La source: 2010, le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy

Radio France Radio France 3/7/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript

François Sainte-Saint-Aire.

Aujourd'hui, il n'en a rien faire sensible le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy.

Attentat, gilet jaune, pandémie, les affres des années Hollande et Macron,

nous ferons presque oublier le tourbillon que fut la présidence de Nicolas Sarkozy.

Pourtant, de tous les locataires de l'Elysée, il fut celui qui a incarnat peut-être de plus brut allemand,

un changement de ton et surtout ce qu'on appelle l'hyper-présidence,

comme si la constitution de la cinquième n'offrait pas cette pouvoir comme ça au chef de l'État.

Ce que nous amène à juillet 2010, l'été brûlant dans les couloirs de l'Elysée,

les fermants de la révolte sont en place, une crise financière mondiale,

une réforme des retraits d'affaires passées et d'innombrables affaires qui mis le pouvoir,

mais autour du président, on a trouvé l'appareil, sécurité et identité.

Asseillis par des flux migratoires incontrôlables, traversés de zones de noms droits

où seules réunies racailles et rongées par un islamisme rampant,

la France, vue du ciel Élysée I, apparaît comme un faroeste où seules le chérif peut ramener l'ordre.

Et en ce 30 juillet 2010, agre noble, Nicolas Sarkozy prononce son discours,

un discours de la tension en deux mots, en assimilant immigration et délinquance.

Il franchit le rubicon et déclenche la polémique voir le malaise.

Notre invité aujourd'hui, le journaliste Edouï Pleinelle,

directeur de la publication de Mediapart,

il fut l'un de ceux qui ont réagi le plus vivement à ce discours de Grenoble.

Il est l'auteur du livre L'Appel à la vigilance face à l'extrême droite

aux éditions La Découverte, un livre qui sort après demas.

Affaire sensible, une émission de France Inter diffusée en direct,

récit documentaire Bastien Janss, coordination Franconnière,

chargé programme Rébecca Donante, réalisation Stéphane Pôme.

Fabrice Drouel, Affaire sensible, sur France Inter.

Grenoble vient de connaître une flambée de violence sans précédent

qui a profondément choqué nos concitoyens.

Nous subissons les conséquences de 50 années d'immigration insuffisamment régulées

qui ont abouti à un échec, un échec de l'intégration.

Le quartier de l'Arlequien à la vie neuve près de Grenoble en souffre quelque peu.

Mais si elle connaît des problèmes analogues à ceux des autres grands ensembles,

notamment la délinquance des jeunes,

elle favorise aussi des moments nouveaux de discussion, de rencontres, des champs.

La qualité des équipements intégrés à cet ensemble,

école, bibliothèque, centre médical, télévision par câble,

permet une vie très intense.

Avant de devenir l'arrière-plan du discours le plus controversé de Nicolas Sarkozy,

le quartier de la vie neuve, au sud de Grenoble,

a représenté un espoir.

Oui, avec son architecture moderne et son parc florissant,

ce nouveau quartier est là des florons des constructions sociales utopistes des années 70.

Pensé comme un espace d'émexité sociale,

ce quartier doit enclencher une dynamique verteuse

pour permettre à chacun de transcender sa condition.

À la vie neuve, on rêve de voir se mélanger toutes les couches qui composent la population rodovloise,

les ingénieurs, les universitaires et les classes populaires

issus pour une grande part de l'immigration italienne et matrimine.

Bien sûr qu'il y a des choses formidables à Grenoble et dans l'Isère

qui pourraient le contester

et qui ont tellement de chercheurs, d'étudiants, de personnes de qualité.

Mais en même temps, je dois voir la réalité telle qu'elle est,

ce qui s'est passé n'est pas inacceptable.

À l'été 2010, la flamme de l'espoir qui anime le quartier de la vie neuve de Grenoble

est pour le moins vacillante.

Les intellectuels et les bourgeois ont fui depuis longtemps cette utopie sociale

et le quartier se popérise d'année en année.

La précarité s'est installée durablement, les trafics et la violence ont suivi.

Karim Bouddha, 27 ans, a grandi ici.

Dans les cours cibles de la cité de l'Arloquin, le principal bâtiment de la ville neuve,

il a couru, il a joué.

Un divorce, un grand frère qui sombre dans la drogue

et voilà Karim empruntant la panthrête de la délinquance.

De vol de petits commerçants au braquage de banque,

de maisons de redressement, passage en prison.

Karim Bouddha se rêve en de me libre

et ses faits d'armes lui offrent une certaine stature dans la rue.

Mais devenu père d'une petite fille,

il ne cesse de promettre qu'il va se ranger des voitures.

Mais le 16 juillet 2010, il tente de coûter trop.

Le casino du Ria, j'accueille comme tous les samedissoirs, tous les flambeurs de la région.

Un homme, entrepreneur du coin, est venu jouer gros, comme souvent.

Mais depuis quelques jours, il se s'est suivi par des véhicules suspects.

Alors il a prévenu la police et la police a réagi.

Plusieurs voitures de la BAC sont infectées à sa protection

et les policiers, lourdement armés, attendent patientement aux abords du casino.

Faut d'une enquête de l'IGB à la boutique,

faut d'un procès,

jamais la lumière ne sera faite sur cette mystérieuse nuit du 16 juillet 2010 au casino du Ria.

Mais on peut s'interroger, pourquoi un tel déploiement policier

pour protéger un joueur de casino?

Toujours est-il que c'est ce soir-là, à 2h du matin,

que Karim Boudouda et un complice débarquent dans la salle de jeu Armopoint.

Le lendemain, leur tentative de braquage fait la une d'égiter.

Depuis quelques semaines, les braquages se multiplient dans la région Ronald.

La nuit dernière, c'est le casino du Ria,

les bains qui a été pris pour cible par deux jeunes malfaiteurs.

Alors qu'ils prenaient la fuite, ils ont été pris en chasse par des voitures de police et de gendarmerie.

Il y a eu un échange de tir, l'un d'entre eux est mort, l'autre court toujours.

Karim Boudouda est mort au pied des immeubles qui l'ont vu grandir,

abattu par les policiers.

Alors, dans la cité de l'Arlockin, la colère monte.

Les nuits suivantes, des voitures s'embrassent, des vitrines de magasins sont fracassées,

la police tente d'intervenir, mais l'Arlockin peut se transformer en une véritable forteresse.

