La source: 1995, Sarajevo, l'assaut des Casques Bleus français sur le pont de Vrbanja
Radio France 3/6/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript
France Inter.
Aujourd'hui, on va faire sensible Verbania,
le dernier assaut à la bayonette de l'armée française.
Sarajevo, mai 95.
La capitale de ce qui a été la Yugoslavia
et depuis trois ans, assiégé par les forces serbes
du leader nationaliste Radavan Karadžić.
Voilà trois ans que le pays est éclaté entre Serbes,
Croats et Bosniak
et voilà trois ans qui sont déployés
les casques bleus de la force pronue,
la force de protection des Nations Unies.
Le 27 mai à 4h du matin,
des forces serbes,
sans part du poste d'observation qui verrouille
l'accès du pont Verbania,
un site stratégique du centre de Sarajevo,
tenu par des casques bleus français.
Le 27 mai à 7h du matin,
les soldats français reçoivent l'ordre
de reprendre le poste.
À 8h45,
l'officier qui les commande,
leur ordonne de fixer les baillonnettes
au bout de leurs armes.
À 9h10, après un assaut qui fait deux morts,
côté français et quatre côtés serbes,
la position est reprise.
Au delà de l'action militaire,
l'assaut du pont de Verbania est aussi un symbole.
Celui de casques bleus français
déployé pour être une force d'interposition
entre les belligeants,
mais qui décide de faire cesser ce qu'il vivait
comme une miliation.
C'est un acte de guerre
décidé par des soldats de la paix.
Notre invité aujourd'hui, Michel Goya,
ex-colonel d'arrêtement d'infanterie de marines,
historien militaire,
deux fois déployé à Sarajevo
dans les années 90,
et auteur, l'an dernier chez Talandier
et du livre intitulé
Le temps des guépards,
la guerre mondiale de la France,
de 1961, à nos jours.
Affaire sensible, une émission de France inter,
diffusée en direct,
une émission Franconia,
chargé de programme Rebeca Donante,
réalisation Frédéric Milano.
Sarajevo, 27 mai 1995,
peu après 9 heures.
Les soldats français viennent de reprendre
le poste de Sierra Victor,
le bâtiment situé sur la rive droite
de la rivière de Sarajevo
à l'entrée du pont de Verpagna.
Machinalement, certains jettent
leur chargeur entamé pour en mettre
un plein, peut-être,
n'est-ce pas la fin, mais juste un répit.
Des douilles jonchent le sol,
les casques bleus français ont
tiré plus de 4000 cartouches
en 25 000 minutes.
À l'extérieur, des équipements qui traînent
le bâtiment sont mal blessés
pour pouvoir les soigner.
Ils sont 17 à avoir été touchés,
mais en vie.
Et il y a 2 morts.
Le blindé qui sert d'infirmerie,
le Babsan, crible et d'impact.
Mes hommes sont à gare
d'écrire le lieutenant L.A.
dont le sang coule sur le visage.
Puis, la relève arrive.
Plus tard, les journalistes
viennent de nouvelles.
L'envoyé spécial de France Info,
part de reprendre le poste d'observation
qui contrôle le pont stratégique de Sarajevo.
La difficulté,
c'est que ce poste, il l'avait eux-mêmes construit.
C'était un véritable bunker.
La difficulté, c'était aussi que les serbes
qui s'y trouvaient, détenaient des casques bleus français
en otage. La difficulté enfin,
c'est que ce poste était surplombé par 2 immeubles,
l'un tenu par des serbes,
l'autre par des boscniacs.
Tout le monde a d'ailleurs tiré, un français a été
blessé par un tir boscniac.
Les français ont donc donné l'assaut. Ils ont tué
dans leur rendement à 17 blessés,
ils ont aussi fait des prisonniers.
Malgré les pertes,
malgré le prix du sang,
les têtes se relèvent dans les rangs militaires français.
Sentiment au diffus.
Les soldats sont redevenus des combattants.
Plus prosaïquement,
l'un d'eux montait à l'assaut de Herbania
le 1er classe, le mari et résume.
On entendait dire
les casques benoffons rien,
mais là, on arrêtait de baisser notre culotte.
Ce même sentiment,
traversent le 1er juin 1995
un court d'honneur de la casque Herbania,
celle du 3e Rima, le 3e régiment
d'infanterie marine,
auquel appartiennent les deux morts et les 17 blessés
du pont de Herbania.
Des parents, des compagnons,
mêlent dans une même phrase la tristesse et la fierté.
Jacques Chirac-Ela,
pour rendre hommage au 37e et 38e soldat français
tué en ex-Gausse-la-vie,
le soldat, Jacques Hableau,
19 ans, et le caporal
Marcel Amaru, 25 ans.
La reprise des ponts de Herbania,
dit-il, devant les deux cercueils,
restera dans la mémoire
de los armés comme un symbole,
celui de la dignité retrouvée
du refus de toutes les humiliations.
La France
ne tolérera plus
que ces soldats soient
humiliés, blessés
ou tués impunément
par ceux qui ont
choisi de s'opposer
à leur mission de paix
et de protection des populations.
Notre présence militaire en Bosnie
est fondée
sur une idée simple et forte.
La sécurité de l'Europe
se joue aujourd'hui
dans cette région.
Nous n'accepterons pas non plus
le retour
de la haine ethnique
et de la barbarie
sur le continent.
Humainement, le bilan de l'opération est lourd,
mais pour la première fois
en son 27 mai 1995,
des casques bleus sont passés à l'action,
refusant de subir et d'encaisser,
refusant d'accepter sans broncher
les lacunes de l'engagement de la force produite,
la force de protection des nations unies.
Comme si, après
1146 jours de guerre,
il était impensable qu'il y en ait un de plus
qui ressemble au précédent. Bref,
il fallait bariser l'ordinaire,
le quotidien de la guerre d'une ville assiégée
depuis trois ans.
Au milieu conflit, les serbes tentent de prendre
ces arrières vaut d'assaut avant de renoncer au boudin un an.
Alors, ils assiègent la ville
et deviennent les jolies barbards
de 350 000 prisonniers.
Et ainsi,
chaque jour,
tondent des dizaines d'obus,
chaque jour, des snipers tirent sur tout ce qui bouge.
Un homme qui se rend marcher
en zigzagant pour éviter les balles,
ou une vieille femme qui s'arcle
des herbes folles pour améliorer son ordinaire.
