Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Ida Beaussart, meurtre à l’ombre d’Hitler
Europe 1 9/11/23 - 30m - PDF Transcript
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Je vais vous raconter un crime pas vraiment ordinaire.
Une adolescente de 17 ans, Hida Bossard, qui en 1989 a salomé dans le nord, tout son père, dans un contexte très particulier.
Le père était néo-nasi.
Chez eux, il y avait des grands portraits d'Hitler dans le salon et des croix gammés sur les murs.
Je vous le dis tout de suite, allez au bout, parce que cette histoire a une drôle de fin.
J'ai écrit cette histoire avec Thomas Houdoir.
Réalisation, Céline Le Bras.
Européen, Christophe Fondelat.
Le matin du 18 juillet 1989, un peu après 8h, les gendarmes de l'Abbassé dans le nord reçoivent un appel téléphonique.
Gendarmerie j'écoute, à l'autre bout du film, une mère de famille de Salomé, un village voisin.
Elle s'appelle Jacqueline Bossard.
Venez vite, mon mari a été tué.
D'accord, ne touchez à rien madame, nous serons là dans quelques minutes, ne touchez à rien.
Quelques minutes plus tard, les gendarmes débarquent devant le petit pavillon de la famille Bossard.
Bonjour madame, c'est la mère, celle qui les a appelés qui leur ouvre.
Bonjour messieurs, entrez.
Ils entrent, ils voient une adolescente en larmes près de la table de la salle à manger.
Et surtout en balayant la pièce du recar, ils voient sur le mur un portrait d'Hitler.
Vous pouvez nous conduire auprès de la victime madame ?
Oui, suivez-moi.
Dans l'escalier qui mène à la chambre, où le crime a eu lieu, il y a aussi des croix gammées.
Dans la chambre au premier, le père Jean-Claude Bossard est bien mort.
Il est sur le lit, couché sur le côté gauche.
Et on l'a manifestement tué dans son sommeil parce qu'il est encore sous les draps.
Bon, il a été tué d'une balle dans la nuque.
Petit calibre, je dirais 22 longs rifles.
Au passage, sacré bestiot, ce Bossard fait 1,90 m pour 110 kilos.
Ce qui s'est passé, les gendarmes ne vont pas tarder à le comprendre,
en allant voir la gamine en pleurs près de la table de la salle à manger.
Ida, c'est son prénom, elle a 17 ans et elle a l'air d'en avoir douce.
C'est moi qui ai tué mon père.
C'est toi ? Tu peux nous expliquer comment ?
Et après on parlera du pourquoi, d'accord ?
Ce matin, je me suis noveé tout.
Et ma mère était déjà debout.
Et quand elle essaie d'aller sortir les poubelles,
j'ai attrapé le pistolet 22 longs rifles qui était caché au-dessus de l'horloge de la cuisine.
Je suis monté dans la jambe où mon père y dormait encore.
J'ai pointé l'arme sur lui et puis j'ai tiré dans sa nuque.
Je l'ai entendu crier.
J'ai vu du sang coulé par son oreille.
Et après, je n'ai plus rien entendu.
Ça paraît incroyable.
Une gamine malingre comme ça, qui tu son père d'une balle dans la nuque.
Mais dis-moi jeune fille, tu sais te servir d'une arme ?
Ben oui.
Moi et mes soeurs, ils nous a appris à tirer mon père.
Les fusils, les révolvers, comment les charger, comment les armer, les épauler, puis tirer.
Ça fait longtemps qu'on sait tout ça.
Vous êtes cinq filles, c'est ça ?
Oui.
Mon père, il n'avait pas de fils.
Alors il nous a tout appris à tirer.
Et je vous préviens tout de suite.
Ça n'est que le tout début de cette histoire.
La suite n'est pas piquée des hannetons, car la gamine se met à raconter le contexte de ce meurde.
Et la mère aussi.
Et les gendarmes tombent de leur chaise.
Et vous aussi, ça va vous arriver, je vous préviens.
Vous allez halluciner.
Le pater, vous l'avez compris.
S'il y a un portrait d'Hitler dans sa salle à manger et des croix gammées dans son escalier.
C'est un néo nazi.
C'est pas d'hier.
Au début, il s'est contenté du Front National de Jean-Marie Le Pen.
