.

Oh mon Dieu ! Mon Dieu ! Elle a été écorchée !

Et elle a aussi une grosse blessure au ventre.

Et maintenant, faut prévenir la mère.

Les hurlemente la maman. Terrible !

Et bien sûr, elle ne veut pas la laisser là,

sur le sol froid et sale de la cave.

Alors elle l'apprend dans ses bras.

Et en larmes, elle va la déposer sur le palier

entre le sous-sol et le rez-de-chaussée.

Janoux ? Janoux, s'il te plaît, tu peux appeler la police ?

Les policiers arrivent et ils procèdent aux premières constatations.

La mort est récente, la gamine est encore tiène.

Elle a été gorgée, regarde.

C'est tranché bien net.

Et je pense que c'est des coups de côté aussi

qu'elle a reçu dans le ventre.

Assez logiquement, même si la mère a l'air de bien l'aimer,

le premier suspect qui se présente,

c'est le commis, Janoux.

A vous aussi, vous avez pensé à lui tout de suite, n'est-ce pas ?

Il a 19 ans et il a l'air d'être un peu simplé.

La mère dit que quand elle est redescendue au magasin,

il travaillait.

Approchez-vous, jeune homme, approchez-vous.

On peut voir vos vêtements ?

Nickel, pas de traces de sang.

Où est-ce que vous rangez vos couteaux, jeune homme ?

Mal, là ?

Les couteaux sont tous à leur place,

propres et secs.

On a pas l'impression qu'ils ont été nettoyés récemment.

À partir de là, les policiers tentent de reconstituer

précisément, minute par minute,

ce qui s'est passé entre deux heures,

le moment où la mère monte à son appartement,

et quatre heures, l'heure où on retrouve le corps de Dominique.

Qui était où, qui a fait quoi ?

La dernière à avoir vu Dominique vivante,

c'est une voisine, Madame Bourne.

Elle est venu frapper chez moi pour jouer avec ma fille.

Il était quoi ?

Trois heures et quart ? Trois heures, vingt ?

Je lui ai dit que c'était pas possible parce que je devais aller à la poste.

Alors, elle est partie.

Donc, à trois heures, vingt, elle était vivante.

Or, c'est à peu près à ce moment-là que la mère redescend au magasin.

Trois heures, trois heures et quart.

Or, la mère dit que quand elle rentre dans la boucherie,

Jannot est là.

Il travaille.

Donc, si à trois heures, vingt, la gamine était vivante,

ça ne peut pas être Jannot.

Mais alors qui ?

En menant leur traditionnelle enquête de voisinage,

les policiers recueillent cinq témoignages,

cinq personnes qui disent avoir vu un homme

rôder dans le quartier à l'heure du crime.

Pour moi, ce gars-là, il était d'origine maghrébine.

Je me souviens qu'il avait un blouson noir, brillant.

Sur son blouson, il y avait une grosse tâche, oui.

Moi, je l'ai vu partir vers les cantonnements des ouvriers étrangers

qui travaillent à l'usine Berlier.

Par là-bas-là.

Les policiers font venir un chien pisteur

qui est effectivement flair une trace

qui va droit vers le cantonnement des ouvriers de l'usine Berlier.

Aujourd'hui, un cantonnement de chantier, ce sont des algécombes.

Mais à l'époque, ce sont plutôt des cabanes en planches.

On n'est pas loin du taudis.

Les policiers vont fouiller là-bas.

Ça ne donne rien.

Le corps de la petite Dominique est, bien sûr, autopsié.

Selon mes conclusions,

les coups ont été portés au moyen d'un couteau de grande taille.

Ils ont d'abord été portés au niveau de la gorge,

ce qui a entraîné la mort,

et ensuite au ventre.

Voilà ce que je peux dire.

Est-ce qu'elle a été violée, cette petite docteur ?

Non.

Et ensuite, ma foi,

l'enquête patine pendant deux mois.

Deux mois plus tard, le 29 août,

dans la matinée,

Jano, le commis, disparaît d'un coup du magasin.