C'est ce que le raconte-grand portait Rémiour Dant
dans le documentaire Le siège
qu'il a coréalisé et dont voici un extrait.
A ce moment de l'histoire,
il faut revenir en arrière
pour comprendre les raisons d'un conflit
qui a tué 130 000 personnes en six ans,
dont 11 000 à Sarajevo.
Pour décoder les raisons de l'éclatement
de l'ex-Yugoslavie,
ce divorce sanglant entre des peuples
qui vivent dans la ville de Sarajevo
et de la ville de Sarajevo
n'est pas le cas.
Il n'y a pas d'éclatement,
il n'y a pas d'éclatement,
il n'y a pas d'éclatement,
ce divorce sanglant entre des peuples
qui vivent ensemble
au sein d'une maison commune.
Jusqu'à son effondrement,
début de 1990,
le pays est un modèle de cohabitation
ethnique et religieuse.
On peut y être Croate,
Serbe ou Bosniak,
musulman ou orthodoxe,
et vivre à côté l'un de l'autre,
l'un avec l'autre même.
de six républiques, Cérbique, Roissy, Bosnia, Herzegovina, Slovenie, Macédoine et Monténégro,
un alliage forgé par un homme, le Marachal Tito.
En 1943, ce pur produit de l'international communiste regroupe derrière lui les résistants
du pays contre les nazis, leurs complices croates, les ustachis.
C'est même sans l'aide de personnes qu'ils s'en débarrassent, ni celles des alliés,
ni celles de l'armée rouge.
D'ailleurs, en 1948, Tito ron avec l'URSS, et fait de la fédération Yugoslavia la première
des nations non alignées.
Lorsqu'il a reçu à Paris en 1977, c'est avec tous les égards et les commentateurs,
lavateurs comme Roger Gickel sur TF1.
Bonsoir.
Le Marachal Tito, celui que l'on accoutume de désigner comme le dernier des grands de
la résistance au nazisme, l'homme qui, dans des conditions particulièrement difficiles
à suétablir en Yugoslavia un socialisme en marge de l'orbite stalinienne, Tito, symbole
d'un pays jaloux de son indépendance à l'égard des blocs, est arrivé en France cet après-midi
pour une visite officielle de trois jours.
Le Marachal Tito, fils d'un pauvre pays en croate, septième d'une famille de quinze
enfants, est quelque chose comme un phénomène historique vivant.
Tito est négoci boss en 1892 en Croatie, Tito s'est lancé longueur, un pseudo qui
l'utilisait déjà quand il appartenait au mouvement communiste clandestin.
Quand il sort en vainqueur de la seconde guerre mondiale, il garde le nom, Tito, le
grade qu'il saube trois, Marachal, et le pouvoir qu'il va avec.
Il reste à la tête de la République fédérative socialiste de Yugoslavia durant 35 ans, il
en devient le président à vie, selon la constitution qui l'a fait modifier.
Mais la vie sous Tito n'est pas une carte postale, et l'égo slavie n'est pas un
pays cocahagnien, les opposants sont toujours emprisonnés, parfois tués, les terres agricoles
collectivisés ne suffisent pas à nourrir le pays, et l'expression culte de la personnalité
semble avoir été créée pour celui qui coche toutes les cases des dictateurs, ou presque.
Car à l'encontre d'autres potentats, Tito ne n'abolit ni culture, ni religion.
Au contraire, comme il le dit lui-même, la Yugoslavia six républiques, cinq nations,
quatre langues, trois religions, deux alphabées et un seul parti, il aurait pu ajouter et
un se mettre.
Mais les dictateurs ne sont pas éternels, eux aussi meurent.
Madame mademoiselle monsieur, bonsoir, nous venons de l'apprendre il y a très exactement
10 minutes, le maréchal Tito est mort, il fallait autrefois être roi pour espérer
régner aussi longtemps, il était un fils du peuple et devint l'enfant terrible de
la révolution.
Avec de Gaulle et Mao Tse-Tung, Josip Brose, alias Tito, fut l'un des trois hommes au
monde qui de son vivant donna son nom à une manière d'être, une façon de penser,
à une philosophie politique, comme tous les hommes qui ont marqué de leur personnalité,
leur époque, leur pays et influencé le reste du monde, on est en droit de se demander
ce que sera demain la Yugoslavia une fois Tito disparu.
Tito meurt en 1980, la fédération Yugoslave, 10 ans plus tard, une mort lente, une délicéissance
que présentait le général de Gaulle, il n'y a pas de nation Yugoslave, dit-il en
conseil des ministres le 1er juillet 1964, non, il n'y a que des bout de bois qui tiennent
ensemble parce qu'ils sont liés par un bout de ficelle, le bout de ficelle c'est Tito,
quand il ne sera plus là, les bout de bois se disperseront, bien vu, et la maladie
évoluera pendant 10 ans comme autant de métastases, pendant cette décennie qui suit la mort
de Tito, les nationalismes montent, chaque République veut son autonomie et le voisin
devient ennemi, et ce qui complique encore la situation c'est que chaque nation sécessionniste
héberge sur son sol des ressortissants d'autres pays de l'exfédération, il y a des serbes
en Croatie ou en Bosnie comme il y a des croates en Serbie ou en Bosnie, alors qu'en
1992 la Bosnie Herzegovine, capitale Sarajevo, déclare son indépendance, la minorité serbe
qui vit craint pour son existence, et la Serbie, capitale Belgrade, s'empresse de lui porter
ce cours. Trois hommes sont à la manœuvre, il est
d'abord à Belgrade le politique, Slobodan Milzovic, 51 ans avec sa paratique communiste,
cet homme décrit sans charisme, et Pietro Rater, réussi malgré sa fadeur, a fait
déréderir lui les serbes de toute l'exugose la vie, les ficelles de ses discours ultradationalistes,
falsifiant l'histoire, sont un peu grosses, mais ça marche, Milzovic l'incendiaire.
A 280 km au sud-ouest de Belgrade, en Bosnie, on trouve Ralovan Cardix, ce psychiatre de
47 ans, formé à Sarajevo et aux Etats-Unis, porte le même discours que Milzovic, mais
son profil est différent, il a été jusque-là psychologue pour joueurs de foot, promoteur
de médecines alternatives, détenu dans une affaire de détournement de fonds et mauvais
poète à ses heures perdues. Quand l'aille ou gosse la vie se déchire, il est le président
de la République Serbe de Bosnie, une entité autoproclamée dont les territoires morcelés
à majorité Serbe entourent Sarajevo. Et enfin, parce qu'il faut bien un exécuteur des
baseurs, il y a le général Aratko Malajic, le boucher des Balkans, c'est son surnom.
