Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: [BONUS] - 1822, le Dr Castaing, médecin empoisonneur

Europe 1 Europe 1 10/13/23 - 30m - PDF Transcript

Mais réveillez-vous les gars ! Vous n'avez jamais joué aussi mal !

Le sourire là, tu crois qu'il va le garder longtemps ?

Non, au moins trois mois.

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Pensez à covoiturer.

Une affaire criminelle du début du 19e siècle.

L'enquête sur la mort de deux jeunes bourgeois parisiens

qui s'appelaient Hippolyte et Auguste Ballet en 1822 et 1823.

Une histoire restée célèbre sous le titre de l'affaire Castin.

C'est une affaire, je vous le dis tout de suite, absolument extraordinaire,

à un crime totalement maquillabélique.

C'est une histoire que j'ai écrite avec Thomas Houdoir,

réalisation Céline Lebrun.

L'histoire que je vais vous raconter aujourd'hui se déroule à Paris dans les années 20.

À ce moment très particulier de l'histoire

où la France essaye de conjuguer les bienfaits de la monarchie

et ceux de la Révolution.

Le roi Louis XVIII se retrouve à la tête d'une monarchie constitutionnelle.

Je vous dis ça pour que vous connaissiez le contexte,

parce qu'à part ça, mon histoire est éternelle.

Elle se soucie comme de la guigne des choses de la politique.

Elle aurait très bien pu se dérouler quelques années avant sous Napoléon

ou beaucoup plus tard sous Emmanuel Macron,

puisque c'est l'histoire d'un homme qui entue un autre et même deux,

juste pour de l'argent, pour leur soutirer leur fortune.

C'est le plus courant des crimes.

Et si l'histoire a retenu ce crime-là,

c'est parce qu'il se déroule dans la haute chez les fils à papa de la bourgeoisie parisienne

au début du XIXe siècle.

Alors voilà comment ça commence.

Le 1er juin 1823, un jeune homme de bonne famille, Auguste Ballet,

meurt dans son lit dans une chambre de l'auberge de la tête noire à Saint-Cloup près de Paris.

Il est arrivé la veille avec un de ses amis.

Ils ont pris une chambre, ils sont allés se promener, marcher, prendre l'air.

Ils sont rentrés, ils ont dîné à l'auberge, tous les deux.

Ils se sont couchés.

Et l'ami raconte que, dans la nuit, Auguste a été pris de vomissements

et ensuite de coliques.

Et le lendemain, il meurt vers midi et demi.

Mord de quoi ?

Eh bien l'ami a sa petite idée, car il se trouve qu'il est médecin.

Jeune médecin diplômé depuis un peu plus d'un an, mais médecin tout de même.

En mon sens, il est mort du choléra.

Il en avait tous les symptômes, en tout cas.

Quoi qu'il en soit quand, j'ai vu qu'il allait mal.

J'ai fait venir deux confrères.

Ils pourront vous dire dans quel état il était.

C'était horrible.

Et c'est vrai, ça.

Voyant l'état de son ami et se trouvant sans doute trop débutant

pour poser lui-même un diagnostic,

il a fait venir un premier médecin le matin, vers 11h.

Le docteur Pigache, un docteur du coin, qui a prescrit des émolions

et qui est revenu l'après-midi pour tenter une saignée.

Ne voyant pas d'amélioration, c'est lui le docteur Pigache

qui a fait appeler plus tard un docteur de Paris, le docteur Pelton.

Mais quand l'autre est arrivé, c'était trop tard.

Il n'y avait plus qu'à appeler le curé,

qui est venu donner l'extrême onction et Auguste est mort juste après.

À ce stade, si les deux médecins signent le certificat de décès

et rentrent chez eux sans rien dire,

il n'y a pas d'affaires.

Mais comme ils trouvent tous les deux cette mort très étrange,

alors ils préviennent la police.

Bonjour Brigadier, je me présente, je suis le docteur Pigache

et voici le docteur Pelton de Paris.

Nous sommes venus vous voir parce que nos patients viennent très passer.

