Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: ALAIN PIDOLLE, le psychiatre pervers narcissique

Europe 1 Europe 1 3/10/23 - 42m - PDF Transcript

Non et c'est pas toi Clara, c'est juste que j'ai du mal à m'engager!

Non, je comprends, moi si j'ai préféré une SEAT Ibiza disponible en stock sans apport

et surtout sans engagement à partir de 179€ par mois.

On de l'âtre à compte. Christopher de l'âte.

Depuis des lustres, je cherche à comprendre comment un homme ou une femme peut basculer

dans le crime. J'ai interrogé toute une ribambelle d'experts psychiatres et psychologues,

et puis je suis tombé sur cette histoire. L'histoire du docteur Alain Pidol, ancien

expert psychiatre, qui a violé et agressé sexuellement cinq jeunes femmes.

Et je vous propose d'ouvrir ensemble la Côte B du dossier d'instruction de cet

Alain Pidol.

Dans le système judiciaire français, le dossier d'instruction contient un sous-dossier

appelé Côte B. Il rassemble les rapports des experts psychiatres, psychologues et

de l'enquêteur de personnalité. Ouvrons l'un de ces dossiers.

On de l'âtre à compte.

Côte B sur Europe 1.

Au début des années 2010, le docteur Alain Pidol est psychiatre à Fallsbourg en Moselle.

Il a 60 ans et il dirige un centre de soins pour jeunes femmes anorexiques.

En réalité, c'est sa zone de chasse. Ce psy est un prédateur sexuel.

Il a violé deux patients et en a agressé sexuellement trois autres.

Interpellé, il n'y en bloque et, face à ses collègues psy, il fend vareux.

Lui, l'ancien expert auprès de la Cour d'appel de Messe, connaît parfaitement

la cuisine de l'expertise. Ils ne le croiseront pas.

Pour un psychiatre, expertiser un psychiatre ou un psychologue, enfin quelqu'un qui est

dans notre champ, c'est un peu particulier.

Donc, il y a des collègues qui vont refuser d'expertiser un collègue.

Docteur Roland Couton-Saud, expert psychiatre.

Moi, d'emblée, j'ai une attitude un peu différente parce que je me dis que le fait

que quelqu'un, comme Alain Pidol, soit un psychiatre, qui a été expert après la Cour

d'appel de Messe, on espère avoir quelqu'un qui va être, avoir une facilité de s'exprimer

sur lui-même, supérieur à la moyenne des gens qu'on voit en expertise.

Tant en temps, on voit des gens un peu frustres, un peu rustres, qui n'ont pas une capacité

d'explication de ce qui se passe dans leur tête, et donc l'expertise, je dirais d'autant

plus intéressante, à les reconnaissons-le, quand c'est quelqu'un d'intelligence supérieure

qui peut s'exprimer et qui a une capacité, a priori, qu'on lui prête, de parler de

ses émotions.

Code B109, expertise psychologique de Corinne Akeur.

L'attitude d'Alain Pidol est identique lors des trois examens.

Il est parfaitement à l'aise, comme si nous nous connaissions de longues dates.

Il menoie dans un flot de détails de peu d'importance, et ne supporte pas la moindre

interruption de ma part.

Il se justifie par le fait qu'il veut expliquer, alors qu'il n'explique rien.

Alain Pidol, c'était un expert, un psychiatre créatif, il avait fait une espèce de festival

du film psy, qui faisait un petit peu dans l'Est de la France, donc quelqu'un de

créatif.

Avec 60 films venant de France, mais aussi d'Espagne, d'Allemagne et de Belgique, le

cinquième festival psy de Lorquen atteint véritablement sa dimension européenne.

En exposition, film Dr Pidol, autre objectif de l'association psy de Lorquen, la création

d'un musée, comment et pourquoi?

Tout d'abord pour retrouver des éléments de la psychiatrie, qui est une discipline

qui a beaucoup évolué ces dernières années, ainsi que faire comprendre au public aussi

pourquoi on a utilisé telle ou telle thérapeutique, tel ou tel moyen de traiter ou de soigner des

personnes hospitalisées, etc.

C'est quelqu'un d'assez spontané naturel, expansif, plutôt à l'aise, donc un Pidol.