Des fenêtres, quelques tireurs embusqués visent les policiers, comme dans une citade elle a siégé.

Saine de guérilla urbaine hier soir dans le quartier de la ville neuve.

Selon les policiers, la violence des casseurs est montée d'un cran.

Nous avons vu, clairement vu, un individu qui a épaulé un fusil et qui nous a tiré dessus.

Le quartier est aujourd'hui sous haute surveillance, difficile d'y pénétrer.

Pour le ministre de l'Intérieur, venu soutenir ses troupes,

pas question de laisser se reproduire les affrontements de la veille.

Nous allons réagir vite.

À Paris, dans les couloirs de l'Elysée, on ne manque pas une mienne de ce qui se passe à Grenoble.

En ce mois de juillet 2010, tout le monde pense aux vacances,

mais la cadence imposée par le président est infernale.

Parmi la horde conseiller en tout genre, Maxime Tendonnet, docteur et s'immigration et sécurité,

est pour le moins sous pression.

Non seulement, il est épuisé par les innombrables dossiers et discours qu'on lui demande chaque semaine

pour réagir au moindre effet d'hiver, mais il se sent de plus en plus menacé à son poste.

À l'heure de la popote, comme il leur apporte lui-même dans son journal quotidien,

il s'emporte quand son collègue évoque ce qui se passe à Grenoble.

La scène de vie quotidienne à la cantine de l'Elysée sous les arcs sarcosies.

On ne peut plus continuer ainsi. Il faut faire quelque chose, bouleverser le système pour durcir la répression de la criminalité.

Oh là, tu veux sortir de l'état de droit.

On en est déjà sortis depuis que les forces de l'ordre ne peuvent plus rentrer dans certains quartiers.

Mais qu'est-ce que tu proposes concrètement?

Des peines planchées pour les violences aux personnes, par exemple.

Mais ça serait inconstitutionnel. On ne peut pas bafouer la Constitution. Tu le sais très bien.

Franchement, crois-tu qu'elle n'est pas bafouée la Constitution,

quand dans certains quartiers les personnes âgées, les femmes seules, les enfants ne peuvent plus sortir de chez eux sans se faire agresser et racheter?

Je sais, je sais.

Oui, Maxime t'en donnait le sait.

Les événements de Grenoble sont une occasion immanquerable pour le président

de se fendre d'une aignemme sortie sur la sécurité et l'immigration.

Et le conseiller va avoir beaucoup de travail.

Pour bien comprendre le climat tendu qui règne alors dans les arcs à du pouvoir,

il faut remonter au début de cette année 2010, alors que l'exécutif est empêtré

dans un débat nébuleux qu'il a lui-même initié.

Cela s'est passé en février.

Voilà plusieurs mois que le grand débat sur l'identité nationale occupe les médias.

Qu'est-ce que être français?

Quels sont les socles de notre identité?

La Marseille? La Marseillaise? Le drapeau? La laïcité?

Comble de la modernité?

Un site internet a été lancé par le ministre de l'immigration et de l'identité nationale,

Éric Besson, pour recueillir les dolérances et les propositions des Français autour de ces questions.

Un séminaire gouvernemental doit en tirer des conclusions dans le courant du mois.

À gauche, on dénonce au mieux une pathétique manœuvre pour attirer les voies du Front National

en vue des élections régionales et au pire une vraie dérive identitaire.

Le 4 février, le président défend la tenue de ce débat sur le plateau TF1.

Mais bien sûr que c'est un débat qui préoccupe les Français.

Les Français se demandent mais les Français sont des gens généreux ou verts.

Mais les Français veulent une logique de droit et de devoir.

C'est comme dans un couple, quand on ne se parle pas.

Quand on ne se dit plus rien, un jour on se réveille disant après c'est la catastrophe.

Dans une nation, quand on ne réfléchit pas ensemble,

à ce qu'on veut faire ensemble, à quelles sont les valeurs qu'on veut porter.

Alors si on n'a plus rien à dire, on ne débat pas.

Bien nous, nous avons des choses à dire et je pense que ce débat se passe tout à fait dignement

et qu'il est utile, profondément utile, dans la situation de crise que nous avons connue.

Le lendemain, dans le salon vert qui juxte le bureau de Nicolas Sarkozy

où s'en réunit quelques ministres et conseillers du président,

tout en maximum tant de mai, le ton est très différent.

Sarkozy et Furiber.

J'ai voulu vous voir de toute urgence.

On ne peut pas faire un séminaire des ministres

pour annoncer seulement qu'on va apprendre à Marseillaise en classe.

Trouvez-moi autre chose.

Et les ministres d'improviser quelques mesures.

Un service civique pour tous.

Proposer Eric Besson.

Un impossible à mettre en oeuvre.

Réter que Claude Guéant, le secrétaire de l'Elysée,

qu'on appelle ici le Cardinal, a un côté de Mazar.

Le drape au tricolore dans chaque classe.

Un défilé de civile le 14 juillet.

Grotesque peste le président.

Des statistiques démographiques par Etnie,

la Sarkozy réagit positivement.

Ce serait intéressant effectivement de connaître

le nombre de Français d'origine africaine,

maghrébine, asiatique.

Mais il est interrompu par Henri Gennaud,

son plus proche conseiller qui lui a des principes

et qui élève le débat.

Non, dit-il.

Ce serait la mort de l'esprit républicain.

On s'accorde finalement sur la création

d'incarnés du jeune citoyen.

Oui, un peu d'éducation civique,

ne fera pas de mal qu'on vue le président, genre être Français,

ça se mérite.

La semaine suivante,

ses minières gouvernementales tournent au théâtre de Grand Guignol

avec des morceaux choisis relayés dans le canard enchaîné.

Chante, chante aurait réclamé en cœur

les ministres Jack Lang,

qui proposait dériger d'où ce France,

le Charles Trenet,

en symbole de l'identité nationale.

Le suffureux débat,

voulu par le président,

est bien vite enterré par ses ministres.

Beaucoup de bruit pour pas grand-chose, finalement.

En tout cas,

si la séquence est pensée comme une rampe de lancement

pour les régionales,

elle est un flop retentissant.

Le 20 mars 2010 en effet,

la droite est balayée par les jaunes.

Pour Nicolas Sarkozy,

deux ans avant les présidentielles,

la présidentielle,

l'heure est grave.

