Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - BTK, l’insaisissable

Europe 1 Europe 1 9/8/23 - 27m - PDF Transcript

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On de l'âtre à compte, Christophe On de l'âtre.

Voici l'histoire de celui qui se faisait appeler Bittiquet, BTK en français.

Il a sévi pendant 31 ans dans une petite ville du Kansas qui s'appelle Vichyta, où

il a tué 10 fois et dans l'une de ses lettres adressées à la police, il a écrit « J'ai

un monstre en moi, je ne sais pas comment il est entré dans ma tête, je ne peux pas

l'arrêter ». La réalisation est signée Céline Lebrasse.

C'est l'histoire d'un gamin de 15 ans, Charlie Ottero, qui un soir de février 1974

à Wichita aux Etats-Unis, rentre chez lui après l'école.

Charlie et sa famille viennent d'arriver dans le coin, il a hâte de dire à ses parents

qu'il s'est fait des copains « Tiens, c'est bizarre, la porte du garage est ouverte et

le chien Lucky est dans le jardin, on ne laisse jamais Lucky dehors sans surveillance, il

aboie sur les gens ». Charlie pousse la porte d'entrée et il entend son petit frère

Danny et sa sœur Carmaine qui hurle, il se demande ce qui se passe alors il fonce

vers la chambre de ses parents et il les voit.

Son père et sa mère, mort, son père est par terre, les pieds et les mains ligotés, sa

mère est sur le lit, ils ont tous les deux des sacs plastiques sur la tête, bien serrés,

avec des cordelettes.

Charlie est à la fois pris de panique et de rage, il court à la cuisine, il attrape

le plus long couteau et il hurle « Qui que vous soyez, sortez, montrez-vous, je vais

vous tuer ». Personne ne répond, alors il veut appeler la police mais la ligne de téléphone

est sectionnée, alors il va chez les voisins « Il faut appeler la police, il faut appeler

la police tout de suite, mes parents étaient assassinés ». Les voisins appellent et les

agents Robert Boulat et Jim Lindbergh déboulent dans la foulée.

Charlie les attend devant la maison « Mes parents sont à l'intérieur, ils sont

morts, mais j'attends encore un autre frère et une autre de mes sœurs, ils sont pas encore

entrés, je veux pas qu'ils voient ça ». Les deux policiers entrent dans la maison

et ils trouvent les parents dans leur chambre, mais ils ne s'arrêtent pas là, ils vont

dans la chambre du petit Joseph, nevant, et ils le trouvent, la tête emballée dans

un sac plastique, et dans la cave ils découvrent Josephine, 13 ans, pendu à un tuyau.

« Mon pauvre Charlie, ils ne sont pas prêts de rentrer de l'école, ton petit frère est

à petite sœur, ils sont morts, eux aussi ».

Pour la police de Wichita, c'est une énorme affaire, c'est calme, d'habitude par ici,

et ça démarre mal, tout un tas de voisins prétendent qu'ils ont vu le tueur, mais y en

a qui parlent d'un grand blanc maigre et d'autres d'un petit noir, avec ça, allez

faire un portrait robot. On est en 1974, alors oubliez l'ADN, la police scientifique trouve

une trace de sperme sur la cuisse de la fille, et une tâche de sang sur la scène de crime,

qui révèle le groupe sanguin du tueur, il est de résus haut, ce qui est assez banal

dans le coin.

À part ça, aucune piste. Alors en attendant, les habitants de Wichita rajoutent des verroues

à leur porte et des alarmes, et ils ont bien raison, car c'est un tueur en série qui

a frappé, et pour l'instant, la police ne sait rien de lui.

6 mois plus tard, en octobre 1974, Don Granger, un journaliste du Hickel, l'un des

journaux les plus lus du Midwest, entend dire qu'il y a du nouveau dans l'enquête

sur le crime de Wichita. 3 prisonniers auraient des infos sur le crime et chercheraient à

les négocier avec la police. Granger est sûr de son info, alors il la balance dans

son journal, et quelques jours plus tard, son téléphone sonne.

C'est une voix dure, écoupante, avec un accent du coin.

Il y a une lettre sur l'affaire Otero, dans un livre à la bibliothèque publique. Elle est la chercher.

Et il indique dans quel livre se trouve cette lettre. Et il raccroche.

Granger prévient immédiatement la police, et un agent trouve la lettre à l'endroit prévu.

Quelle lettre ?

Je vous écris pour épargner au contribuable les coups d'une longue et inutile enquête.

Vos trois prisonniers cherchent juste à avoir de la publicité pas chère sur le dos des Otero.

