Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Ida Beaussart, meurtre à l’ombre d’Hitler

Europe 1 Europe 1 9/11/23 - 30m - PDF Transcript

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Je vais vous raconter un crime pas vraiment ordinaire.

Une adolescente de 17 ans, Hida Bossard, qui en 1989 a salomé dans le nord, tout son père, dans un contexte très particulier.

Le père était néo-nasi.

Chez eux, il y avait des grands portraits d'Hitler dans le salon et des croix gammés sur les murs.

Je vous le dis tout de suite, allez au bout, parce que cette histoire a une drôle de fin.

J'ai écrit cette histoire avec Thomas Houdoir.

Réalisation, Céline Le Bras.

Européen, Christophe Fondelat.

Le matin du 18 juillet 1989, un peu après 8h, les gendarmes de l'Abbassé dans le nord reçoivent un appel téléphonique.

Gendarmerie j'écoute, à l'autre bout du film, une mère de famille de Salomé, un village voisin.

Elle s'appelle Jacqueline Bossard.

Venez vite, mon mari a été tué.

D'accord, ne touchez à rien madame, nous serons là dans quelques minutes, ne touchez à rien.

Quelques minutes plus tard, les gendarmes débarquent devant le petit pavillon de la famille Bossard.

Bonjour madame, c'est la mère, celle qui les a appelés qui leur ouvre.

Bonjour messieurs, entrez.

Ils entrent, ils voient une adolescente en larmes près de la table de la salle à manger.

Et surtout en balayant la pièce du recar, ils voient sur le mur un portrait d'Hitler.

Vous pouvez nous conduire auprès de la victime madame ?

Oui, suivez-moi.

Dans l'escalier qui mène à la chambre, où le crime a eu lieu, il y a aussi des croix gammées.

Dans la chambre au premier, le père Jean-Claude Bossard est bien mort.

Il est sur le lit, couché sur le côté gauche.

Et on l'a manifestement tué dans son sommeil parce qu'il est encore sous les draps.

Bon, il a été tué d'une balle dans la nuque.

Petit calibre, je dirais 22 longs rifles.

Au passage, sacré bestiot, ce Bossard fait 1,90 m pour 110 kilos.

Ce qui s'est passé, les gendarmes ne vont pas tarder à le comprendre,

en allant voir la gamine en pleurs près de la table de la salle à manger.

Ida, c'est son prénom, elle a 17 ans et elle a l'air d'en avoir douce.

C'est moi qui ai tué mon père.

C'est toi ? Tu peux nous expliquer comment ?

Et après on parlera du pourquoi, d'accord ?

Ce matin, je me suis noveé tout.

Et ma mère était déjà debout.

Et quand elle essaie d'aller sortir les poubelles,

j'ai attrapé le pistolet 22 longs rifles qui était caché au-dessus de l'horloge de la cuisine.

Je suis monté dans la jambe où mon père y dormait encore.

J'ai pointé l'arme sur lui et puis j'ai tiré dans sa nuque.

Je l'ai entendu crier.

J'ai vu du sang coulé par son oreille.

Et après, je n'ai plus rien entendu.

Ça paraît incroyable.

Une gamine malingre comme ça, qui tu son père d'une balle dans la nuque.

Mais dis-moi jeune fille, tu sais te servir d'une arme ?

Ben oui.

Moi et mes soeurs, ils nous a appris à tirer mon père.

Les fusils, les révolvers, comment les charger, comment les armer, les épauler, puis tirer.

Ça fait longtemps qu'on sait tout ça.

Vous êtes cinq filles, c'est ça ?

Oui.

Mon père, il n'avait pas de fils.

Alors il nous a tout appris à tirer.

Et je vous préviens tout de suite.

Ça n'est que le tout début de cette histoire.

La suite n'est pas piquée des hannetons, car la gamine se met à raconter le contexte de ce meurde.

Et la mère aussi.

Et les gendarmes tombent de leur chaise.

Et vous aussi, ça va vous arriver, je vous préviens.

Vous allez halluciner.

Le pater, vous l'avez compris.

S'il y a un portrait d'Hitler dans sa salle à manger et des croix gammées dans son escalier.

C'est un néo nazi.

C'est pas d'hier.

Au début, il s'est contenté du Front National de Jean-Marie Le Pen.

