Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Histoires de légiste : cœur amer/ camping-car/ la mort en pente douce

Europe 1 Europe 1 10/24/23 - 30m - PDF Transcript

Vous les pros, vous devez sans cesse optimiser. Optimisez votre temps pour passer d'un chantier à un autre. Optimisez le chargement de votre matériel.

Nouvelle utilitaire Renault Kangouvan L2 E-TEC 100% électrique est faite pour vous. Optimisez votre chargement grâce à sa longueur utile jusqu'à 3,5 mètres et son volume de chargement jusqu'à 4,9 mètres cubes.

Existe aussi en motorisation essence et diesel à découvrir pendant les jours pro-plus du 18 au 27 octobre pour ceux qui ne s'arrêtent jamais.

L'ongueur et volume selon version voire professionnelle voire Renault.fr

Dans un nouveau livre qui paraît chez Plon, autopsie au pleurier, le docteur Michel Sapanet, médecin légiste à Poitiers, raconte quelques-unes de ses affaires.

Voici l'histoire de Jeff, mort empoisonné, après un déjeuner d'anniversaire concocté par l'une de ses amoureuses.

Mais crie cette histoire avec tuc dual de Dieu le veut. Réalisation s'éligne l'embrasse.

Mes autopsies commencent généralement tout le matin. Je préfère.

L'esprit n'est pas encore en combat de tracasseries administratives et mes mains n'ont pas encore dissipé leur énergie dans la rédaction de comptes rendus divers.

Une dernière dose de café, dans mon bureau, et je me glisse dans le sas-tabillage.

J'enfile un pyjama de bloc opératoire, un calot, des sabots, j'ajoute par-dessus un masque chirurgical et des lunettes de protection,

une casaque stérile, des gants anti-coupures et des gants en latex. Quand je pénètre dans la salle d'autopsie, il est 8h.

Bonjour docteur, en forme ce matin ? Ça va ? Ça va ?

Tout est calme. Seul le souffle de la climatisation qui maintient la température à 16° trouble le silence.

Les gendarmes ou les policiers venus assister à l'autopsie viennent d'arriver.

Et mon patient, lui, est déjà là. L'agenda amphithéâtre est allé le récupérer dans la chambre froide.

Oui, je l'appelle encore mon patient.

Avant de devenir un objet d'étude sous mon pistolet, il vivait.

J'aurais pu le rencontrer et partager ses émotions dans le monde des humains.

Son corps est allongé sur un chariot à roulette. J'ouvre la housse.

Et maintenant, je dois le passer du chariot jusqu'à la table d'autopsie.

Quand le gabarit du sujet le permet, je le fais tout seul.

Mais avec le fléau de l'obésité, on voit arriver de plus en plus de poids lourds.

Et là, je fais appel à l'agenda amphithéâtre.

Je me souviens d'un corps de 214 kg qui avait été crasé de son poids le branquard des pompes funèbres.

Il avait fallu une dizaine de personnes pour le relever et l'installer sur la table.

Le sujet du jour est maintenant en place.

Il s'appelle Jeff. Et comme d'habitude, je ne fais sa connaissance que trop tard.

L'officier de police judiciaire fait les présentations.

En ouvrant des comptes, docteur, le jour de son anniversaire.

30 ans. Tout ça pour un inhalateur vide.

Un inhalateur ? Ouais.

Où il fait de l'aspoir depuis l'enfance.

Il avait déjà fait des crises graves.

Il avait été hospitalisé en réin il y a 6 mois.

Et là, on pleure au pas d'anniversaire. Il fait sa crise.

Attendez, j'ai le compte rendu du SAMU.

J'ouvre l'enveloppe.

30 ans. Prise en charge d'un état de mal asthmatique.

Transfaire SAMU et l'hypothé, crise convulsive.

Pendant le transfert, à l'admission dans le service pression artériel.

Un fréquence cardiaque.

53 crises convulsives.

Intense de type tonicoclonique.

Des charges paroxystiques ininterrompues.

Puis, moins encephalique.

OK.

A la fin de son rapport, le SAMU a écrit

Obstacle médico légal.

Ça veut dire qu'il a un doute sur les causes de la mort.

Il faut quand même que je vous précise une chose, docteur.

Le gars-là, c'est un ancien toxico.

Enfin, ancien.

On a des doutes.

