Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Amoureuse d’un criminel : Sigrid - L'intégrale

Europe 1 Europe 1 8/14/23 - 45m - PDF Transcript

Voici l'histoire vraie et dérangeante de Sigrid, une française qui tombe amoureuse

d'Alan, un américain condamné à mort pour double meurtre et qui se trouve dans le couloir

de la mort d'une prison de Floride aux Etats-Unis.

Histoire que je tire du livre Les Mets Meurtriers de Marine Maséas aux éditions du Rocher.

Sigrid a accepté du débriefé elle-même sa propre histoire.

Vous pourrez écouter son interview dans un deuxième podcast disponible sur votre application.

J'ai écrit cette histoire avec du al-dhélieu-le-veu, réalisation Céline Lebrun.

Je m'appelle Sigrid. Je suis né en 1981, c'est-à-dire l'année de l'abolition de

la peine de mort en France. Naivement, je me dis que c'était un signe.

Car aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours été contre la peine de mort.

A l'école primaire, je détestais les histoires de guillotine dans les camps d'histoire.

Et à l'adolescence, quand j'ai découvert que les Etats-Unis exécutaient des hommes

et parfois dits mineurs, ça m'a choqué énormément.

Alors, j'ai voulu communiquer avec un détenu dans le couloir de la mort.

Et c'est comme ça que quand j'ai accès à Internet, après mon bac, je découvre

l'existence de James, un carcéré en Florine. Et je lui écris, « Chers James, j'ai lu

plusieurs de vos chroniques sur le Net et je les trouve très intéressantes.

Accepteriez-vous de correspondre avec moi ? »

Je n'ai aucune idée de pourquoi il a été condamné. Et en vérité, je m'en fiche.

Pour moi, c'est le système qui est inacceptable. On ne peut pas programmer la mort de quelqu'un,

quoi qu'il est fait. Et je me dis qu'apporter un soutien et de l'humanité à James sera

ma façon de militer à mon échelle.

En 2014, je me mets à la recherche d'un détenu plus jeune, qui corresponde un peu plus

aux préoccupations de mon âge. Je ne me rends pas du tout compte à quel point cette décision

va changer ma vie.

Un soir, je vais sur un site d'annonce qui offre de correspondre avec des détenus.

On me demande des critères. J'en choisis de l'âge entre 25 et 35 ans, et la mention

« Death Row » « Couloir de la mort ». Et là, le profil d'un certain Alan s'affiche,

avec une photo, comme sur les sites de rencontre. Les autres mettent des photos torsenues, pas

lui. Lui ne cherche pas de relations amoureuses, et ça tombe bien, moi non plus. Il écrit

qu'il cherche quelqu'un pour partager des histoires de vie. C'est simple, et ça me

parle.

Alors, je sais qu'il y a des femmes qui écrivent aux condamnés à mort pour pimenter

leur vie, mais pas moi. Cela dit, ils les beaux garçons. Chatin aux yeux clairs, le

crâne rasé, la mâchoire carré. Sur la photo, il porte la blouse orange réglementaire.

Sa présentation est assez courte. Il a 26 ans. Il est condamné depuis 5 ans. Il donne

sa taille, son poids, sa ville d'origine, son signe astrologique et ses centres d'intérêt,

qui se démarquent un peu des autres. Je m'intéresse à la philosophie, à la

théologie et aux différentes cultures. Je suis ouvert à tout type de correspondants,

sans critères de race, de gens ou de religions. Et tout à la fin de son profil, il y a son

casier judiciaire. Si Alain est dans le couloir de la mort, c'est pour avoir avec trois complices,

volés, enlevés, puis enterrer vivant un couple de retraités. Moi, ça ne m'effraie

pas. Même un tueur d'enfant, je pourrais lui écrire. Au moment de lui envoyer ma première

lettre, j'ai quand même quelques craintes. Et s'il était en bout de course, et s'il

était exécuté bientôt, je ne veux pas créer de lien avec quelqu'un qui va mourir

prochainement. Je sais que j'aurais beaucoup de mal à m'en remettre, surtout si nous

devenons amis. Nos premiers échanges sont un peu bateaux. On se présente. Par exemple,

je lui parle de mon père qui vient de mourir d'un cancer. Et lui, il me parle de sa mère

atteinte du même mal, mais qui a guéri. C'est une porte d'entrée vers des conversations

autour de la mort, de la santé, vers des sujets profonds.

Et très vite, Alain devient un confidant précieux. Je peux vraiment tout partager avec lui. Je me

sens libre et écouter, être 100% soi-même avec quelqu'un. C'est un rêve. Et puis,

il s'exprime très bien. Il était rudi pour quelqu'un qui est en prison depuis ses 18 ans. Il a beaucoup

lu. Il s'est instruit seul. Je suis sensible à ça. A part ça, par rapport à moi, son parcours de vie est

très tourmenté. Moi, j'ai eu une vie banale, une famille classique. Je n'ai jamais fumé une seule

cigarette, ni jamais touché à la drogue. J'ai toujours été sage dans les clous, alors que lui,

mes parents ont divorcé quand j'avais six ans. On était trois garçons. Et donc ma mère nous a

élevés seuls. Elle travaillait beaucoup. Donc elle n'était pas souvent là. Et moi, j'étais livré à moi-même.

