Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Alexandre Pasternak, le puceau enragé
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Un soir de juillet 2019, à Ariens en Moselle, Alexandre Pasternak, viole et toussigri de
Weber, sa voisine de 63 ans sur laquelle il fantasmait depuis son adolescence. Il cachait
une énorme frustration sexuelle. À 35 ans, il était toujours puceau. Ouvrons ensemble
la Côte B du dossier d'instruction d'Alexandre Pasternak.
Dans le système judiciaire français, le dossier d'instruction contient un sous-dossier appelé
Côte B. Il rassemble les rapports des experts psychiatres, psychologues et de l'enquêteur
de personnalité. Ouvrons l'un de ces dossiers.
En 2019, au moment où il viole et toussigri de Weber, à Ariens en Moselle, Alexandre Pasternak
a 35 ans et il vit toujours chez sa mère. C'est le simplez du village, le brave jardinier
municipal sur qui on peut toujours compter, celui qui ne ferait pas de mal à une mouche.
Au lendemain du crime, le voilà en garde à vue face aux gendarmes de la section de recherche de messes.
Alexandre Pasternak, c'est un personnage quand on le voit qui semble bonhomme, joviale, très gentil,
un monsieur très simple. Et finalement, quand on creuse et qu'on voit les pulsions qu'il anime,
les fantasmes qu'il a, c'est quelqu'un qui fait vraiment froid dans le dos en fait.
Je suis Analyste comportementale au département des sciences du comportement de la gendarmerie
nationale depuis plus d'un temps maintenant. Ce département a deux grands types de missions
qui sont l'analyse de scènes de crime particulièrement violentes et également l'aide à la préparation,
à l'assistance à garde à vue. Pour des gardes à vue où les suspects sont difficiles,
nous étions deux du même département et en fait on a un déport du son et de l'image sans
enregistrement et on peut voir et entendre ce qu'il se passe.
Monsieur Pasternak est un individu pas très grand, un peu bonhomme, d'ailleurs joviale.
Il n'a pas un fascisme physique menaçant. Par contre, effectivement, on voit que intellectuellement,
il est un petit peu limité. Il y a quelques années, on aurait peut-être dit le benet du village,
mais il parle correctement, il n'y a pas de souci. Notre travail va être d'analyser effectivement
son comportement par rapport au CV, à son parcours de vie d'analyser les failles et ce qui
potentiellement a fait qu'il est passé à l'acte. Et pourquoi ? Par exemple, monsieur Pasternak nous
avait dit qu'il n'avait pas de compagnes, qu'il n'avait jamais réussi à avoir une petite copine
ou une compagne et pourtant il avait essayé. Sachant que Mme Weber avait été retrouvée dénudée
avec des traces de violence sexuelle, c'était une indication pour nous quant au mobile de l'homicide
et du passage à l'acte. Donc c'est des choses qu'on comprend en compte et après on va discuter
autant de pauses avec les enquêteurs sur le meilleur moyen de se servir de ce qui nous a dit
dans ses précédentes auditions pour avancer de façon la plus pertinente possible.
Claude B-47, rapport d'enquête de personnalité de Yves Durand. La mère d'Alexandre Pasternak,
qu'à l'effet son fils de gentil, serviable et toujours prêt à rendre service. Il n'est pas
très débrouillard et d'outant permanence de ses faits et gestes. Je me rendais compte qu'il avait
d'un malètre mais je me refusais à l'accepter. Lors de sa première audition il est très fermé,
il est même très vindicatif dans le sens où il déclare qu'il n'a rien à voir qu'effectivement
il l'a vu de loin ce soir là mais qu'en aucun cas il a fait du mal à Mme Weber et qu'en aucun
cas c'est lui. On n'a pas quelqu'un de stressé d'inquiètes à ce moment-là d'ailleurs les
enquêteurs de l'ISR de Messe lui demandent régulièrement si ça va, s'il se sent bien
et tout et ils répondent par la firmative à chaque fois. Donc ils se sentent à l'aise avec
mes collègues, il est tellement à l'aise qu'effectivement ils clampent son innocence lors de cette
première audition. À la première audition on n'a rien. Par contre on est confiant pour la suite
de part son comportement lors de l'enquête de voisinage. C'est à dire qu'il tremblait,
il n'arrivait même pas à tenir son verre d'eau, il était très stressé par la présence des
gendarmes à son domicile, il avait des blessures au coup des eaux genoux parce que le jour des faits
en fait de la disparition de Mme Weber il avait couru et surtout ce qui nous a dit qu'il avait
fait un malaise, qu'il s'était vanoui, qu'il s'était relevé, qu'il avait le short au niveau des
genoux. Tout ça nous mettait très en confiance pour la suite.