C'est moi qui ai fait le coup, et je l'ai fait tout seul.

Et pour être certain qu'on va le croire, ils donnent des détails que seule la police connaît.

Par exemple, comment il a fait les nœuds qui l'igottaient les parents Otero ?

Et cette lettre se termine par cette phrase terrible.

Je suis désolé, j'ai un monstre en moi, et je ne sais pas comment il est entré dans ma tête.

Je ne peux pas l'arrêter. Peut-être que vous le pourrez ?

Moi je n'y arrive pas.

Et il a déjà choisi sa prochaine victime. Vous savez ?

En bas de la lettre, il a signé B-T-K-B-T-K.

Et il explique, c'est son modus operandi, c'est sa manière de tuer.

B comme bind, qui signifie attacher.

T comme torture.

Et K comme kill.

Tuer.

B-T-K, bind, torture, and kill.

Attacher, torturer.

Tuer.

Exactement ce qu'il a fait à la famille Otero.

Au début, la police arrive à convaincre le journal Eagle de ne rien publier sur ce B-T-K, la lettre.

Ça doit rester secret.

Mais le journal concurrent, le Wichita Sun, apprend l'existence de B-T-K et sort l'affaire sans prévenir.

Ce que la presse ne sait pas encore, c'est que B-T-K est soupçonné d'un autre meurtre,

commis quelques mois après le massacre de la famille Otero.

Catherine Bride, elle a été poignardée chez elle après s'être cachée des heures dans sa pendrée.

B-T-K a déjà fait cinq morts et ça ne fait que commencer.

Quand on remonte cette histoire à rebours, ça peut paraître étrange, mais pendant trois ans, B-T-K ne tue personne.

Il ne se manifeste pas auprès de la police.

Trois ans de silence.

Et un retour triomphal.

Le 17 mars 1977, à une heure de l'après-midi, toujours a Wichita, l'officier Fletcher reçoit un appel.

Et quand il arrive, l'officier est accueilli par un voisin.

Venez vite, les deux fils de ma voisine sont venus tambouriner à ma porte.

Ils disent qu'ils ont été enfermés par un homme dans la salle de bain.

Ils se sont échappés en cassant la vitre.

Mais c'est pas tout. Venez.

Et le voisin conduit l'officier Fletcher dans la maison de la famille Ralford,

où vive Shirley, 26 ans, et ses trois enfants.

Enfin, viver.

La mère est étendue dans le salon, les bras attachés dans le dos,

et sur la tête, elle a un sac plastique bien serré au niveau du cou.

L'une des filles est assise à côté du cadavre. Elle pleure.

L'officier Fletcher tente le tout pour le tout.

Il défait le nœud qui ferme le sac plastique et il tente un massage cardiaque.

Mais c'est trop tard.

Et c'est lui, Fletcher, qui signalera en fort quand ils arrivent.

Hé les gars, faites attention au nœud.

Ça ressemble beaucoup à l'œuf de Bittiquet.

Ça ressemble.

Mais est-ce que c'est certain ?

C'est tout l'enjeu de l'enquête qui débute.

C'est Richard Lamunion, le nouveau chef de la police, qui doit répondre à la question.

Au début, il repère tout de suite les différences entre les deux affaires.

Déjà, les enfants ont survécu.

La petite fille n'a pas subi de sévices sexuelles,

et le téléphone n'a pas été coupé.

Le téléphone.

Le téléphone.

Richard Lamunion veut soudain vérifier quelque chose,

quelque chose qui le ture Lupine.

Il va voir les enfants.

Dites-moi, quand vous étiez enfermés dans la salle de bain,

est-ce que le téléphone n'aurait pas sonné ?

Si, si.

S'il a sonné plusieurs fois.

Est-ce qu'à cause du téléphone qui sonnait,

le tueur a tout simplement pris peur ?

C'est pour ça qu'il aurait épargné les enfants.

Alors si c'est le cas, c'est peut-être bitiqué.

Et il y a autre chose.

Deux filles du quartier, des colocataires, disent qu'elles ont vu l'homme,

et qu'elles l'avaient déjà vu auparavant,

qui rodaient autour de l'appartement de leur voisine.

Et ça, ça veut peut-être dire qu'il s'est rabattu sur Mme Relford,

alors que ça n'était pas son projet initial.

Donc plus de doute, c'est bitiqué.

Les nœuds sont exactement les mêmes, tout comme le sac en plastique.

Les différences sont liées à l'empressement du tueur.

