La source: Algérie : un maillot pour l'indépendance
Radio France 7/22/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript
France Inter
Aujourd'hui dans Affaire sensible, l'histoire de l'équipe de football du FLN.
Le 14 avril 1958, la France découvre stupéfaites,
qu'une quinzaine de joueurs algériens du championnat de France de football sont portés disparaît.
Des joueurs qui pour certains sont de grandes velettes du championnat de première division.
Deux d'entre eux sont même sélectionnés pour disputer la route du monde qui doit se tenir quelques semaines plus tard en Suède.
Nous parlons donc de l'élite.
Quatre ans à le début de la guerre d'Algérie,
eh bien ces joueurs sont en réalité partis pour Tunis, là où se trouve le quartier général du FLN.
Ils ont décidé de tout quitter pour combattre, à leur manière, sous le drapeau algérien.
Durant plus de quatre ans, ces footballeurs habituent au rencontre de haut niveau
et au stade de première division, vont parcourir le monde
et faire parler d'un conflit dans la France, tant à tout prix de cacher l'importance.
Une histoire qui montre une nouvelle fois également
à quel point les enjeux du football dépassent souvent les enjeux du sport.
Nos invités aujourd'hui, ils sont deux effectivement, Stanislas Frenkel,
historien, maître de conférence à l'université d'Artois,
auteur du livre intitulé Le football des immigrés France-Algérie,
l'histoire en partage, et Slim Rwai, le fils de l'ancien joueur,
Amar Rwai, qui avec ses camarades a tout quitté en Madrid 58
pour partir jouer sous les couleurs algériennes.
Affaire sensible, une émission de France Inter en partenariat avec Lina,
récit documentaire Gaspar Valuc,
ordination Christophe Barrère, réalisation Marie-Houlollet.
Fabrice de Rouel, affaire sensible, sur France Inter.
La saison fait la part belle à la jeunesse.
Moscou a fait un accueil d'un extraordinaire enthousiasme,
au délégué étranger, venu participer au festival de la jeunesse.
Nouvelle babelle, on part bien aujourd'hui une centaine de langues différentes
dans la capitale soviétique.
La présence à la tribune officielle des chefs soviétiques
a quelque peu fait peuger sur cette manifestation le soupçon de visée politique.
Mais tous les observateurs s'accordent pour confirmer
l'élan de sympathie et de curiosité
qui porta le peuple soviétique vers les déléguations étrangères.
Moscou, 28 juillet 1957.
Les tribunes du Stade Lenin sont pleins à craquer.
Des dizaines de milliers de spectateurs acclament les déléguations
des 131 pays venus participer au festival mondial de la jeunesse
et des étudiants placés cette année sous le signe de l'amitié des peuples.
Une formule typique de la propagande soviétique
n'empêche que la 16e édition de ce festival
attire près de 34 000 visiteurs dans les rues de la capitale soviétique.
Stalin est mort 4 ans auparavant.
Disons que l'URSS devient plus fréquentable
et tous les grands pays de l'Ouest sont présents.
Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France
envoient leurs déléguations par exemple.
Mais en ce jour d'ouverture du festival,
il y en a une en particulier qui attire à l'attention de la foule.
Elle n'est composée que d'une dizaine de personnes
qui brandissent fièrement le drapeau verré blanc de l'Algérie.
A sa tête se trouve Mohamed Boumezrag.
Cet ancien footballeur professionnel
passé par les Girondins Bordeaux, le Red Star ou encore le Mans
est désormais un membre actif de la Fédération de France,
du FN, le Front de Libération nationale
qui œuvre pour l'indépendance de l'Algérie.
Le voilà donc, incarnation d'une petite équipe de footballeur
composée d'étudiants algériens vivant à l'étranger
une diaspora du ballon.
Cela fait plusieurs semaines qu'il prépare son coup.
Avec Omar Boadoud, le président de la Fédération de France du FN,
il est convaincu de la nécessité d'exporter la cause algérienne
sur la scène internationale.
Et le pari de l'ancien footballeur devenu militant
est un franc succès.
