Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Geneviève Moqadem Lhermitte

Europe 1 Europe 1 10/23/23 - 30m - PDF Transcript

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Voici une affaire criminelle tout à fait particulière. L'affaire jeune vieille, l'Hermit.

En 2007, cette mère de famille, tu et égorge ses 5 enfants à Nivelle en Belgique.

Et était-elle ou n'était-elle pas en état de démence au moment des faits ?

Les psychiatres belges ont beaucoup tergiversé, vous le verrez, avant de décider qu'elle était responsable de ses actes et de la renvoyer devant la cour d'assises.

Thomas Houdoir m'a aidé à écrire ce récit. La réalisation est au sein de l'embrasse.

Européen, Christophe Fondelat

La scène inaugurale de cette histoire terrible se déroule le 28 février 2007 dans un quartier tranquille de Nivelle, en Belgique Wallone.

Aux alentours de 14h, un habitant trouve deux enveloppes dans sa boîte aux lettres.

La première contient des bijoux, en vrac, la seconde d'une lettre, adressée à sa petite amie, Valérie.

Il loue, la lettre est signée d'une voisine qu'il connaît bien, Jeune Vieve. Jeune Vieve Mokadem.

C'est la meilleure amie de Valérie, il commence à la lire et dans la seconde où il comprend, il se met à courir vers chez Jeune Vieve, il est paniqué.

Ma chère Valérie, il n'y a pas de solution à mon problème. J'ai pris ma décision de partir avec les enfants, et pour toujours.

Un jour tu verras, on se reverra, mais je ne regrette pas cette solution finale. Je te demande pardon, ton amie Jeune Vieve.

J'ai pris la décision de partir avec les enfants, pour toujours.

Le voisin, arrivé soufflé devant la maison de Jeune Vieve, il est à quoi, 400 mètres, les secours sont déjà là.

Des ambulances, des voitures de police. C'est trop tard.

Vous savez ce qui s'est passé ?

Ah oui, c'est pas joli joli. Cinq enfants égorgés, et apparemment, c'est la mère qui a fait ça.

Jeune Vieve Mokadem a égorgé ses cinq enfants, et elle, elle s'est elle-même lardée de coups de couteau, mais elle est vivante.

Elle a raté son suicide. C'est elle-même qui a appelé la police, 20 minutes plus tôt.

Allô ? J'ai fait quelque chose de très grave. J'ai tué mes enfants. J'ai voulu me suicider, mais j'y arrive pas. Je veux mourir.

Les policiers l'ont découverte baignant dans son sang, à demi-inconscientes.

Madame ! Madame, vous nous entendez ?

À cette heure-ci, elle est à l'hôpital, dans un état critique. Poumon perforé. On ne va pas pouvoir l'interroger tout de suite.

Dans la maison, dans la maison, c'est un carnage. Les cinq enfants sont couchés chacun dans leur lit. Yasmine, 14 ans, Nora, 12 ans, Myriam, 10 ans, Nina, 8 ans, et le petit dernier, Médit, 4 ans seulement.

Elle les a égorgés un par un. Et pas forcément dans leur lit, d'ailleurs, parce qu'il y a du sang dans le bureau et dans la salle de bain du deuxième étage.

Les légistes examinent les corps. Les mains des gamins portent des traces de lutte. Les pauvres gosses se sont défendues. Ils se sont protégés de leur mère.

Et le père ? Il est où, le père ? Le père, il s'appelle Bouchaib Mokadem. Il était au Maroc à Agadir chez sa mère. Il revient justement aujourd'hui.

Il va falloir lui annoncer la nouvelle à sa descente d'avion. Sa femme a égorgé leurs cinq enfants.

Jeunviève Mokadem

Jeunviève Mokadem, qu'à partir de ce moment-là, tout le monde va appeler Jeunviève Lermitte, de son nom de jeune fille, comme si effacer son nom de mère,

rander le drame plus supportable, Jeunviève Lermitte donc, est mise en examen six jours plus tard pour assassiner.