Ce militaire de 50 ans, qui sera comme Milozevic Cardix jugé plus tard pour génocide, crime
de guerre et crime contre l'humanité, est entre autres le bourreau de Sarajevo que
ses troupes assiègent, bombardent et affament.
En 1992, les affrontements entre forces Serbes et Milis Bosniak sont encore contenus. Mais
semaine après semaine, ils tournent à la guerre totale. Une guerre de tribus résine
cyniquement François Mitterrand quand il se rend à Sarajevo en joie. Un voyage éclair,
un coup d'état politique à vocation humanitaire, mais l'incendie est hors de contrôle.
Certains n'y a pas de guerre propre, mais il y a sans doute des guerres plus sales que
d'autres. Et celle-ci en fait partie.
Dès la fin d'année 1992, le rapport d'une mission européenne fait la une des médias,
comme c'est son ralageité de France 2.
Les Serbes, en guerre contre les Bosniaks, violent fréquemment les femmes ou les filles
de leurs ennemis. Ce qui ajoute au crime, c'est que ces viols sont prémédités, programmés
en quelque sorte, ils appellent cela la purification d'orothéolirique.
Safa est sur le point de donner la vie, mais Safa déteste déjà cet enfant. Si elle
le pouvait, dit-elle, elle le tuerait. Sa vie a basculé au printemps dernier, le jour
où un soldat Serbe est entré chez elle et l'a violé toute la nuit.
Le rapport, dont quelques extraits ont été diffusés aujourd'hui, est à câblant. Les
viols, je cite, ne sont pas des incidents périphériques à l'agression, mais sont bel
et bien au service d'un objectif stratégique, celui du millier et de terroriser les communautés
et de les chasser de leur région d'origine, une véritable purification ethnique.
L'indignation occidentale ne change rien. En tout cas, pas le cours de cette histoire
sanglante qui s'écrivraient moins de deux heures d'avion de Paris. Discours après
discours, les dirigeants européens martèlent le mot « paix ». Résolution après résolution,
les Nations Unies votent embargo anti-Serbe et envoient des casques bleus. Mais rien n'y
fait. La guerre est bien de retour sur le sol européen pour la première fois depuis
1945. Et le siège de Sarajevo restera comme le plus long de l'histoire quatre ans, trois
fois plus longtemps que le siège de Stalingrad. Dans cette ville déchirée par la haine, ramener
les belligérants à la paix et l'ordre de mission des casques bleus, c'est surtout
inillusion. Le colonel Éric Sandal, arrivé à la miné 95 à Sarajevo, s'en rend
immédiatement. Lors de sa première inspection de Syrah Victor, le nom de code du poste
du pont de Verbania, une au granade tiré depuis un immeuble voisin cribe déclare le blindage
de son véhicule, bienvenue à Sarajevo.
C'est encore Fahrenheit.
Sous-titres réalisés par l'Amara.org
Sous-titres réalisés par l'Amara.org
Après une aignem, un aignem ultimatum, parce qu'il faut qu'il attendait quelque chose,
Paris, Londres et Washington ordonnent le 25 mai à des avions de l'OTAN
de mener des raids contre des dépôts de munitions serbes.
Les Nations Unies avaient prévenu les serbes.
Ils devaient restituer à l'ONU des armes lourdes avant aujourd'hui midi.
Les serbes ont fait la sourde oreille.
Et en milieu d'après-midi, à la demande de l'ONU des avions de l'OTAN
ont bombardé la région de Palais.
C'est la première fois depuis six mois, Stéphane Manier.
Le gros nuage, c'est le seul témoignage visible que l'on possède actuellement
du bombardement des forces aériennes de l'OTAN.
L'impact a eu lieu il y a quelques secondes.
Et déjà, des volues de grise s'élèvent à plusieurs centaines de mètres
au-dessus des collines entourant Sarajevo,
preuve que cette fois-ci, l'OTAN ne s'est pas contenté de larguer des bombes inettes.
Les objectifs sont à 17 km de là,
près de Palais, fièvre des serbes de Bosnie,
deux dépôts de munitions qui ont été atteints.
En représailles l'ONU et en plusieurs points de Sarajevo,
les serbes en cercle et prennent en otage 375 casques bleus,
dont 103 Français.
La situation n'est pas nouvelle.
Des soldats français l'ont déjà vécu un an avant.
Mais là, les négociations ne font pas baisser l'attention.
Il y a des échanges de tir,
or les serbes sont plus nombreux,
mieux armés, plus déterminés.
Certains Français veulent résister,
mais finissent par déposer les armes.
Je n'oublierai jamais le spectacle de ce poste
où nos fusils d'assaut étaient posés à même le sol,
raconte le lieutenant Deroch,
qui emploie le mot « capitulation ».
Avant d'enénumérer les raisons,
rapports de force très défavorables,
positions à tenables,
des amis qui ne peuvent pas grand-chose,
aucune solution replie absence de soutien sanitaire.
L'humiliation est terrible,
et certains soldats français sont au bord de l'arme.
Nos hommes sont exhibés comme des prises de guerre,
écrit le colonel Éric Sandal dans son livre
« Fervania, le mandat de la rupture ».
Ils sont attachés à des pots de taux
et dépouillés de leurs uniformes.
Les images de la téléserve
reprises par les chaînes internationales
illustrent l'impuissance de la force prenue.
On y voit des soldats menottés
enchaînés sous la menace de militiaires
en Cagoulet ou Gognard.
Les serbes les regroupent
en différents endroits judicieusement choisis.
Cazernes, dépôts de militiaire,
postes de commandement.
Les casques bleus français deviennent
à cause de la situation actuelle, vous serez considérés comme des césariers de guerre.
Avec sa voix cassante, habitué à soumettre quiconque,
Indich n'est pas un inconnu ici.
Indich, le commandant de la caserne de Lukavica,
fameux dans la région pour avoir dans le passé proche,
prit en otage les volontaires de première urgence,
puis les cinq pharmaciens sans frontières,
là, ce sont des casques bleus français
qui vont, pendant de longues journées,
devoir se plier aux exigences de sa voix forte,
de sa moustache et de son regard noir,
de ses actions de fureur et de ses bordets d'injus renommés.