Dans l'hélico, le médecin du SAMU lui a fait un test de dépistage rapide.

Positif à l'héroïne.

À l'ouverture de la housse,

je constate que Jeff est plutôt beau-gosse.

Faut que je vous raconte, docteur.

Ce gars-là, il avait une vie sexuelle

sacrément agitée.

Le type, il avait à l'info, une cougarre

et une bombasse, figurez-vous.

Et une cougarre.

La cinquantaine.

Et une belle fortune personnelle.

Louis, c'était plutôt le style, je me fais entretenir, vous voyez.

Et la bombasse, alors.

La superbe bombasse, vous voulez dire.

Celle-là, franchement, je l'a plein.

Elle devait être aveugle, quoi,

c'était aussi avec l'autre.

À part ça, pas de traces suspectes,

pas de traces de violence,

des poumons gorgés de DEM

et un cerveau comprimé par le DEM.

Mon cœur balance entre

crise d'asme et overdose d'héroïne.

Il n'y a que les analyses toxicologiques qui pourront trancher.

En attendant les résultats

et grâce à l'enquête,

l'histoire de Jeff prend corps.

Il avait fait des crises d'asme graves.

Il était allergique au pollen et au latex.

Et il avait développé une BPC

ou une bronchie chronique obstructive.

Malgré cela, bah, il fumait

et il se faisait régulièrement des fixes d'héroïne.

Pour son anniversaire, ces 30 ans,

la cougarre, la arme,

dans le marée Poitouin.

Il pouvait parfuser

son compte en banque joué de l'accordéon.

Il fallait qu'il l'avoue.

Quand il est arrivé chez elle, surprise,

la bombe basse était là elle aussi.

Il faisait beau,

la cougarre avait dressé une belle table

sur la pelouse,

avec le menu posé dessus.

À 30 ans, on retourne une page,

c'est une nouvelle ère qui s'engage,

finit les enfantées.

Et voilà le menu.

Gambasse flambée, pavée de bichos et rêves,

au monnière de chèvre,

au miel du marée

et pour le dessert,

fondant,

cœur à mer.

C'est ma spécialité, chef.

J'espère que tu vas aimer.

C'est un fondant de chocolat

avec un cœur de cacao à mer.

Le repos,

le repas se passe bien.

Café, pouce café.

Jeff s'absente quelques minutes

et il revient

des toilettes en sueur.

Il a du mal à respirer.

Je me sens pas bien.

J'ai vomi.

J'ai la chiasse.

La cougarre se précipite.

Jeff, en fait, t'as les pupilles serrées.

T'as encore pris un fixe.

T'arrêtera donc jamais.

Et la bobasse,

s'effondre en larmes.

Tu m'avais promis, Jeff.

Tu m'avais promis.

Et lui, entre deux respirations,

l'évide,

arrive à dire,

je me suis dit,

j'ai rien pris.

Je suis en train de refaire un christasme.

Vite, mon inhalateur.

Une première bouffée,

plus une seconde.

Légère amélioration.

Mais très vite, il est de plus en plus agité.

Il a des difficultés à parler.

Sa respiration est sifflante.

Et là, il reprend son inhalateur.

Clique, clique.

Il est vide.

C'est la cougarre qui appelle le samedi.

Les analyses toxicologiques,

sans urine,

contenues de l'estomac,

viennent d'arriver.

Oui, Jeff avait consommé de l'héroïne.

Mais à minima.

Pas de quoi assommer en consommateur régulier.

En revanche,

le toxicologue a trouvé un drôle de produit.

Il s'agit d'un viton sanitaire, docteur.

De la famille des carbamates,

qui sont des organophosphorins

utilisés comme pesticides

et aussi comme arme chimique.

Le nom de la marque est Aldi-Carba.

C'est un produit qui a été interdit

par l'Union Européenne.

Mais jusqu'en 2007,

il y avait une dérogation pour la betterave et pour la vigne.

Mais aujourd'hui, tout ça, c'est fini.

Bon, cela dit, il doit exister des stocks inutilisés

pour un usage agricole frauduleux.

Et on a des exemples récents de suicide.

D'abord, avec ce produit.

Et aussi d'empoisonnement criminel.

Des empoisonnements criminels.

Le toxicologue m'a fait passer la fiche du produit.

Elle est sympathique.

Danger.

Mortel en cas d'ingestion.

Toxique par contact cutané.