C'est à la une ce matin, évidemment,

les régionales,

matinales spéciales sur France Inter et Journal,

presque exclusivement consacrées à ce second tour,

avec donc la victoire sans appel de la gauche.

Elle emporte dans 21 des 22 régions de métropole,

près de 54% des suffrages,

du jamais vu depuis 1981.

Même François Fillon ne peut que reconnaître

le succès adverse.

Le résultat de ce soir

confirme le succès des listes de gauche.

Et cela constitue

une déception pour la majorité.

Après la débat clélectoral,

l'exécutif doit se relever.

Un homme semble avoir particulièrement

l'oreille du président dans cette période.

Patrick Buisson, ancien de l'action française,

parti historique de l'extrême droite,

directeur de la chaîne histoire

et conseiller du président depuis la campagne de 2007.

La ligne dure du candidat Sarkozy,

c'est lui.

Le virage à droite,

tout pour aller gratter des voix du FN,

c'est lui.

Le ministère de l'immigration

et de l'identité nationale,

la chasse aux assistes et l'obsession sécuritaire,

c'est la ligne Buisson,

l'éminence grise, très grise,

qui a rapporté le gros électoralement

et qui est payée gracement en contrepartie.

C'est un société, public fact,

spécialisé en enquête d'opinion

et privilégié par les cabinets de l'Elysée,

qui paye des millions

pour la commande d'innombrables sondages.

Dans cette période de grande turbulence

qu'elle print en 2010,

Nicolas Sarkozy va ainsi se cramponner

pour le quiconne est le mieux

qu'il a incarné sous Jacques Girac

et qu'il s'est le plus spectaculaire dans l'opinion,

ministre de l'Intérieur.

L'opération est restée secrète jusqu'à ce matin.

Nicolas Sarkozy en visite surprise

au dépôt de bus de Tremblay en France.

Le chef de l'Etat veut montrer

qu'il est à l'écoute des conducteurs

caillassés et agressés depuis plusieurs jours.

Plus ministre de l'Intérieur que jamais,

Nicolas Sarkozy profite de cette visite

en Saint-Sanis

pour retrouver les vertus

du face-à-face direct.

Au pied du bus, avec les conducteurs

qui exercent leur droit de retrait,

ils négocient.

Mais si vous ne reprenez pas le travail,

ceux qui gagnent, c'est les voyous.

Parce que si ce qu'ils veulent,

ils veulent nous impressionner.

Des chauffeurs de bus agressés par une bande de voyous

à Tremblay en France,

une agression à l'arme blanche dans un lycée,

une femme arrêtée au volant

alors qu'elle porte une borca.

Même les chauffeurs de bus invités à l'Elysée

et des dépassements présidentiels

sont organisés un peu partout

à sortie de grandes annonces.

Vidéo, surveillance aux arrêts de bus

et dans l'Elysée,

création d'interna pour les perturbateurs scolaires,

suspension des allocations familiales

pour les parents d'enfants absenteïistes

et nous en préparation pour interdire la borca.

En Saint-Sanis,

un nouveau préfet, un ancien flic

et nommé pour reconquérir le territoire.

Dans les salons de l'Elysée,

les réunions sécurité s'enchaînent.

Dans son journal,

Maxime Tandonnet fait part de son épuisement.

23 avril,

nouvelle rayon police,

la troisième en 15 jours.

À chaque fois, je me tape le dossier.

17 mai,

nouvelle séance sur la sécurité

présidée par le chef de l'État.

Ces réunions sont-elles vraiment indispensables?

Il ne cesse de proclamer qu'il ne veut pas redevenir

ministre de l'Intérieur,

mais que fait-il d'autre en ce moment?

Au milieu de ses conseillers,

Nicolas Sarkozy étourent à tout,

compatissant, voire bada,

puis soudainement anxieux,

obsédés par les chiffres de la délinquance

et ultra-colérique.

Et c'est ainsi qu'un beau jour d'avril,

un nouveau sujet mis sur la table,

comme ça,

comme s'il venait de traverser

l'esprit du Président,

dont on donnait rapport de les propos.

Je voudrais qu'on fasse le point sur un sujet

qui préoccupe de plus en plus les gens,

celui des campements illégaux de nomades.

Mettez vos juristes là-dessus,

que peut-on faire?

Pensez aux pauvres gars qui conduisent sa voiture,

se fait taper dessus

parce qu'il a été surpris

par un radar à 2 km de trop

et qui voit surgir des installations sauvages un peu partout

sans que personne ne réagisse.

Il faut absolument faire quelque chose.

Dès lors,

les roms deviennent l'obsession de l'Elysée,

car c'est bien d'eux dont le Président parle.

Cette population nomade,

qui profitant de l'entrée de la Roumanie

et de la Bulgarie dans l'Union européenne,

affuie ces pays où elle était discriminée

pour se réfugier aux abords de nos villes,

recluse dans des camps de fortune

sans accès à l'emploi ni protection sociale.

Eux,

environ 15 000 personnes en France,

qui vont subir dès lors

une politique d'exclusion milieuse

et sans concession.

Oui, eux,

et non les autres populations

de gens du voyage habitant le territoire français.

Il est important de le préciser,

car comme nous allons voir,

à cette époque à l'Elysée,

on n'est pas une confusion près.

Dans les bras d'une autre fille,

j'envie l'amour que j'ai,

à pêche noire,

ça va trop vite,

comme la morangeave

pour un jeune noir,

ça commence dès la garderie,

cet écart terrible,

ça va très vite,

comme l'avenue des flics

dans les quartiers riches,

grandir avec de leur empart,

hérité de vos remparts,

et l'écrit des écoles privées,

deviennent vos remparts.

Alors ouais,

qu'on peut tous en sortir,

c'est vrai,

mais faut quand même

faire beaucoup plus

d'efforts en bas à en bas.

Tu sais ce qu'ils diront,

si jamais tu leur en parles,

t'inquiète pas, va.

Quand il y a du chiffre en jeu,

on devient fort en maths,

les nouvelles feront mal,

ça crie hôtel,

encore une crème,

quaine de beauté

que la rue entière.

T'as voulu arracher la douleur,

devenir insensible,

mais il reste

encore dans le coeur,

un peu de cette bonte

que ta cruauté, faut pas qu'on s'atrofie,

bilan catastrophique,

car souvent,

tout passe trop vite

à parler souffrance.