A l'Elysée, le président Jacques Chirac,
nouvellement élu entre dans une colère noire.
Il ne comprend pas à la réticence militaire employée la force.
Et ce qu'il apprend, alors, ne le rassure pas.
Face au serbe, les français sont moins nombreux,
moins lourdement armés,
et les règles d'engagement onusiennes
sur le terrain ne sont pas claires.
Ou trop timides.
Tactiquement et militairement,
l'engagement des casques bleus n'a aucun sens.
Les serbeux se moquent bien de la fureur chiralquienne
comme de l'attentisme militaire.
À Sarajevo, ils ont ciblé leur prochain objectif.
S'emparer des accès au pont de Verrabaña
est donc du poste français qui le borne.
C'est que ce pont est une importance stratégique.
Celui qui le tient à en ligne de mire,
à quelques centaines de mètres de là,
les immeubles de la présidence
et des principaux bâtiments publics.
Autrement dit, un boulevard vers le cœur de la ville.
Sur le papier, il faut donc pour les serbes
prendre sire à victoire.
Dans la réalité,
il leur faut se rendre à l'évidence un assaut et suicidaire.
L'installation est fortifiée
comme le confirme un jeune officier de 33 ans
du troisième régiment d'infanterie de Marine,
le Capitaine Le Cointre.
Construant longueur, 65 mètres,
sur la berge sud de la rivière,
le dispositif comporte un poste d'observation est
par lequel on accède au site.
Puis une zone vie composée de trois conteneurs
et enfin un long couloir d'une trentaine de mètres
qui permet d'accéder au poste d'observation ouest.
Le tout se présente de l'extérieur
comme un véritable bunker de sacs de sable et de bastion.
De l'intérieur, comme un dédale de couloir étroit,
de recoins et de renfoncements sombres,
de boyaux qui font plus penser aux tranchées de 14-18
qu'à quoi que ce soit d'autre.
Ils ne forteraient donc
que les serbes ne prennent pas par le coin
mais par la ruse.
Dans la nuit du 26 au 27 mai,
vers quatre heures et demie du matin,
les soldats de Général Mladic investissent le poste
sans tirer un coup de feu.
Et pour cause,
ils sont arrivés presque tranquillement
dans des blindes des Occidentaux,
casques bleus sur la tête et gilets par balles
siglés au nu sur la poitrine.
Les doux soldats français qui montaient la gare
cette nuit là sont prisonniers,
si R.A. Victor ne répond plus.
Espérons que ces hommes de son camp dormi
ou que la radio est en panne,
le capitaine de Cointre se rend sur place.
Un serbe lui enfonce le canon
de sa kalashnikov dans le ventre.
Le sergent qui accompagne le capitaine,
invisible jusque-là,
lui colle son arme sur la mâchoire du serbe
qui le laisse repartir,
ainsi que l'autre français.
Alors le Cointre, le plus vite possible,
rend compte, comme disent les militaires,
il fait remonter l'information à son commandement.
Les serbes tiennent désormais le pont de Verbagna.
Il est 5h du matin.
Le commandement est sous la responsabilité
de Général R.V. Gobiard.
C'est le plus haut gradé français sur place.
C'est même depuis 9 mois le plus haut gradé tout court,
puisque c'est lui qui commande la force
d'un sarajevo.
Les casques bleus, français au nom,
sont sous ses ordres.
Il sait qu'il faut réagir immédiatement
avant que les serbes ne renforcent leur position.
Il sait aussi qu'à l'Elysée,
Chirac t'empête depuis des jours
contre l'inaction des militaires.
Il sait encore qu'il n'a aucun cadre légal
pour agir.
Non, les soldats de la peine peuvent que reposter,
réagir en cas de légitime défense.
Or, les serbes n'ont pas tiré un seul coup de feu
pour s'emparer de la position.
Il sait enfin
que s'il donne son feu vert,
il sera responsable d'impossibles carnages.
Moi, vers 6 heures du matin,
le colonel May, qui est mon chef d'État-majeur,
me dit
les serbes viennent de prendre
par surprise le pont de Verbania
qu'on est prêt à le reprendre.
Et je dis oui.
Et donc on montre cette opération
de reprise du pont.
Sans aucune autorisation,
qu'elle soit internationale ou nationale.
C'est-à-dire, c'est le terrain
qui reprend l'initiative.
Une des raisons pour Verbania
c'est qu'en donnant le pont de Verbania
aux serbes,
c'était la clé d'entrée dans la ville.
Même si théoriquement
nous étions en interposition,
il y avait dans la ville un certain nombre
de dizaines de milliers de personnes
qui auraient été étrucidées
par les serbes.
Douze ans plus tard,
dans la revue citée, le général Gobillard
revient sur cet ordre donné.
J'étais obligé d'élargir
la notion de légitime défense, dit-il.
Il n'y a pas eu un coup de feu
tiré dans la prise du pont par les serbes.
Si j'avais appliqué à la lettre
la notion de légitime défense,
je n'aurais pas engagé
d'action militaire en représailles.
À 6h45, alors que les plans
de la sauvienne de lui être présentés,
le général confirme son ordre,
cire à victoire.
Le capitaine Le Cointe
sert la main de chacun de ses hommes.
Il est 8h.
Puis les soldats montent dans des blindés.
Longe le cimetière juif de Sarajevo.
Puis débarque des véhicules.
Il est 8h20.
Les Français entamalorent leur progression
silencieuse vers l'objectif.
25 minutes plus tard,
ils sont au pied du pont.
Par radio,
on leur confirme que des blindés sont en appui
et qu'ils braquent leurs canons
sur prise unique et centrale,
les surnoms donnés à 2 immeubles
qui surplombent le poste de Verbania
ou sont embusqués des tireurs serbes.
Là, les Marsoins,
autrement dit les soldats et 3e Rima,
fixent la baignonnette
au canon de leur famous, leur fusil d'assaut,
comme les poids lus dans les tranchées
pendant la Première Guerre mondiale,
ou les troupes napoléoniennes
quand elles chargaient dans la fureur de bataille
ou étaient engagées des dizaines de milliers d'hommes.