Jano ?

Jano, il est où, notre Jano ?

Je ne sais pas.

Je ne sais pas.

Je ne sais pas.

Jano, il est où, notre Jano ?

Mme Bessard le retrouve à la cave,

étendue sur le sol,

une main sur la tête.

Qu'est-ce qui t'est arrivé, mon Jano ?

Je ne sais pas, Mme Bessard.

On m'a donné un coup sur le tête.

Bouge pas, mon Jano.

Je m'en vais appeler la police.

Les policiers arrivent,

et ils emmènent immédiatement Jano,

chez un médecin.

J'ai bien regardé, messieurs.

Je ne vois pas de traceux coups.

Il y a mieux quelques griffures,

mais c'est vraiment rien de grave.

Il a très bien pu se faire ça tout seul.

Qu'est-ce que c'est que cette histoire, Jano ?

Tu n'as pas été assommé.

Tu n'as pas été assommé.

Tu t'es griffé toi-même.

Pourquoi t'as inventé ce beau bar ?

Et là, pchit,

le gamin se déballonne d'un coup.

C'est vrai, monsieur.

J'ai fait croire que j'avais été attaqué.

C'est pour qu'on me croive,

pour qu'on me croive que c'est pas moi qui ai tué la petite.

Parce qu'il y a des gens qui disent que c'est moi.

Mais c'est pas moi.

Je vous le jure, monsieur.

On veut bien le croire.

On veut bien le croire.

Cela dit, il aurait voulu attirer l'attention sur lui,

qu'il n'aurait pas mieux fait.

Deux jours plus tard,

Jano est convoqué au commissariat

pour un interrogatoire un peu plus musclé.

Bien, mon Jano.

Tu vas me faire gagner du temps, hein ?

Je veux pas y aller par quatre chemins.

C'est toi qui l'as tué, la petite, c'est ça ?

Bah oui.

C'est ça, c'est moi qui l'as tué.

Excellent.

Voilà une affaire rondement menée.

Sauf que le lendemain,

il se rétracte.

Je vous ai dit que c'est moi que je l'avais tué.

C'est pas vrai, j'ai dit n'importe quoi.

À l'ombre, voilà qu'il fait marche arrière.

Reprise de l'interrogatoire.

Et nouveau à eux.

Quand la patronne, elle est montée.

Après, j'ai fermé le magasin.

Je suis allé à la cave avec la petite.

C'était pour éguiser un couteau.

Et c'est elle qui m'a dit,

je viens avec toi, Jano.

C'est pas moi qui ai demandé.

Et après qu'on ait arrivé à la cave.

Je sais pas bien pourquoi.

J'ai eu envie de la tuer.

Alors je lui ai dit, j'avais perdu ma montre.

Et je l'ai emmené dans un coin qui était tout sombre.

Et puis je lui ai donné un coup dans le ventre.

Et là, elle a crié.

Alors je lui ai mis la main sur la bouche.

Comme j'avais le couteau dans la main droite.

Je lui ai tranché la gorge.

Comme ça, elle criait plus.

C'est ce qu'on appelle des aveux circonstanciers.

Le jeune Jean-Marie Dovreau, 19 ans,

est immédiatement conduit devant un juge d'instruction de Lyon.

Il lui répète, mot pour mot, la même histoire.

Et il le fera une troisième fois au moment de la reconstitution.

Avec quand même, note le juge.

Des hésitations.

Mais bon, voilà, le dossier est bouclé.

Il est éteillé par des aveux.

Total succès.

Mais en vérité, à ce moment-là,

le juge d'instruction a des doutes,

de sérieux doutes,

sur la culpabilité de ce garçon.

Alors le 4 septembre,

il le fait extraire de sa prison.

Et il le fait revenir dans son bureau.

Bon âme.

Il lui a même choisi un avocat commis d'office.

Maître André Soulier,

un petit jeune qui débute.

Bien Jean-Marie.

Maintenant, il faut me dire la vérité.

C'est grave.

