Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Aurélien Pioger, vendanges barbares - Le récit

Europe 1 Europe 1 8/31/23 - 30m - PDF Transcript

Européen Christophe Fondelat

Voici la terrible histoire d'un fendangeur qu'on retrouve pendu dans une grange d'une

ménéloir.

Il s'appelait Aurélien Pioge et ça n'est pas un suicide.

On a longtemps cru avoir arrêté les assassins, mais vous verrez.

Pour le débris, je vous ferai appeler la maître Isabelle Guerin, avocate des parents

de la victime, interview à retrouver dans un deuxième podcast.

J'ai écrit cette histoire avec Aukis, réalisation Boris Pachinsky.

Européen Christophe Fondelat

Ça se passe un dimanche matin, d'octobre 2008, au milieu des vines de Saint Lambert

du Latté, dans le ménéloir.

Un homme va rendre visite à son grand-père et quand il arrive, sous une grange, il voit

un truc qui penne au bout d'un câble électrique.

Il s'approche.

Ah, non de Dieu ! C'est un homme, un pendu !

Un jeune, entre 20 et 30 ans, roue, avec une petite barre, et sa tête, mon Dieu, sa

tête.

Elle est tellement poursoufflée qu'on voit à peine ses yeux, comme un boxeur qui a pris

un crochet du gauche en pleine poire.

Allô ? Là, j'ai un armeurillé ? Bonjour, je suis à Saint Lambert du Latté.

Je viens de trouver un pendu, oui, sous un appendi.

Je pense que c'est un suicide, mais c'est pas vraiment sûr, enfin, vous verrez.

D'accord, vous arrivez, je vous attends.

Et pourquoi est-ce que ça ne serait pas un suicide ?

Et bien parce que c'est bizarre, mais le pendu a les pieds qui touchent le sol.

Mieux que ça, il a un genou fléchis, un pendu normalement, ça a les pieds au-dessus

du sol, sinon c'est pas un pendu, et puis il y a un saut à côté à l'envers qui

suggère que le gars a sauté du saut pour ce pendu, sauf que le saut est beaucoup trop

loin.

Les gendarmes arrivent, et aussi ça les étonne tout ça.

On en a des crochets, des pendus dans notre carrière, mais celui-là, on est d'accord,

c'est pas sûr qu'il soit pendu, et puis regarde sa tête, il s'est fait défoncer

ce gars.

Le corps est décroché, et le médecin légiste qui vient d'arriver n'est pas tout à fait

de cet avis.

Bon, d'abord, je pense que c'est passé cette nuit, je dirais entre cinq ou six heures,

mais moi, je pense que ça peut être tout à fait un suicide.

Et qu'est-ce que vous faites du visage du méfier, docteur ?

Moi, je dirais que ça peut être des coups, mais ça peut être aussi un effet de l'appendaison

quoi.

A vérifier quand même au moment de l'autopsie, parce que tout de même, son visage est bien

abîmé, docteur.

A part ça, il y a un camion garé à 150 mètres dans les vies.

Les gendarmes se disent que c'est peut-être son camion.

Les portières ne sont pas verrouillées, ils fouillent à l'intérieur, et ils tombent

sur un permis de conduire.

Bon, le gars s'appelle Aurélien Pioget, 28 ans, regarde la photo, c'est lui, il n'y

a pas de doute.

La famille est prévenue, et les parents n'ont plus, ne croient pas aux suicides.

C'est impossible, il se sentait très bien dans la vie, Aurélien.

Il était saisonnier, il aimait la nature, il vivait dans son camion, c'était sa manière

de vivre.

Nous, on respectait ça, et lui, ça ne le rendait pas malheureux, je dirais même au

contraire.

Il faisait les vendanges dans le coin, c'est ça ? Oui, ça fait deux ans qu'il faisait

les vendanges à la jumelière, je crois, c'est ça.

La jumelière est un domaine situé à 8 km de l'endroit où on l'a retrouvé pendue.

Donc, les parents pensent que ça n'est pas un suicide.

Entre nous, en règle générale, les parents ont toujours du mal à croire à un suicide.

Ils disent toujours, ah mais il allait très bien, je ne comprends pas.