Et puis il s'est retrouvé au chômage.

Et il a commencé à développer une obsession.

Aller migrer qui m'a pris mon travail.

Un bougnoul.

Et donc à partir de là, le Front National, ça ne lui a plus suffi.

Alors il a rejoint le PNF, le parti nationaliste français et européen.

Partiné au nazi, dont le slogan est

La France d'abord, blanche toujours.

Ça vous donne une idée du programme.

Et c'est là, il a commencé à nous amener au rassemblement.

C'était obligatoire.

Vous n'aviez pas le choix ?

On n'avait le choix de rien.

Par exemple, tous les matins, il fallait venir saluer le portrait de Tonton Hitler dans le salon.

Et quand il leur faisait une dictée, c'était toujours des extraits de Mein Kampf.

La plus grande de toutes,

et la race allemande,

l'espèce la plus dangereuse,

et la race juive.

Le juif,

et celui qui pousse le plus ardemment aujourd'hui,

et quand il s'agissait de pu dire ses filles,

il cherchait des recettes de tortures dans les manuels nazis.

Et comme il n'avait plus de travail,

il s'est mis à pister ses filles,

à l'école primaire, au collège, au lycée,

il se mettait derrière les grilles

et il les surveillait dans la cour

pour voir avec qui elle jouait,

à qui elle parlait, qui elle fréquentait.

Et le soir, il les remontait comme des pendules.

« Faut pas vous laisser faire !

Vous devez vous battre, comme des hommes ! »

Et quelquefois, il sautait la grille

pour empêcher les professeurs d'intervenir.

Hida et ses sœurs ont subi tout ça

de leur naissance jusqu'à la mort de leur bourreau.

Ça, il le reste,

car bien entendu, il les a élevés à la chelague.

Il les frappait durement.

Et l'enquête va montrer que son souffre d'houleur,

celle qui dégustait le plus,

c'était Hida, qui vient d'avouer son assassinat.

Vous savez comment il l'a surnommé, la petite Hida ?

Le papa, la Mongolienne.

« Oh, viens là, la Mongolienne !

Allez, dégage, Mongolienne ! »

À tout bout de champ, toute la journée.

Et c'est pas tout.

Il avait aussi affublé ses filles

aux deuxièmes prénoms.

À chacune, le nom d'un camp de concentration,

Hida s'appelait Hida d'Acho.

Ça vous donne une idée de la folie du bonhomme,

qui par ailleurs était négationniste.

C'est-à-dire qu'il niait l'existence des camps de concentration

et des fours crématoires.

Et en même temps,

il donnait le nom de ses camps à ses filles.

C'est ça anglais.

C'est pervers jusqu'au bout des ongles.

Évidemment,

pas question de ramener des copines à la maison.

D'ailleurs, globalement, avoir des copines,

ça n'était pas conseillé, hein.

Trop différente, pas la même éducation.

Alors elles sont restées toutes leurs enfances,

entre elles, toutes les cinq.

Même s'il y avait des grosses différences d'âge,

Hida, au moment du meurtre de son père à 17 ans,

mais elle a deux sœurs majeures

et la petite dernière n'a qu'un an.

Les gendarmes sont effarées

parce qu'ils découvrent jour après jour.

Les gendarmes font le tour du village

et ils s'aperçoivent que les gens

avaient la trouille de Bossa.

Je ne sais pas si vous l'avez vu, l'eau.

Il ne s'est pas loin de maître.

Plus de 100 kilos.

Obvié avec un pantalon de mort,

un gilet avec des poches partout,

des rangers au pied.

Quand je le voyais de loin,

je changeais trop toi.

Ça, je peux vous lire.

Quand il n'y avait pas...

C'est chiant en plus.

Débergé allemand, bien sûr,

qu'il avait baptisé Wolf et Eva.

Eva comme Eva Braun, la femme d'Hitler.

Et puis, mais ça les gendarmes l'ont compris,

tout de suite dès qu'ils ont débarqué dans le pavillon,

ils vivaient dans la misère des Bossa.

Surtout depuis que le père était au chômage,

c'est-à-dire depuis des années.

La mère certes travaillait dans le textile,

elle était bobinaire.

Mais avec cinq enfants,

ils avaient beaucoup de mal à y arriver.

Les Bossars ne sont jamais partis en vacances.