Et puis il s'est retrouvé au chômage.
Et il a commencé à développer une obsession.
Aller migrer qui m'a pris mon travail.
Un bougnoul.
Et donc à partir de là, le Front National, ça ne lui a plus suffi.
Alors il a rejoint le PNF, le parti nationaliste français et européen.
Partiné au nazi, dont le slogan est
La France d'abord, blanche toujours.
Ça vous donne une idée du programme.
Et c'est là, il a commencé à nous amener au rassemblement.
C'était obligatoire.
Vous n'aviez pas le choix ?
On n'avait le choix de rien.
Par exemple, tous les matins, il fallait venir saluer le portrait de Tonton Hitler dans le salon.
Et quand il leur faisait une dictée, c'était toujours des extraits de Mein Kampf.
La plus grande de toutes,
et la race allemande,
l'espèce la plus dangereuse,
et la race juive.
Le juif,
et celui qui pousse le plus ardemment aujourd'hui,
et quand il s'agissait de pu dire ses filles,
il cherchait des recettes de tortures dans les manuels nazis.
Et comme il n'avait plus de travail,
il s'est mis à pister ses filles,
à l'école primaire, au collège, au lycée,
il se mettait derrière les grilles
et il les surveillait dans la cour
pour voir avec qui elle jouait,
à qui elle parlait, qui elle fréquentait.
Et le soir, il les remontait comme des pendules.
« Faut pas vous laisser faire !
Vous devez vous battre, comme des hommes ! »
Et quelquefois, il sautait la grille
pour empêcher les professeurs d'intervenir.
Hida et ses sœurs ont subi tout ça
de leur naissance jusqu'à la mort de leur bourreau.
Ça, il le reste,
car bien entendu, il les a élevés à la chelague.
Il les frappait durement.
Et l'enquête va montrer que son souffre d'houleur,
celle qui dégustait le plus,
c'était Hida, qui vient d'avouer son assassinat.
Vous savez comment il l'a surnommé, la petite Hida ?
Le papa, la Mongolienne.
« Oh, viens là, la Mongolienne !
Allez, dégage, Mongolienne ! »
À tout bout de champ, toute la journée.
Et c'est pas tout.
Il avait aussi affublé ses filles
aux deuxièmes prénoms.
À chacune, le nom d'un camp de concentration,
Hida s'appelait Hida d'Acho.
Ça vous donne une idée de la folie du bonhomme,
qui par ailleurs était négationniste.
C'est-à-dire qu'il niait l'existence des camps de concentration
et des fours crématoires.
Et en même temps,
il donnait le nom de ses camps à ses filles.
C'est ça anglais.
C'est pervers jusqu'au bout des ongles.
Évidemment,
pas question de ramener des copines à la maison.
D'ailleurs, globalement, avoir des copines,
ça n'était pas conseillé, hein.
Trop différente, pas la même éducation.
Alors elles sont restées toutes leurs enfances,
entre elles, toutes les cinq.
Même s'il y avait des grosses différences d'âge,
Hida, au moment du meurtre de son père à 17 ans,
mais elle a deux sœurs majeures
et la petite dernière n'a qu'un an.
Les gendarmes sont effarées
parce qu'ils découvrent jour après jour.
Les gendarmes font le tour du village
et ils s'aperçoivent que les gens
avaient la trouille de Bossa.
Je ne sais pas si vous l'avez vu, l'eau.
Il ne s'est pas loin de maître.
Plus de 100 kilos.
Obvié avec un pantalon de mort,
un gilet avec des poches partout,
des rangers au pied.
Quand je le voyais de loin,
je changeais trop toi.
Ça, je peux vous lire.
Quand il n'y avait pas...
C'est chiant en plus.
Débergé allemand, bien sûr,
qu'il avait baptisé Wolf et Eva.
Eva comme Eva Braun, la femme d'Hitler.
Et puis, mais ça les gendarmes l'ont compris,
tout de suite dès qu'ils ont débarqué dans le pavillon,
ils vivaient dans la misère des Bossa.
Surtout depuis que le père était au chômage,
c'est-à-dire depuis des années.
La mère certes travaillait dans le textile,
elle était bobinaire.
Mais avec cinq enfants,
ils avaient beaucoup de mal à y arriver.
Les Bossars ne sont jamais partis en vacances.