L'homme était bon

avant qu'il souffre,

mon reflet dans une flac

déformé par le vent

qu'il souffle.

Aujourd'hui,

le discours

de Nicolas Sarkozy

à Grenoble en 2010.

La situation se dégrade un peu plus.

En juin,

l'affaire éclabouche le pouvoir.

L'affaire bête en cours

et l'affaire carachie

impliquant directement

le président Sarkozy.

Celui-ci est au plus bas

dans les sondages,

plafonnant 30%

d'opinion favorable.

La réforme sur les retraites,

celle qui nous fit passer

de 60 à 62 ans,

est annoncée

le 16 juin

et promet

des mois

de grande turbulence

au pouvoir,

résonance.

Mais Nicolas Sarkozy

ne change pas de cap.

Le 24 juin,

il est sur pied de guerre.

Dans la nuit,

et dans le plus grand secret,

est organisé

une sorte d'affaire,

une sorte d'affaire

et un secret est organisé

une sortie présidentielle

en Sainte-Saint-Denis.

Après un passage

obligé

chez les chauffeurs de bus

de Tremblay,

quelques amabilités

échangées sur le fiasco

des bleus

qui se sont ridiculisés

en Coupe du Monde,

on va virer

le responsable,

le premier Sarkozy.

Un détour

par la gare de Sainte-Denis

puis le cortège

présidentiel

poursuit son voyage

au bout de la nuit

jusqu'au pied

de la cité

de 4000 à la Courneuve.

Là,

où justement,

quelques années plus tôt,

Sarkozy avait annoncé

promettant de passer

la racaille aux carchères.

Il se trouve que la nuit

bien avancée

est très calme.

Seuls,

quelques bateaux

traînent encore.

Alors,

le Président s'approche

des jeunes,

les uns après les autres

et leur dit,

vous habitez dans la cité?

Vous ne voulez pas me parler?

Vous avez quelque chose

à vous reprocher?

Donnez-moi votre nom.

Nous allons vous trouver

du travail.

Mais des holles d'immeubles,

un mur-murin qui est en monte,

faisant frémir

le service de sécurité

et surtout,

Maxime Tandonnet,

qui rapporte

cette scène hubueste

dans son carnet.

Les Sarkozy redoublent

d'intensité,

l'ugue,

comme venu

des profondeurs de la bime.

Des ombres furtives s'approchent

et disparaissent.

Les policiers commencent

à paniquer.

Et le Président

a un perturbable.

Dites un jeune

qui l'a proposé

un peu plus tôt

une aide

pour trouver une formation.

Alors,

vous avez réfléchi?

Oui.

Je vais aller à la mission locale.

J'ai plus confiance,

rétor que le cours ne vient.

Gognar.

Bon,

les Considélisées

pensent le Président rassasi

après cette nuit

en Seine-Saint-Denis.

C'est sans compter

sur son associable appétit,

justement,

lui qui veut de nouvelles sorties

sécurité à Paris,

puis ils en provaincent.

Et bien, la mort

du braqueur de Grenoble

et les violences urbaines

qui s'en suivent le week-end

du 18 juillet

offrent un cadre idéal.

C'est une descente violente

au coeur de Saint-Aignan,

une commune de 3400 habitants.

Une cinquantaine de vandales,

la plupart cagoulées

et armées de hache

et de barres de fer.

Pendant près de deux heures,

ils détruisent les arbres,

s'attaquent à la gendarmerie

et dévalisent la pâtisserie.

Un déferlement de violence

qui sème la panique

chez les habitants.

Tu as mes côtés de face du mâle?

Je ne suis pas inquiétée

par le nom,

c'est pareil sur Biggie,

je sens pas.

T'as plus l'air,

c'est une taille.

Pourquoi qu'ils ont fait ça?

On n'a rien fait.

La plupart sont des gens

qui voyagent qu'ils laissent éclater

leur colère distille

pour protester contre la mort

vendredi

d'un de leurs camarades.

Il a été tué par un gendarme

alors qu'il tentait,

selon le procureur,

de forcer un contrôle

tenu par deux militaires.

Des arbres tronçonnés,

une gendarmerie vandalisée,

une pâtisserie dévalisée.

En ce 10 juillet 2010,

ces images improbables

tournent en boucle

dans les médias.

Et puis il y a la petite commune

de Saint-Aignan

d'Etat

pour le moins spectaculaire.

La mort suspecte

de Luigi Duconnais,

22 ans,

a réveillé la colère

des gens du voyage

qui ont raragé

le village du coin.

Ces images spectaculaires

s'additionnent

à celle des émen grognoboises.

Alors Claude Guéant

appelle immédiatement

Maxime Tendonnet.

Le président

veut un communiqué

de presse

pour le soir même.

Le conseiller prend sa plume

et couche sur le papier

quelques éléments

d'engages

qui sont,

depuis quelques mois,

devenus une ritournelle.

Des événements

de la même gravité,

l'autorité

de la loi

doit être respecté,

etc., etc.

Mais le soir,

il va paraître

un communiqué modifié

dans les grandes largeurs.

Une visite présidentielle

à Grenoble

y est annoncée

pour installer

un nouveau préfet,

un ancien flic,

à nouveau,

pour ramener l'ordre.

Mais surtout,

une phrase

fait féminire,

tendonnée.

Les événements

dans le loi réchère

soulignent les problèmes

que posent les comportements

du voyage

et les roms.

Voilà.

Les roms

qui n'avaient rien à demander.

Les voilà belles

à l'affaire de Saint-Aignan.

La réaction

ne s'est fait pas attendre.

Après les violences urbaines

observées à Saint-Aignan,

Nicolas Sarkozy

a annoncé hier

une réunion

sur les comportements

de certains membres

parmi les gens

du voyage et les roms.

Le chef de l'Etat

s'est attiré

les foudres

de la Ligue des droits

de l'homme

qui dénoncent

une stigmatisation

raciste.

Il faut savoir

que les gens du voyage

sont une expression

en France

des populations nomades

mais de plus en plus souvent

sédentarisées

et pour la plupart

de nationalités françaises

contrairement

aux roms

qui sont eux essentiellement

des tiganes

d'origine humaine.

Tendonné écrit

dans son carnet

on est en train

de déraper

un vent de panique souffle

en ce moment sur le palais.