Le sur Auguste Ballet, qui avait à peine 24 ans,

il est mort à l'auberge de la tête noire et nous avons des doutes.

De sérieux doutes sur les raisons de sa mort.

Des doutes, dites-vous.

Et pour quelle raison ?

Enfin, un garçon en pleine santé qui meurt comme ça d'un coup,

ça n'est pas normal.

Il y a autre chose.

L'ami qui était avec lui.

Il se prétend médecin.

Mais je dois vous dire qu'il a eu un étonnant comportement.

Le jeune Auguste était mourant.

Et bien lui, il allait et il venait.

Il s'est absenté sans cesse.

Il est parti au moins quatre fois.

Et j'ai moi-même prescrit des remèdes.

Il ne lui a pas donné.

Enfin voilà quoi.

Nous trouvons que cela est suspicious et nous avons souhaité vous en prévenir.

Voilà comment ça commence.

Vous allez voir, c'est une affaire magnifique.

C'est de grand art.

Avec une bonne dose de perversité.

Et donc une enquête commence.

Qui consiste d'un mort à reconstituer l'emploi du temps des deux amis

à partir du moment où ils débarquent à l'auberge de la tête noire.

L'aubergiste est interrogé.

Bah écoutez, ils ont passé la journée à se promener.

Sans doute.

Enfin je les ai point vus.

Ils sont rentrés pour dîner.

Ensuite ils sont ressortis.

Ils sont revenus deux heures plus tard et là nous ont commandé une demi-bouteille de vingt-chots.

Vous leur avez servi ce vingt-chots ici ?

Ah non, non.

Ils ont demandé qu'on leur monte dans la chambre.

C'est notre servante qui leur a monté.

Je me souviens qu'ils ont dit qu'il fallait pas rajouter de sucre,

qu'ils avaient leur propre sucre.

C'est pas courant ça.

Mais bon voilà.

Et ensuite vous les avez revus ?

Ah bah oui, dans la nuit.

L'autre là, son ami.

Il nous arrivait il y a quatre heures du matin à le saligo.

Il a dit qu'il avait eu une insomnie.

Il a demandé à ce qu'on lui ouvre la porte.

Il voulait aller se promener.

Quatre heures du matin, dis-vous.

Et à quelle heure est-il rentré ?

Ah bah il est rentré vers les huit heures.

Il a vu que le sur Auguste n'allait vraiment pas bien.

Il nous a demandé d'où l'effroi.

Ma domestique l'a monté dans la chambre et puis...

Il est ressorti longtemps, au moins trois heures.

Et quand il est revenu,

il a demandé qu'on appelle un docteur.

Ainsi donc l'ami du mort s'est absenté plusieurs fois.

Entre le moment où Auguste commence à donner des signes de faiblesse

et le moment de sa mort,

il s'absente quatre fois.

Et pourquoi faire ?

Et qui est-il, cet ami ?

C'est un jeune bourgeois parisien,

un jeune médecin de 27 ans,

aidemait Samuel Castin.

Et il est vraiment médecin,

depuis un an.

Alors pourquoi ne soigne-t-il pas lui-même, son ami ?

Le docteur Pigache raconte par ailleurs que quand il a demandé

qu'on lui montre les évacuations du malade,

ses excréments entremendus.

Il ne les avait plus,

il les avait jetés,

il avait évacué les évacuations.

Très étonnant de la part d'un médecin,

qui doit bien savoir que l'observation des évacuations

est essentielle pour un diagnostic.

En tout cas en 1823.

Tout ça pour dire que d'entrée,

cet ami,

ce docteur Castin,

est suspect.

Et il devient plus que suspect,

qu'en débarque le beau frère du mort,

le beau frère d'Auguste,

le frère de sa demi-sœur,

sa seule famille.

Vous me dites qu'aide-mai Samuel Castin était avec Auguste ?

Juste, si elle.

Vous le connaissez ?

Si je le connais ?

Mais enfin, il était l'ami d'Hypolithe,

le petit frère d'Auguste,

qui est mort il y a quoi ?

7 mois à peine.

Eh oui !