Toute la famille était habillée
par les services sociaux.
L'enquête va révéler quida,
dès l'âge de 8 ans,
avait lancé des signes d'alarme.
Elle s'était confiée à une assistante sociale.
Elle avait demandé à aller en famille d'accueil.
Mais ça n'était pas allé plus loin,
il y a des coups de pieds au cul qui se perdent.
Pour ne pas refaire le tableau,
il faut ajouter quida était malade,
depuis toute petite.
Des problèmes au cœur.
J'ai été opéré trois fois.
Dans une fois, j'avais un an.
Et puis j'ai aussi des problèmes au poumon.
Je m'essouffle.
Je ne peux pas faire de sport.
Et ça, mon père, il n'aimait pas.
Déjà qu'il n'avait pas eu de garçon,
que je ne puisse pas faire de sport.
Alors, de temps en temps,
il lui retirait ses médicaments,
comme s'il voulait qu'elle meurt.
Je vous ai dit tout à l'heure
que les gamines n'avaient pas le droit
de recevoir des copines à la maison.
Il n'y avait plus d'ailleurs.
Alors que lui, en revanche,
il ne se gênait pas.
Et ses amis étaient du même tonneau que lui.
Tous néo-nazis.
Il y avait donc régulièrement
des rassemblements nazis à la maison.
Et les gamines voyaient tout.
Elles entendaient tout.
Il y a même des fois où
ses amis,
ils ont dit à mon père qu'il était
trop dur avec nous,
qu'il fallait qu'il se calme.
Il s'affichait complètement.
Dès qu'ils étaient partis,
il recommençait.
L'enquête révèle aussi
que Jean-Claude Bossard
avait un petit casier judiciaire.
Ah, voilà l'état-là, je figure-toi.
Interpellation à domicile des guerres d'avis.
Mais c'est pas tout.
Il y avait une affaire de meurtres.
Il faut que je vous la raconte, celle-là.
Cet état-haut bourdin dans le nord
en 1984.
Il y a cinq ans.
Avec un de ses copains fachos,
qui s'appelait Michel Cliquenois,
Jean-Claude Bossard va planter
dans le jardin d'un immigré
un certain Karim Benamida,
une pancarte.
Mord au boignol, vive le peine.
L'autre, évidemment, quand il rentre chez lui
après six moyennements,
il va arracher la pancarte
et Cliquenois s'allait nerve.
Alors, il le déçoude
à la vanne de l'onrifle.
Au procès deux ans plus tard,
Cliquenois prend neuf ans
et Bossard s'en sort avec une condamnation
pour incitation à la haine raciale.
Au point où nous en sommes
de cette enquête,
on pouvait vous mettre en garde
parce qu'on pourrait en rester
une lecture simpliste
du meurtre de Jean-Claude Bossard
par sa fille Hida.
Elle a tué son père
parce que c'était un insupportable fachot,
parce que c'était un fou
qui l'obligait à saluer le portrait
d'Hitler tous les matins
et qui lui faisait des dictes étirés
de Mein Kampf et qui lui enseignait
la haine des bougnules, comme il disait,
et qui poussait ses filles à se battre
mais ça ne serait pas dire la vérité
et ce que révèle l'enquête
c'est que le crime a des ressorts plus intimes
que la politique
et ça,
ça se joue dans les jours qui pressaient de le meurtre.
Au début des vacances d'été,
l'une des sœurs aînés d'Hida,
Christine, qui est majeure et qui est un petit copain,
se rebelle contre l'autorité paternelle.
Or, celle-là sera dorée d'Hida.
Alors elle la met dans la confidence.
J'en peux plus, Hida.
Alors je vais partir de la maison.
Je vais m'enfuir.
Elle lui a dit quand elle allait partir
ou elle allait partir
et avec qui ?
Et elle part en laissant
une lettre pour son père.
Il faut que je vous la lise, cette lettre.
Mais très cher parent,
je suis parti en voyage
ou presque.
Mon père,
je ne veux surtout pas
que tu te mettes des idées en tête.
Sages que j'ai
toujours et pour toujours
les idées nationalistes.
Mon combat
est de vaincre ou de périr.
Je lutterai
pour mon idéal,
celui de ma race.
Je vais m'inscrire
au PNFA
et si on se revoit dans notre lieu sacré,
garde ton sang froid.
