Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Badre Fakir, vengeance familiale - Le récit

Europe 1 Europe 1 10/30/23 - 29m - PDF Transcript

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On de l'âtre à compte.

Christopher de Lattes.

Il y a des meurtres qui coûtent moins cher que d'autres.

Celui ou celle qui a tué Badré Fakir en 2015 anime de six coups de couteau

n'a été condamné qu'à 12 ans de prison.

Alors que la peine incourue était la perpétuité.

Mais il y a des raisons à cette clémence, bien sûr, de sacrées raisons.

Pour le débrief de cette affaire, je ferai appel à maître Jean-Marc Darigade,

du barreau de Montpellier, avocat d'une partie de la famille de la victime,

dans ce dossier, interview disponible dans un deuxième podcast.

Thomas Houdoir m'a aidé à écrire cette histoire.

Boris Pachinsky à la réalisation.

Europe 1, Christopher de Lattes.

Allô, bonjour.

Voilà, je suis garde forestier.

Dites-moi, je viens de tomber sur un corps calciné dans la garrigue au nord de la ville.

Vous savez, dans ce tunnel qui passe sous l'ancienne voie ferrée.

Un homme ou une femme ?

À ça, je suis bien incapable de vous le dire.

Le corps a été tellement brûlé qu'au premier abord, c'est impossible à dire.

La scène se passe le 1er septembre 2015 à Nîmes.

C'est la police judiciaire qui déboule immédiatement sur place.

Le cadavre se trouve effectivement dans un tunnel dévoré par la nature.

Le mort est nu, totalement calciné.

Il ne reste qu'un tout petit bout de tissu, puis pourrait éventuellement venir d'un pyjama.

Mais sans certitude, la crémation a eu lieu sur place,

la paroi du tunnel est couverte de suie.

Bon, on va pas avoir encore une chose pour l'identifier.

Ah docteur, docteur, vous êtes là, venez, venez.

On a besoin de votre aide, à votre avis.

C'est un homme ou c'est une femme ?

Voyons voir, je dirais, un homme.

Oui, oui, c'est un homme, un homme de forte corpulence.

Pas de papier sur lui, rien qui permet de coller un nom sur ce cadavre.

Et là, il n'y a pas 36 solutions.

Bon, alors, j'ai eu le procureur, il va faire un point de presse.

Il va appeler les gens et signaler toute disparition avec le numéro de téléphone dédié.

On verra bien ce que ça donne, hein.

Et ça donne, anime, dans la Cité Pies-Vin, un habitant manque à l'appel.

Bon, a priori, le gars s'appelle Badré Fakir, 40, 80.

Ce sont ces sœurs qui sont venus signaler sa disparition

Ce sont ces sœurs qui sont venus signaler sa disparition au commissariat central.

Elles disent auxquels sa femme et ses enfants l'ont pas vu depuis trois jours.

Le gars travaillant dans une boulangerie, sa patronne elle aussi et sa nouvelle depuis trois jours.

Et personne, personne ne l'a croisé dans la Cité.

Ok, mais ça ne veut pas dire que c'est notre cadavre, ça.

C'est pas sûr à 100%, je te le conseille, mais d'après, la famille, le gars pèse plus de 5 kg.

Donc ça colle, avait les premières constatations de légiste.

Et de toute façon, mais on se ravi, tu avais la DNA.

Les deux sœurs supposées de la victime sont convoquées dans les locaux de l'APG.

On leur présente une montre, retrouvée au bras du cadavre.

Elle s'éclate en sanglots.

C'est bien la montre de leurs frères.

Et une comparaison génétique vient le confirmer.

Le mort s'appelle donc Badré Fakir.

C'est un boulanger qui vit à Mio, près de Nîmes, quatre enfants.

Sa femme s'appelle Katarina.

L'étape suivante, c'est l'autopsie.

Bien, messieurs.

Alors, nous avons identifié six plaies importantes,

provoquées sans aucun doute avec une arme blanche, je penche plutôt pour un couteau.

Donc ici, un premier coup au niveau de la trachée,

un second-là, ici au niveau du torse.

Et là, vous voyez, au niveau de l'abdomen.

Il était mort quand on a mis le feu au corps.

Oui, oui, sans aucun doute.

Il n'y a aucune trace de suie dans les bronches.