Code B-47, rapport d'enquête de personnalité de Yves Durand. Alexandre Pasternak nous est
apparu comme un homme à la personnalité quelque peu mystérieuse. Il nous a indiqué très clairement
qu'il se sent étabité par moment sans pouvoir définir ce phénomène qui semble le dépasser et
auquel il lui est difficile de résister.
Lors de la deuxième audition les enquêteurs le placent sur la scène de crime. M. Pasternak
commence à se sentir un petit peu coincée et à ce moment-là il reconnaît avoir croisé la
victime, lui avoir parlé. Les enquêteurs insistent sur le fait qu'il a parlé à Mme Weber, qu'il
avait donc menti. Et là M. Pasternak fait quelque chose que dans ma carrière j'avais jamais vu. C'est à dire
qu'à ce moment-là, sa mâchoire se crispe, ses yeux changent, sa voix change et dit que maintenant
ce n'est plus Alexandre qui va parler mais c'est David qui Alexandre est un abruti,
un ringard et que c'est David qui va prendre la parole maintenant et parler avec les enquêteurs.
Maintenant c'est pas Alex qui va parler, Alex il va se mettre en pause, je suis en train de
le rassurer, c'est David qui vous parle, ce ringard d'Alex c'est tellement débile qu'il ne peut pas
se débrouiller tout seul, c'est infême, j'ai même dû le forcer à regarder son grand-père égorger un
poulet. C'est difficile d'analyser s'il fait du cinéma ou bien s'il s'est inventé une autre
personnalité pour nous reconnaître l'effet parce que c'est trop dur pour Alexandre de reconnaître,
on a eu très peur pour nos collègues parce que qui dit schizophrénie et crise, dit risque de
passage à l'acte extrêmement violent par rapport à mes collègues qui étaient dans la salle de
gardez à vue avec lui. Nous dans la pièce à côté avec le recul il y a des choses qu'on peut
voir que nos collègues ne voient pas forcément quand ils sont dans la salle avec le gardé à vue,
eux doivent taper en même temps, penser à leurs questions et nous on voit exactement ce qui se
passe par rapport au comportement du gardé à vue. On a bien vu avec ma collègue les machoires qui
se crispaient, le regard qui changeait, l'intonation de voix qui était complètement différente et à
ce moment là on se dit qu'il faut absolument arrêter la garde à vue et le laisser redescend
en pression, se calmer, se détendre, se reposer et qu'on verrait le lendemain dans quel état il est
si c'est David qu'on a avec nous le lendemain matin qu'on garde à vue ou si c'est Alexandre
Pasternak.
Le lendemain quand nous reprenons ce qui du coup sera la troisième audition,
M. Pasternak est tout à fait normal, enclin à parler, ne fait pas référence à David comme
s'il ne s'était rien passé de la veille. Il n'est pas spécialement stressé, il n'est pas spécialement
à retrouver M. Alexandre Pasternak à ce moment-là de l'audition. Alors il continue à ce moment-là
de nous dire qu'il l'a croisé, qu'il lui a parlé mais qu'il lui a rien fait, jusqu'au moment où là
on avait reçu entre-temps les résultats ADN qui montraient que sur les vêtements et l'ADN présents
sur le corps de la victime était l'ADN de M. Alexandre Pasternak, donc les enquêteurs,
lui demandent déjà si c'est ce qu'est l'ADN parce que tout le monde ne sait pas ce qu'est l'ADN
et sur quel support on le trouve donc M. Pasternak, qui nous donnant l'impression d'être un petit peu
limité intellectuellement, lui demande ce qu'est l'ADN, il dit c'est ce qu'il se trouve sur les mains.