Donc on va dire dans le champ social une certaine assurance, une certaine aisance,

une certaine capacité de parler, mais en même temps, il le dit lui-même, il évoque

une aptitude au commandement, le fait qu'il pouvait être directif, parfois un peu insistant,

je crois que lui-même utilisera le mot de Pinayur.

Code B39, examen psychiatrique des docteurs Bernstein et Coutançon.

Après l'obtention de nombreux diplômes, notamment en pédopsychiatrie, Alain Pidol

ouvrant 1995 une clinique médicale de 10 juillet et crée dix ans plus tard un lycée

de thérapeutique.

Il a dit qu'un directeur a voulu me virer en me qualifiant, soi-disant, de nazis.

Souvent, on me l'a dit, est-ce qu'un expert peut se faire manipuler, peut se faire retourner?

Oui, il faut être humble, c'est possible, mais est-ce que du fait que c'était un

collègue qui avait en plus été expert, qui connaissait tous les mécanismes de subtilité

de l'expertise, et donc effectivement on s'est dit, est-ce que ça ne va pas être

plus compliqué avec lui ou même ce qu'on peut être, pourquoi pas? On s'est demandé

est-ce qu'on peut être contre-manipulé, mais en même temps, on est quand même des vieux

briscards.

Face aux derniers psychiatres qui l'expertisent, Alain Pidol t'entend encore de les manipuler,

et cette fois, il a un assentant, parce qu'ils sont beaucoup plus jeunes que lui.

Alors avant de rencontrer M. Pidol en prenant en connaissance des expertises précédentes,

on a quand même l'impression qu'on peut avoir à faire à quelqu'un de manipulateur

qui présente une toute puissance de par ses fonctions professionnelles et qui a utilisé

ses fonctions professionnelles dans le but d'assouvir ses propres pulsions.

Nocturne Alexandre Baratta, expert psychiatre.

On se pose la question de qui va t'en rencontrer, je sais que je vais rencontrer quelqu'un

dont la profession était d'évaluer des déviants sexuels chez les auteurs de viol, d'évaluer

la vulnérabilité chez des victimes, il expertise également les victimes, donc son métier consiste

à évaluer la vulnérabilité des victimes de ses vies sexuelles, donc on peut s'attendre

en effet à rencontrer quelqu'un qu'on peut qualifier dans le commun des mortels de pervers

narcissiques, le saint-terme très souvent galvaudé, mais pour lui en tout cas on a l'impression

que ça peut s'appliquer.

Code B113, expertise psychologique de Corinne Akeur, les traits de caractère de M. Pidol

peuvent être qualifiés de pervers, il ne s'agit pas d'une structure perverse de personnalité

mais de traits de fonctionnement pervers, les plus importants étant l'absence totale

d'affect, un égo surdimensionné ainsi que la non prise en compte de l'autre.

M. Pidol nous regarde avec une certaine surprise, parce qu'il savait qu'il avait un rendez-vous

mais il nous affirme qu'il ignorait qu'il s'agissait d'une expertise.

Nous avons avec mon collègue l'impression tous les deux qu'il nous regarde un peu

de haut parce que finalement c'est lui le sachant, il a une certaine expérience, il

est beaucoup plus âgé que nous, il est psychiatre, c'est un ancien chef de service, un ancien

expert à la cour d'appel et il se montre finalement très très rapidement à l'aise.

On a l'impression finalement qu'on est partis pour une discussion entre collègues et pas

du tout pour une expertise.

Côte B-259, expertise psychiatrique du docteur Alexandre Baratta.

Le discours de M. Pidol est fluide, clair et cohérent, mais il est marqué par une

propension à la logorée non pathologique, visant d'une part à toujours valoriser sa

propre personne, ses actes, sa personnalité et d'autre part à se perdre en détail ne

répondant aucunement aux questions qui lui sont posées, nécessitant à plusieurs reprises

de lui repréciser la question.

Mais enfin Alexandre, tu sais bien que je n'ai rien fait, cette expertise, cette situation

on prend une tournure ridicule n'est-ce pas? Non M. Pidol, non nous avons lu le dossier

transmis par le juge d'instruction, il existe cinq plaintes contre vous, alors nous devons

faire notre travail, je vous prie de me vous voyez, ah bon, tu as vu mon dossier?

Lors de l'échange, il apprend ou en tout cas il fin d'apprendre que nous sommes au

courant de tout ce qui lui est reproché et il fin l'outrage.