Il ne respirait plus donc quand on a mis le feu au corps.

Alors, où a-t-il été tué, ce Badré Fakir ?

Pendant le tunnel, c'est sûr, sur le sol, il n'y a pas de trace de sang.

Il a donc été tué ailleurs et transporté là, juste pour le brûler.

Et sans surprise, on a utilisé de l'essence pour mettre le feu.

Pour les flics de la PG, une piste s'ouvre tout de suite.

Ce genre de meurtres avec mises à feu du cadavre,

ces caractéristiques du milieu,

ou disons de la petite mafia locale.

En général, c'est comme ça que finissent les trafiquants de drogue

quand ils ne plaisent pas à un concurrent,

ou qu'ils carotent de la cam,

ou qu'ils lui doivent de l'argent.

Bon, qu'est-ce qu'on a sur ce Badré Fakir ?

Eh ben, surprise, il a un joli casier judiciaire.

Cette condamnation devant le tribunal correctionnel pour des vols.

Donc, un vol de voiture.

Pour des affaires en escroquerie, on a un cas de conduite sans permis,

et on a une affaire de porte-arme.

Mais aucune condamnation pour trafiquer.

C'est un petit alincant.

Mais a priori par un dealer.

En tout cas, ça n'est pas sûr.

Ça le devient un peu plus qu'en quelques jours plus tard,

les policiers de la PGD Nîmes reçoivent une lettre anonyme.

Alors, bon, d'après ce que nous dit cet informateur,

Fakir avait une audette avec des trafiquants de Cocaïne.

Il aurait subtilisé 2 kilos de coque,

et c'est pour ça qu'il aurait été assassiné.

Le problème, c'est qu'il ne nous dit pas à qui il aurait volé la poudre.

Moi, je ne sais pas ce que t'en penses,

mais d'abord, 6 coups de couteau.

Ce n'est pas trop la signature du grand magnetisme.

Eux, c'est plutôt une balle à l'abuffé.

Donc, je me demande, mais j'ai peut-être tort.

Si on n'est pas en train de nous mettre sur une force piste,

de nous balader, quoi.

Peut-être, mais pas certains n'en ont plus.

Parce que Renseign m'a empris.

Fakir bricolait aussi des bagnoles.

Il achetait des épaves à la casse,

il les retapait et il les revendait.

Pour arrondir ces fins de mois de boulanger, quoi.

Mais enfin, c'est pour une histoire de voiture qu'on les aigouillés.

Franchement, ça paraît peu probable.

Alors, bien entendu, il ne déclarait rien de tout ça au fisque.

Et on ne sait pas combien de caisses il trafiquait par moi.

Mais ce qui est sûr, c'est que ce faisant,

il a bien amélioré son train de vie.

Il est passé de l'HLM dans la cité Pisa

à un joli pavillon, avec piscine, à Mio.

Mais rien de louche.

Juste un type qui travaille dur pour améliorer le sort de sa famille.

Un type, a priori.

Les victimes sont rarement des méchants, vous savez.

Je vous ai raconté l'autopsie, tout à l'heure.

Mais après l'autopsie, tombent en général les résultats des analyses.

Analyse de sang, analyse durine, analyse aussi de ce qu'on appelle le bol gastrique.

Autrement dit, le contenu de l'estomac.

Et vous savez ce qu'on a retrouvé dans le sang de Badre Fakir.

Une dose massive de zolpidem.

C'est un hypnotique.

C'est un somnifère assez puissant.

Vous le connaissez.

Vous le connaissez sous le nom commercial de Stenox.

Donc.

Donc et bien on l'a onsucqué avant de le poignarder.

Ça nous éloigne du grand borditisme.

Et ça nous rapproche d'un crime, disons, plus intimiste.

Vous connaissez les ingrédients d'une bonne enquête de police.

Tout commence en général par une reconstitution de l'emploi du tante la victime.

Sa femme, Katarina, dit que le dimanche 30 août, ils ont fait un barbecue dans le jardin.

Et après, Badre, il a joué avec les enfants, les deux plus jeunes dans la piscine.

Et elles montrent des photos.

C'est mignon de voir ce papa jouer avec ces deux gamins quand on sait que, juste après,

on l'a lardé de six coups de couteau et on a mis le feu à son calave.