Mortel par inhalation.

Très toxique pour les organismes aquatiques.

Entraîne des effets néfastes

à long terme.

Hypothèse donc.

Jeff a été empoisonné.

À quel moment,

l'analyse,

a-t-il ingéré ce poison ?

Pendant le repas, forcément.

Et le repas a été préparé

par la cougar.

Mais dans quel plat

a-t-elle pu éventuellement

glisser de l'aldicarbe ?

Et si c'était

dans son fondant au chocolat,

au cœur à mer ?

Je décide

de refaire la rosate.

Le cœur à mer,

il faut le fabriquer la veille.

250 grammes de cacao,

à mer,

15 litres de crème florette

et 50 grammes de beurre.

On mélange.

Et on met au congélateur pour la nuit.

Le lendemain,

on coule l'appareil à fondant dans des moules,

à un tiers de la hauteur.

On place dessus le cœur à mer

congelé.

Et on complète en versant le reste de l'appareil

Ensuite tout est dans la cuisson.

8 minutes à 200 degrés.

Et puis on laisse refroidir

et on témoule.

Et on attend au moins une heure

pour déguster.

Et là,

la cuillère libère le cœur coulant

qui a fondu entre temps.

Un régal.

C'était le gâteau d'anniversaire de Jeff.

La cougar avait posé

dessus une bougie.

Joyeux anniversaire.

Jeff.

D'après le toxicologue,

l'aldicarbe ne résiste pas

au-delà de 100 degrés.

Et là,

problème.

Parce que le fondant au cœur à mer

est cuit à 200 degrés.

Alors moi, quand je refais la recette,

je place une sonde

thermique dans le cœur à mer.

Voyons quelle est la température

du cœur

pendant la cuisson.

Si elle dépasse les 100 degrés,

alors le poison a été détruit

et ça n'est pas le fondant

qui en poisonait Jeff.

Alors, voyons ce que dit mon

thermomètre.

20 degrés. 30 degrés.

40.

50.

60 degrés.

Le cœur ne monte pas

à plus de 60 degrés.

Et donc,

le poison était possiblement

dans le fondant

cœur à mer.

La couga a-t-elle empoisonné

son jeune amant ?

On ne le saura jamais.

Parce qu'en an plus tard,

le jour de la date anniversaire de Jeff,

elle se suicide

dans sa propriété du marais poitain.

On de la traquante.

Christopher de Lattes.

Dans un livre qui paraît

au psy, au pluriel,

le docteur Michel Sapané, médecin légiste

à Poitiers, raconte quelques-unes

de ses affaires. Voici l'histoire

de Raymond et de Catherine.

J'ai écrit cette histoire avec Tuguel

de Dieu-le-Veux, réalisation Céline Le Bras.

Européen.

Christopher de Lattes.

Un jour,

Raymond débarque à la gendarmerie

de Saint-Pierre-d'Holéron

sur l'île d'Holéron.

Bonjour, monsieur.

Voilà, c'est pour déclarer le décès

de ma femme, Catherine.

On était en vacances

et les mortes

à l'arrière de notre camping-car.

Entendu ?

Eh bien, écoutez,

vous allez nous amener sur place.

Sur place,

les gendarmes constatent

effectivement la présence

d'un corps de femme

sur la couchette arrière du camping-car.

Et ils font venir le samu.

On va pas pouvoir faire grand-chose.

Le décès remonte

à plusieurs heures.

Je vais vous signer

donc le certificat de décès,

mais je vais devoir

poser un obstacle médicolégal.

Je crois qu'une autopsie

est absolument indispensable.

Le corps de Catherine

prend donc la direction de l'Institut

médicolégal de Poitiers

et Raymond est placé en garde à vue.

Dans les heures qui suivent,

je reçois de la procureur de la Rochelle

la mission d'effectuer

l'autopsie

de Mme Catherine M,

66 ans.

Je dois rechercher les causes de sa mort.

Vous devez s'en cesse optimiser.

Optimisez votre temps pour passer d'un chantier à un autre.

Optimisez le chargement de votre matériel.

Nouvelle utilitaire,

Renault Kangouvan L2 Itek 100%

électrique et fait pour vous.

Optimisez votre chargement grâce à sa longueur utile

jusqu'à 3,5 mètres et son volume de chargement

jusqu'à 4,9 mètres cubes.