Nous lui avons répondu en tant qu'anciens experts, il sait que nous avons le dossier

pénal et finalement il change de ton en nous répondant, lui je sais, il a joué, il a

tenté de nous manipuler, il a vu qu'il s'est pris les pieds dans le tapis et voilà, c'était

bon, question suivante.

Alors c'est quelqu'un qui est très à l'aise, qui ne se sent pas du tout concerné par des

violences sexuelles, il explique que lui il attend de nous qu'on rend un rapport favorable

parce qu'il n'attend qu'une chose, c'est sortir et monsieur Pidol tente de nous convaincre

que finalement il n'est pas du tout dangereux, parce qu'il a des troubles de la prostate,

qu'il n'a des difficultés réactiles, que de toute manière sexuellement parlant il

ne peut plus rien faire.

Il est quand même mal placé ou alors au contraire très bien placé pour savoir que la sexualité

ne passe pas que par le pénis, il le sait que les violences sexuelles ou même les

rapports sexuels non violents peuvent prendre d'autres formes que une pénétration pénienne.

Côte B267, expertise psychiatrique du docteur Alexandre Baratta, concernant l'effet relative

à Marie Claire, monsieur Pidol déclare.

Moi mais enfin bon c'est une dépressive, je l'ai revue, on a été amants pendant

deux ans.

Elle voulait s'installer avec moi, moi je ne voulais pas mais bon avec elle, j'avais

rien pour me défendre, j'étais assez surpris qu'elle dépose cette plainte.

Concernant à la belle, monsieur Pidol explique, elle a dit qu'elle était venue me voir deux

fois, mais vous savez moi, je prends du traitement pour ma prostate, alors la sexualité.

L'une de ses victimes, qu'il avait ramené dans son petit appartement à Strasbourg,

avait en plus été drogué, il lui avait administré des psychotropes, donc il y avait

une soumission chimique, la jeune fille s'est endormie et alors il n'a pas eu de rapport

sexuel à proprement parler de pénétration pénienne.

Néanmoins, pendant de longs moments, il l'a caressé sur tout le corps, y compris

les zones génitales, donc l'absence d'érection n'empêche pas le passage à l'acte, mais

ça il le sait très bien, il a juste essayé de nous prendre pour des jeunes sans expérience,

il a essayé de nous en fumer, en pariant sur le fait que probablement on passerait

à côté de ses affirmations et qu'on les prendrait pour un argent en comptant.

Si nous avons été désignés comme experts avec mon confrère, c'est que nous avons

quand même les compétences pour évaluer quelqu'un qui est condamné pour des faits

de violence sexuelle, y compris s'il est psychiatre, y compris s'il s'agit d'un

ancien expert.

Côte B257, expertise psychiatrique du docteur Alexandre Baratta, les victimes de monsieur

Pidol sont au nombre de 5, Marie Claire, une ancienne patiente, violée tous les jours

courant 2006, puis en 2012, il a imposé à Annabelle un rapport sexuel dans son appartement.

Enfin, entre 2011 et 2012, il contraint 3 autres jeunes femmes, Julia, Elodie et Juliet,

à des caresses et des pésés sur le corps.

Alors monsieur Pidol ne minimise même pas, il est dans le déni pur et simple, il n'a

rien fait, il est victime de mensonges de ses anciennes patientes, c'est un déni massif.

Docteur Alexandre Baratta, expert psychiatre, il reconnaît une relation sexuelle avec

une ancienne patiente méditile qui était tout à fait librement consentie et pour

les autres, déjà il ne les appelle pas par leur nom ou leur prénom, il les désigne

par des termes psychopathologiques, il désigne oui l'autre, l'anorexique, l'autre, la

borderline, l'autre, l'amitoman, donc il les désigne par des termes psychopathologiques,

il les déshumanise et les déshumanise en utilisant plus des termes qui tendent à

les décrédibiliser.

Mais en plus, c'est lui la victime, il opère une inversion des rôles, il est victime,

victime d'avoir été l'objet de fantasme sexuel de ses anciennes patientes, parce

qu'il explique que finalement, ses anciennes patientes, il aurait fait des avances sexuelles

notamment lors de ses consultations, qu'il aurait refusé, parce qu'ils se présentent

vous vous rendez compte, j'avais 45 ans, je suis un homme marié, je ne vais pas succomber

comme ça aux appels de mes patientes, je suis quelqu'un de bien.