Lors de la parade d'ouverture,
la foule applaudit chaleurusement au passage du drapeau algérien
et Mohamed Boumezrag reçoit même
les félicitations du numéro moins soviétique Nikita Kanchev.
Durant le tournoi organisé lors des festivals,
l'Algérie s'impose contre l'Italie, l'Autriche et même la France.
Mais au-delà du succès sportif,
la présence de cette délégation est un coup diplomatique
car c'est la toute première apparition officielle
du drapeau algérien sur la scène internationale.
Et c'est bien sûr un épisode pour l'histoire.
Essentiel pour les dirigeants du FN
qui peine à faire parler du conflit qui s'est vit alors depuis 3 ans chez eux
et qu'il est encore qu'un morceau de France
de l'autre côté des rives de la Méditerranée.
Je suis encore proto pour connaître le bilan EXA
des incidents déplorables mais facile à expliquer
qui ont marqué les obsèques de 5 des jeunes victimes
de l'attentat à la bombe du casino de la Corniche.
Ici Algé, à Vouparie.
De retour en France après son escapade en terre soviétique,
Mohamed Boumezrag imagine déjà la suite à donner
à ce premier levé de drapeau algérien.
Quelques semaines seulement après son retour à Paris,
il reprend en contact avec Omar Bouadoud,
le président de la Fédération de France du FNM.
Il lui fait part du lidé qui lui trotte dans la tête
depuis cette parade sur la piste d'athlétisme du Statenin.
Prolongement logique d'ailleurs dans son esprit.
Il veut créer la première équipe nationale de football algérienne.
Le soutien populaire reçu à Moscou
l'a convaincu que le combat pour une Algérie indépendante
doit aussi passer par les terrains de foot.
Mais son idée ne s'arrête pas là, non.
Il veut recruter les meilleurs joueurs algériens
parmi ceux qui évoluent dans le championnat de France.
Ils sont une trentaine à jouer en première et en deuxième division.
Omar Bouadoud valide l'idée de l'ancien joueur
et lui propose de peaufiner son plan avec l'aide de deux hommes,
Mokhtar Haribi et Abdelaziz Bentifour.
Le premier est l'entraîneur joueur du club d'Avignon, le second
et l'attaquant Van Etts de la S-Monaco
et international de l'équipe de France
et le joueur de la Coupe du Monde de Football 54 en Suisse.
Les deux hommes sont déjà proches des réseaux du FLN en France.
Dès l'automne 57, Haribi Bentifour et Mohamed Bouzmezrag se mettent au travail.
Ils commencent par adresser une liste de recruts potentiels
et, insistons sur ce point, il est important que des têtes d'affiches.
Il y a Amar O'Aige, un attaquant disco-danger,
Mali, milieu-terrain de l'Olympique Lyonnais
ou encore Amid Bouchouk et Saïdam Ara, deux joueurs du club de Toulouse.
Il y a aussi Mohamed Mahouch, un jeune joueur de 20 ans,
tout juste recruté par le grand stade de Rince,
de Raymond Capay, Juste Fontaine, finaliste l'année précédente
de la Coupe Europe des Clubs Champions, la Ligue des Champions d'aujourd'hui.
Rien que ça.
Et quasiment, en fait, c'est joueurs que des Zidane ou des Benzema.
Voyez le niveau.
Dans le documentaire, la mémoire retrouvée, réalisée par Cheikh Jemay,
Mohamed Mahouch raconte comment, justement,
le recruteur du FLN lui a fait part de son projet d'équipe nationale.
Moi, je sais que je l'ai rencontré la première fois vers la mi-décembre,
c'est là où il m'a mis au courant que j'étais militaire à l'époque,
au bataillon juinville, en compagnie de Mekloufi.
C'était à son retour, donc, des jeux de l'amitié de Moscou
et là, il m'a dit, j'ai eu l'idée de former cette équipe.
Mais il me dit, attention, motus.
Du motus, parce qu'il me dit, on a encore inverti personne.
Effectivement, dans la plus grande discrétion,
et pendant plusieurs semaines,
les trois recruteurs profitent des journées de championnat
pour se déplacer à travers l'exagone
et établir le contact avec les jours ciblés.