À partir de maintenant, il reste à comprendre comment une maman a pu égorger 200 froids, ses cinq enfants, un par un,

alors qu'ils se défendaient, qu'ils tendaient leurs petits bras pour se protéger. Maman, maman, qu'est-ce que tu me fais ? Pourquoi ?

La suite va nous faire entrer dans l'intimité d'un drôle de couple.

Le père est complètement perdu, il est paumé, et ce sont les policiers qui lui rappellent qu'il faut organiser les obsèques des enfants.

Oui, vous avez raison, je sais pas quelle disposition je dois prendre, je peux vous demander quelque chose ?

Dites-moi, monsieur Mokadem, vous pouvez demander à leur mère où elle veut qu'il soit enterré ? Je ferai ce qu'elle voudra.

Les policiers font passer le message, elle veut qu'il soit enterré au Maroc, dans la tradition musulmane, dans le berceau de la famille Mokadem,

au cimetière de Ben Sergao, près d'Agadir. Le père finit même par leur trouver une place dans le carré des martyrs, ils le méritent au fond.

Et après il s'effondre, il s'enfonce dans la dépression, au point qu'il faut l'hospitaliser en psychiatrie pendant trois mois.

C'est terrible ce qui lui arrive.

C'est une femme qui va diriger cette enquête, la juge Anne François se destrait.

Pour l'instant, pour éclairer cette affaire, elle n'a sur son bureau que la lettre que Geneviève a écrite à sa voisine avant de passer à l'acte.

C'est tout. Je vous en ai lu un extrait. La voici en entier, vous allez voir c'est important, car Geneviève, il livre une piste.

Ma chère Valérie, j'ai pris ma décision de partir avec les enfants, et pour toujours.

Un jour tu verras, on se reverra, mais je ne regrette pas cette solution finale.

Bouchaï se montre sourd et aveugle, et malgré ça, il se complait dans cette situation.

Michel est un salopard qui m'a pourri la vie, volé mon intimité avec mes enfants et mon mari.

Je te demande pardon, ton ami Geneviève.

Bouchaï, vous l'avez compris, c'est le père.

Et Michel, alors, qui est ce Michel dont elle parle ?

Eh bien, c'est son beau-père, Michel Scar.

Il est médecin en Belgique, et il a adopté Bouchaïb quand il avait 14 ans.

Il allait souvent en vacances au Maroc, il a connu la famille Mocadème qui était en difficulté,

il s'est pris d'affection pour leur fils Bouchaïb, il l'a fait venir en Belgique, et il l'a adopté.

Mais alors que veut dire Geneviève, quand elle écrit ?

Michel est un salopard qui m'a pourri la vie, et volé mon intimité avec mes enfants et mon mari.

Dès le premier interrogatoire, la juge pose la question à Geneviève Lermet.

Madame, dans votre courrier, adressé à votre ami Valérie, vous évoquez Michel Scar en disant qu'il a gâché votre vie.

Qu'est-ce que vous pouvez nous dire à ce sujet ?

Eh bien, je peux vous dire que c'est une personne malsaine.

Il a profité de ses facilités financières pour nous asservir, mon mari, mes enfants et moi.

A-t-il exercé les pressions sur vous ?

A-t-il été violent physiquement ? A-t-il cherché à vous manipuler ?

Quel a été son rôle exact ?

Je vais vous dire ce que je pense.

Michel Scar, là, c'est un homosexuel refoulé.

Il est amoureux de mon mari.

Il est amoureux de Bouchaïb, qui est son propre fils adoptif.

C'est un être malsain.

Geneviève aurait donc égorger ses 5 enfants, parce que son beau-père était amoureux de son mari.

Ça serait donc ça le mobile.

La juge commence donc à se rencarder sur cette histoire d'adoption.