Papa,
je me souviens
que tu m'as dit que
je pouvais partir
et que tu ne me retiendrais pas.
Alors j'ai suivi tes conseils.
J'ai eu une grande crainte
de ta réaction.
Moi, la fille de mon père chéri
et de ma mère aussi,
je ne suis pas la sorte de fille
qui va avec des souraces
comme vous pouvez le croire.
Races,
familles, patrie,
France d'abord,
blanche toujours.
Je donne mon chat
à Ida.
Merci et à bientôt.
Christine,
quand il tombe sur cette lettre
et qu'il découvre que sa fille est partie,
Jean-Claude Bossard
est ivre d'orage
et il débarque à la gendarmerie.
J'exige que vous m'aidiez à la retrouver.
Ah mais
c'est pas si simple, M. Bossard.
C'est qu'elle est ma jeune, votre fille.
Et elle est libre d'aller
où bon lui sent.
Et vous, vous n'y pouvez rien.
Désolé.
Il se doute évidemment
qu'Ida, sa petite sœur chérie,
on sait plus qu'elle ne le dit.
Elle sait où est Christine, forcément.
Alors il la cuisine,
il la menace, il la frappe même.
Mais Ida ne lâche rien.
Puisque c'est comme ça,
je te donne l'ordre
d'aller porter plainte contre ta sœur Christine.
Tu dirais qu'elle te frappait.
Ça forcera les gendarmes
à la rechercher.
Mais les gendarmes ne sont pas dupes.
Et à partir de là,
il devient fou.
Fou, fou.
Je suis certain qu'elle est partie avec Ayupa en plus.
Oh ça c'est sûr.
Et c'est vrai.
L'amoureux de Christine est juif.
Mais en vérité, il n'en sait rien.
Il est en plein délire obsessionnel.
Et c'est là qu'il prend une décision
qui va sceller son sort.
Il transforme le sous-sol
du pavillon
en salle de torture.
C'est là
que je vais régler mes comptes
à ce Youpin qui est parti avec ma fille.
Et toi Ida,
tu sais forcément quelque chose.
C'est sûr qu'elle t'a dit où elle allait.
Je le sais parce que
vous vous dites tout avec Christine.
Je te préviens.
Si tu me dis rien,
tu passeras aussi.
Et c'est à ce moment-là
qu'il place le pistolet van de Longrive
au-dessus de la pendule
dans la cuisine,
apporté de main,
le pistolet par lequel il va mourir.
Ida, écoute-moi bien.
Si Christine et son Youpin
viennent un jour,
un jour où je ne suis pas là,
tu prends le pistolet
tous les tuts, tous les deux.
Et il lui montre où est le pistolet.
Fallait pas Jean-Claude.
Fallait pas.
Et pendant ce temps,
l'autre se met à remuer
toute la région, l'île, tout le coin.
Il est toujours enclué
dans son délire.
Et puis un jour il arrive et il dit,
ça y est,
j'ai son adresse.
C'est ça qui déclenche tout.
C'est parce qu'il prétend
avoir retrouvé Christine
et qu'il dit qu'il va la tuer,
qui da à bas son père
d'un coup de pistolet dans la nuque.
Elle le tue en vérité
pour sauver sa grande sœur.
Pas parce qu'il est fachot,
c'est parce qu'il menace de tuer Christine.
C'est le mobile du crime.
Il n'est absolument pas
politique.
Elle a été arrêtée, bien sûr.
Il da le jour du meurtre de son père.
Il a culpé de meurtre.
Il a envoyé en prison.
C'est normal. Elle la tuait.
Mais il est aussi normal
qu'elle n'y reste pas trop longtemps.
Elle a 17 ans.
Et donc au bout d'une petite semaine,
elle échoue dans un foyer.
Le juge a beaucoup hésité.
Parce qu'il y avait une autre solution.
L'a laissé avec sa mère et ses sœurs.
Il a jugé que pour l'instant, c'était impensable.
Impensable parce que
pour ses sœurs et pour sa mère,
c'est compliqué ce qui vient de se passer.
Parce que d'un côté, elles sont
soulagées d'être débarrassées du tyran,
qui pourrissaient leur vie depuis tant d'années.
Mais de l'autre, elles en veulent, Haïda.
