Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Benjamin Cau, la réduire au silence
Europe 1 9/30/23 - 37m - PDF Transcript
En mai 2020 à Lyon, Benjamin Cotus a voisine de palier d'un coup de couteau et son mobilité
incroyable. Elle fêtait la fin du confinement. Il ne supportait pas qu'elle fasse du bruit.
Ouvrons ensemble la Côte B du dossier d'instruction de Benjamin Cotus.
Dans le système judiciaire français, le dossier d'instruction contient un sous-dossier appelé
Côte B. Il rassemble les rapports des experts psychiatres, psychologues et de l'enquêteur
de personnalité. Ouvrons l'un de ces dossiers.
Le 16 mai 2020 à Lyon, Benjamin Cotus 39 ans appelle la police. Il est excédé.
« J'en ai marre. J'en peux plus du bordel qu'il faut d'au-dessous. C'est toujours chez Romain.
J'en ai marre. Vous comprenez ? Je vous ai déjà appelé. Hits au foin. Vous pouvez faire quelque
chose pour qu'il se taise. C'est pas parce que c'est la fin du confinement que les gens peuvent
se permettre de faire n'importe quoi. Si vous faites rien, ben, je m'en charge. »
Quelques minutes plus tard, ce sont les amis de Romain qui appellent les pompiers.
« Pompiers, j'écoute. » Il y a un voisin qui a planté un coute-couteau dans la chambre de ma copine.
« Vous pouvez venir, s'il vous plaît. On est dans le troisième à Lyon.
« Et est-ce qu'elle saigne ? » « Oui. Oui, ça saigne encore.
« Ok, vous prenez un âge. Vous appuyez sur la plaie. Et vous la stimulez. Vous la stimulez.
Vous appuyez très fort sur la plaie. Mettez-le et les jambes en air. Les pompiers sont en route. »
La vie sociale va reprendre, donc, mais là encore progressivement. Il sera
nouveau possible de circuler librement, sans attestation. Au fond, ce que je vous propose de
rétablir, c'est un régime de liberté dans lequel nous devons fixer des exceptions.
« C'est une super nouvelle. Ça va nous faire tous plaisir. Ça va nous tous nous réchauffer le
cœur de nous retrouver. Une bière de la musique, quelques amis. C'est la soirée
importante, la soirée des retrouvailles. Ça fait du bien de se dire que maintenant, c'est apporté.
» C'est le moment où on s'est déconfinement. Je suis sur ma terrasse dehors et je vois
apparaître le nom de mon ami. « Jean-François Julien, avocat de la famille de Roman Dufour. »
Et puis, c'est le choc. Et là, vous avez tout qui tombe sur les épaules. C'est dur de passer
en fait d'un moment où vous êtes heureux de retrouver des amis, des déconfinements, etc.
à une masse qui tombe sur vous, en pensant qu'il y a des gens qui sont en train d'assister et d'attendre
la mort de leurs filles. Puis, on a envie de les assister, on a envie de les soutenir.
« Roman Dufour a reçu un coup de couteau dans l'arter il y a qu'à gauche. Pronostique
vitale, incertain. Après deux jours d'hospitalisation, Roman Dufour décède. Elle avait 21 ans. »
Je peux vous dire que c'était une chape de plo qui tombait sur le cabinet. Et lorsque la
maman de Roman m'a appelé pour me dire « c'est fini », je peux vous garantir que dans le cabinet,
ça a été un silence pendant un long, long, long moment. On a eu beaucoup de mal à digérer le décès
de cette jeune fille. D'habitude, il n'y a pas trop d'affectes. On met de la distance,
même si évidemment, c'est difficile pour un avocat. Là, le problème, c'est qu'on n'enlève pas
l'affecte. Et ce que vous pouvez expliquer plus ou moins froidement à des gens qui sont des clients,
l'homme d'un du cabinet, c'est beaucoup plus difficile de l'expliquer à des gens qui, d'abord,
vous connaissez, qui sont en plus d'une gentillesse extraordinaire. C'est l'un des drames de la fin du
confinement, un homme de 38 ans a tué sa voisine d'un coup de couteau. En garde à vue, il aurait
indiqué qu'il ne supportait plus les bruits qui provenaient de l'appartement de sa voisine.