Sauf que le suicide, parfois, renvoie à des choses qui ne se voient pas.

Mais les parents racontent aussi qu'ils étaient fâchés depuis quelques temps avec

Aurélien.

C'était l'année dernière, pour moi l'anniversaire, il est arrivé à la maison avec un type

qui ne nous a pas plu du tout.

Alors on s'est engueulés, c'est idiot, mais que voulez-vous, c'est comme ça.

Vous pouvez nous parler de ce garçon avec lequel il est venu chez vous.

Oui, il nous l'a présenté en nous disant qu'il s'appelait Tantal Godin, mais je crois

que son vrai nom, c'était Landry Frias.

Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise sur lui ?

Il était sale comme un peigne, il avait des dreadlocks, il avait un anneau dans le nez,

un autre dans l'oreille, un original quoi.

Mais c'est pas ça qui nous a énervé.

Bon d'abord, il passait ses journées à boire et à fumer des pétards dans le salon.

Mais surtout, il était soulant, il parlait tout le temps, il avait un avis surtout,

il avait tout fait, il avait tout vu.

Bon, c'était mon anniversaire, on n'a rien dit, mais à l'automne, Aurélien nous a demandé

s'il pouvait ramener toute sa bande de vent d'angeur à la maison.

Et là, avec mon mari Bain, on l'a refusé, il a mal pris, mais depuis on l'a pas vu

quoi, il nous a pas appelé non plus.

Tout ça met les gendarmes sur la piste des amis d'Aurélien, et notamment ceux avec

lesquels il a vendongé ces dernières semaines.

Il vaut pas être facile à retrouver, parce que comme tous les saisonniers, ils se sont

éparpillés dans la nature.

Le viticulteur qu'il employait, en revanche, est chez lui, et il raconte une soirée qui

a eu lieu deux jours avant la découverte du cadavre d'Aurélien.

C'était la fin des vent d'ange, ils faisaient une petite fête, comme on en fait souvent.

En général, moi j'y vais, mais là j'y étais pas.

Mais de ce qu'on m'a dit, ce soir-là, Aurélien, il s'est pas bien comporté avec une fille,

et ça, ça n'a pas trop plus aux autres.

C'est tout ce que je peux vous dire, c'est rien de plus.

Ils étaient combien ?

Une douzaine.

Vous avez été coordonnés ?

C'est-à-dire, j'ai surtout des prénoms, même pour certains d'ailleurs, que des surnoms.

D'accord, l'URSAF n'était pas au parfum, et ça n'arrange pas les affaires de l'enquête, ça.

Ça y est, le légiste vient de rendre son rapport d'autopsie,

et il s'est bien planté quand il est venu sur place pour les premières constatations.

Vous avez raison, ce garçon s'est fait lâcher, il a des émettements,

mais des plaies partout sur le corps, pas que sur le visage.

En revanche, il est mort d'asphyxier, ça s'est confirmé.

Il est mort suite à l'apprentissage.

Donc, on l'a d'abord roué de coup, et ensuite pendu.

Donc, ça n'est pas un suicide, c'est un meurtre.

Pendant ce temps, les gendarmes ont réussi à retrouver l'un des vendangeurs qui étaient là ce soir-là.

Je me souviens pas de grand-chose.

Il faut dire, on a eu pas mal picolé, et fumer la moitié d'un champ de bœuf.

On nous dit qu'il y a eu une altercation dans la soirée.

Vous n'étiez pas là ?

Non.

Non, mais je l'ai appris, ce qui s'était passé le lendemain.

Paris Coréliens, il aurait couché avec Rouliette, qui était complètement bourré,

et que les autres, ça n'aura pas plu, et donc, il en donnait une leçon.

Moi, c'est tout ce que je peux vous dire.

Quand vous dites qu'il a couché avec cette fille Rouliette, comme vous dites, qui était sous-le,

ça veut dire possiblement qu'il l'a violée.

Bah oui, genre.

Vous l'avez vu le matin, Aurélien, quand vous vous êtes levé ?

Non.

Non, non, ils m'ont dit qu'il était dans son camion.

Tout le monde était encore là quand vous vous êtes réveillé ?

Oui, oui.