C'était leur père tout de même.
Et la mère, c'était son mari.
Depuis le temps qu'il présidait
à chaque minute de leur vie.
Il leur manque.
Et elles sont perdues.
Et elles ont besoin de digérer,
de réorganiser leur vie.
Alors, Haïda pourra peut-être
rentrer à la maison.
Mais pas tout de suite.
C'est trop tôt.
Haïda donc,
sera jugé pour meurtre
devant la cour d'assises des mineurs de Doué.
Elle n'a pas les moyens
de se payer un avocat.
Et donc, on lui désigne
une jeune avocate commise d'office.
À ce petit jeu,
elle aurait pu tomber sur une mauvaise.
Elle tombe sur une bonne.
Jeune, mais bonne.
Une certaine blandine le jeune.
Elle débute, c'est sa première affaire
devant les assises.
Et du coup, elle s'investit
énormément dans cette affaire.
Elle devient la confidente,
dit Haïda.
Un peu sa grande sœur,
son repère en tout cas
dans le monde des adultes.
Ça va être compliqué,
ce procès.
Parce qu'Haïda a tout de même tué.
Alors certes, elle a tué un fou,
un grand-père vert,
un tordu de première,
mais elle l'a tué.
Mais si elle se défend bien
et si sa jeune avocate la défend bien,
elle peut être acquittée.
Le procès d'Haïda Bossard
devant la cour d'assises des mineurs de Doué
s'ouvre le 18 mai 1992,
un peu moins de 3 ans
après le meurtre.
Haïda a désormais 20 ans.
C'est un procès à huit clos,
comme tous les procès de mineurs,
mineurs au moment des faits.
Et c'est un procès court,
puisqu'il ne va durer qu'une journée.
Ce soir, le sordida sera scellé.
Particularité,
il n'y a pas de partie civile.
C'est-à-dire que personne ne représente
les intérêts du mort et de son entourage.
Sa mère et ses sœurs sont là,
mais aucune d'entre elles
ne s'est constituée partie civile.
Comment vont-elles se comporter
de la conscience ?
Que vont-elles dire ?
Matilde l'aîné
est la première des 4 sœurs d'Hida
à se présenter à la barre.
On sait qu'au lendemain du meurtre,
elle en voulait beaucoup à sa sœur
d'avoir tué son père.
Elle voulait même la tuer.
Aujourd'hui, elle a changé d'avis.
Hida,
je pourrais dire qu'elle a sauvé notre vie.
Oui, c'est ça.
Elle a sauvé notre vie.
Mais après les autres,
toutes les sœurs viennent dire
à peu près la même chose
et racontent l'enfer dans lequel
elles ont grandi.
Et puis Hida est elle-même interroger.
Je regrette pas mon geste.
Je lui ai voulu être nationaliste
et d'être méchant avec nous.
Maintenant, je ne lui en veux plus.
Mais je regrette pas mon geste.
Dans cet étrange procès,
c'est la victime qui finalement
est coupable.
Ensuite arrive un expert psychologue.
Non, cette affaire,
Hida fait face
à une double contrainte.
C'était soit la mort de sa sœur
Christine,
soit la mort de son père.
Elle a dû
arbitrer
entre ces deux morts.
À la fin de la journée,
l'avocat général se lève pour ses réquisitions.
Va-t-elle demander
la prison pour Hida ?
Je vous demande
une sanction de principe
qui pourrait se situer entre
deux
et trois ans de prison avec Sourcy.
Réquisitoire très modéré.
L'acquittement est encore possible.
Et voici que maître le jeune
se lève.
Le jour du meurtre.
Le 18 juillet 1989.
Hida a été placé
dans un climat de violence extrême.
Et elle devait
faire face à un choix
morbide.
Ou elle tuait.
Ou c'était le père qui tuait.
C'est une situation
de légitime défense.
Le soir venu,
le président de la Côte d'Assise,
ses deux assesseurs et les six jurés
se retirent pour délibérer.
Le délibérer
ne dure que 40 minutes.
Et à l'issue quand elle revient
dans le boxe pour entendre
le verdict,
Hida est étanie.
À la question,
Hida Bossard est-elle
coupable de meurtre ?
Les jurés ont répondu non.
Elle est acquittée.
Elle est acquittée.