Lorsqu'ils sont dans le sud de la France, ils posent leur bagage à Nice.
Abdelaziz Bentifour, il est propriétaire du Carrillon, un bar restaurant.
C'est un lieu connu de la diaspora algérienne de la région.
On y stocke des armes, on y reçoit des membres du FLN
et on y fait transiter la collègue de l'impôt révolutionnaire
versé par les Algériens de France.
Et c'est bien dans le sud de pays que se trouvent
une majorité des jours qui veulent recruter sa tombe,
quatre de Monaco, par exemple, coéquipiers d'Abdelaziz Bentifour.
Il y a le gardien de but Abdelhaman Boubekeur
et les attaquants Saïd Brahimi et Qador Bekloufi.
Mais la Ace Monaco compte un autre international français
d'origine algérienne dans ses rangs.
Un joueur talentueux, convoité par le Real Madrid
et qui doit disputer la Coupe du Monde en Suède en juin 1958,
un certain Zitouni.
La tête de Zitouni, Zitouni Wisniaski,
qui dégage en direction de Di Stefano.
Di Stefano Zitouni prend 100 ans, renvoie à Duis,
numéro 10 inter de l'équipe d'Espagne, qui lance loin un fil pour Di Stefano.
Zitouni et finalement Zitouni, oh là là c'était dangereux.
Di Zitouni cette fois-ci qui surveille Di Stefano.
La tête d'affiche, Mustafa Zitouni et les joueurs
contactés par Boumez Ragh, Bentifour et Ariby
sont tous mis dans la confidence,
sans leur donner immédiatement les détails de l'opération,
tous sont invités à rejoindre les rendus FLN
et lutter balles au pied pour l'obtention d'un dépendance.
Mais certains sont plus difficiles à convaincre que d'autres.
Mustafa Zitouni par exemple,
tente de négocier une participation à la Coupe du Monde en Suède.
Après quoi, il filera discrètement rejoindre l'équipe algérienne.
Mais pour moi Ahmed Boumez Ragh, c'est non.
Le défenseur de l'ES Monaco par avec eux,
il ne part pas du tout.
La date de l'opération est fixée au dimanche 13 avril 58
et ça n'est pas un hasard.
Lors de cette 30e journée du championnat,
la plupart des Hongjoeurs qui ont répondu favorablement
à la proposition de Ahmed Boumez Ragh
jouent dans un stade du sud de la France.
Ils fileront donc à l'anglaise, juste après leur match.
Un premier groupe s'en ira après la rencontre Monaco-Angers
direction l'Italie.
Une autre partie des joueurs passera par Genève
avant de rejoindre le reste de l'équipe à Rome
pour finalement se rendre à Tunis,
là où se trouve le siège du FLN.
Pendant la semaine qui précède la grande évasion,
seul un joueur ciblé par Ahmed Boumez Ragh
n'est pas encore prévenu, Rachid Meklufi.
Ce jeune footballeur, prometteur,
joue pour la Sainte-Etienne géant du championnat de France.
A 22 ans, il est l'un des grands espoirs du football français.
Il est d'ailleurs présélectionné
pour la Coupe du Monde qui doit se tenir deux mois plus tard
aux côtés du Monegasque Mustafa Zittouni.
Comme Ahmed Maouche, Rachid Meklufi est militaire.
Les joueurs effectuent leur service au bataillon de Joinville,
une unité réservée au sportif de vos niveaux.
L'année précédente, Meklufi remporte la Coupe du Monde
au football militaire disputé à Buenos Aires.
C'est le 12 avril qu'il est approché,
la veille du match Sainte-Etienne Bézié,
beaucoup plus tard que les autres d'ailleurs,
car son père est policier.
Les recruteurs redoutent que le jeune homme
ne se confie que l'opération tombe à l'eau
et que surtout, tout se soit envoyé derrière les barreaux.
Dans le documentaire de Cheikh Jemaï,
la mémoire retrouvée, Rachid Meklufi raconte
cette prise de décision sans délai.