Et après, qu'est-ce qu'il a fait ?

Après.

Et bien un fin de journée, je sais pas, vers 20h, 21h, il est parti.

Il avait rendez-vous avec quelqu'un qui devait venir le chercher à la maison.

Qui, je sais pas, et pourquoi, je sais pas non plus.

Mais à cette heure-là, moi, j'étais en train de coucher les petits.

Et d'ailleurs, j'étais tellement naze que je me suis endormi avec mon fils, c'est-à-dire.

À partir de ce moment-là, il semble que personne, ni de sa famille, ni de son voisinage, ne l'est revu.

À ce moment-là, ça ne sont pas les policiers qui font avancer l'enquête.

C'est la famille de Badré Fakir, figurez-vous.

C'est deux sœurs, parce qu'elles ont un truc en tête.

Et elles ont décidé de creuser cette piste dans leur coin.

Moi, il y a plein de trucs qui me gênent.

À commencer par sa femme, Katarina.

Tu trouves qu'elle est vraiment infectée par la mort de Badré, toi ?

Moi, je le trouvais pas, hein.

Elle a envie de te tourner un page.

Et lors de fils et née, Mickaël et Jordan aussi.

Tu sais ce que j'ai appris.

Figurez-toi qu'ils ont demandé un certificat de laisser alors que Badré, il n'est même pas enterré.

Il paraît qu'ils en ont besoin pour la banque, parce que je sais pas si tu sais ça, mais maintenant que Badré, il est mort.

Le crédit de la maison m'accache.

L'assurance rembourse tout, hein.

Ils auraient pu attendre quand même, non ?

Pour s'occuper de ça.

Je sais pas, attendre moins les obsèques.

Mieux que ça.

Les deux fils et née Mickaël, 25 ans et Jordan, 19 ans,

parlent déjà de faire des travaux dans la baraque.

Le cadavre de leur père est encore tiède.

Et c'est pas tout.

Bon, après ce que j'ai appris,

Mickaël et Jordan, à ce moment, ils visite des magasins à Vendran-Nîmes.

Ils paraissent qu'ils veulent faire un commerce de frein.

Et la femme de Mickaël cherche un magasin pour faire floriste, figure-toi.

Tout ça est d'assez mauvais goût.

Vous en conviendrez.

On est donc dans l'idée que les enfants auraient pu tuer leur père

pour la thune, pour le flousse, pour la maille, pour l'écritage.

Dix jours après la découverte du corps,

ont lieu les obsèques de Madré Fakir.

Et malgré leur chagrin,

les deux se reprofitent de l'occasion pour faire avancer leur petite enquête.

Et parmi les participants en la cérémonie,

il y a un couple qui les intéresse bien.

Ce sont des voisins qui habitent juste en face de chez leurs frères.

Bonjour, monsieur.

Nous sommes les sœurs de monsieur Fakir.

Dites-moi, on a remarqué que vous avez une caméra vidéo devant chez vous.

On en a plus qu'une.

On en a quatre.

On les a installés depuis qu'on a été camouillolés.

Vous avez conservé les enregistrements du jour où notre fer a été tué ?

Oui, bien sûr.

Ça vous embetterez pas qu'on y jette nos yeux ?

Pas du tout, pas du tout.

C'est la maison comme vous voulez.

Et voilà les deux sœurs qui se mettent à visionner les vidéos

en commençant par celles du dimanche 31 août,

dernière journée que leurs frères a passées en famille.

Vous vous souvenez que sa femme dit que ce jour-là,

ils ont fait un barbecue,

qu'on suite Madré a joué avec les enfants dans la piscine,

et qu'il est parti vers 20h, 21h.

Parce qu'il avait un rendez-vous avec quelqu'un devant la maison.

Le problème, c'est que sur les vidéos,

on ne le voit pas sortir à 20h, ni plus tard.

C'est bien sûr que je pensais.

Elle nous a raconté n'importe quoi, Catharine.

Et après, elle visionne les enregistrements de la nuit du 31 au 1er septembre.

Regarde-la, minuit, minuit demi-même.

Tu les reconnais ?

Ah ouais, les images ne sont pas bonnes, mais la démarche, c'est clair.

C'est Jordan et Michael.

Vas-y, montons la suite.

Et la suite est confondante.

