La source: 1995, Sarajevo, l'assaut des Casques Bleus français sur le pont de Vrbanja
Radio France 8/21/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript
France Inter.
Aujourd'hui, on va faire sensible Verbania,
le dernier assaut à la bayonette de l'armée française.
Sarajevo, mai 95.
La capitale de ce qui a été la Yugoslavia
et depuis trois ans assiégé par les forces serbes
du leader nationaliste Radavan Karadžić.
Voilà trois ans que le pays est éclaté entre Serbes,
Croats et Bosniak
et voilà trois ans qui sont déployés
les casques bleus de la force pronue,
la force de protection des Nations Unies.
Le 27 mai à 4h du matin,
des forces serbes s'emparent
du poste d'observation qui verrouille
l'accès du pont Verbania,
un site stratégique du centre de Sarajevo,
tenu par des casques bleus français.
Le 27 mai à 7h du matin,
les soldats français reçoivent l'ordre
de reprendre le poste.
A 8h45,
l'officier qui les commande,
leur ordonne de fixer les baillonnettes
au bout de leurs armes.
A 9h10, après un assaut qui fait deux morts,
côté français et quatre côtés serbes,
la position est reprise.
Au delà de l'action militaire,
l'assaut du pont de Verbania est aussi un symbole.
Celui de casques bleus français
déployé pour être une force d'interposition
entre les belligeants,
mais qui décide de faire cesser ce qu'il vivait
comme une miliation.
C'est un acte de guerre
décidé par des soldats de la paix.
Notre invité aujourd'hui, Michel Goya,
ex-colonel d'arrêtement d'infanterie de marines,
historien militaire,
deux fois déployé à Sarajevo
dans les années 90,
et auteur, l'an dernier chez Tallandier
et du livre intitulé
Le temps des guépards,
la guerre mondiale de la France
de 1961, à nos jours.
Affaire sensible, une émission de France inter,
diffusée en direct,
une émission franco-gnor,
chargé de programme rébécadonnante,
réalisation Frédéric Milano.
Fabrice de Rouelle,
Affaire sensible,
sur France inter.
Sarajevo, 27 mai 1995,
peu après 9 heures.
Les soldats français viennent de reprendre
le poste Sierra Victor,
le bâtiment situé sur la rive droite
de la rivière de Sarajevo
à l'entrée du pont de Verpagna.
Machinalement, certains jettent
leur chargeur entamé pour en mettre
un plein, peut-être,
n'est-ce pas la fin, mais juste un répit.
Des douilles jonchent le sol,
les casques bleus français ont
tiré plus de 4000 cartouches
en 25 000 minutes.
À l'extérieur, des équipements qui traînent
les soldats blessés pour pouvoir les soigner,
ils sont 17 à avoir été touchés,
mais en vie.
Et il y a 2 morts.
Le blindé qui sert d'infirmerie,
le Babsan, crible et n'impact.
Mes hommes sont à gare
d'écrire le lieu de non-éloin,
dont le sang coule sur le visage.
Puis, la relève arrive.
Plus tard, les journalistes
viennent de nouvelles.
L'envoyé spécial de France Info,
Nicolas Poincaré, raconte...
...de reprendre le poste d'observation
qui contrôle le pont stratégique de Sarajevo.
La difficulté, c'est que
ce poste, il l'avait eux-mêmes construit.
C'était un véritable bunker.
La difficulté, c'était aussi que les serbes
qui s'y trouvaient, détenaient des casques bleus français
en otage. La difficulté enfin,
c'est que ce poste était surplombé par 2 immeubles,
l'un tenu par des serbes,
l'autre par des bossniacs.
Tout le monde a d'ailleurs tiré.
Un français a été blessé par un tir bossniac.
Les français ont donc donné l'assaut.
Dans leur rendement à 17 blessés,
ils ont aussi fait des prisonniers.
Malgré les pertes,
malgré le prix du sang,
les têtes se relèvent dans les rangs militaires français.
Sentiment au diffus.
Les soldats sont redevenus des combattants.
Plus prosaïquement,
l'un d'eux montait à l'assaut d'un perbagnal,
le premier classe, le mari et résume.
On entendait dire
les casques benoffons rien,
mais là, on arrêtait de baisser notre culotte.
Ce même sentiment,
traversent le 1er juin 1995
un cours d'honneur de la casque de vanne,
celle du 3e rima,
le 3e régiment d'infanterie de marine,
auquel appartiennent les deux morts
et les 17 blessés du pont de verbaignard.
Des parents, des compagnons,
mêlent dans une même phrase
la tristesse et la fierté.
Jacques Chirac-Ela,
pour rendre hommage au 37e et 38e soldat français,
tué en ex-ygo-slavie,
le soldat, Jacques-Yain Ablot, 19 ans,
et le caporal Marcel Amaru, 25 ans.
La reprise des ponts de verbaignard,
dit-il, devant les deux cercueils,
restera dans la mémoire de los armés
comme un symbole,
celui de la dignité retrouvée
du refus de toutes les humiliations.
La France
ne tolérera plus
que ces soldats soient
humiliés, blessés
ou tués impunément
par ceux qui ont
choisi de s'opposer
à leur mission de paix
et de protection des populations.
Notre présence militaire en Bosnie
est fondée
sur une idée simple et forte.
La sécurité de l'Europe
se joue aujourd'hui
dans cette région.
Nous n'accepterons pas non plus
le retour
de la haine ethnique
et de la barbarie
sur le continent.
Humainement, le bilan de l'opération est lourd,
mais pour la première fois
en son 27 mai 1995,
des casques bleus sont passés à l'action,
refusant de subir et d'encaisser,
refusant d'accepter sans broncher
les lacunes de l'engagement de la force produite,
la force de protection des nations unies.
Comme si, après
1146 jours de guerre,
il était impensable qu'il y en ait un de plus
qui ressemble au précédent. Bref,
il fallait bariser l'ordinaire,
le quotidien de la guerre d'une ville assiégée
depuis trois ans.
Au milieu conflit, les serbes tentent de prendre
ces arrières vaut d'assaut avant de renoncer au boudin.
Alors, ils assiègent la ville
et deviennent les jolies barbards
de 350 000 prisonniers.
Et ainsi,
chaque jour,
tondent des dizaines d'obus,
chaque jour, des snipers tirent sur tout ce qui bouge.
