Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Histoires de légiste : cœur amer/ camping-car/ la mort en pente douce
Europe 1 10/24/23 - 30m - PDF Transcript
Vous les pros, vous devez sans cesse optimiser. Optimisez votre temps pour passer d'un chantier à un autre. Optimisez le chargement de votre matériel.
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Dans un nouveau livre qui paraît chez Plon, autopsie au pleurier, le docteur Michel Sapanet, médecin légiste à Poitiers, raconte quelques-unes de ses affaires.
Voici l'histoire de Jeff, mort empoisonné, après un déjeuner d'anniversaire concocté par l'une de ses amoureuses.
Mais crie cette histoire avec tuc dual de Dieu le veut. Réalisation s'éligne l'embrasse.
Mes autopsies commencent généralement tout le matin. Je préfère.
L'esprit n'est pas encore en combat de tracasseries administratives et mes mains n'ont pas encore dissipé leur énergie dans la rédaction de comptes rendus divers.
Une dernière dose de café, dans mon bureau, et je me glisse dans le sas-tabillage.
J'enfile un pyjama de bloc opératoire, un calot, des sabots, j'ajoute par-dessus un masque chirurgical et des lunettes de protection,
une casaque stérile, des gants anti-coupures et des gants en latex. Quand je pénètre dans la salle d'autopsie, il est 8h.
Bonjour docteur, en forme ce matin ? Ça va ? Ça va ?
Tout est calme. Seul le souffle de la climatisation qui maintient la température à 16° trouble le silence.
Les gendarmes ou les policiers venus assister à l'autopsie viennent d'arriver.
Et mon patient, lui, est déjà là. L'agenda amphithéâtre est allé le récupérer dans la chambre froide.
Oui, je l'appelle encore mon patient.
Avant de devenir un objet d'étude sous mon pistolet, il vivait.
J'aurais pu le rencontrer et partager ses émotions dans le monde des humains.
Son corps est allongé sur un chariot à roulette. J'ouvre la housse.
Et maintenant, je dois le passer du chariot jusqu'à la table d'autopsie.
Quand le gabarit du sujet le permet, je le fais tout seul.
Mais avec le fléau de l'obésité, on voit arriver de plus en plus de poids lourds.
Et là, je fais appel à l'agenda amphithéâtre.
Je me souviens d'un corps de 214 kg qui avait été crasé de son poids le branquard des pompes funèbres.
Il avait fallu une dizaine de personnes pour le relever et l'installer sur la table.
Le sujet du jour est maintenant en place.
Il s'appelle Jeff. Et comme d'habitude, je ne fais sa connaissance que trop tard.
L'officier de police judiciaire fait les présentations.
En ouvrant des comptes, docteur, le jour de son anniversaire.
30 ans. Tout ça pour un inhalateur vide.
Un inhalateur ? Ouais.
Où il fait de l'aspoir depuis l'enfance.
Il avait déjà fait des crises graves.
Il avait été hospitalisé en réin il y a 6 mois.
Et là, on pleure au pas d'anniversaire. Il fait sa crise.
Attendez, j'ai le compte rendu du SAMU.
J'ouvre l'enveloppe.
30 ans. Prise en charge d'un état de mal asthmatique.
Transfaire SAMU et l'hypothé, crise convulsive.
Pendant le transfert, à l'admission dans le service pression artériel.
Un fréquence cardiaque.
53 crises convulsives.
Intense de type tonicoclonique.
Des charges paroxystiques ininterrompues.
Puis, moins encephalique.
OK.
A la fin de son rapport, le SAMU a écrit
Obstacle médico légal.
Ça veut dire qu'il a un doute sur les causes de la mort.
Il faut quand même que je vous précise une chose, docteur.
Le gars-là, c'est un ancien toxico.
Enfin, ancien.
On a des doutes.
Dans l'hélico, le médecin du SAMU lui a fait un test de dépistage rapide.
Positif à l'héroïne.
À l'ouverture de la housse,
je constate que Jeff est plutôt beau-gosse.
Faut que je vous raconte, docteur.
Ce gars-là, il avait une vie sexuelle
sacrément agitée.
Le type, il avait à l'info, une cougarre
et une bombasse, figurez-vous.
Et une cougarre.