J'ai commencé à boire de l'alcool. Et à 12 ans, j'ai essayé la drogue. Mais je suis devenu à con.

Pour avoir ma dose quotidienne, je volais. Je volais pour le compte de dealer. Jusqu'à mon

arrestation, j'étais complètement à la dérive. Et voilà. On s'écrit deux à trois lettres par semaine.

Et j'ai reconné que c'est difficile d'attendre ses réponses. Du coup, je lui ai écrit avant même de recevoir

ces lettres. On a trop de choses à se dire. On se comprend vraiment bien. Alan est une bonne personne.

Je m'aperçois, au fil de nos lettres, qu'Alan cherche de l'amour. Aimer et être aimé. Il est romantique.

Moi, mes histoires d'amour n'ont jamais été vivantes, ni fougeuses, ni passionnées.

J'ai connu trop de désillusions. J'ai laissé tomber cet utopie. Le grand amour, je n'y crois plus.

Mais maintenant, quand j'entends le bruit du vélo du facteur par la fenêtre, je dévalle les escaliers de

l'immeuble pour récupérer mon courrier. Et si je le loupe, je descends trois fois à ma boîte pour vérifier et

re-verifier. C'est presque une dépendance. Alan me rend heureuse. Mais je n'en visage pas de relation.

Alors que lui, trois mois après le début de notre correspondance, il m'écrit une longue lettre de 30 pages.

Tu sais, nos échanges m'ont beaucoup fait avancer. Mais j'ai un réel coup de coeur pour toi.

Je suis attiré par toi. Et puis je te trouve belle. Je joue un balètre à un formulaire de visite.

Au cas où tu voudrais venir me voir un jour.

Je suis flatté. Mais ça me fait peur. Jusque là, nos lettres n'étaient que du bonus dans ma vie.

Alan était un confident idéal. Mais moi, à côté, je fréquente des zones. Jamais, je n'ai imaginé entretenir une relation avec lui.

Il est loin, en prison, et en plus dans le couloir de la mort. Alors oui, j'aime ces mots. Je me suis attaché à lui.

Mais être en couple avec lui, non, non. Mais maintenant, il faut que je lui réponde.

Est-ce qu'il n'y a pas 20 autres filles qui t'écrivent de la même façon ? Et puis c'est si bien écrit.

Est-ce qu'on va se plaire dans la réalité ? Si ça n'était pas le cas, la déception serait immense.

Qu'il en soit, je serai heureuse de venir te voir un jour. Peut-être.

Et dans la lettre suivante, je joint le formulaire de visite remplie au cas où. Mais lui, cesse de m'écrire.

Je m'en doute, il a été vexé et il a été blessé par ma lettre. Et ça dure 6 semaines.

Et pour moi, c'est un supplice. Je suis triste et déprimé. Comme je ne l'ai jamais été avant.

Il me manque. Et je pleure beaucoup.

Pendant ce temps-là, moi, je viens d'avoir mon diplôme. Je suis censé chercher un emploi.

Mais, ne plus recevoir de l'être de lui, me plombent dans une lethargie. Total.

Je reste chez moi. Je ne fais rien. Je suis déprimé.

J'ai toujours eu du mal à comprendre les femmes qui tombent amoureuses d'homiles carcérées,

alors qu'elles ne les connaissent pas. Sortes de groupies fanatiques dont on a le sentiment qu'elles sont folles.

Et pourtant, c'est ce qui m'arrive. Et je le vis très mal.

Je viens de passer 6 ans avec un autre homme, auquel j'étais attaché.

Mais je n'ai jamais eu pour lui cet étincelle.

Il faut que je le sorte ma tête. Il faut que je le sorte ma tête.

Alors, je décide de faire des recherches sur son affaire.

Ça va peut-être me dégoûter. M'aider à l'oublier.

Effectivement, son affaire est ignoble. Un couple de trans qui le retraitait, enlevé chez eux,

à qui on a soutiré leur côte de carte mancaire avant de les enterrer, vivant.

Les articles d'Isgalan étaient l'instigateur de tout ça. Je n'arrive pas à les lire jusqu'au bout.

Enfin, c'est pas possible qu'il ait commis de tel fait. J'y crois pas. J'y crois pas. Ça ne colle pas.

S'il m'aurait écrit, un jour, ce que j'espère de tout cœur,

je le rencontrerai et on en parlera. Il aura forcément une autre version.

Après 6 semaines de silence, alors que je n'y crois plus,

je reçois des nouvelles d'Alanne et ses premiers mots sont « I love you ».

Je suis dans le couloir de la mort depuis 12 ans. Jusqu'ici, je ne voulais pas avoir une histoire d'amour.

Je n'ai rien à offrir et je veux me préserver d'un amour qui ne serait pas réciproque ou qui pourrait me blesser.