Un homme qui se rend marcher
en zigzagant pour éviter les balles,
ou une vieille femme qui s'arcle
des herbes folles pour améliorer son ordinaire.
C'est ce que le raconte-grand apportait Rémiour Dant
dans le documentaire Le siège
qu'il a coréalisé et dont voici un extrait.
A ce moment d'histoires, il faut revenir en arrière
pour comprendre les raisons d'un conflit qui a tué
130 000 personnes en six ans,
dont 11 000 à Sarajevo.
Pour décoder les raisons de l'éclatement
de l'ex-Yugoslavia,
ce n'est pas le cas,
c'est l'éclatement,
ce n'est pas le cas,
ce n'est pas le cas,
ce n'est pas le cas,
ce n'est pas le cas,
ce n'est pas le cas,
ce n'est pas le cas,
ce n'est pas l'éclatement de l'ex-Yugoslavia,
ce divorce sanglant
entre les peuples qui vivaient ensemble
au sein d'une maison commune.
Jusqu'à son effondrement,
début des années 1990,
le pays est un modèle de cohabitation ethnique et religieuse.
On peut y être
Croate, Serbe, Bosnian,
musulman ou orthodoxe,
et vivre à côté l'un de l'autre,
l'un avec l'autre même.
un mariage heureux, une fédération de six républiques, Cérbique, Roissy, Bosnien,
Herzegovine, Slovenie, Macedoine et Monténégro, un alliage forgé par un homme, le Marachal Tito.
En 1943, ce pur produit de l'international communiste regroupe derrière lui les résistants
du pays contre les nazis, leurs complices croites, les ustacis. C'est même sans l'aide de
personne qu'ils s'en débarrassent, ni celle des alliés, ni celle de l'armée rouge. D'ailleurs,
en 1948, Tito ronds avec l'URSS et fait de la Fédération Yugoslavia la première des nations
non alignées. Lorsqu'il est reçu à Paris en 1977, c'est avec tous les égards et les
commentateurs, l'ovateur comme Roger Gickel sur TF1. Bonsoir, le Marachal Tito, celui que l'on
accoutume de désigner comme le dernier des grands de la résistance au nazisme, l'homme qui,
dans des conditions particulièrement difficiles, a su établir en Yugoslavia un socialisme en marge
de l'orbite stalinienne. Tito, symbole d'un pays jaloux de son indépendance à l'égard des blocs,
est arrivé en France cet après-midi pour une visite officielle de trois jours. Le Marachal Tito,
fils d'un pauvre pays en croate, septième d'une famille de 15 enfants, est quelque chose comme
un phénomène historique vivant. Tito est négiosi boss en 1892 en Croatie. Tito s'est lancé longue
guerre, un pseudo qui l'utilisait déjà quand il appartenait au mouvement communiste clandestin. Quand
il sort en vainqueur de la seconde guerre mondiale, il garde le nom Tito, le grade qu'il saube 3,
Marachal et le pouvoir qu'il va avec. Il reste à la tête de la République fédérative socialiste de
Yugoslavia durant 35 ans. Il en devient le président à vie selon la constitution qu'il a fait modifier.
Mais la vie sous Tito n'est pas une carte postale et les goslavies n'est pas un pays de cocahagna. Les
opposants sont toujours emprisonnés, parfois tués. Les terres agricoles collectivisés ne suffisent pas
à nourrir le pays et l'expression culte de la personnalité semble avoir été créée pour celui
qui coche toutes les cases du dictateur ou presque. Car à l'encontre d'autres potentats, Tito n'abolit
ni culture ni religion. Au contraire, comme il le dit lui-même, la Yugoslavia six républiques,
cinq nations, quatre langues, trois religions, deux alphabées et un seul parti, il aurait pu ajouter
et un seul maître. Mais les dictateurs ne sont pas éternels. Ils aussi meurent.
TF1 20h Jean-Claude Bourret.
Mme mademoiselle monsieur, bonsoir, nous venons de l'apprendre il y a très exactement 10 minutes,
le maréchal Tito est mort. Il fallait autrefois être roi pour espérer régner aussi longtemps. Il
était un fils du peuple et devint l'enfant terrible de la révolution. Avec de Gaulle et Maho
Tsetung, Josip Brause, alias Tito, fut l'un des trois hommes au monde qui de son vivant donna son nom
à une manière d'être, une façon de penser, à une philosophie politique. Comme tous les hommes
qui ont marqué de leur personnalité, leur époque, leur pays et influencé le reste du monde,
on est en droit de se demander ce que sera demain la Yugoslavia une fois Tito disparu.
Tito meurt en 1980, la fédération Yugoslavia dix ans plus tard. Une mort lente, une délicéissance
que présentait le général de Gaulle. Il n'y a pas de nation Yugoslavia, dit-il en conseil des
ministres le 1er juillet 1964. Non, il n'y a que des bout de bois qui tiennent ensemble parce qu'ils
sont liés par un bout de ficelle. Le bout de ficelle, c'est Tito. Quand il ne sera plus là,
les bout de bois se disperseront. Bien vu. Et la maladie évoluera pendant dix ans comme autant
de métastases. Pendant cette décennie qui suit la mort de Tito, les nationalismes montent. Chaque
République veut son autonomie et le voisin devient ennemi. Et ce qui complique encore la situation,
c'est que chaque nation sécessionniste héberge sur son sol des ressortissants d'autres pays de
l'exfédération. Il y a des serbes en Croatie ou en Bosnie, comme il y a des croates en Serbia ou
en Bosnie. Alors, qu'en mai 1992, la Bosnie Herzegovina, capitale Sarajevo, déclare son
indépendance. La minorité serbe qui vit craint pour son existence. Et la Serbie, capitale Belgrade,
s'empresse de lui porter secours. Trois hommes sont à la manœuvre. Il est d'abord à Belgrade
le politique, Slobodan Milzović. 51 ans, ex-apparateur communiste. Cet homme décrit sanctarisme et
pietroirateur réussit malgré sa fadeur à fédérer derrière lui les serbes de toute l'exugoslavie.