Mais en même temps, par l'allemand, il explique que lors des congrès, il en profitait pour

attraper tout ce qu'il pouvait attraper, au niveau sexuel, lorsqu'il participait au

Congrès sur Paris, il allait au Congrès non pas pour écouter, il se disait pour se

former, mais uniquement pour profiter des occasions pour ses relations extra-conjugales,

et ça il le dit.

Voilà, donc en même temps, on a un double discours, mais ça c'est typique des pervers,

là on est purement dans le clivage, chez quelqu'un qui présente clairement un négocentrisme

démesuré, un narcissisme hyper-développé, on est clairement chez le pervers narcissique.

Alors, où Alain Pidol trouvait-il ses victimes? Et bien parmi ses patients, il s'était

même construit une réserve de chasse pour assouvir ses appétits sexuels, il avait créé

sa propre clinique, le centre Mathilde Salomon à Falsburg en Moselle, qui accueillait des

adolescentes souffrant de troubles psychologiques.

En tant que médecin et que psychiatre, il a le devoir de protéger les enfants, les

mineurs, les enfants en danger, là non seulement il ne les protège pas, mais en plus, le prédateur

c'est lui.

M. Pidol n'a pas violé n'importe quelle victime, il a violé d'anciennes, voire des

patientes, qu'il avait en charge.

Il était quand même chef de service d'une unité, l'unité Mathilde Salomon qui était

destinée à prendre en charge notamment des jeunes fils victimes de viol, donc il

avait quand même un bassin de recrutement très particulier, certaines étaient mineurs

et la plupart étaient victimes de ses vices sexuelles.

On peut utiliser le terme d'attaque, il s'est quand même attaqué à des personnes

très vulnérables sur laquelle il avait une emprise, il savait qu'il avait une emprise.

Dans son comportement, il a pu être présenté comme quelqu'un qui pouvait être charmant,

mais aussi qui pouvait être odieux, et notamment extrêmement dur avec certaines personnes

du centre.

Il avait donc du personnel qui l'avait lui-même sélectionné, il pouvait les traiter comme

des chiens, je reprends l'expression, parce que c'était quelqu'un qui était très autoritaire,

aussi très sûr de lui, et qu'on ne remettait pas en cause qu'il était arrivé au sommet

de la hiérarchie, il ne pouvait pas être plus haut, donc il se pensait certainement

tout permis et il a franchi les limites assez tôt à mon avis, mais voilà, il n'avait

plus de fringes, l'impression dans ces dernières années.

Il avait organisé autour de lui tout un système de fonctionnement qui faisait que les personnes

qui travaillaient avec lui étaient souvent redevables, donc tout lui était permis, et

les petites claques sur les fesses, les mains parfois un petit peu baladeuses, je le fais

d'emmener des jeunes filles au restaurant, de les emmener faire des courses, d'aller

faire des photos de nu dans la forêt pour des raisons artistiques, c'était ça choquait

moins curieusement parce qu'on a l'impression que tout le monde s'était un peu habitué

à ce mode de fonctionnement.

Il était capable de proposer à des jeunes filles qui avaient été les patients de venir

travailler, notamment celle qui a porté plainte la première entre guillemets et qui a été

extrêmement choquée, c'était une jeune fille extrêmement fragile et qui lui faisait toute

confiance, il lui a proposé de faire du ménage chez lui et il lui a proposé après de boire

du champagne, et c'est ensuite que ça a dérapé, un des médecins qui est interrogé

de son entourage, qui le soutient, qui explique que oui c'est vrai qu'il avait des pratiques

qui n'étaient pas toujours conventionnelles, mais c'était un excellent médecin, alors

quand on le juge d'institution lui disait, et pour vous servir du champagne, ah oui

là c'est peut-être un peu limite.

Le docteur Pidol c'est le loup dans la bergerie en quelque sorte.

Alexandre Chabrier, avocat général.

Il est le chef, il n'y a personne en face de lui pour s'opposer, ses patientes constituent

une sorte de vivier dans lequel il peut puiser, selon ses appétances, selon ses préférences,

pour satisfaire ses besoins, ses envies sexuelles.