Mais j'ai été vraiment très triste de ne plus avoir de lien avec toi durant ces quelques semaines.

Alors, quoi que tu décides, j'accepterai ce que tu voudras bien m'offrir, de l'amour ou de l'amitié.

J'en prendrai mon parti. C'est là que je prends la décision de le rencontrer,

de me confronter à ce qu'il est en réalité, pour savoir si je ne l'ai pas idéalisé

et si je ressens vraiment de l'amour pour lui.

Deux mois plus tard, mi-décembre 2014, me voilà devant les portes du centre correctionnel de Rayford en Floride.

Je me suis maquillé, mais pas trop. Je veux rester naturel.

Est-ce que je vais savoir quoi lui dire ? Je suis nul en anglais.

Me voilà dans une grande salle avec des tables en métal fixées au sol.

Et là, il entre.

Oh, qu'est-ce qu'il est beau ? Quel sourire ! On s'embrasse ?

Pendant les six heures que dure cette première visite, on rie. On se prend les mains.

Il a un accent du sud des États-Unis incompréhensible. Je ne comprends rien à ce qu'il me dit.

Alors on se contente de se regarder. Et ça passe à une vitesse folle.

Pendant ces jours aux États-Unis, on se voit cette fois, dont le jour de Noël.

J'ai l'habitude de ne pas passer des fêtes de fin d'année en famille.

Ça ne me prive pas du tout d'être ici avec lui. Bien au contraire.

Et un jour de Noël dans le couloir de la mort, je me sens à ma place.

Tant que je suis avec lui, je suis heureuse.

Mais m'engager auprès de lui, c'est le risque de le perdre du jour au lendemain.

Pour l'instant, il attend une décision concernant l'appel de sa condamnation à mort.

Mais moi, moi si je m'engage, je n'envisage pas ma vie sans lui.

De retour en Europe au Danemark où je vis, comment dire à mon entourage

que je suis en couple avec un homme condamné à mort pour un double meurtre ?

Comment affronter leur regard et leur réaction ?

Alors je poste sur ma page Facebook une photo de moi et Dalan en charge.

Et je me dis que je suis en couple avec un homme condamné à mort pour un double meurtre.

Alors je poste sur ma page Facebook une photo de moi et Dalan en détention.

Et en légende, j'écris un message succinct et volontairement imprécié.

Ce voyage a été déterminant pour moi.

Dalan est quelqu'un d'exceptionnel et d'assez particulier pour moi.

Pas de question de dire clairement que je l'aime.

Je veux rester sur mon petit nuage et je ne veux pas gâcher mon enthousiasme par des critiques.

Ou des remarques ou traits de mes proches.

Au centre pénitentiaire de Rayford, Dalan est immatriculé sous le numéro J35401.

Son quotidien, ce sont les barreaux, l'uniforme orange, les alarmes d'ouverture des portes

et deux fois trois heures de sortie par semaine en dehors de sa cellule de 5 mètres carrés.

A l'intérieur de la cellule, les murs doivent rester nus, aucune photo, aucun dessin.

Alors lui il s'occupe, il dessine, il construit des miniatures en papier et en bâtonnet de bois.

Et puis il chante du death metal, il lit des ouvrages scientifiques et philosophiques.

Il est habitué à vivre avec cette peine de mort qui plane au-dessus de sa tête.

Il se consacre à l'instant présent, comme les bouddhistes.

J'ai commencé à dire les choses à ma mère.

Je pense qu'elle sentait arriver ce que j'allais lui révéler.

Bien sûr, je ne suis pas entré dans les détails de sa condamnation.

Je ne parle pas des retraités enterrés vivants.

Mais il n'y aurait pas un beau danois que tu pourrais rencontrer.

Non maman, ça m'intéresse pas.

Je suis avec Alain et je veux être avec lui.

Mais il est quand même en prison, il est condamné à la peine de mort.

Maman, si tu le connaissais Alain, tu arrêterais de me parler d'autres hommes.

Si tu veux, tu pourrais m'accompagner et tu comprendrais pourquoi je suis avec lui.

Et donc en mai 2015, je vais en Floride pour la deuxième fois accompagné de ma mère.

Il l'accueille en français.

Ah bonjour madame, est-ce que le voyage s'est bien passé ?

Comment allez-vous ?

Et il dit ce premier parloir, elle l'adore.

Je l'ai trouvé gentil, charmant, et il est très beau.

Je l'ai trouvé très attentionné avec toi.

Je ne t'ai jamais vu aussi heureuse, mais ça me rassure.

La veille de notre dernier parloir, probablement encouragée par l'adoubement de ma mère,

Alain me prend les mains et il me dit, c'est greed.

Je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi.

Tu es devenu le personne le plus important de ma vie.

Tu me rends tellement heureux.

Je ne savais pas que je pouvais aimer à ce point.

Même si on se voit peu, je voudrais que l'on soit officiellement marie et femme.

Est-ce que tu veux bien m'épouser ?

Really ?

Yes, of course.