Les ficelles de ses discours ultradationalistes falsifiant l'histoire sont un peu grosses,
mais ça marche. Milzović, l'incendiaire. À 280 km au sud-ouest de Belgrade, en Bosnie,
on trouve Ralovan Cardix. Ce psychiatre de 47 ans, formé à Sarajevo et aux États-Unis,
porte le même discours que Milzović, mais son profil est différent. Il a été jusque-là
psychologue pour joueurs de foot, promoteur de médecines alternatives, détenu l'ancienne
affaire de détournements de fonds et mauvais poètes à ses heures perdues. Quand l'aillugoslavie se
déchire, il est le président de la République Serbe de Bosnie, une entité autoproclamée dont
les territoires morcelés à majorité serbe entourent Sarajevo. Et enfin, parce qu'il faut bien
un exécuteur des baseurs, il y a le général Aratko Malajic, le boucher des Balkans, c'est son
surnom. Ce militaire de 50 ans, qui sera comme Milozević Cardix, jugé plus tard pour génocide,
crime de guerre et crime contre l'humanité, est entre autres le bourreau de Sarajevo,
que ses troupes assiègent, bombardent et affament. En 1992, les affrontements entre forces Serbes
et Milis Bosniaks sont encore contenus. Mais, semaine après semaine, ils tournent à la guerre
totale. Une guerre de tribu résime cyniquement François Mitterrand quand il se rend à Sarajevo en joie.
Un voyage éclair, un coup d'état politique à vocation humanitaire, mais l'incendie est tord de
contrôle. Certaines n'y a pas de guerre propre, mais il y a sans doute des guerres plus sales que
d'autres, et celle-ci en fait partie. Té la fin d'année 1992, le rapport d'une mission européenne fait
la une des médias, comme c'est son ralageité de France 2. Les Serbes, en guerre contre les Bosniaks,
violent fréquemment les femmes ou les filles de leurs ennemis. Ce qui ajoute au crime, c'est que
ces viols sont prémédités, programmés en quelque sorte, ils appellent cela la purification d'horothéoliérique.
Safa est sur le point de donner la vie, mais Safa déteste déjà cet enfant. Si elle le pouvait,
dit-elle, elle le tuerait. Sa vie a basculé au printemps dernier, le jour où un soldat Serbe
est entré chez elle et l'a violé toute la nuit. Le rapport, donc quelques extraits ont été diffusés
aujourd'hui, est accablant. Les viols, je cite, ne sont pas des incidents périphériques à l'agression,
mais sont bel et bien au service d'un objectif stratégique. Celui, du millier et de terroriser
les communautés et de les chasser de leur région d'origine. Une véritable purification ethnique.
L'indignation occidentale ne change rien. En tout cas, pas le cours de cette histoire sanglante qui
s'écria moins de deux heures d'avion de Paris. Discours après discours, les dirigeants européens
martèlent le mot paix. Résolution après résolution, les Nations Unies votent embargo anti-Serbe et
envoient des casques bleus. Mais rien n'y fait. La guerre est bien de retour sur le sol européen pour
la première fois depuis 1945. Et le siège, le Sarajevo, restera comme le plus long de l'histoire,
quatre ans, trois fois plus longtemps que le siège de Stalingrad. Dans cette ville déchirée par la
haine, ramener les belligérants à la paix et lors de missions des casques bleus. C'est surtout
inillusion. Le colonel Éric Sandal, arrivé à la miné 95 à Sarajevo, s'en rend immédiatement.
Lors de sa première inspection de Sierra Victor, le nom de code du poste du pont de Verbaña,
une grande tirée depuis animaux le voisin cribe déclare le blindage de son véhicule. Bienvenue à Sarajevo.
Ah, chou, d'aie m'aurie, m'aurie bieba ch'ta. M'aurie bieba ch'ta. Proclète au Havé.
Ah, proclète au Havé.
Ah, proclète au Havé.
Ah, proclète au Havé.
Ah, proclète au Havé.
Aujourd'hui, l'assaut du pont de Verbaña.
France inter à faire son cible.
En ce fin mai 95, l'ONU se demande s'il n'est pas temps de retirer les casques bleus de Bosnia.
Après tout, à conserver une force d'interposition, cette se fait canarder par les deux camps, Serbs
et Bosnia, s'il est incapable de se faire respecter. Après une énième, un énième ultimatum,
parce qu'il faut qu'il attendait quelque chose, Paris, Londres et Washington ordonnent le 25 mai
à des avions de l'OTAN de mener des raids contre des dépôts de munitions serbes.
Les Nations Unies avaient prévenu les serbes. Ils devaient restituer à l'ONU des armes lourdes
avant aujourd'hui midi. Les serbes ont fait la sourde oreille. Et en milieu d'après-midi,
à la demande de l'ONU des avions de l'OTAN ont bombardé la région de Palais.
C'est la première fois depuis six mois, Stéphane Manier.
Le grenouage, c'est le seul témoignage visible que l'on possède actuellement du bombardement
des forces aériennes de l'OTAN. L'impact a eu lieu il y a quelques secondes et déjà,
des volues de grise s'élèvent à plusieurs centaines de mètres au-dessus des collines entourants
Sarajevo, preuve que cette fois-ci l'OTAN ne s'est pas contenté de larguer des bombes inettes.
Les objectifs sont à 17 kilomètres de là, près de Palais, fièvre des serbes de Bosnia,
deux dépôts de munitions qui ont été atteints.
En représailles l'OM et en plusieurs points de Sarajevo, les serbes en cercle
les prennent en otage 375 casques bleus dont 103 français. La situation n'est pas nouvelle.
Des soldats français l'ont déjà vécu un an avant. Mais là, les négociations ne font pas baisser
l'attention. Il y a des échanges de tir. Or, les serbes sont plus nombreux, mieux armés, plus déterminés.
Certains français veulent résister, mais finissent par déposer les armes.
« Je n'oublierai jamais le spectacle de ce poste où nos fusils d'assaut
étaient posés à même le sol », raconte le lieutenant Deroc, qui emploie le mot « capitulation ».
Avant d'en énumérer les raisons, rapports de force très défavorables, positions àtenables,
des amis qui ne peuvent pas grand-chose, aucune solution replie absence de soutien sanitaire.
L'humiliation est terrible et certains soldats français sont au bord des larmes.