La cinquantaine.
Et une belle fortune personnelle.
Louis, c'était plutôt le style, je me fais entretenir, vous voyez.
Et la bombasse, alors.
La superbe bombasse, vous voulez dire.
Celle-là, franchement, je l'a plein.
Elle devait être aveugle, quoi,
c'était aussi avec l'autre.
À part ça, pas de traces suspectes,
pas de traces de violence,
des poumons gorgés de DEM
et un cerveau comprimé par le DEM.
Mon cœur balance entre
crise d'asme et overdose d'héroïne.
Il n'y a que les analyses toxicologiques qui pourront trancher.
En attendant les résultats
et grâce à l'enquête,
l'histoire de Jeff prend corps.
Il avait fait des crises d'asme graves.
Il était allergique au pollen et au latex.
Et il avait développé une BPC
ou une bronchie chronique obstructive.
Malgré cela, bah, il fumait
et il se faisait régulièrement des fixes d'héroïne.
Pour son anniversaire, ces 30 ans,
la cougarre, la arme,
dans le marée Poitouin.
Il pouvait parfuser
son compte en banque joué de l'accordéon.
Il fallait qu'il l'avoue.
Quand il est arrivé chez elle, surprise,
la bombe basse était là elle aussi.
Il faisait beau,
la cougarre avait dressé une belle table
sur la pelouse,
avec le menu posé dessus.
À 30 ans, on retourne une page,
c'est une nouvelle ère qui s'engage,
finit les enfantées.
Et voilà le menu.
Gambasse flambée, pavée de bichos et rêves,
au monnière de chèvre,
au miel du marée
et pour le dessert,
fondant,
cœur à mer.
C'est ma spécialité, chef.
J'espère que tu vas aimer.
C'est un fondant de chocolat
avec un cœur de cacao à mer.
Le repos,
le repas se passe bien.
Café, pouce café.
Jeff s'absente quelques minutes
et il revient
des toilettes en sueur.
Il a du mal à respirer.
Je me sens pas bien.
J'ai vomi.
J'ai la chiasse.
La cougarre se précipite.
Jeff, en fait, t'as les pupilles serrées.
T'as encore pris un fixe.
T'arrêtera donc jamais.
Et la bobasse,
s'effondre en larmes.
Tu m'avais promis, Jeff.
Tu m'avais promis.
Et lui, entre deux respirations,
l'évide,
arrive à dire,
je me suis dit,
j'ai rien pris.
Je suis en train de refaire un christasme.
Vite, mon inhalateur.
Une première bouffée,
plus une seconde.
Légère amélioration.
Mais très vite, il est de plus en plus agité.
Il a des difficultés à parler.
Sa respiration est sifflante.
Et là, il reprend son inhalateur.
Clique, clique.
Il est vide.
C'est la cougarre qui appelle le samedi.
Les analyses toxicologiques,
sans urine,
contenues de l'estomac,
viennent d'arriver.
Oui, Jeff avait consommé de l'héroïne.
Mais à minima.
Pas de quoi assommer en consommateur régulier.
En revanche,
le toxicologue a trouvé un drôle de produit.
Il s'agit d'un viton sanitaire, docteur.
De la famille des carbamates,
qui sont des organophosphorins
utilisés comme pesticides
et aussi comme arme chimique.
Le nom de la marque est Aldi-Carba.
C'est un produit qui a été interdit
par l'Union Européenne.
Mais jusqu'en 2007,
il y avait une dérogation pour la betterave et pour la vigne.
Mais aujourd'hui, tout ça, c'est fini.
Bon, cela dit, il doit exister des stocks inutilisés
pour un usage agricole frauduleux.
Et on a des exemples récents de suicide.
D'abord, avec ce produit.
Et aussi d'empoisonnement criminel.
Des empoisonnements criminels.
Le toxicologue m'a fait passer la fiche du produit.
Elle est sympathique.
Danger.
Mortel en cas d'ingestion.
Toxique par contact cutané.
Mortel par inhalation.
Très toxique pour les organismes aquatiques.
Entraîne des effets néfastes
à long terme.
Hypothèse donc.
Jeff a été empoisonné.
À quel moment,
l'analyse,
a-t-il ingéré ce poison ?
