La source: 10 juillet 1976 : la catastrophe de Seveso

Radio France Radio France 4/7/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript

France Inter

Aujourd'hui, d'en refaire sensible, 1976, la catastrophe de Cévézo en Italie

qui nous renvoie également à la journée du 26 septembre dernier en France.

Au petit matin, ce genre-là, a Rouen se réveillé au son des sirènes sous un net de pénuages doirs

dans une odeur d'enfer.

Quelques heures plus tôt, au beau milieu de la nuit,

un violent incendie s'est déclaré au sein de l'usine chimique de l'entreprise américaine Lubrizol.

Depuis 2009, ce site industriel est classé Cévézo-Soy-O.

Cévézo, un mot qui fait frémir.

Mais de quoi est-il le nom exactement?

Avant d'être le synonyme d'une réglementation européenne sur les risques industriels,

Cévézo, bourgade italienne de Lombardie, a d'abord été le théâtre d'un drame qu'on aurait pu éviter.

L'histoire d'une catastrophe industrielle, qui bien avancelle de Bhopal en Inde ou de Tchernobyl en Union soviétique,

fut la première à frapper l'opinion.

Aujourd'hui, elle ne voque plus grand-chose peut-être parce que, officiellement, elle ne fit aucune victime directe.

Ce serait oublier les évacuations en catastrophe.

Les 183 enfants aux visages couverts de pustule, les avortements au série, les habitations rasées,

les 220 000 personnes placées sous surveillance médicales, l'abattage de 77 000 têtes de bétail et l'abattement des rivins.

Pour toutes ces raisons, Cévézo marquera le début d'une prise de conscience de la dangereusité de certains sites industriels.

Notre invité aujourd'hui, Patrick Lagadec, directeur de recherche honoraire à l'école polytechnique,

spécialiste des risques majeurs et des situations de crise, son dernier livre, intitulé le temps de l'invention,

« Femmes et hommes d'État aux prises avec les crises et ruptures en univers chaotiques »

s'apprécie, a été publié en juillet dernier aux éditions préventiques.

Affaire sensible, une émission de France Inter en partenariat avec Lina, préparée aujourd'hui par Margot Pinel,

coordination Christophe Barreur, réalisation Coyen-Güyen.

Fabrice Drouëlle, affaire sensible.

Sur France Inter.

Samedi 10 juillet 1976.

A mi-chemin entre Miloreco, sur l'autoroute qui pique de roi au nord, vers les Alpes et les Lacs,

un panneau indique la sortie Cévézo et Meda, petite ville périphérique.

En bordure de route, les champs de blé et de maïs sont peu à peu laissés places aux usines,

formant l'un des longs tentacules industrielles de la capitale Lombard.

Ici, on vit encore entre deux âges, un pied dans la terre, un pied dans la grande marche du progrès.

Dans la torpeur estival d'un samedi ensoleillé, Stéphania et Alice Seineau, 2 et 4 ans jouent sur la terrasse

et leur maison de Meda, comme deux soeurs bien sages.

Leur mère est à l'intérieur et prépare le repas.

Il est midi-37.

Quand soudain, le soleil se voile, un immense nuage blanc dense et puant envahit le ciel, la terrasse, la cuisine.

Les paillettes de poudre blanche se répandent comme la brune sur les arbres et sur l'asphalte,

et sur le couvert que cette maman italienne a si bien dressée dans le jardin.

Mme Seineau se précipite alors dehors, empoigne ses deux démines et se calfeute à l'intérieur.

De la fenêtre, elle observe les panaches de fumée rougeâtre qui jaïissent de la cheminée de l'usine voisine

Ichméza, située à une centaine de mètres seulement.

Stéphania, la plus petite de la famille, a presque tout oublié de cette journée, qui pourtant va bouleverser sa vie.

30 ans plus tard, et pour la première fois, elle remonte le temps au micro de la télévision suisse de Vizera.

Le 10 juillet 1976, je venais juste de fêter mon deuxième anniversaire, et je ne me souviens plus de rien de ce jour-là.

Ma mère m'a dit qu'elle, elle se souvient qu'il y a eu un gros nuage, mais on sait bien que dans les zones industrielles comme ça, il y a souvent ce genre de fumée.

Donc elle n'y a pas accordé beaucoup d'importance, même si dans l'air, il y avait une odeur particulièrement acre.

Debout depuis presque 20 ans, l'oublierait presque l'usine Ichméza avec ses briques rouges, ses citères le blanche, ses allures de pénitentier.

Elle appartient au décor, et elle appartient surtout au groupe Givaudan, filiale de la multinationale suisse Hoffmann La Roche, l'une des plus grandes entreprises pharmaceutiques du monde.

Deux sans ouvriers travaillent ici dans la fabrication de produits chimiques, pour la parfumerie, les cosmétiques, l'industrie pharmaceutique.

Un marché juteux. De temps à autre, Ichméza se rappelle à tous avec son odeur de souffre et de clore, mais en ce 10 juillet 1976, elle a presque disparu sous le nuage de fumée.

Ce jour-là, aucune fabrication dans l'usine, la dernière équipe, a quitté les lieux à 6h du matin, reste une dizaine d'employés, ceux de l'entretien et du nettoyage.

Ils sont en pouce déjeuner. Lorsqu'ils sont surpris par une sourde détonation, un long sifflement, puis les murs se mettent à trembler.

Alors, comme un sale homme, il court à l'extérieur de l'usine poursuivie par l'épée brouillard blanc qui envahit désormais toutes les rues de Médard.

Prévenu par téléphone, Clémentet Barney, responsable adjoint de la production de permanence, genre là, arrive sur les lieux une demi-heure plus tard.

C'est dans le hangar bel de l'usine que ça se passe, là où est fabriqué le trichlorophenol, un produit intermédiaire qui sert notamment à la fabrication d'un défoliant le 245-T, utilisé pour les herbicides, charmant.

Il se trouve que la cuve 101 étant surchauffe, une réaction chimique s'est emballée, la température s'est brusquement élevée et la soupeable de sécurité a sauté.

Mascada sur le nez, Clémentet Barney active le système de refroidissement. A 13h45, une heure après le début de l'incident, la fuite est stoppée. Ouf!

Mais entre temps, le nuage chimique, poussé par une brise légère, avance lentement mais sûrement vers le sud et plus particulièrement à Sévézot, commune de 17 000 habitants, voisine de Médard.