I love you, so yes.

J'ai dit oui.

Et là, en guise d'alliance provisoire, il me glisse aux doigts une bague,

traissée avec du fil de protré.

Si on se marie, il faut que je vienne m'installer près de lui.

Alors je consulte un avocat.

Il faut vous marier rapidement, comme ça vous pourrez obtenir un visa d'épouse.

Et ça vous permettra de travailler sur le territoire américain.

La cérémonie aura lieu en prison.

Je ne pourrais pas inviter mon entourage.

Alors je le renvoie à un faire-pas.

Parmi les 60 amis et proches que je préviens, seuls quatre me répondent.

Les autres me tournent le tout.

Ma sœur et mon frère me disent que je vais gâcher ma vie.

Je encaisse.

Si je veux poursuivre ma relation avec lui, je vais devoir m'endurcir.

Alain avait fait appel de sa condamnation à mort.

Elle vient d'être rejetée.

Je n'ai jamais abordé l'effet avec lui.

J'ai lu tous les articles consacrés à l'affaire.

Je ne veux pas croire à son implication dans ce double meurtre.

Il n'est pas le monstre qu'on décrit.

Je sais au fond de moi que sa participation au crime n'est pas celle que décrivent les journaux.

Il me l'a dit.

Je ne ferai jamais de mal à une femme, tu sais.

Notre mariage a lieu le 23 avril 2016.

J'ai mis une Europe patineuse des années 50.

Et lui n'a pas pu déranger à sa tenue réglementaire orange.

Ça se passe au fond de l'espace de visite.

Nous sommes là, mas enlacés.

À nos terres, lit un passage de la Bible.

Et puis on l'échange nos voeux devant nos sept invités boules.

Même les gardiens sont émus au l'art.

Aujourd'hui, je choisis sans hésitation ni doute mon époux.

Il est l'homme idéal.

Alain, tu es la personne à laquelle je pense en dernier quand je me couche.

Et la première à m'en réveiller avant même d'avoir ouvert les yeux.

Je ne me souviens pas.

Et la première à m'en réveiller avant même d'avoir ouvert les yeux.

Et rien, rien ne me rend plus heureuse.

J'admire et j'aime ton honnêteté, ta loyauté, ta force et ta résilience.

Tu m'inspires.

Je te promets d'être toujours à tes côtés

et de te soutenir dans les meilleurs et les pires moments.

Je veux que nous ayons des cheveux gris ensemble.

Et lui prononce ses voeux à son tour.

Te présence à mes côtés, ses gris, dicte le temps.

Il est difficile de respirer quand tu es loin

et mes pensées sont troublées quand tu es là.

Je promets de traverser le feu et la pluie avec toi jusqu'à le fin.

Je promets de te donner tout de moi et de t'aimer tout entier.

Et puis nous échangeons nos consentements.

On a juste demandé de modifier une phrase.

On dit qu'on s'unit pour toujours, plutôt que jusqu'à ce que la mort nous sait pas.

Et après ces brutels, ils le ramènent en ces lieux.

Ça a duré une demi-heure.

Une fois marié, je lui pose toutes les questions que je veux sur son affaire.

Je lis la transcription du procès.

Et je m'aperçois que son histoire est très différente des gros titres des journaux.

Tu sais, oui, oui j'étais présent lors du cambriolage.

Mais je n'ai ni assisté, ni participé au mythe.

Il reste un petit espoir de voir sa condamnation à mort transformée en peine de prison à vie.

Mais quoi qu'il adhienne, il ne sortira probablement jamais de prison.

À moins qu'un nouveau procès ne puisse avoir lieu.

Je voudrais avoir les moyens de lui payer un nouvel avocat.

Les siens ne se battent pas pour lui.

Mais financièrement, je ne peux pas.

De toute façon, je ne veux pas me donner de faux espoirs.

Je ne l'imagine pas rentrer à la maison un jour.

Je ne crois pas qu'on vivra ensemble.

Avant notre mariage, je l'ai dit que je ne pouvais pas lui promettre de rester fidèle.

Tu sais, Alain, je compte pas abandonner le sexe.

Ok.

Ok, tu peux faire ce que tu veux.

Tu peux faire ce que tu veux.

Tu peux faire ce que tu veux.

Tu peux faire ce que tu veux.

Tu peux faire ce que tu veux.

Tu peux faire ce que tu veux.

Ok.

Ok, tu peux faire ce que tu veux.

Mais moi, je veux rien savoir.

Depuis, il a peur bien sûr que je rencontre quelqu'un qui m'apporte tout ce qu'il ne peut pas m'apporter.

Le sexe, la tendresse, m'emmener au restaurant et partir en vacances.

Mais en vérité, je ne suis tenté par aucun autre homme.

L'idée qu'une autre personne me touche me met mal à l'aise.

Avec Alain, nous avons très peu de contact physique.

Et ça me manque.

Je rêve de le prendre dans mes bras pour une durée illimitée.

Sans qu'on me dise...

Stop !

Comme le font les gardiens de prison.