Existe aussi en motorisation et censée diesel

à découvrir pendant les jours pro-plus

du 18 au 27 octobre.

Pour ceux qui ne s'arrêtent jamais.

Lorsque j'entre dans la salle d'autopsie,

en vérité, j'ai une longueur d'avance.

Je sais déjà

ce qui m'attend à l'ouverture de la housse mortuaire.

Car le cadavre a été passé au scanner

la nuit dernière

et j'ai visionné les images

et elle ne laisse pas de place aux doutes.

Cette femme est morte

d'un cancer en phase terminal.

Les métastases pulmonaires

sont si nombreuses

qu'elles forment ce qu'on appelle

des rages enlachés de ballons.

Des dizaines et des dizaines de petites tâches rondes

en grappes.

Les côtes de cette femme

sont comme dévorées.

Les eaux du bassin rongées

et l'humérus droit

troués comme un gruyet.

Les ravages du noctumeur cancéreuse

en phase terminal.

J'ouvre la housse mortuaire.

Le visage par cheminée de Catherine

est figé dans une sorte de terrible grimace.

Ces traissons déformés par la douleur

et la labouche

grande ouverte

comme pour essayer d'avaler une dernière bouffée d'air.

La peau de ces deux seins

n'est plus qu'une vaste ulcération.

Le thorax est couvert de plaies à vif

et de ganglions

jusqu'au cou.

Et comme dans une dernière crispation

le bras droit est fixé au thorax

le coud est plié

et la main gonflée de dème

est collée à la poitrine.

J'ai essayé de déplier le coude.

Allons-y.

Et là, un craquement sinistre

me fait sursauter.

L'humérus a cassé

comme une branche morte.

J'en ai mal pour elle.

Sur la balance, le corps ne pèse pas

plus de 30 kilos.

Je le dépose sur la table en inox.

Je le retourne.

Le dos et les fesses sont

criblés tes carres.

J'arrête là.

Je l'ai mis à main.

Cette femme est morte d'un cancer.

Une autopsie n'a pas de sens.

Et ça, il va falloir l'expliquer

à la procureur.

De retour dans mon bureau

je découvre les éléments

que les gendarmes ont pu recueillir.

Donc c'est une femme

qui a découvert il y a sept ans

sous son sein droit.

Le marie nous raconte qu'elle a

consulté des spécialistes, mais

qu'elle a refusé tout traitement.

Et puis il nous dit que c'est un

qu'en plus tard, tarodée par la douleur

elle est retournée à l'hôpital de Poitiers.

Qu'elle a accepté un scanner

et là, le marie nous raconte que les images

étaient très impressionnantes

et que le diagnostic était sans appel.

C'est-à-dire que la tumeur occupait

la quasi-totalité du tronc

et que donc elle était inopérable.

Il nous dit que les médecins lui ont proposé

un traitement palliatif, mais

il nous dit aussi qu'elle n'est pas allée

au rendez-vous.

Et là, il nous raconte qu'ils ont décidé

tous les deux de profiter de leur

dernier moment

en se lançant dans un grand tour d'Europe

et donc en Campingcar, ils sont allés

en Écosse, ils sont allés en Irlande,

ils sont allés en Espagne.

Et puis là, il nous dit que sa femme

allait être plus en plus mal et qu'ils ont

donc décidé de se rapprocher de leur famille

et d'aller au camping de Saint-Pierre-Toléron.

Et voilà quoi, quelques jours plus tard

le mari est parti faire ses courses

et quand il est rentré, elle était

morte.

Bah voilà, c'est bien ce que je pensais

inutile de pratiquer

une autopsie.

Mais maintenant, il faut en convaincre

la procureur.

Et écoutez madame la procureur, je suis absolument

certain de

des causes du décès. C'est

une mort qui est consécutive à un cancer

et je ne vois pas de raison vraiment

de pratiquer d'autopsie.

Enfin docteur,

comment on pouvait vous exclure

un acte de talasie, par exemple

de la part de son mari,

si vous n'avez pas fait d'autopsie ?

Je vous le redis madame la procureur,

je n'ai relevé

aucune trace de violence,

aucune trace de picure non plus.

L'examen

Externe et l'imagerie me donnent tous les éléments

pour conclure

une mort du cancer généralisé

en face terminale.

Et un empoisonnement

docteur, vous y avez songeé ?