Ici aussi, le soleil s'est voilé, l'air est nosé à bon, mais à vrai dire, personne n'y prête vraiment attention.

Dans la pleine Lombarde, le ciel est brumeux huit mois de l'année, continuellement aspergé par les mille usines avant-tour.

La fumée, c'est le travail, et le travail, dans la pleine Lombarde, c'est sacré.

Alors, on profite de week-end comme si dans rien n'était ou presque avant la reprise du lundi matin.

Mais avec Maisa, comme dans toute la pleine Lombarde, les ouvriers sont sur le pied de guerre, comme le raconte l'écrivain John Fuller dans son livre Sévézot où la ville empoisonnait.

Le lundi matin, tout semblait redevenu normal à l'usine. Cependant, on avait condamné les abords du réacteur.

Les ouvriers se demandaient ce qui avait bien pu se passer, sachant que la soupeable de sûreté ne pouvait fonctionner qu'au-dessus de 240 degrés.

Ils se disaient qu'il avait dû se produire en échauffement considérable, mais comme la veille, le vent du nord avait dispersé le nuage, il n'était nullement inquiet.

Notre part, les autorités sanitaires locales constatèrent qu'aucun d'entre eux ne semblait présenter de troubles, et elles firent donc au maire de Sévézot et Maisa un rapport plutôt rassurant.

Entre-temps, les techniciens de l'usine recueillaient d'autres échantillons du sol et de végétation pour les expédier à la maison mer en Suisse.

Ils opéraient discrètement et furent peu remarqués.

Les jours suivants, les maires de Sévézot et Maisa informent la population des dernières nouvelles.

Selon la direction de l'usinique Maisa, il s'agirait d'un simple nuage d'herbicide.

On déconseille en conséquence de consommer les fruits et légumes du coin.

Il faut dire que les potagers n'ont pas fier à l'ur. Partout, les feuilles sont criblées de petits trous.

Plus inquiétant encore, on retrouve ici et là des cadavres d'oiseaux morts, comme tombés du ciel.

Et puis, ce sont des dizaines de poules de lapins, de chiens et de chats qui se combent mystérieusement.

À Maisa dans la famille Sénol, les petites Stéphania et Alice tombent malades.

Après la voie humissement et les maux de tête, leur visage couvre de vilains boutons rouges.

Oh, sûrement la verricelle pense leur mère.

Mais le 14 juillet, 76, quatre jours après l'incident, les médecins s'effaisent aux oeufs

voient afflué une quantité d'enfants présentant les mêmes symptômes.

Après examen, il est clair qu'il ne s'agit pas d'une maladie infantile.

Alors quoi? Mais quelle salle de prix avait-il donc dans ce nuage d'herbicide?

A l'usinique Maisa également, l'inquiétude monte un cran.

Les ouvriers sentent bien qu'on leur cache la vérité.

Depuis une semaine, la direction se borne a déclaré qu'on attend toujours d'offman la roche,

la maison mère, l'identification de la toxin en cause.

L'ars, les ouvriers lancent un mouvement de grève spontané.

Dans la foulée, le 18 juillet, une enquête judiciaire est ouverte et les portes de l'usine sont scellées.

Le même jour, Stéphania s'ennoue, deux ans, et est transportée d'urgence à l'hôpital de Milan.

Son corps et celui de sa sœur Alice sont entièrement recouverts de blessés purantes.

Quelques flèches me reviennent, comme les prélèvements de sang que l'on me faisait à l'hôpital.

Pour ma sœur et moi, ces visites étaient une torture.

On souffrait physiquement et on n'avait plus de patience.

Les médecins aussi étaient impatients d'avoir les résultats, de poursuivre les analyses.

Le jour plus tard, le 20 juillet 1976, soit 10 jours après l'incident,

le centre de recherche médicale des laboratoires Hoffmann et Roche

annonce enfin les résultats de ses prélèvements aux autorités locales.

Ils ne sont pas bons, non pas bons du tout.

Aïk Méza, ce jour-là, la surchauffe de la cuve 101,

dans laquelle est fabriquée le triclorophenol, a provoqué une importante réaction chimique.

Entre 300 grammes et 2 kilos, les chiffres sont aujourd'hui encore sujet à débat,

d'un produit nommé Técédédé, Tétrachloro di Benzo dioxine, charmant celui-là aussi,

appelé communément dioxine, s'est formé et répandu dans l'atmosphère.

Dioxine, à cette époque en Europe, c'est presque un mot nouveau.

Les vietnamiens, eux, le connaissent bien.

Ce gaz toxique entre dans la composition du fameux hage enrange,

massivement épandue par l'armée américaine entre 1961 et 1970.

La dioxine est en effet une substance redoutable.

L'un des poisons les plus violents qu'il soit.

10 000 fois plus toxique que le cyanure, dont les pelules sont pourtant connues

pour ne faire passer de vie à trépas, c'est-à-dire.

Chez l'homme, elle peut causer de graves lésisions épatiques,

ainsi qu'une maladie de peau, le crakné, qui se déclare parfois retardement,

des semaines voire des mois après le contact.

Des expériences sur les animaux ont aussi montré qu'une légère exposition

provoque des anomalies sur l'embryon, voire des altérations, des chromosomes.

A ces réseaux désormais, le pire est avenir, semble-t-il,

et l'incident devient alors catastrophe.

Après la révélation de la présence de dioxine dans les nuages contaminés,

le directeur et le sous-directeur de l'usinique Mesa

sont interpellés par la justice italienne.

La presse nationale et internationale se réveillent.

Le 23 juillet, soit 13 jours après la catastrophe,

la France découvre le nom de Cévezo.

Un redoutable problème de pollution, inquiète, population et autorité à Cévezo en Italie.

Un nuage toxique plan au-dessus du village, c'est du triclophenol,

qui sert à fabriquer des défoliants.

28 % étaient intoxiqués, mais ont les soignés à temps.

Un orage est tombé, le nuage est disparu,

le triclophenol se trouve maintenant dans le sol.

Les lapins ont mangé de l'herbe et ils en sont morts.

Alors, on a interdit aux habitants de Cévezo de consommer leurs légumes.

Pendant deux jours, des pluies diluées s'abattent sur toute la plaine d'ombarde,

et d'aucuns pensent qu'elle pourquoi on l'avait le terrible poison,

ces pluies hélas.

L'adioxine n'est pas soluble dans l'eau, elle s'infiltre au contraire,

perverse dans les sols jusqu'à 14 centimètres.