Mais le voilà

bien vide

au retour

à son scriptorium

pour rédiger un premier G

du discours

que tiendra le président

à Grenoble

le 30 juillet.

Son brouillon

s'adresse

à différents conseillers

dont Cédric Goubet

le secrétaire particulier

du président.

Deux jours avant la tenue

du discours

réignons des plumes

pour y mettre

un point final.

On leur a compris

tendonné

n'est pas le plus modéré

sur les questions

de sécurité

d'immigration

mais quand

il entend

Cédric Goubet

lire la nouvelle version

du discours

il n'en croit pas

ses oreilles.

Dans celle-ci

le lien entre

délinquance

et roulée

et on découle

toute une série

de mesures

comme autant d'alons chocs.

Jamais

la communication présidentielle

n'était allée

aussi loin.

Tendonné sa pause

violemment

rien n'est applicable

cela va déclencher

des polymixtériles

tout n'est que gesticulation

inutile

de l'esbrouf

du cinéma.

Il invoque

même le racisme.

Face à lui

Goubet

visageait

massier tout juste

remis d'un burnout

explose.

Et voilà

les deux conseillers

de la situation.

Si on paie

en demi-louce

ce sera ta faute

balance le secrétaire

particulier

au conseiller intérieur

l'insulte suprême

mais les guégues

de courtisans

ne changeraient rien

le discours

restera en l'état.

Alors

l'initiative

personnelle

du petit conseiller

ou directif

venu de plus haut

qui est

vraiment derrière

ses nouvelles

lignes

introduites

dans le discours

de Grenoble.

Buisson

Guéant

Sarkozy lui-même

a deux conseillers

son crédité

comme corps rédacteur.

Le jour même

un grand rayon

sur les roms

est tenu

dans le salon

à un cap et fixé

200 évacuations

de camp

en trois mois.

Satisfait

Nicolas Sarkozy

peut changer de sujet

à ton prévu

une nouvelle réunion

sur l'immigration

moi je me demande

s'il ne faut pas

totalement chambouler

notre politique

sur les visa

et réduire

drastiquement

les entrées.

30 juillet

dans le salon

de Grenoble

Madame

le garde des sauts

Monsieur le ministre

Mesdames et messieurs

les parlementaires

Monsieur préfet

Monsieur le maire

de Grenoble

Monsieur le président

du conseil général

Grenoble vient de connaître

une flambée de violence

sans précédent

qui a

profondément

choqué

nos concitoyens.

Les conseillers

rogardins

qui est le président

monté à la tribune

et commençaient son discours

tant donné souffle

à un collègue

j'espère qu'il ne va pas

prononcer

les passages explosifs

du discours

il te fait des illusions

et plus que l'autre

le président s'exprime

pendant 33 minutes

les 10 premières

sont consacrées

aux événements

Grenoble

dans les 20 suivantes

il annonce

sa politique de réforme

pour la sécurité

et l'immigration

Florilège

L'instauration d'une peine

de prison

incompressible

de 30 ans

pour les assassins

de policiers aux gendarmes

sera discutée

au parlement

dès la rentrée

les peines planchées

qui fonctionnent bien

mais qui ne s'appliquent

aux multirécidivistes

seront désormais

étendus

à toutes les formes

de violence aggravées

nous allons

réévaluer

les motifs pouvant donner

lieu à la déchérence

de la nationalité française

la nationalité française

doit pouvoir être retirée

à toute personne

d'origine étrangère

qui aurait volontairement

porté atteinte

à la vie

d'un fonctionnaire

de police

ou d'un militaire

de la gendarmerie

la question de la responsabilité

des parents

est clairement posée

je souhaite que la responsabilité

des parents soit mis en cause

lorsque des mineurs

commettent des infractions

les parents

manifestement

négligents

pourront voir

leur responsabilité

engagée

sur le plan pénal

de même la question

des allocations familiales

quand une famille

ne signale pas

que son enfant ne va plus

à l'école

est-ce que cette famille

peut continuer à aller au bureau

la caisse d'allocation familiale

pour percevoir les allocations

comme si

il ne s'était rien passé?