Est-ce que tu as tué l'enfant ?

Oui ou non ?

Oh ben non, monsieur le juge.

Tu l'as pas tué.

Oh ben non, monsieur le juge.

Alors pourquoi avoir dit que c'était toi ?

À cause des piqûres, monsieur le juge.

Des piqûres ?

Quelles piqûres ?

Le commissaire, il m'a posé des questions.

Il m'a dit qu'il allait me piquer

du serum de vérité pour voir si je mentais.

Et moi, je veux pas de piqûres.

J'en veux pas.

Mais à moi aussi,

tu as dit que c'était toi.

Je vous l'ai dit,

mais je le pense pas.

Je disais comme si je l'avais fait,

mais c'est pas vrai.

À partir de ce jour-là,

le jeune Jean-Marie de Vaux

ne changera plus d'avis.

Il n'a pas tué Dominique.

Pourquoi le juge a-t-il des doutes

d'après vous ?

Eh bien, je vais vous l'expliquer.

La voisine

dit que Dominique sonne chez elle

à trois heures et quart, trois heures vingt.

Or, Mme Bessard la Bougère

revient au magasin

à trois heures et quart.

Et elle tombe sur son commis.

Jannot.

C'est impossible.

Alors du crime, c'est-à-dire à trois heures vingt,

il était avec sa patronne.

Il n'a pas pu tuer Dominique.

Techniquement, il n'a pas pu.

Sauf qu'entre-temps,

vous, la voisine et la mère

qui ont bien compris que leur déclaration

inocentait Jannot,

ce go-gole de Jannot,

ce neneux de Jannot, comme on dit dans le quartier.

Alors, à bien y réfléchir,

elles se sont peut-être trompées

d'horaires.

La voisine d'abord.

Je vous ai dit que la gamine avait sonné chez moi

à trois heures et quart, trois heures vingt.

Je me suis trompé.

C'était ben avant, oui.

C'était ben avant.

La mère, madame Bessard, il aime.

Je vous ai dit que j'étais

redescendu au magasin vers trois heures, trois heures et quart.

Je sais pas pourquoi je vous ai dit ça.

C'était bien l'après.

Et donc maintenant,

Jannot a parfaitement eu le temps

de tuer la gamine

et de remonter au magasin

et de nettoyer les couteaux

et de les sécher.

Heureusement qu'elles ont retrouvé la mémoire.

C'est de là.

Mais il y a encore un problème.

Une incohérence.

Le légiste qui a réalisé l'autopsie

dit qu'elle a d'abord été

égorgée et a ensuite

poignardé au ventre

dans cet ordre.

Et comment le sait-il ?

S'il y avait du centre en l'abdomen,

j'en aurais conclu qu'elle avait

d'abord été frappée au ventre.

Mais il n'en avait pas.

C'est donc qu'elle a d'abord

été égorgée.

Or dans ses aveux,

même si depuis il s'est rétracté,

le jeune Jannot dit qu'il a d'abord

frappé le ventre

et qu'ensuite il a tranché le coup.

Dans ce cas-là, il aurait dû y avoir

du sang dans l'abdomen

et il n'en avait pas.

Il y a un truc qui ne colle pas.

Mais le légiste ne peut pas

changer son rapport d'autopsie,

comme les témoins ont changé leur témoignage.

Casseland tienne.

Le juge désigne deux nouveaux experts de Paris.

Évidemment, il n'est pas question

de mois après de leur faire

faire une deuxième autopsie.

On leur envoie juste des photos

prises au moment de la première autopsie.

Et leur réponse

n'est pas parisienne,

elle est normande.

Il n'est pas impossible

que le meurtrier

est frappé d'amour au ventre

et puis à la gorge.

Mais disons qu'à notre sens,

la verse

est plus probable.

Tête basque, oui.

Tête basque, non.

Avec ça, on est bien avancés.

Et c'est dans cet état brinque,

ballant, que le dossier part devant

la cour d'assises de Lyon.

Ou soyons clairs.

Jean-Marie Deveau risque la guillotine.