Cet homme est inconnu des services de police et il n'a aucun antécédent judiciaire.
Pourquoi est-ce que vous l'avez tué ? J'en pouvais plus de ces bruits. Alors,
je voulais que ça cesse. Et pour les faire peur, je suis descendu avec un couteau de cuisine,
j'ai tapé à la porte, j'ai crié, j'ai été énervé. Elle m'a ouvert, j'ai avancé vers elle.
Le couteau s'est enfoncé en elle. Elle a dit que j'étais fou. Enfin, je ne sais plus quoi.
Mais je pense que c'est ce qu'elle a dit. L'auteur des fées est quelqu'un que l'on ne remarque pas.
Éric Mazo, avocat général. Un voisin extrêmement discret, presque passe muraille.
Bonjour, bonsoir. Et il y a quelque chose de terrifiant ou de glaçant,
de considérer que ce voisin puisse sortir de chez lui, sonner à votre porte, vous plantez un couteau
jusqu'à la garde dans le corps, menacer vos amis, rentrer chez lui et ensuite nettoyer le couteau,
le reposer à l'endroit où il était dans le tiroir de la cuisine et reprendre une partie de scrabble
là où elle était commencée. C'est ériciant.
Je me suis dit que ce n'est pas possible. Lorsque je lisais ça, je me disais ce type.
Il y a un problème psychiatrique derrière extrêmement important et j'avais commencé d'ailleurs à préparer
un petit peu la famille de Roman en disant, écoutez, la façon dont ça s'est commis,
je m'interroge sur la responsabilité pénale. Je me suis vraiment interrogé sur la responsabilité pénale.
C'était au début vraiment de mon exercice et je faisais encore à cette époque-là des permanences gardes à vue.
Je me souviens avoir eu la coordinatrice garde à vue, donc c'est un autre avocat qui coordonne un peu
l'action des avocats qui interviennent en garde à vue, qui m'a dit qu'on est sur un truc un peu gros,
si tu veux prendre le dossier, donc bien évidemment j'ai accepté et je me suis rendue immédiatement en garde à vue.
Quand on rencontre toute personne qui est placée en garde à vue, on se trouve dans un bureau bien évidemment assez confidentiel.
Il n'y a rien d'autre qu'une table et mes affaires personnelles si j'ai besoin de quoi noter, etc.
On a le droit d'un entretien de 30 minutes avec la personne gardée à vue, donc parfois ça se déroule en 5 minutes
parce qu'il n'y a pas grand chose à dire. Et c'est rare quand j'utilise les 30 minutes aussi,
mais je pense que lui on a bien mis 30 minutes, voire même peut-être un peu plus,
parce que parfois ils accordent 3 minutes en plus, mais je pense qu'on a bien mis 30 minutes à s'entretenir pour avoir le temps de se comprendre.
On se demandait un peu qu'est-ce que cet homme faisait ici. Parfois on arrive à comprendre
de par le comportement ou de par les gestes ou la parole, mais on arrive vite à voir si c'est complètement fou ce qui se passe ou pas.
Et là ça l'était complètement parce que justement il était beaucoup replié sur lui-même.
Dès qu'il a essayé de s'exprimer, il bégaillait et vraiment il a des troubles visuels.
J'ai vite compris, avant même qu'il me le dise et que je mesure l'ampleur, qu'il ne me voyait pas forcément,
qu'il ne me discernait pas exactement, à part savoir que j'étais une femme parce qu'il m'entendait,
je pense qu'il a mis du temps après à me reconnaître à savoir qui j'étais.
Normalement, c'est deux genoux ayant été atteints.
Ça se voit qu'il n'a pas de simples lunettes pour corriger un petit handicap visuel.
Et en fait on était dans la période Covid encore.
Il est surveillant, donné à tous les détenus qui rentraient dans le parlorabocat des petites lingettes pour s'essuyer les mains.