En cette fin de 20e siècle,
la lame qui prolonge le canon
du fusil et surtout un accessoire
de défis l'éducateur juillet,
presque un anachronisme,
jusqu'à ce 27 mai 1995.
Le lieutenant est loin,
l'un des premiers à mener la charge écrit,
la baignonnette au canon
s'est intellectuellement rassurant
pour celui qui monte à l'assaut
et c'est terrorisant pour celui qui est en face.
Le capitaine Le Cointre
annonce le peuple départ
il est 8h45.
C'est le premier groupe de la section
qui monte à l'assaut, qui immédiatement se fait clouer.
Le lieutenant monte avec le deuxième groupe,
franchit le découvert,
moi je suis avec ce deuxième groupe
et prend la première partie du poste.
Brutalement,
on se retrouvera attrapé par ce qui est
le plus extrême dans le combat.
Le corps à corps.
Ce qui est très incroyable,
c'est d'abord
d'avoir eu à vaincre sa peur,
c'est très difficile
une fois que sa peur est dépassée,
le sentiment que plus rien ne va nous arrêter
et qu'on ira à quoi qu'il arrive
et qu'on va se venger de cette peur qu'on nous a impliquée.
Le sentiment
d'une sorte de jouissance
à pouvoir enfin agir
et avoir des gens qui tombent
en face de nous.
Tout ça alimenté
par
la souffrance qu'on éprouve
de voir nos hommes tomber à côté de nous
et l'envie de l'évangé.
De fait, la souhait est terrible.
La section qui le mène
compte 34 hommes.
Le premier groupe, celui qui s'empêche
d'entraîner par le velet
écloué au sol par les tirs serbes
et en persing blessés.
Mais la progression des soldats français
continue vers la zone vie du poste.
Je ne pense plus à rien,
ni à ma famille, ni à la peur.
Les autres devant moi, on y poste en fond
sans racontant le caporal chef.
Le marsoin, Jackie
un blow, grimpe sur un toit pour
couvrir l'avancée. Il est cueilli par
la balne à sniper.
C'est le premier tuet français.
Marcel a maru et lui aussi mortellement touché.
Quelques instants plus tard,
le lieutenant Helvin lance une grenade
avant d'entrer dans la zone vie.
Une bouteille de gaz explose,
il est touché à la tête et perbrièvement conscience.
Les serbes reculent,
mais à quel prix?
Des français
continuent de tomber dans le fracas
des tirs et des grenades.
Nous tuons deux autres serbes,
nous avançons, mètre par mètre,
rapporte le capitale Le Cointre.
Mais compte tenu du nombre de blessés
et du fait qu'il a fallu laisser des hommes
pour tenir les zones reconquises,
nous ne sommes plus que cinq
pour investir le dernier éduit.
D'or, les chars français continuent de pilonner
les immeubles ou viennent les tirer des mitrailles de serbes.
De dedans,
il ne reste plus que quelques mètres à franchir
pour que le poste soit repris.
Bref, un stand répit,
avant que le capitaine et les quatre hommes
avec lui ne s'élancent à nouveau.
Mais face à eux,
ils voient deux soldats français
prisant d'otage dans la nuit,
avec au creux des reins des calchiniques de serbes.
Le combat s'arrête là.
Il est 9h08,
il y a deux morts
et 17 blessés sur les 34 français
et jusqu'au soir,
se joue une autre partition.
Sur fond de menaces de chantage,
de rapports de force,
français et serbes échangent aux prisonniers.
Dans la nuit qui suit,
les serbes quittent définitivement
les lieux si rapide et repris.
Je voudrais saluer le sang froid,
la détermination
des soldats français,
casques bleus,
qui aujourd'hui
défendent notre conception de la paix
en besnie et défendent
l'honneur de la France.
Plus de 90 casques bleus français
qui sont retenus en otage,
on a vraiment le sentiment
que la France est en première ligne.
Bien sûr que la France est en première ligne,
car la France
n'acceptera plus
l'inacceptable.
Les maux de Charmillon,
alors ministre de la Défense
au journal télévisé,
sont bien creux avec le recul.
Les français,
au tâche des serbes,
ne seront en effet libérés que
des semaines plus tard.
Voilà.
Verbania aurait pu,
aurait dû même,
être un tournant.
A la revanche,
des casques bleus sur l'humiliation
auraient pu,
auraient dû succéder
de nouvelles manières d'agir
pour les soldats de la paix.
Mais Verbania n'a pas été
ce sourceau.
L'assaut sourcière à victoire
n'a pas infléchit le corps et la guerre.
Moins de deux mois après,
c'est dans la ville de Srebrenica,
pourtant déclaré sous contrôle de l'ONU,
2000 pires massacres en Europe
depuis la seconde guerre mondiale.
8000 Bosniaks,
comprengues musulmans,
dans l'esprit serbe,
sont tués par les forces
du général Mladic.
A la fin d'année 95,
c'est la signature
des accords de Dajton
qui enterrinent la fin
de la Bosnière Dzegovine.
Deux entités sont créées,
l'une Bosniak,
l'autre Serbe.
L'un des signataires
est Slobodan Milzevic,
le président serbe.
Finalement arrêté en avril 2001,
il comparait pour crime
contre l'humanité
devant le tribunal pénal
international pour Lexi Goslawi.
Il meurt en 2006,
alors que son procès est en cours.
Karadzik, lui,
est arrêté en 2008,
puis condamné
pour génossie
des crimes contre l'humanité.
Il purge une peine
de réclision aperpétuité.
Enfin,
Radko Mladic,
le général,
le boucher des Balkans,
est arrêté en 2011,
également condamné
à perpétuité
pour génossie
des crimes contre l'humanité.
Fin 1995,
après les écords de Dayton,
la forprenue orange
et casque bleue
au profit d'une nouvelle force
internationale,
l'IFOR.
C'est l'autre temps
qui remplace l'ONU
et ça change le rapport
de force avec les militaires.
La posture
des soldats
de cette coalition
est plus guérière
et les règles d'engagement
sont plus claires.
Le capitaine Le Cointre,
lui, prend du grade,
jusqu'à devenir en juillet 2017,
chef d'État-major
des armées
la plus haute autorité militaire.
Mais,
même à ce poste-là,
qu'il a quitté en juillet 2021,
il n'a jamais cessé
de revenir
vers 27 mai 1995
au pont de Verbania.
Ces combats ne laissent pas
indemnes,
ceux qui y ont participé,
parce qu'ils ont dû tuer.