Toute la famille était habillée

par les services sociaux.

L'enquête va révéler quida,

dès l'âge de 8 ans,

avait lancé des signes d'alarme.

Elle s'était confiée à une assistante sociale.

Elle avait demandé à aller en famille d'accueil.

Mais ça n'était pas allé plus loin,

il y a des coups de pieds au cul qui se perdent.

Pour ne pas refaire le tableau,

il faut ajouter quida était malade,

depuis toute petite.

Des problèmes au cœur.

J'ai été opéré trois fois.

Dans une fois, j'avais un an.

Et puis j'ai aussi des problèmes au poumon.

Je m'essouffle.

Je ne peux pas faire de sport.

Et ça, mon père, il n'aimait pas.

Déjà qu'il n'avait pas eu de garçon,

que je ne puisse pas faire de sport.

Alors, de temps en temps,

il lui retirait ses médicaments,

comme s'il voulait qu'elle meurt.

Je vous ai dit tout à l'heure

que les gamines n'avaient pas le droit

de recevoir des copines à la maison.

Il n'y avait plus d'ailleurs.

Alors que lui, en revanche,

il ne se gênait pas.

Et ses amis étaient du même tonneau que lui.

Tous néo-nazis.

Il y avait donc régulièrement

des rassemblements nazis à la maison.

Et les gamines voyaient tout.

Elles entendaient tout.

Il y a même des fois où

ses amis,

ils ont dit à mon père qu'il était

trop dur avec nous,

qu'il fallait qu'il se calme.

Il s'affichait complètement.

Dès qu'ils étaient partis,

il recommençait.

L'enquête révèle aussi

que Jean-Claude Bossard

avait un petit casier judiciaire.

Ah, voilà l'état-là, je figure-toi.

Interpellation à domicile des guerres d'avis.

Mais c'est pas tout.

Il y avait une affaire de meurtres.

Il faut que je vous la raconte, celle-là.

Cet état-haut bourdin dans le nord

en 1984.

Il y a cinq ans.

Avec un de ses copains fachos,

qui s'appelait Michel Cliquenois,

Jean-Claude Bossard va planter

dans le jardin d'un immigré

un certain Karim Benamida,

une pancarte.

Mord au boignol, vive le peine.

L'autre, évidemment, quand il rentre chez lui

après six moyennements,

il va arracher la pancarte

et Cliquenois s'allait nerve.

Alors, il le déçoude

à la vanne de l'onrifle.

Au procès deux ans plus tard,

Cliquenois prend neuf ans

et Bossard s'en sort avec une condamnation

pour incitation à la haine raciale.

Au point où nous en sommes

de cette enquête,

on pouvait vous mettre en garde

parce qu'on pourrait en rester

une lecture simpliste

du meurtre de Jean-Claude Bossard

par sa fille Hida.

Elle a tué son père

parce que c'était un insupportable fachot,

parce que c'était un fou

qui l'obligait à saluer le portrait

d'Hitler tous les matins

et qui lui faisait des dictes étirés

de Mein Kampf et qui lui enseignait

la haine des bougnules, comme il disait,

et qui poussait ses filles à se battre

mais ça ne serait pas dire la vérité

et ce que révèle l'enquête

c'est que le crime a des ressorts plus intimes

que la politique

et ça,

ça se joue dans les jours qui pressaient de le meurtre.

Au début des vacances d'été,

l'une des sœurs aînés d'Hida,

Christine, qui est majeure et qui est un petit copain,

se rebelle contre l'autorité paternelle.

Or, celle-là sera dorée d'Hida.

Alors elle la met dans la confidence.

J'en peux plus, Hida.

Alors je vais partir de la maison.

Je vais m'enfuir.

Elle lui a dit quand elle allait partir

ou elle allait partir

et avec qui ?

Et elle part en laissant

une lettre pour son père.

Il faut que je vous la lise, cette lettre.

Mais très cher parent,

je suis parti en voyage

ou presque.

Mon père,

je ne veux surtout pas

que tu te mettes des idées en tête.

Sages que j'ai

toujours et pour toujours

les idées nationalistes.

Mon combat

est de vaincre ou de périr.

Je lutterai

pour mon idéal,

celui de ma race.