Et elle découvre qu'au tout début de l'histoire,

le Dr. Scar s'est d'abord occupé du grand frère de Bouchaïb, Kibir.

Ils étaient amis.

Mais amis, comment ?

En gros, le grand frère a-t-il été l'amant du Dr. Scar ?

Certains le suggèrent, mais là, on bute sur un os.

Kibir est mort.

Donc, on ne saura jamais.

Quoi qu'il en soit, l'intérêt du Dr pour Bouchaïb est venu plus tard.

Le gamin marchait bien à l'école.

Il n'avait pas de père.

Il était un peu perdu.

C'est la mère Moqadem, qui a demandé à Michel Scar de s'en occuper.

Et donc, il l'a ramené en Belgique.

Et finalement, il l'a adoptée.

Et ce que découvre la juge, c'est que le Dr. Scar vivait avec les Moqadem dans la maison de Nivelle.

Il leur avait laissé le réchausser, le premier étage, et lui, vivait au deuxième.

Et c'est lui qui payait tout.

Il tenait la famille à bout de bras.

Et on comprend, maintenant qu'on sait tout ça, le ressentiment de Geneviève vis-à-vis de son beau-père.

On comprend qu'elle était agacée de la voir 24 au deuxième étage et de vivre assez croché.

Et sans doute était-elle pénée de voir son mari accepter cette situation de dépendance.

Mais pour autant, est-ce que cela suffit à expliquer qu'elle est égorgée ces cinq enfants ?

Non !

À part ça, si vous cherchez la vérité, je vous conseille d'éviter de lire le journal.

Il s'en écrit des bêtises.

Il s'écrit, par exemple, que Geneviève aurait été contrainte par son mari de se convertir à l'islam.

Ah, l'islam ! Responsable de tous les mots !

C'est faux !

Geneviève s'est effectivement convertie à l'islam quand elle a épousé Bouchaïb.

Mais elle l'a fait de son plein gré et même de sa propre initiative pour faire plaisir à sa belle-mère.

Rien de plus.

On peut ordre cette affaire dans tous les sens. L'islam n'y est pour rien.

On litte aussi dans les journaux que Geneviève vivait isolé avec ses cinq enfants.

Qu'elle ne sortait jamais, qu'elle n'avait pas d'amis, qu'elle ne recevait jamais personne.

Et ça, ça semble vrai.

Mais s'était-elle isolée elle-même ?

Ou y a-t-elle été forcée ?

Pour l'instant, on n'en sait rien.

Et donc vient le moment où il faut bien l'interroger le Dr Scar,

qui est encore sous le choc, évidemment.

Dr Scar, nous comprenons votre peine,

mais nous avons besoin de comprendre quel cadre familial vous formiez avec le couple Mokadem et leurs enfants.

Donc il faudrait que vous nous éclairiez sur la nature exacte de votre relation avec Bouchaïb Mokadem.

On vous écoute.

Mais écoutez, c'est simple,

même si je reconnais que ça peut paraître singulier.

Bouchaïb est mon fils adoptif.

J'ai été ami avec son frère au Maroc et comme Bouchaïb était un élève brillant à Agadir,

sa mère et son frère m'ont demandé de l'aider.

Voilà. D'accord.

Nous avons cru comprendre que vous viviez dans la même maison que eux.

Est-ce que c'est vrai ?

Oui et non.

Vous savez, je travaille beaucoup, je dormais trois nuits par semaine dans cette maison.

Mais vous savez, je me considère être le père de Bouchaïb

et je considérais ses enfants comme mes propres petits enfants.

Est-il vrai que vous étiez l'employeur de Bouchaïb Mokadem ?

Oui.

C'était mon secrétaire médical et aussi mon chauffeur.

Il confirme par ailleurs qu'effectivement, il payait tout.

Il a notamment payé tous les frais de leur mariage.

La famille illermite n'a pas déboursé un centime.

Oui, je l'étonnerai à bout de bras.

