Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: American predator - Le récit

Europe 1 Europe 1 9/4/23 - 45m - PDF Transcript

Au panthéon des tuants en série américain, celui dont je vais vous raconter l'histoire

est de catégorie « Premium ». Il s'appelle Israël Kiz et on lui a collé le doux nom

d'Américaine Prédateur. Pour vous dire à quel point il était tordu, il planquait

des quittes meurtriers dans tous les États-Unis. Au cas où il en aurait besoin un jour. Armes,

Sparadra, Cordelette, une pelle pour creuser des trous, prête à servir. Je tire ce récit

dans le livre américain publié en France aux éditions 10-18 « Américaine Prédateur » de

Maureen Kalaan. J'ai écrit cette histoire avec Thomas Audoir, réalisation Boris Pachinsky.

Je peux vous dire qu'il fait froid ce soir du 1er février 2012 à Anchorage en Alaska. Un froid de

queue comme tous les soirs en hiver dans ce territoire de l'extrême-nord des États-Unis.

Il est 20h, ça fait trois heures déjà que le soleil est allé se coucher. Ce soir,

Dwayne a rendez-vous avec sa petite amie, Samantha Koenig. Elle a 18 ans, elle est encore au lycée,

et le soir elle est serveuse au Common Ground, un tout petit coffee shop, une cabane en réalité,

posée sur le bord de la route. Ce matin, elle lui a dit « Tu viendras me chercher,

Dwayne. Je finis à 20h, le temps de fermer le café. Tu m'attends sur le parking ? »

Et bien il y est, justement sur le parking, un peu inquiète parce que tous les deux,

ils se sont pas mal clâchés aujourd'hui par SMS. Ça fait 9 mois et demie qu'ils sont ensemble,

normal qu'il y ait des crines. Et donc il est sur le parking, mais le problème c'est que le

coffee shop est déjà fermé, plus une lumière allumée à l'intérieur. Et Samantha n'est pas là.

Mais qu'est-ce qu'elle fout ? Elle m'a dit de venir la chercher, elle rentre toute seule. Putain,

c'est pas vrai quoi. Et donc le petit copain Dwayne rentre chez lui, et à peine arrivé,

il en reçoit un SMS de Samantha. Va te faire foutre, je sais ce que tu as fait,

je vais passer quelques jours chez des potes, j'ai besoin de réfléchir, c'est normal,

préviens mon père. Et quand il lit ce SMS, Dwayne se dit, c'est pour elle qu'il l'a écrit,

il la connaît, elle n'écrit pas comme ça. Alors du coup ça l'inquiète, il appelle le père.

Je n'ai pas rentré de ma matin, j'irai voir la police.

Le lendemain matin, la première chose que font les policiers, c'est d'aller au café. Et là,

ils tombent sur la serveuse qui fait l'ouverture. Vous connaissez Samantha Koenig ? Oui,

bien sûr. Je peux vous dire que ce matin, j'en ai après elle. Ah bon, et pourquoi ? Bon d'abord,

elle est partie sans rien ranger hier soir, et surtout, elle a vidé la caisse. Comment ça,

vidé la caisse ? Bah elle a tout pris, il reste plus un dollar. Je ne l'ai pensé pas capable de ça.

On peut jeter un coup d'œil ? Bien sûr. Pourquoi, qu'est-ce qui se passe ? J'ai juste un coup d'œil.

Aucune trace de bagarre. Il y a un bouton d'appel d'urgence, mais il n'a pas été activé.

Je vois que vous êtes équipé de caméras vidéo, on pourrait avoir accès aux registres, non ? Je

pense que oui, mais il n'y a que mon patron qui peut faire ça. Je vous donne son numéro.

Les policiers dans Courage reçoivent les images en fin d'après-midi. Le coffee shop est tout petit,

il n'y a qu'une caméra placée à l'intérieur. Avance. Quelle-toi 20h, c'est l'heure de la fermeture.