Pendant le repas, forcément.
Et le repas a été préparé
par la cougar.
Mais dans quel plat
a-t-elle pu éventuellement
glisser de l'aldicarbe ?
Et si c'était
dans son fondant au chocolat,
au cœur à mer ?
Je décide
de refaire la rosate.
Le cœur à mer,
il faut le fabriquer la veille.
250 grammes de cacao,
à mer,
15 litres de crème florette
et 50 grammes de beurre.
On mélange.
Et on met au congélateur pour la nuit.
Le lendemain,
on coule l'appareil à fondant dans des moules,
à un tiers de la hauteur.
On place dessus le cœur à mer
congelé.
Et on complète en versant le reste de l'appareil
Ensuite tout est dans la cuisson.
8 minutes à 200 degrés.
Et puis on laisse refroidir
et on témoule.
Et on attend au moins une heure
pour déguster.
Et là,
la cuillère libère le cœur coulant
qui a fondu entre temps.
Un régal.
C'était le gâteau d'anniversaire de Jeff.
La cougar avait posé
dessus une bougie.
Joyeux anniversaire.
Jeff.
D'après le toxicologue,
l'aldicarbe ne résiste pas
au-delà de 100 degrés.
Et là,
problème.
Parce que le fondant au cœur à mer
est cuit à 200 degrés.
Alors moi, quand je refais la recette,
je place une sonde
thermique dans le cœur à mer.
Voyons quelle est la température
du cœur
pendant la cuisson.
Si elle dépasse les 100 degrés,
alors le poison a été détruit
et ça n'est pas le fondant
qui en poisonait Jeff.
Alors, voyons ce que dit mon
thermomètre.
20 degrés. 30 degrés.
40.
50.
60 degrés.
Le cœur ne monte pas
à plus de 60 degrés.
Et donc,
le poison était possiblement
dans le fondant
cœur à mer.
La couga a-t-elle empoisonné
son jeune amant ?
On ne le saura jamais.
Parce qu'en an plus tard,
le jour de la date anniversaire de Jeff,
elle se suicide
dans sa propriété du marais poitain.
On de la traquante.
Christopher de Lattes.
Dans un livre qui paraît
au psy, au pluriel,
le docteur Michel Sapané, médecin légiste
à Poitiers, raconte quelques-unes
de ses affaires. Voici l'histoire
de Raymond et de Catherine.
J'ai écrit cette histoire avec Tuguel
de Dieu-le-Veux, réalisation Céline Le Bras.
Européen.
Christopher de Lattes.
Un jour,
Raymond débarque à la gendarmerie
de Saint-Pierre-d'Holéron
sur l'île d'Holéron.
Bonjour, monsieur.
Voilà, c'est pour déclarer le décès
de ma femme, Catherine.
On était en vacances
et les mortes
à l'arrière de notre camping-car.
Entendu ?
Eh bien, écoutez,
vous allez nous amener sur place.
Sur place,
les gendarmes constatent
effectivement la présence
d'un corps de femme
sur la couchette arrière du camping-car.
Et ils font venir le samu.
On va pas pouvoir faire grand-chose.
Le décès remonte
à plusieurs heures.
Je vais vous signer
donc le certificat de décès,
mais je vais devoir
poser un obstacle médicolégal.
Je crois qu'une autopsie
est absolument indispensable.
Le corps de Catherine
prend donc la direction de l'Institut
médicolégal de Poitiers
et Raymond est placé en garde à vue.
Dans les heures qui suivent,
je reçois de la procureur de la Rochelle
la mission d'effectuer
l'autopsie
de Mme Catherine M,
66 ans.
Je dois rechercher les causes de sa mort.
Vous devez s'en cesse optimiser.
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électrique et fait pour vous.
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jusqu'à 3,5 mètres et son volume de chargement
jusqu'à 4,9 mètres cubes.
Existe aussi en motorisation et censée diesel
à découvrir pendant les jours pro-plus
du 18 au 27 octobre.
Pour ceux qui ne s'arrêtent jamais.
Lorsque j'entre dans la salle d'autopsie,
en vérité, j'ai une longueur d'avance.
Je sais déjà
ce qui m'attend à l'ouverture de la housse mortuaire.