« Nos hommes sont exibés comme des prises de guerre », écrit le colonel Éric Sandal dans
son livre « Verbania, le mandat de rupture ». Ils sont attachés à des potes tôt et dépouillés
de leurs uniformes. Les images de la téléserve, reprises par les chaînes internationales,
illustrent l'impuissance de la force pronue. On y voit des soldats menottés
enchaînés sous la menace de militiaires angagoulés ou gognards.
Les serbes les regroupent en différents endroits judicieusement choisis.
Cazernes, dépôts de munitions, postes de commandement. Les casques bleus français deviennent
boucliers humains.
Quelques coups de feu tirés par une poignée de serbes bosniacs et deux soldats français portant
les couleurs des nations unies qui sortent en levant les bras et en brandissant un simple morceau
de tissu et un chiffon blanc. Cette image se veut être le symbole de l'humiliation des casques bleus
en bosnie. Le commandant Indich des serbes bosniacs réunit les soldats français en se faisant traduire
par un jeune casque bleu.
Avec sa voix cassante, habitué à soumettre quiconque, Indich n'est pas un inconnu ici. Indich,
le commandant de la caserne de Lukavica, fameux dans la région pour avoir dans le passé proche,
pris en otage les volontaires de première urgence, puis les cinq pharmaciens sans frontières,
là, ce sont des casques bleus français qui vont, pendant de longues journées, devoir se plier
aux exigences de sa voix forte, de sa moustache et de son regard noir,
de ses accents de fureur et de ses bordets d'injus renommés.
À l'Elysée, le président Jacques Chirac nouvellement est lu entre dans une colère noire.
Il ne comprend pas la réticence militaire employée la force. Et ce qu'il apprend alors ne le rassure pas.
Face aux serbes, les français sont moins nombreux, moins lourdement armés,
et les règles d'engagement unusiennes sur le terrain ne sont pas claires. Ou trop timides.
Tactiquement et militairement, l'engagement des casques bleus n'a aucun sens.
Les serbes se moquent bien de la fureur chiralquienne comme de l'attentisme militaire.
À Sarajevo, ils ont ciblé leur prochain objectif,
sans parer des accès au pont de Verrabaña et donc du poste français qui le borne.
C'est que ce pont est une importance stratégique,
celui qui le tient à en ligne de mire, à quelques centaines de mètres de là,
les immeubles de la présidence et des principaux bâtiments publics.
Autrement dit, un boulevard vers le cœur de la ville.
Sur le papier, il faut donc pour les serbes prendre sire à victoire.
Dans la réalité, il leur faut se rendre à l'évidence, un assaut et suicidaire.
L'installation est fortifiée, comme le confirme un jeune officier de 33 ans
du troisième régiment d'infanterie de Marine, le capitaine Le Cointre.
Construit en longueur, 65 mètres, sur la berge sud de la rivière,
le dispositif comporte un poste d'observation est par lequel on accède au site,
puis une zone vie composée de trois conteneurs et enfin un long couloir
d'une trentaine de mètres qui permet d'accéder au poste d'observation ouest.
Le tousse présente de l'extérieur comme un véritable bunker de sacs de sable et de bastion,
de l'intérieur comme un dédale de couloir étroit, de recoins et de renfoncements sombres,
de boyaux qui font plus penser aux tranchées de 14-18 qu'à quoi que ce soit d'autre.
Il ne forteraise donc que les Serbes ne prennent pas par le combat, mais par la ruse.
Dans la nuit du 26 au 27 mai, vers quatre heures et demie du matin,
les soldats de Général Mladic investissent le poste sans tirer un coup de feu.
Et pour cause, ils sont arrivés presque tranquillement dans des blindes des occidentaux,
casques bleus sur la tête et gilets par balles siglés onus sur la poitrine.
Les douze soldats français qui montaient la gare cette nuit là sont prisonniers,
si raléctor ne répond plus.
Espérons que ces hommes ne sont qu'endormis ou que la radio est en panne,
le capitaine de Cointre se rend sur place.
Un Serbe lui enfonce le canon de sa kalashnikov dans le ventre.
Le sergent qui accompagne le capitaine, invisible jusque-là,
lui colle son arme sur la mâchoire du Serbe qui le laisse repartir,
ainsi que l'autre français.
Alors le Cointre, le plus vite possible, rencontre.
Comme disent les militaires, il fait remonter l'information à son commandement.
Les Serbes tiennent désormais le pont de Verbania.
Il est cinq heures du matin.
Le commandement est sous la responsabilité de Général Hervé Gobiard.
C'est le plus haut grade des Français sur place.
C'est même depuis neuf mois le plus haut grade des tout-cours,
puisque c'est lui qui commande la fort premier à Sarajevo.
Les casques bleus, Français au nom, sont sous ses ordres.
Et il sait qu'il faut réagir immédiatement avant que les Serbes ne renforcent leur position.
Il sait aussi qu'à l'Elysée,
Chirac t'empêche depuis des jours contre l'inaction des militaires.
Il sait encore qu'il n'a aucun cadre légal pour agir.
Non, les soldats de la peine peuvent qu'eure riposter,
réagir en cas de légitime défense.
Or, les Serbes n'ont pas tiré un seul coup de feu pour s'emparer de la position.
Il sait enfin que s'il donne son feu vert,
il sera responsable d'un possible carnage.
Moi, vers six heures du matin,
le colonel Meille, qui est mon chef d'État-majeur,
me dit, les Serbes viennent de prendre par surprise le pont de Verbania,
qu'on est prêt à le reprendre.
Et je dis oui.
Et donc, on montre cette opération de reprise du pont,
sans aucune autorisation qu'elle soit internationale ou nationale.
C'est-à-dire, c'est le terrain qui reprend l'initiative.
Une des raisons pour Verbania,
c'est qu'en donnant le pont de Verbania aux Serbes,
c'était la clé d'entrée dans la ville.
Même si théoriquement nous étions en interposition,
il y avait dans la ville un certain nombre de dizaines de milliers de personnes
qui auraient été étrucidées par les Serbes.
Douze ans plus tard, dans la revuscité,
le général Gobiar revient sur cet ordre donné.
« J'ai été obligé d'élargir la notion de légitime défense, dit-il.
Il n'y a pas eu un coup de feu tiré dans la prise du pont par les Serbes.
Si j'avais appliqué, à la lettre, la notion de légitime défense,
je n'aurais pas engagé d'action militaire en représailles.
À 6h45, alors que les plans de l'assaut viennent de lui être présentés,
le général confirme son ordre.