On les voit ouvrir le portail,

rentrer la voiture de leur mère en marche arrière,

jusque devant la porte d'entrée,

ouvrir le coffre et s'agiter devant la porte.

Bon, c'est pas super net,

mais on dirait bien qu'ils chargent encore, non ?

Les hommes foiraient, putain.

Les deux sœurs vont très vite raconter tout ça au policier de l'APG.

Qui, entre nous, aurait pu repérer même cette caméra

et aller voir les voisins.

Ils ont un peu merdé sur ce coup-là.

Passons.

Et donc, ils visionnent les vidéos

qui sont, je le redis, de qualité très moyenne.

Et ils entirent les mêmes leçons que les deux sœurs.

Madre Fakir a sans doute été tué chez lui par les siens

et sont encore transportés ensuite dans la voiture de la mère

jusqu'au tunnel dans la Garrigue

où on y a mis le feu.

Grosse avancée dans cette enquête.

Le trio, la mère et les deux fistons, se retrouvent en garde à vue.

Chacun dans un bureau, chacun face à un duo de flics.

Bien, votre nom, c'est Fakir Michael.

C'est ça ?

Ouais, c'est ça.

Votre âge ?

25 ans.

Et c'est tout ce qu'ils entirent.

Les flics ont beau lui dire qu'on le voit sur la vidéo,

s'agiter autour de la maison familiale la nuit du crime.

C'est sûr qu'il n'a rien fait.

Et après, ils se murent dans le silence.

Passons à la mère, alors.

Bien, madame Katarina Castro.

C'est ça ?

Ouais, c'est ça.

Madame, nous pensons, en vérité, nous avons quelques preuves

que vous avez tué votre mari avec les deux nouveaux fils.

Et vous, qu'est-ce que vous en dites ?

Mes fils, ici, sont pour rien.

C'est moi la seule responsable.

Bien.

Alors dites-moi ce qui s'est passé.

Je vais tout vous dire, mais mes fils ?

Oui, oui, oui, on a compris, madame.

Ils sont pour rien.

Dites-nous ce que vous avez fait, vous.

D'accord ?

Bon, je vais commencer par lui mettre des somnifères dans son mitchek.

Et là, il a commencé à s'endormir.

Et il est restouché.

D'accord.

Et après ?

Et bien, après, une fois qu'il dormait,

je lui ai attaché les mains avec du serflexe.

Au cas où il se réveillerait, il faut comprendre.

On comprend, on comprend.

Et après ?

Et bien, après, je l'ai stranglé.

Avec quoi ?

Avec une cordelette.

On est d'accord que ça ne colle pas.

Le légiste a été formel.

Il n'a pas été stranglé.

Il a été lardé de coups de couteau.

Tant qu'à avouer, pourquoi est-ce qu'elle n'avoue pas la vérité ?

Bon, et après, madame.

Le transport du cadavre.

Et bien, je l'ai chargé dans ma voiture.

Et je l'ai amené là où vous l'avez trouvé.

Et voilà, j'ai mis le feu avec de l'essence.

À aucun moment, vos fils ne vous aident dans tout ça.

À aucun moment, je le jure.

Les policiers pourraient lui montrer tout de suite les vidéos pour lui clouer le bag.

Mais il en remette ça à plus tard.

Ce qui les intéresse maintenant, c'est le mobile.

La vérité, c'est lui qui a commencé à me menacer.

Et il m'a dit, si tu ne me tu pas, tôt ou tard, c'est moi qui te tuerai.

Il m'a dit, ça finira par un drame.

Alors, j'ai fait ça pour me sauver et pour protéger mes enfants.

Vous comprenez ?

Mais je m'en veux.

Vous ne pouvez pas savoir comment je m'en veux.

Parce que moi, je l'aimais, bradrée.

Ah, ça oui.

Je l'aimais.

Elle l'aimait et elle l'a tué.

Mystère.

Voyons ce que dit pendant ce temps-là, le second fils, le plus jeune, Jordan, 19 ans.

Ce que vous dit ma mère,

c'est ce qu'on avait prévu de dire si on était arrêté mai.

C'est pas ce qui s'est vraiment passé.

Je vais tout vous dire.

Allez-y, allez-y, je vous écoute.

Bon, voilà.