Je vais m'inscrire

au PNFA

et si on se revoit dans notre lieu sacré,

garde ton sang froid.

Papa,

je me souviens

que tu m'as dit que

je pouvais partir

et que tu ne me retiendrais pas.

Alors j'ai suivi tes conseils.

J'ai eu une grande crainte

de ta réaction.

Moi, la fille de mon père chéri

et de ma mère aussi,

je ne suis pas la sorte de fille

qui va avec des souraces

comme vous pouvez le croire.

Races,

familles, patrie,

France d'abord,

blanche toujours.

Je donne mon chat

à Ida.

Merci et à bientôt.

Christine,

quand il tombe sur cette lettre

et qu'il découvre que sa fille est partie,

Jean-Claude Bossard

est ivre d'orage

et il débarque à la gendarmerie.

J'exige que vous m'aidiez à la retrouver.

Ah mais

c'est pas si simple, M. Bossard.

C'est qu'elle est ma jeune, votre fille.

Et elle est libre d'aller

où bon lui sent.

Et vous, vous n'y pouvez rien.

Désolé.

Il se doute évidemment

qu'Ida, sa petite sœur chérie,

on sait plus qu'elle ne le dit.

Elle sait où est Christine, forcément.

Alors il la cuisine,

il la menace, il la frappe même.

Mais Ida ne lâche rien.

Puisque c'est comme ça,

je te donne l'ordre

d'aller porter plainte contre ta sœur Christine.

Tu dirais qu'elle te frappait.

Ça forcera les gendarmes

à la rechercher.

Mais les gendarmes ne sont pas dupes.

Et à partir de là,

il devient fou.

Fou, fou.

Je suis certain qu'elle est partie avec Ayupa en plus.

Oh ça c'est sûr.

Et c'est vrai.

L'amoureux de Christine est juif.

Mais en vérité, il n'en sait rien.

Il est en plein délire obsessionnel.

Et c'est là qu'il prend une décision

qui va sceller son sort.

Il transforme le sous-sol

du pavillon

en salle de torture.

C'est là

que je vais régler mes comptes

à ce Youpin qui est parti avec ma fille.

Et toi Ida,

tu sais forcément quelque chose.

C'est sûr qu'elle t'a dit où elle allait.

Je le sais parce que

vous vous dites tout avec Christine.

Je te préviens.

Si tu me dis rien,

tu passeras aussi.

Et c'est à ce moment-là

qu'il place le pistolet van de Longrive

au-dessus de la pendule

dans la cuisine,

apporté de main,

le pistolet par lequel il va mourir.

Ida, écoute-moi bien.

Si Christine et son Youpin

viennent un jour,

un jour où je ne suis pas là,

tu prends le pistolet

tous les tuts, tous les deux.

Et il lui montre où est le pistolet.

Fallait pas Jean-Claude.

Fallait pas.

Et pendant ce temps,

l'autre se met à remuer

toute la région, l'île, tout le coin.

Il est toujours enclué

dans son délire.

Et puis un jour il arrive et il dit,

ça y est,

j'ai son adresse.

C'est ça qui déclenche tout.

C'est parce qu'il prétend

avoir retrouvé Christine

et qu'il dit qu'il va la tuer,

qui da à bas son père

d'un coup de pistolet dans la nuque.

Elle le tue en vérité

pour sauver sa grande sœur.

Pas parce qu'il est fachot,

c'est parce qu'il menace de tuer Christine.

C'est le mobile du crime.

Il n'est absolument pas

politique.

Elle a été arrêtée, bien sûr.

Il da le jour du meurtre de son père.

Il a culpé de meurtre.

Il a envoyé en prison.

C'est normal. Elle la tuait.

Mais il est aussi normal

qu'elle n'y reste pas trop longtemps.

Elle a 17 ans.

Et donc au bout d'une petite semaine,

elle échoue dans un foyer.

Le juge a beaucoup hésité.

Parce qu'il y avait une autre solution.

L'a laissé avec sa mère et ses sœurs.

Il a jugé que pour l'instant, c'était impensable.

Impensable parce que

pour ses sœurs et pour sa mère,

c'est compliqué ce qui vient de se passer.

Parce que d'un côté, elles sont

soulagées d'être débarrassées du tyran,

qui pourrissaient leur vie depuis tant d'années.

Mais de l'autre, elles en veulent, Haïda.