Il faut reprendre, si ravec d'or.
Le capitaine de la cointe sert la main de chacun de ses hommes.
Il est 8h.
Puis il est soldat-monde dans des blindés.
Longe le cimetière juif de Sarajevo.
Puis débarque des véhicules.
Il est 8h20.
Les Français entament alors leur progression silencieuse vers l'objectif.
25 minutes plus tard, ils sont au pied du pont.
Par radio, on leur confirme que des blindés sont en appui,
qu'ils braquent leurs canons sur prise unique et centrale,
les surnoms donnés à deux immeubles qui surplombent le poste de Verbania,
ou sont embusqués des tireurs serbes.
Là, les Marsoins, autrement dit les soldats et troisième Rima,
fixent la baignonnette au canon de leur famous,
leur fusil d'assaut, comme les poids lus dans les tranchées
pendant la première guerre mondiale,
ou les troupes napoléoniennes, quand elles chargaient dans la fureur de bataille
ou étaient engagées des dizaines de milliers d'hommes.
Pourtant, en cette fin de vingtième siècle,
la lame qui prolonge le canon du fusil et surtout un accessoire de défis l'éducateur juillet,
presque en anachronisme,
jusqu'à ce 27 mai 1995.
Le lieutenant est loin, l'un des premiers à mener la charge écrit,
« La baignonnette au canon, c'est intellectuellement rassurant pour celui qui monte à l'assaut,
et c'est terrorisant pour celui qui est en face.
Le capitaine Le Cointre annonce le top départ, il est 8h45.
C'est le premier groupe de la section qui monte à l'assaut qui immédiatement se fait clouer.
Le lieutenant monte avec le deuxième groupe,
franchit le découvert, moi je suis avec ce deuxième groupe,
et prend la première partie du poste.
Brutalement, on se retrouvera trappé par ce qui est le plus extrême dans le combat,
le corps à corps.
Ce qui est très incroyable, c'est d'abord d'avoir eu à vaincre sa peur,
ça c'est très difficile, une fois que sa peur est dépassée,
le sentiment que plus rien ne va nous arrêter,
et qu'on ira quoi qu'il arrive, et qu'on va se venger de cette peur qu'on nous a impliquée,
le sentiment d'une sorte de jouissance,
à pouvoir enfin agir et avoir des gens qui tombent en face de nous,
tout ça alimenté par la souffrance qu'on éprouve de voir nos hommes tomber à côté de nous,
et l'envie de l'évangé.
De fait, l'assaut est terrible.
La section qui le mène compte 34 hommes.
Le premier groupe, celui qui s'empêche d'enter par le velet,
écloué au sol par les tirs serbes et en persing, blessés.
Mais la progression des soldats français continue vers la zone vie du poste.
Je ne pense plus à rien, ni à ma famille, ni à la peur,
ces noirs devant moi ont une poste en fond sans racontant le caporal chef.
Le marsoign jacquis un blow grimpe sur un toit pour couvrir l'avancée,
il est cueilli par la balle d'un sniper, c'est le premier tué français.
Marcel Amaru est lui aussi mortellement touché.
Quelques instants plus tard, le lieutenant Helvin lance une grenade avant d'entrer dans la zone vie,
une bouteille de gaz explose, il est touché à la tête et perbrièvement conscience.
Les serbes reculent, mais à quel prix ?
Des français continuent de tomber dans le fracadétir et des grenades.
Nous tuons deux autres serbes, nous avançons maître par maître,
rapportent le capitale Le Cointre, mais compte tenu du nombre de blessés
et du fait qu'il va fallu laisser des hommes pour tenir les zones reconquises,
nous ne sommes plus que cinq pour investir le dernier éduit.
Dehors, les chers français continuent de pilonner les immeubles
et deviennent les tirer des mitrailles de serbes.
De dedans, il ne reste plus que quelques mètres à franchir pour que le poste soit repris.
Bref, un stand répit, avant que le capitaine et les quatre hommes avec lui ne s'élancent à nouveau.
Mais face à eux, ils voient deux soldats français,
présents d'otages dans la nuit, avec au creux des reins des calchiniques des serbes.
Le combat s'arrête là.
Il y a deux morts et 17 blessés sur les 34 Français montés à l'assaut.
Et jusqu'au soir, se joue une autre partition.
Sur fond de menaces de chantage, de rapports de force, français et serbes échangent aux prisonniers.
Dans la nuit qui suit, les serbes quittent définitivement les lieux si rapide et repris.
Je voudrais saluer le sang froid, la détermination des soldats français,
casque bleu qui aujourd'hui défendent notre conception de la paix en besnie et défendent l'honneur de la France.
Plus de 90 casques bleus français qui sont retenus en otage, on a vraiment le sentiment que la France est en première ligne.
Bien sûr que la France est en première ligne, car la France n'acceptera plus l'inacceptable.
Les mots de Charmillon, alors ministre de la Défense au journal télévisé, sont bien creux avec le recul.
Les Français, otage des serbes, ne seront en effet libérés que des semaines plus tard.
Voilà. Verbania aurait pu, aurait dû même, être un tournant.
A la revanche, des casques bleus sur l'humiliation auraient pu, auraient dû succéder de nouvelles manières d'agir pour les soldats de la paix.
Mais Verbania n'a pas été ce sourceau. L'assaut sourcière victoire n'a pas infléché le corps et la guerre.
Moins de deux mois après, c'est dans la ville de Srebrenica, pourtant déclaré sous contrôle de l'ONU,
qu'est commis le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
8000 Bosniaks, comprengues musulmans dans l'esprit serbe, sont tués par les forces du général Mladic.
A la fin d'année 95, c'est la signature des accords de Dayton qui enterrinent la fin de la Bosnia Herzegovina.
Deux entités sont créées, l'une Bosniak, l'autre serbe.
L'un des signataires est Slomenan Milzevich, le président serbe.
Finalement arrêté en avril 2001, il comparait pour crime contre l'humanité devant le tribunal pénal international pour Lexi Goslawi.
Il meurt en 2006, alors que son procès est en cours.
Karadzik, lui, est arrêté en 2008, puis condamné pour génossie des crimes contre l'humanité.
Il purge une peine de réclusion à perpétuité.