Donc mes collègues enquêteurs lui expliquent ce qu'est l'ADN et à partir du moment où ils disent
ça et que c'est unique à une seule personne, il reconnaît effectivement les faits d'homicide sur
Mme Weber. Les enquêteurs parlent d'un homme ordinaire, aucun antécédent judiciaire, aucun
antécédent psychiatrique, mais une personnalité fragile. Ces explications restent floues quant
aux raisons de son geste. Les analyses toxicologiques et psychiatriques devraient permettre
d'en savoir plus, l'auteur présumé a été mis en examen pour homicide volontaire, il risque
jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle. Cote B sur Europe 1
C'est un puceau extrêmement frustré, c'est tout le problème de sa vie, son objectif pour lui c'était
avoir une relation sexuelle. Donc c'était quelqu'un qui se présente, qui était très timide, très
introverti, avec une fuite de regard, très détachée émotionnellement, qui était en faible
résonance émotionnelle. C'est très froid, très méfiant, on sentait quand même une
angoisse, dans le contact, on sentait que le contact intérieur humain provoquait chez lui une
angoisse, une tension. Je pense que c'est quelqu'un qui a toujours fui le contact social et ça je
l'ai assez rapidement ressenti avec lui, il était clairement dans l'évitement. Donc j'ai essayé de le
mettre à l'aise en lui expliquant en qui j'étais, je me suis présenté en lui expliquant la mission
qui m'était confiée par la justice, avec quelques questions particulières, notamment la
dangerosité, celle du risque de récidive, celle de la responsabilité pénale qui se posait de façon
aiguë puisque monsieur Pasternak devant les enquêteurs parlait d'une éventuelle double
personnalité, Alexandre versus David qui essaie de prendre le contrôle de temps en temps. En fait
ça renvoie à certains films hollywoodiens où on voit des personnes qui ont des meurtriers,
ça dit qui ont des personnalités multiples, donc on pouvait se poser la question éventuellement
d'une maladie mentale, si c'est le cas, ça peut mettre en cause la question du discernement,
l'abolition du discernement et quelqu'un ne relèvera pas de la prison des plus de la psychiatrie.
Pour monsieur Pasternak et Alexandre, est-ce qu'il souffre au nom d'une schizophrénie,
la réponse est clairement non, je n'ai retrouvé chez eux qu'un élément en faveur d'une schizophrénie.
Code B26, rapport d'expertise psychiatrique du docteur Alexandre Baratta.
Nous n'avons retrouvé chez lui aucun élément délirant,
pas d'allucination intra-psychique, pas de franchidé de persécution, pas de délire mégalomaniaque.
Donc s'il avait été schizophrène, on l'aurait déjà su depuis au moins une dizaine d'années chez lui,
après on peut toujours faire des diagnostic tardifs, ça arrive. En tout cas la schizophrénie,
ça démarre classiquement à l'adolescence, c'est une personne qui commence à être en retrait,
qui développe des goûts très particuliers pour l'ésotérisme, chez qui on va voir progressivement
une rupture avec l'État entérieur, une rupture avec l'État entérieur, donc on va clairement
identifier un changement. En général, ça se voit. À 35 ans, ça n'aura pas pu rester comme ça,
silencieux toute sa vie, enfin jusqu'à 35 ans. Je vous espérais que sa mère, ce sera dit,
il y a un problème, il faut que j'amène consulter. Après, ça reste quand même pas très crédible,
c'est quelqu'un qui a une intelligence quand même pas très élevée et je pense qu'il a dû,
voilà, il a dû se dire que ça passerait. Bon, malheureusement pour lui, personne n'a
n'a cru à son histoire. On est dans le cadre d'une tentative très maladroite quand même,
d'échapper au poursuit judiciaire et tout ça, ça rentre plus dans un trouble de la personnalité
que moi je diagnostiquais une personnalité schizotypique qui se caractérise par une
froide dans les affectes, un isolement social, des pensées pouvant être étranges. Oui,
c'est vrai que c'était quelqu'un qui avait un contact étrange, isolé et surtout qui n'arrive
pas rentrer en relation de façon satisfaisante avec les tiers personnes. Lorsqu'il est interpellé,
Alexandre Pasternak, qui est né en 84, a donc 35 ans. Maître Philippe Quatrebeu, avocat d'Alexandre
Pasternak. Il habite depuis de nombreuses années à Ariens, c'est un petit village non loin de Messe,
en Moselle. C'est la maison familiale, c'était la maison de sa grand-mère et il vit avec sa mère,
parce que ses parents sont divorcés. Le père habite quelques kilomètres plus loin, il habite pas très
loin, puis il vivait avec la grand-mère qui est décédée quelques mois avant l'effet. Il vive un
petit peu en vasclos, il est certain que le fait de vivre toujours en famille ne l'a pas incité à
aller vers les autres. Il a très peu d'amis, ses loisirs sont la lecture, le jardinage, la
botanique, en tout cas il pratique aucun sport à l'extérieur, il ne pratique aucune activité dans un
club ou dans un endroit où il pourrait rencontrer du monde et être en relation avec les autres.