Il est allé trop vite, il n'a pas pris le temps de couper le téléphone,

et du coup, la sonnerie lui a fait peur.

Il s'est enfui, il a épargné les enfants, mais c'est lui.

C'est bitiqué, mais une fois de plus, il s'est carapaté.

Mais pas longtemps, il rode autour des maisons isolées de la banlieue de Wichita.

Il cherche sa prochaine cible.

Et quand il l'a trouvé, il est capable de l'observer pendant des mois,

jusqu'au jour où il se fofile dans la maison.

C'est ce qui se passe le 8 décembre 1977.

Il se fofile chez Nancy Fox.

Il se planque dans son placard, et il attend qu'elle rentre.

Quand elle rentre, elle ouvre le placard, et il lui bondit dessus avec un révolver.

Le lendemain, après avoir appliqué jusqu'au bout son plan attaché, torturé, tué,

il est si galvanisé, si confiant en lui, il se sent tellement fort

qu'il appelle la police d'une cabine.

Cet enregistrement d'époque n'est pas très bon.

Il vient simplement de dire qu'il venait d'y avoir un homicide au 843 South Pershing.

Il n'a rien dit de plus.

Les policiers localisent la cabine et font sur place.

Il n'est plus là.

Et à partir de ce moment-là,

la police de Wichita reçoit le renfort de spécialiste du FBI

des gars qui s'y connaissent en tueur en série,

et au sujet de ce coup de fil imprudent et flambeur.

Voilà ce qu'ils disent.

C'est une manière pour lui d'affirmer sa maîtrise de la situation.

Il a une parfaite confiance en lui,

et dans le fait que la police n'est pas assez futée pour l'attraper.

C'est pas gentil ça.

Pour le jeune chef de la police l'amunion.

Il les prend pour des nuls.

Deux mois après le meurtre de Nancy Fox, le 10 février 1978,

un paquet arrive dans la boîte aux lettres d'une télé locale de Wichita, Cake TV.

Et quand le réceptionniste ouvre le paquet,

il tombe sur une lettre et un poème signé pittiqué.

À côté de son nom, le tueur a dessiné plusieurs necoulants.

Il se plaint qu'on ne parle pas assez de lui.

Combien dois-je tuer de personne pour qu'on parle de moi dans les journaux nationaux ?

Ça commence à bien faire.

Et ce qui l'exaspère, c'est que la presse ne soit pas au courant de son existence.

Pourquoi ? Vous ne donnez pas mon nom à la presse,

au lieu d'essayer de cacher mon existence.

Par exemple, bittiquer l'étrangleur, le psycho, l'exécuteur de Wichita.

Il parle des sept meurtres qu'il a commis.

Ça y est, sept deffets.

Vivement la suite.

Il donne une quantité effroyable de détails.

Il a fait des dessins de ses victimes et un poème morbide sur la mort de la pauvre Nancy Fox.

Ce type est complètement singlé.

Du coup, le FBI et la police de Wichita mettent en place une nouvelle stratégie.

Ils veulent établir une communication avec bittiquer.

C'est un narcissique. Ça va lui plaire.

Et l'objectif, c'est de l'amener à se trahir.

Mais c'est un jeu dangereux.

C'est le placer au centre du jeu.

Il risque de se sentir plus puissant que jamais.

Et puis, il faudrait prévenir les habitants du danger qu'ils les guettent.

Parce que jusqu'à maintenant, pour les gens, les crimes sont des actes isolés.

Ils ne savent rien de bittiquer.

Il faut leur dire la vérité et tant pis si ça flatte les goûts de l'autre fou.

Le chef de la police, Richard Lamunion, lâche la bombe dans une interview à la télévision.

Je veux confirmer à la population qu'il y a bien un tueur en série à Wichita.

Et qu'elle doit prendre toutes les mesures pour se protéger.

Avez-vous des pistes sérieuses pour attraper le tueur qui se fait appeler bittiquer ?

Honnêtement, nous n'en avons aucune.

Et pendant l'interview, avec la complicité de la chaîne qu'il reçoit,

Lamunion fait diffuser deux images subliminales, deux images cachées,

mais qui sont censées percuter le cerveau de bittiquer sur l'une d'elles on peut lire,

appeler le chef de la police maintenant.

Mais ça ne marche pas.

En revanche, la panique s'empare de la ville, les ventes d'armes explosent.

Et la conséquence de tout ça, ce que la police n'avait absolument pas anticipé,

c'est que bittiquer disparaît de la circulation pendant six ans.

Mais l'enquête, elle, se poursuit.

La police met en place une task force spéciale,

un groupe qui ne travaille que sur bittiquer.