Enfin, Radko Mladic, le général, le boucher des Balkans, est arrêté en 2011,
également condamné à perpétuité pour génossie des crimes contre l'humanité.
Fin 1995, après les écords de Dayton, la forprenue orange et casque bleue
au profit d'une nouvelle force internationale, l'IFOR.
C'est l'autre temps qui remplace l'ONU et ça change le rapport de force avec les militiaires.
La posture des soldats de cette coalition est plus guérière et les règles d'engagement sont plus claires.
Le capitaine Le Cointre, lui, prend du grade,
jusqu'à devenir en juillet 2017 chef d'état-major des armées la plus haute autorité militaire.
Mais même à ce poste-là, qu'il a quitté en juillet 2021,
il n'a jamais cessé de revenir vers ce 27 mai 1995 au pont de Verbania.
Ces combats ne laissent pas indemnes, ceux qui y ont participé, parce qu'ils ont dû tuer.
Je pense que c'est le principal qu'il faut rappeler quand même.
Je l'ai découvert et d'autres l'ont découvert et mes hommes l'ont découvert,
mais dans le corps à corps d'un assaut, on le découvre plus que n'importe où ailleurs.
Voilà.
Parce que ça renvoie à la bestialité, ça renvoie à la mort,
ce sont des histoires de violences dépassées et maîtrisées ensemble
et ça, c'est quelque chose d'absolument terrible.
...
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...
Aujourd'hui, la prise du pont de Verbania,
Sarajevo, dont nous parlons avec notre invité, Michel Goya, bonjour.
Bonjour.
Vous êtes un ancien colonel de l'infanterie de Marine, historien militaire,
vous êtes l'auteur, j'étais l'an dernier du livre intitulé Le temps des Gepards,
la guerre mondiale de la France de 1961.
Bonjour, alors 1961, parce que ça part de bizarre.
Je vous ai demandé tout à l'heure.
Ça part de la première intervention de ce type.
Et vous avez été déployé deux fois à Sarajevo dans les années 90.
Je vais recueillir votre témoignage sur ce point précis.
Mais d'abord, ce qui court tout au long du récit,
c'est la question qu'on n'a pas fait de se poser
sur le sens de la mission des casques bleu, bon sang.
Quel est donc ce sens ?
On dirait des militaires déguisés en diplomates,
avec des armes.
On sent qu'on est dans un autre dos difficile à gérer.
Oui, bien sûr.
On est des instruments de diplomatie.
Vous avez bien utilisé les mots.
C'est-à-dire que, pour situer,
moi je suis parti à Sarajevo en juillet 1993.
Alors pourquoi ?
Parce qu'à ce moment-là, la France avait décidé,
enfin poussé à l'adoption d'une résolution des Nations Unies
du Conseil de sécurité pour la protection d'un certain nombre de villes.
Srebrenica, Gorazde et Sarajevo.
Et quelques autres.
En disant voilà,
l'ONU s'engage à protéger ces villes.
Avec le succès que l'on sait,
on repart, on repense à Srebrenica par exemple.
Mais surtout, la France dit voilà,
on va, nous on fait un geste,
on en va tout de suite un bataillon à Sarajevo.
Bon, ok.
Alors le bataillon de Sarajevo,
il sera formé essentiellement par le 21ème régiment
d'infanterie de Marine de Fréjus.
Pourquoi ? Parce que, alors c'est un bon régiment,
il n'y a pas de soucis là-dessus, on était prêts,
mais parce que le ministre de la Défense de l'époque
François Léotard était aussi maire de Fréjus.
Donc il envoie son régiment.
Donc l'ONU on l'appelle, on dit voilà,
dans deux semaines, on est à Sarajevo pour six mois.
On n'était pas d'alerte, on n'était de rien.
Donc rien n'était préparé, il n'était prévu.
Donc on part comme ça en vrac.
C'est partie du détachement à l'avant-garde, si vous voulez.
Dans l'endroit le plus dangereux du monde.
Oui, donc on nous envoie sans aucune préparation
dans l'endroit le plus dangereux du monde à ce moment-là.
Alors nous, on l'était en fait, on l'était assez content,
on s'est engagés dans un régiment comme ça
pour faire ce genre de choses.
Mais arriver sur place, on demande,
qu'est-ce qu'il y a d'une mission ?
On ne sait pas, il n'y a pas d'une mission.
Vous êtes là ?
Oui, oui, donc vous allez vous mettre en réserve au fond
dans la vieille ville de Sarajevo.
Vous allez constituer le Bataillon n°4 français.
Et puis vous attendez quand vous donnez des ordres.
Donc nous voilà partis au fond de la ville de Sarajevo
ou dans l'heure qui suit, on a déjà perdu un homme
attaqué pour le coup par des mediciens boscniacs.
Parce que la ville, à ce moment-là,
les choses sont différentes après.
Mais dans l'année 1992 et surtout 1993,
la ville est assiégée aussi de l'intérieur
par des brigades de mafieux boscniacs
dont Tzatzro, un ancien guitariste,
Proxenet, devenu chef de guerre,
qui égorge le fils du chef de la police boscniac
juste avant qu'on arrive.
Et nous, on nous affecte au milieu de la zone tenue
par cet individu.
Et donc dès qu'on arrive, c'est parti.
Moi je connais, ça fait 2 heures
quand on est arrivé dans la ville
et c'est notre premier combat déjà.
Et quel est votre sentiment et le sentiment de vos hommes ?
On se dit que ça va être compliqué,
que ça va être très long,
qu'il faudra trouver quand même rapidement
du sens à ce que l'on fait ici
et au risque que l'on prend.
Et ce sera d'ailleurs la mission de mon chef
à ce moment-là.
Je connais le traquis qui arrive quelques semaines plus tard
et qui dit voilà, on n'a pas de mission
mais on va s'en donner une.
Et vous allez au milieu de la population,
donc on affecte un tout empaté de maisons
et plusieurs milliers d'habitants.
Et on me dit, voilà, quand tu pars dans 6 mois
tout le monde doit pleurer de tristesse
sans trouver un parti.
Donc tu te mets au milieu de la population,
tu les aides comme tu peux, etc.
Et tu immerges dans cette population,
tu donnes un sens, enfin voilà,
c'est comme ça qu'on donnait un peu un sens à notre action
sachant qu'après, il s'est passé
en réalité plein de choses,
des expériences étaient multiples
dans différents mandats.
