Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - Alexandre Pitchouchkine, le tueur à l’échiquier

Europe 1 Europe 1 10/20/23 - 29m - PDF Transcript

Vous les pros, vous devez sans cesse optimiser. Optimisez votre temps pour passer d'un chantier à un autre. Optimisez le chargement de votre matériel.

Nouvelle utilitaire Renault Kangouvan L2 E-TEC 100% électrique est faite pour vous. Optimisez votre chargement grâce à sa longueur utile jusqu'à 3,5 mètres et son volume de chargement jusqu'à 4,9 mètres cubes.

Existe aussi en motorisation essence et diesel à découvrir pendant les jours pro-plus du 18 au 27 octobre pour ceux qui ne s'arrêtent jamais.

L'ongueur et volume selon version. Voir professionnel voire Renault.fr

On de la traconte.

Christopher Delat

Bonjour à tous. Je vais vous raconter aujourd'hui l'histoire d'un très grand tueur en série qui, pour une fois, n'est pas un américain.

Il s'agit d'un russe Alexandre Pichushkin.

En 2006, à Moscou, il a à vous et tenez-vous bien 61 assassins.

Il a été condamné à la prison à vie pour 48 meurtres.

Tous commis, au même endroit, un grand parc au cœur de Moscou.

Pourquoi les a-t-il tués, tous ces gens ?

Ne vous attendez pas à une réponse rationnelle. Il les a tués parce qu'il était psychopathe.

Mais ce qu'il dit lui, c'est qu'il les a tués pour entrer au panthéon du crime, pour être le plus grand tueur en série russe.

Et pourquoi sois-t-il une victime ?

Parce que son ambition était de tuer autant de personnes qu'il y a de cases sur un jeu d'échec.

64, il n'a pas pu aller au terme de son projet.

Voici donc Pichushkin, le tueur à l'échiquier.

C'est une histoire que j'ai écrite avec Thomas Houdoir, réalisation Céline Lebrase.

A Moscou, il y a un moyen d'échapper aux trépidations de la ville.

Aux voitures, aux klaxons, aux gaz d'échappement à la foule.

Le parc Bitschevsky, que tout le monde appelle Bitsa.

Un enchaupement, 22 km2 de nature en pleine ville.

Une vraie forêt, des pelouses, des sentiers balisés, des tables,

en général les gens jouent aux échecs, le paradis, jusqu'à l'automne 2005.

Ça commence le 15 octobre, quand un promeneur découvre le premier cadavre.

Une horreur, une barbarie, une folie.

Le type a une bouteille de vodka enfoncée dans le crâne.

Et la cervelle qui dégouline, il a été fracassé.

Et il n'est que le premier d'une très longue liste.

Un mois plus tard, nouveau cadavre, toujours dans le parc Bitsa.

Un homme de 63 ans, deux semaines plus tard, nouvelle victime.

Et encore une autre deux semaines après.

Quand l'année 2005 se termine, on compte sept cadavres,

tous ramassés dans le parc Bitsa.

Des hommes, uniquement, de tous les âges.

Tous fracassés, on leur a enfoncés dans le crâne.

Soit une bouteille, soit un tesson de bouteilles, soit un bout de bois.

Il faut être un sacré barbare pour faire ça à un bonhomme.

Et il faut avoir une sacrée force.

C'est solide, un crâne.

Au début, vous n'allez pas le croire,

tous les meurtres du parc Bitsa se ressemblent.

On peut imaginer dès maintenant que c'est le même tueur,

le même monstre, sept cadavres en quelques semaines.

Et bien pour la police de Moscou, ce sont des cases séparées.

Et donc des enquêtes séparées.

Quelles pertes de temps ?

...

Mais quand ça continue, début 2006,

au rythme d'un cadavre tous les 15 jours,

toujours des hommes, le crâne explosé,

le procureur finit par se rendre à l'évidence.