peine planchée

chantage aux allocations familiales

à responsabilité pénale des parents

déchéance de nationalité

sarcosige et de nombre

paver dans la marre

et ouvre la boîte de Pandore

mais son discours

ne serait que

très habitué

à le finalement

sans son célèbre

couplé sur l'immigration

et les romes

enfin

il faut le reconnaître

et je me dois de le dire

nous subissons

les conséquences

de 50 années d'immigration

insuffisamment régulées

qui ont abouti

à un échec

un échec de l'intégration

la règle générale est claire

les clans destins

doivent être reconduits

dans leur pays

et c'est dans cet esprit d'ailleurs

que je vais demander

au ministre de l'Intérieur

de mettre un terme

aux implantations sauvages

de campements de Rome

ce sont des zones

de non droit

à l'air et en France

dans les trois mois

la moitié de ces implantations

sauvages auront disparu

du territoire français

je vous remercie de votre attention

le président est à peine

remonté dans son falcon

direction Paris

que la polémique éclate

pendant plusieurs jours

la presse est l'opposition

seule des chaînes

proposignum

populisme

xenophobie

d'échéance morale

refrain des années 30

à l'Élysée

on a d'abord satisfait

de l'effet produit

mais pas tout à fait conscient

du côté inapplicable

de la plupart des mesures

annoncées par le président

mais peu importe

ce qui compte

c'est que

ce que les français

en ont pensé

le 5 août

un sondage du Figaro

est repris

dans tout l'Egypte

70% des sondés

seraient favorables

à la déchéance

de nationalité

pour les binationnaux

commettant

à meurtre

de policiers

ou de gendarmes

et 79%

sont pour

les démons

tellement des camps de Rome

malgré les critiques

qui viennent de tout bord

le discours de Grodum

s'en va arrêter

bien reçu par l'opinion

un jour d'hôte

Maxime Tandonnet

reçoit un appel

c'est le président

en ligne directe

j'ai une entière confiance

en vous Maxime

merci pour tout ce que

vous avez fait

le conseiller

ne peut réprimer

un sourire de satisfaction

certes

un peu gêné

une année écrine

y a approuvé le discours

pour lequel

il était

présent porté au lieu

par le président

le jour même

son nom sort dans la presse

cité comme l'auteur

du discours

les journalistes

tiennent en coupable

deux jours est-il que le pouvoir

compte bien surfer

sur le sondage

du Figaro et accélérer son action

une circulaire

du ministère

de l'Intérieur

est transmise

à toutes les préfecteurs de France

300 encampements

ou implantations illicites

devront avoir été

évacués d'ici 3 mois

en priorité ceux des Rome

la deuxième partie

de la phrase

visant explicitement

une ethnie particulière

et reprise dans tous les médias

durant l'été

pas un jour

sent qu'un reportage

sur l'évacuation

d'un grande Rome

ne passe à la télé

à l'étranger

nos voisins

observent d'un noyé

farait ce qui se passe

dans le pays des droits

de l'homme

l'église catholique

par la voix de son pape

Benoît XVI d'abord

monte au créneau

pour soutenir

les roms de l'exagone

puis c'est l'union européenne

qui accuse

par la voix de sa commissaire

à la justicée

au droit fondamentaux

Vivian Riding

et il va sans les tours

pour sortir

de cet été brûlant

à la France

et sous le coût

d'une sanction européenne

les expulsions

de Rome

sont condamnées

par l'ensemble

de la communauté

internationale

les fantômes

de Vichy

sont même quelquefois

évoqués

les banlieues

et les populations

d'origine immigrée

sont stigmatisées

comme jamais

la ville

de Renaud

par exemple

répondant bientôt

au soubriqué de

Chicago

sur Isère

a été durablement

marqué

pour y que ce raison

parlementaire

ou constitutionnelle

le président lui stagne

à 26% dans les sondages

mais devant ses conseillers

les civets

et quelques parlementaires

tout acquis à sa cause

il jubile

en cette rentrée de septembre

et il dit

nous avons gagné

la bataille de l'idéologie

vous voyez le discours

de Renaud

je l'ai prononcé

il y a plus d'un mois

et je vis toujours dessus

avez-vous déjà

vu un homme politique

prononcer

un discours

qui scande

l'actualité

de Renaud

nous sommes alors

le 8 septembre 2010

et ce genre-là

la réforme des retraites

entre en débat au parlement

le président de la République

qui apparaît souriant

et sûr de son coup

face à la levée de bouclier

qu'il attend

le véritable tournant

de son quinquennat

non

le pays ne sera pas bloqué

sa réforme passera

vous vous rendez compte

que je suis en train

de supprimer la retraite

à 60 ans

pas 20-t-il

moi on me laisse

faire le pays

et si des choses se compliquent

eh bien

on organisera

une nouvelle réunion sécurité

je ne reconnais pas

leur accent

que va devenir

notre France

si l'on ne peut pas dire

ce qu'on pense

j'entends

déjà

sur la plaine

devant moi

deux ans

toujours

les cordes reviennent

lignées

à mon franc seul

je me comprends

comprenez-moi

de mon temps

ce n'était pas comme ça

on réglait ce genre de problème

à coups de matraques

de chaînes

il voudrait s'asseoir

sur nos souches

nous voler le pain

de la bouche

ce qui couvre de mon toit

que vont-tu faire à mes enfants

j'entends

déjà

sur la plaine

devant moi

deux ans

toujours

les cordes reviennent

j'entends

déjà

sur la plaine

devant moi

deux ans

toujours

les cordes reviennent

lignées

à mon franc seul

France inter

affaire sensible

Fabrice Drouel

aujourd'hui le discours

de Grenoble et Nicolas Sarkozy

en 2010

on en parle

avec notre invité

Dwiplénel

Bonjour

directeur de la publication

de Médiapart

vous avez été

l'un de ceux

qui ont le plus vivement

réagi

à ce discours

de Grenoble

vous souvenez

de ce que vous avez écrit

en substance

à l'époque

oui je l'ai

même apporté

je l'ai sous les yeux

ah bah très bien

c'est mieux que la substance

le titre c'est

Sarkozy contre la République

un président

hors la loi

et dans l'article

j'explique

que

le président

Nicolas Sarkozy

par ce discours

de Grenoble

est devenu

un délinquant

constitutionnel

je m'explique

nous avons une constitution

et elle est toujours là

qui dit que la fonction

présidentielle

n'appartient pas

à celui qui l'occupe

mais qu'elle est

la gardienne

je cite le président

de la République

veille au respect

de la constitution

or que dit notre constitution

en son article premier

celui qui dit

que notre République

est laïque, indivisible,

démocratique et sociale

il dit

la République

assure

l'égalité

devant la loi

de tous les citoyens

sans distinction

d'origine

de race

ou de religion

cette constitution

et par ailleurs

se réclament

non seulement

de la déclaration

des droits de l'homme

nous naissons tous

libres

et endroits

et en dignité

à ajouter

la déclaration universelle

mais elle ajoute aussi

et c'est pas un hasard

le préambule

de la constitution

de 46

après la 2e guerre mondiale

après

les catastrophes

des idéologies

de l'inégalité