Stop. Sur les images, on voit un client en train d'entrer juste avant la fermeture. Il commande un café,

sa mentade va le préparer, et quand elle revient vers le client, on la voit lever les mains en l'air,

le visage paniqué, et puis elle va éteindre la lumière, et elle revient, et là elle se met à

genoux devant l'homme dont on ne voit que la silhouette. Manifestement, il a une arme à la main,

et puis on la voit se relever, aller vers la caisse, prendre tout ce qu'il y a dedans et tout donner

à l'homme. Mais c'est après que ça devient très inquiétant. Malheureusement, à cause du manque

de lumière, l'image n'est pas de très bonne qualité. Et regarde, il se penche sur elle. On est d'accord,

il lui l'égoque les mains dans le dos. Ouais, ouais, ouais, j'ai bien l'impression. Et juste après,

on le voit la relever et la faire sortir du café. Là, suite, les policiers la découvrent grâce à

la caméra extérieure d'un magasin qui est juste à côté. L'homme, la force a monté dans un pic

blanc, et il disparaît dans la nuit. Les images terrifiantes d'un on-lèvement,

Samantha Koenig a été kidnappée.

Quand il apprend ça, le père organise un grand rassemblement sur le parking. 200 personnes sont

là, dans le froid. Des amis de Samantha, mais pas que des tatouchants dans Coretche aussi,

qui ne la connaissent pas.

Je voudrais envoyer un message aux ravisseurs de ma fille, pour les supplier, de nous la rendre vivante,

et vite. Je sais que je peux compter sur la mobilisation de la police, mais de mon côté,

je vous propose de nous mobiliser sans attendre. Je vous remercie pour l'aide que vous pourrez

m'apporter. Votre soutien est très précieux. Et donc il fait imprimer des affiches avec trois

photos de Samantha. Il offre 41 000 $, à qui livrera des informations qui permettront de retrouver sa fille.

Trois semaines plus tard, rebondissement. Le petit copain Dwayne reçoit en nouveau

l'SMS et mit depuis le téléphone de Samantha. Panneau de Conance Bog Park, sous la photo

d'Albert, elle est si jolie. Il appelle tout de suite les policiers, qui se précipitent sur

place. A la entrée du parc, il y a un panneau. Deçus, il y a une affichette qui signale la

disparition d'un chien nommé Albert. Et juste en dessous, agraffé, il y a un sac en plastique.

Les policiers loupent. De dedans, il y a des photos de Samantha, des polaroïdes,

qui montrent avec une drôle de tresse dans les cheveux. Et puis il y a un petit mot.

Bon, alors voyons, il demande une rançon de 30 000 $. Il dit qu'il a la carte bancaire de Samantha,

qu'il n'y a qu'à déposer l'argent sur son compte et qu'il retira l'argent dans des

distributeurs dans d'autres états que la Alaska ne pourra être identifiée.

30 000 $, c'est pas énorme. Et donc en concertation avec le FBI, le père de Samantha

vers ce 5000 $ sur le compte de sa fille. Et on attend. Oh les gars, ça vient de faire son troisième

retrait. Il a pris 500 $ à chaque fois et toujours dans des distributeurs dans le courage. Il

est toujours dans le coin. Il n'a pas quitté la Alaska. Les banques étaient dans le coup,

elles ont prévenu la police. Mais à chaque fois, la police est arrivée trop tard.

Dans les jours qui suivent, rien. Le compte en banque reste inactif. Les prélèvements reprennent

le 7 mars. Il a quitté la ville. Le premier retrait est effectué en Arizona, le suivant au

Nouveau-Mexique, puis deux autres au Texas, dans deux villes distinctes. A chaque fois,

vous vous en doutez, la police collecte les images des caméras vidéo des distributeurs.

Zoom encore là. Il a un masque, le con impossible de l'identifier. Merde, merde, merde, merde.

Ouais mais regarde, regarde, on voit sa voiture. On ne voit pas les matriculations, mais bon c'est

déjà ça. C'est une forte focus blanche, à mon avis. Écoute, on va diffuser d'images aux

collègues dans tout le pays, puis on verra bien ce que ça donne. Et ça donne. Le 13 mars,

une patrouille autoroutière du Texas arrête une forte focus blanche pour un excès de vitesse.