C'est un tueur en série.

Et un sacré tordu, tous les dossiers sont donc rassemblés

dans une seule enquête.

Mais qu'est-ce qu'il y a dans ces dossiers ?

Eh bien pas grand-chose.

Surtout des informations sur les victimes,

mais à part ça,

nique et vaux, rien.

Pas la moindre trace d'ADN,

pas la moindre empreinte digitale,

aucun témoin, jamais.

Le vide sidéral.

Et pourtant, à chaque découverte de cadavres,

le chef de la criminelle donne des consignes très strictes.

Sur place, vous me relevez tout,

tout ce qui peut appartenir au tueur.

Le moindre papier, le moindre mégot,

vous relevez tout.

Mais c'est ce qu'on a fait la dernière fois, chef.

Oui, je sais, mais la dernière fois,

on n'a pas relevé une seule empreinte digitale exploitable,

et pas non plus d'ADN.

Alors cette fois, vous ne négligez rien.

On ne sait même pas s'il y a un ou plusieurs tueurs,

ou si c'est un homme ou une femme.

Ça pourrait être une femme,

puisque les victimes sont toutes des hommes.

Un par un, les cadavres sont emmenés

chez le vieux médecin légiste de Moscou,

le docteur Voronstov.

Il s'attarde sur le crâne.

Il l'examine dans tous les sens.

Je ne peux pas trop m'avancer.

Mais je pense pouvoir dire que le tueur

utilise un marteau.

Pour l'instant, c'est la seule donnée

un peu concrète dans ce dossier.

Le ou les tueurs fracassent leurs victimes

à coup de marteau.

Mais pourquoi ?

Ça, on n'en a aucune idée.

La presse, bien sûr, est au courant maintenant.

Elle l'appelle le tueur de pizza.

Et ça peut dire que les habitués du parc

sont gagnés par la psychose.

Pour tenter de rassurer les moscovites,

les autorités ont assigné 200 policiers

à la surveillance du parc,

qui tous les jours contrôlent des dizaines de personnes.

Tenez cette femme là-bas,

qui s'enfonce dans la zone boisée du parc.

Elle est louche, non ?

Madame ? Madame ?

Où allez-vous comme ça ?

La voilà qui se met à courir.

Les policiers se lancent à sa poursuite,

ils la rattrapent et à ce moment-là,

la dame perd sa perruque.

C'est un homme.

Est-ce que ça ne serait pas notre homme ?

Veuillez nous présenter vos papiers, monsieur ?

Le travesti se met alors à fouiller

dans son sac à main.

Et qu'est-ce qu'il y a dans son sac à main ?

Un marteau.

Qu'est-ce que ça fait dans votre sac ?

Ça n'est pas ce que vous croyez,

mais, messieurs les policiers,

je n'utilise que pour me défendre.

C'est risqué d'être travesti, si vous le savez.

L'oiseau est tout de même à emmener au poste de police.

On vérifie son emploi du temps ces derniers mois.

Il a des alibis pour la plupart des assassinats.

Il est donc relâché.

L'enquête qui patine, évidemment,

laisse libre goût aux rumeurs les plus folles.

Tu vois, le bâtiment qui est au nord du parc,

c'est un hôpital psychiatrique.

Et bien, quelqu'un m'a dit que c'est un fou qui s'est échappé

et qui a fait tous ses morts.

Ah bon ?

Qu'est-ce que tu racontes ?

Il s'est pas échappé.

C'est un fou à qui on donne des autorisations de sorties

et qui assassine le premier qui croise.

Pure spéculation.

Une semaine à peu près, après l'arrestation du travesti,

on découvre un nouveau cadavre.

Même mise en scène.

Le crâne fracassé.

Un morceau de bois enfoncé dans la cervelle.

À ce détail près que la victime, cette fois,

est une femme,

une employée de supermarché.

Tous les rituels des crimes précédents sont là,

mais pour la première fois,

c'est une femme.