Il y avait Cloré, il y avait Pimou, il y avait Rouliette.

Tout le monde était encore là.

Ah, si, si.

Il y avait aussi un gars qui était arrivé le soir même, la veille.

Je le connais pas, tout le monde l'appelait Toto.

Lui, je peux vous dire qu'il en tenait une bonne à ce soir-là.

Le problème, c'est que tous ces gens sont introuvables.

Heureusement, la Rouliette en question, qui dans la vraie vie s'appelle Sophie,

appelle elle-même les gendarmes.

Bon, c'est vrai, on a pas mal picolé et fumé le buzz ce soir-là.

Et moi, je me souviens plus trop de la soirée.

Ce que je peux vous dire, c'est qu'à un moment, le matin, je me suis réveillé,

il y avait tous les autres autour du camion d'Orelien qui tapait et qui criaient contre Orélien.

Et vous, à ce moment-là, vous êtes où ?

Moi, je vous l'ai dit, je suis dans le camion, coucher à côté d'Orelien, quoi.

Et quand vous êtes sorti, comment ça s'est passé ?

Ils étaient tous super agressifs, ils accusaient Orélien de m'avoir violé, quoi.

Et vous, vous l'avez dit qu'ils vous avaient violé ?

Bah non, moi, pour moi, on n'a pas couché ensemble avec Orélien.

Mais lui, il a dit qu'on avait couché ensemble.

Bon, de toute façon, ça ne l'aigre pas.

Je veux dire, ce qui s'est passé avec Orélien, ça ne l'aigre pas,

parce qu'en plus, on venait de se mettre ensemble tous les deux, Orélien et moi.

J'avais un copain, le lui, mais j'avais décidé de me mettre avec Orélien.

Et après, alors, qu'est-ce qui s'est passé ?

Bah, je ne sais pas trop, parce que moi, j'ai fait une christenaire

et Chloëlle m'a fait monter dans mon camion pour me calmer.

Et elle raconte qu'une fois calmée, quand elle est sortie de son camion,

et bien Orélien n'était plus là.

Et que les autres lui ont dit qu'il lui avait réglé son compte à coup de pied et à coup de bâton.

Bon, bah voilà, on commence à entrevoir ce qui s'est passé.

Ils l'ont défoncé.

Et après, ils sont allés le pendre dans la crange.

Un mois et demi après la mort d'Orélien,

une information judiciaire pour homicide est ouverte.

Vous vous souvenez que le premier vendangeur interrogeé par les gendarmes

a parlé d'un Toto qui a tapé l'Incruste à cette soirée et qui était sous comme un cochon.

Quand les parents d'Orélien découvrent son existence,

ça fait tout de suite tilt dans leur tête.

Mais ce Toto-là, ça serait pas le même que ce Tintin, la Tintin-le-Guedin,

comme ils disaient, qu'Orélien, il l'a ramené chez nous.

Ouais, t'as raison, c'est possible.

Guedin, ça veut dire dingue, non ?

Tintin le dingue.

C'était quoi, déjà, son vrai nom ?

L'Andrie Frias, je crois.

Oui, c'est ça, l'Andrie Frias.

Faut qu'on dise à notre avocat d'en parler au jus de ça.

Et le jus se montre très intéressé par cette peste,

d'autant plus intéressé que le Tintin-le-Guedin en question

à un joli petit casier judiciaire.

Bon, il a sacré pédigré, Holger.

Vol, délituite, destruction de biens et menacement.

Personne nous en a parlé, hein, ce cas-là.

On nous a parlé d'un Toto, mais manifestement,

il connaissait son vrai nom, quoi.

Pourquoi est-ce qu'ils n'ont pas dit ?

Pourquoi, en effet ?

À ce stade, les gendarmes ont réussi à coller un nom

à tous les protagonistes de la soirée sanglante.

Et ils ont découvert que l'une des filles

qui a participé à la soirée, Sylvie,

est la propre fille du vigneron qui a cueillé toute la petite troupe.

Et mieux que ça, la Sylvie, en question.

Elle est à la colle avec Tintin-le-Guedin.

Et ça, son père, propriétaire du domaine de la jumelière,

a oublié de le dire aux gendarmes.