Et il s'est essué les mains et il voulait jeter cette lingette dans la poubelle qui était vraiment,
enfin c'était le seul objet dans la pièce dans laquelle on était.
Et j'ai compris qu'il ne voyait absolument pas la poubelle dont on lui parlait qui était assez grosse,
qui avait un sac noir en plus donc assez visible.
Et là je me suis dit d'accord, je comprends qu'il ne voit absolument rien.
Parce que j'ai dû du coup apporter la poubelle à hauteur de sa vue à lui et à 2 cm de son visage.
Et après je l'ai vu aussi son handicap parce que tant qu'il ne m'entendait pas à parler,
il ne savait pas qui venait le voir.
Alors dites-moi Monsieur Co.
Quels sont vos souvenirs de ce soir où vous avez tué cette jeune femme ?
Bien maître.
Il faisait trop de bruit.
Donc j'ai pris un couteau pour leur faire peur et je suis descendu les voix.
En arrivant devant la porte j'ai sonné.
Une personne a ouvert, je pense que c'était une femme mais j'en suis pas sûr.
Je vois pas bien.
C'est pas évident nous voir pour moi.
Je vais demander d'arrêter tout ce bruit insupportable.
Et en même temps, bah je avanceais avec le couteau.
J'ai pas réalisé que le couteau entrait dans cette fille.
Je l'ai pas vu.
Je l'ai pas senti.
L'expert judiciaire ORL.
Eric Mazo, avocat général.
Il nous a indiqué qu'il était faux de considérer que les déficients visuels
avaient pour habitude de développer d'autres sens et en particulier celui de Louis.
Ça c'est une réflexion du commun mais pas du tout pour cet expert
qui explique que ça n'a strictement rien à voir
et que Monsieur Benjamin Co au contraire souffrait également d'une légère surdité.
Ceci étant dit, on n'a relevé aucune particularité chez l'intéressé au niveau des capacités auditives.
Donc aucun trouble de l'audition, susceptible de provoquer des réactions violentes.
On n'a aucun phénomène de type hippo-acousie, de type accouphaine.
On est même allé chercher, j'ai posé la question de la haine du bruit,
parce que l'on appelle la misophonie et c'est un phénomène psychique ou neuropsychique.
Ce type de générer une telle violence, elle m'a dit non pas du tout, nous étudions.
Également, bien que ce soit du ressort de la psychologie, ces phénomènes de misophonie
et Monsieur Benjamin Co n'en est pas atteint.
La voisine du Tsu faisait bien du bruit ce soir-là.
En revanche, il est le seul voisin à dire que ce bruit était insupportable.
Les autres disques cet temps font sonore par incommodant.
Il n'a pas de délire persécution, il n'invente pas le bruit. Le bruit, il est bien réel.
Dr Jean Canterino, expert psychiatre.
Il ne pense pas que les voisins font un complot pour lui gâcher sa vie.
Vous voyez, il n'y a pas d'éléments délirants.
Pour moi, il n'y avait pas d'altération du discernement, ni d'abolition.
Parce qu'il n'y a pas de pathologie psychotique, ce n'est pas quelqu'un qui est traité
parce qu'ils offrennent, il n'y a pas de délire persécution.
Code B12, expertise psychologique de Xavier Renault.
Benjamin Co déclare avoir pris connaissance de son passage à l'acte une fois retourné chez lui.
Il nous dit, en remontant chez moi, j'ai vu qu'il y avait du sang sur le couteau,
je ne l'avais pas vu avant.
Alors j'ai lavé le couteau et je me suis assis pour me détendre et faire un scrap sur l'ordinateur.
C'était un immense soulagement d'avoir enfin le silence.
La musique était coupée.
C'était un soulagement incroyable.
Il parle, on va dire, normalement, même si le terme est normal, à mauvaise presse,
en revanche, ce qui est très étonnant, c'est la distance entre ce qui raconte de façon factuelle,
parce qu'il y avait du bruit, là quand même tu es quelqu'un,
et il raconte ça comme si c'était un litige banal.