Ça fait 12 victimes.

Et la victime suivante en avril,

c'est aussi une femme,

de même que la victime découverte mi-juin.

Et ça, c'est absolument incompréhensible.

Voilà un type qui tue des hommes

et rien que des hommes pendant 6 mois

et qui maintenant tue uniquement des femmes.

Pourquoi ?

Ça n'a pas de sens ?

Mais dans la poche de la dernière victime,

Marina Moskal Giora,

une mère célibataire,

on trouve un ticket de métro.

Et c'est enfin une piste.

Les policiers entament le visionnage

des caméras de vidéosurveillance du métro.

En se disant que peut-être,

le tueur a suivi sa victime

en amont dans le métro

avant qu'elle n'entre dans le parc.

C'est long.

C'est fastidieux.

Alors en attendant,

ils vont interroger le fils de la victime.

Un petit garçon prénommé Sergei.

Sergei,

tu peux me dire ce que ta maman avait l'intention de dire ?

Tu peux me dire ce que tu veux.

Tu peux me dire ce que tu veux.

Tu peux me dire ce que ta maman avait l'intention de faire

quand elle est partie de chez vous ?

Oui, monsieur, mais

moi, j'étais pas là quand elle est partie de la maison.

Mais elle m'avait laissé un mot sur la table

pour me dire qu'elle allait se promener

avec un petit copain qu'elle appelait Sacha.

Les policiers vont chez elle

et ils trouvent le mot en question

sur la table de la cuisine.

Sergei, je pars me promener

au parc Bitsa avec Sacha.

Mon téléphone ne fonctionne pas,

on peut appeler Sacha à ce numéro

à tout à l'heure.

Intéressant,

parce que non seulement on a le prénom de cet homme

qui est allé au parc avec elle,

mais en plus on a son numéro de téléphone.

Petite recherche dans les fichiers

des opérateurs de téléphone,

le type s'appelle Alexandre Bitschushkin.

Il est manu-tensionnaire dans un supermarché.

Il habiterait à Moscou chez sa mère.

Eh bien on va le chercher.

Maintenant, depuis le temps qu'on cherche une piste

dans cette affaire terrifiante,

on y va tout de suite.

À 22h30 le soir même,

les policiers vont interpeller Bitschushkin chez lui,

enfin chez sa mère.

Il n'oppose aucune résistance.

Et il répond à toutes les questions qu'on lui pose

sur la disparition de sa copine marina.

Je suis pas allé au parc avec elle.

Ah ça c'est pas vrai.

J'ai rien à voir avec tout ça.

Ah bon ?

Je vous ai raconté tout à l'heure que les policiers

s'étaient lancés dans le visionnage

vidéo du métro.

Eh bien ils viennent de trouver des images de marina

à la station Rakovskaya.

On la reconnaît parfaitement sur le quai

dans son manteau bleu clair,

celui qu'elle portait quand elle a été tuée

dans le parc.

Et qui est à côté ?

Alexandre Bitschushkin.

Il ment donc,

quand il dit qu'il n'est pas allé au parc.

Il ment.

Et quand on visionne toute la bande,

on les voit côte à côte dans la rame.

On voit d'autres images dans lesquelles

ils descendent côte à côte de la rame.

Et on les voit sortir de la station

ensemble.

Alors monsieur Bitschushkin,

vous êtes certain que vous n'êtes pas allé au parc

avec votre copine marina ?

Absolument certain.

Monsieur Bitschushkin,

pourquoi ne voulez-vous pas reconnaître

que vous êtes allé au parc ce jour-là ?

On vous a vu descendre avec madame Moskalyova

du métro.

Et moins d'une heure après elle est morte.

Alors que c'est-il passé racontez-nous.

Silence.

Monsieur Bitschushkin,

êtes-vous allé au parc avec madame Moskalyova ?

Oui.