15 mois après notre mariage, je m'installe aux États-Unis.

Dans un premier temps, j'habite chez sa mère, à Jacksonville,

à environ une heure de voiture de la prison.

Il est prévu que j'y reste un an, le temps de trouver du travail et de faire des économies.

Les loyers sont chers aux États-Unis.

Le revers de la médaille, c'est que j'ai des moments de solitude

dans ce pays où je n'ai pas de repères et pas d'amis.

Passer le forêt du premier mois, ça devient difficile.

Les semaines sont longues et j'attends avec impatience le dimanche pour voir Alain.

Mais je sais pourquoi je suis là et je m'accroche.

Selon le règlement du couloir de la mort,

nous avons droit à deux câlins et à deux baisers par visite.

Et pourtant, 2018, je tombe enceinte.

Je baisse le pour et le contre.

Je serai maire célibataire.

Je serai la seule à m'occuper de mon pémé.

Comment est-ce que je vais lui expliquer plus tard pourquoi son père est en prison ?

Qu'est-ce que je lui dirai quand il me demandera ?

Dis maman, papa il va sortir bientôt ?

Et si Alain était exécuté, serait-il traumatisé ?

Mais bon, j'ai vu beaucoup d'enfants au parloir.

Ils ont l'air heureux.

Malheureusement, je perds cet enfant.

Et je me retrouve seul dans une grande détresse.

Je tombe à nouveau enceinte en mai 2019.

C'est un garçon.

Comment on a fait ?

Je ne vous le dirai pas.

Toutes les semaines, j'apporte à Alain les écographies.

Je suis heureuse, je suis amoureuse et je vais devenir mère.

J'ai décidé de l'appeler Soren River.

Il naît le 17 janvier 2020.

Je fais tout de suite une visio avec ma famille.

Et ensuite, j'envoie une courte vidéo à Alain par mail.

C'est le seul moyen que j'ai de lui faire savoir qu'il est papa.

La première fois qu'il voit son fils, Alain en devient gagat tout de suite.

Et à partir de là, rien ne compte plus.

Dès le premier parloir, il lui donne le biberon.

Il le change comme un papa attentif.

Et là, arrive le Covid, plus de visites.

Impossible de le voir pendant 8 mois.

C'est une période très dure.

Je m'inquiète pour son moral.

Alors on s'écrit, je lui envoie des vidéos pour qu'il voit son fils grandir.

Mais ça me coûte sacrément cher.

25 dollars pour un carnet de 70 points.

Lui a envoyé un mail, coûte un point.

Et une photo, 4 points.

Soren, je lui parle tous les jours de son père.

Pour qu'il ne l'oublie pas.

La direction de la prison n'a pas dû tout apprécier que nous ayons réussi à avoir un enfant.

Alors je suis interdit de visite.

C'est ma belle-mère qui amène Soren au parloir pour maintenir le lien.

Pour moi, c'est difficile.

D'autant que je n'ai aucune date, aucune perspective de revoir Alain.

C'est terriblement injuste et cruel.

Si je prenais pas des anti-dépresseurs, je ne serais sans doute plus là.

En juin 2022, la justice finit par me donner raison.

Jusque là, je pensais ne plus revoir Alain, en tout cas pas avant 2023.

Mais l'autre vie de couple et de famille reste conditionnée par la prison.

J'aurais préféré une autre vie, plus facile, plus simple.

Oui, c'est une vie de sacrifice.

J'aimerais pouvoir dormir avec mon mari, sortir avec lui au restaurant,

partir en voyage, l'avoir près de moi tout simplement.

Ce n'est pas possible.

Je le sais depuis le début.

Je l'ai accepté.

C'est mon âme-sœur.

On se complète.

On se comprend.

Il est un confident parfait.

Il est un partenaire de vie.

Il est un mari idéal.

Et puis un père impliqué aussi.

Les frontières, la culture, la langue, la prison...

Rien.

Rien ne nous a empêchés de nous aimer.

Ni le candidaton, ni l'enthousiasme mitigé de ma famille

ne m'ont dissuadé de rester auprès d'Alan.

Avec mes proches, c'est parfois compliqué.

Encore maintenant, ça ne passe pas auprès de ma mère.

Ça n'est pas la vie qu'elle voulait pour moi.

Ça fait peur de se dire qu'une jeune femme équilibrée et panouie

puisse tomber amoureuse d'un prisonnier.

Je comprends.

Qu'on dise qu'un homme comme ça, ça n'apporte rien.

Ni l'argent, ni la sécurité, ni relations intimes,

ni avenir.

Et pourtant, il m'apporte autant.

Nous avons une intimité

qui est bien plus forte que celle que j'ai vécu avec d'autres partenaires.

Les gens et les médias préfèrent verser dans la caricature

et nous décrire comme des groupes isstériques de tueurs sanguinaires.

On me dit parfois qu'être avec Alan,

c'est un manque de respect pour ses victimes

et qu'avoir un enfant avec lui est irresponsable.