C'était leur père tout de même.

Et la mère, c'était son mari.

Depuis le temps qu'il présidait

à chaque minute de leur vie.

Il leur manque.

Et elles sont perdues.

Et elles ont besoin de digérer,

de réorganiser leur vie.

Alors, Haïda pourra peut-être

rentrer à la maison.

Mais pas tout de suite.

C'est trop tôt.

Haïda donc,

sera jugé pour meurtre

devant la cour d'assises des mineurs de Doué.

Elle n'a pas les moyens

de se payer un avocat.

Et donc, on lui désigne

une jeune avocate commise d'office.

À ce petit jeu,

elle aurait pu tomber sur une mauvaise.

Elle tombe sur une bonne.

Jeune, mais bonne.

Une certaine blandine le jeune.

Elle débute, c'est sa première affaire

devant les assises.

Et du coup, elle s'investit

énormément dans cette affaire.

Elle devient la confidente,

dit Haïda.

Un peu sa grande sœur,

son repère en tout cas

dans le monde des adultes.

Ça va être compliqué,

ce procès.

Parce qu'Haïda a tout de même tué.

Alors certes, elle a tué un fou,

un grand-père vert,

un tordu de première,

mais elle l'a tué.

Mais si elle se défend bien

et si sa jeune avocate la défend bien,

elle peut être acquittée.

Le procès d'Haïda Bossard

devant la cour d'assises des mineurs de Doué

s'ouvre le 18 mai 1992,

un peu moins de 3 ans

après le meurtre.

Haïda a désormais 20 ans.

C'est un procès à huit clos,

comme tous les procès de mineurs,

mineurs au moment des faits.

Et c'est un procès court,

puisqu'il ne va durer qu'une journée.

Ce soir, le sordida sera scellé.

Particularité,

il n'y a pas de partie civile.

C'est-à-dire que personne ne représente

les intérêts du mort et de son entourage.

Sa mère et ses sœurs sont là,

mais aucune d'entre elles

ne s'est constituée partie civile.

Comment vont-elles se comporter

de la conscience ?

Que vont-elles dire ?

Matilde l'aîné

est la première des 4 sœurs d'Hida

à se présenter à la barre.

On sait qu'au lendemain du meurtre,

elle en voulait beaucoup à sa sœur

d'avoir tué son père.

Elle voulait même la tuer.

Aujourd'hui, elle a changé d'avis.

Hida,

je pourrais dire qu'elle a sauvé notre vie.

Oui, c'est ça.

Elle a sauvé notre vie.

Mais après les autres,

toutes les sœurs viennent dire

à peu près la même chose

et racontent l'enfer dans lequel

elles ont grandi.

Et puis Hida est elle-même interroger.

Je regrette pas mon geste.

Je lui ai voulu être nationaliste

et d'être méchant avec nous.

Maintenant, je ne lui en veux plus.

Mais je regrette pas mon geste.

Dans cet étrange procès,

c'est la victime qui finalement

est coupable.

Ensuite arrive un expert psychologue.

Non, cette affaire,

Hida fait face

à une double contrainte.

C'était soit la mort de sa sœur

Christine,

soit la mort de son père.

Elle a dû

arbitrer

entre ces deux morts.

À la fin de la journée,

l'avocat général se lève pour ses réquisitions.

Va-t-elle demander

la prison pour Hida ?

Je vous demande

une sanction de principe

qui pourrait se situer entre

deux

et trois ans de prison avec Sourcy.

Réquisitoire très modéré.

L'acquittement est encore possible.

Et voici que maître le jeune

se lève.

Le jour du meurtre.

Le 18 juillet 1989.

Hida a été placé

dans un climat de violence extrême.

Et elle devait

faire face à un choix

morbide.

Ou elle tuait.

Ou c'était le père qui tuait.

C'est une situation

de légitime défense.

Le soir venu,

le président de la Côte d'Assise,

ses deux assesseurs et les six jurés

se retirent pour délibérer.

Le délibérer

ne dure que 40 minutes.

Et à l'issue quand elle revient

dans le boxe pour entendre

le verdict,

Hida est étanie.

À la question,

Hida Bossard est-elle

coupable de meurtre ?

Les jurés ont répondu non.

Elle est acquittée.

Elle est acquittée.