Nous nous sommes retrouvés pour faire un pique-nique

à Bitsa.

Et...

c'est moi qui l'ai tué.

Et je ne sais pas ce qui m'a pris.

J'ai eu envie de la tuer alors je l'ai tué.

Et je l'ai fait parce que,

si je ne le faisais pas,

ma vie allait devenir en enfer.

Des aveux.

Incroyable.

Le type se couche d'un coup.

Même si ces explications sont étranges.

Alors accrochez-vous bien.

Parce que maintenant qu'il a commencé

à vider son sac,

il ne va plus s'arrêter.

Le maniac de Bitsa,

comme vous l'appelez,

bah c'est moi.

Allucinant.

La policière qui l'interroge

ne lui avait pas encore posé de questions

sur les autres crimes.

Il y va tout seul.

Du coup, elle appelle tout de suite ses supérieurs.

Allô ?

Pichushkin, le suspect du dernier crime.

Il vient de désavouer tous.

Tous d'un coup.

Ah non, non, je n'ai rien eu à lui demander.

Il m'a tout dit tout de suite.

Le maniac de Bitsa, il m'a dit c'est moi.

Du coup, la jeune policière

est remplacée par un collègue plus expérimenté,

qui lui colle un par un le nom

de ses 14 victimes sous le nez.

Et à chaque fois, il dit.

Oui.

Oui.

Oui.

Il assume les 14 meurtres.

Mais il ne s'arrête pas en si bon chemin.

Là où vous vous trompez,

c'est que je n'ai pas seulement tué 14 personnes,

j'en ai tué 61.

Mais comme vous ne faites pas bien votre travail,

eh bien les autres,

vous les avez pas trouvés.

61 ?

Ce Pichushkin serait donc

le plus grand tueur en série

de l'histoire de Russie.

Parce que 61,

c'est 9 de plus qu'Andrei Chikatilo

condamné en 1992

pour 50 de meurtres.

Et vous avez remarqué,

ils se ventent.

Ils se moquent de la police.

Vous ne faites pas bien votre travail.

Il faut que vous me donniez plus de détails,

il faut nous dire où,

nous dire qui,

nous dire comment vous avez tué ces 61 personnes

puisque c'est le chiffre que vous nous donnez.

Ah ben c'est simple.

Sur les 61 meurtres,

j'en ai commis 60 dans le parc de Bitsa

pendant 14 ans.

J'ai fait absolument ce que je voulais,

absolument tout.

J'étais presque comme un dieu.

Et pourquoi avez-vous tué

autant de personnes ?

Vous savez,

sur un échiquier,

il y a 64 cases.

Eh bien je voulais atteindre ce nombre de 64.

Comme être autant de meurtres qu'il y a de cases

sur l'échiquier.

J'y étais presque parvenu.

Les policiers, je dois vous le dire,

à ce moment là, sont un peu sceptiques.

Parce que 61 moins 14,

ils leur manqueraient 47 cadavres.

47 morts

qui seraient passés inaperçus.

C'est pas possible ?

Eh bien si.

Parce que l'autre en face,

il se souvient de tous les meurtres.

Un par un.

Les noms, les dates, les lieux,

ce qu'il a dit, ce qu'il a fait,

quel objet il lui a fiché dans le crâne

et manifestement,

il a envie de raconter.

Ça le fait bicher.

Bichushkin.

Dans la foulée,

les policiers de la criminelle vont fouiller son appartement,

dans un dossier,

il retrouve tout un tas de coupures de presse

sur le maniaque du parc bitsin.

Il trouve surtout un marteau.

Un marteau avec un manche en plastique jaune.

Il examine, au premier coup d'oeil,

pas de traces de sang.

C'est la police scientifique qui devra dire

si c'est l'arme du crime.

Mais l'objet le plus intéressant

saisit au cours de cette perquisition,

c'est le jeu d'échec

de Bichushkin.