Alors, le ping-pong entre experts et industriels commence.

Pour Guy Vagvogel, le boss de Givodan,

la société suisse propriétaire de l'usine ICMEZA,

c'est d'en remettre tranquille, brave Jean.

Non, c'est-à-dire que le produit que nous produisons

n'était pas terriblement toxique, c'était le triclophenol.

Nous savions qu'en fabriquant le triclophenol,

il pouvait y avoir certains dangers d'impurter,

qui elles pouvaient être toxiques, et c'est celle-là qu'il fallait surveiller,

et ça, nous l'avons fait.

Vous posez un problème qui, dans un pays comme Italie,

où vous avez une énorme industrie chimique,

qui est celui des dangers d'industrie chimique.

Malgré ces bonnes paroles, la CVEZO et Amida,

mais aussi dans les communes voisines de CESA,

nos Madernos et des Ios,

les autorités locales sont aux abois.

Que faire maintenant?

Des premiers postes de secours sont installés,

certes, mais seront-ils suffisants?

Faut-il évacuer la zone?

Et quelle zone?

Jusqu'où la dioxine s'est-elle répandue?

Des milliers de gens pourraient être intoxiqués?

Les premiers éléments de réponse sont alarmants.

Le 24 juillet, le gouvernement annonce l'évacuation de la zone

à la plus contaminée, tenant à l'usine.

Les habitants de CVEZO et Amida doivent plier bagages,

laissant derrière, maison, mobilier, linge,

et même animaux de compagnie.

Jusqu'à quand, personne ne peut le dire.

La panique c'est d'alors la place à la colère.

Nous avions des plantes, des oiseaux,

une maison qui empêche le progrès.

Les savants sont tous des salauds, tous.

Faire de l'argent, faire du mal aux gens, c'est tout ce qu'ils savent faire.

Ce n'est pas une catastrophe naturelle.

C'est pour que les gens gagnent de l'argent

que nous retrouvons dans cette situation,

le malheur est venu des hommes.

Peu après cette première évacuation,

un bataillon de l'armée les rouleaux autour de la zone

a une clôture de barbellée surveillée par des sentinelles.

Seuls les vétérinaires et quelques volontaires

munis de combinaison et de masque à gaz

sont autorisés et pénétrés pour nettoyer le périmètre.

Adieu, poulets, canards, lapins, moutons, chers, roseaux, bovins,

des dizaines de milliers d'animaux sont sacrifiés.

Les évacuations d'habitants, elles se poursuivent

et la ville morte s'agrandit.

Le 27 juillet, les autorités sanitaires annoncent,

je cite, que les limites du secteur contaminés

sont en réalité beaucoup plus étendues

qu'on l'avait sous sonné.

Et les mauvaises nouvelles s'enchaînent.

A la fin du mois de juillet,

le bilan de la catastrophe est communiqué.

C'est comme une touchée d'un cadre sévèrement.

737 personnes évacuées, 600 consultations médicales par jour,

358 hectares contaminés sur 1 400 surveillés,

77 000 têtes de bétail à battu,

des récoltes brûlées, des activités agricoles interrompues.

Stéphania et Alice Senoël sont toujours hospitalisés

à Clinique Kennywarda, 2000 ans.

Comme une vingtaine d'autres enfants atteints de chloracné,

les doceurs ont les jambes, les bras et le visage,

leurs écrevices, envahies de centaines de pistules,

la peau se détache, l'ambeau.

Photographiées par Mauro Galligani,

l'image de Stéphania, 2 ans, hurlante douleur,

le visage tuméfié va bientôt faire le tour du monde

et devenir l'un des symboles de la catastrophe.

L'autre image restée dans les mémoires

est celle de ses femmes enceintes

confrontées bien souvent pour la première fois

à la question d'avortement alors interdite

dans la trécatolépitalie.

Mais au lendemain, la catastrophe de ce vaisseau,

de nombreux spécialistes mettent en garde

sur le risque de malformation du fœtus

comme le bien-nommé docteur Miedico,

interviewé par Antoine II.

Comme dans le cas de la talidomide,

on pourra voir naître des enfants sans bras,

sans yeux, avec des organes auditifs,

défectueux, etc.

Disons qu'il y a un certain pourcentage de risques.

Déjà en temps normal, sur 100 accouchements,

2 ou 3 enfants peuvent présenter des altérations.

Nous, nous avons la certitude,

basée sur toute une littérature scientifique

et sur l'expérience du Vietnam,

que ce pourcentage augmentera.

Nous ne savons pas dans quelle proportion,

mais ce pourcentage augmentera sûrement.

La catastrophe de ces vaisseaux

prend alors un tournant politique et relance

l'épineau-débat de l'avortement en Italie,

autorisé seulement dans le cas où

l'accouchement présente un danger

de la santé physique ou psychique de la mer.

Or, dans le cas d'Adioxine,

il ne s'agit pas de la mer, mais de l'enfant.

Pourtant, le 2 août 1976,

le ministre de la Santé, un chrétien démocrate,

autorise les 190 femmes enceintes

de la zone contaminée à interrompre

si elles le souhaitent leur grossesse.

Le vatic en s'étouffe et le fait savoir.

Et c'est alors qu'une guerre locale

d'hôpital à hôpital voit le jour.

Certains médecins refusent de pratiquer

les avortements thérapeutiques

qu'en d'autres ils voient au contraire

un engagement politique.

Le 13 août, 3 premières interruptions grosses

sont au lieu dans une clinique milidaise.

Au total, elles seront une quinzaine.

Mais pour toutes,

c'est un terrible dilemme.

Garder l'enfant risque du handicap

ou le perdre, malgré les chances

que tout se passe, est bien.

Pour l'avortement, comme pour le reste,

ces réseaux deviennent alors un révélateur

des problèmes de l'Italie

dans le monde entier.

On prend conscience alors qu'une catastrophe industrielle

comme celle-là peut survenir

à tout moment, n'importe où, chez nous,

que ça n'arrive pas qu'aux autres.

C'est comme ça. Et comme le dit Rodot

dans une chanson où sa fille lui explique le monde

de voix, c'est quand qu'on va où.

Comment s'écrient nos futurs

si on est punis pour ça

alors que je dis à le tatou.

Explique-moi papa,

c'est quand qu'on va où.

C'est quand même un peu galère

d'aller chaque jour au chagrin

quand t'as tellement de gens

sur terre qui vont pointer

chez fourriens.