On l'a arrêté par rapport à votre signalement. Et ce qui nous fait penser qu'on ne s'est pas

trompés, c'est que le conducteur a permis de conduire qui a été émis en Alaska. Et vous

avez fouillé la voiture ? Oui oui, ça va encore plus vous intéresser. Parce que dans la voiture

on a trouvé un pistolet et l'accartement qu'est le téléphone portable et le permis de conduire

d'une certaine Samantha Cunning. On a aussi trouvé les vêtements et le masque filmés par les caméras

des distributeurs. Bingo ! Enorme coup de chance dans cette enquête. Parce que chercher une forte

focus blanche dans tous les Etats-Unis, honnêtement, c'était chercher une aiguille dans une botte de

foin. Et là, le ravisseur de Samantha s'est fait arrêter pour un excès de vitesse.

Le gars s'appelle Israël Kiz, 34 ans, né à Richmond dans l'Utah,

inconnu des services de police. Je vous rappose la question, Kiz. Que font le téléphone,

la carte bancaire et le permis de conduire de mademoiselle Samantha Cunning dans votre voiture ?

Je vous dis que je les ai trouvés. C'est tout. Son domicile a encore été perquisitionné et on y trouve

un pick-up de marque Chevrolet qui est le même que celui qui a été filmé sur le parking du

coffee shop. C'est lui. Il n'y a aucun doute. Mais où est Samantha ?

Les enquêteurs du FBI débarquent au Texas où l'homme a été arrêté. Il n'en tire rien de plus que

les policiers du coin. Mais à la fin de l'interrogatoire, son avocat fait une promesse.

Laissez-moi un peu de temps. Je vais essayer de le convaincre de vous raconter ce qui s'est passé.

Israël Kiz est de retour face aux policiers quelques heures plus tard. Je vais vous parler.

Vous inquiétez pas. Mais avant, je voudrais vous demander deux ou trois choses. Je voudrais

café allongé et puis un cigare et puis une barre chocolatée au beurre de cacahuètes.

Voilà monsieur à votre service. Et maintenant, il faut l'écouter. Et c'est pas facile à entendre.

La fille, je l'ai ramenée chez moi. Je l'ai ligotée. Je l'ai enfermée dans mon appris de jardin parce que

à la maison, il y avait ma femme et ma petite fille. Moi, je n'avais pas besoin de savoir.

Ensuite, je me suis servi quatre ou cinq whisky. J'ai un tassé. Je fumeur un gros cigare.

J'ai mis la musique à fond pour que personne ne m'entende. Et puis, je suis allé dans l'abri de

jardin. Et je lui ai donné un peu de plaisir. Elle pouvait gueuler tout ce qu'elle voulait.

Personne ne pouvait l'entendre. Alors après, je suis retourné au coffee shop. J'ai oublié de

prendre son téléphone et sa carte de crédit. Puis, je suis rentré. Je lui ai redonné un petit coup

comme ça pour prendre un peu de plaisir. Une dernière fois. Pourquoi est-ce que vous dites

une dernière fois ? Et bien parce que le lendemain matin, je l'ai tranquillé. Après, je lui donnais

deux coups de couteau pour qu'elle soit bien morte. Je voulais dire qu'après que vous l'ayez étranglé,

elle n'était pas morte. Oui, elle était morte. Mais les coups de couteau, c'était juste pour qu'elle

soit bien morte. Il vient de raconter tout ça sans la moindre émotion. Ni le moindre regret.

Eh bien, vous l'avez, votre monstre. Vous l'avez. Vous savez, personne ne me connaît. Il m'a vraiment

connu. Personne ne sait rien sur moi. On vous dira des choses qui n'ont rien à voir avec ce que moi

je vous dirai. Je suis deux personnes différentes. Et le seul à savoir les choses que je vous raconte,

eh bien c'est moi. Depuis combien de temps êtes-vous deux personnes différentes, comme vous dites ?