Il y a un contraste qui est tout à fait saisissant entre finalement la normalité de son expression
et la normalité, mais avec un apostrophe, de ce qu'il a fait.
Et ça, ça c'est pas normal.
Il est très désaffectivé, très froid pour parler plus simplement.
On peut un peu le comparer à un ordinateur si on veut.
Est-ce que c'est possible de fonctionner comme ça et d'aller bien ?
Oui, jusqu'à un certain point.
Mais le plus probable c'est qu'un jour tout ça se casse la figure.
Et que ça se casse la figure soit sur le mode de la dépression, soit sur le mode du passage à l'acte.
Chez Monsieur Co, ça a été sur le mode du passage à l'acte.
Chez Monsieur Co, le tout système, le château de carte s'est effondré au moment des faits.
Il n'est pas capable d'être en relation avec les autres.
Oui, mais les autres, ils existent.
Code P-12, Expertise psychologique de Xavier Renault.
Benjamin Co présente une personnalité clivée, marquée par d'importantes défaillances narcissiques et identitaires.
Il présente également d'importants troubles de la relation et de la socialisation,
associés à une forte introversion et des difficultés de discrimination et de perception
de ses propres vécues émotionnelles et de ceux d'autrui.
Monsieur Co, c'est une personne qui ne peut pas, je dirais, être en relation avec les autres.
Il n'y arrive pas.
Et la meilleure preuve, c'est que quand je le vois, il a 39 ans, il n'a jamais eu de rapports sexuels.
Il n'a pas de vie affective. Je pense qu'il n'a pas de vie amicale.
Alors, ne me demandez pas à partir de quel âge l'entrée dans la vie sexuelle est tardive,
ça je ne pouvais pas vous le dire, mais 39 ans, il y a un problème.
C'est-à-dire, c'est quelqu'un qui est isolé.
Alors, on fait souvent le procès aux psilles de tout ramener au sexe,
mais peut-être parce que tout simplement, ils sont plus francs que les autres.
Le sexe, c'est très important, la vie sexuelle.
On peut avoir une vie sexuelle épanouie que lorsqu'on est suffisamment mature.
Il faut avoir suffisamment grandit que ça son psychique.
C'est donc très important.
C'est le stade ultime du développement.
Et quand un psychiatre ou un psychologue parle de sexualité,
il ne parle pas que de l'acte, il parle aussi et surtout d'ailleurs de toute l'affectivité.
On peut penser que le confinement allait dans le sens de se replier
ou de cette impossibilité à être en contact avec les gens
et que ce bruit l'a amené sous le nez une réalité qu'il ne peut pas gérer.
En plus, c'était une fête tout à fait sympathique.
C'est-à-dire, il y avait aussi, on peut-être ici imaginé,
qu'il y avait quelque chose qui n'était pas supportable.
C'est des gens qui, eux, savent se faire plaisir.
Parce que lui, il ne sait pas faire sauf de façon très intellectuelle
avec le scrabble et les échecs.
Il y avait peut-être aussi ça, eux, ils arrivaient à se faire plaisir.
Moi, je ne sais pas faire.
En plus, les échecs, ça a quelque chose de très impersonnel.
Si vous faites le bon calcul, ça marche forcément.
C'est le contraire de ce qui se passe dans la vie.
Chez lui, c'est finalement l'univers où il joue.
Attention, chez M. Benjamin Cole, je n'ai aucune dimension ludique.
C'est une discipline qui exige silence et concentration,
échecs et scrables.
Donc, les autres, ce sont ceux qui font du bruit.
Benjamin Cole était un contrôleur de gestion à la vie austère.
Avant le confinement, il côtoyait uniquement ses collègues de travail
et les membres de ses clubs d'échecs et de scrables
à la moyenne d'âge canonique.
Son appartement, c'était l'appartement d'un célibataire.
Qui n'avait pas d'apétence particulière pour peut-être la décoration.
C'était extrêmement bien rangé, à son habitude.
Mais c'est surtout ça qui marquait que c'était très rangé.