A sa tête, le lieutenant Ken Lannwer.

L'idée, c'est que comme bittiquer à l'accent du coin,

et qu'il frappe toujours à Wichita.

Il est de là, il est de pas loin, il est du Midwest,

et peut-être même de Wichita même.

Les policiers ont remarqué que la police,

les policiers ont remarqué que bittiquer tape ses lettres à la machine.

Mais il n'en voit jamais l'original.

Il en voit des photocopies de mauvaise qualité.

Alors il se dit que c'est pour qu'il ne puisse pas identifier la machine,

la marque de la machine à écrire.

Mais du coup, est-ce qu'on ne peut pas le retrouver par la photocopieuse ?

C'est pas courant dans les années 70, les photocopieuses.

La police arrive à déterminer que bittiquer a utilisé

l'une des photocopieuses du campus universitaire de Wichita.

Malheureusement, ce sont les photocopieuses les plus utilisées de la ville.

C'est un cul de sac, mais au moins, ça confirme qu'il est du coin.

Mais ce qui reste le plus troublant dans cette enquête,

ce sont ses pauses dans les crimes.

Il n'y a pas de manière d'apparaître et de disparaître longtemps.

Après 6 ans de silence, Bittiquet signe un nouveau meurtre en avril 1985.

Une femme seule de 53 ans, Marine Hage, attaché, torturé, tué.

Puis il disparaît à nouveau, 6 ans, avant de frapper à nouveau en 1991

et tuant Dolores E. Davis, dont il jette le corps sous un pont.

Et puis, il fait à nouveau une pause.

Entre temps, il est devenu une légende urbaine.

C'est une histoire qu'on raconte pour faire peur aux enfants.

Sauf que maintenant, on a son ADN.

Et oui, la science a fait des progrès.

Les tâches de sperme qu'on a retrouvées sur certaines de ses victimes

ont livré son identité génétique.

Alors pour l'instant, ça ne sert à rien.

Mais si on la trappe, ça permettra de le confondre tout de suite.

À moins, à moins qu'il ne soit mort.

On est en 2004, son premier meurtre date de 1974, son dernier meurtre de 1991.

Il y a 13 ans.

Pour marquer le 30e anniversaire, le journal Eagle publie un grand dossier.

Même si ceux qui ont vécu ces horreurs n'ont pas oublié Bitikey,

aujourd'hui, toute une nouvelle génération de Wichitans n'a strictement jamais entendu parler de lui.

Et c'est très bien ainsi.

C'est cet article qui va réveiller Bitikey.

Quelqu'un qui est toujours là, dans l'ombre.

Attentif.

Après 13 ans de silence, le Eagle reçoit une lettre.

Venu tout droit d'un passé qu'on croyait lointain.

Elle est signée Bitikey.

Quand il reçoive la lettre, les journalistes du Eagle sont dubitatifs.

Ça fait plus de 10 ans qu'il a disparu.

C'est pas lui. C'est impossible.

Alors, est-ce que c'est vraiment lui ?

À l'intérieur de l'enveloppe, il a glissé une photo.

C'est un cliché qui représente trois femmes mortes allongées sur le sol.

Deux d'entre elles sont les dernières victimes de Bitikey.

La troisième est la victime d'une affaire de 86 non résolue.

La lettre qui accompagne la photo est signée Bill Thomas Kilman.

On retrouve les initiales Bitikey.

Mais c'est la première fois qu'ils signe comme ça.

Le rédacteur en chef Tim Potter remarque un détail.

Regarde, regarde la manière dont il a tracé la lettre B.

C'est exactement pareil que dans ses lettres d'il y a dix ans.

Vu de côté, ça m'a toujours fait penser une paire de seins.

Les journalistes envoient la lettre à la police.

Et elle atterrit au bureau du lieutenant Ken Lundver.

Ça fait 13 ans qu'il n'a pas eu de signe de Bitikey.

Vous imaginez, 13 ans.

A la seconde où il pose ses yeux sur cette lettre, il sait.

C'est lui et il se dit qu'il est prêt à tuer à nouveau.

Alors la petite task force mise en place il y a 13 ans

se remette immédiatement en marche.

Et Ken Lundver reprend la stratégie d'autrefois.

Il veut le faire sortir de son trou.

Je dois me mettre en avant.

Je dois m'adresser à lui publiquement.

Je dois le flatter pour qu'il s'adresse à nous.

Un excès de confiance, une erreur.

Et on l'attrape.

Mais se mettre en avant.

Comporte une part de risque.