Et elle dans son boxe,

elle ne comprend pas tout de suite.

Son avocate Blondin,

le jeune doit le lui expliquer.

Tu es acquittée, Hida.

Tu es acquittée.

Tu n'es pas une meurtrière.

Tu n'es pas une criminelle.

Ce que tu as fait, tu n'avais pas d'autre choix que de le faire.

D'accord ?

Ça y est. Elle a compris.

Elle sort au marché du palais de justice.

Et le micro d'European est là.

Ça me fait drôle d'être dehors.

Puis je suis contente.

Je suis acquittée, je suis contente.

Le verdict, acquittement.

Qu'est-ce que vous avez senti au fond de vous même ?

Mon cœur est brûlé, je l'ai tombé dans les pommes.

Maintenant je vais essayer de tout oublier.

Je vais refaire une vie toute neuve.

Quand vous avez fait ça, ce n'était pas pour vous finalement ?

Non, c'était pour la famille avant tout.

Au départ,

du mal de comprendre, elle m'en voulait.

Maintenant, elle m'en veut plus du tout.

Je vais curer des néo-nazis.

Qu'est-ce que vous allez faire maintenant ?

Je vais refaire une vie.

Je vais reviver normalement.

Comment vous allez élever vos enfants ?

Bien normal.

Normal comme les parents au fond pour élever leurs enfants.

Mais je ne vais pas lui faire vivre la vie que moi, j'ai vécu.

Est-ce que vous regrettez votre geste ?

Non.

L'histoire des Dabosa

pourrait s'arrêter là,

sur cet acquittement

qui résonne comme une décision juste.

Et on imagine les cinq soeurs rassemblés

juste après le verdict autour de leur maman

soulagé

et réuni pour un nouveau départ.

Sauf que ça n'est pas un film américain.

Et cette histoire

ne se finit pas bien.

Il a tout blanchi qu'elle soit par la justice.

Ne va pas retrouver

ses soeurs et sa mère.

Il n'y aura pas de réconciliation.

La mère d'abord,

Jacqueline Bossard,

va refaire sa vie.

Et avec qui d'après vous ?

Avec un ami de son défunt mari,

un fâcho de la même trempe

qui va la battre,

et l'envoyer plusieurs fois aux urgences.

Et puis Hida, sa jeune voulait pas encore dire,

a eu un petit bébé avant le procès.

On lui en retire la garde.

Et pourquoi ?

Sur dénonciation de sa grande-sœur Christine,

celle la même qui d'a voulu protéger

et pour qui elle a tué son père.

Christine,

qui entre nous n'en sait rien du tout,

prétend qu'Hida

maltraite son bébé.

Et c'est pas fini.

En 2008, 20 ans après les faits,

on annonce la sortie d'un film

inspiré de cette histoire.

Peur en silence

de Gabriel Bix,

un jeune réalisateur.

Il a beaucoup impliqué Hida

dans le projet.

Elle a aidé à écrire le film.

Elle est là sur le tournage.

Elle a même participé à la mise en scène

en expliquant aux comédiens

comment elle voyait les choses.

Mais le film ne sortira

jamais.

Il y a quelques projections privées,

mais ses sœurs et sa mère

empêchent qu'ils sortent.

Et pour ça, elle convoque la presse.

Et elle raconte tout ensemble.

La mère en tête.

Une histoire stupéfiante.

Il y a 20 ans,

elles ont noué un pacte.

Elles se sont dit que la peine serait moins élevée

pour Hida, qui était mineure,

que pour la mère.

Mais la mère prétend qu'en vérité,

c'est elle

qui a tué son mari.

J'ai tiré.

Une fois, pas deux.

Je sais pas pourquoi.

Je ne voulais pas le tuer, je voulais lui faire mal.

Parce que lui nous en a fait du mal.

Et les sœurs d'Hida confirment.

Et donc le film est faux.

Et donc il faut l'interdire.

Et vous me posez la question.

Est-ce que cette nouvelle version

de l'histoire est vraie ?

Eh ben j'en sais rien,

ma foi.

J'en sais rien.

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

En 1989 à Salomé dans le Nord, Ida Beaussart a 17 ans lorsqu’elle décide de tuer son père néonazi. Celui-ci décorait les murs avec un grand portrait d’Hitler et de croix gammées.