de l'exclusion

du racisme

de la xénophobie

et bien ce préambule

dit que tous les humains

sans distinction de race

de religion

ni de croyance

possèdent

des droits

inaliérables

et sacrés

c'est ce rappel

qui m'a permis d'écrire

que le président

de la République

Nicolas Sarkozy

en 2010

en disant

que la nationalité

doit pouvoir

être retirée

à toute personne

d'origine

étrangère

romper

la constitution

dont il est

le gardien

donc la guerre était grave

c'est très très grave

et c'est même

je vous remercie

vraiment

en tant que citoyen

de revisiter

ce moment

car c'est sans doute

la scène inaugural

la scène primitive

de ce qui risque d'arriver

c'est-à-dire l'arrivée

au pouvoir

finalement

de ces partisans

de l'inégalité naturelle

ce qu'on appelle

l'extrême droite

qui au-delà

pour moi

des expressions partisanes

c'est celles

et ceux

ils ont le droit

dans leur tête

de le penser

qui pensent qu'il y a

des civilisations

supérieures à d'autres

des origines

supérieures à d'autres

des religions supérieures

à d'autres

des croyances

des apparences

des identités

ils ont le droit

de le penser

ça veut dire

que ce discours

de Nicolas Sarkozy

il représente

une étape

il a

il a déverrouillé

il a déverrouillé

une porte

dont toutes les forces

républicaines

étaient les gardiens

cela fait bientôt 13 ans

et depuis 13 ans

il suffit

de brancher nos radios

nos télévisions

aujourd'hui

ce discours

de l'inégalité naturelle

a pignon sur rue

ce n'est pas possible

dans une démocratie

car c'est le pilier

de notre démocratie

le pilier

de notre démocratie

ce qui nous a permis

de conquérir

des droits

des droits d'expression

des droits sociaux

des droits

pour les femmes

des droits

pour tous

qui nous soyons

de quelque origine

de quelque condition

que nous soyons

de quelque apparence

de quelque sexe

de quelque genre

c'est cette idée

de l'égalité

si

l'on ouvre

la voix

si l'on

fait cette brèche

au nom de l'origine

en disant

parce que vous êtes

de telle origine

vous n'aurez pas

les mêmes droits

et c'est une catastrophe

et la catastrophe

est la durée

quelques années après

l'un de ceux qui s'est dressé

contre cela

François Hollande

à l'époque en 2010

dans la panique

des attentats

de 2015

a lui-même

eu recours

à cette arme

de la déchéance

de nationalité

qui est

la bombe atomique

du droit de la nationalité

qui crée un malaise

de toute façon

que ce soit version sarcusie

ou Hollande

ça crée un malaise

trembler

le malaise bien sûr

nous l'avons

tous vécu

il s'est exprimé

mais le problème c'est que

la porte ne s'est pas refermée

on joue avec ça

et on joue avec

une logique

du beau commissaire

encore une fois

les catastrophes viennent de là

et ne viennent pas

d'une décision d'en haut

les catastrophes démocratiques

elles viennent d'un état d'esprit

d'un état du débat public

c'est ce que vous dites

dans votre livre

qui sort après-midi

je crois que ça correspond

à ce que vous dites

or c'est ainsi

qu'adviennent les fascismes

quelqu'en soit les avatars

selon les circonstances

les pays ou les époques

non par une fatalité

qui découlerait du contexte

économique et social

mais par une accoutumance

idéologique à leur passion

mortifère

bien sûr

ça ressemble à ça

bien sûr

on ne peut pas

on a des divergences

on a des débats

on a des problèmes sécuritaires

on a des problèmes sociaux

on a toutes sortes de questions

mais ce qui fait

notre socle commun

quel que soit nos sensibilités

depuis que nous avons

découvert en Europe

que ces idéologies

ces mots

pouvaient produire

des crimes

des crimes contre l'humanité

ce que rappelait

la commissaire européenne

que vous citiez tout à l'heure

c'est à dire

expulser de l'humanité

des personnes

à raison de leur origine

à raison de l'étiquette

qu'on leur met

du préjugé

du stigmate

que l'on met sur elle

à partir du moment

où l'on accepte cela

dans le débat public

en se réclamant normalement

de familles de gauche

ou de droite républicaine

eh bien on met le loup

dans la bergerie

qui va manger tous les moutons

et concernant la droite

puisque à propos du contraire

Nicolas Sarkozy a parti

en camp de droite

est-ce que vous avez le sentiment

que la frontière

est devenue une de plus en plus

poreuse entre la droite

et l'extrême droite

et que le discours

de Grenoble

en est une illustration

est-ce que c'est lié?

bien sûr

bien sûr que cette frontière

est poreuse

d'ailleurs tous les protagonistes

de l'époque

sont toujours dans ce paysage

Nicolas Sarkozy

est toujours un conseiller officieux

de l'actuel président

de la République

il n'a jamais revenu

sur cette attitude

qu'il a eue à l'époque

et je voudrais souligner

parce que vous rappeliez

tout le contexte

de cette diversion xénophobe

c'était l'affaire Bétancourt

qui a été d'une très très grande

virulence

et qui était portée

vous le savez

par médiapart

et il y a eu une grande panique

car cette affaire

quand même concernait

le camp présidentiel

concernait le financement

de sa campagne

concernait le magistrat

qui était à l'Elysée

était concerné

et ainsi de suite

et il y a quelque chose

de très tragique dans tout cela

c'est que ces personnes

qui brandissent

ces questions de sécurité

pour dire

il faut désigner les étrangers

il faut désigner les roms

il faut désigner

la partie de nous-mêmes

qui vient d'ailleurs

mais qui est française

comme vous comme moi

et bien ces personnes

ce sont des gens

qui sont soupçonnés

d'être des malfaiteurs

M. Sarkozy aujourd'hui

et multi mis en examen

dans une affaire

que médiapart

a beaucoup chroniqué et porté

qui est l'affaire Libienne

et il est même

mis en examen aujourd'hui

pour association de malfaiteurs

M. Ortefeu

qui est le ministre de l'Intérieur

à cette époque il était poursuivi

et même condamné

pour des insultes

liés à l'origine

visant notamment les musulmans

et lui aussi

mis en examen dans ce dossier

M. Guéant le cardinal

dont vous parliez tout à l'heure

il est aussi mis en examen

donc il y a

quelque chose d'apprenti sorcier

chez ces gens

je ne les juge pas moralement

je dis juste que ces gens

pour se sauver politiquement

pour se sauver au pouvoir

sont prêts à mettre le feu

à la République

à ses principes

à ses vertus

là où

Jacques Chirac

quand il était

mis en cause dans ses affaires

disait

oh ça fait pchite

oh c'est abracadabrantesque

donc c'était j'allais dire

à la loyale par rapport à nos révélations

mais

ce n'était pas virulent

et puis il ne désignait pas

à ce moment là des bouquets misères

pour s'en sortir lui-même

donc ce dont nous parlons

aujourd'hui même

en 2023

cette scène de 2010

eh bien c'est le début

de ce qui peut être

dans quatre ans

une immense catastrophe démocratique

donc une date qui fait date

on va se retrouver dans

trois minutes de Wepedale

après avoir écouté Young fathers

...

...

...

...

...