Que les policiers retrouvent planqués dans un placard.

Pour chaque meurtre,

il a inscrit un chiffre dans l'une des cases

de 1 à 61.

Il ne reste que 3 cases de vide.

Il dit donc vrai quand il raconte

que son ambition

c'était de cocher toutes les cases

de son échiquier.

Quand elle apprendra ça dans quelques heures,

la presse trouvera un nouveau petit nom

à Bichushkin.

Il deviendra le tueur

à l'échiquier.

Bon, et maintenant,

il faut donc dresser la liste des 47 victimes

dont la police ignorait l'existence.

Et si possible,

retrouver leur cadavre.

Le directeur d'enquête a choisi

stratégiquement une jeune policière

Valéria Shushkova, blonde,

ravissante, pour interroger

Bichushkin là-dessus.

Mais en vérité, ça n'est pas nécessaire.

Ce genre de type

adore raconter ses exploits.

Il se souvient en général de tous les détails

et Bichushkin ne va pas déroger

à la règle. Il a une mémoire

phénoménale.

Et Alexandre Bichushkin est donc

interrogé par la ravissante Valéria Shushkova,

choisi par sa hiérarchie

pour lui tirer les vers du nez.

Ce qui n'est pas vraiment nécessaire d'ailleurs,

puisqu'il parle sans difficulté

de ses crimes en détails.

Et de lui aussi, du pourquoi

et du comment il a tué tous ces gens.

Vous savez,

j'avais l'impression d'être

le père de toutes ces personnes.

Je leur ouvrais la porte vers un autre monde.

Le premier meurtre,

c'est un peu comme le premier amour.

On ne l'oublie jamais.

Vous êtes très proches de la personne.

C'est agréable de la tuer.

Ça procure beaucoup d'émotion.

Aucune trace. Le type a été assassiné.

Il n'est même pas porté disparu.

Les policiers retrouvent son père.

Mon fils ?

Vladimir ?

Il a disparu depuis 2003.

Il est sorti chercher des cigarettes.

Il n'est jamais rentré. Il est vivant.

Vous l'avez retrouvé ?

Ah non monsieur.

Malheureusement, plusieurs raisons nous laissent penser qu'il a été tué.

Depuis trois ans déjà.

Et c'est comme ça pour chaque nom

que livre Pichushkin.

Et là on va s'apercevoir d'une énormité.

Certains de ces cadavres

ont été retrouvés

à l'époque.

Mais pour dix d'entre eux, on a déjà arrêté

et condamné un assassin.

Et oui, ça se passait comme ça à Moscou

dans ces années-là. Quand une enquête

était trop longue, qu'elle ne débouchait

ce rien, et bien on trouvait quelqu'un

pour porter le chapeau. Un brave type

à qui on connaît le meurtre, c'était bon

pour la statistique. La police veille

sur vous.

Dormez en paix.

Et puis il y a le cas particulier

de la 61e victime.

Dites-moi monsieur Pichushkin.

Cet homme de 40 ans dont vous nous avez dit

qu'il s'appelait Slavin, je crois.

Nous l'avons identifié.

Mais il s'est suicidé

en se défenestrant.

Ah !

Mais oui,

Slavin, c'était un sans-abri.

Lui, c'est le seul que j'ai tué en dehors du parc.

Je l'ai amené sur son balcon,

ou je l'ai mis au-dessus du vide, et puis

j'ai passé ses jambes par-dessus le balcon.

Il s'est fracassé en bas de l'immeuble.

Je savais bien que tout le monde croirait un suicide.

En vérité, Pichushkin a

longtemps sélectionné ses victimes

parmi les gens seuls.

Isolés. Du coup, personne

ne s'est vraiment intéressé à leur disparition

ou aux conditions de leur mort.

Il voulait avoir du temps devant lui

pour parvenir à cocher

les 64 cases

de son échiquier.