Je pense que c'est le principal,
qu'il faut rappeler,
quand même.
Je l'ai découvert
et d'autres l'ont découvert
et mes hommes l'ont découvert,
mais,
dans le corps à corps
d'un assaut,
on le découvre
plus que n'importe où ailleurs.
Voilà.
Parce que ça renvoie
à la bestialité,
ça renvoie à la mort,
ce sont des histoires
de violences dépassées
et maîtrisées ensemble
et ça,
c'est quelque chose
d'absolument terrible.
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
Aujourd'hui, la prise du pont de Verbania,
Sarajevo,
dont nous parlons
avec notre invité Michel Goya.
Bonjour.
Bonjour.
Vous êtes un ancien colonel
de la fanterie de Marine,
historien militaire,
vous êtes l'auteur,
j'étais l'an dernier
du livre intitulé
Le temps des guépards,
la guerre mondiale
de la France
de 1961.
Bonjour.
Alors, 61,
parce que ça part
de bizarre.
Je vous ai demandé tout à l'heure.
Ça part de la première
intervention de ce type.
Et vous avez été déployés
deux fois à Sarajevo
dans les années 90.
Je vais recueillir
votre témoignage
ce qui court
tout au long du récit.
C'est la question
qu'on n'a pas fait de se poser
sur le sens
de la mission
des casques bleus.
Bon sang.
Quel est donc ce sens?
On dirait des militaires
déguisés en diplomates
ou diplomates
avec des armes.
On sent quelque chose.
On est dans un autre
de difficile à gérer.
Oui, bien sûr.
On est des instruments
de diplomatie.
En fait,
vous avez bien utilisé
les mots.
C'est-à-dire que,
pour situer,
moi je suis parti
à Sarajevo
en juillet 1993.
Alors pourquoi?
À ce moment-là,
la France avait décidé,
enfin poussé
à l'adoption
d'une résolution
des Nations Unies
du Conseil de sécurité
pour la protection
d'un certain nombre de villes.
Srebrenica,
Gorazde
et Sarajevo.
Et quelques autres.
En disant,
l'ONU s'engage
à protéger ces villes.
Avec le succès
que l'on sait,
on reprend
ça à Srebrenica,
par exemple.
Mais,
mais surtout,
la France dit,
on va,
nous on fait un geste,
on en va tout de suite
un bataillon
à Sarajevo.
Ok.
Alors le bataillon
de Sarajevo,
ce sera formé essentiellement
par le 21ème régiment
d'infanterie de Marine
de Fréjus.
Pourquoi?
Parce que,
alors c'est un bon régiment,
il n'y a pas de soucis là-dessus,
on était prêts,
on était...
Mais,
parce que
le ministre
de la Défense de l'époque
François Léotard
était aussi maire de Fréjus.
Donc,
il envoie son régiment.
Donc,
nous on l'appelle,
on dit voilà,
dans 2 semaines,
on est à Sarajevo
pour 6 mois.
On n'était pas d'alerte,
on n'était de rien.
En plus,
c'est parti du détachement
à l'avant-garde,
si vous voulez.
Dans l'endroit le plus dangereux du monde.
Oui, oui.
Donc on nous envoie
sans aucune
préparation
dans l'endroit
le plus dangereux du monde
à ce moment-là.
Nous, on l'était,
en fait,
on l'était assez content.
C'est un régiment
comme ça,
pour faire ce genre de
choses.
Mais,
arriver sur place,
on demande,
bon,
quelle est notre mission,
en fait,
on ne sait pas.
Il n'y a pas de mission.
Vous êtes là.
Vous êtes là,
oui, oui.
Donc vous allez vous mettre
en réserve au fond
dans la vieille ville
de Sarajevo.
Vous allez constituer
le Bataillon n°4
français.
Et, voilà,
puis vous attendez
quand vous donnez des ordres.
Donc,
nous voilà partis
au fond de la ville de Sarajevo
ou dans l'heure qui suit,
on a déjà perdu
un homme
attaqué
pour le coup
par des mediciens boscniacs.
Parce que
la ville,
à ce moment-là,
les choses sont différentes après.
Mais,
dans l'année 1992
et surtout 1993,
la ville est assiégée
aussi de l'intérieur,
par
des brigades de mafieux boscniacs,
dont
Tzatzero,
un ancien guitariste,
Proxenet,
devenu chef de guerre,
qui égorge
le fils du chef de la police boscniac
juste avant qu'on arrive.
Et nous,
on nous affecte
au milieu de la zone
tenue par cet individu.
Et donc,
dès qu'on arrive,
c'est parti.
Je connais,
ça fait 2 heures
quand on est arrivé
dans la ville
et c'est notre premier combat.
Et quel est votre sentiment
et le sentiment de vos hommes?
On se dit que
ça va être compliqué,
que ça va être très long,
qu'il faudra trouver
quand même rapidement
du sens
à ce que l'on fait ici
et au risque que l'on prend.
Et ce sera d'ailleurs
la mission de mon chef
à ce moment-là.
Je connais le traquis
qui arrive quelques semaines plus tard
et qui dit,
voilà,
on n'a pas de mission
mais on va s'en donner une.
Et vous allez
au milieu de la population.
Donc,
on m'affecte
un tout empaté
de maisons
et plusieurs milliers d'habitants
et on me dit,
voilà,
quand tu pars dans 6 mois,
tout le monde doit pleurer
de tristesse
sans trouver un parti.
Donc,
tu te mets au milieu de la population,
tu les aides comme tu peux,
etc.
Et tu immerges
dans cette population,
tu donnes un sang.
Enfin,
c'est comme ça
qu'on donnait un peu un sang
sans l'attraction,
sachant qu'après,
il s'est passé
en réalité,
plein de choses,
des expériences,
des multiples
dans les différents mandats.
Enfin,
en gros,
pour simplifier
la plus grande partie
du lieutenant,
ça a été de lutter
contre les snipers,
c'est-à-dire de lutter
contre tous les gens,
bossniak ou serbe,
qui nous tirent dessus.
Donc,
c'est important de dire
bossniak ou serbe,
parce qu'à une représentation
mentale trop simple,
on imagine
qu'il n'y a qu'un agresseur,
finalement,
les serbes.
Le comportement des bossniaks
est aussi
de ses militiers,
en tout cas,
par rapport à la population civile.