Le procès du jeune Jean-Marie

deveau s'ouvre le 4 février

de 1963.

Pour l'occasion,

le président a exigé un micro

pour que tout le monde l'entend

d'eau et clair.

A l'époque, c'est très novateur.

Effort de son micro,

il donne le ton dès la première seconde.

Deveau,

vous êtes accusés d'avoir le 7 juillet

1961

volontairement donné la mort

à Dominique Bessard.

C'est cela ?

Oui, Monsieur le Président.

Une enfant de 7 ans.

Le directeur de l'école

où vous étiez en primaire

dit de vous je lis

élèves médiocres,

médoux et docines

vivant un peu en dehors

de la réalité.

Et d'autres maîtres disent

il n'a pas le regard franc.

Un de vous.

Pas le regard franc.

Un peu comme aujourd'hui.

C'est pas votre père qui dit

c'est un garçon qui n'avoue

jamais même si des coupables.

C'est décidément une habitude.

Un de vous.

Le Président s'accroche ensuite

à une histoire de chat.

Votre patron de vous.

Vous avez donné un petit chat.

Et je lis

que vous lui avez

cassé les reins.

C'est un accident ça.

Je voulais prendre un escapot

je l'ai échappé

et le chat il était dessous.

Mais comment avez-vous pu lui casser

les reins ? En fait c'est un acte barbare.

C'est pas moi je vous l'ai dit.

C'est un accident.

Je suis innocent.

C'était

un petit chat innocent.

Il avait confiance en vous.

Et il est mort dans d'attroces souffrances.

Alors de vous.

On tue les petits chats.

Et puis on s'attaque aux petites filles.

Le jeune Jean-Marie

est comme pétrifié.

Et c'est pas fini.

Le Président lit maintenant le rapport

de l'expert psychiatre.

Voici ce qu'il a écrit.

On se trouve en présence

d'un adolescent prolongé.

Profondément immature

sur le plan affectif.

Profondément névrotique dans son comportement.

Sexuellement immature.

Pudique.

Refoulé.

C'est complexé.

Et il ajoute

age mentale, 8 ans.

Et puis on en vient au fait.

Et là, le jeune Jeannot

répond à toutes les questions par.

C'est pas vrai.

Je suis innocent.

J'ai inventé.

Le commissaire qui a mené l'enquête

vient dire que comme le juge d'instruction

il a des doutes

sur la culpabilité de Jean-Marie Devaux.

Mais

il a intéressé le Président.

Bien.

Merci. Pas de questions.

Et il suspend l'audience.

Le lendemain

vient à la barre le policier

qui a terminé l'enquête

et qui a recueilli les aveux.

Lorsque Devaux m'a été présenté

je lui ai dit

tu dis toute la vérité Jeannot

et là il a baissé la tête

et je lui ai dit

est-ce que t'as entendu parler du sérum de vérité ?

Non ?

On fait une piqûre à l'accusé

et s'il dit pas la vérité on le voit tout de suite

sur un appareil.

Il m'a dit je veux pas qu'on fasse le sérum de vérité

et là il a répondu

j'ai peur

que ça me fasse mal

alors on te le fera pas

je lui ai dit

mais il faut me dire la vérité

et là Devaux m'a avoué que

sans que je le questionne plus avant

que c'était lui qui avait tué Dominique

et maintenant j'en viens directement

aux réquisitoires de l'avocat général

c'est la dernière ligne droite

de ce procès

et il ne vous a pas échappé que dans cette affaire

il manque un mobile

pourquoi diable Jean-Marie

aurait-il tué Dominique ?