La seule question que j'ai posée, je l'aurais dit, je suis militaire.
Je m'a dit bien qu'est-ce que tu es...
C'est tout.
Après, encore une fois, j'étais inconscient.
C'est-à-dire, bon, peut-être que si je m'étais dit,
oui, je suis militaire, si on m'attrape, etc.
Mais j'aurais pu me faire arrêter,
mais j'étais encore une fois inconscient et je suis parti.
Le 13 avril, l'opération est lancée.
Après leur match, les joueurs mettent le plan d'application.
Chacun a préparé sa fuite et part avec femme et enfant
en train ou en voiture.
Le groupe qui doit passer par l'Italie
se retrouve lui sans encombre à Rome.
Mais pour celui qui doit transiter par la Suisse,
c'est une autre histoire.
Le dimanche soir, Rachid Meklufi
se blesse violemment à la tête durant son match.
Il est emmené à l'hôpital
contraint d'y passer la nuit en observation.
Le lendemain matin, Mokhtar Haribi et Amit Kermalli,
qui devaient le récupérer à la fin du match
entre Saint-Etienne et Bézié,
se rendent dans sa chambre d'hôpital
et le sortent de son houli.
Parce que le temps presse, oui,
ils doivent à tout prix passer la frontière.
Comme des espions, les trois hommes sortent discrètement d'hôpital
et embarquent dans une voiture direction la Suisse.
Au poste frontière,
ils tombent sur un douanier qui les reconnaît
et prend le temps de discuter avec eux.
Ce douanier ne sait pas encore
que les trois hommes sont en fuite.
Pourtant, ils sont déjà recherchés par les autorités.
Alors s'il avait été dans sa cabine
pour écouter le flash d'info,
le douanier n'aurait peut-être pas demandé à un autographe.
Non, car il aurait entendu.
Ceci.
Ici, le studio de Paris vous parle au Champs-Élysées.
Vous savez, nous l'avons appris déjà hier soir
au cours de cette émission
qu'un certain nombre de footballeurs algériens
ont quitté aujourd'hui la métropole,
parmi lesquels d'ailleurs se trouvent
ce qu'on appelle un militaire en absences illégales,
mekloufi, et qui dans trois jours sera un déserteur.
Les trois joueurs parviennent finalement
à rejoindre la Suisse,
où les attendent le reste du groupe.
Le lendemain,
tout le monde est prêt
pour la Tunisie à bord d'un volaire France.
Écoute-moi, oh camarade,
laisse-moi bisser tes filles, tu m'entends.
Elle va te rendre malade
et tu vas souffrir longtemps.
Je sais bien que tu l'aimes,
et tu lui as donné ton âme.
Je sais bien que tu l'aimes,
et tu lui as donné ton âme.
Mais elle t'a jamais mis camarade,
elle profite de toi et tu es content.
Même si paroles sont froides,
tu dois les sentir pour tant.
Regarde-toi bien dans la glace,
et réfléchis si t'importants.
Tu as choisi une pincelasse,
une pasine hoste printemps.
Je sais bien que tu l'aimes,
et tu lui as donné ton âme.
Je sais bien que tu l'as,
et tu lui as donné ton âme.
Je sais bien que tu l'as,
et tu lui as donné ton âme.
Je sais bien que tu l'as,
et tu lui as donné ton âme.
Ne comptes plus sur ses promesses,
elle t'aimera pas même à son temps.
Elle t'a joué la double face,
elle changera à chacun ce temps.
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
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Maouche est pour l'instant, comme le disait Roland Dordin tout à l'heure,
un militaire en situation illégale, mais il n'est pas encore déserteur.
Pas encore déserteur d'accord, mais en tant que militaire,
il risque de se retrouver devant le Conseil de guerre
et même de terminer face au plôton d'exécution.
Mais grâce au président d'honneur de son club,
le Stadeur 1, un général à la retraite,
il évite le pire et termine son service militaire
Mais l'arrestation de Mohamed Maouche n'est pas le seul problème
auquel les footballeurs algériens doivent faire face.