Moi, au moment où ça s'est passé, j'étais à Machambre et je jouais aux jeux vidéo.

J'avais mon casque sur les oreilles, donc je n'ai rien entendu.

Et puis d'un coup, ma mère, elle est arrivée dans Machambre.

Elle m'a dit, j'ai fait une économie, j'ai tué ton père.

Et après, elle est allée dire la même chose à Michael.

Et nous, on n'a pas compris quoi.

On s'est dit pourquoi, pourquoi elle a fait ça ?

Et après, jeune homme, vous avez aidé au transport du corps ?

Non, elle ne finit pas de suite.

Le corps, il est resté à la chambre toute la journée et le lendemain.

On avait fermé la porte à clés pour pas que ma petite soeur et mon petit frère puissent le voir.

Et vous l'avez déplacé quand, alors ?

Le lendemain d'histoires, on l'a mis dans la voiture et puis on est allés le mettre.

Mais là où vous l'avez trouvé dans la garige ?

Qui a mis le feu ?

C'est pas moi, c'est mon frère, Michael.

Et dans la foulée, Michael reconnaît que c'est bien lui qui a mis le feu.

A priori, tout sa colle avec la vidéo, l'affaire paraît résolue.

A un détail près, qui n'est d'ailleurs pas un détail.

Aucun d'entre nous dit que Badry a été poignardé.

Ils sont idiot ou quoi ?

Six coups de couteau, dans le cou, dans le torse, dans le ventre.

Aucune trace d'étranglement.

Ils assument le meurtre.

Ils assument le transport du corps.

Ils assument la mise à feu.

Mais pas ça.

On comprend que c'est dur à assumer.

Ils ont mis tous les trois en examen pour homicide volontaire.

Et ils filent tous les trois en prison.

La suite de l'enquête vient éclairer un peu tout ça.

Car les policiers en apprennent une bien belle.

Écoutez bien ce que je viens de découvrir.

Badry Fakir, il avait une double vie.

Figaro Toi, qui était à la cour, avait sa patronne de la Boulangerie,

qui se nomme Lilia, et mieux que ça.

Il s'était marié religieusement, Figaro Toi, avec elle.

Alors qu'il était marié à côté avec Katarina Castro.

Mieux que ça.

Il vivait avec sa patronne Lilia et ses enfants.

Une vraie double vie.

Il ne passait en vérité que très peu de temps dans la maison avec Piscine de Mio.

Et sa vraie femme, Katarina Castro, était au courant de ça.

Je le savais.

Je le savais.

Mais j'avais peur de lui.

Et quand il venait passer une nuit à la maison, parfois,

il me réveillait en pleine nuit pour coucher.

Et je me laissais faire que voulez-vous.

Il matait le maman Dieu avant.

Il m'a fêté le maman.

J'avais pas le courage de refuser.

Elle raconte que quand il se sont rencontrés, elle n'avait que 14 ans.

Et qu'elle n'avait même pas 18 ans quand elle est tombée enceinte la première fois.

À cette époque, il n'avait de travail ni l'un ni l'autre.

Et que pour subvenir aux besoins de la famille,

Madre Fakir s'est mis à jouer au casino.

Et à picoler.

Et à sniffer de la cocaïne.

Et l'entourage confirme.

Une de ses nièces raconte qu'un jour,

Katarina l'a appelée pour qu'elle vienne la récupérer au bord du périphérique.

Elle avait des vêtements déchirés.

Et elle lui a raconté qu'elle avait réussi à échapper à Madre

qu'il l'avait amené dans un parking pour la violer.

Lui, il avait refait sa vie.

Mais il est resté très possessif avec Katarina.

Il la surveillait tout le temps.

Il débarquait à l'emproviste chez elle pour vérifier où elle était,

avec qui elle était.

C'était un sale type, vous savez, Madre.

C'était un sale type.

Ok.

C'était un sale type.

Mais elle l'a tué de ses coups de couteau.

Alors ça lui faudra peut-être des circonstances atténuantes.

Mais certainement pas la solution.

À condition que tout ça soit vrai.

En tout cas, le médecin de famille confirme.

Il l'a vu plusieurs fois, couverte de bleu.

L'instruction révèle que les fils aussi avaient coupé les ponts avec leur père.

Ils étaient au courant de tout.

Ils ne le supportaient plus.