Auguste Ballet avait un petit frère,

Hypolithe,

qui est mort lui aussi,

le 5 octobre 1822,

à l'âge de 24 ans.

Il y a 7 mois à peine.

À l'époque,

il y avait bien eu des gens de son entourage

pour trouver qu'il était mort un peu jeune.

Et bien vite !

Mais il n'y avait pas eu d'enquête,

juste une autopsie

qui avait conclu

à une mort naturelle.

Car Hypolithe Ballet

était physique depuis ses 9 ans.

Il avait la tuberculose.

On a juste pensé

que sa tuberculose s'était aggravée.

Et qui avait accompagné

la lente d'écrépitudes

du jeune Hypolithe Ballet ?

Êt-mai Samuel Castin,

son grand ami.

Avant d'être l'ami d'Auguste,

Castin avait été l'ami d'Hypolithe.

Et Hypolithe est mort dans ses bras.

Et Auguste aussi.

Le hasard ?

Bien sûr que non.

À partir de ce moment-là,

les enquêteurs ont la conviction que Castin

a tué les deux frères.

Mais alors pourquoi ?

Quel pourrait être son mobile ?

Le mobile en commence à l'entrevoir.

Quand on s'aperçoit qu'Auguste et Hypolithe

étaient riches, très riches.

Ils ont hérité

260 000 francs de leurs parents.

C'est considérable.

Ils se sont partagés

le mago familial.

Quand Hypolithe est mort en octobre,

qui a hérité de sa part du mago ?

On a cherché un testament.

On pensait qu'il y en avait un.

Il ne s'entendait pas du tout

avec son frère Auguste.

On disait qu'il avait légué toute sa fortune

à sa demi-seure.

On l'a cherché, ce testament.

On l'a pas trouvé.

Dis paru.

Et donc, en l'absence de testament,

c'est Auguste qui a hérité.

Auguste, qu'on vient de retrouver

Redmore à l'auberge de la Tête Noire,

où il prenait du bon temps

avec son ami le docteur Castin.

Vous commencez à entrevoir

le scénario qui se profile ?

C'est du billard à trois bandes.

C'est un crime d'ogénie.

Le jeune docteur Castin tue son ami Hippolyte,

puis il devient le grand ami

de son frère Auguste qui hérite

et il le tue à son tour.

Il ne manque qu'une seule pièce du puzzle.

Qui hérite d'Auguste maintenant

qu'il est mort ?

Il semble qu'il y ait un testament.

Alors, alors.

En attendant que le notaire

ouvre ce testament, on en apprend

il est sur le docteur Castin.

Il est sans le sous.

Il est médecin, certes,

mais il n'a pas de patient.

Il paraît qu'il ne soigne que les pauvres.

Le problème, c'est qu'il a charge d'âme.

Un jour, il est allé

au chevet d'une patiente, une veuve.

Il s'en est amouraché et il lui a collé

deux marmots, une veuve.

Je peux vous dire que dans ces années-là,

c'était très mal vu.

Dans une lettre

à sa femme, juste avant cette affaire,

il écrit,

j'aimerais t'offrir une existence

digne d'une âme comme la tienne.

J'ai ainsi grand besoin que la fortune

me favorise.

Il a besoin d'argent.

Le mobile se précise.

Alors maintenant,

j'ai pris le notaire

et assistons à l'ouverture

du testament d'Auguste Ballet,

ayant lui-même hérité de son frère.

Le notaire est en train

de décacher l'enveloppe.

Bien.

Je fais lecture du testament.

Quoiquant parfaite santé,

je peux mourir d'un instant à l'autre

par maladie ou par accident,

par conséquence.

De mon plat gré,

j'institue pour mon seul et unique héritier

et légataire universel.

Monsieur Edmé Samuel Castin,

docteur en médecine.

Voilà la dernière

pièce du puzzle.

Le docteur Castin et l'héritier

d'Auguste Ballet, son ami,

qui fut lui-même l'héritier de son frère Hippolyte,

son ami aussi.

Et vous voulez savoir le pire ?

C'est le testament d'Auguste en faveur

de son ami Castin.

Et signé du 29 mai 1823,

la veille de sa mort.