Après, en groupe, on simplifiait
la plus grande partie de ma mission en moi,
personnellement, j'étais lieutenant,
ça a été de lutter contre les snipers,
c'est-à-dire de lutter contre tous les gens,
Bosniak ou Serb, qui nous tirent dessus.
Donc c'est important de dire Bosniak ou Serb
parce qu'on est dans une représentation mentale
trop simple, on imagine qu'il n'y a qu'un agresseur,
finalement, les Serbes.
Le comportement des Bosniaks est aussi
de ses militiers en tout cas,
par rapport à la population civile.
Oui, bien sûr, mais c'est ça, c'est-à-dire que
les choses sont beaucoup plus complexes
et beaucoup plus ambiguë.
Encore une fois, plus particulièrement en cette période,
pourquoi ?
Parce que, à la fin de l'année 93,
le nouveau gouvernement Bosniak de Sarajevo
décide de reprendre les choses en main,
donc vous avez des combats
à l'intérieur même de la ville,
où le gouvernement Bosniak,
comment dire, met la main,
réduit et élimine tous ces mafieux.
Et le fameux Tzatzō, notamment,
qui avait égorgé les fils de chef d'appui,
ça a été pris en compte directement
par le chef de la police,
et il a connu donc un sort assez funeste,
ce qui n'a pas empêché qu'il soit enterré,
comme avec tous les honneurs,
d'un héros de la guerre.
Donc tout était en réalité très ambiguë,
tout était assez complexe.
La plupart des gens qui ont été touchés,
qui ont été tués ou blessés,
à l'époque où en 93,
l'ont été par des Bosniaks
à l'intérieur de la ville.
Et vous, le plus grand danger
pour vos troupes, c'était d'être victime
dans le sniper ?
C'était ça ?
Quand vous sortiez dans la rue,
c'était quoi l'état d'esprit ?
Alors, il faut bien comprendre l'ambiance,
oui, c'est, on est dans quelque chose
qui est là aussi, qui est complètement suraliste.
Vous imaginez une ville vide,
parce qu'il y a évidemment des personnes
qui circulent, il y a quelques voitures,
donc vide et silencieuse.
Et puis, le seul bruit que vous entendez,
ce sont des obus.
Ils tombaient en moyenne 250 obus
par jour, par jour.
Depuis les collines de palais ?
Tout autour, tout autour de la ville,
sur la ville, 250 obus.
Car ils tombaient moins de 250 obus
sur les comptes rendus,
on ne marquait rien des signalés.
Journée calme.
C'est terrible.
Et voilà.
Et puis, vous avez aussi
les snipers, donc c'est des tueurs
qui étaient tout autour de la ville,
et dont le but premier
était de tuer le maximum
d'être vivant dans la ville,
parce qu'ils tuaient même les animaux.
Et en grande partie,
le pont de Verbania
se trouve à côté d'un quartier
qui était tenu par les serbes,
le quartier de Gorbavica,
et c'était de ces bâtiments
pour que s'évisser
toute la plupart de ces snipers,
et notamment sur une longue avenue
qui était baptisée, snipers,
aller, et sur laquelle,
chaque fois qu'on franchissait,
on prenait des obus.
On s'est arrivé de passer,
d'avoir un obus qui tombe
juste derrière moi,
ou de se faire tirer dessus,
ce qui est arrivé assez régulièrement.
Et pour un soldat,
ça va être difficile à vivre
que de ne pas faire la guerre
selon les codes de la guerre,
armée contre armée.
Là, vous êtes une armée
au centre d'un chaos
dans lequel il y a une militiaire des civils.
Est-ce que, en tant que militaire,
vous posez la question
du sens de votre métier,
de votre mission à ce moment-là ?
Bien sûr, on se demande
à quoi ça sert,
à quoi ça sert de faire prendre des risques
à nos soldats
pour des choses qui sont
sans utilité,
voire qui appressent absurde.
Je donne juste un exemple.
L'aéroport de Sarajevo
se trouve complètement
à l'ouest de la ville,
il touche la ville.
Vous l'avez évoqué,
François Mitterrand avait fait un voyage,
avait attiré sur cet aéroport,
avait obtenu que
cet aéroport soit tenu
par les forces de la Nations Unies
et serve de cordons bilicales
avec l'aide alimentaire,
mais à une condition.
Les serbes avaient accepté ça.
À une condition,
vous empêchez les habitants de fuir.
Et donc, une démission
des soldats français,
puisqu'il y avait un bataillon français
sur cet aéroport,
consistait le soir,
on l'a appelé ça le crossing,
à empêcher les habitants de fuir.
Donc, des gens qui arrivaient,
qui essaient de sortir de la ville,
de l'enfer,
de l'enfer.
Exactement.
Et des français qui leur disaient,
non, vous restez là,
vous restez là.
Et la deuxième partie de la mission,
c'était d'aller récupérer
les cadarves de ceux
qui avaient essayé quand même
de franchir
et qui se retrouvaient
dans le champ de tir des snipers.
Elle y retirait
sur la piste d'éviation
avant que les avions n'arrivent.
Donc là, le genre de situation
dans laquelle on se retrouvait
concrètement,
à l'envers,
l'encontre également
de tous les principes militaires,
en fait.
Une expérience douloureuse ?
On peut là,
la qualifierie
comme ça,
vous que l'avez vécu ?
Oui, douloureuse pour beaucoup,
mais en même temps,
finalement, c'est exaltant.
Moi, je me supportais volontaire
pour rester
à la fin de mon mandat.
J'ai demandé
à rester pour accompagner
ceux qui arrivaient
les nouveaux,
le troisième régiment
d'infanterie de Marine,
d'autres marsons que nous.
Et voilà,
parce que moi,
je trouve cette mission,
c'est de loin,
la mission,
je ne veux pas dire
plus intéressante,
la plus passionnante,
mais quand même la plus forte,
en tout cas,
que j'ai connue
dans ma carrière.
On va se retrouver
dans trois minutes
après avoir écouté
Florian Marché,
L'Éclercie,
ou l'incendie,
on parlera
de l'assaut
sur le pont des Verbagnas.
L'Éclercie,
ou l'incendie,
je ne te reconnais pas
de l'assaut
sur le pont des Verbagnas.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
On va se retrouver
dans la carrière.