Et quand on a ce mode de vie qui est couplé avec une personnalité introvertie, avec quelqu'un qui
est d'une timidité quasi maladive, c'est certain que les relations sociales avec les tiers sont
très très compliquées pour lui. Côte B63, examen psychologique de Serge Sebel. Les parents
d'Alexandre Pasternak se sont séparés en 2003 à la suite d'une tentative de suicide du père. Mais
l'entente parental aurait toujours été satisfaisante. Son frère cadet est décrit comme sociable,
vivant en couple, mais leurs relations étaient distantes. On jouait aux voitures dix minutes et
chacun repartait de son côté. Quant aux raisons pour lesquelles Alexandre Pasternak restait vivre
chez sa mère à l'âge de 35 ans, il reste évasif avançant des considérations matérielles.
Il y a eu une perquisition chez lui lors de son interpellation.
Stéphanie Lemau, commandante de gendarmerie.
Perquisition qui nous a permis de voir comment évoluer monsieur Pasternak, c'est-à-dire déjà qu'il
a une toute petite chambre à côté de celle de sa mère, il faut passer par la chambre de sa
maman pour accéder à la sienne. La sienne, elle est tellement petite en fait, c'était une
buandrie à l'origine. Il vit également avec ses deux oncles de 49 et 53 ans à l'époque d'effet.
On a l'impression effectivement que c'est une chambre d'adolescent de grande enfant. Même
pendant la perquisition, il a un cinquième qu'on rentre dans son domaine, qu'on touche
à ses affaires, à ses livres. Il a beaucoup de livres et on voit qu'il n'est pas à l'aise
par rapport au fait qu'on touche à ce petit monde qui tient dans une buandrie. On se rend compte
que monsieur Pasternak est un vieux garçon qui vit avec sa maman, ses oncles qui ont un certain âge,
il n'a pas d'amis, il n'a pas de loisirs, il n'a pas de petite amie et on trouve des albums,
des classeurs, des pochettes dans les classeurs avec des sous vêtements usagés de femmes et des
photos de femmes et on se rend compte qu'en fait il achetait sur petites annonces des culottes usagés,
des sous vêtements usagés de femmes. C'est un puceau extrêmement frustré, c'est tout le
problème de sa vie. Dr Alexandre Baratta, expert psychiatre. Il a mis beaucoup beaucoup d'efforts,
en fait c'était son objectif, c'était le gras à atteindre pour certains c'est des études,
un métier pour lui c'était avoir une relation sexuelle. Il a multiplié aussi les inscriptions
sur des sites internet de rencontres et des sites libertains sans aucun succès. Voilà
son problème, toute son énergie était vraiment consacrée à ça, à essayer d'avoir une relation.
Alors ce n'est pas faute d'avoir essayé, il sortait d'abord dans les balles où il était très
content d'expliquer qu'il avait réussi à avoir une relation de fleur avec une certaine leticia et
quand je lui ai demandé s'il s'était embrassé, il ne me regardait que surprise et perplexe. Il
sait plus tellement s'il a embrassé cette jeune fille, en tous les cas il a déployé des efforts
considérables pour avoir des relations avec des filles et multiplier les sorties dans les bars.
Tous les samedis soir, tous les vendredis soir, en consommant l'alcool pour se désinibé,
il a fait chou blanc, il a eu recours au service d'un coach pendant deux ans où il faisait des
exercices devant le miroir pour essayer de séduire. Alors lorsque je lui ai demandé s'il était
content de ce coaching, il m'a dit oui, j'ai même réussi à avoir un 06 seulement par la suite,
quand on reprend les choses avec lui, cette jeune fille qui lui a donné son numéro n'était probablement
pas le bon parce qu'elle ne répondait pas au téléphone. Donc voilà, il a passé beaucoup
d'argent, beaucoup de temps, beaucoup d'efforts, sans succès. Le drame c'est que la seule relation
qu'il a eu, c'est avec une femme qui l'a tuée finalement. Donc voilà, c'est au final et à quel âge,
à 35 ans. Code B43, rapport d'enquête de personnalité de Yves Durand. Depuis 2019 jusqu'à
son incarcération, Alexandre Pasternak indique être agent communal d'entretien d'espace vert.