Moi, j'ai vu des photos, évidemment, de cette immeuble
et notamment le tiroir de la cuisine
dans lequel il avait rangé l'arme du crime après l'avoir nettoyé
et là aussi encore quelque chose de glaçant
dans la mesure où l'arme rejoignait les autres instruments de cuisine
qui étaient rangés.
Les cuillères, trois cuillères,
étaient enchacées les unes dans les autres.
Les fourchettes, trois fourchettes,
étaient posées sur le dos, les pointes, à l'envers.
Les couteaux, trois couteaux,
étaient déposés la lame sur le même côté
et se dire que l'arme du meurtre
était reposée dans ces conditions si précises
Avant que l'on reprenne une partie de Scrabble,
c'est très impressionnant.
C'était véritablement un univers millimétré.
Pas de superflux, aucun superflux, aucune décoration.
Monacal, enfin sparsiate, plus exactement.
Rien de ressorté de particulier sinon les trophées
gagnaient au Scrabble et aux échecs.
Expertise psychologique du Xavier Renault
Benjamin Co présente dans tout son parcours
une incapacité à mettre en forme et à traiter
la conflictualité et l'agressivité.
Il souffre d'une grave problématique d'affirmation de soi,
en particulier dans ses relations à Autrui
et dans l'expression de ses désirs et de son mécontentement.
On peut penser que les faits apparaissent
comme la première tentative d'affirmation
conflictuelle et agressive de Benjamin Co.
La violence de la décharge par l'acte
semble ainsi le produit d'une accumulation de frustration.
Son histoire personnelle, on la connait finalement
que très peu parce qu'il était assez taisant sur ça
tout le long de l'instruction
parce qu'il considérait que son histoire personnelle
n'avait absolument aucune influence sur les faits
et qu'elle n'intéressait personne et il se demandait
un peu pourquoi on venait lui poser ces questions-là.
L'avocate que je suis lui rappelait que c'est parce qu'il fallait
pour bien juger quelqu'un prendre en considération
sa vie et son évolution.
C'est un enfant qui a été adopté à 6 ans.
Dr Jean Canté-Rinou, expert psychiatre
Avant ça, il vivait en Corée.
Après l'adoption, on ne trouve aucun élément traumatique.
Avant l'adoption, on ne sait pas.
On ne sait pas parce que, et je pense que c'est vrai,
il dit qu'il n'a aucun souvenir.
Or, et ça tout le monde le sait, pas d'un psychiatre,
on a des souvenirs avant l'âge de 6 ans.
Ça commence vers les 3 ans, on va dire.
Donc, s'il n'a pas de souvenir,
c'est que les souvenirs étaient peut-être très mauvais
et qu'il n'a pas pu faire autrement que de refouler.
Quand je parle de refoulement,
c'est pas quelque chose de conscient.
Son cerveau le protège de ce qui s'est passé.
C'est-à-dire que s'il y a eu des éléments traumatiques,
ça a freiné son développement psychoaffectif.
Et je pense que toute sa vie,
il s'est protégé de ça
en essayant d'avoir le moins de relations possibles avec les autres.
Côte B-17, enquête de personnalité d'Axel Rocher.
Benjamin Coe n'a jamais souhaité identifier sa famille biologique.
Madame Coe, sa mère adoptive,
rapporte qu'à l'arrivée de Benjamin Coe,
elle avait relevé certaines cicatrices sur son corps.
La famille habitait dans le Nord.
Après son venu à Lyon, le papa est décédé d'un cancer.
La maman est toujours en vie, elle habite aussi dans la région.
Et ensuite, Benjamin Coe a fait des études,
c'était un élève brillant,
qui était très fort dans tout ce qui est logique, mathématique, physique, etc.
Quelqu'un qui a rapidement brillé
par ses qualités intellectuelles et scolaires,
il est quand même titulaire d'un master 2
et il a intégré une école de commerce à Lyon
en sortant major de sa promotion.
Il a rapidement obtenu un travail dans une entreprise
comme contrôleur de gestion
et il avait une vie essentiellement centrée sur le travail.