Et elle dans son boxe,
elle ne comprend pas tout de suite.
Son avocate Blondin,
le jeune doit le lui expliquer.
Tu es acquittée, Hida.
Tu es acquittée.
Tu n'es pas une meurtrière.
Tu n'es pas une criminelle.
Ce que tu as fait, tu n'avais pas d'autre choix que de le faire.
D'accord ?
Ça y est. Elle a compris.
Elle sort au marché du palais de justice.
Et le micro d'European est là.
Ça me fait drôle d'être dehors.
Puis je suis contente.
Je suis acquittée, je suis contente.
Le verdict, acquittement.
Qu'est-ce que vous avez senti au fond de vous même ?
Mon cœur est brûlé, je l'ai tombé dans les pommes.
Maintenant je vais essayer de tout oublier.
Je vais refaire une vie toute neuve.
Quand vous avez fait ça, ce n'était pas pour vous finalement ?
Non, c'était pour la famille avant tout.
Au départ,
du mal de comprendre, elle m'en voulait.
Maintenant, elle m'en veut plus du tout.
Je vais curer des néo-nazis.
Qu'est-ce que vous allez faire maintenant ?
Je vais refaire une vie.
Je vais reviver normalement.
Comment vous allez élever vos enfants ?
Bien normal.
Normal comme les parents au fond pour élever leurs enfants.
Mais je ne vais pas lui faire vivre la vie que moi, j'ai vécu.
Est-ce que vous regrettez votre geste ?
Non.
L'histoire des Dabosa
pourrait s'arrêter là,
sur cet acquittement
qui résonne comme une décision juste.
Et on imagine les cinq soeurs rassemblés
juste après le verdict autour de leur maman
soulagé
et réuni pour un nouveau départ.
Sauf que ça n'est pas un film américain.
Et cette histoire
ne se finit pas bien.
Il a tout blanchi qu'elle soit par la justice.
Ne va pas retrouver
ses soeurs et sa mère.
Il n'y aura pas de réconciliation.
La mère d'abord,
Jacqueline Bossard,
va refaire sa vie.
Et avec qui d'après vous ?
Avec un ami de son défunt mari,
un fâcho de la même trempe
qui va la battre,
et l'envoyer plusieurs fois aux urgences.
Et puis Hida, sa jeune voulait pas encore dire,
a eu un petit bébé avant le procès.
On lui en retire la garde.
Et pourquoi ?
Sur dénonciation de sa grande-sœur Christine,
celle la même qui d'a voulu protéger
et pour qui elle a tué son père.
Christine,
qui entre nous n'en sait rien du tout,
prétend qu'Hida
maltraite son bébé.
Et c'est pas fini.
En 2008, 20 ans après les faits,
on annonce la sortie d'un film
inspiré de cette histoire.
Peur en silence
de Gabriel Bix,
un jeune réalisateur.
Il a beaucoup impliqué Hida
dans le projet.
Elle a aidé à écrire le film.
Elle est là sur le tournage.
Elle a même participé à la mise en scène
en expliquant aux comédiens
comment elle voyait les choses.
Mais le film ne sortira
jamais.
Il y a quelques projections privées,
mais ses sœurs et sa mère
empêchent qu'ils sortent.
Et pour ça, elle convoque la presse.
Et elle raconte tout ensemble.
La mère en tête.
Une histoire stupéfiante.
Il y a 20 ans,
elles ont noué un pacte.
Elles se sont dit que la peine serait moins élevée
pour Hida, qui était mineure,
que pour la mère.
Mais la mère prétend qu'en vérité,
c'est elle
qui a tué son mari.
J'ai tiré.
Une fois, pas deux.
Je sais pas pourquoi.
Je ne voulais pas le tuer, je voulais lui faire mal.
Parce que lui nous en a fait du mal.
Et les sœurs d'Hida confirment.
Et donc le film est faux.
Et donc il faut l'interdire.
Et vous me posez la question.
Est-ce que cette nouvelle version
de l'histoire est vraie ?
Eh ben j'en sais rien,
ma foi.
J'en sais rien.
Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
En 1989 à Salomé dans le Nord, Ida Beaussart a 17 ans lorsqu’elle décide de tuer son père néonazi. Celui-ci décorait les murs avec un grand portrait d’Hitler et de croix gammées.