Mais vous noterez que Jeune Vieve ne travaillait pas.

Elle avait été prof dans un collège difficile.

Un jour, elle s'est fait agresser par un élève.

Ça a été fini.

Elle s'est mise en arrêt maladie.

Elle les a enchaînés.

Tout ça pour dire qu'il fallait que je les aide.

On apprendra plus tard que c'est lui

qui a délivré la plupart des arrêts maladies.

N'est-ce pas une façon de l'enfermer chez elle ?

Monsieur Scar, voilà ce que Mme Lermit a déclaré à votre sujet.

Nous formions un ménage à trois.

Michel est un homosexuel refoulé.

Et plus loin, il s'est acheté une famille et des enfants.

Qu'est-ce que vous avez à répondre à ça ?

Mais tout ça est absolument faux.

Ça fait partie des délires de Mme Lermit.

Moi, j'ai une vie sexuelle qui me satisfait amplement.

Je pense que ça fait partie des enlucubrations de Mme Lermit.

À ce stade, évidemment, la juge se demande

si elle doit impliquer d'une manière ou d'une autre Michel Scar dans ce dossier.

Commettant en quelque sorte celui qui a remonté la pendule.

Mais non.

Pour l'instant, en dehors des déclarations de l'accusé,

il n'y a rien, rien qui permette d'aller jusque-là.

Et d'ailleurs, on a posé la question au père, à Bouchaïb.

Votre femme, M. Bocadem, fait porter la responsabilité de son geste

sur votre père adoptif.

Qu'est-ce que vous avez à dire là-dessus ?

Ah bon ?

Ça m'étonne, ça.

J'ai jamais eu connaissance dans quel concre sentiment de ma femme,

à l'égard de Michel.

Non.

C'est intéressant, ça.

Ça voudrait dire qu'elle aurait focalisé sur son beau-père,

sur sa place, sur son rôle, toute seule,

dans son coin, jour après jour, mois après mois,

jusqu'en devenir folle, au point de tuer ses enfants.

À ce stade, c'est ça qui semble se dessiner.

Alors justement, est-elle folle ?

La juge, bien sûr, a demandé une expertise psychiatrique.

Au total dans cette affaire, 7 psychiatres différents sont sollicités,

qui vont hésiter longtemps.

Au début, ils sont tentés de la déclarer folle,

et donc irresponsables pénalement.

Par exemple, quand elle leur dit,

« Michel, c'était le parrain.

Il décidait tout.

Financièrement, on dépendait totalement de lui.

La situation était devenue insupportable, vous comprenez ?

Je me sentais prise dans un éto.

Je me sens plus libre en prison, vous voyez ? »

Ça, ça suggère qu'elle était hors d'elle au moment des faits,

qu'elle était en état de démence.

Mais voyez-vous, comme la Belgique sera peine de l'affaire du trou,

envoyer une tueuse d'enfants à l'hôpital psychiatrique plutôt qu'en prison,

passerait assez mal.

Donc les psychiatres hésitent.

Et ils hésitent, d'autant plus que par ailleurs,

à certains moments, je ne viens de venteux des propos extrêmement raisonnables.

« Je veux être jugé pour ce que j'ai fait.

Je veux être puni.

Je veux répondre devant la justice.

Même si j'ai pas eu le choix, il faut que je sois puni. »

Et là, elle n'est pas démante.

Là, elle est lucide.

Alors qu'est-ce qu'on fait ?

Les psy n'ont pas encore tranché.

Alors il l'interroge et l'interroge encore.

« Madame, ce que je vous demande est très difficile,

mais il faut en revenir au fait du 27 février.

Comment avez-vous agi ?

Dans quel état achiez-vous ?

Je suis allé chercher les enfants à l'école,

à midi.

Je les ai ramenés à la maison.

Je les ai fait manger.

Je leur ai fait leur plat préféré, des tomates et du ton.

Et ensuite, madame, comment les choses se sont-elles passées ?