La vie de l'accusé était d'une simplicité absolue,
Benjamin Coe s'était pas d'amis, pas de petite amie,
une fois de temps en temps une visite à sa mère,
mais il ne sortait pas finalement de cette activité sociale
que l'on pourrait qualifier d'extrêmement limitée.
La réalité a démontré que oui,
il était effectivement discret,
n'élevait pas la voix et autre,
mais il était quand même très réactif par rapport au bruit
que l'on peut générer dans un appartement bruit
auquel il était très sensible.
Benjamin Coe mène une vie plan plan, son vague,
et il entend que ses voisins en fassent autant.
Pendant le confinement, il devient très procédurier,
il dénonce toutes les nuisances sonores des voisins,
il écrit plusieurs fois à la régime homilière
qui gère son immeuble.
Finalement, il n'a de relation qu'à travers les plaintes multiples,
parce qu'il est très procédurier,
qu'il va déposer auprès de la régie,
en indiquant qu'un tel fait trop de bruit,
que c'est insupportable,
il est quand même relativement particulier,
relativement associale,
puisqu'il va jusqu'à proposer de l'argent à la régie
pour faciliter l'expulsion d'un locataire supposé être bruyant.
Il est très attaché aux règles et aux droits,
il faut finalement que tout soit carré et que tout aille dans le bon sens.
On peut dire qu'il est procédurier rigide et tout,
mais c'est ce qu'on demande à tout le monde
pour ne pas en arriver justement à des actes comme ça,
c'est d'essayer de régler les choses quand un troupe du voisinage arrive,
en envoyant des recommandés,
en appelant les forces de l'ordre si c'est trop un soir,
mais sûrement pas en descendant chez le voisin avec un couteau.
Donc lui, il a essayé de passer par ces étapes
qui sont à mon sens tout à fait normal.
Et ce soir-là, c'était trop...
C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase
et c'est pour ça qu'il est descendu.
L'enquête de personnalité
révèle que Baja Manko était un contrôleur de gestion
à la vie très austère.
Il côtoyait seulement ses collègues de travail
et les membres de ses clubs d'échec et de scram.
Il était incarcéré à la maison d'Aread-Lion Corba
très vite ce profil qui est complètement atypique
et encore peut-être plus dans un milieu carcéral.
Enfin, ça a été, à mon avis, très compliqué pour lui,
même s'il ne s'est jamais plein de sa détention.
Léa Forest, avocate de Baja Manko.
Il a été très vite victime de menaces, de violences,
quelles soient morales ou physiques.
Très vite, il a été placé à l'isolement
et c'est sur ça volonté à lui
qu'il a souhaité y rester tout le long de son incarcération.
L'isolement veut dire absolument aucun contact.
Des promenades qui sont dans une cour,
qui sont plus petites que des cours classiques
et qui ne sont pas en communauté.
Donc on se balade tout seul, on vit tout seul
et on ne voit personne,
à part les surveillance qui ouvrent la porte
pour donner à manger.
Il était même question à un moment donné
qu'on le sort de l'isolement
parce que ça devenait dangereux, finalement,
pour sa santé mentale.
C'est la prison qui a voulu le faire
et moi j'ai été obligée, conformément à son mandat,
d'intervenir pour qu'il reste placé à l'isolement.
Trois ans après le meurtre de Roman Dufour,
Maja Manko est renvoyé dans la cour d'assise du Rhône.
Il a alors 41 ans.
Comment on fait pour préparer M. Ko ?
C'est une question que je me pose toujours.
Finalement, j'arrêtais de me la poser
parce que la réponse est simple,
c'est qu'on ne le prépare pas.
Lui, son état d'esprit avant les assises,
c'est qu'il s'en fiche complètement de son sort,
donc aucune raison de se défendre.
Je pense que si l'avocat n'était pas obligatoire
devant une cour d'assise,
il se serait allé sans avocat.
Après, je lui ai donné quand même 2-3 conseils
et je pense que les 2-3 conseils que je lui ai donné
n'ont absolument pas été respectés.