Car le cadavre a été passé au scanner
la nuit dernière
et j'ai visionné les images
et elle ne laisse pas de place aux doutes.
Cette femme est morte
d'un cancer en phase terminal.
Les métastases pulmonaires
sont si nombreuses
qu'elles forment ce qu'on appelle
des rages enlachés de ballons.
Des dizaines et des dizaines de petites tâches rondes
en grappes.
Les côtes de cette femme
sont comme dévorées.
Les eaux du bassin rongées
et l'humérus droit
troués comme un gruyet.
Les ravages du noctumeur cancéreuse
en phase terminal.
J'ouvre la housse mortuaire.
Le visage par cheminée de Catherine
est figé dans une sorte de terrible grimace.
Ces traissons déformés par la douleur
et la labouche
grande ouverte
comme pour essayer d'avaler une dernière bouffée d'air.
La peau de ces deux seins
n'est plus qu'une vaste ulcération.
Le thorax est couvert de plaies à vif
et de ganglions
jusqu'au cou.
Et comme dans une dernière crispation
le bras droit est fixé au thorax
le coud est plié
et la main gonflée de dème
est collée à la poitrine.
J'ai essayé de déplier le coude.
Allons-y.
Et là, un craquement sinistre
me fait sursauter.
L'humérus a cassé
comme une branche morte.
J'en ai mal pour elle.
Sur la balance, le corps ne pèse pas
plus de 30 kilos.
Je le dépose sur la table en inox.
Je le retourne.
Le dos et les fesses sont
criblés tes carres.
J'arrête là.
Je l'ai mis à main.
Cette femme est morte d'un cancer.
Une autopsie n'a pas de sens.
Et ça, il va falloir l'expliquer
à la procureur.
De retour dans mon bureau
je découvre les éléments
que les gendarmes ont pu recueillir.
Donc c'est une femme
qui a découvert il y a sept ans
sous son sein droit.
Le marie nous raconte qu'elle a
consulté des spécialistes, mais
qu'elle a refusé tout traitement.
Et puis il nous dit que c'est un
qu'en plus tard, tarodée par la douleur
elle est retournée à l'hôpital de Poitiers.
Qu'elle a accepté un scanner
et là, le marie nous raconte que les images
étaient très impressionnantes
et que le diagnostic était sans appel.
C'est-à-dire que la tumeur occupait
la quasi-totalité du tronc
et que donc elle était inopérable.
Il nous dit que les médecins lui ont proposé
un traitement palliatif, mais
il nous dit aussi qu'elle n'est pas allée
au rendez-vous.
Et là, il nous raconte qu'ils ont décidé
tous les deux de profiter de leur
dernier moment
en se lançant dans un grand tour d'Europe
et donc en Campingcar, ils sont allés
en Écosse, ils sont allés en Irlande,
ils sont allés en Espagne.
Et puis là, il nous dit que sa femme
allait être plus en plus mal et qu'ils ont
donc décidé de se rapprocher de leur famille
et d'aller au camping de Saint-Pierre-Toléron.
Et voilà quoi, quelques jours plus tard
le mari est parti faire ses courses
et quand il est rentré, elle était
morte.
Bah voilà, c'est bien ce que je pensais
inutile de pratiquer
une autopsie.
Mais maintenant, il faut en convaincre
la procureur.
Et écoutez madame la procureur, je suis absolument
certain de
des causes du décès. C'est
une mort qui est consécutive à un cancer
et je ne vois pas de raison vraiment
de pratiquer d'autopsie.
Enfin docteur,
comment on pouvait vous exclure
un acte de talasie, par exemple
de la part de son mari,
si vous n'avez pas fait d'autopsie ?
Je vous le redis madame la procureur,
je n'ai relevé
aucune trace de violence,
aucune trace de picure non plus.
L'examen
Externe et l'imagerie me donnent tous les éléments
pour conclure
une mort du cancer généralisé
en face terminale.
Et un empoisonnement
docteur, vous y avez songeé ?
Oui, c'est la seule hypothèse possible.
L'autopsie n'apportera rien dans ce cas-là.
Les analyses de sens suffiront
pour valider ou affirmer.
Je peux les faire
sans autopsie.