Contrairement à ce qu'ils pensaient,
personne ne les attend à leur sortie de l'avion, non ?
Aucun taxi ou un bus, aucun officiel,
du FLN pour les accueillir, à rien !
Abdel Aziz Bentifour, qui connaît bien Tudis
où il a joué durant deux ans,
leur propose alors de se rendre à l'hôtel majestique.
Ils y prennent tous une chambre en attendant que la situation évolue.
Mais à peine arrivé à l'hôtel,
Abdel Aziz Bentifour abandonne ses nouveaux coiffissies
coéquipiers et philo-quartier général du FLN d'Atunis.
Ils veulent aller en contre du commandant Cassi,
un haut responsable local.
Mais là encore, douce froide.
Les autorités locales n'étaient pas au courant de cette opération
et de l'arrivée d'une équipe entière de footballeurs
pour représenter l'Algérie.
D'ailleurs, le commandant du FLN lui répond sèchement
qu'il y a déjà une équipe algérienne,
celle de l'ALN,
l'armée de libération nationale
composée d'un groupe d'étudiants actuellement
tournés au Moyen-Orient.
Bentifour tente bien de raisonner le commandant Cassi.
Eux, ne sont pas les étudiants d'équipe de l'ALN,
ils sont des footballeurs professionnels
de haut niveau, des internationaux pour certains.
Le commandant ne veut rien en vendre et congédie le footballeur.
De retour à l'hôtel, Bentifour est dépité,
si près du but, sans genou.
Alors, avec quelques joueurs,
il décide d'aller se promener dans la cassema de Tunis
pour se changer les idées.
Après quelques heures à déambuler dans les rues,
le petit groupe s'apprête à rentrer à l'hôtel.
Mais l'un des joueurs remarque un attroupement
qui se forme là, juste devant eux.
C'est une horre de journalistes
qui sont à leur recherche dans les rues de Tunis.
Et c'est un coup de pouce inespéré pour ces joueurs.
Donc certains pensaient déjà à rentrer en France
et demander le grand pardon.
Dans la mémoire,
retrouvait le documentaire de Chik Jebaï,
Amar Kouaii et Kadur Bekloufi
raconte ce retour d'un monde situation.
Bon, le lendemain,
le commandant a entendu, il y a des journalistes
qui viennent de la Belgique, de Paris-Marche.
C'est là où on a commencé à prendre des photos.
Voilà, c'est la vérité.
Le FLN, l'équipe FLN a été créée
grâce à la presse.
Parce que dans l'histoire, on dit que ça a été un appel du FLN.
Rien.
Rien du tout parce qu'un appel du FLN.
Comment un appel du FLN
et que le haut responsable de la Tunisie
n'était pas au courant.
Ça ne peut pas marcher.
Il ne faut pas être sorti sensible pour analyser la chose.
Le lendemain matin à l'hôtel, c'est l'accueil.
Les journalistes se sont passé le mot et attendent tous dans le hall,
espérant obtenir les réactions des joueurs.
Face à ce ranmar et médiatique,
le commandant Kassi qui ne voulait pas entendre parler
de cette équipe de football
est obligé de se rendre à l'évidence
et il reconnaît l'impact de l'initiative
prise par les hommes de Mohamed Boumezrag.
Par l'exagone, les répercussions sont immenses.
Si la radio et la télé sont plutôt discrètes
sur le sujet,
les journaux d'après-sécrite, eux,
font tous leur une sur ces dix footballeurs déserteurs.
Paris Match consacre même six pages,
cette histoire et titre,
vedant du football, les voilà devenus félagas.
C'est qu'une double page,
on peut voir une photo d'une partie des joueurs
assis à la terrasse du Carillon,
le restaurant d'Abdelaziz Bentifouranis.
On les voit s'irroter une coupe de champagne
et le journaliste insiste.
Maintenant, ils sont au pays des femmes voilées
et de l'eau,
ils n'étaient pas si malheureux en France.
Cette opération voulait inscrire le conflit algérien
dans le jeu d'hypomatique et bien s'est gagné.