et bien l'avocat général va en imaginer

on est très loin de la justice

place à la ligue d'improvisation

c'est

le geste criminel du voleur sorpré

il est seul

dans la boutique

et il est désireux d'exploiter le tiroir caisse

et Dominique revient

au moment où il dérobe quelque chose

et elle lui dit c'est très vilasse

que tu as fait la, je vais le dire à maman

et elle a de nouveau sa folle

et il décide de faire disparaître

le témoin

grand seigneur

il lui accorde tout de même

des circonstances atténuantes

il ne faut tout de même pas oublier

que c'est un attardé

et il réclame

20 ans de réclusion criminelle

il est bien jeune

maître soulier

l'avocat qui a la lourde charge

de défendre Jean-Marie de Vaux

et il ressuscite

les témoins oubliés

si témoins

vous entendez

l'avocat qui a la lourde charge

de défendre Jean-Marie de Vaux

il ressuscite

les témoins oubliés

si témoins

vous entendez

si

on a vu un homme de type nord-africain

venant de l'immeuble

Dominique était morte

et courant à toute jambe

en direction du cantonnement berlier

cet homme

plusieurs habitants du quartier

l'ont vu rôder quelques jours avant le crime

et ils ne l'ont pas revu depuis

à la fin de sa plaidoirie

il s'approche de Vaux

regardez-le

il a eu 8 ans

il a eu 8 ans d'âge mental

il ne peut rien dire

il ne comprend rien

ça n'est pas de sa faute

si il est bête

à 17h

la cour et les jurés se retirent

ils sont de retour

2h30 plus tard

accusé

levez-vous je vous prie

à la question Jean-Marie de Vaux

est-il volontairement donné la mort

à Dominique Bessard

la réponse est oui

en conséquence la cour vous condamne

à 20 années de réclusion criminelle

20 ans

mais lui il n'a pas compris

il se tourne vers son avocat

c'est vrai maître

je torse ce soir

mais l'histoire n'est pas finie

car un nouveau personnage

apparaît dans la vie du jeune Jean-Marie de Vaux

un curé

l'abbé Robert Boyer

visiteur de prison

à qui on l'a dit un jour

vous devriez le voir

c'est un pauvre gosse

alors il va le voir

et il l'écoute

et en sortant il monte un comité

de soutien

un certain nombre de gens

qui comptent beaucoup à l'époque

Jean Rostan

de l'académie française

Eugène Claudius Petit

vice-président de l'Assemblée nationale

et Frédéric Pochère

journaliste à l'Europe n°1

l'idée du père Boyer

est de déposer une demande de grâce

auprès du président de la République

mais ça

ça ne plaît pas du tout à Jean-Marie

la grâce

j'en veux pas

ça serait avoué

moi je suis innocent

mais Jean-Marie

si vous pouvez sortir plus tôt

si vous faites ça mon père

c'est plus à peine de venir me voir

je serais plus votre ami

ah il a pris de l'assurance

le petit Janot

mais il reste fragile

en 1967 à la prison de Melin

il fait une tentative de suicide

et il enchaîne avec une grève de la fin

de 40 jours

mais il arrête

quand le père Boyer vient lui dire

Janot

ça y est

le ministre de la justice va demander

le jugement

car le père Boyer

est allé voir le garde des sauts

renait capitain en personne

et il lui a révélé

des informations qu'il tient

de l'avocat de Janot, maître Soulier

deux jurés

disent qu'ils ont été manipulés

par le président de la cour d'assises

les mêmes jurés

racontent que les délibérations

ne se sont pas tenues dans la salle

des délibérés comme c'est l'usage

mais dans le bureau personnel

du président, ce qui change tout

parce que dans la salle des délibérés

les jurés et les magistrats sont

installés autour d'une table

à égalité

alors que dans le bureau du président

le magistrat place trôme derrière son bureau

c'est lui qui a le pouvoir

voilà en tout cas un joli motif

de cassation

mais ça n'est pas tout

toujours d'après ces deux jurés

on leur a raconté que juste avant

le procès

il est allé sur les lieux du crime à bronze

avec le commissaire

et avec l'avocat général

il a oublié les avocats

donc et les jurés

le procès a en quelque sorte commencé

sans eux