Il a même fait tout au contraire
pour saboter un peu mon travail.
Il a une quarantaine d'années.
Ces vêtements n'attirent pas particulièrement d'attention.
Il est handicapé, visuel.
Il boite également.
On ne remarque pas cet homme.
C'est sa particularité, on ne le remarque pas.
Jean-François Julien, avocat de la famille de Roman Dufault.
Lorsque on arrive devant la cour d'assise,
le président lui dit,
« Monsieur, vous pouvez enlever votre masque ».
Il va refuser et il va presque engueuler le président
disant « Mais si vous avez envie d'attraper le Covid vous,
moi je ne veux pas ».
Vous voyez, le type de personnalité
dans laquelle vous êtes,
vous avez quelqu'un qui est totalement effacé
et qui va passer ensuite,
qui peut passer dans un truc où il va vous engueuler
parce que vous ne respectez pas une règle.
Et lui, il est estimé que le président de la cour d'assise
ne respectait pas une règle,
donc il lui dit « Vous ne respectez pas la règle ».
Il a fini par m'écouter parce que j'ai pris à part
à un moment une suspension d'audience
et je lui dis que là, ça serait vraiment bien.
Mais je lui ai toujours dit que c'était pour me faire plaisir
et il le faisait.
Et ça ne marchait que comme ça.
Tout ce qu'il a fait pendant le procédé d'assise
que je lui ai conseillé,
c'est parce que j'ai trouvé,
je pense que le deuxième jour du procédé,
le premier jour, mes fins de journée,
en lui disant s'il vous plaît, faites-le pour moi.
Vous voyez, je rame un peu pour vous,
je donne tout ce que j'ai pour vous,
alors faites-moi plaisir.
Quand j'en parle maintenant encore de ce procédé,
j'ai l'impression parfois de parler contre lui,
mais c'est justement tout le paradoxe
avec Monsieur Co, c'est qu'en fait,
pour le défendre, il fallait appuyer
sur des points que lui ne voulait pas forcément entendre.
J'avais la liberté de le faire
et c'est pour ça que je l'ai fait,
parce que sinon je n'aurais jamais
pu le défendre de cette manière-là.
Et d'en parler encore aujourd'hui comme ça,
mais en toute état de cause, oui,
c'était le défendre, malgré lui.
Il m'a mis des bâtons dans les roues,
clairement, tout le long du procédé.
Dr. Containo, qui est des experts psychiatres,
n'a pas déposé, je crois,
qui était en vacances,
l'expert psychologue a déposé
et disait des choses extrêmement intéressantes.
Malheureusement, on n'a pas pu développer
pour tous les acteurs du procédé,
pour tous les acteurs du procédé,
c'était extrêmement frustrant.
Votre émission, c'est cette Cote B
et cette Cote B,
on l'a volé pendant le procédé acid.
Cote B12, Expertise psychologique de Xavier Renault.
Si Baja Minko présente
des défenses psychiques explicites
de mise à distance de ses vécues émotionnelles,
on peut également s'interroger
sur l'éventuelle nature autistique
de certains de ses traits de fonctionnement internes.
On entend, en effet,
dans le parcours de Baja Minko,
une difficulté communicationnelle
et relationnelle durable
associée à un fort isolement
et à un hyperinvestissement intellectuel.
Une désinfectivité
qui peut être liée
à des centres d'intérêt limités.
Une phrase qu'il a prononcée
en réponse à une question
du magistrat instructeur
qui lui demandait
pourquoi reprendre
votre partie de Scrabble ?
Il a répondu que voulait-vous
que je fasse d'autre.
Et moi, à ce procès,
je comprenais à plein
l'expression être réduite au silence.
Parce que c'est très exactement ça
ce qui s'est passé,
c'est glaçant.
Cette jeune femme
que l'on décrivait comme étant
un vrai soleil,
enfin, la vie, quoi,
a été à proprement parlé
réduite au silence
par quelqu'un qui s'est rassis à sa table
qui a repris sa partie de Scrabble
et qui n'en a pas bougé
alors que les sirènes de police
retentissaient dans tout le quartier.