L'arrivée de l'équipe est un coup de tonnerre,
salué par le Président Ulysien
Abik Borgiba, qui la reçoit pour la félicité.
Après cet arrivée remarquée,
Mohamed Boumezraq veut mettre les joueurs au travail
et décide qu'il est temps de commencer les entraînements.
Bien, les footballeurs quittent leur hôtel,
les FLN les installent dans un quartier résidentiel de Tunis.
Chaque joueur dispose d'un logement pour lui et sa famille,
d'un salaire de 50 000 anciens francs
et de tout l'équipement nécessaire.
Le 9 mai, les quittes de football,
les FLN disputent son premier match.
Une rencontre en ouverture d'un tournoi
qui oppose le Maroc, la Tunisie et l'Algérie.
Les footballeurs algériens gagnent leur premier match,
deux à un contre le Maroc,
le surlandman surclasse la Tunisie six à un
et remporte évidemment le trophée.
Au même moment à Paris,
la crise algérienne fait facile à la République.
Le 13 mai, un comité de salut public
en faveur d'une Algérie française
est institué par des généraux
comme le retour du général de Gaulle.
Et le 29 mai,
celui que le président René Cotty
appelle le plus illustre des Français
est de retour au pouvoir.
Ici Paris, Radio-Diffusion, télévision française.
Mesdames et messieurs, nous interrompons nos programmes
et nous vous mettons en communication
avec le Palais de l'Elysée.
Ici, le Palais de l'Elysée
où l'on vient de nous distribuer
le texte du message du président de la République au Parlement.
Nous voici maintenant
au bord de la guerre civile.
Après s'être depuis 40 ans
tant battu contre l'ennemi,
les Français vont-ils demain
se battre contre les Français ?
Dans le péril de la patrie et de la République,
je me suis tourné vers le plus illustre des Français,
vers celui qui,
aux heures les plus sombres de notre histoire,
fut notre chef
pour la reconquête de la liberté,
je demande au général de Gaulle
de bien vouloir venir conférer avec le chef de l'Etat
et d'examiner avec lui ce qui,
dans le cadre de la légalité républicaine,
est immédiatement nécessaire
un gouvernement de salut national
et ce qui pourra à échéance plus ou moins.
La crise politique française ne fait que renforcer
la conviction des footballeurs d'avoir fait le bon choix
parce que la France est en train de tremble
et face au cas aux Algériens.
Après le premier tournoi contre la Tunisie et le Maroc,
les joueurs algériens partent en libre
et disputent une série de rencontres
contre des clubs locaux.
Et là encore, les joueurs professionnels
vont parler leur talent et remportent tout leur match.
Mohamed Boumezraga et les autres responsables de l'équipe
tentent alors d'organiser des tournées
avec des sélections de haut niveau cette fois.
Mais il doit faire face aux menaces de la FIFA
qui se range toujours du côté les plus forts
et de l'ordre mondial établi.
Sous la pression de la France, donc et en l'occurrence,
la fédération internationale de football a déjà suspendu
tous les joueurs en fuite.
Mais elle a également menacé de sanction
toutes les équipes qui rencontreraient les footballeurs algériens.
Ainsi, le Maroc et la Tunisie ont-ils vu leur adhésion
à la fédération annulée en raison du tournoi
disputé contre l'équipe du FLN ?
Durant l'été 58, les footballeurs algériens
suivent avec sa unité, le parcours de l'équipe de France
termine troisième du mondial en Suède
après une victoire 6 à 3 contre l'Allemagne en petite finale.
C'est aussi durant l'été que de nouveaux footballeurs
viendront renforcer l'équipe du FLN,
des transfuges de l'équipe de l'Ailen
et quelques joueurs qui ont réussi à quitter clans
destinement la France.
En septembre 58,
les responsables de l'équipe espèrent disputer
d'un rencontre contre l'Égypte
ou vient de s'installer le tout nouveau gouvernement
provisoire de la République algérienne
alors diriger par Ferrat Abbas.
Mais le président égyptien Nasser,
dont l'équipe de football vient d'être reconnue
par la FIFA, refuse
de prendre le risque de voir ses joueurs privés
de rencontres internationales.