Avec les devoirs à la maison

je fais ma semaine

de soixante heures

non seulement pour pas

un rond

mais en plus pour finir chômeur

veulent me calver comme une oie

avec des matières indigestes

j'aurais oublié tout ça

quand j'aurais appris tout le reste.

Soulève un peu mon cartable

les lourds comme un cheval mort

dix kilos d'indispensable

théorème de Pythagore

si je dois m'avaler tout ça

alors je dis à le tatou.

Explique-moi papa

c'est quand qu'on va où.

L'essentiel à nous apprendre

c'est l'amour des livres qui fait

que tu peux voyager

ta chambre

autour de l'humanité

c'est l'amour de ton prochain

même si c'est un beau salaud

la haine ça n'apporte rien

puis elle viendra bien assez tôt

si on nous apprend pas ça

alors je dis à le tatou

explique-moi papa

c'est quand qu'on va où

quand je serai grande

je veux être heureuse

savoir dessiner un peu

savoir me servir d'une perceuse

savoir allumer un feu

je voudrais peut-être

du violoncelle

avoir une belle écriture

pour écrire des mots rebelles

à faire tomber tous les nuls

si l'école permet pas ça

alors je dis à le tatou

explique-moi papa

c'est quand qu'on va où

tu dis que si les élections

ça a changé vraiment la vie

il y a un bout de temps

mon colon que voter

ça serait interdit

si l'école s'arrendait

les hommes libres et gros

le gouvernement

déciderait que c'est pas bon

pour les marmots

si tu penses un peu comme moi

alors dis à le tatou

maintenant papa

c'est quand qu'on va où

si tu penses un peu comme moi

alors dis à le tatou

maintenant papa

c'est quand qu'on va où

sept mois se sont écoulés

et pourtant on reparlent de CVZO

comme si le nuage de dioxine

venait à peine de s'échapper

de l'usine Ichméza

c'est que la dioxine c'est de nouveau manifesté

d'une façon particulièrement cruel

sur le corps des enfants

et des adolescents de CVZO

car la dioxine c'est aussi

cette maladie de la peau

cette espèce d'acné juvénile qui n'en est pas une

et qu'on appelle chloracné

parce qu'elle serait due au chlorre

contenu dans le nuage toxique

la réaction des autorités locales a été immédiate

fermeture et désinfection

de toutes les écoles

mais il faut bien préciser des infections

et non pas des contaminations

puisque personne n'a encore trouvé le moyen

de détruire complètement la dioxine

pourquoi n'a-t-on pas décelé la dioxine

plus tôt qui est responsable

le maire de CVZO se cache

derrière les autorités régionales

la région semble dire

voyer le gouvernement

mais en cause la fatalité

CVZO, fatalité pour les uns

inquiétude pour les autres

et pour tout le monde, immense lassitude

en février 77

sept mois après la catastrophe

les mauvaises nouvelles continuent de pleuvoir

chez les réfugiés de la zone contaminée

ont des nombres désormais 130 cas

confirmés de chloracné infantile

et 6 cas de malformation

au système digestif chez les nouveaux nés

la faute à la dioxine

aucun médecin ne peut l'affirmer

dans tous les domaines mailleurs

c'est la reine de l'incertitude

pour les autorités italiennes, la question la plus présente

est celle de la décontamination

des sols et de maisons dans la zone sinistrée

s'il y a eu d'autres catastrophes industrielles

avant CVZO, aucune des méthodes employées

dans le passé n'ont été concluantes

pas encourageants

on craint surtout

sans trop le dire que le gaz toxique

soit enfoncé jusqu'à 25 cm de profondeur

et qu'il finisse par atteindre

l'anaphréatique

alors les propositions des scientifiques fuses

aussi obscures que contradictoires

certains suggèrent le brûler

des hectares de plein et de maisons

lance-flammes, genre bataille de Stalingrad

d'autres préconisent de pulvériser

sur la région un mélange à base de mille d'olives

susceptibles sous l'action du soleil

de décomposer en partie la dioxine

visiblement les savants atonnent

et les hommes politiques sont suspendus

à leurs jugements, que peuvent-ils faire d'autres?