Un collègue de travail le décrit ainsi. Il ne pouvait pas travailler seul, tête en l'air,
il ne faisait pas intention au matériel. Calme, il n'aimait pas le reproche. Un adjoint au maire
ajoute, il était maladroit, limité et incapable de prendre une décision.
Monsieur Pasternak Alexandre, c'est quelqu'un qui change facilement, qui parle facilement,
qui répond facilement aux questions, sauf lorsque j'ai tenté d'explorer la sphère
sexuelle. Lorsque j'ai quelqu'un en expertise, surtout s'il est mis en examen pour des faits
de nature sexuelle, j'explore toujours sa sexualité. A quel âge il a commencé la masturbation ? Comment
il prête ? Comment il fait ? Tout simplement, qu'est-ce qu'il regarde comme vidéo, comme photo ? Qu'est-ce
qu'il excite ? C'est extrêmement important pour faire une évaluation exhaustive dans une visée
sexologique. Là, le problème, c'est qu'il a catégoriquement refusé que j'explore cette sphère.
Alors non seulement ça, mais aussi lorsque j'ai voulu savoir ce qui s'était passé exactement
avec la victime, comment il en est venu à la tuer ? Pourquoi ? Est-ce qu'il n'y a qu'une
compagnie sexuelle qu'on pouvait évidemment suspecter ? Lorsque je l'ai rencontré, la victime était
quand même retrouvée nue, lui-même reconnait qu'il avait le short baissé et qu'après la
oire étranglée, il s'était couché sur le corps en lucca. Il y avait une dimension sexuelle qui me
semblait évidente. Lorsque j'ai essayé d'explorer ses motivations, les implications sexuelles,
là, il m'a sorti la théorie du trou blanc. J'ai un trou blanc, je ne m'en souviens plus. Ce qui n'était
pas satisfaisant et pas cohérent parce que lorsqu'il était interrogé par les enquêteurs,
il décrivait en détail la scène sans mentionner d'oubli. Il n'a jamais précisé qu'il avait
un oubli, une amnésie de la scène. Il aime lorsqu'il l'interrogait devant la juge d'instruction,
il explique en détail ce qui s'est passé, qu'il l'a étranglé, qu'il les déshabillé,
que lui-même dans la bagarre, il a débouché et baissé son short. Donc il n'y avait aucune amnésie
qui ressortait là devant moi. Il joue la carte de l'amnésie, c'est qu'il est d'accord pour
répondre de toutes les questions sauf celle de sa sexualité. Donc là, ça interroge quand même.
C'est interroge parce que moi, la question qui se posait, c'est est-ce qu'il y a des déviants
sexuels lorsqu'ils regardent des films, des vidéos, est-ce qu'ils regardent des rapports sexuels
classiques, des simulations de viols, ou est-ce qu'il regarde des rapports sexuels avec les jeunes
enfants, qu'est-ce qu'il intéresse finalement, qu'est-ce qu'il fait vibrer, c'est son
rapport sexuel violent ou autre chose. C'est fondamental de rechercher d'éventuels déviants
sexuels. Le fait que lui refuse d'en parler, ça dit quelque chose aussi. Voilà, il y a quand
même la question d'une déviante sexuelle sous-jacente. On voulait qu'il nous reconnaisse
ces violences sexuelles et le mobile qui était vrai semblablement qu'il l'avait tué madame
Weber pour la violer. Ça, il n'a jamais voulu le reconnaître. Par contre, c'est la médecine légale
qu'il a apporté.
Plongé dans l'esprit des plus grands criminels, on de l'âtre raconte.
Cote B sur Europe 1.
Christophe On de l'âte.
J'ai jamais eu la moindre difficulté à dialoguer avec monsieur Pasternak.
Maître Philippe Quatrebeu, avocat d'Alexandre Pasternak.