Et comme mon fils héritera certainement des gènes de son père

et qui deviendra un tueur,

c'est d'une violence inouïe.

En livrant mon histoire,

j'espère faire évoluer les mentalités.

J'espère faire avancer la tolérance du cœur.

Je vous ai raconté l'histoire de Sigrid,

une française tombée amoureuse d'Alan,

un condamné amour américain,

dans le couloir de la mort d'un pénitentier de Floride,

amoureuse au point de l'avoir épousé

et d'avoir eu un enfant avec lui.

Et cette histoire, je l'attends,

c'est de l'enquête,

c'est de l'enquête,

c'est de l'enquête,

et d'avoir eu un enfant avec lui.

Et cette histoire, je l'attire du livre de Marine Mazia

sous édition du Rocher,

Les Mets, Meurtriers

et Sigrid est là avec nous pour débriefer son histoire.

Est-ce que vous vous êtes retrouvés dans ce récit

qui est donc directement tiré de votre témoignage dans le livre ?

Oui absolument, je suis passée par un grand vide d'émotion

pendant que j'écoutais

et ça retraite vraiment mon histoire.

Est-ce que vous pensez que les gens ont été choqués

en écoutant votre histoire ?

Oui, je pense surtout à cause de la nature du crime.

Je pense que les gens, à partir de là, ils ne comprennent pas.

Je sais que c'est là où il y a eu blocage par rapport à ma famille,

c'est quand ils ont commencé à chercher son affaire

et c'est là où vraiment les portes se sont fermées pour moi.

Et c'est le sens de votre démarre,

c'est pour ça que vous racontez aujourd'hui,

c'est parce que vous voudriez que les gens ne soient pas choqués ?

En fait, je comprends qu'ils soient choqués,

ce que je voudrais, c'est qu'ils jugent moins,

c'est qu'ils soient moins sévères avec les femmes

qui tombent amoureuses de personnes qui sont incarcérées,

parce que nous, on n'a rien fait, on n'a pas participé au crime,

mais on est vu comme si en fait on approuvait,

parce qu'on avec eux, on approuverait leur crime,

alors que ce n'est pas du tout le cas.

On va revenir sur beaucoup de choses tout à l'heure.

Cette question d'abord, Alain aujourd'hui,

toujours dans le couloir de la main ?

Alors non, en juin 2022, il a été ressenté,

je ne sais pas comment dire en français,

rejusé à la peine de prison à vie sans possibilité de parole.

C'est-à-dire qu'il ne pourra jamais sortir ?

C'est ça, ça veut vraiment dire toute la vie en prison.

Il n'y a pas de négociations possibles, jamais même dans 10 ans ?

Il n'y a pas de négociations possibles,

mais il y a toujours de l'espoir,

il y a toujours d'espoir que les lois continuent à changer

et qu'ils puissent obtenir un jour un nouveau procès.

Si on la reprend au début, c'est gris de cette histoire,

moi j'ai le sentiment que dès le début,

vous avez quand même cette idée dans un coin de votre tête,

peut-être pas dès le début, début, début, mais assez vite,

et en tout cas bien avant qu'il ne vous déclare sa flamme.

Vous voulez dire l'idée de me mettre en couple avec lui ?

D'être amoureuse.

Ah non, pas du tout.

Moi quand j'ai commencé à écrire,

déjà je commençais à écrire à des détenus quand j'avais 18 ans.

Donc là à l'époque où j'ai rencontré Alain par courrier,

j'avais 32 ans.

Donc il y a du temps qu'il s'est passé entre temps,

et moi mon but, c'était juste d'apporter du soutien

à quelqu'un qui était incarcéré,

particulièrement d'un couard de la mort,

parce que j'ai beaucoup de mal avec cette idée.

J'accepte pas, comme vous l'avez très bien expliqué,

j'ai un problème avec la peine de mort,

j'accepte pas que ça existe,

mais ce que j'allais faire, c'était apporter mon soutien

à quelqu'un dans cette situation particulièrement.

Mais Sigrid, est-ce que vous pensez que vous auriez pu aimer

un homme ordinaire,

par exemple un employé de banque de la Sainte ?

Ben oui, j'aurais pu.

Avant ça, j'étais avec des hommes ordinaire.

Mais c'est Alain, il est particulier.

Je vivais un peu ma vie idéale à ce moment-là.

J'étais à Copenhague,

qui est une ville que j'adore.

J'étais heureuse, j'étais vraiment au top de ma vie.

Je voulais bien changer, en fait.

Et lui, il a vraiment tout bouleversé.

C'était pas prévu, mais par contre, c'est arrivé

parce que ça ne peut arriver qu'à des gens comme moi,

forcément quelqu'un qui écrit.

Mais je me demandais,

est-ce que vous ne cherchiez pas, finalement,

l'amour plus un défi personnel,

plus une montagne à escalader ?

Non, je cherchais juste à soutenir quelqu'un.

Pas plus ?

Non.

C'est du militantisme ? Point, au départ.

Oui, exactement.