Pourquoi est-ce que vous nous avez pas dit, monsieur,

que votre fille avait une relation avec monsieur Frias,

plus connue de ses amis,

sur le nom de Toto ou de Tintin-le-Guedin ?

Je vous l'ai pas dit parce que...

Je ne voulais pas que ma fille allait désenduer,

mais je vais vous expliquer.

Le lendemain de la soirée,

quand Sylvie m'a raconté ce qui s'était passé,

je voulais parler des coups qu'ils ont donnés à Aurélien,

pas de la suite, je leur ai dit de tous venir à la maison.

Et Landry Frias, donc, il a dit,

oui, moi, j'ai un casier judiciaire,

il ne faut pas me mettre ça sur le dos.

Et du coup, je l'ai pas dénoncé pour ma fille,

pour la protéger.

Bon, il serait peut-être temps d'arrêter

et de placer en garde amus tous les protagonistes

de cette terrible soirée.

Enfin, ce qu'on a réussi à localiser.

Cinq mois après la découverte du corps supplicier

d'Aurélien Piongé,

les gendarmes en interpellent cinq,

dont trois qu'ils soupçonnent d'avoir

directement participé au lynchage.

Landry Frias, alias Tintin-Gedin,

Maxime Deschamps, des Pimous,

et Claude Boulet, que tout le monde appelle papa Claude,

parce que c'est le plus vieux,

il a 49 ans.

Et voilà ce qu'il raconte,

tous d'une même voix.

C'est vrai, on a donné une leçon à Aurélien.

C'est normal après ce qu'il avait fait à Rouliette.

Mais c'est tout.

Après, il est allé se remettre dans son camion

et puis, quand il est porté,

il était vivant.

Et à quelle heure serait-il parti du campement,

selon vous ?

Je dirais vers 13h, je pense, le samedi.

Mais après, nous,

on ne sait pas ce qui s'est passé

pour qu'il se retrouve pendu.

Le récit des uns et des autres est tellement similaire,

qu'on sent bien qu'ils se sont concertés.

Mais il y en a un qui craque,

et il s'appelle Alexandre.

Le samedi matin, quand je me suis réveillé,

quand je me suis fait un café,

et je suis allé le boire près du feu,

et là, il y avait Toto,

et c'est lui qui m'a dit qu' Aurélien avait violé Rouliette

et qu'il avait tabassé pendant la nuit.

Il est taré, ce type,

il est complètement taré.

Il ne faut pas qu'il sache que je vous ai raconté ça.

Promis.

Promis.

Il m'a dit

que quand il a commencé à tabasser Aurélien,

il avait rouge et qu'il ne pouvait plus s'arrêter.

Comme une machine, il m'a dit.

Il y a donc l'André Frillasse qui a frappé Aurélien.

Non, non, non.

Après, plus tard dans la matinée, il y a Claude.

Je l'ai vu donner un grand coup de pied.

Et puis il y a Pimous aussi.

Attendez, plus tard dans la matinée,

Monsieur Piogé était là.

C'est-à-dire, il était là sans être là.

Il était allongé au sol,

couvert de sa couette.

Il ne bougeait pas, mais il était vivant.

Parce qu'à un moment, Toto, il a pris une baramine

et lui a donné un grand coup.

Je l'ai entendu gémir.

Ensuite, Toto, il a dit

je vais t'apprendre à violer les nanas.

Moi, tu vas voir si c'est agréable.

Il lui a mis une baramine

dans le cul.

Il l'a fait vraiment.

En tout cas, il a soulevé la couette

et il a placé la barre et il a pensé très fort.

Après, je ne sais pas.

Un peu plus tard, il a enlevé la couette.

Il a traîné Aurélien

par un pied,

jusque derrière le camion de Claude,

en disant, voilà, ici, ça sera les toilettes.

Et avec Claude,

ils lui ont pissé dessus, quoi.

Ils lui ont pissé dessus.

C'était horrible.

Incroyable scène

que les gendarmes vont immédiatement

coller sous le nez des trois autres.

Bien,

votre amie Alexandre

vous accuse d'avoir donné des coups de baramine

à monsieur Pioget.

Qu'est-ce que vous avez à dire là-dessus ?