J'ai mis les enfants devant la télé.

J'aurais fait regarder une cassette vidéo.

J'ai préparé les deux enveloppes,

celle avec les bijoux,

puis celle avec le mot que j'ai porté chez Valérie.

Sur le chemin du retour, je me suis arrêté au champion.

J'étais comme un automate.

J'ai pris des couteaux dans un rayon,

deux couteaux,

et je les ai volés.

J'ai préféré les voler plutôt que les acheter.

Est-ce que vous pensez que vous étiez pris d'un coup de folie à ce moment-là ?

Non.

C'est ce que j'avais envie de faire.

C'était pas un coup de folie.

C'était la seule solution.

J'étais dans une impasse.

Une impasse.

C'est très troublant.

Le fait qu'elle ait écrit cette lettre,

qu'elle ait mis ses bijoux dans une enveloppe

pour les donner à sa copine Valérie,

pour consulter les couteaux chez champion,

tout ça suggère une préméditation

et absolument pas un coup de folie.

Jeunviève Lermitte n'est décidément pas une femme facile à décrypter.

Mais il va falloir trancher,

messieurs les psychiatres,

responsable ou irresponsable.

Il tergiverse,

et son face à une personnalité extrêmement complexe,

qui souffle le chaud et le froid.

Un coup, elle est complètement exaltée,

et un coup, elle est parfaitement ancrée dans le réel,

par exemple, quand elle réclame d'être jugée et condamnée.

Jeunviève Lermitte est un cas.

Et voici un autre exemple.

On sait maintenant qu'au moins deux des enfants

n'ont pas été égorgés dans leur lit,

mais dans l'une des salles de bain.

Or, dans cette salle de bain,

on a retrouvé sur le miroir 3 lettres

écrites en lettres de sang.

J-U-D.

Vous pouvez nous dire ce que signifie ces lettres, madame ?

J-U-D.

Oh ben,

je me souviens pas avoir écrit ça.

Je sais pas du tout ce que ça veut dire.

Amnesi.

Et ça, c'est très caractéristique des coups de folie.

Mais à côté de ça,

un autre jour, Jeunviève évoque un mobile tout à fait rationnel.

Mon mari, il avait une double vie au Maroc.

Il avait poussé une autre femme.

On m'a même dit qu'il y avait un enfant avec cette femme.

Je pensais qu'il allait me quitter.

Je pensais qu'il allait m'abandonner ici en Belgique

et puis aller savoir s'il allait pas emmener les enfants.

Ça, j'aurais pas pu le supporter.

On interroge Bouchaïb.

A priori, c'est faux.

Il n'y avait pas d'autres femmes,

il n'y avait pas d'autres enfants.

Jeunviève a psychoté.

C'est quelque chose qui n'existait pas.

Là-dessus, on découvre qu'avant le drame.

Jeunviève Lermitte consultait un psychiatre.

Elle était suivie.

Et ce psychiatre, plus on s'approche des faits,

plus elle le voit et plus elle lui écrit.

Elle lui a écrit des lettres qui sont versées au dossier d'enquête.

Très intéressante, ces lettres.

Docteur, j'ai peur de sortir de mon lit.

Docteur, je suis bloqué au bras gauche et à la poitrine.

Docteur, je ne veux pas croire en un avenir meilleur.

Je suis dans une impasse pour toujours.

Docteur, j'ai des idées noires suicidaires.

Docteur, je vais prendre les enfants avec moi.

...

Quelques semaines avant le drame,

Jeunviève raconte même à son psychiatre

qu'elle est allée dans un magasin

et qu'elle a caressé la lame d'un couteau.

Elle lui a dit que le couteau l'avait fasciné.

Elle était en dépression profonde.

Elle était au fond du trou pathologique.

On y revient.

Mais ce qu'on découvre surtout,

c'est que les problèmes de Jeunviève

sont bien antérieurs à sa rencontre avec son mari,

bien antérieurs à l'arrivée du docteur Scar dans leur vie.