L'expert psychologue avait
retené cette incapacité
à gérer
chez l'accusé
une situation
conflictuelle.
La cour est restée un petit peu sur sa fin.
J'ai fait quelques recherches
en tapant
deux mots sur un moteur de recherche
assise et bruit.
On s'aperçoit que
énormément
en fait
de situations identiques
amènent
aux assises.
Donc vous avez diverti
que j'avais relevé
dans la presse
un peu au déboté
très nombreuses assures criminelles.
Je me relis le pilote
de quoi de faisait trop de bruit
le procès du meurtrier présumé commence
triple meurtre dans un hôtel
il faisait trop de bruit.
Son voisin faisait trop de bruit
il l'a massacré à la bête de baseball
excédé par le bruit
il tue son voisin à coup de fusil
énervé par le bruit des travaux
un septuagénère
tue le propriétaire de son appartement
un octogénère poignardé à mort
pour avoir demandé à son voisin brillant
de se calmer.
Sans pouvoir les quantifier
ce genre d'affaires
finalement est assez fréquent.
Dès que quelque chose l'ennuyer
il était focus dessus
il ne pouvait pas s'en détacher
c'est comme la goutte d'eau qui tombe
et qui vous gêne au fur et à mesure
alors que personne ne va l'entendre
mais il a cette goutte qui tombe
et qui est lancilante
et qui va vous taper sur le système nerveux
il fonctionnait exactement comme ça
je suppose qu'il fonctionne toujours comme ça
c'est là il entend cette musique
au fond je vous garantis que pour l'entendre
il faut avoir une huile très fine
mais ça le gêne, ça le perturbe
il explique très bien en disant
moi quand j'écoute la musique
pour voir si je ne gêne pas mes voisins
je vais sortir et je ferme la porte
et c'est ce qu'il a déclaré devant la cour d'assises
et ça ça vous explique tout.
Notre forest vous avez la parole
pour la défense de Barjanaco
Les éléments importants
je crois que ça a été de recentrer le débat
sur ce dont on avait parlé
à savoir vraiment étudier les faits
à l'aune de la personnalité de Monsieur Co
j'ai été très frustrée des expertises
sur le plan de sa personnalité
et par mon inaction je les regrettais
à la préparation de ce dossier
parce que j'ai pas pris l'ampleur
de cette expertise notamment psychologique
de Monsieur Renault
qui m'aimait des points rouges
sur d'éventuels troubles autistiques
donc je pense qu'il y a beaucoup de pudor
qui en monte et surtout
de pas trouver l'utilité de parler de lui
il n'y a pas d'utilité à ça
et il est là pour être condamné
il a quand même dit devant la cour d'assises
je sais que c'est pas possible parce que mon avocat me l'a dit
mais si je pouvais je vous demanderais
de me condamner à la perfection
Avant que la cour ne se retire pour délibérer
comme ses usages
Barjanaco a la parole en dernier
je m'arrête la perpétuité
j'ai détruit la vie
plusieurs personnes
et si un jour
la liberté m'est rendue
alors c'est que la justice est mal faite
finalement Barjanaco n'est pas condamné
pour meurtre
mais pour coup mortel
il écompte 14 années de prison
et il ne fait pas appel
?'
cette est-on de la traconte
version code-b
Guillaume Maury� ST
enchefe en quête d'ambions 12
réalisation de guillaume
V bottlene
retrouvés on de la tra informs code-b
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Ecoutez Christophe Hondelatte dévoiler la personnalité de Benjamin Cau. En mai 2020, à la fin du confinement, Benjamin Cau, 39 ans, a tué sa voisine d’un coup de couteau. Il ne supportait pas le bruit qui provenait de son appartement. L’expert psychiatre décrypte la personnalité d’un contrôleur de gestion austère à la vie monacale. Benjamin Cau est un enfant adopté qui a toujours vécu isolé.Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ? >> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr ainsi que sur vos plateformes d’écoute habituelles.