Hé ho !

Je vous écoute.

Qu'est-ce que vous avez à dire

sur ces accusations ?

Ben...

Qu'elles ne sont pas...

forcément

fausses, quoi.

Et là, il raconte,

enfin,

notamment, ce qui s'est passé après

qu'il lui ait uriné dessus.

Ils lui ont attaché pieds et poignets

dans le dos. Ils l'ont caché sous

une bâche.

Et ils l'ont laissé là pendant plusieurs heures.

Et de temps en temps,

ils sont allés lui donner un coup de pied

ou un coup de baramine.

Et après des styles, ils l'ont

libéré et mis dans

son camion.

Les sons, le fameux Toto

Tintin le Gaudin, racontaient la suite.

Ben, il faut

reconnaître que

il était seulement à mocher, quoi.

Alors le soir, ben, Claude

et moi, on a décidé

de l'éloigner de là où on était, quoi.

Parce qu'on nous accuse,

surtout moi, quoi, qu'il y avait un casier.

Alors avec Claude, ben, on a pris

son camion.

Et Sylvie, et puis Pimous,

ils nous ont suivi en voiture.

On arroulait, quoi. Et maintenant,

écoutez la suite, mais raconté

par Sylvie. On n'était

derrière le camion, en voiture.

Et puis à un moment, on les a perdu de vue.

Et puis on a fini par les retrouver.

Ils étaient sur le bord de la route.

Ils nous ont dit, on vient d'abandonner

où il y a son camion

dans un champard-là.

C'est un moment clé

de cette histoire.

Parce que le champard-là, comme elle dit,

correspond à l'endroit exact

où on a retrouvé le camion.

C'est-à-dire à deux pas de la grange

où Aurélien pondait tout bout

d'une corde.

Pour le coup, on a envie que ce soit

Toto Tintin qui raconte la fin.

On est arrivés

dans un champ.

Là, j'ai dit, Aurélien, on te laisse là

pour que tu te remettes.

D'ailleurs, il m'a dit merci.

Ça prouve qu'il n'était pas si

claqué que ça, quoi. Et voilà.

Pour eux, l'histoire s'arrête là.

Ils l'ont battu

violemment. Ça, ils veulent bien le reconnaître.

Mais la suite,

la pandaison, ils n'y sont

pour rien. Il a dû se pend

lui-même.

À ce stade, je dois reconnaître

que je pense, et sans doute

pensez-vous aussi, qu'il monte.

Qu'il ne raconte pas la fin.

Et qu'après, ils l'ont pendue.

Sauf qu'il y a un problème.

D'abord, sous la pandie,

les gars de la scientifique n'ont pas

trouvé une seule trace de leur ADN.

Pas une.

Ce qui conforte l'idée

coréliens, s'est pendue tout seul.

Ensuite, quand il est venu

pour les premières constatations le dimanche matin,

le légiste a pris

la température du cadavre.

35 degrés.

Donc ça, ça veut dire que la mort

remonte à quelques heures. Je dirais

5 ou 6 heures. Pas plus.

Or, si on en croise que les 3

Igomars viennent de raconter,

ils l'ont déposé beaucoup

plus tôt que ça. Dans la soirée

du samedi.

Donc soit ils sont revenus dans l'un de

nous pour le pondre, soit

il s'est pendu lui-même.

Même si on a beaucoup de mal

à imaginer la scène, il est dans

son camion. Il a pris des coups

de barre de fer toute la journée.

Il a la tête comme un conterre agace.

Il fait nuit noir.

Il est miope et il n'a pas

ses lunettes puisqu'on les a pas retrouvés.

Et il fait 150 mètres

entre son camion et la grange

pour aller se pondre.

Qui peut croire ça ?

À moi que finalement,

Aurélien ne soit pas morpendu.

Le juge

décide de faire exhumer

son cadavre

pour une nouvelle autopsy.

Alors c'est quelque chose

qui n'avait pas du tout été relevé

lors de la première expertise.

Sous la lesion

provoquée par le câble électrique

qui a servi à la pondaison,

on constate d'autres lesions

juste en dessous. D'accord, d'accord

docteur. Et elles correspondent

à une strangulation

monsieur le juge.