Salaud de Castin.

Pour boucler cette enquête, il reste

à répondre à une question.

Comment les as-ils tués tous les deux ?

L'un après l'autre.

Et ça, ça passe par une deuxième question

restée en l'air, jusqu'ici.

Pour quelle raison

est-ce que le docteur Castin,

diplômé de la faculté de médecine de Paris,

n'avait pas de patient,

n'avait pas de cabinet,

n'avait pas de revenu ?

Eh bien, c'est qu'il avait autre chose

à faire.

Quand on lui demande pourquoi il n'a pas d'argent,

en général, voilà ce qu'il dit.

Eh bien, c'est fou.

Si le docteur Castin n'a pas de patient,

c'est parce qu'il a une autre maraute

qui lui prend tout son temps.

Il fait des expériences.

Le docteur Castin est un chercheur.

Quand on va perquisitionner chez lui,

on tombe sur un laboratoire,

des fioles,

des tumas essaies, des flacons.

Le docteur Castin

est un spécialiste

des poisons.

C'est pour ça qu'il n'a pas le temps

de voir de patient.

Et en fouillant chez lui, on trouve des centaines

de cahiers dans lesquels sont consignés

toutes ces expériences.

Et en l'élisant, on s'aperçoit

qu'il a une fixette.

Les poisons qui ne laissent pas

de traces.

C'est ça le cœur de ses recherches.

C'est sonique, par exemple.

Ça laisse des traces.

À l'autopsie, ça se voit.

Lui, s'intéresse à des poisons fiches et tout.

Comme la morphine, par exemple.

La sétate de morphine qui vient du pavot.

Et qui serait invisible à l'autopsie.

Sacré coco.

C'est écrit dans l'un de ses cahiers.

Regardez, là.

Il a mené des expériences sur des chiens.

Il les a empoisonnés à la sétate de morphine.

Puis disséqué à la recherche de traces.

Il a fait ça aussi avec des chats.

Et, d'après ce qu'il écrit,

les résultats étaient très encourageants.

Alors, a-t-on retrouvé du poison,

des traces de poisons,

dans le corps d'Auguste ?

On a fait une autopsie, bien sûr.

C'est le docteur Balzac de Saint-Cloud qui s'en est chargé.

J'ai son rapport sous les yeux. Je vous le lis.

Rien ne peut appuyer la présomption

que les accidents qu'a connu la victime

étaient produits par l'emploi

d'un poison végétal.

On a montré en tout ce cadavre

à près de dix médecins.

Tout ce qu'ils savent dire, c'est...

Il est mort sans nul d'autre

d'une congestion cérébrale.

Ah bon ? Mais provoqué par quoi ?

Vous savez,

les phénomènes cadavériques observés

sur le corps de M. Balé

se rencontrent très fréquemment

dans les cadavres d'individus

morts de maladies.

Il n'y a rien de différent.

Est-ce que les poisons végétaux

tels que l'acétate de morphine

pourrait provoquer une congestion cérébrale ?

Oui, oui.

Trois poisons peuvent produire

de tels effets cadavériques.

À ma connaissance, il y a l'hémétique.

Il y a effectivement l'acétate de morphine

et il y a la strictenine.

Mais vous ne pouvez pas affirmer

qu'on a employé l'un de ces poisons

pour le tuer, n'est-ce pas ?

Non. On a pu en employer.

C'est une maladie. Seulement une maladie.

Le docteur Castin aurait-il découvert

le poison parfait,

le poison imparable,

le poison qui ne laisse pas de trace ?

C'est possible. C'est même très probable.

Mais pour l'instant,

on manque de preuves.

Les policiers font alors le tour

de paris et ils tombent

sur le pharmacien Kellus.

Bonjour docteur.

Avez-vous vendu ces derniers temps

de l'acétate de morphine ?

Ah oui, oui.

Ça n'est pas si courant,

mais nous en vendons.

Laissez-moi voir mes registres.

J'ai vendu dix grains

d'acétate de morphine le 18 septembre

de l'année dernière.

Hein ?

Avez-vous gardé une trace

du destinateur ?