Oui, bien sûr,
mais c'est ça,
c'est-à-dire que
en fait,
les choses sont beaucoup plus complexes
et beaucoup plus ambigues.
Particulièrement,
cette période,
pourquoi?
Parce que,
à la fin de l'année 93,
le nouveau gouvernement
bossniak de Sarajevo
décide de reprendre
des choses en main.
Donc,
vous avez des combats
à l'intérieur même
de la ville,
où le gouvernement
bossniak,
comment dire,
met la main,
enfin,
réduit et élimine
tous ces mafieux.
Et le fameux tzatzō,
notamment,
qui avait égorgé
les fils de chef de la police,
a été pris en compte
directement par le chef
de la police.
Donc,
un sort assez funeste,
ce qui n'a pas empêché
qu'il soit enterré,
comme avec tous les honneurs,
d'un héros,
d'un héros de la guerre.
Donc,
tout était en réalité
très ambigus,
tout était assez complexe.
La plupart des gens
qui ont été touchés,
qui ont été tués ou blessés
à l'époque où,
en 93,
l'ont été part
des bossniak en réalité
à l'intérieur de la ville.
Et vous,
le plus grand danger
pour vos troupes,
c'était d'être victime
d'un tir de sniper?
C'était ça?
Quand vous sortiez dans la rue,
c'était quoi,
l'état d'esprit?
Il faut bien comprendre l'ambiance, oui.
On est dans quelque chose
qui est là aussi,
qui est complètement suraliste.
Vous imaginez une ville vide,
parce qu'évidemment,
il y a personne qui circule.
Il y a quelques voitures,
donc vide et silencieuse.
Et puis,
le seul bruit que vous entendez,
ce sont des obus.
Ils tombaient en moyenne
250 obus par jour,
par jour.
Depuis les collines de palais?
Tout autour,
tout autour de la ville,
sur la ville,
250 obus.
Car ils tombaient
moins de 250 obus,
sur les comptes rendus,
rien n'est signalé.
Journée calme.
C'est terrible.
Et voilà.
Et puis,
vous avez aussi
les snipers.
Donc,
c'est des tueurs
qui étaient tout autour
de la ville,
et dont le but premier
était de tuer le maximum
d'être vivant dans la ville,
parce qu'ils tuaient
même les animaux.
Et en grande partie,
à partir de l'envoi,
le pont de Verbania
se trouve à côté
d'un quartier
qui était tenu
par les serbes,
le quartier de Gorbavica.
Et c'était
de ces bâtiments
pour que
sévisser
toute la plupart
de ces snipers,
et notamment
sur une longue avenue
qui était baptisée
Sniper Allé,
et sur laquelle,
chaque fois qu'on franchissait,
on prenait des obus.
On s'est arrivé
de passer,
d'avoir un obus
qui tombe juste derrière
moi,
ou de se faire tirer dessus,
ce qui est arrivé
assez régulièrement.
Et pour un soldat,
ça va être difficile à vivre,
que de ne pas faire
la guerre
selon les codes
de la guerre,
armée contre armée.
Là,
vous êtes un armée
au centre
d'un chaos
dans lequel
il y a des militiens,
des civils.
C'est la question
du centre
de votre métier,
de votre mission,
à ce moment-là.
Bien sûr,
on se demande
à quoi ça sert,
à quoi ça sert de prendre des risques,
de faire prendre des risques
à nos soldats,
pour des choses
qui sont
sans utilité,
voire qui appressent
absurde.
J'en ai juste un exemple.
Oui.
L'aéroport de Sarajevo
se trouve
complètement
à l'ouest de la ville.
Il touche la ville.
Vous l'avez évoqué,
François Mitterrand
avait fait un voyage,
avait attiré
sur cet aéroport,
avait obtenu
que
cet aéroport
serve de base,
soit tenu
par les forces
des Nations Unies,
et serve
de cordons billicales
avec l'aide alimentaire,
mais à une condition.
Les serbes avaient accepté
ça.
À une condition,
vous empêchez
les habitants de fuir.
Et donc,
une des missions
des soldats français,
puisqu'il y avait
un bataillon français
sur cet aéroport,
consistait,
le soir,
on appelait ça le crossing,
à empêcher
les habitants de fuir.
Donc, des gens
qui arrivaient,
qui essaient de sortir
pour rester là.
Et la deuxième partie
de la mission,
c'était d'aller récupérer
les cadarves de ceux
qui avaient essayé
de franchir,
et qui se retrouvaient
dans le champ de tir
des snipers,
et les retiraient
sur la piste d'éviation
avant que les avions
arrivent.
Donc là,
le genre de situation
dans laquelle
on se retrouvait
concrètement,
à l'envers,
à l'encontre,
également
de tous les principes
militaires,
de tout ce qu'on a appris.
Une expérience douloureuse,
on peut là,
la qualifier,
comme ça,
beaucoup,
mais en même temps,
finalement,
assez exaltante.
Moi,
je me supportais volontaire
pour rester
à la fin de mon mandat.
J'ai demandé
à rester
pour accompagner
ceux qui arrivaient
les nouveaux.
Deuxième régiment
d'infanterie de Marine,
d'autres marçons
que nous.
Et voilà,
parce que
moi,
je trouve cette mission,
c'est de loin,
la mission,
je ne vais pas dire
la plus intéressante,
la plus passionnante,
mais quand même
la plus forte,
ce que j'ai connu
dans ma carrière.
On va se retrouver
dans trois minutes
après avoir écouté
Florian Marché,
l'Éclercie,
ou l'incendie,
on parlera
de la sauce
sur le pont des Verbagnas.
Garde-moi quand tu cours
à ta perte.
Garde-moi quand ton cœur
est inerte.
Et tes rues
désertes.
Garde-moi quand plus rien
n'est sublime
devant les éclats
de vitrine
et le bleu
Marine.
L'Éclercie,
ou l'incendie,
je ne te reconnais pas
pourquoi tu fais ça.
Dis-moi,
est-ce que tu crois
qu'on entendra
mieux t'avoir?
Garde-moi quand ton cœur
est inerte.
Et tes rues
désertes.
Et tes rues
désertes.
Et tes rues
désertes.
Garde-moi quand
le monde nous dégoûte
quand il fait ses sorties
de route.
Ses voyages
en soute.
Garde-moi quand tu n'as
que tes points
plus personne pour tendre
la main
plus que des ronds
points.