Il n'y avait pas de comptes à régler avec votre famille

en les mettant devant une montagne

et en leur disant, grimpe.

Et si t'arrives pas à grimper, tant pis.

Non, je n'ai pas du tout fait ça

par réveillon ou par rapport à ma famille.

Comme je disais, j'écrivais déjà

à quelqu'un qui était dans le couvert de l'amour avant.

Et du coup,

c'était un peu normal pour ma famille.

Enfin, je veux dire, le fait que j'écrivais

à quelqu'un d'autre, ça ne les a pas

perturbés plus que ça.

En revanche, évidemment,

ils n'ont pas aimé que je tombe amoureuse.

Mais je ne l'avais pas prévu.

Et ça, après, pour moi, le choix est vite fait

entre ma famille et Alan.

Alors, il y a un truc qui m'a énormément surpris.

Sigrid, c'est que vous ne parlez pas anglais

à ce moment-là.

Très peu.

Vous baragouinez.

Alors, c'est pas exactement vrai.

J'écris très bien en anglais.

Je parlais très bien en anglais parce que je vivais

au Danemark et je parlais danois un tout petit peu

et je parlais beaucoup anglais.

Mais c'est l'Américain du Sud

que vous ne saviez pas parler.

Voilà. C'était le fait de m'exprimer à l'horrage.

J'étais encore assez timide à l'époque.

Et surtout, Alan, il a un accent

qui est incroyable.

Et c'était ça qui était compliqué.

Vous racontez cette scène que je trouve

bouleversante. C'est le moment où vous envoyez

votre ferpart de mariage

à 60 personnes.

Il y en a que quatre qui vous répondent.

Vous avez réglé

les comptes avec les 56 autres.

Alors, pour beaucoup,

je n'ai pas eu l'occasion de régler les comptes

parce qu'ils m'ont simplement

tourné le dos, en fait.

Vous savez, à l'époque, maintenant,

des réseaux sociaux et tout, par exemple,

ils m'ont supprimé de leur Facebook.

Voilà, c'était la réponse que j'ai eu.

J'ai parlé à certaines autres personnes,

mais enfin,

j'ai envie de dire que j'ai quand même perdu

ces 50 personnes.

Totalement. C'est Ria Pin qui a fait marche arrière,

qui a consenti à dire que c'était de l'amour

qu'il n'y avait rien à faire contre ça.

Non, j'ai ma mère et ma sœur

qui me soutiennent.

Mais c'est vraiment les deux celles personnes

de ma famille. Après, j'ai d'autres personnes

qui me parlent encore,

et qui s'en fichent entre guillemets,

qui passent au-dessus, on va dire, pour garder

une relation avec moi, mais qui n'approuve pas.

Mais sinon, j'ai juste ma mère et ma sœur

qui me soutiennent maintenant.

Enfin, votre mère vous dite que c'est pas évident non plus.

C'est-à-dire qu'elle vous soutient parce que c'est vous.

Mais quand même, l'idée

n'est pas totalement partagée.

C'est ça, personne ne rêve de ça

pour personne ne rêve de cette situation

pour ses enfants.

Forcément, je la comprends.

En plus, comme j'ai été au Danemark,

elle, elle s'est dit

qu'elle va se trouver un beau danois.

Exactement.

Mais moi aussi, je vous laissais

en l'idéal.

Ça m'aurait tout à fait convenu.

Je voulais rester là-bas.

C'est pour ça que c'est vraiment

contre moi, c'est arrivé.

Je suis tombé amoureuse, je suis tombé amoureuse.

C'est les bons mots.

Alors, vous êtes tombé amoureuse

et on a le sentiment que vous avez besoin

de croire qu'il est innocent.

Vous êtes toujours convaincu aujourd'hui

qu'il n'a pas commis ce double meurtre ?

Alors, en fait, quand j'ai épousé,

je savais pas.

J'avais des devoutes.

J'arrivais pas à réconcier la personne

qui était aujourd'hui avec le crime

dont j'avais lu les gros titres.

Je sais que ça a été confirmé

qu'il n'était pas sur les lieux

du meurtre.

C'est-à-dire que vous êtes en train de dire

que s'il avait eu un bon avocat,

il aurait été acquitté ?

Il aurait eu une peine moins forte,

c'est sûr, parce qu'il aurait été condamné

à une autre charge en fait, pas un meurtre capital.

Probablement.

Comme complice, probablement.

Vous êtes sûr de ça ?

C'est pas plus facile pour vous de le croire ?

Non, je le crois lui

il est incapable de mentir,

je le sais quand il ment.

Et l'effet colle

et c'est aussi confirmé par ses co-défendettes.

Soren,

Soren, est-ce que vous avez déjà prévu

quand et comment vous lui direz vraiment les choses ?

Il a 3 ans aujourd'hui.

C'est ça ?

Soren, il va avoir 3 ans en janvier.

Donc il est encore tout petit.

Il comprend pas

qu'il sait pas que son père

est en prison et qu'il peut le voir

que de temps en temps et qu'il n'est pas à la maison.