...

c'est une ligne qui a

contaminé au-delà de patrick buition

qui vient de l'extrême droite

et qui l'est profondément resté

il vient de l'action française

l'action française c'est la famille idéologique intellectuelle

avec y compris des auteurs brillants

Charles Morasse lui-même

était un auteur brillant

qui est le laboratoire européen

des idéologies

d'extrême droite

des idéologies qui peuvent produire

aussi des crimes au nom

de la hiérarchie des humanités

et donc

ce courant

a totalement infiltré

on le trouve aujourd'hui

dans le débat public

on le trouve dans des chaînes de télévision

dans des chaînes de radio

dans des journaux

il y a eu à la dernière campagne présidentielle

un candidat

qui a dit tout cela publiquement

il s'appelle Eric Zemmour

il venait du service public de télévision

il venait de la gauche

de la gauche nationale républicaine

du cheveux de mentisme

et il est toujours d'ailleurs

enfin il était plutôt

une plume du journal

de la droite française

Le Figaro

et ils ont franchi un pas

vous savez la même année 2010

l'un de ces figures

intellectuelles

c'est des postures

on croit que c'est des postures

mais les mots que nous l'avons appris

sur ce continent peuvent

se transformer en balles

quelqu'un à la même année 2010

a sauci deux mots simples

c'est l'idéologie meurtrière de nos jours

le grand remplacement

ces deux mots

Renault Camus a inventé cette formule

popularisée par Eric Zemmour

adoubée par Michel Houellebecque

qui est l'écrivain le plus traduit

et aujourd'hui parfois le plus connu

à l'étranger

cette idée que notre peuple

serait remplacé par un autre

que une partie de notre peuple

voudrait en exclure une autre

c'est une idéologie terrifiante

c'est une idéologie qui est un appel

à ce qu'une partie de notre peuple

s'efface

C'est fantasmatique en plus

C'est un fantasme total

les spécialistes de l'immigration

le raconteront

le François Éran

qui tient la chair au collège de France

le document encore dans des livres récents

tout ça est bien sûr

et de l'ordre du fantasme

mais on instille quelque chose

on instille ce fantasme

on instille cette dérégalisation

et on l'instille dans la tête

de personnes qui de bonne foi

vont se dire mais au fond

des infisies, des civilités

tous mes petits problèmes viennent de là

et ils viennent de là

du fait qu'il y a une partie de gens

bien que l'on doit chasser

ou que l'on doit d'abord invisibiliser

c'est à dire qu'ils ne doivent plus avoir l'air musulman

ils ne doivent plus avoir l'air d'ailleurs

ils ne doivent plus avoir l'air différent

et puis s'ils ne comprennent pas

qu'ils doivent s'effacer

nous allons, et ils appellent carrément ça

la grande remigration

nous allons les faire partir

le livre que vous citiez qui sort cette semaine

l'appel à la vigilance, je rappelle

tous ces débats

puisqu'il y a eu des alertes

en temps et en heure, il y a 30 ans

en 93, dans le monde

et d'ailleurs vous rendez hommage

à l'un de ces signataires

l'historien Maurice Linder

absolument

qui est décédé il y a peu de temps

le livre est provoqué par son décès

parce que je voulais rendre hommage à cet histoire

où il avait rassemblé un grand résistant

Jean-Pierre Vernand, un grand écrivain

Humberto Eco et 38 autres

grandes personnes qui ont lancé

cet appel à la vigilance sur comment

les catastrophes

elles ne viennent pas simplement

des élections, elles ne viennent pas simplement

des actions des partis politiques

la question, et cela concerne notre

métier, c'est la question

de la qualité du débat public

de ce qu'est-ce qu'un espace public

est-ce que dans l'espace public

on accepte que des idéologies

qui peuvent être meurtrières

est le droit de citer

qu'au café du commerce on dise

des préjugés, que l'on est

dans sa tête ou dans son petit

journal militant

quelle idéologie comme cela

c'est une chose mais qu'on les déballe

publiquement et que

publiquement on les considère

légitimes, et bien c'est à ce moment-là

que l'on s'habitue au pire

Est-ce que vous exprimez de cette façon dans le livre

la nouveauté n'est pas l'existence

d'un exénophobe ou d'opinion raciste

qui n'ont jamais totalement disparu

pas plus que les actes criminels qui ont inspiré

notamment dans les années 70

c'est le savon du pont de la joie

l'inédit c'est leur légitimation

dans l'espace, c'est le débat public

ce que vous dites, la circulation

des idées et la diffusion des opinions

par le détour d'émissions de télé

et de radio

donc ils seront responsables aussi

avec tous ces émissions qui ne sont pas

d'information, qui sont des émissions

d'opinion, c'est très important

parce que votre émission, qu'est-ce qu'elle fait

elle revisite des affaires avec des faits

vous informez

vous êtes précis sur les dates

sur les mots, sur le contexte etc

un débat public démocratique

c'est pas mon opinion contre la tienne

si c'est mon opinion contre la tienne

c'est rapidement mon préjugé contre le tien

mon identité contre le tienne

et c'est au fond la guerre de tous contre tous

un espace public démocratique

et c'est là où les pouvoirs publics sont actuellement

inactifs je trouve

et c'est pour ça qu'on régule l'audiovisuel

et c'est pour ça qu'on veille

à des principes et bien c'est celui

où nous mettons les informations

au coeur du débat

et il ne suffit pas de venir dire

j'ai le droit de tout dire, non vous n'avez pas le droit

de tout dire, vous n'avez pas le droit de dire

ce qui blesse, vous n'avez pas le droit

de dire ce qui est une haine

vous n'avez pas le droit de dire

ce qui est un appel à la discrimination

vis-à-vis d'une personne

à raison de sa croyance

ou de sa couleur de peau

non, nous n'avons pas le droit de cela

c'est un respect de nous-mêmes

un peu de tenue

comme dit une chanson

Monsieur William

un peu de tenue dans la cinquième avenue

c'était Léo Ferré

et bien aujourd'hui

je pense qu'il me faut et c'est le sens de ce livre

c'est un appel à la violence

un peu de tenue

je vous coupe un peu parce qu'on arrive à la fin de l'émission

ce livre s'appelle L'Appel à la Végilance

face à l'extrême droite et d'ici on la découverte

dans les Lubrairies à partir de jeudi

merci infiniment et d'oublier la suite, au revoir

c'était à faire sensible

aujourd'hui le discours de Nicolas Sarkozy

avant noble, une émission que vous pouvez réécouter

en podcast, bien sûr, à la technique

aujourd'hui il y avait Lison Bergen

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

durée :00:54:28 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - De tous les Présidents de la Cinquième République, Nicolas Sarkozy fût celui qui incarna peut être le plus brutalement une rupture dans l’exercice du pouvoir, un changement de ton. - invités : Edwy Plenel - Edwy Plenel : journaliste, directeur et cofondateur du site Mediapart - réalisé par : Stéphane COSME