Et s'il avait été tout fait avec un oriller
docteur, ça ne laisse quasiment
pas de trace, non ?
Oui, ça, c'est un peu une végant.
Madame la procureur,
le plus souvent, il y a des traces sur le visage
et puis au scanner, on voit un ordemme pulmonaire.
Ici, franchement,
je n'ai rien de ça.
Ça m'embête vraiment
parce que, pas partout,
dans les recommandations, en particulier
des directives européennes,
on dit qu'une mort suspecte justifie
une autopsie, docteur.
La recommandation, madame la procureur,
date de 1999.
Elle a plus de 20 ans
et vous savez que depuis, la médecine a fait
de sacré progrès.
L'imagerie médicale a beaucoup progressé
dans mon service.
Nous réalisons des scanners avant toute autopsie
depuis 2006, madame la procureur.
Je le sais, ça nous coûte assez cher.
Est-ce que je peux
me permettre de vous envoyer
par mail
quelques clichés du corps
et du scanner ?
J'y joindrai une courte légende.
Je lui envoie ma documentation
dix minutes plus tard.
Et elle me rappelle
dans les deux minutes qui suivent.
La voix blanche.
Je vous autorise à ne pas
faire d'autopsie,
docteur.
Vous m'avez convaincu.
Et Raymond
est blanché de tout soupçon.
Et moi,
j'espère avoir convaincu la procureur
que l'autopsie n'est pas toujours un passage obligé
vers la vérité judiciaire.
C'est une petite pierre
posée sur un long chemin
car avant de convertir
tous mes interlocuteurs,
il y a du travail.
Dans un livre qui paraît chez Plon,
autopsie, au pluriel,
le docteur Michel Sapané,
médecin légiste à Poitiers,
c'est une de ses affaires.
Voici l'histoire de Lucien,
92 ans, décédé subitement
une semaine après une agression.
J'ai écrit cette histoire avec
Tuc-dual de Dieu le veut,
réalisation Céline Le Bras.
Européen
Christopher Delat
Un jour,
Lucien, 92 ans
et son épouse Madeleine
laissé en pleine nuit par des hommes
cagoulés dans leur maison de Saint-Pierre-d'Holéron
sur l'île d'Holéron.
Lucien est jeté au sol et l'élicoté
et Madeleine est entravée, elle aussi.
Les Malfras emportent
un petit coffre fort dont ils
connaissent et manifestent l'existence.
Madeleine parvient à se libérer
et elle donne l'alerte.
Les pompiers et les gendarmes-aries
Les gendarmes
On va vous hospitaliser,
pour faire un bilan ?
Non, ça n'est pas la peine.
Nous allons rester chez nous.
Les gendarmes évaluent
le contenu du coffre fort volé.
Bon, d'après ce que je sais,
il y avait des bijoux, il y avait des colliers de perles
et il y avait aussi un lingot d'or
valeur totale évaluée
de 280 000 euros
Le lendemain,
le médecin a traitant du couple
pas s'examiner Lucien.
Des dons, vous avez un sacré hematome
sur la joue gauche.
Et les plaies là, ici, sur les poignets
ce sont les liens avec lesquels
on vous a fiscés, qui ont fait ça.
Pas de réponse de Lucien.
Il est là, dans son coin, il ne dit pas un mot.
Alors qu'avant,
avant c'était un non-agénère
très dynamique.
Il vant son fils s'inquiète.
Lucien ne va pas bien.
Il ne mange presque plus, il ne boit rien
et il ne parle plus.
Alors qu'avant c'était un grand pavard.
7 jours après l'agression,
Lucien ne quitte plus son lit.
Lui qui toute sa vie s'est levé
dès l'heure.
Et le lendemain, il est mort.
L'autopsie, réalisée par
ma collègue Marie,
ne trouve pas de cause évidente
de la mort.
J'ai bien quelques équimoses qui correspondent
assez bien à l'agression telle qu'elle nous a
été décrite, c'est-à-dire une chute,
une saisie assez violente par les mains,
mais bon, elles sont superficielles.
Elles peuvent absolument pas être
à l'origine d'une essai.
C'est un grand mystère.
L'enquête de Gendarmerie
s'identifie dans l'entourage familial
de Lucien et de Madeleine
une arrière petite fille
qui a un petit copain ou pas ses troubles
connus des services de police.