D'ailleurs, de temps en temps, il me dit qu'il lui manque

déjà.

Je suis surprise parce qu'il est vraiment petit.

Mais en revanche,

avec mon mari, on a discuté de ça et je pense que

ce sera le rôle de mon mari.

De lui dire ?

Oui, je pense que c'est mieux.

Et pour mon mari, c'est prévu.

Il n'a jamais des questions

de mentir.

Tous les deux, on est très honnêtes,

parfois un peu brutaux.

Donc on n'a absolument pas prévu

de mentir à Soren.

Vous avez prévu un âge

d'âge de raison, par exemple,

7 ans pour lui dire les choses.

Il y a une autre hypothèse.

C'est que petit à petit, sans que rien ne soit formulé,

il comprenne les choses lui-même.

Je pense qu'il va comprendre la prison

par lui-même,

déjà.

Là, je compte lui expliquer qu'il y a des gens

qui font des erreurs ou qui commettent

des crimes.

Il y a des gens qui font des erreurs

complètement et qui a tout acheté.

Ça, c'est un peu l'éducation

que je voulais lui donner de manière générale.

Je pense que vivant avec moi

et vu mes valeurs, c'est quelque chose

qui sera sans doute ancré en lui,

à la base.

Et ce sera quand lui, il posera des questions.

Il n'y a pas d'âge.

Ça viendra de lui.

J'ai évidemment une question à vous poser

et je voudrais que vous m'en disiez un peu plus.

Comment avez-vous fabriqué ce bébé

quand il y avait un personne dans une pièce ?

Oui, il y a

plusieurs tables avec plusieurs familles.

Mais, justement,

nous, on ne veut pas parler

de la conception de Saurène.

Ce que je veux dire, c'est que j'ai utilisé

une loi en Floride qui dit que

tous les enfants, comme on est mariés,

à l'année mois, tous les enfants auxquels moi,

je donne l'essence, ils sont automatiquement

les siens, exactement.

Donc, c'est un peu utiliser ça.

À votre avis,

l'existence de Saurène,

est-ce que ça peut compter pour la suite

quand se posera la question

éventuelle de

le libérer

sur parole ? Je ne vais pas vous demander

si c'était une stratégie de votre part.

Peut-être une stratégie pour éviter d'ailleurs

la peine de mort ?

Non, d'ailleurs, c'était pas une stratégie.

Enfin, mon bébé, c'est pas une stratégie.

C'était juste parce que j'avais un désir d'enfant.

Lui a toujours eu envie d'être papa.

Et

l'horloge tournait pour moi, comme on dit.

L'horloge biologique ?

Oui, parce que j'ai eu

j'avais 40 ans.

Enfin, 38 ans, voilà.

Et au contraire,

c'était plus quelque chose qui aurait pu poser

problème lors de sa ressentance,

parce que ça aurait pu donner l'image

de, oh, il est en décembre,

mais il s'amuse, il arrive même à avoir

un enfant et il est marié.

Donc, en fait, toute ma famille,

enfin, moi et mon fils,

c'est complètement écarté

de la stratégie

de ces avocats.

C'est pas du tout quelque chose qu'ils ont utilisé en sa faveur.

Vous allez le voir bientôt ?

Je sais toujours pas quand est-ce que moi je peux aller le voir.

Je peux faire une demande en janvier.

Donc, je vais faire une demande en janvier

et je verrai.

Parce que vous êtes toujours privé de permis

à cause de cet enfant

conçu en détention ?

C'est ça. J'ai toujours pas mes visites.

Ça va faire, en janvier, ça fera 2 ans.

Vous souffrez de ça ?

C'est insupportable.

Je n'arrive pas

à m'habituer.

Je pense que je ne m'habituerais jamais

à ne pas le voir.

Et j'ai beaucoup de mal.

Vous savez qu'en France,

il y a des appartements qu'on peut occuper

pendant 48 heures avec un détenu

et où on peut faire zippe en panse

si on veut.

Oui, parce que justement,

j'ai travaillé en prison en France.

Et du coup, j'avais visité tout le centre pénitentiaire

et j'avais vu ces appartements.

C'est donc à l'époque,

moi je m'avais fait aller vivre

une idée de vie familiale.

Oui, c'est ça.

Et oui, forcément, ça me fait rêver.

Ça n'existe pas aux États-Unis

dans aucun pénitentier ?

Ça existe dans 3 états, il me semble.

C'est une question d'état.

C'est pas la Floride.

C'est une question d'état. C'est ça.

Merci à vous énormément, Sigrid.

Merci d'avoir débriefé cette histoire avec

beaucoup de gentillesse et beaucoup d'honnêteté.

Je rappelle ce livre formidable

duquel je vais tirer 3 histoires

que je vais toutes les 3 vous raconter.

Mais il y en a beaucoup, beaucoup d'autres

dans le livre.

Livre de Marine Maséas

l'aimait meurtrier aux éditions

du Rocher.

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

Sigrid tombe amoureuse d’un prisonnier Américain. Il est dans le couloir de la mort en Floride.