Pour le grand football,
il faudra attendre.
Au début de l'année 59,
l'équipe de football algérienne s'engage
pour sa première vraie tournée internationale
en Milibus.
L'équipe part disputer des rencontres en Jordanie,
dans l'Iraq.
Et encore une fois, le succès est au rendez-vous.
Les équipes Jordaniennes qui le rencontrent
en caisse 33 buts
en seulement 4 matchs,
les Irakiens eux sont torpillés dit ça.
Au moins de mai,
l'équipe prend la direction de l'Europe de l'Est.
Alors pour contourner l'interdiction
de la FIFA toujours,
les pays organisent des matchs avec des équipes
qui ne sont pas les vraies sélections nationales.
Mais le niveau est déjà plus élevé
que lors des précédentes rencontres.
Et en Roumanie,
les algériens gagnent leur 1er match,
1-0, mais sont battus 4-3
au match retour.
Et en Roumanie, ils s'inclinent 5-2
contre un club local
avant de gagner par le plus petit discord
contre le grand club du rapide Bucharest.
Les algériens
font ensuite un détour par la Pologne
puis disputent 3 matchs en URSS.
En septembre, alors que l'équipe du FLN
tournait en Asie, le général de Gaulle
évoque pour la première fois la possibilité
d'un droit à l'autodétermination
pour le peuple algérien.
Je considère comme nécessaire
que ce recours
à l'autodétermination
soit proclamé aujourd'hui
au nom de la France
et de la République
en vertu du pouvoir
que m'attribue la Constitution
de consulter les citoyens
pourvu que Dieu
me prête vie
et que le peuple m'écoute
et que le peuple m'écoute
et que le peuple m'écoute
et que le peuple m'écoute
je m'engage
à consulter
les algériens
dans leurs 12 départements
au sujet du destin
qu'ils veulent adopter.
Le 15 octobre 59
l'équipe du FLN
est reçue avec les honneurs
en Chine
où les joueurs rencontrent Mao Zedong
Ils aient ces jours de 3 semaines
et 10 plus de 5 rencontres
Ils sont les ambassadeurs de l'Algérie
dans ce pays où peu de personnes
connaissent l'existence
de cette colonie française en guerre
pour son indépendance
Mais sur le terrain de foot
les joueurs algériens sont si impressionnants
qu'ils sont invités à prodiguer leurs conseils
aux entraîneurs chinois
La suite de la tournée asiatique
fait voyager la délégation algérienne
au nord vietnam
pour cinq marches sans réels oppositions
Mais les footballeurs
font surtout des rencontres
et qu'ils les marquent à vie
Dans le documentaire intitulé
le 11 de l'indépendance
est réalisé en 2002
par Jean-Pierre Védel
Le joueur Hamid Zuba
raconte les messages que les dirigeants vietnamien
leur font passer
lors de leurs rencontres
Nous avons serré la main tout le monde
mais celui avec lequel nous étions le plus
corpain
c'est le président
du vietnam
Rochimine
et son ministre d'affaires étrangères
Fan Van Nong
On les avait battus à l'époque
7-0
au dîner
il nous dit
nous avons battu la France
vous nous avez battu
donc vous battrez la France
c'est diplomatique
Cette prédiction
triangulation
prend des allures de prophétie
parce que le 4 novembre 1960
le général de Gaulle
annonce la tenue prochaine d'un référendum
avant d'éterminer si oui ou non
l'Algérie obtiendra
et souhaitera son indépendance
le 8 janvier 1961
les électeurs français répondent oui
après de 75% des suffrages
un résultat qui annonce un dénouement proche
pour le peuple algérien mais qui en a venu
le conflit
quelques semaines plus tard en effet l'OS
l'organisation de l'armée secrète
créée par des militaires et les civils proches
de l'extrême droite qui refuse de reconnaître
l'indépendance prochaine de l'Algérie
l'organisation terroriste
tueura plus de 2 200 personnes
l'émancipation de l'Algérie est peut-être proche
mais l'équipe du FLN
ne se relâche pas pour autant
les footballeurs partent pour leurs derniers
tournées internationales
l'équipe s'est d'ailleurs renforcée