Finalement, le 15 février 77

César Régolfari, président

de conseil régional de Lombardie

présente le plan de décontamination adopté

Selon nos experts, nos techniciens

il n'existe aucune méthode physique

ou chimique

pour détruire la dioxine

Il y a seulement un moyen mécanique

manuel pour la destruction

de ce produit

Il faut donc un four d'incinération

à température très élevée

C'est le seul moyen d'avoir un résultat positif

pour la décontamination

Dès le lendemain, les grands travaux

de décontamination commencent

Ils devaient durer un an et ils en prendront 5

Une entreprise titanesque

Dans la zone A

couvrant 110 hectares

sur les communes de méda et de ces vésos

la végétation jusqu'à la moindre

brindille est systématiquement

coupée, arrachée et emballée

dans des grands sacs plastiques

La Terre elle-même est enlevée

sur une profondeur de 25 cm

à l'excalatrice et au bulldozer

puis recouvert de nouveau sol

L'intégralité du réseau routier

des trottoirs est renouvelée

Dans la zone B, soit 270 hectares

sur les communes de César

à nos maderno et desio

seuls les jardins publics et privés sont raclés

dans des territoires restant le sol

et l'abourréance mensée pour diluer la dioxine

Mais partout

les charoines sont ramassées, entassées

dans des chues, 80 000

calards d'animaux sont ainsi entreposés

dans l'enceinte des qumésas

Dans les maisons, même opération

la poussière toxique est aspirée, les murs

lavé au détergent

Certains vêtements et objets emportés

promu au rang de mauvais souvenirs

Tous ces matériaux

contaminés, 100 000 tonnes de terre comprise

devaient être initialement brûlés

dans un gigantesque four

Mais l'idée a dû être abandonnée

par crainte de nouvelles émissions

de vapeurs toxiques dans la région

Une fois, ça suffit basta, comme disaient italiens

Pour une partie des déchets

on note alors pour l'ensevelissement

2 vacances étranges d'une capacité totale

de 200 000 mètres cubes sont construits

sous la zone A

Un espace semblable à un Hohmansland

entourer des barbellées

un air et une air de fin du monde

pour ceux qui restent

Comme la raconte cette une fille de 19 ans

interrogée par la RTBF

C'est une image horrible

Autrefois, cette région n'était pas du tout comme ça

C'était un endroit très beau

avec beaucoup de verdure

et il a été ravagé par l'industrie

en particulier par l'icmèse à la roche

Avec ses fumées

elle a provoqué tous ces désastres

sur les personnes

et sur le territoire tout entier

Et pour ce qui est les conséquences

il y a celles qui sont visibles maintenant

et puis il y a celles qu'on découvrira

dans quelques années

dans quelques dizaines d'années

Dieu sait quand

nous vivons dans la peur

la peur d'avoir des enfants

de manger des choses polluées

de respirer

il n'a peur que personne ne nous aide à comprendre

sauf que quelques personnes

avec peu de moyens

En 1982

la catastrophe de ces vésos revient

sur le devant de la scène

dans une version pour le moins

rocambolesque

au mois d'août de cette année-là

6 ans donc après le drame

le groupe suisse-offman de la roche

décide de démonter le cœur de l'usine

tous les déchets qui ne peuvent être en ce veli

tout de même 2 tonnes et demi de matériaux imprégnés

de dioxine et de résilu chimique

sont conditionnés dans de grands fues numérotés

41 au total

chargés dans un camion

ils prennent leur la route pour balle

si bas

mais le 13 septembre

passer 20 mille et la frontière franco-italienne

les fues de dioxine disparaissent

la trac

car c'est bon une trac va durer 9 mois

une chasse aux poubelles qui passionne l'opinion

à chaque jour son nouveau feuilleton

on retrouve d'abord la trace du passage

des fues à 51

en Picardie chez Bernard Parango

spécialiste de l'ébignation

des déchets industriels

bien sauf que les fues n'y sont plus

un juge d'instruction mais par un goût

en prédentive lequel refuse de parler

je n'ai rien dit à la Gestapo alors c'est pas avec vous

que je vais commencer

puis les cilanements

plus ou moins anonymes se multiplient

repris par la presse comme un grand jeu de piste

on aurait vu les fues en Charente

puis en Grande-Bretagne, en Belgique,

au Danemark, la Grande-Vadrouille

surgit une autre hypothèse

redouté par les écologistes

celle-là et si les fues

avaient été jetés à la mer

pas de traces, pas de frais, pas vues, pas prêts

on a déjà vu

9 mois plus tard, le 20 mai 1983

la carale prend fin

en ville court dans l'Aine

il est 17h

à 20 km de 51 où on avait perdu leur trace

depuis le 13 septembre

on retrouve les 41 fues de ces vésaux

ils sont dans l'abattoir désaffecté de cette boucherie bistro

appartenant à un retraité

monsieur droit

la nouvelle se répand tout de suite

à un réel voyage

c'est installé là?

oui, c'est entreposé dans

dans son ancien abattoir

vous avez trouvé?

vous étiez au courant?

non, au courant, on suivait un peu la télé

on pensait jamais que ça s'arrivait ici

il l'a vu

non, on a rien vu du tout

nous on pouvait pas voir, comprenez-vous

parce que le camion vous l'a arrivé, il ne l'a pas cheré

il est dans les faux

c'est bien vu du tout

la Londres a qu'elle donc terminait

la piste française était finalement la bonne

et les fues baladeurs peuvent reprendre

leur route pour Bale

où ils sont incinérés devant témoins

pourtant, plusieurs biologistes

démettront des doutes sur leur destruction réelle

des différences de tonnage

et de diamètre des contenants

sont en effet constatés entre les fues

parties d'Italie et se détruirent en Suisse

l'hypothèse retenue par ces mêmes biologistes

est que les vrais déchets

contaminés auraient été envoyés en Allemagne

de l'Est, ou en Somalie

pour moisillir à l'abri de regard

au total

la multinationale Hoffmann la Roche

mais son mère Dick Mesa

n'aura déboursé que 183 millions d'euros

pour réparation

dont la majeure partie aura été utilisée

pour l'ascénissement du territoire

côté Pédale

en septembre 86

la cour d'appel de Milan condamne

seulement deux personnes

à l'appel, ancien directeur technique

Dick Mesa et York Sambett

ancien directeur technique

d'Hoffmann la Roche

reconnu coupable d'homissions de mesures

de sécurité et de catastrophes

par imprudence, ils écopent

respectivement de deux ans

et 18 mois de prison avec sourcil

le procès civil lui ne se conclut

qu'en 2006

30 ans jour pour jour après le drame

avec des dommagements financiers pour les victimes

30 ans

c'est aussi le temps que Maître Astéphania Seineau

pour réussir à parler publiquement de son histoire

la photo d'elle

enfant insoutenable de douleur

avait fait le tour du monde

après elle a tout fait pour oublier

loin Dick Mesa, loin du malheur

enfant

il revenait pourtant chaque jour

se fout du malheur dans la bouche de ses camarades

qui se sont en moque de ses cicatrices tenaces

tous les matins

je me réveillais et je me disais

mais non Stéphania, ce n'est qu'un cauchemar

parfois avant de me lever de mon lit

je me touchais le visage

et je me rendais compte que c'était bien la réalité

d'autres fois j'attendais d'être

devant le miroir pour me regarder

et pour me rendre compte que tout cela est bien réel

et alors là je me sentais mourir

je n'exagère pas, vraiment mourir

4 opérations chirurgicales plus tard

la vie a repris ses droits pour Stéphania

comme pour ses vésaux

avec le temps la vie les redevient

une bourga tranquille avec son unicotel

son église, son café et ses petits pavillons

aujourd'hui en lieu et place

du réacteur on trouve un centre sportif

la zone a plus pollué

par la dioxine et devenait un

parc naturel boisé

pourtant

l'incertitude perdure

les effets du gas toxique sur la santé

des populations touchés font encore l'objet d'études diverses

selon un bilan officiel

la moyenne de décélia des cancers

et celle des malformations fétales

n'a pas augmenté de façon significative

mais d'autres epidemiologistes

disent le contraire

il y a de quoi avoir peur

voilà la petite musicante

détente qu'on se répétait en boucle

hier en Italie

et qu'on répète aujourd'hui à Rouen

comme on l'a fait également à Toulouse

avec AZF en 2001

et maintenant c'est quand qu'on va où?