Lorsque l'on va aborder la dimension sexuelle de ses actes, notamment le viol, ça va être
compliqué pour lui d'en parler. Plus parce qu'il a du mal à dire les choses parce qu'on
a l'impression que le sexe est quelque chose de très tabou chez lui et que ça lui coûte
d'en parler. Mais il en parle parce que si je lui pose la question, il va répondre
à la question. Et lorsque la juge d'instruction va l'interroger là-dessus, ce sera exactement
pareil. C'est-à-dire qu'il ne va pas éluder la question. Il va y répondre. On voit qu'il
est dans l'émotion lorsqu'il en parle. On voit qu'il sait que ce qu'il a commis
est un acte déviant. Et il a peur du jugement de l'autre sur les déviances de son acte.
La maison d'arrêt de Nancy à cette particularité, c'est qu'il y a une L réservée entre guillemets
aux auteurs d'infraction à caractère sexuel. Et a été mise en place au sein de cette maison
d'arrêt un suivi aux auteurs d'infraction sexuelle. Et M. Basternak a été demandeur
très rapidement d'une prise en charge médicale, d'une prise en charge psychologique. Et c'est
dans le cadre de son suivi, il va lui être suggéré de poser sur papier, d'écrire ce qu'il a
du énormément de mal à dire à l'oral. Et donc effectivement, il va coucher sur le papier un
petit peu ce qui s'est passé, ce qu'il va parler de ses fantasmes qui sont restés à l'état de
fantasmes. Et il va parler de cette journée où il a croisé Mme Weber, où il a violé et
donné la mort à celle-ci. Et il va faire le récit de cette scène et lors d'une fouille de sa
cellule va être découverte sa prose, immédiatement transmise à Mme la juge instruction qui l'interrogera
peu de temps après sur cette découverte. La lettre qui signe les aveux d'Alexandre
Pasternak est intitulée « Le mardi du viol du cadavre est sa mise à mort ». Alexandre
Pasternak y évoque un désir refoulé depuis des années pour sa voisine Sigrid Weber. Il écrit
« J'étais ado à l'époque, je l'observais sur sa chaise longue de bronzage, dans son maillot de bain,
s'épiler ses belles jambes. » Puis dans le paragraphe suivant, il relate la journée du crime.
« C'était un mardi chaud du mois de juillet. Je me demandais comment coucher. J'ai réfléchi et
je me suis dit au niveau de la ferme des gendars, il y a un angle mort. C'était l'endroit parfait. »
Lui-même ne comprend pas pourquoi est-ce qu'il est passé à l'acte. Il a eu très peur en voyant la
capacité de violence qu'il pouvait avoir en lui. On a l'impression que ce qui s'est passé c'est
finalement une accumulation de frustrations, une accumulation de rejets parce qu'il a essayé tout
au long de sa vie d'avoir des relations avec des femmes. Et c'est certainement cette accumulation
là qui a fait que ce jour-là, Pasternak, il a commis des défaits d'une grande violence.
« Moi je ne pense pas qu'il soit passé à l'acte de façon opportuniste. »
Docteur Alexandre Baratta, expert psychiatre. « Lorsque je l'ai interrogé sur la vision qu'il
avait de la victime, il expliquait que cette femme, il la trouvait jolie. C'était une blonde
sportive, il la trouvait jolie. Ils en parlaient chez lui, avec sa mère, de cette femme, où cette
femme avait la réputation de vouloir faire plus jeune que son âge, d'avoir des relations avec des
hommes mariés, donc elle avait la réputation d'être une femme active sexuellement. Je pense qu'il a
du zigeartien. Elle multiplie les relations, peut-être que j'ai ma chance avec elle, que ça va
marcher. En tout cas, il y pense régulièrement, donc je ne pense pas qu'il les choisit par hasard,
je ne pense pas qu'il les croisait tout à fait par hasard le jour où il la tuait. Je pense qu'il
essaie de rentrer en contact avec elle, qu'elle a dû l'envoyer balader, comme ça s'est toujours fait
par le passé avec toutes les filles avec qui il est essayé. Et je pense que là il n'a pas réussi à
se contrôler, ça lui a fait péter un câble. La rage de tous les précédents ratos qu'il y a
eu a dû ressortir. Je pense que c'était le râteau trop, et c'est ça qu'il a dû mettre dans
un état de rage considérable. Il a dû repenser à tous ces rabassements qu'il a vécu, qu'il a essuyé,
et il explique qu'il a fait ça dans le cadre d'une pulsion. C'était quelque chose de pulsionnel et
qu'il il faut menter ça en fait depuis plusieurs, depuis un intrigue mais un moment, donc on peut
supposer que c'est depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Et d'ailleurs au début des
années 2000, il avait croisé une promeneuse en forêt et il avait déjà eu cette pulsion,
mais il avait réussi à la réfraîner, mais il explique qu'il avait eu très très envie d'attraper
cette femme et de l'être anglais jusqu'à la mort, mais qu'il n'était pas revenu à contrôler son
geste. Ce qui s'est passé entre 2000 et 2019, c'est qu'entre-temps sa grand-mère est morte, il explique
qu'il avait une relation très fugiére avec elle, et que suite aux décès de sa grand-mère, là il a
commencé à perdre le contrôle et les pulsions devenaient de plus en plus importantes.