Jeunviève voyait des psy depuis toute petite,

car elle avait dit telle des relations très complexes

avec ses parents, qu'elles décrivaient comme des monstres.

...

Sa soeur Catherine vient dire.

Nos parents nous ont mal traité.

Toutes notre enfance, ils nous ont dit,

à l'une comme à l'autre, qu'on était moches,

qu'on était connes, ils nous rabaissaient tout le temps.

On va donc interroger le père.

Il démante absolument.

C'est faux.

Nous n'avons jamais rabaissé

ni Catherine ni Jeunviève.

Nous leur donnions une éducation un peu stricte,

certes, mais rien de plus.

Et on apprend à cette occasion

que Jeunviève, au lycée,

après une déception amoureuse,

a déjà fait une tentative de suicide.

Et on découvre aussi qu'elle a eu un parcours scolaire

très chaotique.

Elle a redoublé sa quatrième

et quadruplé sa classe de troisième.

Donc elle n'allait pas bien,

bien avant qu'elle ne tombe dans les pattes de son beau-père.

Elle dit que Michel Scar est à l'origine

de tous ses problèmes.

C'est faux.

Alors maintenant, messieurs les psychiatres,

maintenant, c'est à vous de trancher.

Folle ?

Ou pas folle ?

Responsable ?

Ou irresponsable ?

Au moment de prendre leur décision,

les psy se concertent.

On sait qu'au début,

cinq d'entre eux sont tentés de la déclarer irresponsable.

Mais les deux autres font entendre

des arguments qui se tiennent.

Mais les deux autres,

les deux autres,

ils font entendre des arguments

qui se tiennent.

Mais enfin cette femme a tué ses cinq enfants

et elle demande à être jugée.

Alors chers confrères,

ne lui enlevez pas ce droit.

Et donc après mille tergiversations,

les psychiatres déclarent Geneviève Lermitt,

responsable de ses actes.

Elle voulait être jugée,

elle voulait payer,

elle sera jugée et elle va payer.

Pour un massacre,

dont on a maintenant une description,

très précise,

une description glaçante.

Au cours d'une reconstitution,

Geneviève Lermitt a refait un par un

tous les gestes.

Elle commence par tuer Nina,

huit ans.

Elle l'étrangle,

puis elle l'égorge.

Elle lave le couteau,

elle se lave les mains

et elle se lave le visage.

Puis elle va chercher Médie, quatre ans.

Elle la soit sur le bord de son lit.

Elle l'étrangle d'une main

et attrape de l'autre le couteau pour l'égorger.

Et à nouveau, elle rince le couteau,

elle se lave les mains et le visage.

Puis elle appelle Miriam,

dix ans.

« Viens !

J'ai une surprise pour toi ! »

Elle l'installe sur une chaise,

elle lui bande les yeux comme pour un jeu,

et elle lui fracasse une plaque

de marbre sur la tête.

« Bim ! » Et la petite encore consciente crie.

« Arrête, maman ! Arrête ! »

Elle attrape le couteau

et elle l'égorge.

Et elle va laver son couteau,

ses mains et son visage.

Et ensuite, elle passe à Nora,

douze ans.

Elle la fait venir dans la salle de bain du deuxième étage

et elle lui dit,

« Pardonne-moi, Nora ! »

La petite, en voyant le couteau, se défend.

Elle se met sur elle à Califourchon

et elle l'égorge.

Et en trempant son doigt dans la plaie de Safi,

elle écrit les trois lettres énigmatiques

sur le miroir,

U, D.

Rinsage du couteau,

lavage de mains,

elle appelle enfin sa fille née, Yasmin,

14 ans.

« Viens ! tes frères et sœurs t'en fais une surprise ! »

Yasmin arrive.

« Tes frères et sœurs t'en fais un cadeau.