C'est la première fois que je suis

plus dorée

plus dieu

plus de nez

plus de mains

plus de jambes

plus de pieds

mais la bouche me murmure

il faut faire quelque chose

pour la nature

je regarde autour de moi

et le ciel ne bouge plus

plus de visages dans la rue

le gris a pris le dessus

l'horizon est sale

et le vent s'attupe

les couleurs se valent

elles n'existent plus

mais le ciel me sussure

il faut faire quelque chose

pour la nature

il faut inventer des histoires

et devenir sourd en remarque

il faut se remettre à la pure

et débrancher les transistors

il faut danser dans l'eau qui dort

et parler le langage

de fleurs

il faut donner aux animaux

des drogues dures

oublier la fronte des glaces

et sans arrêt changer de place

il faut remettre de la couleur

chanter à l'oreille des morts

on n'a pas à voir peur d'avoir peur

ne pas avoir peur d'avoir tort

se lancer à l'aventure

être le tout et son contraire

mais ne pas se laisser

être le tout et son contraire

mais ne pas se laisser

pardon

ne pas se laisser

ne pas se laisser

il faut pas se laisser

vous écoutez un faire sensible

sur France Inter

aujourd'hui juillet 76

la catastrophe de C. Vézot

le directeur de recherche

au dorère à l'école polytechnique

depuis des années

vous travaillez sur la gestion

de la crise

de C. Vézot

ou de celles de Tchernobyl

votre dernier livre

intitulé le temps de l'invention

femmes et hommes d'état

aux prises avec les crises et ruptures

en univers chaotique

et publié en juillet dernier

aux éditions préventiques

si je me suis amusé à traduire votre titre

c'est que je voudrais qu'on revienne dessus

quel était l'intention de ce livre

l'intention c'est de montrer

qu'on vit dans un monde

de plus en plus complexe et qu'on va être

confronté à de l'inconnu

soit par la complexité

soit par des phénomènes qui sortent vraiment du cadre

habituel et donc la première

premier défi qui est posé

est-ce qu'on est capable

de faire face à des inconnus

qui ne sont pas dans l'ordre habituel des choses

ni même dans les plans de secours

ni même dans les plans d'accident

est-ce qu'on est capable de se poser des questions

d'aller chercher des surprises

que l'on pourrait avoir et d'être préparés

à être surpris et non pas préparés

à appliquer un plan quand ça marche

parce que c'est ce qui était prévu

donc ça c'est un premier point qui est très important

et le deuxième point en écoutant

tout ce que vous rappeliez ici

qu'est-ce que je peux tisser

comme relation avec des populations concernées

lorsque quelque chose arrive

et sur lequel je n'ai pas totalement la main

et qui sorte l'ordinaire

et donc là on a au moins

deux problèmes en prévention

et en intervention en situation

ça renvoie exactement à ce qui s'est passé

à ces réseaux en 76

parce que pendant 10 jours

il ne se passe quasiment rien

donc là c'est vraiment exemplaire

enfin c'est le contre-exemple

de ce qu'il faut pas faire

c'est-à-dire que pendant 10 jours on peut pas comme ça

ne rien faire, pourquoi on fait rien?

parce que la pathologie naturelle, automatique

réflexe de gens qui ne sont pas préparés

à être surpris

c'est immédiatement on ferme les écoutis

donc on n'entend plus rien, on ne voit plus rien

on ne sent plus rien

et on est pris par

une pathologie immédiate

il faut que je les rassure, autrement ils vont pas niquer

donc il ne s'est rien passé du tout

dormez tranquille

autrement moi je ne pourrais plus dormir

donc c'est ça qu'on entend

et de l'autre côté, vous avez des personnes

en hypervégilance qui vont dire m'attender

ils nous disent de prendre nos habits

mais ce qui me

autorise à prendre dans les armoires

c'est ce qui s'échait le 10 juillet

les animaux qui me disent d'abattre

ils sont en train de les mettre chez les bouchers

en leur disant qu'on n'a pas d'autres solutions

les 8600 tonnes de déchets qu'ils ont pris

ils sont allés les mettre à mille ans

je ne comprends plus rien

et par hasard est-ce qu'ils pilotent quelque chose?