Depuis très longtemps, je dirais 14 ans. 14 ans ? Alors ça veut dire qu'il a probablement fait

d'autres victimes. Et le corps de Samantha, alors, où est-il ? Dites-moi, je voudrais un autre capfer

allongé et une barre chocolatée aussi. On les lui donne et il enchaîne. Je l'ai mis dans une caisse

et vous la trouverez dans mon abri de Chartin. Très bien, on va y aller. Et après, qu'est-ce que vous

avez fait ? J'ai réveillé ma femme et ma fille. On avait prévu des vacances sur un bateau à la

Nouvelle-Orléans. On y est allé. Voilà. Et vous êtes revenu quand ? 15 jours plus tard. Avec le

froid, le corps de la petite avait complètement congelé. Alors je l'ai déconflé. Je l'ai coiffé,

je l'ai maquillé et j'ai fait des photos avec un polonaut. Vous les avez trouvé à propos des

photos ? Oui, oui. Et après, qu'avez-vous fait du corps ? Ça, ça, je préfère vous le dire moi-même.

Car le corps de Samantha, il l'a découpé à la hache. Il est allé sur un lac gelé.

Il a fait un trou comme les pêcheurs, vous savez. Et il a glissé les morceaux dans le trou. Mais pas

tout. Et là, il s'est dit, ça fait un bon appât. Alors il s'est lancé dans une petite partie de

pêche. Et le soir, il a ramené le poisson chez lui et il l'a mangé. Et il est venu comme ça pendant

trois jours avec les restes de Samantha pour appatter le poisson. J'en ai raconté des horreurs

dans ma vie de raconteurs de crime. Mais dès comme ça, jamais. Ce qui est l'un des plus grands

psychopathes de l'histoire humaine. Dans les jours qui suivent, on va fouiller le lac de

Matanouska. Et avec un petit robot sous-marin, on retrouve les restes de la pauvre Samantha. Et on

les remonte. Un par un.

Vous avez remarqué que le procureur ne donne pas son nom. Car qui se l'aura proposé un deal ?

S'il vous plaît, ne donnez pas mon nom. C'est pour ma femme et pour ma fille. Vous comprenez,

je ne veux pas qu'elle souffre. Et comme les policiers pensent qu'il en a tué d'autres et qu'ils

espèrent qu'ils parlent, alors ils ont accepté. Sauf que lui maintenant, il a d'autres préoccupations.

C'est important ça. Je veux pas être condamné à perpétuité. Vous voyez ? Je veux être condamné

à mort. Vous entendez ? À mort. Et je veux que ça évite. Je veux que ça soit plié dans l'année.

Même si je sais très bien que les cons sont capables de ne pas me condamner à mort. Putain de

pays. Effectivement sur ce coup-là, il risque d'être déçu. La peine de mort a été abolie en

Alaska. En revanche, il a fait d'entre victimes ailleurs. Ça peut peut-être se faire.

Le 7 avril 2012, qui se fait savoir qu'il veut parler ? Eh bien parle, radigu.

J'ai bien réfléchi, je vais vous donner d'accord. D'accord et un nom. Et le nom c'est Curie. Bill et

Lorraine Curie. Marie et femme, 50 ans tous les deux. Disparu l'année dernière à A.S.S. dans le

verment. Et pourquoi eux qui ? Pourquoi ? Pour vous dire vrai, je le dis à un peu choisi par

ça. Mais choisi pourquoi ? Pourquoi ? Mais pour prendre mon pied.

Il raconte qu'il a repéré leur maison un soir, qu'il a vu qu'il n'était pas tout jeune, qu'il

n'avait pas de chien. Il a commencé par sectionner la ligne téléphonique. Il avait peur qu'il

n'avait pas eu une alarme. Il a cassé le carreau de la porte d'entrée avec un pied-de-biche. Et il s'est dirigé vers la chambre.

Oh, on savait tous les deux. Il y a tonton israélkina. Il les a attachés au lit. Il leur a demandé

où ils planquaient leur argent. Il a aussi ramassé les bijoux, les médicaments et leurs cartes bancaires.

À ce moment-là, la bonne femme a voulu s'enfuir. Heureusement que je les rattrapais. Et là,

il leur a attaché les mains dans le dos. Il les a amenés tous les deux au garage. Et il les a

collés dans leur propre voiture. Et après, je les ai amenés dans une ferme. Une ferme que j'avais repérée.