Docteur Pidol il a une sorte de mode opératoire, une manière d'approcher ses différentes

victimes qui est toujours à peu près la même, il va choisir une de ses patientes qui

deviendra en quelque sorte sa protéger, sa préférer, il instaure avec elle une relation

de proximité en emmenant au restaurant, en l'invitant chez lui, en emmenant des expositions,

etc.

Et puis on trouve petit à petit des comportements physiques de type calin, des bisous, des

petites tapes sur les fesses, des comportements qui deviennent de plus en plus déplacés.

Et puis le docteur Pidol il est toujours là, il se rend indispensable, il est omniprésent

et donc il perd complètement leur rapport à la réalité, leur repère aussi, tout

de suite elles sont dans une situation de grande vulnérabilité, de grande fragilité

et tout ça fait qu'elles sont dans l'incapacité de s'opposer aux agissements, aux comportements

de nature sexuelle du docteur Pidol.

C'est une forme d'emprise qui s'instore petit à petit insidieusement, une sorte de piège

qui va se refermer sur elle.

Ordonnance de mise en accusation, interrogée sur les agissements du docteur Pidol, l'une

de ses victimes, Elodie, racont, j'ai été violé il y a 6 ans, il disait qu'il voulait

me faire réagir, une fois il a posé sa tête sur mes cuisses en me demandant ce que ça

faisait d'avoir sa tête sur mes cuisses, il a fait ça plusieurs fois, vu ce qui

m'est arrivé, je peux pas avoir de relation avec un garçon, alors il avait décidé que

je devais me masturber, il avait même rédigé une ordonnance où il a inscrit cette prescription.

Le docteur Pidol voulait que je le prévienne quand ça arrivait pour fêter ça avec une

bouteille de vin.

Alors elle se rend compte assez vite que le docteur Pidol a ses préférences, ses

chouchous dont elle fait partie, ses préférés, elle passe toujours beaucoup de temps dans

son bureau, il a un comportement qui est comme il dit lui même d'ailleurs assez

limite, il n'aime pas être dans les clous, il aime bien avoir une façon de soigner qui

est un peu hors normes et les entretiens sont longs, il parle de tout et de rien, elle

ne trouve pas suffisamment de ses problèmes personnels pour lequel quand même elle est

là, alors certes il la valorise, mais il y a aussi beaucoup de propos salaces et notamment

dans les propos salaces et triviaux, elle se souvient parce que c'était quand même assez

étonnant, il lui offre pour Noël une boîte de bonbons de chocolat en forme de falluce

et il lui dit vous laisserez bien.

Quand il lui parle de sa poitrine, il lui dit à votre poitrine elle a beaucoup d'esprit,

voilà c'était des propos, mais il ne les conteste pas vraiment, alors il les a un

peu contestés, mais il s'y dit c'est sa façon de faire, il est familier, il veut

pour lui, il essaie de se justifier en expliquant que c'est pour mettre ses patients à l'aise.

La relation qu'elle pouvait avoir c'était véritablement une relation d'emprise, elle

avait quand même été hospitalisée un an, c'est énorme, un an en clinique psychiatrique

et elle trouvait que c'était trop long, mais manifestement, il trouvait toujours des prétextes

pour lui dire, quand elle disait au bout de 3-4 mois, bon je pense que c'est peut-être

bien, c'est peut-être fini, il disait non, non, vous en sortirez pas sans moi, sachant

que par ailleurs elle avait tout un cocktail médicamenteux qui l'a fragilisé aussi.

Alors pourquoi elle s'est constituée partie civile parce qu'elle était victime de viols

et de viols au pluriel, mais qui se sont déroulés le jour où elle est sortie de l'hôpital

psychiatrique, mais le soir où elle part, le docteur Pidol lui dit non, non, non, mais

je vais vous accompagner, je vais vous emmener.

Il a absolument tenu à l'emmener à son hôtel, lui emmener ses affaires alors qu'elle

avait prévu de prendre une ambulance et lorsqu'ils se sont arrivés, il a absolument

voulu monter dans la chambre avec elle.

Je n'allais pas trop dire non, mais arriver dans la chambre, elle espérait qu'il allait

partir et puis finalement, il s'est installé et très rapidement, c'est lui là qu'il

explique, ce n'est pas sa version bien sûr à elle, il dit on s'est déshabillé tous

les deux et moi j'avais un slip où c'était marqué, oui non, ce qui voulait dire si elle

était pas consentante, il suffit qu'elle montre les petites bulles ou il y avait non.