et puis s'ils font que reculer

ils ont le courage de la situation

en question et donc vous arrivez

à un effondrement

de la possibilité de dialogue

et de confiance entre d'un côté la population

et l'autre

il y a des gens qui font office 2

mais qui sont complètement perdus

dans une situation pour laquelle

ils n'ont pas été préparés et c'est ça qu'on entend

ça veut dire que le nerf de la guerre

ou l'un des nerfs de la guerre ça peut être

la communication, la parole

l'information, la communication

ça passe par là d'abord

après il ne faut pas se tromper

il faut que cette information soit bien structurée

qu'elle n'affole pas, qu'elle soit pas alarmiste

mais qu'elle soit alarmante

si la situation l'existe donc est-ce que ça passe par là

ça va passer par les mots

mais les mots ne sont que la traduction

de la capacité que j'ai

à être en relation avec des personnes

sur une situation que je ne connais pas

parce que vous pouvez avoir complètement l'inverse

géantin de Katrina

ou le patron de la police locale

et le maire de Nouvelle-Orléans

arrive à sortir même à la télé et la radio

il y a des dizaines d'enfants

de bébé coupés en morceaux

morts, violés, c'est complètement faux

mais ils pètent les plombs

et ils sont en train de dire l'inverse

donc tout va très bien madame la orquise

ou l'inverse, c'est complètement aberrant

donc on va évacuer

si de nez parce qu'il y a un problème à ces besoins

donc vous pouvez avoir une explosion

du système de pilotage

et aujourd'hui avec les risques que nous avons

nous devons avoir d'autres capacités

pour faire face à ces situations

qui nous pendonner

quels sont les risques que vous évoquez

aujourd'hui avec les risques qu'on prend

dites-vous

chimiques, chimiques, chimiques

pouvez avoir quelque chose

qu'on a déjà un peu travaillé

c'est une donation de Paris

c'est une affaire absolument colossale

qui sort complètement de nos logiques

après ça sera, vous avez vu

ce qui s'est passé arrouant sur l'hôpital

avec de la cyberattaque

et vous pouvez avoir très bien de librides entre tout ça

donc on est dans un monde foisonnant

dans lequel les petites cases, les petits silos

bon certes il faut les tenir

mais le vrai sujet c'est

quand il y a des dynamiques

de confusion

est-ce que je suis préparé à ça

pour le moment nous avons très très peu

de préparation à ce genre de situation

de grandes surprises

et donc à chaque fois c'est même pathologie

c'est à dire ne paniquez pas

et rupture des relations entre l'autorité

et les populations

tout ça vaut mieux que lors des inondations de Paris

le président, je ne sais plus qui était le président

à cette époque là qui ne trouve pas autre chose à dire

que dos, que dos

c'était juste pour la plaisanterie au passage

mais pour ces vésos

la situation était-elle vraiment inédite

il n'y a pas eu d'autres catastrophes

de ce genre avant ces vésos

qui présentent les mêmes caractéristiques

on avait eu une douzaine de problèmes

une demi-douzaine de problèmes avec

des fuites de dioxyde mais c'était très loin

et est-ce qu'il y avait des études systématiques

est-ce qu'on pourrait prendre

et là on est loin parce qu'il ne produisait pas

de dioxyde, c'est un accident

donc quand je parle de surprise

c'est ça, qu'est-ce que pourrait donner

d'un produit, est-ce que le disque de sécurité

qui est très bien pour protéger le réacteur

ça c'est parfait mais qui n'est pas intégré

et si on avait cette aberration

et donc pour 40 euros

vous avez la chambre

qui permettait de faire la sécurité

mais il aurait fallu que quelqu'un pose question

et ça dans des systèmes

que l'on croit totalement maîtriser

poser la question est souvent un acte

mal ressenti

encore faut dire qu'il y a la transparence également

parce que ces catastrophes industrielles

on entend bien industrielles

elles sont provoquées par

des usines ou des centrales

qui sont exploitées par des sociétés

commerciales, industrielles

qui ne veulent pas forcément

par réflexe dire on défautif

c'est à cause de nous, c'est l'enfer à cause de nous

travail aussi sur la transparence

oui mais là

pour moi j'ai dans la tête

ce que Gilbert Carré a préféré du rôle

on a fait lorsqu'il y avait eu un problème de PCB

de fuite de PCB assez importante

à Vilorban, il a dit moi j'ai pris

tous les experts, je l'ai mis devant la presse

et devant les personnes qui étaient concernées

et je leur dis maintenant que vous allez nous expliquer

et il dit tout à même coup

toute inflation verbale a quasiment disparu

et le préfet était là pour dire attendez

qu'est-ce que vous ne savez pas, qu'est-ce que vous ne pourrez pas savoir

qu'est-ce que sont les limites de vos connaissances

il n'est pas là pour dire je prends dans l'expertise

ce qui va me permettre de me rassurer en vous rassurant

il est là dire attendez moi mon rôle c'est

de vous demander quelle est la limite de vos expertises

que l'on peut dire et comment on peut

et il dit immédiatement

l'inflation verbale et l'inquiétude a disparu

parce que c'est pas la certitude que je cherche

mais est-ce que les gens en face de moi

sont à chercher en compétence

et sont

oui et le courage

d'affronter de manière

claire et transparente pour eux-mêmes

que c'est une situation difficile

et c'est ça qui va être testé par des gens

en hyper vigilance pour essayer de vous tester

si vous êtes compétent ou pas

oui alors on rappelle que

ces vésaux

étaient une vraie catastrophe

puisqu'il y a eu des victimes pas de morts

mais des gens qui sont tombés malades

des enfants se souvient

de la photo de la petite Stéphania

ça avait frappé tout le monde

un spécialiste le professeur

mais les choses au point en février

1977 soit 8 mois

après l'accident

on va l'écouter il explique notamment

pourquoi les enfants ont été les plus touchés

les enfants sont moins lourds

et

la même quantité

de dioxine est en comparaison

plus grave pour eux

et aussi les enfants ce sont ceux

qui se exposent plus

facilement à la dioxine

qui aident sur le sol parce qu'ils jouent

et aussi peut-être

ils ont mangé des choses

qu'ils ont recueillies dans la zone

mais est-ce qu'on ne craint pas que les adultes

dans quelques semaines, dans quelques mois soient

tous retouchés

on ne peut exclure aucune possibilité

des recherches

sans en train d'être fait

et aussi ceux qui ont été faits jusqu'à présent

n'ont jamais démontré de la chlorate

dans les adultes

à long terme pour ces enfants

quelles sont les conséquences de cette dioxine

on ne peut dire c'est pour ça qu'on a

organisé une surveillance sanitaire

qui va durer au moins 5 ans

qu'est-ce que ça vous inspire?