Il y avait écrit à vendre dessus comme ça. J'étais sûr de ne pas être dérangé. Il a mis

bulle dans la cave. Et Lorraine dans une chambre à l'état où il l'a bien attaché au lit.

Ah, puis il y avait son idiot de mari, là, qui n'a arrêté pas de gueuler dans la cave.

Lorraine, Lorraine. Alors je suis descendu avec ma carabine. Je lui ai réglé son compte. Et après,

continuer. Et pas après, je suis allé me fumer un petit cigare. Tranquille. Et après le cigare.

Je suis remonté dans la chambre. La femme lui donnait un petit peu de plaisir. J'ai pris mon compte

aussi rassurer vous. Et après, le temps de me remettre, j'ai recommencé. Et puis je l'ai étranglé.

Je l'ai pas tué. Elle a juste perdu connaissance. Ça veut dire qu'elle est vivante ? Bien sûr que

non. Je l'ai descendue à la cave. Je voulais qu'elle soit avec son mari. Et puis je l'ai étranglé

avec un cercable jusqu'à ce qu'elle soit morte. Pour le coup. Et après, il a mis les deux corps dans

des sacs poubelles. Et il est parti. En se disant, personne ne les retrouvera jamais. Et de fait,

depuis, on ne les a pas retrouvés.

Les policiers de Véramont sont envoyés sur place. La ferme a été rasée. Figurez-vous.

Bonjour madame. Est-ce que vous savez où ont été entreposés les gravins de la ferme qui a été

détruite à côté ? Oh ben, elle a des charges, je pense. On retourne à la des charges pendant deux

mois et demie. Et on ne trouve rien.

Ce que Keez a raconté aussi pendant ses aveux, c'est que pour tuer ces deux-là, il n'a pas

su besoin de logister. J'avais planqué un kit de meurtre dans le coin il y a deux ans.

Un kit de meurtre. Qu'est-ce que c'est ? Tout ce qu'il faut pour tuer, une arme, des munitions, des pelles, des corps

de lait, du rudement adhésif. Enfin, tout ce qu'il faut pour tuer des gens et se débarrasser de leur corps.

J'avais mis tout ça dans un saut il y a deux ans. Et là, quand j'en ai eu besoin, je l'ai détéré. Et vous en avez

caché ailleurs de ces kits de meurtriers, comme vous dites. Oh ben oui, oui, oui, dans plein d'états. C'est comote, vous

comprenez, vous n'avez pas besoin de vous déplacer avec tout le matériel.

Il en a tué beaucoup d'autres, c'est sûr. Mais qui, quand, ou il ne le dira pas aujourd'hui ? Alors grâce

à ses comptants en banque, son relevé de téléphone, son journal intime aussi qu'on a retrouvé chez lui. Les policiers décident

de reconstituer son parcours à travers les Etats-Unis ces 14 dernières années. C'est-à-dire à partir du moment où, comme il l'a dit lui-même,

il est devenu deux personnes différents. Ils ont collé au mur une grande carte des Etats-Unis. Et en fonction de ces déplacements,

ils ont identifié cinq terrains de jeu possibles. En Alaska, dans l'état de Washington, au Texas, dans l'Illinois et dans l'Indiana.

Et ils l'interrogent. Est-ce que tu as tué quelqu'un ici ? Est-ce que tu as tué quelqu'un là ? Ah mais j'ai pas du tout envie de parler tout ça.

Dites, vous auriez pas un cigar ?

Il veut un cigar ? On lui en donne. Et pour le chouchouter, il a même droit tous les matins à un plateau, avec le New York Times,

du café et toutes les sucreries qu'il veut. Tant qu'il parle, il aura tout ce qu'il veut.

...

Bon, on se résume. Ce type a pas de victime type, puisqu'il tue aussi bien une adolescente de 18 ans qu'un couple de 50 ans.

Et puisque j'ai remarqué, c'est que dans les deux crimes, à chaque fois, tu verras ça sur le relevé de son portable,

il a coupé son portable et il a retiré la batterie. Autrement dit, ça veut dire que si on remonte l'historique de son portable,

à chaque fois qu'il a coupé son téléphone, il est susceptible d'avoir commis un crime.