Oui, oui, oui.

J'ai une ordonnance.

Une ordonnance du docteur Edmé Samuel Castin.

Trois semaines.

Trois semaines avant la mort

d'Hypolyde Ballet,

il achète de l'acétate de morphine.

Ah ! Attendez,

je lui ai aussi délivré de l'acétate

au mois de mai de cette année.

Oui, oui, oui.

Au mois de mai ?

Auguste est mort le 30 mai.

Et lui, alors ?

Edmé Samuel Castin,

qu'est-ce qu'il dit de tout ça ?

Lui, il joue les vierges et farouchés.

Je suis chercheur, voilà tout,

et les poisons ne sont qu'une partie

de ma recherche.

Il est normal de travailler

sur les marques que font les produits

sur le corps, non ?

Vous n'avez pas empoisonné

les frères Ballet ?

Mais pas du tout.

Ils sont morts tous les deux de maladies.

Edmé Samuel Castin va s'accrocher

à cette position jusqu'au bout.

Il n'y aura rien d'autre à en tirer.

Alors on fouille, on fouille encore

et on tente de remonter

le chemin des héritages.

En recoupant les témoignages,

les policiers découvrent un scénario

absolument abject.

Ils trouvent plusieurs témoins,

des domestiques, des amis,

qui jurent qu'Hypolyde,

avait fait un testament.

Il m'en avait parlé.

Il me l'avait montré, je l'ai vu.

Il désignait sa sœur

comme légataire universel.

Il ne souhaitait pas léguer sa fortune

à son frère Auguste, qu'il n'aimait pas

depuis l'enfance.

Or ce testament, vous vous souvenez

qu'on ne l'a pas retrouvé ?

Eh bien c'est Castin qui l'a subtilisé.

Mieux que ça.

Le corps de son ami, Hypolyde, était à

Penthiède. Castin a pris contact

avec Auguste pour lui monnailler

le testament.

100 000 francs.

On a retrouvé 70 000 francs

sur son compte en banque et 30 000

sur celui de sa mère.

Et des tas de gens racontent qu'à partir

de ce moment-là, le docteur a changé

de train de vie.

On a aussi trouvé une lettre d'Auguste

qui réclame la somme à son banquier.

Je vous annonce avec la plus grande peine

que je viens de perdre mon frère.

Je vous écris aussi que j'ai absolument

du même. Si cela est possible,

j'en ai le plus grand besoin.

C'est pas joli, joli.

Mais les deux hommes

avaient à ce moment-là un intérêt

commun. Auguste

écartait de l'héritage de son frère

récupérer le pactole, pas vu pas pris,

et Castin, ma foi,

faisait avancer son plan.

Maintenant, il pouvait passer à la suite.

Il pouvait s'occuper d'Auguste.

Machiavélique.

L'enquête se termine.

Et voilà donc le scénario des crimes

retenu par le procureur Bélar

après avoir entendu des dizaines

et des dizaines de témoins

au cours de l'enquête qui a duré

cinq mois.

Le docteur Castin est d'abord

l'amie dipolite qu'il a connue

à l'université.

Il est aussi son médecin.

Et la santé dipolite se dégrade d'un coup.

Il meurt en quatre jours

et pendant ces quatre jours,

le docteur Castin est omniprésent

à ses côtés. 24 heures

sur 24. Il le choie,

il le dorlotte, il déjeune

et il digne avec lui.

Et en vérité, il empoisonne

à petit feu.

Hipolite meurt.

Quelques minutes après sa mort,

le docteur Castin envoie une missive

aux frères du défunt, Auguste.

Il lui propose de lui vendre

un testement qui le déshérite,

100 000 francs. Auguste accepte.

Il donne l'argent à Castin

et dans la foulée, il hérite

de son défunt frère.

À partir de ce moment-là,

Castin se débrouille pour devenir

immédiatement l'amie,

le grand ami d'Auguste.

En quelques semaines, il devient si proche

que l'autre le désigne

par testement comme étant son héritier.

Il n'en a fallu, de la fourberie

pour arriver à ça.

Frèrement à Hipolite, Auguste n'est pas malade.