Le passage à l'acte pour moi est vrai simplement du un mélange de plusieurs facteurs, un iséalement
social extrême. Quelqu'un qui depuis sa plus tendre enfance n'a pas d'amis, il faut savoir qu'il
nous a dit qu'il était aussi ses camarades, c'est le mot qu'il a régulièrement de lui parce qu'il
était extrêmement timide et gros. Et du coup, il a vécu toute une enfance sans amis, il était pas
très proche de son frère, ils avaient pas les mêmes centres d'intérêt, donc c'est quelqu'un
qui a toujours vécu seul. Il a essayé de toutes ses forces de rencontrer une femme en allumage,
en allant à des balles, sur des sites de rencontres, ça n'a jamais marché, et il nous a dit qu'il
n'avait jamais eu personne à qui se confier. Et je pense que c'est cet isolement social extrême
qui a engendré des frustrations, des frustrations sociales, des frustrations sexuelles qui ont fait
qu'il est passé à l'acte.
Faites entrer l'accusé.
Monsieur Pasternak, à quel moment avez-vous décidé de suivre Sigrid Weber, votre victime ?
Au moment où je l'ai aperçu de loin, j'ai fait de mes tours, je me suis retrouvé en face d'elle.
Quelles étaient vos intentions ? Elle a violé.
Monsieur Pasternak, de part, l'effet pour lequel il était commandé, on peut le qualifier de meurtrier sexuel.
Dr Alexandre Baratta, expert psychiatre.
Et globalement, il y a deux profils de meurtrier sexuel décrits dans la littérature,
et c'est très important de faire le distinguo. Il y a le profil de meurtrier sexuel cholérique,
c'est quelqu'un qui n'a pas de profil de personnalité particulière,
ou alors il peut être psychopathe, mais en tout cas, c'est quelqu'un qui est bien,
alors qu'il peut être inséré socialement pas d'ailleurs, qui est connu pour ses antécédents de violence,
c'est des gens qui sont assez sous-polèves, c'est violent, mais en tout cas qui n'ont pas de difficulté entre mon relation avec les gens.
C'est souvent inopiné, c'est pas du tout prémédité, mais chez qui, il n'y a pas de déviance sexuelle.
Il fait ça plus pour humilier la personne qu'il frappe, plus que par perversion sexuelle.
Contrairement aux tueurs sexuels sadiques, où là généralement le profil est quand même sélectionné en amont,
il faut que ça correspond à des critères sexuels, critères esthétiques, que la femme plaise à l'auteur,
et pourquoi c'est important de distinguer les deux, parce que le pronostic, le risque de récidive ne sera pas du tout le même,
dont là comme dans l'autre cas, chez les tueurs sexuels sadiques,
le risque de récidive est beaucoup plus élevé notamment sur une même modalité de meurtre ou de viol.
Ah bah Alexandre Pasternac lui clairement présente un profil de tueurs sexuels sadiques,
c'est aussi ce genre de profil qu'on retrouve chez certains tueurs en série,
donc s'il y a un récidive chez lui, ce ne sera pas un vol, ce ne sera pas des violences sur une tierce personne,
ça risque, on risque à nouveau d'avoir des violences sexuelles voire un meurtre sexuel à nouveau.
Côte B-29, rapport d'expertise psychiatrique du docteur Alexandre Baratta.
La réinsertion sociale de M. Pasternac est problématique.
Les motivations de l'acto-omicide semblent sous-tendues par des fantasmes sadiques au pervers.
Le peu d'évolution de la personnalité au fil du temps majeure un peu plus sa dangerosité sociale.
En moyenne, le taux de récidive d'un homicide est un phénomène rare, évalué à 4,5%.