Donc selon vous

il a pu être étranglé

avant d'être pondu.

Oui, possiblement, monsieur le juge.

Ah, intéressant.

Mais ça n'explique pas

l'absence d'ADN.

Et puis il y a un autre détail qui cloche.

Il y a une éluante urinée dessus.

Et bien il n'y a pas de trace de pipi

sur le corps.

Donc on l'a possiblement déshabillé

et rabillé.

Qui?

Mystère.

Reste la question

du mobile.

Cette histoire de viole ne tient qu'à moitié de vous.

Sophie Alias Rouliette

dit qu'elle ne se souvient de rien

mais qu'elle n'avait rien contre le fait

de coucher avec Aurélien.

Alors on cherche. Et on trouve

une petite histoire

qui pourra être expliquée que Tintin

le Gaudin est tué Aurélien.

Il l'avait aidé

à aménager son camion.

Et depuis

il a réclamé la propriété

de la moitié du camion.

Ils étaient en conflit

là-dessus.

C'est un peu en fantaque

comme explication.

On ne tue pas quelqu'un pour un demi-camion.

Alors que le procès se profite

à l'horizon, retenez

deux choses.

Il n'y a aucun doute sur le fait

qu'ils l'ont massacré. Aucun.

En revanche,

il n'y a aucune certitude

et aucune preuve

d'attente étranglée ou pendue.

Il n'aurait rien

avoué sur ce thème.

Et donc avec de bons avocats,

ils peuvent s'en sortir

concernant l'accusation de Meurs.

Ça va se jouer sur l'intime conviction.

Comme souvent

devant la cour d'assais.

Le procès s'ouvre en mars 2013

devant la cour d'assais

d'Angers.

L'Andrie Frias, Claude Boulet et Maxime Deschamps

accusés de meurtres, de séquestration

de tortures et d'actes de barbarie

sont dans un boc vitré.

Ils encourent la réclusion

à perpétuité.

Et quatre de leurs potes

comparèent ce libre pour non dénonciation

de crimes et non assistance

à personne en danger.

Le procès dure trois semaines,

il y a eu un tourné sur place

dans le vigno. Le président espérait

que ça délirait les langues.

Ça n'a aucun effet.

À noter quand même

que tous les accusés ne font pas

front commun.

Roulette par exemple, qui n'a pas

directement participé aux meurtres

mais qui était là quand les trois autres

ont roué Aurélien de coup.

Moi, j'ai aucun doute

sur le fait qu'Aurélien

a été tué par Toto et papa Claude

j'ai pas de doute du tout.

Elle n'a pas de doute mais elle n'a pas

de preu.

Et après trois semaines de procès

il faut se rendre à l'évidence.

On ne saura jamais vraiment

ce qui s'est passé.

Ça n'empêche pas l'avocat général

de réclamer 30 ans pour le trio

accusé de meurtres.

Voyons comment les jurés vont gérer ça.

À la question

est-ce que Claude Boulet

l'André Friin

ses Maxime Deschamps ont volontairement

tué Aurélien Piogé

la réponse des jurés

est non.

Autrement dit, le trio

est acquitté des faits de meurtres.

Il fallait s'y attendre.

En revanche,

les trois sont condamnés pour les coups

de pieds et les coups de baramine.

Claude Boulet et Maxime Deschamps

prennent 15 ans

et l'André Friin se dit

18 ans.

Et ceux et celles qui ont assisté

s'en mouffeter prennent entre

un enferme et deux ans

avec sourcil.

Et ni vous, ni moi,

ni bien sur les parents

ne sauront jamais qui

a pendu Aurélien Piogé.

...

Vous avez aimé cette histoire ?

Christophe Ondelat,

vous propose de la débriefer avec un invité

dans un podcast

d'ores et déjà disponibles

sans votre application.

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

En octobre 2008, à Saint-Lambert-du-Lattay dans le Maine-et-Loire, Aurélien Pioger, 28 ans, un vendangeur itinérant, est retrouvé pendu dans un appentis au milieu des vignes. Ses pieds touchent étrangement le sol et ses parents ne veulent pas croire à l’hypothèse d’un suicide.