Regardes-moi
quand
tu n'as
que tes points
plus personne
pour tendre de
la main
plus que
des rondes
points
les idealismes
ou l'incendie
je ne te reconnais pas
Pourquoi
tu fais ça ?
Dis moi
Dis-moi, est-ce que tu crois qu'on est vraiment plus chez soi ?
Je ne me reconnais pas dans tes combats
Tu as ni chaud ni froid
Et ta colère ne me va pas
France Inter
Affaire sensible
Chez le Goya, vous, le militaire, quel est votre regard sur l'épisode que nous avons raconté, la prise du pont de Verbania par les casques de la France ?
Ce que l'on disait tout à l'heure, le pire dans une mission pour un militaire, c'est de subir les choses, de subir les coups sans pouvoir faire quelque chose, être complètement impuissant, d'être dicoté
Moi, je n'ai pas eu ce sentiment, parce qu'on faisait plein de choses, on l'a combattu, on s'est battus, il n'y avait pas le même niveau de violence que l'attaque du pont de Verbania, mais on n'a pas subi
Avec cet attaque, c'est au moins l'ensemble des forces françaises qui montraient qu'on a décidé de ne plus subir
Donc là, c'était un combat pour l'honneur, accessoirement, c'était le combat le plus violent, le plus grand volume qu'on ait connu
Il y a eu d'autres combats, il y a eu des combats aussi, depuis le combat à Mogadishu en réalité, il y a eu des combats en juin 1993, personne n'a jamais entendu parler, mais les français se sont battus
On s'en souvient avec les américains et les francs noirs, mais pas les français
Exactement, qui étaient au même endroit, qui ont fait la même opération quelques mois plus tôt, mais qui ont réussi au passage
Vous, c'était violent aussi
C'était très violent, mais ces épisodes étaient rares malgré tout, donc on était dans un contexte général où la France, président république, François Mitterrand,
Pour dire, d'un mot, refuser, d'engager, à part l'exception de la guerre du Golfe, refuser que des soldats français combattent
Donc c'était la source d'un certain nombre d'épisodes très frustrants, comme le Beyrouth, d'une autre manière, l'engagement en Rwanda, etc
Et puis la forprenue
Je l'avais évoqué, en réalité, les choses vont basculer à l'été, où là, effectivement, on rentre véritablement en guerre contre les Bosnossères
On décide de faire la guerre, voilà, jusqu'à là, on ne veut pas faire la guerre
Sous l'égis du général Morillon, notamment
Non, non, il était bien avant, il était en 1992, mais le général Morillon a fait ses débattus dans ce contexte d'impuissance dans lequel nous plaçaient les nations unies
Oui, il l'a beaucoup exprès, mais d'ailleurs
Oui, oui, bien sûr, mais il a fait grand-chose
Mais voilà, on fait la guerre en fait à l'été, c'est le vrai tournant, c'est le massacre Srebrenica, ils l'ont dit c'est plus possible, donc on fait la guerre
Et ce qui est important de voir, c'est qu'en deux semaines, le problème est résolu
Pourquoi n'aurait pu le faire avant ?
Exactement, c'est-à-dire, si d'ici le début on a hésité de faire la guerre, on aurait évité des souffrances épouvantables
Puisque vous êtes historien également, cette guerre en ex-Goslavie, elle était frappante parce que c'était depuis longtemps le premier conflit sur le sol européen, dans l'espace européen
Et on a l'impression qu'aujourd'hui c'est un conflit lointain, si lointain qu'il est peut-être même un peu oublié
Oui, bien sûr, alors c'est un peu le propre, presque de tous les engagements militaires que l'on fait
Alors qu'il y a plus de 20 000 Français qui ont été engagés en Bosnie, c'est un engagement majeur
Vous avez 55 qui sont tombés de 1992 à 1995, d'autres après dans les émissions suivantes, mais pas au combat
Mais c'est autant qu'en 10 ans de présence au sel, par exemple, en 10 ans de combat au sel, pour 3 ans en Bosnie
Mais à l'époque, on n'écrivait pas, les solaux français n'écrivaient pas, on n'en faisaient pas beaucoup, et puis on passait autre chose
Puis très rapidement, on multipliait l'émission en ce moment-là, très rapidement, on va s'engager sur autre chose, on va partir sur l'Afghanistan
Et puis après on va partir au sel, etc.
Un événement, une opération chasse l'autre, mais dans les mémoires ça reste
Bien sûr, on va finir sur notre plus anecdotique, une scène que vous avez raconté, comment des casques bleus égyptiens, c'était vu livrer les planches à voile
En plus de guerre, c'est quoi ça ?
Pour pas en comprendre, 1995, voilà, c'est la dernière année où on constituera des bataillons français, où à nu, on dira, voilà, cette expérience, c'est terminé
On fera d'autre chose, mais cette expérience, c'est terminé, mais il faut bien comprendre qu'il y a beaucoup de nations qui sont volontaires pour fournir des bataillons aux Nations Unies
Parce que, globalement, c'est un peu une vache allée, les Nations Unies
Vous fournissez, les Nations Unies payent les soldes, payent tous les équipements, et donc c'est du pain béni pour des nations qui envoient leurs soldes-là, comme ça
Qui en retirent beaucoup de bénéfices, sans faire grand chose
Et il se trouvait à ce moment-là qu'il y avait en Bostéie deux bataillons égyptiens qui étaient sur la driatique, sur bord de la driatique, et un Sarajevo
Et un jour, on voit arriver d'un conteneur à Sarajevo, des planches à bois qui étaient destinées aux bataillons égyptiens
Alors il y avait eu erreur sur le bataillon, au lieu de partir vers la driatique, il était parti sur Sarajevo, alors tout ça évidemment financé par les Nations Unies
Très bien, merci infiniment, Michel Goya, au revoir
C'était à faire sensible aujourd'hui la prise du pont de Verbania, une émission que vous pouvez réécouter en podcast bien sûr, à la technique qu'aujourd'hui il y avait Florian Dorimini
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durée :00:54:49 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - Aujourd’hui dans Affaires sensibles : Vrbanja, le dernier assaut à la baïonnette de l’armée française. - invités : Michel Goya - Michel Goya : Ancien colonel des Troupes de marine, auteur du blog "La voix de l'épée" - réalisé par : Frédéric Milano