Bien évidemment, ma cliente n'a jamais vu de slip de cette nature et cela ne s'est

absolument pas passé comme ça puisque très brutalement, il l'a empoigné et ça a duré

quelques minutes.

Ordonnance de mise en accusation, Marie-Claire précise que monsieur Pidol était venu le

voir tous les jours sur son lieu de vie, il finissait toujours par entrer, vous savez

c'est quelqu'un d'engoleur et de manipulateur, il me disait allez ma douce, j'ai manifesté

mon refus à plusieurs reprises, je juge qu'on n'avait pas à faire ça, j'avais

aucun attrait pour lui, il était mon médecin, physiquement je lui résistais mais il était

costaud et sa manipulation prenait le dessus.

Quand il a été interrogé, il est bien sûr, comme il le dit et je vous le dis, il n'est

pas tombé dénu, il a dit je suis tombé sur le cul, voilà c'est sa façon de s'exprimer

devant un juge d'instruction où il est accusé quand même d'agression et de viol et il

explique que non non non il avait une relation parfaitement consentie et il vous explique

dans la même audition en l'espace de cinq minutes que cette personne était quand même

arrivée dans un coma psychiatrique, donc si on est dans un coma psychiatrique c'est

son expression, c'est qu'a priori on n'a pas toutes ses facultés déjà que pour une

victime j'ai envie de dire classique, qu'il n'a aucun problème de personnalité, c'est

déjà souvent extrêmement difficile mais dans ce cas là c'est encore plus dramatique.

Comme dans tous les dossiers criminels, pour tenter de comprendre l'accusé, la justice

remonte le fil de son enfant et il apparaît que le docteur Pidol, ancien expert a toujours

énormément aimé le sexe.

Code B38, examen psychiatrique des docteurs Bernstein et Coutançon, le père d'Alepidol

est décédé il y a une vingtaine d'années, sa mère âgée de 86 ans a été coiffeuse,

il est élénée d'une fratrie de trois enfants, il rapporte une enfance agréable, adolescent

il chantait dans les boîtes privées et se définit un peu, clandeur, il faisait du

patin à roulette et séchait les cours, au cours de ses années de médecine il a soutenu

une thèse sur la psychothérapie dans le cas de masochisme et de voyeurisme.

Monsieur Pidol connaît sa première relation sexuelle lorsqu'il est en classe de terminal

à Strasbourg.

Le docteur Alexandre Baratta, expert psychiatre et là c'était la cousine d'un copain, il

explique que c'était bien, que c'était satisfaisant et ensuite avant sa seconde relation, qu'on

peut qualifier de relativement stable, il multiplie les partenaires sexuels, il décrit

notamment une époque libertaire et libertine et pendant cette même période il est moniteur

de colonie de vacances dans la Loire, il encadre notamment des jeunes adolescentes

et il est moniteur sur une période de 12 ans, il est légitime de se poser la question

connaissance, sa propension aux consommations sexuelles, toute azimuth, de ce qu'il a

pu se passer lorsqu'il était moniteur.

D'ailleurs lui-même le dit, lorsqu'il était marié, il a multiplié les relations extra-conjugales

qui étaient manifestement connues des épouses.

En effet avoir des relations multipliées, les relations extra-conjugales comme il le

fait des pas-ins-crimes, toutefois il profite de son aura, il dégage quand même une certaine

prestance pour séduire des jeunes collègues psychologues.

Code B110, expertise psychologique de Corinne Akeur, après une époque libertaire et libertine

en 1972, il épouse une femme, professeur de mécanique dont il aura trois enfants, après

en avoir divorcé en 1981, il se marie avec une infirmière de son service de dix ans

sa cadette, de cette union n'étraille une fille.

Oui c'est quelqu'un qui manifeste moi et avait une addiction au sexe.

Lors des forges, avocate de Marie-Claire, une victime.