en écoutant

je poursais quelque chose de

très difficile pour ceux qui sont en charge

j'ai passé des heures avec Laura Conti

qui était médecin local

et qui a participé à ces débats

et je voudrais vous le dire

les quelques mots qu'elle me dit

je vais juste mettre

votre micro juste devant vous

choisir la solution

de laisser 12 000 personnes dans la zone B

c'est-à-dire sur un terrain pollué

cela signifiait choisir

une lointaine probabilité que quelques enfants

peuvent toujours être atteints de le sémis

plutôt que de choisir de mettre sûrement

2 000 enfants dans une situation

de désorientation et d'égardement psychologique

et affectif

mais si on me dit un jour

qu'il y a un enfant le sémique dans la zone B

alors peut-être n'être en moi la douloureuse sensation

d'avoir eu tort

un tort terrible, irréparable

que je porterai en moi le reste de ma vie

elle prend ses responsabilités

c'est clair avec les personnes

et on peut comme ça naviguer

dans l'incertitude et même l'inconnu

avec les uns et les autres mais en respect

et non pas, taisis-vous, il n'y a pas de problème

ou alors vous évacuez tout le monde et puis on verra bien

et je ne travaille pas pas circulaire

je travaille en correspondance

en lien sur

voilà ce que je sais, voilà ce que je sais pas

voilà ce que je ne pourrais pas savoir

mais vous avez trois questions, j'en ai 50

ça fait 53 et on va travailler ensemble là-dessus

s'il n'y a pas ce lien

on ne peut pas naviguer et traverser

ces situations extrêmement difficiles

il y a une question également

tout à fait anxiogène

c'est celle des maladies à retardement

alors on voit ça avec les catastrophes nucléaires

et d'abord avec elle

mais là aussi, là on a de chloracné

on a des enfants qui sont touchés

on en voit les résultats douloureux

mais on parle aussi de maladies induites

par cette catastrophe et qui peuvent

se réveiller plus tard

alors comment on gère cette angoisse là

parce qu'elle est réelle

je pense qu'elle est réelle

et ce qui va être testé

par les personnes qui sont dedans

c'est s'ils sont en lien

avec quelqu'un

à qui on peut prêter sa confiance

c'est-à-dire que

il ne va pas vous donner les trois éléments positifs

sur lesquels ça va pouvoir assurer à bon compte

mais il va vous dire voilà ce qu'on sait

voilà ce qu'on ne sait pas et on va être avec vous

et on va traverser ça ensemble

et donc à la limite mettre sur la table

trop d'informations où chacun va faire son marché

et on va travailler là-dessus

restreindre les informations

et je vais les clarifier

et je dis moi aussi je suis partie prenante

de ça

sur la vache folle qui était le même problème

est-ce que risque énormément

ou des millions de mes victimes ou pas du tout

le patron de la commission d'enquête

avait dit dans une situation d'incertitude

il faut résister à la tentation d'apparaître

comme ayant toutes les réponses

et j'aimais bien quelqu'un

j'avais vu qu'il était en une situation difficile

il avait gardé dans sa poche

et il avait donné ça

tout à nous ditoire prétendre résoudre tous les problèmes

répondre toutes les questions

serait une fanfare honnête si effrontée

une présomption aussi extravagante

qu'on se rentrait aussitôt par la indine

de confiance donc ça veut dire qu'il faut bien

être dans la bonne mesure

entre la transparence

et le propolariste

eh bien

si on se précipite soit dans la négation

soit dans l'alaramisme pour faire un peu

un peu

on est dans le faux

la vraie situation c'est-à-dire

attendez on va être suffisamment

sérieux et respectueux

pour vous dire exactement ce qui à l'instant t

ça peut changer je sais je ne sais pas

pour moi je vois pas comment je vais faire

mais nous sommes en lien et je vous respecte

est-ce qu'on peut donner un exemple

qui vous vient à l'esprit

ou maintenant la brûle pour moi ou un peu plus tard

on va écouter l'archive entre deux

d'un exemple d'une catastrophe

bien géré

c'était un tout petit cas

quand je vous disais

le préfet carrière qui dit

je mets tout le monde ensemble et puis on va travailler

pour moi c'est

c'est quelqu'un que vous le sentez

dans les yeux je le voyais quand je faisais l'interview avec lui

il n'avait pas peur

il était là et il était responsable

il se cachait pas derrière

un papier ou autre chose

il était parfaitement en phase avec les uns

et les autres et si quelqu'un lui dit

vous n'avez pas la réponse il bah évidemment je l'ai pas à la réponse

c'est pas ici

alors c'est vaisseau est resté un cas exemplaire

puisqu'on a fait

une classification c'est vaisseau

donc c'est vraiment une rupture entre

une espèce d'insouciance industrielle

avant et puis une prise de conscience

précisément

et c'est vaisseau est tellement un cas d'école

qu'en mars 77

c'est discuté dans les universités italiennes

c'est vaisseau

à Milan le grand biologiste

écologiste par exemple barricot monnerre

qui a une conférence et bouton

ce qui est arrivé à ces vaisseaux

c'est le résultat

inévitable de la façon dont

l'industrie pétrochimique a été structuré

et le résultat

des raisons pour lesquelles

l'industrie chimique fabrique ces produits

mais il faut donc comprendre

les raisons pour lesquelles

des accidents comme celui de ces vaisseaux

sont inévitables

il y a une question

que l'on doit se poser

pourquoi alors que la science

se développe si fort

pourquoi est-il impossible

de produire une substance

comme le trichlorphenol

sans en même temps produire

une autre la dioxine

sinangereuse

la réponse

c'est ainsi que

l'industrie chimique travaille

en chimie

il peut y avoir des réactions

imprévisibles

voilà circuler la chimie

est potentiellement dangereuse

parce que pour y avoir

des réactions imprévisibles

vous partagez ce point de vue

peut-être est-il réaliste

même s'il n'est pas sympathique

oui mais je voudrais aller beaucoup plus loin

c'est à dire que nous sommes sur tous les fronts de risque aujourd'hui

face à ces inconnus

que va donner

tous nos univers des gaffes

que va donner

on a vu Cambridge Analytica

c'est quand même assez important

sur la démocratie et tout ce que ça peut donner

donc on est aujourd'hui

confronté à des problèmes d'incertitude

inconnus absolument majeurs

si demain nous perdons internet

sur l'ensemble du continent

les effets sont

des effets dominaux terribles

c'est très rapide

donc nous sommes confrontés à cela

donc est-ce que l'on peut se former

à être extrêmement vigilant

sur la prévention

ce qui n'était pas le fait à ces réseaux

est-ce qu'on peut être extrêmement préparé

à se dire dans le son d'esprit

je vais être confronté à des problèmes pour lesquels je n'ai pas

déjà à les solutions

et est-ce que je peux être confronté à

comment vous allez fixer des liens de confiance

avec des populations qui vont vous demander

est-ce que vous êtes sérieux ou pas

à votre regard sur la catastrophe

d'ASEDEF et sa gestion

2001

septembre 2001

ASEDEF, énorme surprise

avec au départ vous sortez

complètement des logiques de plan

c'est-à-dire que les premiers messages qu'il y avait

au SAMU, il y a des bombes dans tout Toulouse

vous allez où avec ça?

les deuxièmes surprises

qu'ils ont au SMUR et au SAMU

c'est que les premières victimes sont dans l'hôpital

dessus des morceaux de verre

la troisième c'est que c'est les victimes elles-mêmes

qui leur démontrent où est la situation

et en général on a 30-40 minutes

avant que les populations arrivent

non non, là il y a des centaines de gens

qui arrivent dans les hôpitaux tout de suite

et puis on leur dit il faut fermer les vitres et les entrées

d'air parce qu'il y a un nuage au-dessus

oui mais là il n'y a plus de vitres

il n'y a que des entrées d'air

et en plus dernier élément est-ce que l'hôpital

tient encore physiquement

donc voilà le genre de problèmes

extrêmement complexes en lequel on se retrouve rapidement

et ce sera le mot d'affin

Patrick Lagadec il me reste à vous remercier

pour toutes les informations

les détails et les éclairages que vous avez

apportés, merci au revoir

merci

c'était Affaire sensible aujourd'hui

la catastrophe de ce réseau

une émission que vous pouvez réécouter en podcast

sur franceinter.fr

rendez-vous également sur la page Affaire sensible

de site de France Inter pour toute information complémentaire

à notre émission à la technique aujourd'hui liée

s'il vous plaît

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durée :00:54:43 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - Aujourd'hui dans Affaires Sensibles l'histoire d'une catastrophe industrielle qui porte le nom emblématique de «Seveso». - réalisé par : Stéphane COSME, Helene Bizieau, Frédéric Milano