Pour les homicides sexuels, comme il y a l'occasion d'un viol ou par un tueur seriel,
la réitération est plus élevée, plus de 15%.
On retrouve certains points communs entre Jeffrey Damer, le célèbre tueur en série
qui a fait l'objet d'une série télévisée actuelle,
et M. Pasternac-Alexandre, notamment un profil de personnalité particuliers
où les interactions sociales sont très largement compromises,
ce sont des personnes isolées qui ont été identifiées très tôt comme bizarres
par les personnes qui les entourent, bizarres, isolées, avec des centres d'intérêts très particuliers
et qui ont des problèmes, clairement, dont très en relation avec des pères
et d'initiés des relations intimes.
Dans les deux cas, on retrouve une froideur affective aussi
et des préoccupations sexuelles particulières.
Chez Jeffrey Damer, on a quand même un sadisme sexuel évident qui ressort.
Notamment, lorsqu'on se documente sur les expertises dont il n'y a plus de bénéficieuse d'avis,
on retrouve quand même des points communs avec les déviants sexuels,
l'inhibition, l'introversion anxieuse et trop du contact.
...
Monsieur Pasternak, vous n'avez jamais essayé d'aborder Mme Weber de manière classique.
J'ai essayé à l'automne dernier, mais j'ai renoncé, j'étais trop timide.
...
Lorsque l'on prend connaissance de l'expertise psychiatrique,
on a l'impression qu'on a à faire une véritable bombardement,
un tueur ou un violeur en série potentiel.
C'est, de toute façon, contrebalancé par tous les éléments qu'on a dans le dossier,
à savoir que, d'une part, M. Pasternak n'a jamais fait parler de lui devant la justice.
Aucun délit, aucun crime, bien entendu, ne peuvent lui être reproché avant ce jour-là.
Il n'y a pas eu de signes avant-coureurs dans son enfance, dans son adolescence,
qui peuvent laisser penser que l'on est en présence de quelqu'un
qui est de nature violente ou de nature perverse.
M. Pasternak n'est loin du potentiel ou futur tueur en série que l'expert psychiatrique peut dépeindre.
Tout simplement parce qu'à part les dire de l'expert, il n'y a rien.
Il n'y a rien qui nous permet de dire que M. Pasternak va un jour récidiver
ou que M. Pasternak, lorsqu'il sortira un jour de détention, va refaire parler de lui.
Finalement, il est inquiétant M. Pasternak, parce qu'il fait plus, effectivement, vieux garçon du village.
Et pour autant, il peut s'avérer et se révéler vraiment ultra-violents et des pulsions morbides.
Ce qui est dérangeant avec M. Pasternak, c'est effectivement son allure bonhomme,
son allure de vieux garçon simple et qui s'ouvre ignacement.
Et ce qu'on voit de lui, est ce qu'il est capable de montrer quand il parle de ses pulsions,
quand il parle de David et qu'ils sont effrayants.
Et ce qui est dérangeant avec M. Pasternak par rapport à ça,
à ses fantasmatiques et à ses pulsions, si ce n'est pas traité en prison et si on peut le traiter,
c'est ça la question aussi qui se pose.
C'est un profil qu'on n'a pas envie de retrouver à l'issue de sa période de sûreté dans les rues dans 22 ans.
Quand il a conclu l'entretien avec moi, il m'a clairement dit que ce n'est pas la première fois que je serai au tribunal.
Alors, j'ai noté la phrase dans le rapport.
Il m'a dit, enfin, l'entretien, ce n'est pas le premier jugement que je vais avoir.
C'est là-dessus que l'entretien s'est conclu.
Conformément aux réquisitions de l'avocat général,
Alexandre Pasternak a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle
à sortie d'une période de sûreté de 20 ans.
Il a aussi une obligation de suivre des soins pendant une période de 10 ans.
C'était ont de la traconte Côte B, rédaction en chef Guillaume Maury,
en quête de Vincent Duby, réalisation Boris Pachinsky.
Le podcast de ce programme est disponible tous les vendredis des 6h du matin.
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
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Ecoutez Christophe Hondelatte décrypter la personnalité d’Alexandre Pasternak. A 35 ans il vit toujours avec sa mère et ses deux oncles… Frustré sexuel, toujours puceau, Alexandre Pasternak va violer sa voisine sur laquelle il fantasmait. Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ? >> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr ainsi que sur vos plateformes d’écoute habituelles.