Et il a souvent coupé son téléphone. Autre chose, il semble qu'en parallèle,

Keith soit un braqueur. Chez lui, on a retrouvé pas mal d'argent liquide et notamment des billets marqués dedans,

ce qui laisse penser qu'ils sont issus d'un braqueur.

Pendant toutes ces années, vous avez braqué des banques, Keith.

Si j'ai braqué des banques, mais bien sûr que j'en ai braqué, il faut bien vivre.

Vous avez été arrêtés au Texas, Keith. Vous avez braqué une banque récemment au Texas.

Oui, oui, oui Hazel, j'ai pris un joli petit pactole.

Alors, les policiers se font remonter les vidéos de ce braqueur.

Regarde, c'est lui là, avec le casque de chantier.

Et bien sûr que toi, la veille de ce braquage, il y a un type qui s'appelle Jimmy T. Dwell,

qui a disparu pas très loin de là, c'est un électricien et il avait justement un casque de chantier identique à celui-là.

On peut donc imaginer que c'est lui qui l'a tué.

T'as des photos de ce Jimmy T. Dwell ?

Oui, bien sûr, bien sûr, je vais en trouver.

Dans ton souvenir, il a les cheveux longs, chatins, un peu bouclés, ce gars-là ?

Oui, oui. Pourquoi tu me demandes ça ?

Parce que regarde bien les images.

Sous son casque, Keith a des cheveux chatins, longs et bouclés. On est d'accord ?

Oui, alors ?

Et alors ?

Alors, les policiers se disent que c'est peut-être le scalp de cet électricien,

que Keith porte sur la tête.

Dites-moi, Keith,

on a visionné les vidéos du braquage que vous avez commis au Texas.

Vous aviez de drogues de cheveux.

C'était une perruque ?

Bien sûr que non.

Ce sont de vrais cheveux.

Vous les avez achetés.

On n'a pas besoin d'acheter.

On n'a pas besoin d'acheter de vrais cheveux pour se procurer des vrais cheveux.

Vous êtes s'amusant.

Ça a l'air de l'amuser beaucoup, tout ça.

Mais ce jour-là, il ne va pas plus loin.

En avril 2012,

Israël Keith est expertisé par un psychologue judiciaire,

le docteur Ronald Reuf.

La entretien dure plus de six heures.

Keith est né dans l'Utah,

deuxième d'une famille miséreuse de dix enfants.

À cette époque-là, toute la famille vit dans une cabane,

sans eau courante, sans électricité et sans chauffage.

Il a cinq ans quand sa famille déménage à Colville,

dans l'état de Washington.

À ce moment-là, ses parents se rapprochent d'une église qui s'appelle Larche.

Enfin, une église.

Disons plutôt une milice antisémite

et adepte de la suprématie blanche.

Dès que j'ai su lire,

j'ai dû apprendre tous les versets de la Bible par cœur.

Vous savez, docteur,

j'ai grandi entouré de gens en bien.

Ah oui !

Mais c'était gentil, les uns avec les autres.

Tout était idyllique.

Et vous, à cette époque-là, Keith,

vous avez des épisodes de violence ?

Moi, j'ai dix-onze qu'on pourrait appeler...

Moi, je dis des pulsions sombres.

Expliquez-moi.

Eh bien, par exemple,

à quatorze ans,

je considérais comme normal et acceptable

des choses que personne,

strictement personne,

ne semblait accepter.

D'accord.

Vous pouvez me donner un exemple ?

Oui, bien sûr.

On avait un chat à l'époque.

Cet idiot fouillé dans les poubelles.

Alors, je l'ai attaché à un arbre.

Je lui ai tiré dessus.

C'était drôle parce qu'il n'est pas mort tout de suite.

J'ai bien ris sur là.

Et il raconte aux psyches un jour.

Il a dit à son père qu'il ne croyait pas en Dieu.

Et que, du coup, son père, la fille, je suis dehors.

Et là, je suis allé m'installer dans l'oregon.