Le FBI prévient Lundver.

Il va devenir obsédé par vous.

Il peut s'en prendre à votre famille.

Je sais.

Mais c'est notre dernière chance.

Ken Lundver convoque immédiatement une conférence de presse.

Et il révèle l'existence de cette nouvelle lettre

et les menaces qu'il l'accompagne.

Au cours de cette conférence de presse,

ça n'est pas tellement au journaliste qu'il parle.

C'est à lui, à BTK.

C'est une des affaires les plus difficiles de ma carrière.

Sans doute la plus difficile.

Je trouve même que l'individu qui a fait tout ça,

je serais très curieux de lui parler.

Et ça marche.

BTK se manifeste.

Il envoie d'autres messages et notamment

dans des paquets de céréales gravés à ses initiales

qu'il abandonne de ci, de là.

Les échanges de messages durent pendant des mois.

BTK a l'air d'apprécier qu'on s'intéresse à lui.

Et il vient d'annoncer qu'il a repéré sa prochaine victime.

Mais il va commettre une erreur.

Sa première erreur.

Il dépose l'un de ses paquets,

l'une de ses boîtes de céréales qui lui sert de boîte aux lettres,

dans un parking couvert qui est équipé de caméras de surveillance.

Et sur les images, on ne voit pas son visage,

mais on voit bien sa voiture.

C'est une jeep, une chirokie noire.

Après quoi il va commettre une autre erreur.

Décisive celle-là.

Dans une de ses lettres à la police, il demande.

Dites-moi si l'on peut ou pas tracer une disquette informatique.

Dites-moi la vérité, je vous fais confiance.

Répondez-moi par petite annonce.

C'est le moment.

Ken Lundver tente le tout pour le tout.

Bien sûr qu'il peut identifier l'origine d'une disquette grâce aux métadonnées,

mais il lui répond que non,

que ça n'est pas possible, qu'il n'a pas à s'inquiéter.

Et bittiquez, lui envoie une disquette.

Et en analysant les métadonnées de la disquette,

la police trouve les informations sur le propriétaire de l'ordinateur.

La disquette provient de l'Église Lutérienne du Christ,

une congrégation installée au nord de Wichita.

Mieux que ça, on a un prénom, celui qui a enregistré la disquette s'appelle Dennis.

Le plus simplement du monde, la police va tout de suite sur le site de la congrégation.

Son président s'appelle Dennis Rader.

Bittiquez s'appelle donc Dennis Rader.

Il aura fallu 31 années d'enquête pour en arriver là.

Ken Lundver envoie un de ses hommes vérifier la marque de la voiture de ce Rader.

C'est un Jeep Cherokee noir.

Il y a dans ses fichiers l'ADN de la fille de Rader.

Il fait comparer avec l'ADN de Bittiquez.

Il en est sûr maintenant.

Il a identifié Bittiquez.

Il ne reste plus qu'à l'arrêter.

Le 25 février 2005, Dennis Rader, alias Bittiquez,

rentre chez lui au volant de son Cherokee.

Sortez de la voiture !

Le lieutenant Ken Lundver s'approche, son pistolet pointé vers la portière.

Un homme en sort, un petit homme, à moitié chauve, un peu barbu.

Lundver lui passe les menottes.

Bittiquez est enfin attaché.

Dennis Rader n'avoue que quatre mois plus tard.

Tous, tous les meurtres, dans le détail.

Et ça n'a pas l'air de l'affecter.

Lunette de comptable, petit bouc et cheveux clair sommé.

Il détaille toutes les horreurs commises durant ses 30 dernières années.

Sans exprimer le moindre sentiment, d'une voix parfaitement monocorde.

Il est marié, père de deux enfants.

Il est le président de son église.

Et son métier, vous n'allez pas le croire.

Il a été embauché par une société de sécurité

pour surveiller les maisons de Wichita.

Il s'est enrichi de la terreur qu'il a lui-même créée.

Jugez en 2005, pour les dix meurtres qu'il a commis,

Bittiquez échappe à la peine de mort.

Ses crimes ont eu lieu avant 1994.

Et à cette époque, le Kansas avait aboli la peine capitale.

Il est donc condamné dix fois à la réclusion criminelle à perpétuité.

Denis Radeur, alias Bittiquez, mourra donc en prison.

Sous-titrage ST' 501

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Dennis Rader a sévi de 1974 à 1991 à Wichita aux Etats-Unis où il tue 10 personnes âgées de 9 à 62 ans. Il se fait appeler BTK pour « Bind, Torture, and Kill » (attacher, torturer, tuer) …