Ça semble assez évident parce qu'il avait construit, élaboré un système pour avoir,

et je reprends l'expression de ma cliente, un cheptel à disposition, et c'était quand

c'était pas l'une, c'était l'autre, il y avait pas mal de personnes avec qui on

sentait, elle sentait des relations privilégiées, et quand ma cliente a appris qu'il avait

monté cette clinique pour anorexique, elle s'est dit, ou là ça va être la catastrophe,

elle l'avait anticipée, entre guillemets, parce qu'elle était elle-même victime avec

d'autres, et elle s'est dit, mais s'il y a une clinique pour adolescente, il aimait

bien les profils anorexiques et jeunes, et apparemment ça ressemblait effectivement

un peu à la pré-méditation.

Code B-114, expertise psychologique de Corinne Akeur, en tant que psychiatre et chef de service,

Alain Pidot l'a fonctionné dans la démesure et dans la toute puissance la plus totale,

sans la moindre limite, sans la moindre prise en compte d'autrui, il a oublié les limites

en s'aidant aux vertiges de l'orgueil, il fait ce dont il a envie, au moment où il

a envie, sans se soucier ni de rien, ni de personne, si ce n'est de sa propre jouissance.

En 2018, après trois années de détention provisoire, Alain Pidot le comparait libre

devant la cour d'assise du barin, il fait face à cinq anciennes patients, trois l'accuses

d'agression sexuelle et deux de viol, dans le boxe, l'ancien expert n'affiche aucune

empathie pour ses victimes, il ne mesure absolument pas que la cour d'assise de Strasbourg

est là pour juger ses crimes, la cour!

Au cours du procès, il se présente très à l'aise, à un moment donné, il s'est

mis à manger des gâteaux en faisant du bruit, et ça a tellement choqué son avocat, qui

lui a dit d'arrêter, parce qu'il y avait une des victimes qui s'exprimaient à ce

moment-là, et ça montrait à quel point il tenait en peu de considération ses victimes.

Ce qui est marquant dans les tout premiers moments de l'audience, quand appareil Dr

Pidol à la barre des accusés, c'est une sorte de concordance entre les éléments

du dossier, qui sont extrêmement nombreux et très précis, notamment sur sa personnalité,

et les premières impressions qu'il peut susciter.

Le Dr Pidol, dès le début, apparaît très à l'aise, à la barre, il comparait libre,

il peut donner le sentiment d'être un peu haute, un peu méprisant, même dans ses

premiers instants qui sont ceux de cette audience.

Pendant les débats, dès le départ, il prend des notes, il noircit des pages, à aucun

moment, il ne regarde les victimes, les parties civiles quand elle dépose à la barre, il

paraît assez indifférent à leur propos, à l'émotion qu'elles expriment au moment

de leur déposition, il apparaît où il donne ce sentiment-là, en tout cas, d'être

sans affect, imperturbable, insensible aux différentes dépositions de ces jeunes femmes

qui se succèdent pour témoigner à la barre.

Et il y avait un mélange assez curieux pendant les interrogatoires, le concernant de suffisances

certes, mais aussi, il pouvait être capable de donner des réponses qui l'enfonçaient.

Donc il parle beaucoup, parfois ça n'a pas tellement d'intérêt, comme si il était

à la fois conscient qu'il allait quelque part, la sentence serait quand même lourde,

qu'il devrait payer, entre guillemets, mais par ailleurs, il pouvait avoir un certain

dédain et une certaine légèreté et désinvolture lorsqu'il répondait aux questions.

C'est assez surprenant parce qu'on a l'impression qu'il réalise pas forcément l'enjeu dans

la mesure où c'est quelqu'un qui avait l'habitude de faire des conférences, qui

était applaudi, souvent c'était celui qui était le plus applaudi, qui était vraiment

tout en haut de l'échelle et il mesure et il mesure pas la gravité.

Alors bien évidemment, il minimise, il conteste, quand il y a des mains un peu baladeuses,

j'ai dit bah oui, je suis familier, mais les personnes en cette situation ont besoin

de contact parce que ça les rassure, c'est ma façon de fonctionner, sauf que sa façon

de fonctionner est très gênante puisque ça dérape complètement.

L'ancienne experte psychiatre Alain Pidol est finalement condamné à 13 années de réclusion

criminelle et la condassie ajoute des circonstances aggravantes car les actes ont été commis

sur une personne vulnérable, par une personne abusant de l'autorité que lui conférait

sa fonction.

Sa femme qui était présente dans la salle de Dion se met à pleurer, à hurler en disant

qu'elle ne croit pas en la justice et lui reste très calme.