Oui, c'est la seule hypothèse possible.

L'autopsie n'apportera rien dans ce cas-là.

Les analyses de sens suffiront

pour valider ou affirmer.

Je peux les faire

sans autopsie.

Et s'il avait été tout fait avec un oriller

docteur, ça ne laisse quasiment

pas de trace, non ?

Oui, ça, c'est un peu une végant.

Madame la procureur,

le plus souvent, il y a des traces sur le visage

et puis au scanner, on voit un ordemme pulmonaire.

Ici, franchement,

je n'ai rien de ça.

Ça m'embête vraiment

parce que, pas partout,

dans les recommandations, en particulier

des directives européennes,

on dit qu'une mort suspecte justifie

une autopsie, docteur.

La recommandation, madame la procureur,

date de 1999.

Elle a plus de 20 ans

et vous savez que depuis, la médecine a fait

de sacré progrès.

L'imagerie médicale a beaucoup progressé

dans mon service.

Nous réalisons des scanners avant toute autopsie

depuis 2006, madame la procureur.

Je le sais, ça nous coûte assez cher.

Est-ce que je peux

me permettre de vous envoyer

par mail

quelques clichés du corps

et du scanner ?

J'y joindrai une courte légende.

Je lui envoie ma documentation

dix minutes plus tard.

Et elle me rappelle

dans les deux minutes qui suivent.

La voix blanche.

Je vous autorise à ne pas

faire d'autopsie,

docteur.

Vous m'avez convaincu.

Et Raymond

est blanché de tout soupçon.

Et moi,

j'espère avoir convaincu la procureur

que l'autopsie n'est pas toujours un passage obligé

vers la vérité judiciaire.

C'est une petite pierre

posée sur un long chemin

car avant de convertir

tous mes interlocuteurs,

il y a du travail.

Dans un livre qui paraît chez Plon,

autopsie, au pluriel,

le docteur Michel Sapané,

médecin légiste à Poitiers,

c'est une de ses affaires.

Voici l'histoire de Lucien,

92 ans, décédé subitement

une semaine après une agression.

J'ai écrit cette histoire avec

Tuc-dual de Dieu le veut,

réalisation Céline Le Bras.

Européen

Christopher Delat

Un jour,

Lucien, 92 ans

et son épouse Madeleine

laissé en pleine nuit par des hommes

cagoulés dans leur maison de Saint-Pierre-d'Holéron

sur l'île d'Holéron.

Lucien est jeté au sol et l'élicoté

et Madeleine est entravée, elle aussi.

Les Malfras emportent

un petit coffre fort dont ils

connaissent et manifestent l'existence.

Madeleine parvient à se libérer

et elle donne l'alerte.

Les pompiers et les gendarmes-aries

Les gendarmes

On va vous hospitaliser,

pour faire un bilan ?

Non, ça n'est pas la peine.

Nous allons rester chez nous.

Les gendarmes évaluent

le contenu du coffre fort volé.

Bon, d'après ce que je sais,

il y avait des bijoux, il y avait des colliers de perles

et il y avait aussi un lingot d'or

valeur totale évaluée

de 280 000 euros

Le lendemain,

le médecin a traitant du couple

pas s'examiner Lucien.

Des dons, vous avez un sacré hematome

sur la joue gauche.

Et les plaies là, ici, sur les poignets

ce sont les liens avec lesquels

on vous a fiscés, qui ont fait ça.

Pas de réponse de Lucien.

Il est là, dans son coin, il ne dit pas un mot.

Alors qu'avant,

avant c'était un non-agénère

très dynamique.

Il vant son fils s'inquiète.

Lucien ne va pas bien.

Il ne mange presque plus, il ne boit rien

et il ne parle plus.

Alors qu'avant c'était un grand pavard.

7 jours après l'agression,

Lucien ne quitte plus son lit.

Lui qui toute sa vie s'est levé

dès l'heure.

Et le lendemain, il est mort.

L'autopsie, réalisée par

ma collègue Marie,

ne trouve pas de cause évidente

de la mort.

J'ai bien quelques équimoses qui correspondent

assez bien à l'agression telle qu'elle nous a

été décrite, c'est-à-dire une chute,

une saisie assez violente par les mains,

mais bon, elles sont superficielles.

Elles peuvent absolument pas être

à l'origine d'une essai.

C'est un grand mystère.