et en plus il y a une preuve de ça

les trois osos sont allés à bronze

dans une voiture du commissariat

et c'est écrit sur le registre

des entrées et des sorties de l'hôtel de police

ça me dit donc

si avec ça le jugement n'est pas cassé

il est cassé

je vous rassure

le 4 mars 1969

le verdict qui condamné Jean-Marie Devault

est annulé

rendez-vous pour un nouveau procès

à 10 juin

Mesdames et messieurs la cour

est d'entrée

tout le débat porte sur les coups de couteau

vous vous souvenez que le premier légiste dit

Dominique est morte et gorgée

et le coup à l'abdomen a été donné après

mais vous vous souvenez aussi

que dans ses aveux

Jean-Marie a dit qu'il avait d'abord frappé

l'abdomen

et ensuite la gorge

maître soulier demande au légiste

professeur Roche

comment meurtons d'un coup

à l'abdomen

je répète ce que je vous ai dit

l'enfant est mort

en quelques secondes

de l'égorgement

on ne meurt pas si vite

de coups que l'on reçoit à l'abdomen

ce que confirme un deuxième expert

moi personnellement

j'ai fait des expérimentations

sur des chiens

je suis absolument certain

que l'égorgement a

précédé les coups portés à l'abdomen

absolument

certain

et comme Jean-Marie Devaud

dit l'inverse

alors ça fait planer un doute

sur la valeur de ses aveux

et puis vient le moment où le fameux commissaire

celui qui a fait changer

les témoins de position

est appelé à l'abat

au premier procès il avait joué du billard

si on en croit frédéric potcher

de rope numéro 1

là c'est de la brasse coulée

le témoin transpire va et vient

s'éponge parle toujours

plusieurs fois le président doit le remettre

sur les rails et le président à la fin

c'est nerve les faits monsieur le commissaire

voyons les faits les faits sinon je vous

retire la parole le réquisitoire

est terrible

après quoi mettre soulier

plaid pendant 3h30

dans un silence absolu

tendu

je dis qu'en 8 ans

messieurs

la partie civile et la police

n'ont pas réussi

à trouver une explication

à ce crime

ni en mobile

enfin rien

rien

les jurés se retirent pour délibérer

il chose incroyable

ils sont de retour au bout de 35 minutes

seulement

à la question

Jean-Marie Devault a-t-il volontairement

donné la mort à Dominique Bessard

les jurés ont répondu non

en conséquence de quoi

Jean-Marie Devault est acquitté

j'avais voyé je vous surprendre

en train de pleurer

ça fait 8 ans

8 ans

je suis quand même heureux

d'avoir entendu tout à l'heure

monsieur le président dire

Devault n'est pas coupable

il y a 8 ans que nous l'attendions

il faut maintenant aider Devault

à reconstruire sa vie

à marcher avec les hommes libres

mais ça va pas être simple

ça va pas être facile

il ne sait plus ce que c'est que la vie quotidienne

avec ses multiples soucis

et je lui ai dit un jour

que je ne l'abandonnerais pas

et bien aujourd'hui je peux le répéter

et libérer le lendemain

il est 7h33 minutes

exactement à ma montre

la porte de la prison

de Dijon Sour

ici

la foule est nombreuse

pour accueillir

Jean-Marie Devault

il sort en compagnie de son avocat

il porte sa valise

Jean-Marie Devault

je suis très content

simplement vous dites ça

vous ne ressentez pas autre chose ?

comment ?

pour l'instant

mais ces applaudissements

j'en suis très ému

et très touché

en 1972

son avocat lui obtient une haine

d'éminisation en réparation

pour rien

125 000 francs

avec l'argent il s'achète une maison de campagne

à Port Camargue

et il offre une voiture au père Boyer

il n'a jamais pu

faire parler de lui

et le meurtre de la jeune Dominique

il restait à jamais

un mystère

j'ai écrit cette histoire entre autres

en m'appuyant sur le livre d'Andres Soulier

aux éditions du Cherchemidi

mais mille et une vie

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L’une des grandes affaires criminelles des années 60. Un commis de boucherie un peu simplet de 19 ans est accusé d’avoir égorgé la fille de ses patrons, Dominique, âgée de 7 ans.