Pour vous dire à quel point je ne pouvais plus le voir, mon père.

Je ne l'ai même pas invité à mon mariage.

Donc, selon la mère et les fils, le mort était en salaud.

Le problème, c'est que les proches de Badre Fakir ne sont pas du tout d'accord là-dessus.

Ces sœurs, notamment, dont vous vous souvenez qu'elles ont beaucoup apporté dans cette enquête.

Elles racontent n'importe quoi, Katarina.

C'est pas vrai que Madre est la bâtée.

C'est pas vrai qu'il était odieux avec elle.

Et ses fils, ils disent ça, c'est pour prendre au moins nos prisons.

C'est tout.

Alors pourquoi elles ont à tuer votre frère ?

Et parce qu'il s'allait divorcer.

Parce qu'il allait s'installer définitivement avec Lilia

et qu'il allait devoir vendre la maison pour partager.

Et qu'elle allait pas pouvoir se payer toute seule une jolie maison à Episcine.

C'est tout.

On en revient au mobile financier.

Alors quelle est la vérité de cette affaire ?

Et si on demandait à Lilia sa maîtresse, sa patronne, la femme de sa double vie ?

Et la surprise ?

C'était quelqu'un de très possessif, hein, Madre.

Très jaloux.

Et moi aussi, j'en ai pris des raclés.

Et moi aussi, j'avais peur de lui, hein.

À l'approche du procès,

Katarina reçoit le soutien inattendu de sa rivale.

Ça va peser.

C'est sûr.

Le procès de Katarina Kastroud, ses deux fils, aurait dû se tenir en 2019.

Il a été reporté à cause de Sophie Choukové.

Il s'ouvre finalement en avril 2021 à Nîmes.

Face à face, la famille de Fakir et Katarina Kastroud,

qui ment sur les circonstances de ce crime.

était-il violent avec sa femme, oui ou non ?

L'enquêteur de personnalité vient apporter son éclairage.

À sa jeunesse, selon le nombre de témoignages que j'ai pu recueillir,

Madre Fakir est un homme violent, qui n'hésitait pas à se battre.

On m'a dit que c'était le caïd de la cité.

Sur l'effet, eux-mêmes, Katarina Kastroud a fini par assumer les coups de couteau.

J'ai beaucoup de trous de mémoire, mais c'est mon ressenti.

C'est moi qui ai porté les coups de couteau.

Ma psy vient dire que ces trous de mémoire sont plosés.

Mais on n'a tout de même pas la preuve que ce ne sont pas les fils qui ont tué,

d'autant que Katarina Kastroud livre une nouvelle version.

Inattendu.

C'est lui en vérité qui m'a demandé d'abraîcher ses souffrances morales.

Il m'a dit qu'en tant que musulman, il ne pouvait pas se suicider.

Alors il m'a demandé de le tuer.

C'est improbable.

Et pourquoi elle dit ça maintenant ?

Mystère.

En tout cas, ça ne la sert pas.

On se pose aussi la question de la préméditation.

Est-ce que c'est un meurtre ou un assassinat ?

Pour l'avocat de la famille de Badré Fakir,

c'est sans aucun doute un assassinat.

Ce soir-là, dans cette maison,

il a fallu que soit réuni des serflexes,

une cordelette, du zolpidem, un couteau et un bidon de naissance.

Alors oui, évidemment, tout ça montre que c'était prémédité.

C'est aussi ce que pense l'avocat général.

Mais il semble avoir retenu les circonstances atténuantes.

Il ne réclame que 14 ans pour Katarina

et c'est temps pour chacun de ses fils.

Et finalement, les jurés vont encore plus loin dans l'excuse,

puisqu'ils ne condamnent Katarina Castro

qu'à 12 ans de réclusion criminelle seulement

pour meurtre et pas pour assassinat.

Et ils acquittent les deux fils.

Et donc la vérité judiciaire de cette affaire,

c'est qu'une femme a tué son mari parce qu'il était violent avec elle.

Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

En septembre 2015, le cadavre calciné d’un homme est découvert sous le tunnel d’une ancienne voie ferrée à Nîmes. L’autopsie révèle qu’il a été poignardé à plusieurs reprises, avant d’être transporté là où on l’a retrouvé et mis à feu. Tout laisse penser à un règlement de compte.