Il est jeune. Il a 24 ans.

Il n'a aucune raison

de rédiger un testement.

Castin déploie des trésors

de persuasions pour le convaincre.

Auguste rédige d'abord

un testement holographe

qui traîne chez lui dans un tiroir.

Et finalement, il va le déposer

chez un auteur le 29 mai 1823.

Le lendemain, 30 mai,

Castin lui dit

« Mon cher Auguste,

que dirais-tu que nous allions passer quelques jours à la campagne ?

Ah mais c'est une merveilleuse idée, mon ami.

Je connais une petite auberge

où nous serons fort bien.

Il s'agit de l'auberge de la Tête Noire

à Saint-Clou.

Allons-y dès ce soir.

Ils y vont en voiture à cheval.

Ils arrivent à l'auberge.

L'aubergiste leur donne une chambre à deux lits.

Le lendemain, ils se promènent

tous les deux toute la journée.

À l'auberge et vers neuf heures du soir,

Castin demande à l'aubergiste.

Aubergiste !

Soyez gentils de nous monter du vin chaud.

Mais n'y mettez pas de sucre.

Nous avons apporté le nôtre.

Ça, c'est une astuce.

C'est un prétexte

pour sucrer le vin chaud, lui-même.

Et il glissait à l'occasion

le poison.

Problème.

Ce poison, sans doute de la sétate de morphine,

est très amère, très amère.

Les humains rajoutent du citron

pour dissimuler l'amertume.

Mais du coup, le brevage est infect.

Oh, mon ami !

Quel horreur votre boisson !

Vous avez mis trop de citron.

Enfin, c'est infect. Je ne peux pas le boire.

Rater.

Auguste n'emboît qu'un demi-verre.

Suffisamment pour le rendre malade,

mais pas assez pour en mourir.

Et là, le bon docteur

n'a plus de poison pour finir le travail.

Du coup, vers quatre heures du matin,

il se lève, il se fait ouvrir

la porte de l'auberge,

il dit qu'il va se promener, il ment.

Il prend une voiture à cheval

et il se rend à Paris.

A huit heures pétantes,

il entre dans l'officine du pharmacien Robin

aux cinq de la rue de la Feuillane.

Bonjour.

Voici une ordonnance que j'ai pour de l'émétique.

Il m'en faudrait douze grains, s'il vous plaît.

L'employé de la pharmacie rechigne un peu.

Mais c'est que douze grains, c'est beaucoup.

Puis je vous demandais quel usage vous comptez en faire.

C'est pour faire un lavage, selon la méthode

du docteur Castin.

L'employé ne connaît pas,

alors il les lui donne.

Castin est venu chercher du poison

pour finir le sale boulot.

Et ensuite, il va toquer

à une autre pharmacie, place du Pont Saint-Michel.

La pharmacie du docteur chevalier

qu'il connaît un peu.

Bonjour, chers messieurs.

Bonjour.

Auriez-vous la mabilité de me délivrer

un demi gros d'acétate de morphine ?

Ah !

Mais c'est une sacrée quantité, docteur.

Comme vous le savez, je me livre

à des expériences sur des animaux.

Castin obtient alors

ce qu'il demande.

À ce moment-là, il aille un cabriolet

et toutes brides abattues,

il retourne à l'auberge de la tête moire.

Ah !

Mais voilà, de retour de ma promenade.

Comment va mon ami Auguste ?

Il est dérangé.

Il va pas bien, hein.

Je vais m'en occuper.

Soyez gentil de monter du lait froid.

Je vais lui en donner.

On lui montre le lait froid.

Castin églisse une nouvelle dose de poison,

sans doute un mélange

d'acétate de morphine et d'hémétique.

Et en quelques minutes,

l'autre se met à vomir

tripéboyo.

Il quitte de nouveau la chambre.

Où va-t-il ?

On pense qu'il va planquer

le reste du poison, car il est méfiant.

Il revient

et il constate que son ami Auguste

est très mal, mais qu'il n'est toujours pas mort.

Et donc, il ressort,

il va rechercher un peu plus de poison.