Vous diriez que ça s'est aggravé pour vous,

à ce moment-là ?

Disons que je reconnais

que j'ai eu beaucoup plus de pulsions violentes.

Vous pouvez me donner un exemple ?

Bien, par exemple, la mopping dans l'oregon.

J'avais plus de 9 ans, je pense.

Je m'en suis pris une fille.

Je ne sais plus comment elle s'appelait.

Léna ou Léa, un truc comme ça.

Alors, je l'ai emmené dans les toilettes.

Je l'ai attaché.

Et je lui ai donné du plaisir.

J'avais décidé de la tuer.

Mais bon, elle m'a parlé.

Elle m'a convaincu de la laisser repartir.

Je peux vous dire que dans les années qui ont suivi,

je m'en suis vraiment voulu de ne pas l'avoir tué.

C'est la première et la dernière fois que j'en ai laissé une vivante.

Conclusion du docteur Roche.

Kis est un psychopathe.

Merci, on s'en doutait.

Le docteur Roche.

Le docteur Roche.

Le docteur Roche.

Le docteur Roche.

Le docteur Roche.

Le docteur Roche.

Le docteur Roche.

Depuis que les policiers ont passé un deal avec lui,

on ne balance pas ton nom.

Et en échange tu nous parles,

ils ont réussi à établir un climat de confiance avec qui ?

Ils en sont sûrs.

À coup de cigars et de cafés allongés,

il va finir par balancer la liste complète de ses victimes.

Sauf qu'un jour, une télévision locale du Vermont,

Channel 3 News,

balance son nom à l'antenne.

Selon nos informations,

un certain Israël Kis

serait impliqué dans la disparition

et le meurtre de Bill et Lorraine Curir,

qui parut l'année dernière à Essex.

Ils viennent de balancer son nom

et c'est un tournant dans cette enquête.

Pour Kis, c'est une trahison.

Je dois vous dire que je suis un peu énervé.

Je vous ai dit, dès le départ,

qu'avant de vous donner l'emplacement de ses corps,

le public devait rester à l'écart.

Et la première chose que vous faites, c'est de me donner en spectacle.

Et maintenant, ils vont faire des reportages.

Et ma famille va être au courant.

Ce n'est pas bien ce que vous avez fait.

Ce n'est pas nous, Kis.

Ce n'est pas nous qui avons fait fuiter cette info, je te jure.

Admettons.

Mais qu'est-ce que vous pourriez me proposer maintenant

en échange d'informations ?

Rien.

Si, peut-être, la peine de mort.

Non, en fait.

Même ça, vous ne pouvez pas me le promettre.

Le contact est rompu.

À partir de là, un bras de fer s'engage.

Kis, dites-nous au moins de combien de victimes on peut parler.

Moins de 12.

Il nous faut des noms, Kis.

Vous avez pris le pacte et vous voulez des noms ?

Je ne vous les donnerai pas.

C'est de votre faute.

Donnez-nous au moins quelques meurtres.

Il réfléchit longuement.

Et sans donner de noms,

il finit par avouer son premier meurtre

en 2001, dans l'état de Washington.

Et dans la foulée, il en avoue deux autres.

Un couple, toujours dans l'état de Washington.

Trois plus trois.

À ce stade, ça nous fait six victimes.

Et alors, c'est à cette époque

que j'ai eu une petite fille

avec ma petite amie de l'époque.

Ça a pas mal changé la donne.

Parce que, à partir de là,

j'ai décidé de ne plus m'en prendre à des enfants.

Normal, hein.

J'étais quand même devenu père.

Ceux qui voudraient dire

qu'avant la naissance de sa fille,

il a tué et violé des enfants.

Mais Kis, quand ?

Où ?

Il ne veut pas en dire plus.

Dans les semaines qui suivent

un force d'insistance,

ils balancent deux autres meurtres.

Mais toujours sans donner de noms.

Ça l'amuse de jouer au chat

et à la sourire avec les policiers.

Je ne sais pas si vous connaissez

le lac Crescent à Washington.

Eh bien, un jour dans les boîtes tout à côté,

j'ai rencontré quelqu'un.