L'enquête de Gendarmerie

s'identifie dans l'entourage familial

de Lucien et de Madeleine

une arrière petite fille

qui a un petit copain ou pas ses troubles

connus des services de police.

Ils le placent sur écoute

et ils interpellent 5 personnes

dont 3 sont placées

en détention provisoire.

Et à partir de là, la question

que nous pose le juge est la suivante.

Il nous faut absolument établir

les causes du décès, un docteur

de manière à pouvoir dire

le décès et directement en lien avec l'agression.

Parce que nous avons actuellement

3 personnes en détention

et il est indispensable

de savoir si oui ou non

qui sont responsables

de la mort de ce monsieur.

Vous comprenez ?

Entre temps,

les gendarmes ont bien fait leur travail.

Ils viennent de nous remettre

le dossier médical complet de Lucien

depuis 1987.

Il y a 50 de pages.

Je les lis d'un bout à l'autre.

J'apprends pas ça je d'ailleurs

qu'il émet le bon vin et les crustacés.

Bref que c'était un bon vivant.

Coup de chance.

À la suite de douleur légère au thorax

il a fait un bilan cardiaque

une semaine avant son agression.

Un bilan très complet.

A faire rêver les bons vivants

et à mettre des cardiologues au chômage.

Bref, au moment du cambriolage,

rien ne pouvait

laisser prévoir

un décès de Lucien

à court terme.

Je commence à rédiger un rapport de 25 pages

dans lequel j'écris que la mort

de Lucien n'est pas due

ni à des maladies anciennes

ni à une maladie non diagnostiquée

et pas non plus

à un surdosage de médicaments.

En vérité, je ne vois qu'une possibilité

monsieur le juge.

Ce qu'on appelle un syndrome de glissement.

Mais encore docteur

expliquez-moi.

Écoutez, c'est

un concept français

qui a été décrit pour la première fois en 1956.

Donc c'est un syndrome

qui toucherait entre 1

et 4 % des personnes âgées

et habituellement

des sujets très âgés.

Plus de 85 ans

qui sont socialement intégrés, qui sont autonomes

qui n'ont pas de problèmes de santé grave

ce qui était le cas de Lucien.

Et alors en quoi ça consiste ?

Et bien les signes apparaissent

en général quelques temps

après un traumatisme aigu

et ici il s'agit bien d'entendu de l'agression

donc le patient n'a plus faim

il ne boit plus

il refuse les soins

il ne parle plus et puis son état se dégrade

et puis le décès intervient

alors que rien ne le laissait prévoir.

Un abandon de volonté de vivre

vous voulez dire docteur ?

Oui c'est ça, oui. C'est-à-dire que le patient

se laisse glisser doucement vers la main

Il y a eu une animité

sur l'existence de ce syndrome

de glissement docteur

Pour être honnête

pas totalement

les anglo-saxons

ils voient plutôt le signe

d'une dépression

antérieure

à l'agression

ou au traumatisme.

Au procès

la justice fait comparer

d'être 5 hommes

dont 3 sont accusés de vol avec violence

ayant entraîné la mort de Lucien

Je vais à la barre

expliquer ce qu'est le syndrome de glissement

et j'ai à peine terminé

que l'un des avocats de la défense

me saute dessus

Je vous fais remarquer docteur

et je fais remarquer à la cour

qu'en l'absence de tout examen

psychologique ou psychiatrique

pratiquer sur la victime dans la semaine

qui a précédé le décès

à rien

strictement rien

ne permet de soutenir la thèse de glissement

vous êtes sur des hypothèses

docteur

absolument pas

maître

je me permets de rappeler à la cour

que le médecin traitant qui a examiné

Lucien après son agression

a évoqué un cas de choc

psychologique majeur

et ça vaut à expertise

pardonnez-moi

il n'y a aucune contestation possible

maître

et par ailleurs je fais observer

que le psychiatre qui a évalué le dossier

à la demande du juge d'instruction

est arrivé à la même conclusion

que moi

et l'offensive

de la robe noire fait

pshhh

l'un des trois accusés reconnus coupable de l'agression

et de la mort de Lucien

le verdict dit clairement que le glissement

de Lucien a été

provoqué

par celui qui l'a agressé

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

Christophe Hondelatte raconte 3 nouvelles histoires vécues par le patron des médecins légistes de Poitiers, le Dr Michel Sapanet.