Pour chaque victime,

on procède à une reconstitution

au parc Bitsa.

Et à chaque fois, tout est filmé en vue du procès.

En Russie, les reconstitutions

ont valeur de preuve.

Mettez-vous sur le mannequin, là.

Comment l'avez-vous frappé ?

J'étais debout ici.

Là, j'ai sorti le marteau.

J'ai couru vers lui.

Je l'ai frappé et il a hurlé.

Comment est-il tombé

sur le dos ?

Ah non, non, sur le côté.

Et ensuite ?

Bah ensuite, je l'ai frappé plusieurs fois au crâne

pour lui briser.

Et puis, j'ai planté la bouteille de vodka.

Au début, je voulais mettre un bâton,

mais ça ne rentrait pas.

Alors, j'ai mis la bouteille.

Et à chaque fois,

il raconte avec les yeux qui brillent.

Trop content qu'on lui pose toutes ces questions.

Trop heureux d'être au centre du jeu.

Mais pour l'instant, on n'a pas retrouvé

le quart des cadavres

des gens qu'il dit avoir tué.

Cet ouvrier, par exemple, il dit qu'il a abandonné

son corps sur place.

Pichushkin désigne un chemin

dans la forêt.

Les policiers le suivent.

Il va précisément au pied d'un arbre.

Un arbre qu'il retrouve tout de suite.

Et il dit

c'est l'arme.

On gratte au pied de l'arme.

Et le corps est là.

Effectivement.

Enfin, ce qu'il en reste.

Il a été dévoré par les animaux.

On trouve des ossements parfaitement propres

tout autour de l'arme.

Mais les gens sont passés à côté.

Personne n'a rien vu.

Mais le temps passe et il manque

toujours 45 cadavres.

Et là, pour la première fois,

on voit Pichushkin qui calme un peu.

Il n'est pas capable de dire où ils sont.

Il est lud.

Et pour cause.

On va découvrir où sont passés ces cadavres

grâce au témoignage d'une survivante.

Une certaine Maria.

Qui vient dire qu'elle a eu affaire

à Pichushkin en février 2002.

Il y a 4 ans.

Qu'elle est une miraculée.

J'étais à la station de métro.

Je pleurais.

Je venais de rompre avec mon ami.

Et ce monsieur est venu me consoler.

Il m'a proposé de boire un verre.

Et puis il m'a emmené dans le parc.

Il a voulu me montrer les égouts.

Il a ouvert une plaque. Il m'a jeté dedans.

J'ai été emporté par l'eau.

Le courant était très fort.

J'ai passé plus de 20 heures là-dessous

avant de réussir de m'en sortir.

C'est un miracle.

Marie aurait dû être emportée

par le flot des égouts de Moscou.

Elle s'en est sorti complètement par hasard.

Dites-moi, monsieur Pichushkin,

les corps qu'on ne retrouve pas

vous ne les auriez pas jetés

dans les égouts par hasard ?

Ah, bravo !

Je vous félicite.

Les égouts, c'était ma technique au départ.

C'est même comme ça que j'ai fait la première fois

quand j'avais 18 ans.

18 ans.

Il a commencé à tuer

à l'âge de 18 ans.

Un de ses camarades de classe,

un certain Holditchuk.

Le plan de tuer tous ces gens.

C'est avec lui,

Holditchuk, que je l'avais imaginé au départ.

Et puis, au moment de passer à l'âge,

il a refusé.

Il m'a trahi.

C'est pour ça qu'il est passé le premier

dans la plaque d'égout du Parbica.

Et le second.

Le second, c'était Mirka.

C'était un gamin de 9 ans, vagabond.

Lui aussi, je l'ai jeté dans les goûts, vivant.

Il n'a pas dû le rester longtemps.

Combien de personnes

avez-vous noyé de cette façon ?

Je dirais 16.

Plus ou moins.

Je peux pas être plus précis.