en ce début d'année 1961
dès la fin de son service militaire
l'attaquant du Stade de Reims, Mohammed Maouche
par la police en avril 1958
fait ses valises et organise
la dernière vague de départ de footballeurs algériens
vers la Tunisie
la sélection du FLN
qui compte maintenant une trentaine de joueurs
de disputer un match de gala contre la grande équipe
de Youvoslavie
le stade est plein raquet et les footballeurs
démontent une fois encore tous leurs talents
et inscrivent définitivement le style algérien
dans l'histoire
avec une attaque de classe mondiale
et un enchaînement de buts à chaque match
il gagne le surnom de Harlem Glove Trotter
du football
en hommage à cette équipe de basket américaine
qui faisait des tournées dans le monde entier
éblouissant les foules de son talent
face au grand Yougoslav
le score était loquant
les algériens l'emportent cinq à un
après cette dernière tournée en Europe de l'Est
il rentre en Tunisie
dans l'attente du dénouement
proche des conflits
un tiers dernière heure
Germaine Bartelie au micro
j'appelle immédiatement notre envoyé spécial
Claude Paul Pajard
avoue Evian
bien, à Evian, je vous le dis tout de suite
on a le sentiment que d'une minute à l'autre
il va se passer quelque chose
l'hôtel du parc ne répond plus
les services de presse que nous appelons au téléphone sans cesse
refusent de répondre à nos questions
de plus, un déploiement de force spectaculaire
vient d'envelopper cet hôtel du parc
où se tient depuis ce matin
il sera peut-être la dernière réunion
de cette conférence d'Evian
les hélicoptères sont arrivés il y a quelques minutes
et on pense, et je vous dis bien, on pense
que d'un instant à l'autre, les dégâts algériens
vont quitter Evian pour la dernière fois
on attend le cessez-le-feu
on attend la paix, je vous le répète
ici, à Evian, c'est vraiment du peu
à vous Paris
le 18 mars 1962
le gouvernement français
est représentant du gouvernement provisoire
le public algérien signe les fameux accords d'Evian
des accords
par lesquels l'Algérie obtient son indépendance
après 132 ans de présence
française et plus de 8 ans
d'une guerre qui laisse derrière elle
des milliers de morts
le 19 mars
le cessez-le-feu entre en vigueur
et les combats près de fin en Algérie
en juin 1962
le militant du FLN et futur président algérien
Armel Ben Bela, longtemps
prisonné durant la guerre
à l'Unice pour rencontrer, remercier les joueurs
cet ancien footballeur
oui c'était un footballeur de l'Olympique de Marseille
mesure peut-être plus que les autres
le chemin parcouru par cette équipe
qui a disputé, 91 rencontres
et remporté 65 victoires
et qui surtout
a permis de faire entendre l'hymne algérien
dans le monde entier
la paix revenue
rend partie des joueurs par vie en Algérie
il contribue alors à la construction
d'une équipe nationale qui connaîtra
de grands succès internationaux
et transmette une philosophie de jeu
qui aujourd'hui encore est la marque de fabrique
d'une équipe au jeu flamboyant
surnommée les Félecs, Maillot, Véré, Blanc
d'autres footballeurs, comme Argin & Clouffy
décident de rentrer en France
et poursuivent leur carrière de footballeur professionnel
le meneur de jeu de la Sainte-Etienne
marque l'histoire de son club
et reste l'une des icônes du stade Geoffroy-Guichard
plus tard
c'est l'immigration algérienne 2e
ou 3e génération qui fabriquera
des stars françaises
à la tête desquelles
Karim Benzema est surtout
surtout l'un des 3 plus grands footballeurs
de l'histoire de foot français avec Copa et Platini
Zidane bien sûr
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durée :00:54:21 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - Aujourd’hui dans Affaires Sensibles, l’histoire de l’équipe de football du FLN. - réalisé par : Stéphane COSME, Helene Bizieau, Frédéric Milano