Je l'ai mis sur le bateau

et puis je l'ai tué.

Il est très profond, celui-là,

qui doit faire entre 150 et 200 mètres de profondeur.

Je crois que personne n'a jamais vu le fond.

Mais Kis, quand ?

Eh bien, il refuse toujours de le dire.

En total, il parle de 5 victimes

dans l'état de Washington.

Plus sa mentaconique,

plus les époux curés en Alaska.

Eh bien, ça fait 8.

Il ajoute un 9ème meurtre en 2009

sur la Côte d'Est,

sans en dire plus.

Bon.

J'ai fouillé son ordinateur.

En 2009, il était en contact

avec une certaine Débra,

Débra Feynman,

qui s'est disparu depuis.

Donc, si tu veux mon avis,

c'était le 9ème victime.

Les policiers lui montrent la photo

de cette Débra Feynman.

Il explose.

Je ne veux pas parler de ça.

Enfin...

Il a avoué 9 meurtres.

Mais en donnant si peu de précision,

aucun corps n'a été identifié.

La seule chose qu'on ait retrouvé,

c'est l'un de ses kits de meurtriers

près de Miami, en Floride.

Et plus les jours passent,

plus ils se referment comme une huitte.

Ils parlent de moins en moins.

Ils refusent de balancer d'autres meurtres.

Et encore moins de donner les noms,

plus ils se referment comme une huitte.

Ils parlent de moins en moins.

Ils refusent de balancer d'autres meurtres.

Et encore moins de donner les noms,

des victimes des meurtres qu'il a déjà avoué.

Et voilà qu'un jour,

il fait une tentative d'évasion

de la prison d'Encore H,

où il est détenu.

Heureusement, il n'arrive pas

à s'enfuir.

Sa cellule est fouillée.

Et on y retrouve une lettre

adressée à son frère.

Une lettre dans laquelle il écrit,

on ne peut pas me condamner

à mort.

Et on le regret.

Et on retrouve aussi dans sa cellule

un e-coulon qui l'a confectionné

avec ses draps.

On fasse attention.

Ce type veut être condamné à mort.

Faudrait pas qu'il se suicide.

Sages réflexions.

Le 30 novembre 2012

a lieu le 26e interrogatoire

d'Israël Key.

Une fois de plus,

les policiers réclament des noms,

des lieux, des dates.

Et une fois de plus,

ils les baladent.

Je ne vous dirai

rien.

Si, si.

Je peux vous avouer un truc.

J'ai tué des gens.

J'ai fait des braquards.

J'ai fabriqué des explosifs aussi.

Avec de la poudre à canon.

Ma spécialité, je suis assez bon

des explosifs.

Mais pourquoi faire ?

Je voulais détruire des églises.

Mais finalement, je ne l'ai pas fait.

Le lendemain

de cet ultime interrogatoire

aux alentours de 22 heures,

Israël Key se tranche

les veines du poignet

avec une lame de rasoie.

Et pour être sûr de mourir,

il se pente avec une corde

de confectionnée avec ses draps.

Quand les surveillants entrent

dans sa cellule,

c'est trop tard.

Eh, viens voir.

Regarde sur le mur.

Sur le mur de sa cellule,

avec son propre sang,

il a dessiné 12 crânes.

Et juste en dessous,

un message.

Nous ne faisons qu'un.

Et sur un autre mur de la cellule,

toujours avec son sang,

il a écrit un mot énigmatique.

Bélise.

Alors, est-ce que

les 12 crânes représentent

12 victimes ?

Ou est-ce qu'il en a tué d'autres ?

On ne le saura jamais.

La seule chose qu'on comprend,

c'est qu'à force

de réclamer la peine de mort

qu'il n'obtiendrait jamais,

il se l'est octroyé

lui-même.

J'ai tiré cette histoire du livre

de Maureen Callan,

8 Américains Predators.

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

Israel Keyes planquait des kits de meurtrier dans tous les Etats-Unis, au cas où il en aurait besoin un jour. Arme, sparadrap, cordelettes, une pelle pour creuser un trou... prêts à servir ! Et il s’en est servi. Il y a gagné son surnom : American Predator.