Il serait peut-être temps

de le montrer à un psychiatre,

ce monsieur Pichushkin.

À un moment donné, bien sûr,

on présente Pichushkin à des experts psychiatres.

Ils vont beaucoup aider

à comprendre le fonctionnement

du personnage.

Il note d'abord qu'il était très doué

pour mettre ses victimes en confiance,

les appâtés.

Je leur parlais, simplement.

Je leur disais ce qu'elles avaient envie d'entendre.

C'était simple.

Ils me parlaient de leur peine,

et souvent, je leur proposais de m'accompagner

dans le parc pour se recueillir

avec moi sur la tombe de mon chien.

Les psychiatres vont permettre aussi

de résoudre un mystère.

Pourquoi est-ce qu'au début,

il balançait les cadavres,

ou les gens vivants, dans les égouts,

et que les derniers temps,

il laissait les cadavres sur place.

Les psychiatres pensent qu'à un moment donné,

il a voulu qu'on parle de lui.

Quand il jetait les cadavres dans les égouts,

c'était des disparus.

Ça ne faisait pas une ligne dans le journal.

Alors que quand il a commencé

à laisser les corps mutilés

par ses bouteilles ou ses bouts de bois

qu'il leur enfonçait dans le crâne,

on s'est mis à parler de lui

le tueur de Bitsa.

À part ça, les psychiatres conclut

que Pichushkin est un pervers

qui prenait sans doute

un plaisir sadique et sexuel

à tuer ses victimes.

Un pervers mais pas un fou.

Donc il est apte à être jugé.

Le procès d'Alexandre Pichushkin

s'ouvre le 13 septembre 2007

à Moscou.

Il est jugé pour 49 des 61 meurtres

qu'il s'attribue.

Dans 12 dossiers, la police n'est pas arrivée

à réunir suffisamment de preuves.

Il est content d'être

la vedette de son procès.

Il assume tout et si besoin,

il en rajoute.

Avez-vous des regrets,

Monsieur Pichushkin ?

Ah bah oui.

Je regrette que vous m'ayez arrêté

si tôt.

J'avais prévu de tuer une autre femme

deux jours après vous m'ayez arrêté.

Le procès se déroule

au rythme de cinq ou six dossiers

de meurtres par jour.

Il les raconte sans négliger de détail.

Pourquoi est-ce qu'il a mis une bouteille ?

Parce que le bâton ne rentrait pas

dans le crâne.

Une bouteille, ça glisse mieux.

On lui demande

pourquoi l'échiquier ?

Pourquoi avoir choisi

de cocher toutes les cases

d'un échiquier ?

Il dit qu'il a choisi cette méthode

comme marque de fabrique

pour marquer les esprits

et pour entrer dans les annales

des tueurs en série.

Le 29 octobre 2007,

le juge Vladimir Usov

prononce la sentence.

La gravité des crimes commis

est du danger représenté par l'accusé

et afin d'établir une justice sociale

et d'éviter d'autres crimes.

La cour vous condamne

à la prison à perpétuité

pour avoir commis des crimes d'une gravité

absolument exceptionnelle.

Le juge se tourne alors vers Pichushkin.

Vous comprenez votre condamnation ?

Bah ouais, ça va,

je suis pas sourd.

Au final, Alexandre Pichushkin

qui voulait être le plus grand tueur

en série de Russie,

n'est reconnu coupable que de 48 meurtres

48 sur les 61 qu'il s'attribue.

Il n'est donc pas

le plus grand tueur en série de Russie.

Ne lui déplaise.

Il n'a pas égalé le record

d'Andreille Chekatilo qui, dans les années 80,

a tué 52 personnes.

Sous-titrage ST' 501

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

Dans les années 2000, des cadavres d’hommes sont retrouvés, semaines après semaines, dans le parc de la Bitsa à Moscou en Russie. Les crânes sont fracassés à coups de marteau…