On a l'impression que son inconscient parle à l'énoncé du verdict parce qu'il ne

réagit pas vraiment, non pas qu'il soit sonné, mais il a l'air de le prendre avec

un certain détachement ou un certain calme.

Alors il faut savoir aussi qu'à plusieurs reprises, ma cliente qui me l'a raconté disait

qu'il voulait être dans un monastère, qu'il voulait être seul, comme si il avait des pulsions

qu'il n'arrivait pas à refraîner et comme si par moments il se disait tout en se rendant

compte que c'était grave ce qu'il faisait, qu'il valait mieux qu'il soit seul.

Ce qu'il y a de sûr, c'est que les 6 jours de procès à la cour d'assises de Strasbourg

n'ont pas permis un seul méa culpa et dans ces dossiers de viol, les victimes attendent

toujours, mais toujours, un espèce de regret, des excuses et même si le procès est une

étape, c'est toujours compliqué de ne pas entendre d'excuses et il n'y en a eu

non seulement aucune, mais une forme de dédain, de déni, de déni.

Code B-299, Expertise psychiatrique du docteur Alexandre Baratta, à l'apidol, présente

une dangerosité criminologique en milieu libre, globalement, cette dangerosité reste

limitée.

Toutefois, si le sujet devait à nouveau s'investir dans des activités associatives,

le risque d'abuser sexuellement de jeunes adolescentes ou de femmes vulnérables psychiquement

serait à revoir à la hausse et à verrer dans ce cas précis.

On lui pose la question, est-ce que vous vous considérez comme dangereux? M. Pidol affirme

qu'il n'est dangereux pour personne, en tout cas pas pour la société, et expliquant

qu'il ne l'a jamais été bien au contraire, et c'est comme ça que l'expertise s'étermine,

je le cite.

Moi, monsieur, je ne baisse pas, je fais l'amour avec une fille ou une femme, moi j'ai toujours

respecté la personne avec qui j'ai une relation, je respecte la liberté d'autrui,

j'y ai toujours mis un point de neuf.

Alors non seulement il n'a aucune culpabilité, mais c'est une victime, c'est son CV, ces

jeunes patientes qu'il a violés, qui devraient ressentir la culpabilité, c'est ce qu'il

nous dit en fait.

Ah bah ça pèse dans les conclusions de l'expertise, la négation des faits condamnés, l'absence

de toute motivation à s'intégrer dans un suivi, l'absence de remises en cause, une

personnalité perverses, le risque de récidive existe alors pas de façon générale, il ne

va pas s'attaquer à des femmes inconnues dans la rue alors sautant dessus, mais il

a toujours une certaine prestance, il a toujours une certaine aura, et il peut très bien tisser

à nouveau des relations avec des personnes vulnérables.

Alors la question aussi d'une injonction de soins est posée, quand Monsieur Pidol

se rend liberté, bien sûr que non, parce que lui il est dans le déni des faits, alors

à quoi bon aller parler à une psychologue ou une psychiatre, des faits qu'il n'a pas

commis, il passerait l'intégralité des entretiens à se présenter comme innocent, victime de

ses patientes.

Un vrai pervers narcissique ne va pas se dire, azute je suis pervers narcissique, l'introspection

n'existe pas, il est dans le déni de ce qu'il est, il est dans le déni, c'est un mécanisme

de défense, donc un vrai pervers narcissique, le jour un pervers narcissique se pose les

questions, tiens ce que je ne serai pas pervers narcissique, c'est qu'il ne l'est probablement

pas.

C'était On de la Traconte, Côte B, rédaction en chef Guillaume Maury, en 4h20 en 2B, réalisation

Mathieu Fred.

Le podcast de ce programme est disponible tous les vendredis, dès 6h du matin.

Retrouvez On de la Traconte, Côte B, tous les vendredis de 14h à 15h sur Europe 1.

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Ecoutez Christophe Hondelatte décrypter la personnalité d’ALAIN PIDOLLE, cet expert psychiatre a été condamné pour 2 viols et 3 agressions sexuelles. Le médecin dirigeait un centre de soin pour jeunes femmes anorexiques… En réalité, une zone de chasse pour ce prédateur sexuel…Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ? >> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr ainsi que sur vos plateformes d’écoute habituelles.