Ils le placent sur écoute
et ils interpellent 5 personnes
dont 3 sont placées
en détention provisoire.
Et à partir de là, la question
que nous pose le juge est la suivante.
Il nous faut absolument établir
les causes du décès, un docteur
de manière à pouvoir dire
le décès et directement en lien avec l'agression.
Parce que nous avons actuellement
3 personnes en détention
et il est indispensable
de savoir si oui ou non
qui sont responsables
de la mort de ce monsieur.
Vous comprenez ?
Entre temps,
les gendarmes ont bien fait leur travail.
Ils viennent de nous remettre
le dossier médical complet de Lucien
depuis 1987.
Il y a 50 de pages.
Je les lis d'un bout à l'autre.
J'apprends pas ça je d'ailleurs
qu'il émet le bon vin et les crustacés.
Bref que c'était un bon vivant.
Coup de chance.
À la suite de douleur légère au thorax
il a fait un bilan cardiaque
une semaine avant son agression.
Un bilan très complet.
A faire rêver les bons vivants
et à mettre des cardiologues au chômage.
Bref, au moment du cambriolage,
rien ne pouvait
laisser prévoir
un décès de Lucien
à court terme.
Je commence à rédiger un rapport de 25 pages
dans lequel j'écris que la mort
de Lucien n'est pas due
ni à des maladies anciennes
ni à une maladie non diagnostiquée
et pas non plus
à un surdosage de médicaments.
En vérité, je ne vois qu'une possibilité
monsieur le juge.
Ce qu'on appelle un syndrome de glissement.
Mais encore docteur
expliquez-moi.
Écoutez, c'est
un concept français
qui a été décrit pour la première fois en 1956.
Donc c'est un syndrome
qui toucherait entre 1
et 4 % des personnes âgées
et habituellement
des sujets très âgés.
Plus de 85 ans
qui sont socialement intégrés, qui sont autonomes
qui n'ont pas de problèmes de santé grave
ce qui était le cas de Lucien.
Et alors en quoi ça consiste ?
Et bien les signes apparaissent
en général quelques temps
après un traumatisme aigu
et ici il s'agit bien d'entendu de l'agression
donc le patient n'a plus faim
il ne boit plus
il refuse les soins
il ne parle plus et puis son état se dégrade
et puis le décès intervient
alors que rien ne le laissait prévoir.
Un abandon de volonté de vivre
vous voulez dire docteur ?
Oui c'est ça, oui. C'est-à-dire que le patient
se laisse glisser doucement vers la main
Il y a eu une animité
sur l'existence de ce syndrome
de glissement docteur
Pour être honnête
pas totalement
les anglo-saxons
ils voient plutôt le signe
d'une dépression
antérieure
à l'agression
ou au traumatisme.
Au procès
la justice fait comparer
d'être 5 hommes
dont 3 sont accusés de vol avec violence
ayant entraîné la mort de Lucien
Je vais à la barre
expliquer ce qu'est le syndrome de glissement
et j'ai à peine terminé
que l'un des avocats de la défense
me saute dessus
Je vous fais remarquer docteur
et je fais remarquer à la cour
qu'en l'absence de tout examen
psychologique ou psychiatrique
pratiquer sur la victime dans la semaine
qui a précédé le décès
à rien
strictement rien
ne permet de soutenir la thèse de glissement
vous êtes sur des hypothèses
docteur
absolument pas
maître
je me permets de rappeler à la cour
que le médecin traitant qui a examiné
Lucien après son agression
a évoqué un cas de choc
psychologique majeur
et ça vaut à expertise
pardonnez-moi
il n'y a aucune contestation possible
maître
et par ailleurs je fais observer
que le psychiatre qui a évalué le dossier
à la demande du juge d'instruction
est arrivé à la même conclusion
que moi
et l'offensive
de la robe noire fait
pshhh
l'un des trois accusés reconnus coupable de l'agression
et de la mort de Lucien
le verdict dit clairement que le glissement
de Lucien a été
provoqué
par celui qui l'a agressé
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Christophe Hondelatte raconte 3 nouvelles histoires vécues par le patron des médecins légistes de Poitiers, le Dr Michel Sapanet.