Il est sous le bureau, regarde ! »

Yasmin se penche,

sa mère attrape le couteau,

Yasmin voit le couteau,

elle se débattre toutes les deux

pendant dix minutes,

et à la fin,

le jeune vieève l'égorge.

Ensuite, elle traîne les corps,

un par un, jusqu'à leur lit,

et elle pose un nounours

à côté de leur tête,

dans chacun des lits.

Elle s'assoie à une table,

elle pose le manche du couteau sur la table,

la lame en direction de son coeur,

et elle tombe sur le couteau.

Le couteau perforre le poumon,

mais pas le coeur,

ça se joue à quelques centimètres.

Ce qu'elle fait pour lesquels

jeune vieève l'hermite sera donc jugé.

Le procès s'ouvre un peu moins

de deux ans après le drame

devant la cour d'assises du Wallon-Brabant.

Il est marqué, bien sûr, par le récit

des cinq meurtres par jeune vieève

l'hermite elle-même.

Elle y raconte qu'elle a entendu

qu'il lui a dit,

ça y est, la machine est en route.

Alors en larmes,

elle est incapable d'expliquer la suite.

Ce que j'ai fait,

c'est l'opposé

de ce que je pensais.

Les enfants étaient

le moteur de ma vie.

Je me suis donné

à 200 % pour eux.

Je peux pas vous expliquer

pourquoi j'ai fait ça.

Sommé de raconter les meurtres un par un,

jeune vieève décrit des scènes

absolument insoutenables.

Mais dit,

son visage est devenu tout mauve

quand je l'ai transglé.

Il me donnait des coups de pied,

il criait, maman, maman.

Miriam,

quand elle était par terre, c'était horrible.

Il y avait du sang partout.

Il y en avait sur les murs,

il y en avait sur le plafond.

Ils ont dû avoir mal.

Ils ont dû se dire,

mais qu'est-ce qu'elle fait, maman?

Est-ce que vous avez pleuré, madame,

au moment de commettre

chacun de ses meurtres?

Non.

Non, j'ai pas pleuré.

Elle parle aussi du docteur Scar.

J'en avais assez de cette vie avec Scar.

On pouvait pas faire de remarques.

Il respectait pas les règles d'hygiène,

pas non plus les règles de pudeur.

C'était un vrai boulet.

Il avait pas de personnalité.

Combien de fois est-ce que j'ai dit à mon mari,

il a rien voulu entendre?

Il voulait pas séparer de cet homme.

C'était son protecteur.

On projette sur grand écran

les images de la scène de crime.

Les cinq petits corps dans leur lit.

Elles les regardent.

Elles ne manifestent

aucune émotion.

Le docteur Scar est appelé à la barre.

Bien sûr, il raconte qu'il est stérile,

qu'il ne pouvait pas avoir d'enfants.

Que grâce à Bouchaïb,

il a eu enfin un fils,

et ensuite des petits enfants.

Il dit qu'il les considérait

comme ses petits enfants.

Après sept jours de procès,

les psychiatres qui avaient tant

tergiversé font une légère marche arrière.

L'accusé était au moment des faits

dans un état grave

de déséquilibre mental

qui la rendait incapable

du contrôle de ses actions.

Trop tard,

ils l'ont déclaré responsable.

Les avocats de Geneviève

pleine une dernière fois le coup de folie.

Ils réclament l'acquitement

en psychiatrie, mais les jurés

horrifiés par ce qu'ils ont vu

et ce qu'ils ont entendu

sont implacables.

Le vendredi 19 décembre 2008,

ils condamnent Geneviève

à la réclusion criminelle

à perpétuité.

Elle se lève.

Ma peine, je m'en fous complètement.

Toutes ma vie, je serai en mur

et non mon chagrin.

J'aurais toujours du mal

à me sentir vivante, toujours.

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En 2007 à Nivelle en Belgique, une mère égorge un à un ses 5 enfants, avant de tenter de se donner la mort, sans y parvenir.