L'Éclercie,
ou l'incendie,
je ne sais pas
pourquoi tu fais ça.
Garder-moi quand
ton cœur est inerte.
Et tes rues
désertes.
Et tes rues
désertes.
Garder-moi quand
ton cœur est inerte.
Et tes rues
désertes.
Garder-moi quand
ton cœur est inerte.
Et tes rues
désertes.
L'Éclercie,
ou l'incendie,
je ne te reconnais pas
pourquoi tu fais ça.
Fais-moi
qu'on est vraiment
plus chez soi.
Je ne me reconnais
pas
dans tes combats
Tu as mis chaud du poids, et ta colère ne me va pas.
France Inter.
Affaire sensible.
Michel Goya, vous, le militaire, quel est votre regard sur l'épisode que nous avons raconté, la prise du pont de Verbania par les casques de la France?
Le pire dans une mission pour un militaire, c'est de subir les choses, de subir les coups sans pouvoir faire quelque chose, être complètement impuissant d'être dicoté.
Moi, je n'ai pas eu ce sentiment, parce qu'on faisait plein de choses, on l'a combattu, on s'est battus, on n'avait pas le même niveau de violence que l'attaque du pont de Verbania, mais on n'a pas subi.
Mais avec cet attaque, c'est au moins des forces françaises qui montraient qu'on a décidé de ne plus subir.
C'était un combat pour l'honneur, accessoirement c'était le combat le plus violent, plus grand volume qu'on ait connu.
Il y a eu d'autres combats, il y a eu des combats aussi depuis le combat à Mogadishu en réalité, il y a eu des combats en juin 1993, personne n'a jamais entendu parler, mais les français se sont battus.
On s'en souvient avec les américains et les fondoirs, mais pas les français effectivement.
Exactement, qui étaient au même endroit, qui ont fait la même opération quelques mois plus tôt, mais qui ont réussi au passage.
C'était très violent, mais ces épisodes étaient rares malgré tout, on était dans un contexte général où la France, président république, François Mitterrand,
pour dire d'un mot, refuser, d'engager, à part l'exception de la guerre du Golfe, refuser que les seuls-à-français combattent. Donc c'était la source d'un certain nombre d'épisodes très frustrants, comme le Beyrouth, comme d'une autre manière l'engagement en Rwanda, etc.
Et puis la forprenue, c'est... Alors, je l'avais évoqué, en réalité, les choses vont basculer à l'été, où là, effectivement, on rentre véritablement en guerre contre les Bosnossères.
On décide de faire la guerre, voilà. Jusqu'à l'heure, on ne veut pas faire la guerre.
Sous l'égis du général Morillon, notamment.
Non, non, il était bien avant, lui, il était en 1992, mais le général Morillon a fait ses débattus dans ce contexte d'impuissance dans lequel nous plaçaient les nations unies.
Oui, il a beaucoup exprès, mais...
Oui, oui, bien sûr, mais il a fait de grandes choses.
Mais voilà, on fait la guerre, en fait, à l'été. C'est le vrai tournant, c'est le massacre de Srebrenica.
Et là, on dit, c'est plus possible, donc on fait la guerre.
Et ce qui est important de voir, c'est qu'en deux semaines, le problème est résolu.
Pourquoi n'aurait pu le faire avant?
Exactement. C'est-à-dire, si, dès le début, on a essayé de faire la guerre, on aurait évité des souffrances épouvantables.
Puisque vous êtes historien également, cette guerre en ex-gosse-la-vie, elle était frappante, parce que c'était depuis longtemps le premier conflit sur le sol européen, dans l'espace européen.
Et on a l'impression qu'aujourd'hui, c'est un conflit lointain, si lointain qu'il est peut-être même un peu oublié.
Oui, bien sûr. Alors c'est un peu le propre, presque de tous les engagements militaires que l'on fait.
Alors qu'il y a plus de 20 000 Français qui ont été engagés en Bosnie, c'est un engagement majeur.
Vous avez 55 qui sont tombés de 1992 à 1995, d'autres après dans les émissions suivantes, mais pas au combat.
Mais c'est autant qu'en 10 ans de présence au sel, par exemple, en 10 ans de combat au sel, pour 3 ans en Bosnie.
Mais à l'époque, on n'écrivait pas, la Français n'écrivait pas, on en faisait pas beaucoup.
Et puis on passait autre chose très rapidement, on multipliait l'émission en ce moment-là très rapidement,
on s'est engagé sur autre chose, on va partir sur l'Afghanistan, puis après on va partir au sel, etc.
Un événement, une opération chasse l'autre. Mais dans les mémoires, ça reste.
Bien sûr. On va finir sur une note plus anecdotique, une scène que vous avez raconté,
comment des casques bleu-égyptiens s'étaient vu livrer des planches à voile, en plus de guerre.
Pour prendre comprendre, 1995, c'est la dernière année où on concitura des bataillons français,
où à nu, on dira, voilà, cette expérience, c'est terminé.
On fera d'autres choses, mais cette expérience, c'est terminé.
Mais il faut bien comprendre qu'il y a beaucoup de nations qui sont volontaires pour fournir des bataillons aux Nations Unies,
parce que globalement, c'est un peu une vache allée, les Nations Unies.
Vous fournissez, les Nations Unies payent les soldes, payent tous les équipements,
et donc c'est l'upin béni pour des nations qui envoient leurs soldes-là,
qui en retirent beaucoup de bénéfices, sans faire grand-chose.
Et il se trouvait à ce moment-là qu'il y avait en Bostéie deux bataillons égyptiens,
qui étaient sur l'adriathique, sur bord de l'adriathique, un à Sarajevo,
et un jour, en voie arrivée d'un conteneur à Sarajevo, des planches à voile,
qui étaient destinées aux bataillons égyptiens, alors il y avait eu erreur sur le bataillon,
au lieu de partir vers l'adriathique, il était parti sur Sarajevo,
alors tout ça évidemment financé par les Nations Unies.
Très bien, merci infiniment, Michel Goya, au revoir.
C'était Affaire sensible aujourd'hui la prise du pont de Verbania,
une émission que vous pouvez réécouter en podcast, bien sûr,
à la technique qu'aujourd'hui il y avait Florian Dorimini.
Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
durée :00:54:49 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Aujourd’hui dans Affaires sensibles : Vrbanja, le dernier assaut à la baïonnette de l’armée française.