Il revient,

il l'administre, se rabbe de poison

à Auguste, à la cuillère,

semble-t-il.

Et ensuite, il fait tout un cirque,

un médecin, et quand le docteur Pigache

prescrit des émolions, il l'aumait

de lui donner.

Il fait enfin venir un curé

pour lui donner l'extrême onction.

Et là, il fait tout un cinéma.

Il pleure niche, il chémi.

Mon pauvre ami Auguste,

quelle malédiction,

quelle malédiction,

quelle triste destin, enfin,

mourir si jeune.

Et Auguste

finit par passer l'arme à gauche.

Voilà donc le scénario des deux crimes,

tel qu'il résulte de l'enquête

de cinq mois conduite par le procureur

Bella.

Il n'y a pas de preuves, c'est vrai.

Que les frères Ballet ont été empoisonnés,

il n'y en a pas. Mais il y a suffisamment

d'éléments concordants pour renvoyer

le docteur Castin devant

une cour d'assises.

Mesdames et messieurs,

la cour.

Le procès d'admets Samuel Castin

s'ouvre le 10 novembre 1823

devant la cour d'assises de la Seine.

Soyons clairs,

il risque l'échafaud.

Faites entrer l'accusé, je vous prie.

Et Castin apparaît.

Petit, râblé,

vêtue de noir, apparemment calme.

Castin, je vous l'ai dit,

ni depuis le début de l'enquête.

Au procès, il continue de nier

même les évidences.

Monsieur Castin,

vous vous levez à quatre heures du matin

pour vous rendre à Paris.

Où vous achetez successivement

de l'acétate de Morphine

et de l'hémétique chez deux pharmaciens.

Pourquoi faire, monsieur ?

Eh bien,

il y avait des chats qui ont poisoné

la vie de l'auberge.

Ils faisaient tellement de bruit

que nous ne pouvions pas dormir.

Je suis donc allé acheter du poison

pour en débarrasser l'auberge.

Le procès dure six jours.

Le président de la Cône d'Assises

fait défiler 93 témoins.

Les jurés se retirent

pour délibérer pendant deux heures.

C'est beaucoup pour l'époque.

Mais ils butent sur un manque de preuves,

notamment au sujet de la mort du politique.

Il était f'tisique, il était tuberculeux,

comment être certain qu'il est morant poisoné

et pas tout simplement de maladies.

Il décide donc d'acquitter

le docteur Castin du meurtre

d'hypolithe Ballet.

Mais concernant le vol du testament

et l'empoisonnement d'Auguste,

ils n'ont aucun doute.

La cour,

vu la déclaration du jury,

vu les articles 439,

301 et 302 du code pénal,

condamne le docteur

Edmé Samuel Castin

à la peine de mort.

Le président se tourne alors vers Castin

et lui demande de commenter sa peine.

Il tente néanmoins de se pourvoir en cassation,

demande rejeté.

L'exécution est programmée pour le 6 décembre 1823.

L'exécution est programmée pour le 6 décembre 1823.

Quelques jours avant,

Castin réclame qu'on lui fasse porter

une montre en prison.

Une montre de famille à laquelle, dit-il,

il tient beaucoup.

Le directeur de la prison méfiant

examine la montre sous toutes les coutures.

Et vous savez ce qu'il trouve,

planqué dans une double épaisseur ?

Du poison !

Le docteur Castin a voulu s'empoisonner

à la guillotine en vain.

Le samedi 6 décembre,

on le réveille à 7 heures du matin.

Il écrit une longue lettre à sa maîtresse,

la veuve.

Il se confesse très longuement auprès de la bémontesse.

Il avale un potage.

Il boit du vin.

Et à 2 heures de l'après-midi,

on le conduit en place de grève.

On l'attente une petite foule,

venue assister à son exécution.

On le hisse sur l'échafaud.

Pendant 4 minutes,

à genoux,

à 2 heures et 25 minutes,

le couperet tombe.

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

En novembre 1823, le médecin Edme-Samuel Castaing est soupçonné d’avoir empoisonné les deux frères Ballet pour leur soustraire leur héritage…